Football, Domenech Show : Tapie End

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La pression de l'audimat ne pardonne pas. L'émission la plus regardée de l'histoire de la téléréalité ne pouvait pas s'arrêter comme ça. Si les résultats ne rapportent rien, si les matches font chier tout le monde, au moins il restera Domenech pour faire le spectacle. Voici la cinquième saison du Domenech Show.

Souvenez-vous des épisodes précédents, le Domenech Show s'était terminé dans l'euphorie d'une nouvelle humiliation générale pour le football français et Estelle Denis. Raymond Domenech, scénariste, acteur et réalisateur du spectacle devait tirer sa révérence avec un gros chèque pour bons et loyaux services rendus à ses producteurs. C'était sans compter sur ses producteurs, justement. D'une avidité sans limite et face à l'influence grandissante prise par Secret Story dans le reality show, Jacquet et Escalettes vont orchestrer le grand retour du programme favori des Français.

Pour ce faire, les rescapés du naufrage européen apportent leur soutien sans réserve à leur créateur. Ce n'est pas une surprise, ils connaissent eux aussi parfaitement les rouages de la télé. Même Govou, sur le point de ne pas recevoir d'offre de Tottenham, sait qu'il faut lécher papa pour découvrir la Suède. Mais tout n'est pas si simple, car l'ancienne équipe de production, qui faisait elle une vraie émission de service public avec des victoires et des trophées, veut récupérer le bébé. C'est finalement le concepteur original du projet qui va trancher : Michel Platini.

Chypre au vinaigre

L'inventeur du football en France est lucide, il conseille de garder Domenech. L'objectif est ambitieux : pour lui, virer le sélectionneur en plein éliminatoires provoquera probablement la plus forte audience de tous les temps. Platini sait comment ne pas gagner, il faut lui faire confiance. En 1988, il avait lui même succédé à Henri Michel en pleine errance chypriote  et avait fait aussi bien, avant de réaliser un Euro 92 pas dégueulasse pour lancer ensuite Gérard Houiller. Sur un terrain parfaitement préparé, ce dernier n'eut plus qu'à ne pas sortir premier d'un groupe avec la Bulgarie et Israël comme plus féroce adversité. Le Conseil fédéral de reconduction se déroule sans anicroche. Escalettes n'a rien aimé de Domenech et veut qu'il change tout. Les différents représentants du foot amateur lui bricolent alors une espèce de tutelle dirigée par… Gérard Houiller. Fameux. Dominique Grimaud voulait même carrément que ce dernier reprenne l'équipe : de la trash-tv comme on n'en fait plus. Dominique Grimaud n'est pas à la Fédé, il n'est que chroniqueur dans 100% foot. C'est dans cette même émission que sera également jetée en pature l'idée d'un autre recours : Alain Boghossian. Quand l'histoire repasse les plats, c'est Ginola qui se permet cette audace. Il est malin, David. Il sait que personne n'aurait pensé à Boghossian. L'ancien criminel a raison. Bogho c'était un joueur sans épaisseur dont on se souvient à peine, et surtout il n'a jamais entraîné : c'est le candidat idéal. L'occasion est trop belle, Alain B. est catapulté adjoint de Domenech. Un débutant et un incompétent, le duo est magique. Mais il reste un doute sur la capacité de Raymond à franchir les limites imposées. Escalettes est inquiet, il ne le sera pas longtemps…

Fanni paye à boire

Août 2008, l'été touche à sa fin, les JO battent leur plein et France-Suède arrive en même temps que Rod Fanni. La production s'interroge, Domenech ne frappe-t-il pas trop fort dès le début ?  Le public pourrait se lasser, la crédibilité de l'émission ne tient plus qu'à un fil dentaire d'Escalettes. Mais Domenech n'est lui pas un débutant, en 23 ans de carrière d'entraîneur il n'a glané qu'un championnat de D2, il a donc toujours eu un coup d'avance et a encore tout prévu. Il se passe de Coupet et prend Mexès. Cela suffit à faire taire la presse, qui ne se rend même pas compte que Sydney Govou et Lassana Diarra sont toujours là. D'ailleurs, ça ne choque pas grand monde. Des gars que personne n'aurait selectionné même en A' sont maintenant considérés comme des indiscutables. Domenech n'a rien perdu en deux mois. Il envoie même un gros tacle dans la gueule de Boghossian en rappelant que c'est lui qui décide. Et pour montrer sa domination, il garde Anelka, qui ne reprendra le championnat que trois semaines plus tard.

