Athlétisme, Enquête, Usain Bolt : Rasta rocket, la vérité (1/2)

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Rarement un athlète n’aura suscité autant de commentaires, de débats. C’est bien légitime, personne n’avait jamais fait ce qu’Usain Bolt a fait. Le Vestiaire vous livre l’analyse vérité sur le parcours d’Usain Bolt, surdoué et un peu plus que ça.

Patrick Montel est rassuré, beaucoup le sont avec lui : la progression de Bolt est régulière. Un gars qui approchait les 20 secondes à 15 ans atteint logiquement 19″30 à 22 ans. Deux arguments solides qui expliqueraient le naturel des performances du Jamaïcain. Encore faudrait-il que ces affirmations soient vraies. Ce n’est pas le cas, nous allons y revenir. Devant une telle difficulté apparente pour expliquer son talent autrement que par le dopage, certains préfèrent y croire tout simplement, croire à l’exception, même si cette exception ressemble à tellement d’autres exceptions sales. Mais Bolt ce n’est pas pareil, il est sympa, pas trop musclé, grand, parfait techniquement, avantagé physiologiquement, un peu dilettante, mange des nuggets, a très jeune couru vite, plus vite que tout le monde à son âge, plus vite que ses aînés au même moment. Bref, au format adulte, il sera le meilleur, et courra très très vite. Mais voilà, il court tellement vite, qu’il est encore plus rapide que tous les gars dopé d’hier et d’aujourd’hui et efface tous les records précédents à chacune de ses courses. Est-ce si normal ?

Pour répondre, il est inutile d’aller chercher dans les études biomécaniques qui se contredisent les unes les autres et qui ne sont ni unanimes ni objectives car fondées sur de l’abstrait. Il convient davantage de se pencher en détail sur son parcours et de le mettre en perspective avec celui d’autres athlètes, qu’ils soient propres ou non. Cela s’appelle une enquête, la voici.

Bolt a-t-il explosé du jour au lendemain ? 

La réponse ne peut être aussi simple. Bolt réalise depuis ses 15 ans (âge de ses premiers temps officiels) des performances exceptionnelles. Cela exclut l’hypothèse de l’athlète limité qui explose subitement. Sa progression, jusqu’à cette fameuse année 2008, n’est elle non plus pas plus suspecte que ça, dans tout ce qu’elle a d’extraordinaire, si l’on tient compte du fait qu’il a été supérieur très jeune au commun des coureurs, même plus âgés que lui. Cependant, l’analyse de l’année en cours est, si ce n’est beaucoup plus cruelle pour la santé d’Usain Bolt, en tout cas plutôt intrigante.

Mythodologie

Avant d’entamer le passage en revue de ses performances, il est utile de préciser que cette évolution, depuis les 15 ans de Bolt, part du principe subjectif et stupide qu’à 15 ans on n’est pas chargé, comme veulent le faire croire certains. Hors, en principe, à 15 ans, on ne dispute pas non plus des championnats du monde ou alors c’est que l’on fait du sport de haut niveau. Et déjà chez les juniors, il y a des contrôles, et déjà, il y a des athlètes positifs et exclus. Bolt, à 15 ans, était déjà athlète de haut niveau. Il a très bien pu se doper dès cette époque, ce qui justifierait ses temps. Soyons indulgent, laissons cette part de rêve, qui veut qu’il soit né avec un don pour le sprint. Ce qui est possible. 

Analyse du rythme : Bolt/face

A 16 ans, son meilleur temps sur 200m était de 20″58 (+1,40 m de vent favorable), il avait réalisé 20″61 en finale des Mondiaux juniors. Ce temps est un très bon temps de juniors, un temps presque surhumain à 16 ans, mais un temps qui reste crédible si on admet une supériorité naturelle. Sans ajout, on peut donc considérer qu’il a deux ans d’avance sur sa classe d’âge. Ses temps seraient encore les meilleurs s’il avait 18 ans. En comparaison, Christophe Lemaître, champion du monde en juillet dernier, a couru 20″83 avec 0,9 m de vent négatif, ce qui l’envoie à environ un dixième du Jamaïcain, il a 18 ans. Il a gagné deux dixièmes en un an par rapport à son record de France cadets. Ces deux dixièmes, qui après étude de dizaines d’athlètes moyens, semblent être, compte tenu du vent, la progression maximale d’un sprinter adulte par année. C’est ce que l’on peut objectivement appeler la norme. Mais Bolt n’a pas encore son morphotype d’adulte et il est explicable qu’il puisse exploser cette norme l’année suivante, il a 17 ans et passe à 20″13 (vent nul). Gagner entre quatre et cinq dixièmes est énorme, mais possible à cet âge là, et déjà vu, nous allons y revenir.

