Les années Arsène (2/2) : Ainsi assène Wenger

Les louanges dont bénéficie Arsène sont totalement justifiées. Il a réussi l’exploit de tenir 22 ans sans remporter la moindre Ligue des champions. Mieux, il réussit même le coup de génie d’être considéré comme l’un des plus grands entraîneurs de tous  les temps. Mourinho, Ferguson, Benitez, Guardiola, Ancelotti, Del Bosque, Hitzfeld, Lippi, Di Matteo, Zidane, Sacchi, Goethals, Heyneckes, Hiddink,  Trapattoni, Jorge, Rijkaard, Michels, Cruyff, Van Gaal et même Luis Enrique le regardent avec envie.

wen

Mars 2008. Un an après l’élimination en 8e pas jolie jolie contre le PSV Eindhoven, Arsenal est de retour au sommet : un 8e contre Liverpool. A l’aller ça tient (1-1), au retour ça tient presque (2-4). Arsène voit plus loin, après tout on n’est qu’en mars. « Notre équipe a un potentiel fantastique mais ces dernières semaines nous avons subi plusieurs déceptions. Notre force mentale a été extraordinaire ce soir mais nous avons été naïfs, commis des erreurs et montré un manque d’expérience. » Il suffisait juste d’attendre un an pour en savoir plus.

Avril 2009. « C’est la soirée la plus décevante de ma carrière. » S’il avait deviné la suite, Arsène n’aurait peut-être pas laissé son cœur dire autant de conneries un soir de demi-finale retour, quand même. Mais qu’il se rassure : en dire est toujours moins grave qu’en faire dans sa composition d’équipe. Ce n’est pas sortir Gibbs à la 46e qui en était une. « La chose la plus difficile, c’est que nous n’avons pas l’impression d’avoir joué une demi-finale de Ligue des Champions, parce que tout a été fini après dix minutes. » C’est effectivement rarement un bon signe. « On a fait ce qu’on a pu. » Et c’est déjà très bien.

Avril 2010. C’est une vieille habitude : Arsenal se débrouille encore pour avoir quelque chose à jouer au match retour. Le 2-2 de l’aller était certes miraculeux, Ibra a beau écrire dans son autobiographie que le sortir a été une énorme erreur de Guardiola, il n’en reste pas moins qu’Arsenal arrive au Camp Nou en se disant qu’il peut le faire. Mais il ne peut pas le faire. En revanche, Messi peut en mettre 4 dans une seule soirée, ça fera 4-1 car Arsenal a encore écrit sa légende en ouvrant le score. « C’est la meilleure équipe sur les deux matches qui a gagné. Nous avons des regrets parce que nous avons démarré fort [but de Bendtner à la 18e]. Mais nous avons fait trop d’erreurs en défense pour pouvoir gagner un match comme celui-là. » Pas très loin de lui, Mickaël Silvestre passe avec un maillot d’Arsenal, ce qui veut dire qu’il a joué.

Mars 2011. Encore Barcelone, cette fois un tour plus tôt. Ca embête Arsène, un peu moins Guardiola. Et pourtant, Arsenal a gagné le match aller. Arsenal va même égaliser à la mi-temps du retour. Être qualifié les trois quarts du temps ne suffira pas, comme de dire « je suis convaincu qu’on aurait pu gagner ce match », une heure après avoir libéré ses milieux de semaine d’avril et mai. Mais Arsène, avec l’expérience, change de discours : plus besoin de parler de promesses pour l’avenir, seul compte le présent. Il met ses joueurs face à leurs responsabilités, qui sont aussi les siennes : « la décision de l’arbitre d’expulser Van Persie est incroyable, franchement, et pourtant j’en ai vu avec mon expérience. Il a tué le match. » C’est vrai que ce n’est pas Van Persie puisque Arsenal n’a pas tiré une fois du match, contre 17 pour le Barça.

Mars 2012. Dans son ère européenne, Arsenal attaque la phase des presque exploits. C’est l’an I. Une défaite 4-0 au Milan AC est déjà un bel exploit. Il ne reste qu’à la remonter pour faire rentrer Arsenal parmi les grands, et accessoirement se faire torcher en quarts par le Barça. Mais ça n’arrivera pas. « Nous étions tout prêts », dira Arsène. Ce n’est pas la première, ni la dernière fois. « Quand vous gagnez 3-0 à la maison, vous pouvez juste dire bravo aux joueurs. » Alors bravo.

Mars 2013. Le Bayern éteint le suspense à l’aller 3-1, mais Arsenal est bien devenu une équipe d’exploits. 2-0 au retour, c’est beau, ça donne envie à Wenger de parler milanais : « On est passé très près, je suis très fier de la prestation de l’équipe. Mais la qualification se joue sur 180 minutes et on n’était pas à notre meilleur niveau durant les 90 premières minutes. »

Mars 2014. Le Bayern éteint le suspense à l’aller (2-0), mais Arsenal est encore une équipe d’exploit. Cette fois ça fait 1-1, en ayant eu la balle 20% du temps sur les deux matchs. Arsène est heureux : « Je suis fier du résultat et de l’état d’esprit car on a tout donné jusqu’au bout. La première partie du contrat est remplie. Ils ont fait beaucoup de fautes pour nous stopper quand on a fait la différence. » Sans les fautes, Arsenal serait sans doute multi-champions d’Europe. Mais Arsène n’est pas de mauvaise foi, il sait aussi dire la vérité : « Ce qui a fait la différence sur ce 8e de finale, c’est la décision de l’arbitre d’expulser notre gardien à l’aller. »

Mars 2015.  Ca reste à ce jour l’un des plus grands exploits réalisé par Arsène. Perdre 3-1 à domicile contre Monaco.  Il aurait pu faire croire qu’il avait laissé gagner son ancienne formation mais non, même pas. Il s’est juste déclaré  « very disappointed » mais a tout de même vu « a lot of positives » dans la victoire 2-0 du retour. Tant mieux, Arsenal est éliminé.

Mars 2016. On commence à connaître le refrain, son fameux « Of course I’m very disappointed », Wenger l’a réchauffé après la nouvelle humiliation face au Barça. 0-2, 3-1 ça valait bien un « in moments we looked capable to win the game but we lost it ». Dans un anglais impeccable comme toujours.

Mars 2017. On aurait pu garder le terme humiliation le 5-1 du Bayern à l’aller mais ça aurait été un peu faible. « Ca sera très dur au retour ». Pour une fois Arsène n’était pas loin d’avoir raison. 5-1 encore.

Janvier, février, mars, avril 2018. Arsenal n’est pas là. Wenger avait fait cette fois les choses proprement puisque cette fois même fin 2017 il n’y avait personne. Inutile de chercher des excuses où de faire preuve une fois n’est pas coutume de mauvaise foi : « Nous ne sommes pas loin, nous avons gagné 23 matches ; l’année sans défaite, nous en avions gagné 26. »  Donc c’est bon il peut garder son poste.

Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, les finales de Ligue des Champions ne se disputent pas en mars ni en avril. Et Ligue Europa ne signifie pas exactement la même chose. Ses actionnaires ont fini par s’en rendre compte même si évidemment ça n’était surement pas de sa faute et que l’important c’était d’avoir les caisses bien pleines. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *