Les intouchables : Gouverner, c’est Federer

C’était il y a plus de dix ans*. Roger venait de prendre sa retraite et Le Vestiaire avait fait son choix avant même que Nadal et surtout Djokovic n’écrasent ses restes.

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Pour sa 18e finale en 22 Grand Chelem,  le plus grand joueur de tennis de l’Histoire avait déjà gagné le droit de rejoindre Michael Jordan dans le panthéon des intouchables du Vestiaire.

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Tennis, Wimbledon : Boris précaire

Becker en taule, intéressons-nous à son second dans la légende. Un type que tout le monde, mais alors tout le monde a oublié. Ou que personne ne connait. Au choix

 

Pourtant il a réussi ce que seulement dix joueurs ont réussi en 30 ans. 

Il n’aimait pas l’Australie. Les kangourous, le surf, l’opéra de Sydney c’était pas son truc. L’open de Melbourne encore moins. En deux participations, il n’aura jamais connu le montant de la prime offerte aux huitièmes de finaliste. Stich, c’était l’Allemand de service tout en étant efficace au service. Toujours un truc en plus qu’Alan Rickman ou Jeremy Irons, les frères Gruber ennemis de John Mc Lane.  Références qu’évidemment les nouvelles générations adoratrices de Stranger Things ne saisiront pas. Qui a dit crétins ? Revenons à Stich. Brun, l’air un peu simplet, moins bon que Becker mais meilleur que Goellner.

Stich large, sans alcool

C’était un peu le Cedric Pioline du riche. Sorte de Zverev en bon. Comme notre français à l’air constipé, il a fait finale à Wimbledon et US Open, presque comme son compatriote aussi. A la différence des deux, il a gagné Wimbledon et il a franchi le dernier carré à Roland Garros sans se tordre la cheville, avant de se faire mitrailler par Yevgueni Kalachnikov en 96. Pioline fut d’ailleurs le dernier joueur à l’avoir battu en demi finale à Wimbledon en 97. Becker se tapait-il sa femme parmi son million de conquêtes ? En tout cas leur relation fut très tumultueuse, comme le sont souvent les rapports entre deux grands joueurs d’un même pays. Agassi et Courier, Agassi et Sampras, Edberg et Enqvist, Paire et Gaston, Rinderknecht et Mannarino, Loth et Chamoulaud ou Beaudou et Lartot. Le haut fut leur victoire en double aux JO de 92. Le bas fut leur défaite en Coupe Davis en demi finale en 95.

Pendant ce temps-là  Djoko se demande si ça vaudrait quand même pas le coup de capter la 5G.

Roland-Garros, Tsonga : Jo le papy

Quand on demande à Forget pourquoi aucun Français n’a remporté de Grand Chelem depuis Noah, il répond que c’est de la faute à Federer, Nadal et Djoko. Guy ne dit pas toujours n’importe quoi, mais souvent quand même, le résultat étant toujours un bon paquet de pognon à planquer. Et là ?

Ci dessus l’autre type qui aurait pu gagner un Grand Chelem. Mais pendant trois mois seulement.

La carrière de Jo est à l’image de son discours de retraite et de son dernier match. Inaboutie et truffée de fautes.  Et ce n’est pas la faute des autres. La preuve.

A deux jours de la finale de l’Open d’Australie 2008, Christian Bîmes, que tout le monde a oublié sauf la justice, avait prophétisé qu’un Français pouvait gagner un Grand Chelem. Ne croyez pas qu’il avait dans dans le gosier un coup de trop, financé par la généreuse fédération française de tennis. Il venait d’assister comme tout le monde à la démonstration de Jo le maxi contre Nadal. Avec le recul son plus bel exploit fut surtout de donner de l’espoir à tout un pays orphelin de Grosjean, Pioline et Chamoulaud. Pas de Forget, faut pas trop déconner quand même, il a gagné que Bercy. 

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Tennis, US Open : Bêler Sebastien

Grosjean n’a pas toujours été ce Jean Alesi d’hypermarché. Un jour il a été le nouveau Noah, puis le nouveau Leconte et finalement il n’a même pas été le nouveau Pioline. C’est toujours mieux que nouveau Gasquet, Monfils ou Simon.

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La faillite de la bande à Jo est l’occasion de faire un retour sur les vingt-cinq dernières années du tennis tricolore. Comme ça on n’aura pas à humilier Forget. Une période fort peu brillante où se sont succédées, les bouclettes de Pioline, la casquette de Grosjean et le niveau un peu pourri des autres. Pourtant tout le monde avait imaginé que Tsonga et ses copains allaient renverser la hiérarchie.  Bilan : Noah reste Noah. Et Lucas Pouille, Lucas Pouille. Mais lui au moins n’a pas encore disputé sa dernière saison. Voici les cinq meilleurs tennismen des ces 25 dernières années, qui n’ont pourtant rien gagné

5. Gasquet

Plus on avance dans les temps, plus Richie le prodige a des chances de faire partie des cinq meilleurs puisque même Pioline finira par disparaître du classement, sauf si on en allonge la durée. Cette fois, c’est Leconte qui saute à l’ancienneté. Dommage, car une finale à Roland ça vaut plus que des demies à Wimbledon et un quart à Roland. Ca fait, en tout cas, toujours pas lourd pour Mozart.

4. Monfils

En junior il avait tout gagné ou presque. Ensuite rien, ou presque. A Roland c’est le plus régulier des gars à qui on avait promis de dominer le tennis mondial et intergalactique. Le reste de sa carrière ne vaut pas grand chose hormis trois quarts et une demie à l’US Open. Il a aussi rajouté un quart à Melbourne.

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Tennis, Fed Cup : Super Marion rosse

Pas grand monde ne parlera de la Fed Cup et c’est bien normal, ce n’est pas très intéressant. Alors on va couper la poire en deux et c’est tombé sur l’autre meilleure joueuse française de tous les temps. Celle qui a aussi gagné Wimbledon avant de tout foutre en l’air.  Merci papa. 

