Rugby, Top 14 : Le vilain petit Connor

Non, le spécialiste rugby n’est pas une feignasse. S’il met 4 jours à écrire un résumé de la journée, c’est parce qu’il sait que les lecteurs manquent de rugby frais en milieu de semaine.

1991

Par Gilles Grospaquet

La marque de fabrique du spécialiste rugby du Vestiaire, sa signature, ce qui fait de ses articles des références obligées dans les écoles de chroniqueurs rugby, c’est bien évidemment l’impartialité  avec laquelle il retranscrit les matchs qu’il ne s’est pas donné la peine de regarder.

Ne comptez donc pas sur lui pour laisser un seul mot trahir la joie débordante avec laquelle il a accueilli la victoire de Grenoble au Racing-Métro-Champagne. Jamais vous ne le lirez remercier ouvertement tous les anciens clubs de Valentin Courrent d’avoir été assez idiots pour laisser partir un aussi bon 9/10/buteur, juste pour qu’il humilie le Racing sur sa propre pelouse de satin. Vous ne le devinerez pas non plus exulter en imaginant Jacky Lorenzetti, fou de rage de voir ses jolis Racingmen qui sentent bon le musc dominés par des montagnards tout moches, claquer son escort-girl comme Valentin Courrent claquait cette dernière pénalité.

A part ça, le Stade Français, leader-surprise du championnat après 9 journées, commençait à douter de sa capacité à rater la qualification pour les phases finales une 6ème fois d’affilée. L’équipe voulait se tester face à une grosse équipe, le déplacement à Toulouse tombait à point nommé. Les examens sont rassurants : ce n’était qu’une crise passagère, tout va rentrer dans l’ordre. Le tarif de la consultation est le même qu’à Castres il y a un mois : bonus offensif pour l’équipe adverse. En cas de rechute, penser à prendre rendez-vous à Toulon pour une nouvelle piqûre de rappel.

Mais la vraie surprise de la journée, c’est la fessée reçue par Castres à Brive. Quand le champion de France en titre prend 34-0 chez le promu, on se pose forcément des questions. Exemples : Castres a-t-il joué les yeux bandés sur un pied ?  La bouffe du Campanile de Brive est-elle dégueulasse au point de provoquer des épidémies de gastrogiovanni ? Romain Cabannes est-il tombé sur le chien ? Avait-on promis une double ration de poulet-coco à Sisaro à en cas de bonus offensif pour Brive ? Richie Gray admettra-t-il un jour qu’il porte une perruque ?

Et plus généralement, pourquoi est-il si difficile de gagner à l’extérieur ? Il était de coutume que les petites équipes se laissent piétiner par les grosses et qu’elles s’étripent entre elles pour survivre. Cette année, il n’en est rien. D’où vient cet intolérable manque de respect envers une hiérarchie établie à grands coups de pognon ? Il est possible que les grands aient sciemment laissé les petits se rebeller. Voici l’équation  : sachant que la formule débilissime du Top 14 permet d’être champion en terminant 6ème de la phase régulière, sachant que gagner tous ses matchs à domicile avec quelques bonus offensifs + le match cadeau à Biarritz suffit largement à être 6ème, sachant qu’il est déjà assez pénible comme ça de se taper l’aller-retour en bus à Oyonnax ou à Brive-la-Gaillarde, à quoi bon faire l’effort d’y gagner ?

Pendant ce temps là, un joueur continue d’étonner. Il est trop petit, trop maigre et trop intelligent pour jouer au rugby. Sa présence en Top 14 est donc le mystère le plus inexplicable que le rugby ait connu depuis l’agression d’un joueur obèse du XV de France par une table de nuit en forme de Louis Picamoles. Heureusement pour lui et pour Bordeaux-Bègles, il court vite, très vite. Il est adroit (et Talebula gauche, on l’a déjà dit). Il mystifie les défenses, marque et fait marquer des essais. Blair Connor, c’est Forrest Gump avec un cerveau.

3 réponses sur “Rugby, Top 14 : Le vilain petit Connor”

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