Blanc : Paris coule dans Cévennes

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Timide, modeste, maladroit parfois, c’est un entraîneur touchant qui vient encore de se planter mais cette fois PSG. Portrait d’un Cévenol presque authentique, tout simplement. On ne vous aurait pas prévenu par hasard ?

On l’avait quitté moniteur de colonie de vacances ridiculisé par la bande de racailles qu’il avait invitée pour l’occasion. Après sa formation de Buddha Blanc à Bordeaux puis son bref passage dans la téléréalité de Clairefontaine : « Le Grand Requin Blanc » à Clairefontaine il est de retour comme 19ème choix pour succéder à Ancelotti. Voici pourquoi il est toujours l’homme de la situation, mais pas encore de celle-là. Et Sophia Aram ?

Un palmarès d’entraîneur. Il faut d’abord avoir fait ses preuves, mais pas trop. Ainsi, Domenech avait un titre en D2, Blanc en a toujours un en Ligue 1.

Un découvreur de talent. Yoann Gourcuff, c’est lui. Debuchy milieu droit contre l’Espagne en quart de l’Euro, devant Réveillère et à côté de Malouda, c’est lui aussi. Nasri et Ménez sur le banc mais qui rentrent quand même, c’est toujours lui.

Un sens tactique. Debuchy, Réveillère et Malouda c’était une vanne. Blanc qui les associe à deux jours du quarts alors qu’il avait deux ans pour travailler l’Espagne, juste parce que le vestiaire a explosé après France-Suède, c’est pas une vanne.

Une image. Ray aimait se faire affubler du doux surnom de boucher sur le terrain. Lolo est au contraire le roi du fair-play, incapable du moindre geste déplacé, déplacée comme aurait pu l’être une mâchoire croate un soir de 1998.

Un caractère apaisant et réfléchi. Laurent Blanc, c’est le calme incarné, la lucidité habitée. Un homme toujours capable de prendre la bonne décision au bon moment. Pragmatique, il a su arrêter les Bleus à temps en l’an 2000. Jamais il n’aurait été ridiculisé par Crespo un soir de 1999. Lucide et désintéressé, il l’a été suffisamment pour faire le choix de l’ambition, lorsque Naples a requis ses services. Maradona, la coke et les titres étaient bien sûr partis, mais pas le tiroir-caisse.

Le don de soi. Des choix, il a toujours su en faire, sans pour autant ne penser qu’à sa gueule. Car avec lui, la hiérarchie ne sera jamais réduite au rôle de pantin désarticulé. Le stoppeur international n’était pas du genre à dézoner en pleine prolongation de huitième de finale de Coupe du monde. Aucune chance, donc, d’être débordé par son ego, quitte à rejoindre Manchester United à 36 ans. Une saison à Barcelone, ça ne fait jamais assez sur un CV.

Le talent. Blanc, numéro 5 dans le dos, n’avait aucune chance non plus d’être débordé par Kostadinov un soir de 1993. De toute façon il était surtout réputé pour défendre sans tacler, les deux mètres de retard, ça ne pouvait pas être lui, il jouait à Saint-Etienne quand même. Mais ce n’est pas grave, Blanc était reconnu pour ses qualités de buteur. La défense, ça attendra 1996 et son premier vrai club. Il n’a que 31 ans. Sa carrière commence, la retraite n’est plus très loin, Bernès non plus, les interviews pour se remettre dans le circuit encore moins. Les petites vacheries médiatiques ? Un Président est au-dessus de ça.

La communication. Le dernier élément qui a fait pencher la décision, c’est sa maîtrise de la psychologie, facilitée par son humanité. Quand il indique la direction de la porte à Micoud, il n’y a qu’une seule issue. Quand il prépare mentalement son équipe, elle perd rarement six places de championnat, une Coupe de la Ligue et une Ligue des champions en trois mois. Et si jamais ça devait arriver, tout ne serait pas forcément de la faute des joueurs. Gasset, il peut quand même pas y échapper à chaque fois.

Puis il y eut le chef d’oeuvre du match retour contre Chelsea, une équipe de quadragénaire impotents entraînée par un génie devenu fou furieux. Mais en face c’était Blanc et les grands moments c’est pas son truc.

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