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Faut-il vraiment être blonde, avoir un regard d’hotesse de bar, de longues jambes et un nom qui se termine en ova pour être considérée comme une grande championne ou même être respectée tout court. Personne n’a jamais été aussi dégueulasse avec Williams. Comme quoi quand on est une femme et qu’on ressemble à un homme, pour être considérée, il vaut mieux être issu d’une minorité visible. Sauf en athlétisme.

 

Marc-Olivier Fogiel avait beau la trouver grosse, personne ne contestera avoir été ému par son exploit de juillet 2013.  Personne n’aura été surpris non plus, à part peut-être tous les parieurs puisque Lisicki était à l’époque donnée favorite sur chaque site. En effet, après avoir battu péniblement Williams et Radwanska, il ne faisait aucun doute qu’elle torcherait Bartoli qui avait mis deux sets à tout le monde. Le Vestiaire avait donc choisi de ne miser que 50 euros pour le 2,40 de Marion. Ca s’est joué à rien, elle a quand même perdu le premier jeu du match. Deux sets et une douzaine de jeux plus tard, elle était prête à servir le fromage à Mauresmo sur ce beau plateau argenté et sans doute à le manger.

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Wimbledon (2/2) : Andy capé

On  ne voit toujours pas l’intérêt de ce classement. Mais Ivanisevic a jamais été dans aucun autre, alors voici les meilleurs.

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9. Lleyton Hewitt

C’est quoi leur truc aux Autraliens ? Ils peuvent faire trois quarts et une demie en 25 participations, il suffit qu’ils gagnent l’édition 2002, celle avec Shalken, Sa, Malisse, Nalbandian et Lapentti en quarts de finale, pour être des favoris chaque année ?

8. Krajicek alias Stich

C’était grand, ça servait fort, ça a eu des parents qui parlaient un allemand parfait mais ça a jamais été numéro 1 mondial. Bref c’était pas génial mais ça arrivait tout le temps en quart et souvent plus loin. A force, ils ont fini par en gagner un mais personne ne se souvient quand ni contre qui, ni vraiment pourquoi. Il y a des années comme ça.

6. Stefan Edberg

Ce n’est pas uniquement sa victoire en 90, c’est aussi deux demies et un quart à suivre. Après 1993, il est venu faire le nombre et applaudir Bjorkman, c’était pas utile.

5. André Agassi

Comme Santoro, il a connu deux carrières, deux différentes et aussi intéressantes l’une que l’autre. Sauf que la sienne est intéressante. Il a commencé très fort en battant Ivanisevic en finale, mais après il a toujours trouvé quelqu’un de plus fort. Souvent c’était Sampras, parfois Rafter, et malheureusement Todd Martin, Flach et Srichaphan c’est arrivé aussi. Mais il s’est toujours relevé et a fini contre Nadal.

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Wimbledon (1/2) : Escudé du peu

Le plus grand tournoi du monde n’a jamais eu lieu en mai mais plus souvent en juillet. Les trois meilleurs joueurs de tous les temps y ont tous les records. Un indice : ils ne sont ni Espagnols, ni Serbes. Pour le moment.

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Pioline méritait sans doute d’y être mais une seule finale c’est un peu se moquer du monde. Alors il ne sera que premier du classement des Français un autre jour. Voici le classement masculin des meilleurs joueurs de Wimbledon depuis 1990 et on voit pas vraiment l’intérêt de ce classement. Raison de plus pour le découvrir en deux temps. Aujourd’hui, les moins bons des meilleurs.

14. Patrick Rafter

On le présente comme le dernier grand serveur-volleyeur, mais pas comme le dernier des serveurs-volleyeurs. C’est bien dommage : une demie, deux finales, aucun titre, c’est à croire qu’il était uniquement beau gosse. C’est vrai qu’il l’était, et il est uniquement là pour ça sinon on aurait choisi Todd Martin, sa tête de pasteur de Sept à la maison, ses demies et ses quarts. Mais qui avait envie de la voir sur le court, à part ses adversaires ?

13. Tim Henman

Non seulement il n’a joué que pour Wimbledon, mais il n’a joué que Wimbledon. A part une demie par erreur à l’US Open et à Roland, Henman a passé sa carrière à marquer ses points à Wimbledon. Ca donne quatre demies, mais c’était trop dur que ce soit Sampras, Ivanisevic ou Hewitt en face. Il n’a jamais fait de finale mais il était vraiment pas bon.

12. MaliVai Washington

En 96, alors qu’il reste sur six premiers ou deuxièmes tours consécutifs, il va en finale. Sortir Enqvist, prendre Radulescu en quarts et Todd Martin en demie n’auront pas été les moindres de ses mérites. Krajicek ne lui a heureusement mis que trois sets en finale, l’honneur est sauf et on ne l’a plus revu ensuite.

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Madrid : Gamelle Monfils 3

Et si Federer, Djokovic, Nadal, Murray voire Ferrer, Thiem, Dimitrov, Del Potro, Roddick ou Nishikori n’avaient jamais existé.

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« Ce n’était pas loin. Je n’ai pas réussi à convertir mes deux balles de match. J’ai fait un mauvais début avec beaucoup de fautes directe. »  Les historiens, s’il en reste après la fonte des derniers glaciers, gloseront sans doute longtemps sur ces quelques mots. De quelle époque faut-il les dater ? Quand Monfils se faisait défoncer par Federer à la fin des années 2000, au milieu des années 2010 ou à la veille des années 2020 ?   Difficile à dire. En 2014, Gaël attendait le cinquième set pour se faire virer 6-0 en quart de finale de Roland, et pas forcément par Roger. En 2019, le toujours ancien champion du monde de tennis, pardon de paddle tennis, prend les devants et se fait massacrer dès la première manche mais à Madrid, privilège des monarchies. Les suivantes ne servant qu’à permettre à son adversaire de boucler le match quel que soit le chemin. En 2014, on avait droit à  « je ne sais pas encore ce qui s’est passé, je ne me sentais pas mal dans le cinquième set, j’ai eu un moment sans, c’est passé super vite ». Tellement différent de la version cinq ans plus tard. Entre temps, il a fait demi à l’US Open acceptant au passage de se faire torcher par Djoko. Infidélité pardonnée.

