Les placards du Vestiaire, Médias : Delerm, une question de survie

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Les Jeux sont finis et France Télévisions a pris un avantage définitif. Margotton, Galfione et Longuèvre, qui ne voit de dopage nulle part, n’y sont pas pour rien, le coup de génie de Bilalian y est pour beaucoup. Le porno soft de Canal était propre, mais trop lisse.

Fin des JO, Luyat se force à rire en voyant le seul plan off de Godard dépourvu d’insulte aux techniciens, pratique pour un bêtisier. La nostalgie, ça vient vite après les JO, mais au moins il arrêtera de lui casser les couilles avec Grenoble en L1. Ca sent le bilan, le retour des costards, mais comme Bilalian est un fin meneur d’hommes, il a aussi mis sa veste de marin. Ca ne l’empêchera pas de se réserver l’habituelle interview consensuelle de Rogge et l’honneur d’annoncer qu’à Londres, France Télé aura des caméras.

Soudain surgit Placido Domingo, même s’il chantera une heure et demie plus tard. Bilou raconte tout avant que ça se déroule, comme au cinéma. Il se moque des Chinois qui connaissent pas Led Zeppelin. Pas grave son consultant, Wang, entre deux messages de propagande, est en train de relire ses notes. Jimmy Page fait semblant de faire de la guitare, tout Lempdes est en fusion et Beckham tape dans un ballon, Bilou en chiale. Monfort, lui, se fout de la gueule du monde : c’est lui le grand gagnant des JO. La première semaine de Nelson avait été un tremplin. Il avait laissé son costume de journaliste dans le casier de Laure pour la faire parler. Rien ne dit qu’avec Baala ou Doucouré, il n’a pas été au bord de la récidive tellement les Français les aiment. Mais les relayeurs du 4×400 lui ont retrouvé sa carte de presse. Ils ont craché le morceau, Nelson est redevenu le meilleur d’entre nous même si l’ombre de son passage en cow-boy à C’est mon choix plane toujours au-dessus de la scolarité de sa fille. Il a même appris le métier à Montel. Dommage qu’il ne soit pas polyglotte. Montel a également découvert à ses dépens qu’écrire des bouquins n’apporte pas forcément à une compétition d’athlé.

Une journée en enfer

Sans sa muse, il s’est cru chez lui. Pas coiffé, refusant de porter le pyjama France TV, il a régulièrement demandé à Diagana de lui servir un café. C’est bien naturel, pour lui les Jamaïcains sont tous des « fils de Bob Marley », au moins autant que les Français des mangeurs de fromage. Bolt sur le podium du 4×100 était avec « ses frères ». Qui est le père biologique ? Jimmy Cliff peut-être, en tout cas pas Philippe Delerm, qui n’a pas repris Montel quand ce dernier se vantait d’avoir appris trois mots de la langue de Molière à Bekele dans une voiture. Et pour cause, le consultant new generation du service public était trop occupé à chercher quelque chose à dire. Sur place, il apportera une vision décalée de la compétition : « Je vais essayer d’amener un regard littéraire et passionné. » Ainsi était présenté le Jeremy Irons tricolore. Pour une fois, il ne tuera personne ou presque.

Au départ du 10.000 m féminin, il entrevoit une Ethiopienne et sans crier gare, la machine littéraire se lance : « On risque d’assister à une très belle course. » Au bout de 5 longues minutes, Diagana constate une course tactique, le rouleau compresseur décalé se remet en marche : « C’est d’autant plus étonnant qu’on a assisté à un 10.000 m rapide chez les hommes. » « En effet Philippe », lui rétorque sans cesse un Montel aux abois, torturé par l’erreur de casting qu’il devra justifier devant Bilou, qui se faisait une joie de s’emmerder, une fois mal réveillé. Parfois, le Romantique est lyrique, comme sur le 4×100 où il rappelle « qu’on est loin du relais avec Marie-Rose qui battit le record du monde en moins de 38 secondes ». Montel accepte de lui épargner que n’importe quel passionné d’athlé sait que le temps exact était de 37″79. Par contre, il lui rappelle poliment que, depuis, nombreuses ont été les perfs de très haut niveau des relais, comme un titre mondial par exemple. L’écrivain flamboyant ne lâche pas le morceau et commet l’irréparable. Il plonge l’auditoire en 1980 pour évoquer un relais avec les frères mescouilles (Barré dans l’état civil) du CA Neubourg, médaillés de bronze à Moscou. Et ça fait chier tout le monde, surtout Montel qui sévit alors et lui rappelle son vilain passé d’entraîneur d’athlé en Haute-Normandie comme pour mieux souligner l’incongruité du mutisme de son hôte.

Apocalypse now

C’est un Montel aussi désespéré que le colonel Kurtz, qui, dans un mouvement de survie dont seul l’être humain a le secret, ne se rasera pas la tête mais lancera son Delerm d’ancien ami, sur le saut en hauteur féminin: « Philippe, ça en principe ça devrait vous inspirer ! » Et le passionné de répondre qu’il aime beaucoup Fosbury. On peut lui reconnaitre le mérite d’une prononciation exacte que ne s’est pas permise Carlier avec un Fox bury de bon aloi. La suite sera du hachis-parmentier. Entre un « Bolt il déconne, mais peut être serieux, il peut finir un 200 m », « les passages sont bons » et un « il est 6e, non 8e », notre Stendhal moderne confiera dans une de ses mythiques interventions, pour justifier la domination de Bolt sur Phelps, que c’est plus dur de gagner plusieurs médailles en athlé qu’en natation, puisqu’on ne peut pas doubler 100 et 10.000. Stoppant net là, son analyse, validée par Montel d’un « vous avez raison, Philippe » dévastateur, il a laissé la tâche au successeur  de Bernard Faure de nous livrer le nom de ce fameux nageur qui a remporté à la fois le 50 m nage libre et le 1.500. Si les patrons de France 2 préparaient la diffusion de l’opéra en prime time, ils ne s’y prendraient pas autrement.

