Federer : Je, set et bâche

Il fut un temps où on se serait bien marré à regarder ou lire l’interview de Federer après une défaite. C’était rare, et on était toujours impressionné par sa capacité à mépriser son vainqueur d’un jour. A le renvoyer à son piètre niveau, faisant passer sa performance pour un accident s’approchant de l’exploit du siècle. Roger était imbuvable et prétentieux à souhait mais il était le meilleur.

tennis

Depuis 3 ans qu’il est revenu parmi les mortels il était redevenu un peu plus modeste, oubliant parfois qu’il était le plus grand de tous les temps. Mais à l’époque il ne s’était jamais permis de se faire torcher par un Japonais en huitièmes de finale à Madrid en promettant qu’il visait la victoire finale. C’est pourtant cet après-match qu’il a choisi pour annoncer enfin ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps : sa retraite. Comme contraint par les humiliantes circonstances qui font qu’un adversaire provenant d’un pays où le tennis n’a pas encore été inventé ou alors simplement dans Prince of tennis (le petit chef de la balle jaune pour ceux qui ne connaissent pas), Federer a cru bon devoir redevenir aussi puant qu’il l’était du temps de sa splendeur. Mais cette fois ça sonnait faux pour ne pas dire pathétique.

Roger par la dépression

C’est ainsi qu’après les habituelles justifications sur son jeu « J‘ai manqué de contrôle depuis la ligne de fond », dont on se fout royalement, il s’est d’abord cherché des excuses comme tout numéro 2 mondial digne de ce nom : « Il y avait du vent et aussi évidemment le soleil et l’ombre« , il ne manquait plus que la pluie. Le premier compliment pour son valeureux sparring partner jap est venu ensuite « je ne suis même pas sûr que Kei ait eu besoin de jouer à son meilleur niveau aujourd’hui, ce qui est encore plus décevant. » Ou comment rappeler à Nishikori qu’il l’a trouvé nul à chier. Au cas où le Nippon n’aurait pas compris Roger s’est permis de lui redire à quel point il le trouve mauvais quelques secondes plus tard : « Il faut féliciter Kei. Il a mieux joué que moi. Il était le meilleur joueur aujourd’hui, aucun doute là-dessus ». Aujourd’hui, pourquoi pas demain et après demain aussi ? Mais l’ancien numéro 1 mondial qui ne le sera plus jamais a gardé le meilleur pour la fin : « Kei a gagné un tournoi déjà je crois. »  Et oui c’est pas mal un tournoi quand on en a presque 1000 à son palmarès. Puis toute la violence sauvage de Federer finit par s’exprimer comme un point final à une carrière qui n’en finit plus de terminer. Comme si plus aucune règle de bienséance ou de politesse ne comptait, comme si il n’y avait plus aucune loi dans ce bas-monde, comme si la jungle avait élu domicile au sein du circuit ATP, il s’est permis de comparer Nishikori à Raonic et « d’autres gars à peu près du même âge qui progressent. » Et Federer de conclure baigné d’aigreur et de méchanceté :  « C’est excitant et bon pour ce sport que de jeunes joueurs, moins connus, battent les meilleurs. »  2009 c’était il y a 4 ans. Il faut parfois savoir partir et fermer sa gueule.

Pendant ce temps-là Wawrincka a battu Dimitrov qui a battu Djoko qui a battu Nadal. Un Suisse gagnera-t-il quand même Roland-Garros ? Et dire qu’ils n’ont jamais gagné la Coupe Davis et qu’ils ne savaient pas que les Nazis étaient méchants.

 

Arsalan Rezaï : « Mansour aux critiques »

En 2011 Le Vestiaire avait presque pu pénétrer, déchaussé, dans l’intimité de la famille Rezaï. Un famille comme un autre où c’est Papa qui décide que sa fille sera championne même si ça lui plait pas.

La moquette du salon est recouverte de terre battue. Dans le jardin, les chiens aboient. Et Aravane passe.

LE VESTIAIRE : Comment réagissez-vous à la plainte déposée par Aravane à votre encontre pour harcèlement moral, violences volontaires et menaces de mort ?
ARSALAN REZAI : Je crois qu’il vaut mieux être Mansour que d’entendre ça. Comment ma propre fille peut-elle m’accuser de choses pareilles ? Elle va en prendre une bonne la prochaine fois qu’elle rentre à Saint-Etienne laver ses fringues.