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Coupe Davis : Virer sa Kulti

A l’occasion de la disparition prochaine de la Coupe Davis par une Coupe du monde de tennis en deux simples un double et deux sets gagnants avec 20 millions à la clé, revivez l’un des plus grands moments de l’histoire de la compétition. Ce jour où Arnaud Boetsch a gagné un match.


Arnaud Boetsch a 27 ans lorsque, ce 1er décembre 1996, il entre sur le court de Malmo. Il n’avait rien demandé.

17 heures. Jusqu’ici, son nom évoque vaguement le camarade de régiment de Chesterfield dans les Tuniques bleues, ou le finaliste de Lyon, double vainqueur à Toulouse, mais pas davantage. Personne n’imagine qu’il pourrait aussi être le partenaire de Robert Redford dans le rôle de Boetsch Cassidy : Paul Newman n’était pas puceau. Agassi non plus lorqu’il accepta d’echanger quelques balles avec Nono au troisième tour de Roland-Garros en 1990. Des balles peut-être trop grosses, une raquette peut-être trop lourde, peut-être pas la même catégorie d’âge : 20 ans tous les deux.

Starsky et Boetsch

Mais en ce jour de 1996, la chance semble avoir tourné, à défaut du talent. Après la volée classique prise face à Enqvist, Arnaud devait offrir sa dernière heure de jeu à Edberg et un saladier bien assaisonné en prime. Même quasi grabataire, Stefan le volleyeur n’aurait pas renié un dernier titre, il l’avait bien fait comprendre à Pioline le vendredi précédent, mais Cedric avait vu son psy juste avant le match. Avec l’âge, on devient pudique, et humilier Nono ne lui dit rien de bon. Edberg a toujours agi ainsi avec les nuls. En 1989, il avait donné Roland-Garros à Chang, cette fois c’est la Coupe Davis qu’il offre. Jamais avare.

Fabrice cent euros

Se présente donc Kulti. Niklas, on le connait à peu près autant que son adversaire imberbe. C’est l’homme qui permit à Leconte en 1992 de faire croire qu’il n’était pas fini, avant qu’Henri ne découvre l’effet Korda. Le drogué, pas le photographe. Le Che devint une icone, pas Riton. La France va donc remporter cette Coupe Davis, c’est certain.  Mais c’est encore surestimer Arnaud Boetsch que de l’affirmer. A l’époque, il est considéré comme le second de Pioline. Loin derrière, certes, mais loin devant les autres. Et la concurrence est forte : de Raoux à Delaître, de Fleurian à Golmard.

Il y a surtout un jeune qui n’est déjà pas très bon et que chacun aimerait déjà voir à la retraite : Fabrice Santoro. Son rêve, s’en mettre plein les poches avec son éternel niveau de junior surclassé. Il le fera. Boetsch gagne le premier tie-break puis perd les deux sets suivants, même les trois. Mais le tennis aime respecter la hiérarchie et Kulti aussi. Le Suédois, dans un grand jour, loupe toutes ses balles de match. Davydenko n’y est pour rien.

Cinquième set, 7-8, 0-40, service Boetsch. Les transistors s’éteignent. Quand ils se rallument vingt minutes plus tard, Boetsch est consultant sur France télévisions.

Coupe Davis : Une lutte sans Bercy

Le choix va être cornélien.

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Jean Gachassin, qui ne dit pas toujours des conneries quand il parle de rugby, le dit à chaque début de saison : la Coupe Davis, c’est aujourd’hui ou jamais. Ensuite il parle des Mousquetaires, d’étranges personnages qui s’appellent Ritchie, Jo ou Gilou. Un Mousquetaire peu importe comment ça s’appelle vraiment, au fond ça a des bottes qui peuvent être léchées, c’est bien là l’essentiel.

Et il a bien raison le rugbyman : c’est l’année au jamais. Les Français n’ont jamais été aussi forts, ils réalisent tous leur saison la plus accomplie depuis longtemps. Gasquet en est le meilleur exemple. Dans la foulée de sa demie à l’US Open 2013, il a consciencieusement et patiemment travaillé pour redescendre de la 9e à la 23e place mondiale. Et le travail porte ses fruits : il n’en finit pas de trouver des nouveaux joueurs imbattables. A force de ne pas s’étonner qu’untel et untel soient top 10, on en oublierait presque que le top 10 n’est réservé qu’à 10 joueurs. Il y a deux mois il détruisait Berdych, il y a un mois Berdych le détruisait. Et cette semaine, c’est Bautista Agut qui était trop fort. Enfin trop fort pour lui parce qu’il a perdu au tour suivant. Heureusement Lionel Roux ne s’inquiète pas outre-mesure de cette défaite car Richard est enfin revenu à 100%. Mais 100% de quoi ?

Et l’avantage de la France, c’est qu’elle possède un sacré vivier. Simon a réussi son tournoi de l’année à Shanghai, c’était beau, et comme d’habitude il a enchaîné par plusieurs de ces défaites qui n’inquiètent pas Lionel Roux. Et puis c’était la faute des balles : il est en grande forme.

Au besoin, on peut toujours s’appuyer sur la Monf. Tant qu’il y a du public, ou Lionel Roux dans les tribunes, il saura enthousiasmer les foules avec ces mites en coups droit qui débordent même Djokovic. De quoi écoeurer le numéro un mondial, au moins jusqu’à sa balle de match, celle du numéro 1 mondial, parce que celle de la Monf c’était au tour précédent . Peu de joueurs savent le faire.

Au pire, on peut toujours rappeler Tsonga. Il est mauvais, il n’est plus top 10 depuis un an et à force ce n’est plus à cause des blessures, son revers est pire que jamais, et maintenant on sait qu’il ne sait toujours pas mieux jouer au tennis que Nishikori. Mais pourquoi ça inquiéterait Lionel Roux ? Il a de quoi avoir le moral : Benneteau a été pas mal, Chardy aussi, et il ne faut pas oublier Lucas Pouille. A trois semaines de la finale, ça valait le coup de demander à un grand quotidien sportif d’écrire que ça commence à frémir.

