France-Angleterre : Lick my coq (1/2)

Il y a des dimanche matin de février où, sans trop savoir pourquoi, on se lève avec le sourire. D’ordinaire si renfrogné au réveil, vous ressentez un mélange de félicité et de paix intérieure. Vous ne sauriez vraiment pas dire ce que c’est, mais quelque chose va bien dans votre vie. Vous repliez votre clic-clac aux lattes toutes cassées et vous posez les pieds sur le carrelage glacé. Vous ouvrez la fenêtre pour admirer le temps pourri, la pluie battante vous gifle le visage en guise de bonjour. Le bol de café s’échappe de vos mains et vous brûle les cuisses au troisième degré. Mais rien ne saurait décidément entamer votre bonne humeur. C’est une journée magnifique. Et soudain ça vous revient : on a battu les Anglais hier soir. Souvenez-vous.

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Par notre spécialiste rugby Peyo Greenslip Jr

Quand on décide d’arriver en avance au bar, c’est pour s’assurer une place assise, pour assister à la présentation des équipes et éventuellement, pour ceux qui ont appris les paroles aux meetings de l’UMP, beugler un bout de Marseillaise. On fait rarement ça pour être sûr de ne pas rater le premier essai français. Franchement, qui pouvait imaginer que Jules se plisserait dessus dès la première action, que son coup de pied raté serait sauvé par un contre qui enverrait le ballon en plein sur Yoann Huget, qui marquerait sans opposition ? Sûrement pas Philippe Saint-André. Par habitude, il n’a prévu qu’un discours plein de larmes pour la conférence d’après-match et se retrouve pris au dépourvu. « Ce n’est que le début, snif, les Anglais vont revenir, snif » se dit-il, plein d’espoir.

Mais ce coquin de sort n’attend pas plus de 16 minutes pour s’acharner sur le pauvre PSA. Juste avant que le coude de Mike Brown ne mette fin à sa percée, Brice Dulin tape à suivre et dit au revoir à ce ballon qu’il ne reverra plus, d’autant qu’Alex Goode  et Billy Twelvetrees sont encore en couverture. Capricieux par nature, l’Ovale exécute une de ses plus belles pirouettes, la Dominici ’99. Les deux défenseurs anglais sont désarçonnés par le rebond et tombent à terre. Yoann Huget a devant lui une voie royale pour aller aplatir au milieu des poteaux et ainsi faciliter le travail de son buteur. Mais Yoann s’en branle pas mal, il sait bien que les photographes sont sur les côtés. Il vise donc soigneusement le drapeau de coin, ajuste une bouclette et s’offre aux objectifs sous son jour le plus spectaculaire. Par amour du spectacle, Yoann préfèrera toujours aller voir les photographes plutôt que faire son travail.  No Show must go on, comme disent les Anglais. 

Les 30 premières minutes sont donc un calvaire pour nos ennemis préférés et en particulier pour le centre Luther Burrell  qui se pensait costaud simplement parce qu’il mesure 1m91 et pèse 104 kg. Mathieu Bastareaud lui apprend au détour d’un plaquage-écrasement-retour-arrière-de-5mètres que cette notion est éminemment relative. Le réveil anglais viendra de 10 points obtenus suite à deux pénalités stupidement concédées par Yannick Nyanga, qui ne se voyait manifestement pas réaliser le match parfait dès la première journée du Tournoi.

A la mi-temps, PSA décide de donner un coup de pouce au XV de la Rose. Il joue son va-tout. Yoann Maestri, Yannick Forestier et Antoine Burban font successivement leur entrée sur la pelouse. Coaching gagnant. Pendant les 30 minutes qui suivent, le pack bleu se fait cruncher very very much. Finie la furia cocue de début de match : plus denses, aussi mobiles, les avants anglais nous imposent progressivement leur puissance. Courtney Lawes, lancé comme une balle, n’est pas loin d’atteindre le Nirvana. Le colossal numéro 8 Billy Vunipola se paye une percée plein champ, 2 raffuts et un amour de passe entre deux défenseurs pour offrir le deuxième essai anglais à Martin Luther Burrell, dans un stade de France qui se refroidit à vitesse grand Vunipola.

Muselé il y a deux semaines face à Toulouse, Billy crève l’écran et la défense française.  Face à cet ouragan, les plaquages d’Antoine Burban ont pour seul mérite de nous faire apprécier ceux de Thierry Dusautoir à leur juste valeur : inestimable. Antoine « le Destructeur » Burban court beaucoup, c’est appréciable, plaque beaucoup, c’est sympa aussi, mais subit tous les impacts, çà c’est moins glorieux. Dans l’ensemble, ça donne de jolies statistiques personnelles mais ça n’aide pas vraiment son équipe à récupérer cette gonfle qui la fuit depuis la 30ème minute.

Chez les amateurs de flankers à reculons, ce procédé s’appelle l’Illusion de Ouedraogo. Pour en decouvrir la définition il faudra revenir demain pour la seconde partie. Alors qui remportera cette partie à couteaux tirés ? Le french flair des ringards qui utilisent encore cette expression quand ils n’ont rien d’autre à dire ? Ou les rosbifs comme disent ceux qui ne connaissent pas le french flair ? A suivre…

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