Vous avez dans le milieu du tennis l’image d’un père autoritaire, parfois violent…
On me fait un faux-procès en appel. Ce n’est pas parce que j’ai grandi en Iran et que je me laisse pousser la barbe que je suis un ayatollah. Je n’ai d’ailleurs jamais forcé Aravane à porter le voile, ça la génait en revers. Comme Georges Goven, j’ai beaucoup d’amour pour elle et ça fait bien longtemps que je ne l’ai plus touchée.

On raconte que vous avez eu une altercation avec son petit ami lors du dernier Open d’Australie…
Mais elle n’a que 24 ans ! C’est beaucoup trop jeune. Vous ne voudriez pas non plus qu’elle choisisse son mari ? Et ce charlot n’était même pas joueur de tennis. Comment voulez-vous que mon petit-fils gagne Roland-Garros ? Quitte à souiller la famille, j’aurais préféré qu’elle couche avec Nadal.

Comment la famille vit-elle justement aujourd’hui sans les revenus d’Aravane ?
Je n’ai plus rien. Cette ingrate ne me filait que 2.000 euros par mois alors qu’elle n’aurait jamais rien fait sans moi. Comment je vais faire maintenant pour payer l’assurance de mes trois Mercedes ? Elle ne se rend pas compte de la misère dans laquelle elle nous plonge. Je vais encore être obligé de mettre ma femme sur le trottoir.

Ne comprenez-vous pas qu’à son âge votre fille ait besoin de s’émanciper ?
Je crois surtout qu’elle a été manipulée. Et pas seulement par son kiné. Quand on a gagné les internationaux de Strasbourg et le tournoi de Bastad, on attire forcément les convoitises et pas seulement celles de Georges Goven. Ils les aime plus jeunes.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Coupe Davis : Thierry tue l’âne

Avant de devenir la doublure de Richard Gasquet qui était blessé puisqu’il était en demi à Indian Wells il y a 3 jours, Gilles Simon a rencontré Thierry Tulasne. On ne sait pas très bien lequel des 3 a vraiment déjà joué au tennis.


L’inavouable vérité prend racine à une époque où Tulasne avait des cheveux et sensiblement la même coupe que Simon. Il jouait d’ailleurs le jeu de Simon. Se replonger dans le tennis de la fin de années 80 n’est jamais chose facile, ni même souhaitable. On y fait de mauvaises rencontres. Nous sommes en 1980, Tulasne n’a que 17 ans quand il remporte son premier match à Roland. Des trois vérités suivantes, seules les deux dernières seront vérifiées : Bernard Boileau est joueur de tennis, belge et il abandonne au troisième set. Une grande performance suivie dès l’année 1981 d’une victoire contre Adriano Panatta et d’un premier huitième de finale. Tulasne n’a que dix-huit ans et l’avenir devant lui.

Ivan pas terrible

Le jeune champion présente l’avantage d’être attendu, par le public évidemment, mais aussi par Lendl, Hocevar, Wilander une fois, Wilander deux fois. Une branlée à chaque fois, jamais au-delà du 3e tour. Ca vous classe un jeune espoir de 22 ans. A ce sujet, le site de l’ATP est précis : 66e mondial en juin 1985. Vient alors l’année de gloire, celle que Simon connaîtra aussi en remportant trois fois Bucarest, Casablanca ou même Metz. 1986, année despotique. A Roland, Tulasne arrive 13e mondial. Cancelotti est 109e mais au bout de cinq sets, Tulasne s’en sort. En revanche, l’autre Panatta, Claudio, est deux fois plus fort : 219e. En cinq sets, cette fois ça passe pas. La suite, ce sont les branlées numéro 2 et 3 de Lendl (il n’y en aura que sept au total), et surtout le deuxième huitième de finale, en 89, contre Jay Berger, le genre de 34e mondial que Simon n’aimerait jamais trop lui non plus. Pour l’occasion, Tulasne s’était offert Mecir, soit le top 10 le moins connu de l’histoire. Il avait aussi collé aussi deux 6-0 à Fleurian mais ça n’a jamais rien garanti à personne. Sinon Pugh et Yzaga, un Péruvien, n’auraient pas été si forts en 90 et 91. Il était alors temps de passer au coaching avant qu’il ne soit trop tard.

Pendant ce temps-là on est débarrassé de Forget, c’est déjà ça.

Nadal : Masters lexomil

Quel come-back : pas un jeu perdu à Roland-Garros.


Il a des gros muscles, une raquette Head, une ITT de sept mois et trois titres de plus en quatre tournois. Il n’était même pas sûr de venir, il ne pensait pas non plus gagner, c’est venu comme ça. Il est tombé à la renverse et s’est souvenu de ces mois de souffrance. Il s’est revu serrer la main de Rosol, et c’est justement pour ne pas faire la même chose en finale qu’il a dégoté de justesse un virus gastrique avant l’Australie.

