Dans le royaume du médiocre, le monarque a adoubé son vassal : la terrible passe actuelle du tennis français s'étendra donc à la Coupe Davis pour les deux ans à venir.
Il a rencontré tout le monde. Des entretiens avec Gasquet, pour évoquer leur connaissance commune de Golovin, avec Monfils pour découvrir le Wu tang clan, avec Santoro pour rire ensemble des résultats du double sans lui. Christian Bîmes a le goût du travail mal fait. Et quand il parle, pour reconduire son coach suranné, de « virage générationnel, avec des petites choses à évacuer (Raoux) », on est en droit de sentir que quelque chose ne tourne pas rond, comme s'il commandait une bouteille de rosé La villageoise à table.
Un titre en neuf ans, comme Raoux avec Brisbane 92
Pourtant, les résultats sont en faillite et disons-le, Forget a fait son temps. Ses premières années furent exceptionnelles. D'entrée, il se hisse en finale contre l'Australie (1999), qu'il perd. Après le fiasco brésilien en 2000, la France retrouve le beau gosse Rafter et ses potes ruminants sur l'herbe australienne, que le prognate Escudé fait brouter aussi bien que Mauresmo. Premier… et dernier titre de Forget, en 9 ans. S'ensuivra une finale contre la Russie en 2002, qui rendra autiste Paulo Matthieu. Depuis, plus rien. Une demie sabotée en Espagne, avec une branlée en règle – et avec le sourire – pour Clément contre Nadal. Et le meilleur pour la fin, trois quarts successifs perdus contre la Russie (2005-2006-2007). Avec en face, un Safin devenu aussi intermittent qu'Ascione, Davydenko qui sait perdre si on y met le prix (Bîmes saurait faire ça, pourtant), et Andreev qui ne sait que servir : la Russie est aussi en grande perte de vitesse. Il faut croire que les Français sont nazes.
TohuMahut
Pourtant, tous les joueurs ont plébiscité Forget. Sauf Santoro, mais tout le monde s'en fout. Guy le bronzé se voit même renforcé, son staff étant allégé. Les entraîneurs persos resteront hors du court, et personne ne pourra juger Forget, sauf sur ses résultats, ce que le bon président ne sait visiblement pas faire. Bîmes a aussi consenti à lui payer des voyages hors de prix sur les tournois des joueurs sélectionnables. Nul doute qu'il voudra tous les voir, avec la femme à Chamou qui lui fera des rapports.
Mais Forget n'est pas idiot. Il sait qu'il lui faut donner le change pour garder sa place. Alors, il balance des vérités effrayantes. « Nous n'avons jamais eu autant de joueurs susceptibles de prétendre à une place en simple. » Le tyran des courts menace même de sélectionner Benneteau et Mahut.