Domenech show, saison 5, épisode 3, Roumanie-France, : Domenech a eu show

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Il lui fallait 5 points en trois matches, il en a 4. Il a perdu contre le Kazakhstan et fait match nul contre le Lichtenstein. Même Escalettes n’en veut plus. Il faut pourtant conserver le Domenech show à l’antenne. Mode d’emploi.

Jamais une émission de real-tv n’était allée assez aussi loin dans le trash. Domenech le sait, il vient réaliser un truc énorme. Placer deux de ses trois derniers matches à la tête des Bleus dans le Flop 5 des pires rencontres tricolores hors phases finales : la marque des géants. Et en plus, ça passe comme une lettre à La Poste. Mieux, il en ressort grandit. Le père Noël a été le premier à dégainer samedi soir. Le Graët a bien fait comprendre qu’il n’y a aucune raison de supprimer le sélectionneur après une telle prestation. Plus c’est gros, plus ça passe. C’est la règle d’or du Domenech show depuis plus de 4 ans. Noël a bien raison, Olivier Sauton n’aurait pas dit mieux. 2-0 au bout de 20 minutes, même Henri Michel ne s’était pas permis ça face à Chypre pour son dernier récital d’Octobre. Terminer par un match nul, Domenech a prouvé qu’il était au moins de la même trempe. Houiller a revu son bilan à la hausse, lui au moins il menait face à Israël et la Bulgarie avant de conclure son petit Chelem d’automne. D’accord, la fin est plus désastreuse que celles de ses collègues, mais était-ce vraiment l’Azerbaïdjan en face ?

Il n’y a que la presse, avec une éthique qui l’honore, qui n’a pas remarqué ce que Domenech a vu tout de suite : la Roumanie de samedi valait largement le dernier but de Papin en équipe de France ou un doublé de Leboeuf. Le journal L’Equipe a aimé, tant mieux, c’est son rôle, la presse à scandale aime aussi Secret Story. Voici le troisième épisode de la cinquième saison du Domenech show.

Le cours Florent

La télé et Domenech aiment les coincidences. L’échauffement n’a débuté que depuis 5 minutes que Vieira se découvre une contracture dont il a le secret. La veille, il se disait à 100 %. Est-ce le mauvais œil sur le grand Pat ou le retour du persuasif Dr Domenech pour qui Kopa serait encore apte ? A moins que le Roissy-Constanza griffé Blue Line soit aussi confortable qu’un car scolaire ? Personne ne le saura jamais. Toujours est-il qu’à l’heure des hymnes, Raymond hurle sa joie, hilare. Mankowski se demande même s’il n’insulte pas Alou Diarra, l’invité surprise du dîner. La soirée commence bien, Ben Arfa n’est pas titulaire et personne ne l’a relevé. Grisé par la vue des onze titulaires, un pressentiment le met un confiance : le début du match le plus attendu de l’année va forcemment être saboté. Après tout, il n’a rien laissé au hasard, comme à son habitude. Sa charnière va exploser, il en est certain. Il a pu assister aux entraînements de la semaine aux premières loges et s’est repassé les expériences d’Abidal dans l’axe. Raymond a beaucoup ri, mais rien ne vaut l’intégrale Boumsong. Le spectacle peut commencer.

L’école des champignons

Une fois de plus, Domenech a vu juste. Abidal ouvre les hostilités, Eric a toujours été le plus réceptif aux messages du coach. Il expédie un ballon plein axe. Boumsong hésite, il n’était pas prévenu qu’on lui ferait des passes. Le foot, ça s’oublie vite, surtout quand on n’en a jamais fait. La deuxième sera la bonne. Une passe en diagonale, à rendre jaloux Corentin Martins, transperce la défense centrale. Evra se joint à la fête en faisant une haie d’honneur à son adversaire buteur. Domenech savoure. Il ne pourra s’empêcher de jubiler lorsque Goian se présentera seul face à Mandanda pour le 2-0. Sur corner, c’est du jamais vu. Un tel début de match non plus. Domenech accumule les records. Défaites aller-retour contre l’Ecosse, c’était lui, 1-4 contre les Pays-Bas c’était lui, 1-3 contre l’Autriche c’était encore lui, 0-2 au bout de 20 minutes contre la Roumanie, c’est toujours lui. Il va falloir qu’il se creuse pour faire mieux, mais les scénaristes sont là pour ça. L’histoire est en marche, pourquoi ne pas en prendre cinq se dit-il. Alors qu’il s’apprête à faire descendre Henry en stoppeur, son intuition le rattrape, il est intrigué. Robben ne joue pas et la Hollande du jour ne semble avoir que 20 minutes d’autonomie. Il y a trop de flou, d’autant que Ribéry a la mauvaise idée de réduire le score, sur une déviation de Zidane. L’inquiétude le gagne, il ne comprend plus et s’interroge sur sa capacité à perdre. A-t-il perdu sa grinta de l’Euro, de Lyon, des Espoirs, de l’Autriche ?  Désormais, les caméras filment davantage le terrain que le banc. Domenech doit agir, sinon la France est foutue de conserver toutes ses chances de découvrir Le Cap. Mais Raymond n’est pas fini, sa réponse est sublime : il sort Malouda après 38 minutes. Sans un regard. Le Guyanais comprend alors : il n’était pas un cas unique, les black listés peuvent aussi être flingués sur le terrain. Il enfile son survêtement, qui lui donne des faux airs de Steve Marlet. Un brin dépressif, Larqué craque : « Petre nous pose bien des problèmes sur le côté droit. »

