Tour de France : Le contrôle orienté

Pour fêter les 20 ans de la fin de l’EPO en vente libre et de la première victoire d’Armstrong, retour sur nos plus belles années. Bernard Hinault ne va pas être content qu’on associe encore le cyclisme et la triche. Alors que maintenant tout le monde est propre.

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S’il a fallu attendre 2006 pour officialiser le dopage d’Armstrong en 1999,  le vrai tournant eut lieu à Courchevel, le 20 juillet 97.  Ce fut le dernier jour de légèreté, celui où l’on croyait encore que tout ce que l’on voyait depuis le début de la décennie était authentique.  Ce jour-là, le Tour a définitivement basculé dans le stand up. Aussi ridicule que le Jamel Comedy Club sans Fabrice Eboué mais beaucoup plus drôle.  On avait bien déjà vu un Letton remporter quasiment trois étapes de montagne consécutives dont un contre-la-montre, en mettant Indurain à plus de 3 minutes, on avait également vu un Danois ridiculiser ses adversaires sur grand plateau dans une des montées les plus difficiles du pays devant un Patrick Chêne gueulard et stupéfait et un Bernard Thévenet admiratif voire jaloux. Mais jamais une équipe entière, Pascal Hervé compris, n’avait osé se montrer sans honte aussi forte sur l’étape reine d’un Tour. La Gewiss de 95 avait ouvert la voie du n’importe quoi, la Festina 97 l’a professionnalisé.

Entre Bourg-d’Oisans et Courchevel, l’équipe de Richard Virenque avait donc décidé selon ses termes de « tout faire péter« . Parlait-il de son taux d’hematocrite ? Avant de mourir Marco Pantani n’en a jamais parlé. Avant de mourir, le soigneur Willy Voet, futur héraut de la lutte antidopage, relatera cet épisode onirique dans son livre « Massacre à la chaîne ». Les sept coureurs de Bruno Roussel, « préparés » comme jamais pour tenter de faire craquer le confortable maillot jaune de Jan Ullrich avec autre chose que 8kg de strudle confectionnés par sa maman, vont innover. Ils ne vont pas attaquer chacun leur tour, mais ensemble.

Ainsi dès la première difficulté du jour, le col du Glandon, les glandus de Festina, sur leurs bolides, se détachent irrésistiblement et s’échappent. Ils sont tous là, seuls aux commandes de l’étape. La démonstration de force durera 2 heures, avant que les patisseries allemandes ou les hormones du bloc de l’Est ne fassent une nouvelles fois preuves de leur efficacité. Ullrich, piégé, attendra Riis pour l’aider à revenir, suivis deux morts les plus connus du peloton Pantani et Jimenez. Tous ces noms, ça vous classe une époque ou pas. Virenque gagnera l’étape devant Ullrich en payant 100 000 balles. L’EPO ne peut quand même pas accomplir tous les miracles.

Le Tour allait survivre, mais rien ne serait plus jamais comme avant et surtout pas la santé des coureurs. On ne saura sans doute jamais qui a décidé que ces exploits surnaturels étaient allés trop loin et qu’il fallait révéler au grand jour ces pratiques, connues des seuls milieux cyclistes et médiatiques. Toujours est-il que par une belle journée de 1998, Willy le soigneur fut mystérieusement arrêté avec dans sa voiture de quoi soigner pendant des siècles la belle-mère de Rumsas. On connaît la suite. De fil en aiguille, l’usage généralisé de l’EPO fut découvert, perquisitions, procédures, aveux, suspensions… Tout cela était tellement hors de contrôle, que l’histoire déboucha même sur la victoire de Marco Pantani dans le Tour de France, puis par une nuit un peu trop longue dans un hôtel de Rimini quelques années plus tard.

L’affaire Festina et ses conséquences eurent pour conclusion une baisse sensible de la consommation d’EPO et le début de l’ère du renouveau, à partir des années 2000, avec une grande partie des acteurs (loin d’être has been) des années 90, l’ère du dopage sanguin. L’ère Lance Armstrong qui se permis quand même un petit Tour 99 à l’ancienne.

Retrouvez les deux premiers épisode ici et là.

 

 

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