Lyon : La dernière decote du Rhône (1/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Première partie ; le bilan sportif, insuffisant.

 

Sept titres d’affilée, des larges victoires contre des équipes moins fortes, un pillage systématique des meilleurs joueurs des autres clubs français : l’hégémonie lyonnaise était incontestable. Son impopularité aussi, mais qui n’a rien à voir avec la jalousie théorisée en d’autres circonstances par « Sigmund » Fred. Le développement lyonnais est aussi rapide à résumer que le passage de Perrin : Lyon est un club qui calcule tout et qui finit par décevoir, inlassablement. Le grand calcul a débuté dans les années 90, après une remonté en D1 en 1989. Aulas a une stratégie simple et logique : se renforcer économiquement pour dominer la France. Après plusieurs saisons aussi vilaines qu’un passement de jambe de Bruno N’Gotty, entrecoupées d’une qualification européenne liquidée par le grand Trabzonspor, les résultats arrivent (2e en 1995) et le club se stabilise dans la première partie de tableau. Le centre de formation porte aussi ses fruits (Maurice, Giuly, N’Gotty, Laville), malgré Maxence Flachez. Toutes les composantes du club progressent, Lyon devient un modèle de stabilité. A l’approche des années 2000, le club devient incontournable. Depuis 1998, Lyon termine sur le podium de L1 chaque saison. Premier titre en 2002, retour fabuleux sur Monaco en 2004, 15 points d’avance en 2006 : les supporters lyonnais n’ont plus à avoir honte. L’OL est un épouvantail, a le meilleur effectif en France et pour cause (à lire dans la deuxième partie).

 

Problème, à partir du 5e titre, ça coince. Lyon ne sort plus que du D’Artigny abricot pour fêter le titre. La faute au syndrôme Wiltord : pour de nouvelles sensations, il a besoin d’aller voir ailleurs. Et là, Lyon déçoit. En restant toujours à la porte quand il y a la place de passer, en faisant de grandes erreurs de gestion. Ce que la Juve, Manchester, le Bayern, le Barça ne font pas deux fois de suite. Dominer la France du foot, faire le doublé, c’est très bien. Mais quand on a l’équipe pour rentrer dans la légende sans y parvenir, ça ne suffit plus. Aulas le sait bien : avec l’effectif qu’il a eu, Lyon aurait dû atteindre une, voire deux, finales de Ligue des Champions du temps de sa splendeur. Ne jamais avoir dépassé les demi-finales est un scandale, digne du palmarès de Domenech avec toutes les équipes qu’il a entrainées.

 

En 2005, Lyon se fait éliminer par un PSV Eindhoven de Cocu, malgré une équipe bien meilleure. La fin de cycle, c’est 2006, l’année référence de l’OL, avec le milieu de terrain le plus fort d’Europe donc du monde (Diarra, Juninho, Tiago). Se faire éliminer par le Milan AC a été aussi regrettable que la venue de Fred (nous y reviendrons). Le Vestiaire pensait déjà à l’époque que la seule équipe capable de battre le grand Barça de cette saison-là était Lyon. Pour rentrer dans la légende, Lyon doit faire un exploit. C’est-à-dire éliminer un club de plus grand statut que lui, et non pas battre le Real ou faire marquer Govou contre le Bayern. Il ne l’a toujours pas fait, donc il reste au rang qu’occupent La Corogne, Schalke 04 ou la Roma : des clubs régulièrement en C1, toujours placés, jamais gagnants. Et puis il y eut le Real. Mais c’était celui de Pellegrini. Le plus nul de ces 10 dernières années puisque Benzema n’y est pas titulaire. Pourtant le Real va écraser la première mi-temps mais ce Real est aussi celui d’Higuain. Madrid est éliminé ce n’est pas un exploit, Bordeaux aussi derrière et c’est la demi-finale. Battre le Bayern aurait pu être exploit on ne le saura jamais. C’est l’humiliation, la même que face au Real de Mourinho et Benzema, le meilleur depuis Zidane.