Au fait, Lionel Roux n’est pas sélectionneur, c’est Arnaud Clément, mais Lionel Roux il est aussi consultant et il donne son avis. On aurait tort de lui demander ?

US Open : Marin d’eau douce

Il est grand, il est fort, et à ce qu’on entend il va régner sur la planète tennis pendant de nombreuses années. Enfin celles qui lui restent, comme on dit des gens qui ont déjà 26 ans.

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Il a tapé fort pendant deux semaines, et comme d’habitude un peu moins contre Gilles Simon qui a failli gagner, mais comme d’habitude juste failli. Marin Cilic était réputé comme émotif et inconstant, il ne l’a pas été contre Berdych qui n’aimait pas le vent, Federer qui n’aimait pas ses années de trop et Nishikori qui se demande sans doute encore quand se joue la finale. Il ne faut pas être injuste avec Marin : cela n’enlève rien à son immense mérite, avoir servi la majorité de ses balles dans les carrés de service pour s’assurer les points. Bravo champion.

Mais en vérité, il y a un mérite encore plus grand, relayé par tout ce que les médias du monde entier comptent de représentants hasardeux : le tennis aurait définitivement changé d’ère et la nouvelle génération serait là, dents acérées et progrès phénoménaux. Reprenons donc. Nadal est forfait pour une demi-année, comme tous les deux ans depuis qu’il a chaussé ses genoux d’haltérophile septuagénaire. Murray se remet difficilement d’une opération du dos et d’un début de carrière parfois humiliant. Quant au maître de notre temps, qui se produit chaque semaine aux quatre coins du monde sans jamais plus trouver la solution contre les grands costauds qui tapent fort, ne serait-ce que le moindre chip de revers, il n’atteint plus, méticuleusement, que des finales de Wimbledon. Et encore quand les autres traversent une mauvaise passe.

On peut sans trop de difficulté affirmer que c’est le cas, puisqu’il ne restait à ce tableau de morts-vivants que Djokovic, et que l’imparfait est de circonstance depuis la demi-finale contre l’élève de Chang. Cette dernière remarque n’a rien de raciste, c’est vraiment son entraîneur. Il y a dans cette demi-finale un élément troublant, ce 6-1 au deuxième set, quand Djokovic a préféré jouer plutôt que gueuler des insanités en serbe. Le reste n’est que fautes directes et illusion d’un incroyable coup droit nippon, car l’incroyable coup droit nippon en question a paru moins incroyable que son homologue croate en finale.

En exclusivité, le Vestiaire détient la preuve ultime que non, le niveau ne s’est pas maintenu : la finale était un match de merde. Mais c’est quand même pas leur faute si même Wawrinka n’a pas réussi à en profiter cette fois.

Federer-Nadal : La taule à perpétuité

Le score donne une idée des compétences respectives d’Andy Murray et Jean-Paul Loth, deux des plus grands champions de notre époque.

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Cette fois c’est sûr, Roger Federer est bien de retour à son meilleur niveau. Après avoir humilié quelques top 100, après avoir humilié Tsonga, et après Murray, il ne lui manquait plus qu’une chose : en prendre une bonne contre Nadal. C’est à ça qu’on mesure son niveau de forme. L’important n’est plus de savoir comment Federer va battre Nadal, plus du tout, mais juste s’il va l’affronter. Ca veut dire qu’il est en demi-finale, et c’est la meilleure nouvelle pour tous les amoureux du beau jeu. Federer a perdu leurs cinq derniers matchs en Grand Chelem, et il ne l’a plus battu en cinq sets depuis Wimbledon 2007. Mais aujourd’hui il monte à la volée comme un Dieu, et après sept ou huit passings gagnants de Nadal, quand Roger en dépose une ça donne envie de chialer tellement c’est beau. Edberg a bien fait de venir.

Le souci c’est qu’à côté de la putain de volée amortie, pas grand-chose n’a changé à part l’âge de Roger dans cette histoire. Nadal pilonne toujours le revers de Roger, Roger résiste souvent bien dans la première manche, et puis à un moment il explose. A deux exceptions près : quand les matchs se jouent sur herbe, et quand il a moins de 28 ans. Ca ne laisse plus beaucoup de marge. Mais heureusement le genou de Nadal peut lui filer un coup de main. Parce qu’une ampoule purulente à la main, ça empêche Nadal de bien tenir sa raquette, mais pas de gagner en trois sets. Ca faisait bien longtemps que Roger n’avait pas erré sur le court sans trouver de solution, comme s’il voyait Mirka caresser la cuisse d’Edberg. Ca faisait longtemps, ça fait plaisir.

Pendant ce temps-là, on a pu reparler pendant deux jours de la rivalité Nadal-Federer. A 23-10 pour Nadal, et 9-2 en Grand Chelem, on pourra encore parler de rivalité longtemps, mais on ne sera plus obligé d’y croire.

Medias, Eurosport : Rod Laver urina

Décidément il est éternel, encore plus quand les autres sont blessés, pas bons ou déjà éliminés. On en saura vite plus.

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Elle s’appelle Clémentine Sarlat, elle pourrait contraindre pas mal de nos lecteurs à salir leur écran, et sinon elle anime le plateau d’Eurosport. Animer n’est pas un vain mot puisqu’avec elle autour d’une table il y a Jean-Paul Loth et Christophe Rochus, et qu’il faut trouver autre chose à dire sur le jeu de Federer que tous les bons conseils de Mouratoglou pour l’améliorer. Et tout ça sans dire « transfert du poids du corps », Bartoli a explosé le quota ; à croire que le poids du corps est son obsession.

