Patrick Montel viré : « Les excuses c’est pas Monfort »

Avec la discrétion et l’humilité qui le caractérisent, Patrick Montel a donc tiré sa révérence. Une interview dans le Parisien, un sujet tout pourri dans Stade 2 et une dizaine de relances sur Facebook, sans oublier de citer Bashung.  Qui a dit bon débarras ? Au moment de lui dire au revoir, il est temps de se demander qui était vraiment Patrick Montel en dehors d’un type que tout le monde adorait mais que personne ne supportait.  C’est tout le paradoxe. Génial touche-à-tout et penseur des lumières mais aussi génial abruti sans aucun recul. Génial commentateur de sport, un brin naïf  mais très philanthrope. Voir trop.  Il était tout ça à la fois. Pour comprendre Patrick, il a fallu à notre spécialiste média, plusieurs années d’enquête, d’analyse de ses directs, de relecture attentive de chacun de ses mystérieux posts facebook, jusqu’à son fameux « mon collègue est un délinquant ordinaire » assorti d’un billet d’humeur sur sa vie privée où il avait confié la débordante passion de Nelson Monfort pour ses vieilles cassettes de reportage.

Faure de café

Patrick aurait du s’en douter. Le premier des deux à partir ne serait pas forcément le plus cynique, ni le plus méchant. Pour le plus chiant, le débat reste ouvert à la discussion. Car personne n’a jamais apprécié Monfort. Alors que Patrick, tout le monde l’adore ou en tout cas l’a adoré à un moment où à un autre. Et pas seulement Marie-Jo. En 1991, Carl Lewis était très très en retard sur Leroy Burrell avant de claquer le record du monde. Pat s’est promis qu’on ne l’y reprendrait plus. Il a menti. Il s’est souvent planté, racontant parfois n’importe quoi mais toujours avec ce concentré d’émotion qui dégoulinait parfois de sincérité mais plus souvent de suffisance et d’égocentrisme. Quant au racisme et au sexisme, tout est une question de contexte aurait dit Tintin au Congo. Finalement ses patrons, les mêmes qui avaient fini par ne plus supporter 40 ans de  harcèlement sexuel dans les couloirs du service des porcs, ont décidé que défendre la violence des uns ne pouvait être compatible avec le soutien au dopage des autres, entre autres choses.

Même Christine Arron s’en était rendu compte. Rappelons au passage que Compaore et Arron ont passé un peu de bon temps ensemble et que Compaore lui-même pourrait avoir la main leste et la boucle sera bouclée.

Nelson mon Faure

Les concentrés d’émotion mal écrits et sans intérêts ne suffisent donc pas toujours, même quand on est le meilleur commentateur. Désormais il peut bien passer son temps à poster des vieilles videos de lui-même avec Bernard Faure en sirotant un Delerm. Ça,  Monfort ne lui enlèvera pas.   Lors de ses adieux au micro hier, alors que Lartot parvenait presque parfaitement à masquer que ça le faisait chier de devoir passer la brosse à Patrick, Montel a pourtant épargné Nelson. Nelson qui considérait le plus brillant et vibrant commentateur de l’histoire du sport comme son assistant.  Car Montel était en effet un rédacteur en chef adjoint qui ne décidait jamais de rien comme le veut la tradition du service public. Monfort a fini par penser qu’il avait le droit de foutre les affaires de Pat à la poubelle. Nelson avait fini par s’expliquer à sa façon après avoir été présenté sur Europe 1 comme une personne connue, mise en cause par un journaliste de France télé :

« Faudrait vraiment être le dernier des méchants pour faire ça. » « Le bureau était un peu dégueulasse », « j’avais jamais ouvert cette armoire, il fallait la dégager » « avec la numérisation on retrouve tout » « Laurent, vous me connaissez, j’ai des défauts et des qualités, mais je ne suis pas cruel. » Le Laurent en question se faisait sans doute trop dessus pour avoir l’idée de contredire Nelson. Montel a retiré son billet, peut-être que Nelson passera l’éponge sur son front avant de lui mettre une balle. Patrick est sauf, il garde ses cordes vocales.

Et pour finir voici un florilège du talent social de Patrick, l’homme qui voulait éditorialiser le monde entier :  « La guèpe pique encore ! Respect. » Suivi d’un magnifique @JO #Flessel.

Con centré d’émotion

Parfois il se livrait à un très bien senti: « Usain Ronaldo« , après une victoire du Real sur le Barça. Alain Rey et ses amis linguistes se demandent encore ce qu’il veut dire par là, Olivier Rey a laissé tombé.  Heureusement Pat savait être pertinent : « Alexis. Le coaching gagnant? « , quelques secondes avant le but de Cristiano. A croire que son Iphone a su remplacer la cuisse de Bernard Faure. Sans oublier son « Pays-Bas-Hongrie, choc au sommet ». Ce qui n’était évidemment pas la phrase la plus rebattue sur Internet depuis 3 jours et l’exclue révélée par Morandini entre « Mouss Diouf à l’agonie dans le lit de Cecile de Menibus qui fond en larmes » et « Amélie opérée d’urgence à cause de ses prothèses« . Tout est vrai, évidemment.  Et que dire de « L’OL version to loose sur sa lancée de la coupe de la ligue ? » L’anglais devait être une LV4, ça pourrait même permettre de pas laisser Monfort causer avec Bolt.  Et toujours ce trait d’humour si malicieux : »Evian devant l’OM au classement ! Une incongruité ? C’est comme si on mettait l’eau dans un verre avant d’y verser l’anisette ! ». On aurait parfois bien besoin d’apprendre le Montel en LV4.

Car Patrick est commentateur au plus profond de lui-même, alors il commente tout, quitte à devenir parfaitement ésotérique avec cette étrange histoire de chien et d’happy hours. Il n’a pas particulièrement pété les plombs, il dit juste ce qui lui passe par la tête sans retenue, sans réflexion particulière, sans en mesurer les conséquences comme quand il parle de tous les frères de Bob Marley : les athlètes jamaïcains. Et ça finit par lui revenir dans la gueule. Car parfois il faut laisser Nelson Monfort te pourrir la vie, même s’il n’a jamais fait de reportage, même s’il pistonne sa bonasse de fille sur toutes les chaînes de la tnt, même s’il est moins avenant et raffiné qu’il en a l’air. Sinon le Nelson en question en profitera pour t’écraser la gueule en bon gentleman, en plus de te demander de lui apporter un café tous les jours, quand ce n’est pas toutes les heures pour ses autres collègues.

Pendant ce temps-là Nelson Monfort est toujours là. 

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