The song of Boum

Au retour des vestiaires, David Astorga entre en scène. Il est perdu. La France vient de marquer et domine, il ne sait plus si 2-1 pour la Roumanie, c’est un bon ou mauvais résultat. Non sans froncer les sourcils, Domenech va le guider. « On ne peut pas être satisfait. » Son sourire est étrangement dirigé vers la tribune des présidents de District. Sans le savoir, Christian Jeanpierre apporte sa pierre à l’édifice et pète les plombs en direct : « Dans Téléfoot demain, la rencontre des Bleus avec le Jamel Comedy club, qui je crois a été très sympa. » Anachronique, il prie pour prendre un bon point. L’AFP et L’Equipe ont dû regarder le match sur TF1.

Pour Domenech, la situation se complique. Les Maltais ne courent plus, il n’y a plus que 11 joueurs sur le terrain , ce sont hélas les siens. Et Zidane finit par égaliser de 30 mètres. Toute l’équipe se précipite sur Boghossian et Mankowski. Tout le monde l’a vu : Domenech est remis en selle. Que peut-il inventer pour ne pas planter 10 buts à l’Estonie ?

Briandissime

Rien, il a juste à ne pas toucher à une équipe qui ne se crée aucune occasion malgré la famélique opposition andorrane. Sûr de son fait, il sent bien qu’il ne pourra pas compter sur les Arméniens pour marquer. Alors, il réclame l’expulsion du numero 10 au 4e arbitre, pour un coup de coude. Ce dernier lui indique que Govou est déjà dans les tribunes. Alors que Ribéry vient de manquer la balle de match, il le sort pour faire rentrer Briand. Judicieux, la victoire est évitée de justesse. Deux joueurs le défendront quand même : Ribéry, qui joue comme il veut, et Boumsong, qui n’a rien à craindre d’un changement de sélectionneur. Avant que toute l’équipe ne finisse par passer sous le bureau. Les soirées Playstation de Clairefontaine sont très appréciées. Avec un entraîneur normal la plupart ne serait même pas sur la liste. Courageux. Le même courage qu’Escalettes : « Le conseil, c’est le 15. » David Astorga sent sa proie fragile, il ne la lâchera pas. Le président de la FFF se résoud à lâcher le morceau. « Je n’ai aucune petite idée de ce qui sera décidé. » Pascal Praud intervient alors : « Merci président, c’est dit. » La signature d’un long bail avec la FFF.

La France ne se qualifiera donc pas pour la Coupe du monde 2010, la production en a décidé ainsi, car le Domenech show doit continuer. Foutre TF1 sur la paille est un enjeu supérieur, le foot français a déjà disparu de la scène internationale. Derrière toute bonne blague il y a une chute. Celle-là est très réussie et même après la chute elle ne semble pas connaître de fin.

0 réponse sur “Domenech show, saison 5, épisode 3, Roumanie-France, : Domenech a eu show”

  1. Un texte intéressant, il est vrai que les médias sportifs « people » se régalent du fiasco Domenech pendant que les médias sportifs tout court s’en désolent.
    Domenech devrait faire carrière en politique, il a bien assimilé certaines notions. Faire parler davantage de lui dans les médias pour ses talents de comédien que pour son travail, avoir une femme sexy pour qu’on la regarde plus elle que lui, étaler sa vie de couple dans les médias pour distraire leur attention quand les résultats sont catastrophiques, ça ne vous rappelle pas quelqu’un tout ça ?

  2. Les Cahiers du Foot me semblent un bon exemple pour ce qui concerne la presse. Mais les médias ne se limitent pas à la presse de toutes façons, il y a aussi la télé (ok, mauvais exemple) et… les sites webs. Le Vestiare est un média 🙂

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