Mais parler de Federer reste encore la meilleure option parce que ça évite de parler des demi-finales féminines. Clémentine s’y est collée et a confondu Radwanska et Cibulkova. Certains rédacteurs en chef du Vestiaire s’y laisseraient probablement prendre eux-mêmes, mais jamais avec une caméra qui tourne. Ainsi va la vie de Clémentine Sarlat, qui ne comprend son erreur que cinq minutes plus tard parce que Rochus n’a pas osé la contredire et a fait comme si de rien. Dans la compétence générale, il était temps de lancer une bien sympathique rubrique baptisée « l’edito de Jean-Paul ». Une charmante pastille à peine trop longue où il dit qu’il aime les joueurs qui se motivent pour gagner et qu’il n’aime pas les joueurs qui ne respectent pas les arbitres et les ramasseurs de balle et qui se plaignent. On n’y apprend rien du tout à part qu’Eurosport a fini par demander à ses consultants un petit effort pour justifier les rémunérations. En remerciement, il a eu son jingle et personne ne l’a coupé quand il a suggéré qu’entre un joueur et un entraîneur, c’est comme dans un couple, parfois on ne s’entend plus et on va voir ailleurs. Chamou comprend mieux pour sa femme.

Mais avant que Clémentine prenne les choses en mains, ce qui a pu intéresser Loth, il y a eu un match sur lequel il faut revenir. Car là encore, Loth est intervenu. Bien conscient que Mouratoglou avait placé déjà bien haut la barre du péremptoire, et conscient aussi que tout le monde allait dire que Federer était de retour dans les secondes à venir, il n’a pas hésité. Il a donc été le premier à dire officiellement que Rodger joue peut-être mieux qu’avant car il suit ses attaques à la volée. Rochus était baisé : il ne pouvait qu’acquiescer, tentant maladroitement de faire comprendre que Federer était favori face à Nadal. Saloperie d’escalade, saloperie d’ego.

En parlant d’ego, Roger est effectivement de retour. A son niveau d’avant sa blessure, c’est-à-dire qu’il ne perd plus contre des tocards. Avant d’affronter Nadal, c’est l’heure d’un premier bilan de son Open d’Australie : il a taulé Duckworth, Kavcic, Gabashvili, Tsonga. Et donc Murray qui ne pouvait tenir que trois sets, en réussissant quatre balles de break sur 17, en se chiant dessus quand il a servi pour le match dans les 3e, et en chiant sur ses deux balles de match dans le tie break qui a suivi. Ca rappelle effectivement le plus grand Federer.

Mais ce qui impressionne tout le monde, c’est qu’il court encore, qu’il sait encore attaquer avec son coup droit, il a même bien défendu pendant plus de deux sets. Donc tout ça n’est pas simplement un regain de forme pour un joueur qui a gagné un Grand Chelem sur quinze depuis quatre ans, et sur herbe, mais directement un progrès qui fait de lui le plus grand de tous les Roger, celui qui n’a aucune pitié pour un Tsonga nul, pour un Murray convalescent, et qui s’avance vers Nadal bardé de confiance, avec une nouvelle Wilson qui déchire grave, un bandeau rose qui va aussi bien aux petits garçons qu’aux filles, et en checkant Courier qui cire ses Nike sur le court après chaque victoire. Rod Laver l’aurait bien fait, mais il a eu besoin d’une vielle dame pour le ramasser après la balle de match.

Pendant ce temps-là, Nadal a mal partout et il pense qu’il va devoir hausser son niveau pour aller en finale. Même pas sûr.

Federer-Tsonga : Les francs Suisses

 Bon, Tsonga qui gagne le tournoi c’est plus possible. On va dire Federer et on verra dans deux jours.

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C’est encore un superbe duel que se sont livrés le Suisse qui parle français et le Français qui vit en Suisse. Du tennis champagne qui accouche toujours d’un futur vainqueur de Grand Chelem. L’an dernier en Australie Federer avait gagné le quart, le prélude à sa renaissance. Puis à Roland Garros Tsonga avait mis une branlée à Roger en quart, et il devenait favori face à Ferrer. Et au petit jeu de la revanche, Federer a de nouveau bombé l’ego pour torcher Tsonga, le prélude à sa renaissance mis cette fois c’est vrai. Tout a changé : cette fois c’est un 8e de finale. Et ce n’est pas Mauresmo qui le trouve fit, très en jambes et impressionnant parce qu’il n’a pas perdu un set avant son quart de finale, c’est Bartoli.

Mais revenons au match de la renaissance. Roger revient à un très haut niveau. En mettant des taules à tout le monde, y compris à un top 10 français blessé le tiers de la saison l’an dernier, il prouve qu’il est de retour. Être de retour ça veut dire qu’il est magnifique à voir jouer, qu’il sert comme un Dieu, qu’il défend super bien quand l’attaque de Tsonga passe au milieu de dix fautes directes. Être de retour ça pourrait vouloir dire qu’il va tenir l’intensité de Nadal et Djoko facilement, qu’il va défendre et jouer tous les points à fond pendant 4h, et pourquoi leur apprendre le tennis parce qu’il est meilleur que jamais. En plus son coach c’est Edberg maintenant, et tout le monde sait que les deux autres ne savent pas faire un passing.

Ou alors Edberg est pas vraiment coach, Tsonga est pas vraiment bon et Federer est simplement remis de sa blessure au dos, donc tout est normal. Mais il est toujours vieux, ce qui ne dispense pas de battre Murray en quart. Mais de nos jours personne ne peut aller en demie sans devenir le plus grand joueur de l’histoire ; ça vaudra une nouvelle photo avec Rod Laver, tout au plus.

Evidemment il y a une contrepartie à tout ça : Jo-Wilfried a été pas mal mais en retour de service c’était pas ça, et puis le jeu de jambes non plus, et puis la concentration ça aurait pu être mieux, et puis ses volées dans le bas du filet ça suffit pas pour surprendre Federer. Par contre la coupe à la Eboué c’était sympa, surtout pour balancer ses balles au-dessus du toit ou balancer sa raquette au changement de côté. Ça sent pas la victoire en Grand Chelem mais ça ne change pas l’essentiel : Tsonga reste le meilleur joueur français depuis Noah.

Pendant ce temps-là, Nadal a aussi mis trois sets à un Japonais qui avait éliminé Tsonga en 8e il y a deux ans. Mais il inquiète tout le monde.

Open d’Australie : Tu ne seras pas Monfils

Ce fut un match extraordinaire, et Monfils a pris une branlée. La même que Tsonga. Serait-ce le retour des mousquetaires ?