Ce n’est pas fini. Si l’on admet qu’il a trouvé la bonne technique et qu’il évolue encore physiquement, on n’est guère surpris par ses 19″93 (+1,4) de l’année suivante. Il a 18 ans et semble atteindre son meilleur niveau. En effet, jusqu’en 2007, c’est à dire pendant 3 ans, finies les progressions annuelles météoriques, la croissance semble terminée, il reste constant à presque deux dixièmes de secondes près, la nuance de la progression logique peut-on penser. Il a pris le temps pour corriger ses imperfections techniques et de s’entraîner un peu plus sérieusement. Il démarre donc l’année 2008 avec 19″75 dans la musette. Un record exceptionnel que seuls dix coureurs, pas forcément des exemples, ont au moins égalé, mais un record peu choquant encore une fois au regard de ses qualités naturelles, de ses performances antérieures, de sa technique et de ses 17 ans.

A suivre…

0 réponse sur “Athlétisme, Enquête, Usain Bolt : Rasta rocket, la vérité (1/2)”

  1. Bonjour le Vestiaire.
    Vous n’allez pas me faire croire que la Jamaïque a découvert une potion magique que le voisin américain ignore.
    Usain Bolt est un phénomène comme on en voit un tous les 20 ans, le précédent en sprint étant Carl Lewis.
    Alors oui, il est sans doute dopé, ou du moins bien « préparé » comme on dit poliment, mais comme les autres, pas plus pas moins. C’était pareil pour Carl Lewis qui, dopé ou pas, était de toute façon très supérieur à ses collègues Ben Johnson et autres.

  2. Magnifique article! Vivement le passage au site web, afin que vous puissiez vous renommer « Les Cahiers du Sport »!

    Bref, changez rien, sauf le slip!

  3. En réponse à la réponse du Vestiaire du 16.
    Désolé si j’ai cru voir de nombreux sous-entendus et allusions au dopage dans votre article, je dois avoir l’esprit un peu tordu.
    Je vais donc apprendre à lire simplement, sans chercher à voir ce qui se cache entre les lignes.
    Mais le lecture du Vestiaire risque alors d’être moins amusante!
    Je suis d’accord avec Hulkmusclor, j’attend du Vestiaire un peu plus que de simples articles factuels… On n’est pas sur wikipedia ici!

  4. Attention, dernier avertissement nous ne tolérons la médiocrité de nos lecteurs que jusqu’à un certain point. Relisez votre commentaire, vous compariez le savoir des USA et la Jamaïque alors qu’il n’est nullement question de cela dans notre article.
    Pour le reste, nous attendons évidemment des arguments sinon vous serez humilié en place publique comme votre ancêtre le fut jadis par Torquemada.

  5. Carl LEWIS le surdoué dès son plus jeune age… Controlé plusieurs fois positif par sa Fédération qui n’a pas cru juger bon de transmettre à la Fédération Internationale… on en a beaucoup parlé il y a 10 ans avec plusieurs démissions à la clé… mais il y a avait prescription pour Carl et toutes ses belles médailles…

    Désolé mais Carlito est tout sauf le bon exemple de l’athlète propre…

    Et c’était pourtant mon idole…

    Il y a donc beaucoup de chances que Bolt ne soit rien d’autre qu’un coureur dopé doté d’un physique hors norme (taille et segments) qui permet d’optimiser les effets de sa préparation biologique…

    Et ce constat ne réjouit personne… surtout pas les éducateurs sur le terrain qui se demandent à quoi ça sert d’entraîner des gamins si la finalité marchande d’une activité éducative est d’admirer à la télé des « monstres » chimiquement créés…

  6. Tes propos me sidèrent quelque peu Boboa, et j’imagine que cela tien seulement à la mauvaise construction de ton argumentaire, car ainsi rédigés tes propos laissent penser que Bolt est dopé car Lewis l’était…
    Je tiens également à dénoncer les argumentaires du type : untel était dopé, alors tous ceux qui font de meilleurs perfs que lui sont dopés… Que doit on penser si l’on considère que le dopage est largement répandu dans le monde amateur (notamment pour les amphétamines).

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