Comparé à l’histoire européenne des clubs français, le paradoxe lyonnais jaillit avec plus de force que la femme de Fred n’en a jamais rêvé. Lyon a peut-être été l’équipe française la plus forte de l’Histoire, dominatrice en Ligue 1 comme Marseille ou Saint-Etienne des grandes époques. Pourtant, l’OL n’a jamais fait mieux que demi-finaliste. Une performance à des années lumières de l’OM ou de l’ASSE. Même d’autres clubs se sont aussi davantage transcendés que les Gones. A une époque où chaque coupe était relevée, valorisée, et où tout le monde attendait le jeudi avec autant de passion pour matter la C3, qu’on en a pour la C1 aujourd’hui ou que la défunte C2 hier. Le PSG d’avant, brillant en UEFA (1/2 finale), brillant en Coupe des Coupes (1/2 finale, finale et victoire) et même en Ligue des Champions, n’avait pas autant de talents, même si c’était un PSG sans N’Gog, sans Bernard Mendy et surtout sans Rothen. Monaco, finaliste glorieux de la Coupe des Coupes, 1/2 finaliste de la Ligue des Champions. Auxerre, 1/2 finaliste vraiment héroïque et malheureux de l’UEFA (avec un tir au but de Mahé qui lui valut d’être fusillé), avant un quart de finale de Ligue des Champions toujours contre Dortmund et toujours aussi héroïque et malheureux. Même Bordeaux, avec sa finale UEFA, ou le Nantes 96 emmené par Franck Renou, entrent dans ce gotha. Face au Bayern 2010 personne n’a vibré car personne n’y croyait, Cris avait déjà 50 ans, Benzema s’appelait Lisandro.

Cette période s’arrêta en 96 par trois performances ahurissantes, l’année même où Jacquet découvrit la meilleure sélection de l’histoire. En 97, Auxerre bloqua en quart et le PSG en finale. Densité et constance que l’on ne retrouva plus par la suite avec des exploits le plus souvent isolés avec Monaco – comme Metz, Toulouse ou Bastia en leur temps – ou couplée (Monaco et Marseille en 2004). Ou encore inexistants, avec Lyon. Pourtant, concernant l’OL, la faute n’est pas à mettre sur le niveau de la Ligue 1 qui aurait baissé, nous y reviendrons également. Pour l’OL, l’étoile filante est donc passée en 2006. Le Lyon des saisons suivantes a été moins fort. En 2007, Houiller a eu beau clamer que Toulalan était plus fort que Mahamadou Diarra, seul Barth d’OLTV a pu y croire. Avisé, il a eu un doute quand Aulas a triomphalement estimé Grosso meilleur qu’Abidal. Le déclin était amorcé. Le terrible hiver 54 fut moins contrariant que celui de 2006, quand Juninho et ses amis brésiliens s’en allèrent au Brésil sans penser à mal (contrairement à Wiltord bien des fois). Au retour, des engueulades, plusieurs belles défaites y compris à Troyes, un derby contre un mauvais Saint-Etienne en trompe-l’oeil avant d’affronter la Roma. Et patatra. Lyon affiche un complexe de supériorité aussi déplacé que les prétendus gestes d’un autre âge de son ancien entraîneur envers quelques femmes de ménage méridionales. La défaite est cruelle ,mais Lyon ne s’était menti que trop longtemps. Puis Puel arriva, puis Garde, puis Fournier puis la mort. En passant ils ont acheté Gourcuff. L’erreur de trop.

Cette défaite n’a pas tué Lyon, puisqu’il était déjà mort. Pour n’avoir pas changé complètement de cycle, l’OL 2008 était un zombie que Benzema, Toulalan et Benarfa ont abandonné dans le cimetière de la L1.

Ligue 1, OM : Pas triste Loco

 

Il va tout révolutionner, vous allez voir.

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Un génie se reconnaît facilement : il n’aime pas les conférences de presse, il adopte un comportement autiste, il reste prostré sur son banc pendant 5 minutes à chaque point égaré, ses zygomatiques bougent frénétiquement et ses lèvres ont des spasmes comme les claudos dans le métro, et il n’hésite pas à parler d’un débit lent, en regardant ses pieds, sans faire le moindre effort pour parler la langue du pays. Il concocte aussi des séances d’entraînement d’avant-saison terribles, à des horaires pas possibles, qui font dire qu’à l’OM ça bosse plus que jamais et qu’on n’a jamais vu ça. Et évidemment ça se voit à l’ouverture du championnat. En même temps, il compte sur Franck Passi pour traduire ça aux journalistes, ce qui est un faux problème, et sans doute aux joueurs, ce qui en est un vrai. Patience, Thauvin réussira peut-être quelque chose ce week-end.