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Il faut se rendre compte : qui, dans le tennis mondial, est capable de se créer des balles de break sur le premier jeu de service de Nadal et de l’ennuyer pendant plus de dix minutes ? Toni Nadal avait raison, Monfils est le plus bel athlète que le circuit ait connu. Et comme le disaient les avisés commentateurs d’Eurosport durant la première demi-heure de jeu, Nadal est nerveux parce qu’il sait que Gaël est indébordable et qu’il est ultra-puissant. Attention, il ne s’agit pas d’instruire le procès de gros nuls qui n’y connaissent rien. C’est d’ailleurs plutôt vrai : Monfils est indébordable et il est ultra-puissant. Le seul hic est que Nadal a gagné 6-1, 6-2, 6-3.

A vrai dire, on l’a senti venir quand, à 4-0 dans la première manche, les-dits commentaires avaient un peu changé : « Gaël fait de supers coups mais il va falloir les enquiller pour faire un jeu ». Avec une telle clairvoyance pour expliquer le tennis, le monsieur doit avoir des diplômes d’entraîneur. Mais là encore il n’a pas tort : Monfils a proposé des points fantastiques à Nadal qui a sué beaucoup plus rapidement que d’habitude. C’était magnifique, à pleurer, d’une intensité folle, et neuf fois sur dix Monfils perdait. La clé de ce mystère porte un nom : les fautes directes. Monfils en a commis 57, Nadal 18. La différence de niveau est moins une vitesse de premier service qu’une attaque de coup droit qui est dans le court quand elle est espagnole ou deux mètres hors du court quand elle est française.

Si l’on veut résumer, il suffit de remettre la balle cinq ou six fois dans la moitié de court de Monfils pour qu’il se déborde tout seul. C’est le sens des quatre victoires de Simon en cinq duels. Quand Simon s’appelle Nadal, il tape juste un peu plus fort, un peu plus vite, un peu plus longtemps. Mais c’est vrai que Monfils en remet un paquet avant de saloper le balle en milieu de court ou de la mettre mais de ne pas monter à la volée parce qu’un pas de twist avant d’envoyer un parping dans les tribunes c’est mieux. Ca fait lever les foules, un peu moins les points ATP.

Pendant ce temps-là, Nadal est monstrueux. Le frigo était à la bonne température cet automne pour ses genoux.

Open d’Australie : Ibère aux points

Et si pour boucler notre présentation de l’Open d’Australie que va remporter Tsonga on faisait un bilan Ferrer pour parler de Nadal ?

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Par notre spécialiste tennis Titi lardé

Faire un bilan de la saison de David Ferrer, c’est faire un bilan de ses cinq dernières saisons. Ce sont les mêmes. Il faut regarder deux choses. D’abord son parcours aux Masters. Cette année, il a perdu ses trois matchs de poule. L’excuse de la fatigue tiendrait s’il avait déjà été fatigué dans sa carrière, même après un match de 15h. Ça fait de lui un médiocre n°3 mondial qui a bien mérité de pleurer sur le terrain l’an dernier à Bercy parce qu’enfin il gagnait un Masters 1000.

L’autre aspect à prendre en compte, ce sont ses confrontations avec les meilleurs, que l’on peut aussi appeler les meilleurs que lui. Djokovic ? Deux matchs, deux défaites, et cette belle branlée en demi-finale de l’Australie : 6-2, 6-2, 6-1. Nadal ? Il ne mène plus que 21-5 à cause de ce petit exploit de Ferrer en demi-finale de Bercy, ce qui lui fait finir l’année en n’ayant gagné que cinq de leurs six confrontations. Federer ? Ils ne se sont pas joués cette saison, on reste donc à 14-0. Murray ? Leur finale à Miami fut épique. Ferrer a eu les balles de match et sur la dernière il a challengé, sauf qu’elle était bonne. C’est donc Murray qui a emporté le trophée dix minutes plus tard, laissant à Ferrer ses récompenses habituelles : les regrets, les larmes, et pour une fois des crampes.

Voilà qui nous conduit, sans trop savoir pourquoi, à la 3e place mondiale de Ferrer. Comme d’habitude, il n’a raté aucun tournoi, et si on pouvait en disputer deux d’un coup il le ferait. En Grand Chelem, il a fini sur deux quarts, ce qui n’est pas bon parce que d’habitude en dehors des tops 4 il torche tout le monde, une demi-finale contre Djoko et un acte de présence le dernier dimanche de Roland contre Nadal. Mais qu’on se rassure : c’est juste parce qu’il y avait Tsonga à dégraisser sur le Central deux jours avant en demie.

Pendant ce temps-là, Murray et Federer sont passés derrière au classement. Pour comprendre, il faut relire ici et ici. Et Del Potro, Berdych, Wawrinka et Tsonga sont restés derrière. Il faut bien que quelques-uns admirent le petit David.

Open d’Australie : Comment devenir un champion Andy leçon

Alors cette saison de la confirmation, bien ou bien ?

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Tout démarre souvent par une fiche wikipedia, mais cette fois non. Ça commence par une phrase de John McEnroe : « Murray est le futur numéro 1 mondial. » Encore une provoc à la con du du vieux Johnny. Il aurait presque pu être pris au sérieux s’il avait dit ça en janvier dernier, avant l’Open d’Australie. Murray était le dernier vainqueur en titre d’un Grand Chelem, l’US Open 2012. Mais non, il a fallu qu’il annonce ça juste avant l’US Open 2013. On en savait déjà beaucoup : une finale perdue en Australie contre Djoko qui n’était pas redevenu Djoko, un Masters 1000 (Miami), pas mal de défaites en quarts, un forfait à Roland-Garros, une finale gagnée à Wimbledon contre Djoko qui n’était toujours pas redevenu Djoko. Un deuxième Grand Chelem qui suit un bilan sur terre battue qui dépasse tout ce qu’il a pu ne pas accomplir par le passé : trois victoires, trois défaites. La saison de la confirmation confirme donc quelque chose : pas grand-chose n’a changé. Car au bout de cette saison qui devait sceller son avènement, il lui reste un titre du Grand Chelem, un titre au Queen’s, des défaites en gueulant, un abandon, et une opération qui lui offre un forfait au Masters. Il pense vraiment qu’il est devenu Nadal ?