Le match est évidemment sanglant, la France gagne 3-2, l'attaque est à la hauteur, mais rien n'est à garder ni au milieu, ni en défense centrale. C'est un match amical, Domenech sait bien qu'il ne peut rien faire de plus, la glorieuse génération Papin est de retour, mais maintenant il s'appelle Karim. Raymond ne va quand même pas à nouveau rappeler Zidane et Makélélé ou finir Thuram, le danger serait trop grand pour la crédibilité du programme. Le CSA ne tolérerait pas de tels dérapages. Une classification -16 ans est inenvisageable, même si Secret Story fait parfois pire.

Ascenseur vers l'échafaud

Lors de l'interview d'après match, Domenech fait plaisir à sa production, en ne déclarant pas qu'il n'a vu que du positif. Il ne demande même pas à Astorga s'il s'est tapé des putes en Autriche. Normal, ils y retourneront bientôt ensemble. Au lieu de ça, les auteurs du Domenech Show ont peaufiné un dialogue des plus agressifs. Quand Astorga lui parle des problèmes de défense, Domenech rappelle habilement que c'est Escalettes qui décide de la tactique. Après tout, c'est bien normal, « le vieux », comme l'appellaient injustement ses administrés en 1971, a bien dû déjà voir des matches : « C'est le jeu. Si vous voulez qu'on joue devant, on laisse forcément des espaces. »

Puis, Domenech enchaîne sur un de ses légendaires foutages de gueules généralisés. Profondement habité, il lance : « Je préfère gagner 3-2 que 1-0. » Et Astorga complice ou con tout court de répondre : « Oui, nous aussi on préfère. » Le tour est joué, la France entière pense maintenant qu'il vaut mieux gagner en prenant des buts. Escalettes est content, au Comité départemental on ne lui disait pas autre chose. A 80 ans, les souvenirs sont parfois diffus. En parallèle, Domenech a offert un petit bonbon au public en précisant que s'il ne prenait pas Mexès, c'est parce qu'il n'en voulait pas. A la fin de France-Suede, Domenech a toutes les raisons de l'envoyer à la retraite mais jamais meilleur que quand il faut humilier, il va donc lui donner une seconde chance et lui tape dans la main à la fin de la rencontre. Il serait même prêt à le faire venir à pieds de Rome si Mexès n'était pas déjà hors de forme.

Chef des basses oeuvres

Pour Autriche-France, Domenech ne va pas se faire chier à trouver de nouveaux inconnus, il prend les mêmes et menace même Makélélé. La production se frotte les mains, si la défaite est probablement inaccessible, un match nul est faisable, pourvu qu'Henry et Benzema soient toujours aussi complémentaires. Malouda, qui se souvient de Fabrice Divert, ne veut pas être mêlé au carnage et laisse fuiter ses idées. Il balance sur Raymond et les coulisses de l'émission durant l'Euro. Domenech serait un gros nul selon Florent, un brin amnésique. Il a oublié qu'il jouerait en réserve havraise avec Govou si tonton n'avait pas été là. C'est un renégat, la télé n'aime pas les renégats, Lorenzo Lamas mis à part, comme le rappelait fort justement Stéphane Collaro. Malouda croise alors Giuly et Pires.