Un vrai génie est aussi un ovni sur le plan tactique. Capable d’inventer de nouveaux schémas et de replacer des joueurs à des postes qui ne sont pas le leur. Tout le monde s’enthousiasme, l’adversaire aussi jusque-là, ses joueurs peut-être un peu moins. Mais en tout cas, terminé l’équipe de l’an dernier, moribonde, trop friable défensivement, qui ne court pas. Le public du Vélodrome va être ravi si ça continue.

La révolution, c’est faire ce que personne n’attend : par exemple, faire jouer ensemble Thauvin, Imbula, Payet et Mendy, ce que Baup et Anigo avaient fini par éviter. Et recruter Alessandrini pour avoir encore un joueur qui n’a pas envie de défendre. Como se dice « équipe équilibrée » ? Ca va venir, ce n’est qu’une question de temps, le temps justement de dégager André Ayew et Mandanda. Et que Romao et Lemina soient rétablis, toutes les équipes du monde sont dépendantes de leurs meilleurs joueurs, non ?

Pour un peu, on penserait qu’El Loco n’est pas calculateur, qu’il est vraiment comme ça, un peu barré, et qu’il ignore même pourquoi on a fait appel à lui mais ça avait l’air d’un défi sympa. On pourrait le penser mais il touchait 2,5 millions et demi par an à Bilbao.

Bilan Euro athlé : Billaud dégradée

On ne fait que passer, alors rien sur la nouvelle escroquerie barcelonnaise. Elle coûte moins cher qu’Ibra pour le moment mais ça va changer. Alors ça valait le coup de se taper la tronche à Diniz au premier plan au dessus des sourcils de Julian Bugier ?

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En passant accidentellement par la boîte mail du Vestiaire notre rédacteur en chef est tombé sur une série de messages nous demandant où est passée notre arrogance à l’heure où Martinot-Lagarde s’est encore planté dans les grandes et les petites largeurs, où Montel a encore mis sa coiffure et son hétérosexualité en jeu pour sauver la probité du mec le plus intelligent depuis Tamgho, le champion du monde pas le mec qui tabasse ses camarades filles pour en faire un mauvais rap. Du coup il va peut-être un peu fermer sa gueule maintenant. Qui ?

Vous nous demandez aussi pourquoi ne pas avoir défoncé Lemaitre, ou à la rigueur coupé le bout de sa langue en trop puisque son duvet part en lambeau comme sa carrière et son accélération magnifique. A croire qu’il utilise son coup de rein à autre chose. Patrick ? En réalité, cela reviendrait surtout à célébrer les athlètes qui ne se dopent pas, et cela ne peut pas être notre politique. Vive Mahiédine Mekhissi donc ! Vive Cindy Billaud qui est parvenue à frôler Monique Ewanje Epée partout sauf dans une minable finale européenne. On est aussi tombé sur le lien vers un vieil article où notre spécialiste athlé de l’époque expliquait que Myriam Soumaré était une vraie championne.

Pour les mêmes raison que Christine Arron elle n’aura pas l’occasion de le montrer ailleurs que contre Dafne Shippers dont les 22″03 sur 200m pourrait bien lui offrir prochainement le même appareil dentaire que les Jamaïcaines. C’est pas si dégueulasse, avant ce sont les Américaines qui le portaient. On plaisante, c’est une heptathlonienne et elle n’a gagné que 80 centièmes entre ses 21 et ses 22 ans. Un mot sur Bosse peut-être ? Finaliste. Au final d’ailleurs, les seuls qui devaient gagner, pour ceux qui n’y connaissent rien bien-sûr, les deux invités du dernier Stade2 d’avant championnat donc, ont fini quatrième et huitième. Bascou passerait presque pour un génie, mais il y avait Lavillénie, le crâneur pas son petit frère nul.

Pendant ce temps là vous auriez pu nous demander comment on avait deviné il y a 6 ans que le genou, dos, poignet de Nadal ne deviendrait jamais le plus grand malgré son potentiel qui l’y envoyait tout droit.

 

 

Retraite Ribéry : Le grand joueur le plus raté

On s’est longtemps demandé comment écrire sur Ribery. Il suffisait de répondre à la question : que restera-t-il de lui dans 10 ans? Pas grand chose. Dans 10 minutes non plus d’ailleurs. Voici les cinq carrières internationales les plus pourries de ces 25 dernières années. Benzema a encore du temps pour y faire son entrée.