Et puis fin septembre, est venu l’opération chirurgicale du dos. La fameuse, celle après laquelle Federer, Djokovic et Nadal courent encore. Ca veut dire beaucoup un tweet. Il suffit juste de tous les lire ici. Le 23 septembre il se fait opérer et il écrit, photo de la salle de réveil à l’appui : « la première chose que j’ai demandé à mon réveil : ai-je gagné ? » Sympa ce Murray. Le 24 il écrit qu’après deux jours à l’hosto il réalise à quel point il aime son métier. Le 26 il présente la couverture de son livre Seventy-seven, my road to Wimbledon glory. Le 29 il félicite son frère Jamie qui a gagne en double à Bangkok. Le 2 octobre il poste des photos d’Arsenal-Naples. Le 4 il regarde le dernier épisode de Dexter, le 6 il revoit le chirurgien et le soir il commence la saison 3 de Homeland. Il est devenu un putain de champion.

A New York, Murray avait offert à Big John un quart de finale en guise de confirmation. Wawrinka aurait pu lui laisser un set, mais non.

Djokovic 2014 : Gold Novak go

A 10 jours du plus palpitant Open d’Australie de ces 20 dernières années, notre spécialiste a passé au scanner les derniers superhéros de notre temps. Tsonga a-t-il raison de s’afficher aux cotés d’Alizée Cornet avant de remporter son premier grand Chelem ? Federer a-t-il le niveau pour s’aligner avec Mahut ? Murray a-t-il fini de se moucher ? Ferrer est-il aussi espagnol que Nadal ? Il n’en restera qu’un. Aujourd’hui voici le numéro 2 mondial, qui va chercher du fric dans les Emirats et qui a été nommé champion du monde ITF, mais on ne sait absolument pas ce que c’est.

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Comment un joueur de tennis peut-il décider, tout d’un coup, de gagner 26 matchs de suite en fin de saison alors que jusque-là il ne réussit qu’un match sur deux ? Les Yougos sont tous les mêmes, quel que soit le sport qu’ils pratiquent. S’ils n’ont personne à leur hauteur, ils finissent vite par tourner en rond et parfois la seule solution pour retrouver la flamme est de devenir un dirigeant, si possible le plus corrompu de tous.

Djoko manquait simplement d’un défi. Ou plutôt d’une défaite en finale de Grand Chelem contre meilleur que lui. Parce que ça lui posait un problème : que quelqu’un soit plus fort que lui. Le défi ne s’appelait plus Federer qui vient de se débarrasser de Chardy en perdant moins de deux sets, il ne s’est jamais appelé Ferrer ni Del Potro. Il avait fini par s’appeler Murray mais combien de temps peut-on se mentir à soi-même ? Le temps d’un titre à l’Open d’Australie, deux maximum. Et puis les matchs reviennent inlassablement : du fond de court, des courses, des balles molles, et c’est à qui fera le plus de fautes.

Tout ça pour quoi ? Alors que quelque part, un gaucher capable de frapper comme dix Becker existe. Il suffisait juste d’attendre qu’il revienne mettre plusieurs branlées à tout le monde, y compris à lui. Et d’un coup tout revient : se jeter dans un revers pour contrer un lift, faire des échanges à 40 coups sans avoir la certitude que c’est l’autre qui fera la faute, serrer une main au filet en ayant sué. Le sens de la carrière de Djoko est en train de se jouer : s’il veut gagner 20 Grand Chelem, il peut. Mais il n’a peur que d’une chose : que ça soit trop facile.

Pendant ce temps-là, Djoko a pris Becker pour l’entraîner. Il n’a plus besoin de personne mais un peu de buzz ne fait jamais de mal.

Federer 2013 : Bjorn to be alive

Roger mérite bien une faveur : il est le premier n°6 mondial à avoir un bilan du Vestiaire.

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Alors qu’il n’a plus rien à prouver à personne, Roger s’investit sans compter pour la démocratisation de son sport. Sa 15e saison professionnelle a permis à un nombre incalculable de joueurs non seulement de faire carrière, mais aussi d’avoir une chose incroyable à raconter à leur enfant : une victoire contre Federer. Ça paraît fou, ça n’aurait jamais dû arriver mais c’est arrivé et pas qu’une fois en 2013. 

Pour bien revivre cette authentique saison de trop, il faut vite passer sur le seul titre que les 45 victoires du maître ont autorisé. C’était évidemment sur herbe, car sa saison était cousue de fil blanc : il n’allait enchaîner plusieurs victoires que sur herbe et en salle, comme à l’époque où il défonçait ses raquettes, mais à l’époque il pouvait défoncer autre chose que ses raquettes.

C’est, comme tout le monde, en Australie que 2013 a pris son pli pour Roger. Une défaite en demi-finale, en cinq sets, contre le nouveau Murray qui gagne tout était un bon prémice. C’est en tout cas ce qu’il a cru bien avant de savoir que le nouveau Murray n’allait pas gagner grand-chose de plus que l’ancien. Ainsi aveuglé, Roger ira perdre un quart de finale à Rotterdam contre Benneteau. C’est bien souvent de la sorte que les ennuis commencent : Soderling ne s’est jamais débarrassé de ce terrible après-midi de juin, ni de sa mononucléose.

Ca n’a pas manqué : Nishikori, Stakhovsky, Delbonis, Brands et Robredo n’imaginaient pas pouvoir battre Federer un jour, et encore moins que ça serait facile. Mais Roger est un champion : il a assumé, en d’autres termes il est venu dire qu’il a mal au dos en conférence de presse et qu’il testait une nouvelle raquette, il a gagné les matchs qu’il fallait pour aller prendre des branlées au Masters, et il a été prendre des branlées au Masters, en gagnant parfois un set quand les trois premiers s’oubliaient sur le court. Ensuite c’est Roger qui s’oubliait sur son service dans les moments importants. C’était assez triste. A partir de quand ça devient beau ?