Le jour du match, le journal L'Equipe enfonce le clou en se demandant si l'Autriche est si nulle que ça. Domenech a la réponse, il aligne huit joueurs de l'Euro. Si tout va bien, ça ne peut pas marquer, mais il faut viser plus haut : faire regretter Thuram. Là encore, Domenech a la clé. Faire jouer des inaptes. Clément Chantôme et Claude Issorat indisponibles, il puise dans son vivier : Mexès et Gallas ne sont absolument pas au niveau, Toulalan rame, bien aidé par Lassana Diarra, qui réalise l'impossible : prendre de la place en n'ayant rien à foutre là. Domenech sait tout ça, il tient sa base défensive. Après la défaite, il ne lui restera qu'un match, il veut en profiter. Et pour en profiter au maximum, il s'inspire de ses talents de metteur en scène pour monter une jolie saynète qu'il va intituler « Le Zidane du pauvre ». Pas de Lamouchi, Bénarbia, Ziani, Lachuer, Martins ou Micoud à l'horizon, cette fois le casting est prestigieux : Nasri interprètera Zizou à son époque cannoise, il portera le numéro 11,  Govou le 10.

L'Autriche gagnera 3-1 et ce n'est pas une blague. Même L'Equipe.fr le dit.

0 réponse sur “Football, Domenech Show : Tapie End”

  1. Prenons n’importe quel autre sport collectif où une équipe du top 10 perd contre une équipe classé au delà de la 100 èmè place mondiale.
    Imaginons au basket que l’espagne perdre contre la suisse, ou au handball que la france perdre contre la jamaïque.
    Personne n’imagine celà, et pourtant…… c’est la rengaine habituelle depuis quelques années avec notre séléction nationale.

    On pourra expliquer que c’est l’attrait du football, que personne n’est jamais certain de gagner.

    Sûrement……

    La france a sombré dans le syndrôme « Jacquet », notre séléctionneur est devenu intouchable .

    Pourtant notre fédération a les moyens de ses ambitions !
    L’encadrement technique, psychologique, médical et surtout les joueurs ! que d’autres nations nous jalousent.

    Seulement à ce rythme le risque, c’est l’absence du champion du monde 1998 en afrique du sud lors de la prochaine coupe du monde.

    Tout comme il y a 20 ans, à croire que l’histoire se répète.
    C’est à n’y rien comprendre,

    Merci « le vestiaire » et bravo encore pour la qualité de vos articles.

  2. Que Domenech reste ou non, là n’est pas le problème. Ceux qui sont contre Domenech mettent en avant… Didier Deschamps ! Au secours… ! Le football ne gagnera pas grand-chose au change et au changement ! Le problème c’est que Domenech ne peut plus parler de… football. Il est devenu tellement l’Homme à abattre qu’il ne fait que jouer ce rôle-là. Content d’être réduit à cela, il joue tantôt le martyr, le Joueur de bons mots, tantôt l’indifférent aux différends, distant mais evidemment toujours en place. Du coup, enferré dans ce rôle, il est impossible pour lui d’analyser le jeu ( ainsi après Autriche-France, il dit lui falloir revoir le match à la TV pour en savoir un peu sur la défaite…Incroyable non ?!!) impossible pour lui de donner des raisons plausibles à ses choix et au final de nous convaincre. La position de Victime qu’il a épousée reste la seule possible s’il ne veut pas devenir fou. Aujourd’hui, derrière lui, il y a TF1 qui ne peut se permettre d’emettre à son encontre la moindre critique ( TF1 a tous les droits) et JP Escalette qui, lui, tire des plans sur la Comète pour une réelection à 73 ans. Ah cette recherche de la Gloire présidentielle ( un émule de Little Nikos !) ! Ce Monsieur sera evidemment élu et réélu (apres cette grande Victoire historique contre la Serbie). Esperons que ce Monsieur Escalettes ne finira pas comme son predecesseur (au terminus d’un Tribunal). Quant à l’Equipe de France, tant qu’il y aura Henry-Benzéma-(ou Anelka)- Nasri, il y aura toujours danger dès que l’adversaire aura récuperé le Ballon (aucun ne sait défendre) et tant que le problème de la Charnière centrale ( Galllas ? hooooooouuuu là là ) ne sera pas résolu, tout continuera comme avant. Oui, tout continuera dans le même registre : celui de la Peur de voir arriver les ballons aeriens dans la Surface. A bibientôt
    BiBi(http://www.pensezbibi.com)

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