Ce n’est pas Patrick Montel qui nous contredira au moment de tirer sa révérence. Tel Monte Cristo, il ourdira sa vengeance avant d’executer lui-même les basses oeuvres. Il commencera par tendre un piège à Ladji et Leslie, deux ados qui passaient par là : « Alors les seigneurs, vous en pensez quoi du seigneur Bolt? » En manque de repères, il se croit au Moyen Âge. La question est cruelle, la réponse assassine : « C’est clair que c’est énorme ce qu’il a fait. 9″69 en décélerant sur les 80 derniers mètres » suivi d’un « il ne pratique pas le même athlétisme que nous ». Pour Montel, c’est un compliment. Sa dernière victime sera son consultant lettré au moment des adieux. Celui-ci choisit habilement la flagélation en public : « J’ai été très content d’être là et je remercie France 2 malgré mon manque de professionnalisme. » Montel jamais meilleur que pour porter le coup de grâce lui assenera un « Pourquoi vous dites ça ? » inexplicable, suivi d’une hagiographie en règle : « On vous connaissait surtout pour la littérature. » Pour ceux qui n’auraient pas compris. Bilalian a jeté tous ses livres.

A bout de souffle

Non loin de là, Godart finissait lui aussi son marathon olympique par la course d’Absalon, son copain précise-t-il entre deux formidablement véritablement. Alors qu’il s’enflamme à la vue d’un pansement sur le genou d’un Autrichien (Sauser) grand rival de son Julien, qui pourtant n’a pas de rival, Leboucher, sa consultante, lui fera remarquer sans violence qu’on n’en a rien à branler : « Oui , enfin ça va pas trop l’handicaper. » Jean-René le mal aimé, au bord de l’apoplexie, expliquera alors que ça « méritait d’être dit, d’être montré ». Il faudra sans doute encore des années à sa comparse pour se convaincre de cette idée. Pour se racheter, Godart se lancera alors à son tour dans la littérature, déclamant ses liens et ses sentiments pour Absalon, s’inspirant tantôt de Tolstoï, tantôt de Dostoïevski. Flamboyant, il fait vibrer l’auditoire. C’est vrai qu’il le connaît bien Julien : « Julien Absalon, qui est né a Saint-Amé et réside à Saint-Amé » suivi d’un « Ah non, il est né à Remiremont ». Son compatriote Jean-Chri finira deuxième, Leboucher confie avoir eu un pressentiment sur la question, Godart la félicitera alors pour son judicieux conseil. Les mots ont parfois un sens caché que seuls les vrais romantiques savent leur donner. D’ailleurs, Jean-René bouclera la boucle par un « Il y en a qui pleurent, c’est compréhensif. »

Le journal du Hard

Canal n’a donc jamais pu combler sa longueur de retard en fin de compétition. Du cul, les larmes d’Esposito et deux mots d’El Guerrouj sur Baala : ses armes n’étaient pas assez aiguisées. Dans le dur, Rosso et Mathoux ont pourtant titillé jusqu’à plus soif Hélène Cons Boutboul et Isabelle Moreau. Valérie Amarou a refusé de chanter Bayle Bayle Bayle. Mais Richardson est définitivement le nouveau Zidane, il a dit une phrase dans toute la finale. Anquetil lui en veut encore : Jack avait promis de ne pas parler de la compétition. Costantini a fait la différence. Le vrai spectacle était dans la magnifique salle des travailleurs où Romera avait établi son campement, ce n’était pas les commentaires millénaires de Bouttier. Décidément très inspiré, France TV a montré plus de plans de Brahim Asloum essayant de construire une phrase en fronçant les sourcils que d’images de combat. La grammaire n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Ca vaut toujours mieux qu’un Stéphane Guy qui fait seulement vibrer sa chaise à l’escrime. Qui a eu l’idée de déguiser Jean Rochefort en Philippe Delerm ?

Romain Del Bello l’a bien compris en rejoignant Canal. Son vilain gel effet mouillé rappelait les heures sombres de Vincent Hardy, il a préféré franchir le Rubicon même s’il ne sait pas ce que c’est. Comme Alain Bernard, qui console toute la délégation des nageuses pendant la cérémonie de clôture, des drapeaux tricolores sur la tête. Canal pourra-t-il le garder ?

0 réponse sur “Les placards du Vestiaire, Médias : Delerm, une question de survie”

  1. Du grand Vestiaire, un régal!

    A propos, allez-vous sortir du placard le spécialiste tennis pour commenter l’US Open? ça démarre fort avec la perf de Gasquet, l’homme qui a fait l’impasse sur les Jeux pour préparer Flushing.

  2. J’adore l’humour du type qui réalise certains plateaux et les commentaires (c’est le même qui tient le blog tennis de canal), faudrait juste lui dire de les faire micro fermé. Merci d’user de votre ascendance sur vos confrères pour le faire obtempérer.

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