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5. Yoann Gourcuff

Au lendemain d’une dizaine de buts bordelais et de France Roumanie, un grand quotidien de sport a décrété qu’il fallait désormais l’appeler Zidane. Depuis, à force de devoir se défendre d’aimer les garçons, il en a oublié d’aimer le ballon. C’est vrai qu’une fois dans les fesses ça procure pas la même joie.  Finalement il est devenu un charmant panneau publicitaire rhodanien avec des bandages partout. Sauf autour des fesses, vous l’aurez compris.

4. Mickaël Landreau

On a rien à raconter sur lui en équipe de France à part les histoires d’hélico. C’est donc en club que se situe le malentendu. On se souviendra de son record de matchs, de sa précocité et surtout de son très faible nombre de sélections. Mais en même temps il avait pas le niveau. Il a juste brillé un jour en poule de c1 contre Manchester, mais il a pris un peno de Van Nistelrooy à la 90e à cause de Yepes. Les deux étaient en quart de finale au Brésil, enfin presque les deux. L’ironie du sort.

3.  Nicolas Anelka
Parfois c’est grâce à lui, parfois pas. Mais il a réussi l’exploit de ne jamais rien foutre de correct depuis 14 ans à l’exception de deux buts contre l’Angleterre. Tout n’est donc pas de la faute de Wenger. En tout cas pas son Euro 2000 plutôt réussi.

2. Jean-Pierre Papin

Quand on est aussi fort dans un vrai contexte de concurrence on aimerait tomber sur autre chose que Jean-Philippe Durand, Joël Bats, et l’ossature de France 98 quand elle contenait encore Alain Roche.

1. Franck Ribery

Il est né contre l’Espagne en 2006 on lui pardonnait d’être un peu crétin et originaire de Boulogne sur Mer. Depuis, il y a eu une pute, des matchs de merde, il a essayé de casser du pd, il a prouvé à tout le monde que l’alphabet pouvait contenir moins de 10 lettres. Il a une excuse, l’allemand était devenu sa langue maternelle. Le problème c’est que personne n’aime cette langue surtout quand c’est celle de l’Europe. C’est pour ça qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il dit quand il prononce ce genre de phrases : « J’irai jusqu’à l’Euro 2016. Je croise les doigts pour aller jusque là. Je rêve de gagner un titre avec les Bleus. Je veux aussi dépasser les 100 sélections, entrer dans ce cercle très fermé. Là non plus, l’histoire n’est pas finie. » Il reste au moins l’espoir d’une finale de Coupe du monde avec le Bayern.

 

 

 

Zurich : Jimmy organique

« J’étais très fort, je sais que je pouvais gagner (…) Je préfère prendre du repos, terminer mes soins et partir en vacances. La saison est terminée. » Ça ressemble à un joli début de carrière, tout ça.

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2011, Daegu. Jimmy n’a pas 20 ans, il se retrouve en finale des Mondiaux. C’est pas mal, c’est même très bien car personne ne l’attend. 6e c’est prometteur, et même si personne ne remarque qu’il fait son moins bon temps de la semaine (10’27) et qu’avec celui des demies il aurait été sur le podium, le temps où Jimmy n’était pas attendu est révolu.

2012 est encore une année sympa, car tout le monde attend encore Lemaitre plus que lui. Ca ne durera pas, mais pour l’instant le champion de France a toujours un cheveu sur la langue. Et c’est tant mieux qu’on n’attende rien de Jimmy : il est un 2e honorable aux Europe et le 6e temps de sa demie aux JO en 10’16 passe plutôt pour une perf logique que merdique. 10’05 deux mois avant, 10’02 deux semaines après, ça veut pourtant dire merdique.

2013 va changer les choses, sauf évidemment pour son palmarès. Mais les Mondiaux c’est dur. 10’01 en demie, ça ne passe pas derrière Lemaitre (10’00), qui ne cache pas qu’il est content. Vicaut court plus vite, sa progression est plus logique que catastrophique. 9’95 un mois avant, 9’98 deux semaines après, ça veut pas dire catastrophique ?

Arrive donc 2014 et le seul véritable titre qui manque à son palmarès : la blessure en séries, après les blessures tous les deux mois. 9’95 et un 9’89 non homologué en mai à Eugene, au pays des Américains, les esprits étaient pourtant marqués. Tout le monde craint quand Jimmy accélère, même ses cuisses.

Allez, on compte : une médaille d’argent européenne en individuel, mais oui. C’est à ce prix qu’on devient le meilleur Français sur 60m.

Pendant ce temps-là, attention à Martinot-Lagarde : « Nous, Français, on est assez forts. Donc, en séries, il ne faut pas faire autre chose que se qualifier. »