Bonus : Federer en 2014

Affûté comme jamais en Australie il expédie ses deux premiers tours en trois sets. Leconte affirme sur Eurosport qu’il ne l’a pas vu aussi « fit » depuis bien bien longtemps et qu’il bouge vraiment bien sur le court. Quatre jours plus tard, six au maximum, Djokovic et Nadal disent leur surprise de voir Roger éliminé mais assurent qu’il reste un concurrent pour la place de n°1 mondial. Puis ils retournent s’entraîner en se demandant qui arrivera à leur prendre un set avant la finale. Deux semaines plus tard, Roger convoque une conférence de presse, les nécrologues de Tennis Magazine sont sur les dents mais Roger annonce qu’il continue jusqu’aux Jeux de 2016 si Wawrinka veut bien de lui.

Tennis, Masters : Djokovic et Nadal sont-ils humains ?

Ils se nourrissent l’un de l’autre et malgré leur apparence humaine ne sont plus que des egos avec des raquettes. Elles pourraient être en bois ou cordées avec les testicules de Gasquet ça ne changerait rien. Bientôt ils ne voudront plus jouer que des finales l’un contre l’autre. Ce qu’ils font déjà depuis la retraite de Federer et la mort du dentiste de Murray. Autopsie des deux plus beaux monstres de l’Histoire du tennis.

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Une enquête de notre spécialiste tennis Titi Lardé

Que signifie le terme monstre ? On en trouve trois acceptions au moins et chacune colle parfaitement avec les biceps ultraprotéinés de Nadal ou la perruque incoiffable de Djokovic. Au choix, les monstres sont des êtres fantastiques de la mythologie populaire. Des animaux, personnes ou objets de très grande taille ou effrayant ou bien des personnes inhumaines qui suscitent l’horreur.  A l’évidence personne ne serait surpris de voir la photo de l’un ou de l’autre pour illustrer ces définitions. Et pourtant rien à voir avec le fait qu’ils puissent taper toujours plus fort durant 5 heures. Le tout avec un mental et une technique plus solides que le coffre-fort suisse de Guy Forget. Alors qu’en est-il de la saison des monstres ?

Novak Djokovic avait commencé la sienne très doucement en gagnant comme d’habitude l’Australie après un 12-10 au 5e set, en 8e contre Wawrinka. Etre passé si près de la défaite contre un type prénommé Stanislas peut effectivement susciter l’horreur. Puis Novak a gagné à peu près tout ce qui se présentait comme tournoi pas intéressant sans même perdre ni son grand-père, ni sa grand-mère. Un vrai progrès, presque mythologique. Il n’avait pas prévu de perdre contre Del Potro et Haas dans la foulée. Inhumain. Mais quelle importance cela pouvait-il avoir ? Tout le monde ne parlait alors que de la rivalité du futur, celle entre lui et Murray. Certains ont pris leur retraite pour en avoir enduré moins que ça. Et puis Nadal est revenu et il est arrivé à Djoko ce qui pouvait lui arriver de pire : battre Nadal à Monte-Carlo en finale. Ce n’était pas important pour Nadal mais lui seul le savait.

Après ça, le Serbe était quasiment assuré de rester numéro un mondial à vie : il jouait assez mal, perdait contre Dimitrov et Berdych sur terre battue sans se rendre compte que s’autodétruire n’était pas nécessaire : Nadal n’avait pas besoin de ça pour savoir qu’il allait revenir. Ca a donné 9-7 au 5e à Roland et quatre sets en finale à l’US Open le tout en ne voyant mourir que Federer, les derniers espoirs de Gasquet et une espèce de mère spirituelle. Mais en fait il n’a jamais été aussi heureux de perdre car grâce à ça il a gagné les 20 matchs joués depuis.

Il est redevenu Djoko : un premier set parfait, un deuxième foutu en l’air, et quand viennent les moments importants il ne laisse rien : quand il faut torcher Del Potro au 3e il le torche, quand il faut humilier Federer il l’humilie, quand il faut lui faire comprendre qu’il ne court plus assez vite ni assez longtemps Djoko n’hésite pas, et il fait ça sans suer. Pour le battre il faudra encore tuer un membre de sa famille, s’il en reste, car la guerre en ex Yougoslavie a quand même fait des dégâts. Ca ne l’empêchera jamais d’avoir la classe de dire que Ferrer est un adversaire à prendre très au sérieux. Par contre quand il faudra tweeter « congratulations Andy » à Murray pour son deuxième Wimbledon, il n’aura plus tellement envie de le refaire.

Quant à Nadal, on l’a assez dit : il a passé son année à soigner un genou, battre tout le monde hormis Djoko, battre Djoko, prendre la place de Djoko et garder la place de Djoko et comme d’hab s’inoculer des trucs dégueu sans qu’on soit au courant. Rasmussen avait essayé le sang de chien. Pourquoi pas après tout, nous sommes tous des animaux. Du coup Djoko a dit que c’était mérité, en pensant qu’il lui mettra le manche, les balles et le cordage pour se venger l’année prochaine. Mais Nadal n’est pas homme à se laisser piquer si facilement, enfin à ce qu’il en dit.

Ca donne donc les plus grands matchs de l’histoire du tennis : quatre ou cinq heures de tennis total, à plus de dix coups de moyenne par échange et avec des défenses incroyables. Nadal balance des vamos avec ses tendons rotuliens déjà passés de date, Djokovic réplique avec son régime au gluten, c’est du jamais vu et pourtant ils sont encore meilleurs qu’avant. Arracher leur t-shirt d’une seule main ne leur suffit plus, tenter de filer le VIH à l’autre, à grand coups de revers dans la diagonale de Djoko ou de coup droit long de ligne de Nadal, non plus : ils se sont déjà mangés le cerveau à tour de rôle, à l’escabèche pour l’un, en tourte Gibanica pour l’autre. Les autres n’ont évidemment plus aucune chance en Grand Chelem, même à deux points du match, jusqu’à nouvel ordre.

Du coup, qu’a fait Federer cette année ? Il a joué avec passion, pas mal perdu, et peut-être qu’il s’est approché de son meilleur niveau en fin de saison. Comment savoir ? De toute façon ça n’aurait pas suffi.