Rugby, La Rochelle : Ouest side story

Contre toute attente le Vestiaire ne chroniquera pas l’excellent podcast de Yannick Agnel consacré au Esport. C’est quoi cette connerie ?

Pierre Salviac a-t-il déjà foutu les pieds au stade Marcel-Deflandre ? Mais au fait qui connait encore Pierre Salviac ?

Oser s’aventurer à la fête de quartier de Port-Neuf à une encablure du stade, c’est risquer de croiser des individus un peu particuliers. Parmi les soulards et autres familles au RSA draguées par des politiques toujours en campagne, il est possible de rencontrer Jean-Pierre Ellissalde et ses claquettes, déguisé en aimable vendeur de bière, sa propre bière. S’il fallait une seule scène pour résumer la Rochelle et son club de rugby ce serait bien celle-là. Des boomers, du pognon et un ballon ovale au beau milieu d’un quartier prolo qui fait des barbecue les jours de match adossé au camping-car.

Grandeur et misère d’une bourgade de quelques milliers d’habitants devenue, avec ses première et deuxièmes couronnes, l’un des bassins immobiliers les plus chers de France et l’une des meilleures équipes de rugby d’Europe. C’est là le miracle rochelais qui dure depuis que Richelieu a mis au pas les protestants. C’est aussi l’héritage Michel Crépeau qui a laissé son nom à la médiathèque qui jouxte presque le luxueux aquarium. On est plutôt âgé, pas très sympa, fort peu ouvert, on loue sa résidence secondaire une semaine au prix d’un mois à des visiteurs friqués et on est pas prêt à se mêler à la fange.

La bave de Crépeau

La fange : une poignée de privilégiés, émargeant à 900 euros par mois, qui ont droit à la vue mer, à la vie en HLM, à l’école Descartes et à pouvoir cuisiner leur cordon bleu-ketchup au quatrième étage en matant leurs idoles à l’entraînement, après les avoir déjà croisés en allant faire pisser le chien. Les autres sont ceux qui ont réussi à trouver un logement abordable en troisième couronne, comme à Saint-Médard du cul, à moins de deux heures du centre-ville, la tronche peinte en jaune et noire, renonçant à leur Codevi devenu LDD, pour voir Gregory Alldritt poser du haut de ses six ans sur un tracteur à pédales avec un beret. Manger des nuggets Sodebo à la buvette, ça se mérite.

Un synchrétisme qui se retrouve à tous les étages. Uini Atonio bouffe des travers de porc grillés aux Délices du Portugal à Lagord, la merveilleuse poissonnerie Moreau cuisine parfois des frites surgelées en acceptant de ne pas les vendre 15 euros le cornet, et les punks à chien du U Express, source intarissable de 8-6, sont mitoyens du Stade, qui lui n’est pas si loin de l’étoilé Coutanceau, une fois le Mail franchi.

Wild wild ouest

Il est probable qu’Ihaia West n’ait jamais entendu parler de Jules Plisson, d’Arthur Retière ou du Mireuil. Mais il est tout autant certain que dans aucune autre ville, un prof d’IUT spécialiste des constructions de bois soit ami avec un joueur de rugby professionnel néerlandais s’appelant Zeno Kieft. Et oui, un Batave dans le Top 14, atablé au Memphis café de Puilboreau, ça ne peut se produire qu’à La Rochelle, la patrie maritime qui a fait renaitre Brice Dulin. Si Vito et Skelton n’étaient pas là on pourrait même croire que Merling l’enchanteur n’est qu’un modeste artisan qui paye ses joueurs en bigorneaux. Après tout, il n’est propriétaire que de 13 sociétés.

Pendant ce temps-là, personne n’arrive à prononcer le nom de la place Petrozavodsk. C’est à la fois le parking principal du stade et la place du marché. Ici, c’est La Rochelle.


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