Evidemment, il devait reprendre la compétition et il savait que pour coller 6-2 en quarts à Federer, il faudrait être très méticuleux. C’est là que Nadal est redevenu Nadal : une tournée sud-américaine sans personne, c’était le choix stratégique parfait. Il fallait aussi avoir mal au genou et laisser planer des rumeurs de forfait un peu partout. La gestion était remarquable, mais il manquait encore un gros coup. Pas contre Chardy en demi-finale du premier tournoi, faut pas abuser, mais en finale contre Zeballos : une défaite en trois sets. Quitte à aller jouer dans le tiers monde, autant faire don à une œuvre de charité. Rendu indétectable, Nadal reste méfiant et laisse ensuite un set, pour plus de sécurité, à Berlocq et Alund, qu’il ne reverra jamais. Il faut alors monter en puissance. Il cherche donc un ancien pas mauvais, mais pas très bon, qui parle aux gens tout en entretenant le mystère. Ce sera Nalbandian, récompensé de cinq jeux.

Nadal pas bête

Vingt jours, huit matches, et sans doute vingt cocktails avec les sponsors et zéro entraînement plus tard, il arrive à Acapulco. Almagro et Ferrer sont venus voir, pas se faire démolir. C’est pourtant ce qui arrivera. Nadal ne perd pas un set et humilie ses partenaires de Coupe Davis, qu’il respecte, surtout le petit qui lui a pris la 4e place mondiale. 6-0, 6-2, Ferrer ne le fera plus chier une seule fois jusqu’à la fin de leurs carrières. Mais alors, pourquoi perdre 2h33 sur un court contre Gulbis au 2e tour d’un Masters 1000 ? Pour que Federer ne se doute de rien au 3e. Après ça, Berdych et Del Potro avaient compris qu’ils entendraient le dimanche soir les progrès de Nadal en anglais, qui sourit et fait l’amour au public. Mais il n’avait rien préparé, il ne pensait même pas remarcher, alors passer un tour à Indian Wells.

Pendant ce temps-là, un carton plein sur terre battue se prépare, il a donc déclaré forfait pour Miami.

Indian Wells/Miami: Paire de boules

Il est juste derrière Simon, autour de Benneteau mais devant Llodra. On l’appelle communément top 40 et pourtant il détruit plus de raquettes que de top 10. Mais il n’a que 23 ans et de mange-merde à petit merdeux, il y encore une branlée contre Llodra


Benoît Paire est un beau gosse d’1,96m, qui s’était fait remarquer pour la première fois à l’US Open. Pas par la finesse de son analyse au micro d’Agathe Roussel, mais en sortant des qualif, aux dépens de Stadler, Krajinovic et Sisling, quand même. De quoi impressionner Rainer Shuettler au premier tour, mais pas suffisant pour ne pas perdre après avoir mené deux sets à un contre Lopez, 25e à l’époque, au 2e tour. Parfois il n’est pas inexact de dire perdre comme une merde.

La suite est classique : il faut lui trouver un coup de génie, et si possible le qualifier de meilleur du circuit. Ce sera le revers à deux mains, même si la tentation est forte de louer son toucher de balle. Bref, tout ça lui permettra de gagner le challenger de Brasov un an plus tard. Exact au rendez-vous. C’est donc en 2012 qu’il explose. Il commence par exploser à Belgrade, avant d’exploser en finale. Puis ses amortis émerveillent Roland-Garros au premier tour mais pas Ferrer au second.

Destination finales

On le dit inconstant et con comme un balai, il prouve partiellement le contraire : dès qu’il rencontre un top 20, il perd, parfois en prenant un set, souvent sans. Un métronome.

Pourtant tout change en 2013. Il s’offre Cilic à Chennai et confirme le lendemain en prenant un set à Lu. On aurait juré que Santoro sanglotait dans les tribunes. A Montpellier, il bat Simon et explose encore en finale, enfin c’est Gasquet qui l’explose. Suffisant pour parler de Coupe Davis bien sûr et de se faire exploser par Llodra. Ca sent la merde.

Pendant ce temps-là, Federer qui lui a déjà collé deux branlées avant de dire que « Paire n’avait pas la bonne attitude ». Une référence aux volées dans le filet, aux retours amortis et peut-être même aux coups droits annoncés out parce que le terrain ne déborde jamais sur les gradins. Gueuler sur l’arbitre n’y change rien. Mais ça veut quand même dire qu’il a rencontré Federer deux fois.

Open d’Australie : Murray cas

Rien ne dépendra plus de Federer et c’est un peu triste. Mais ça ne dépendra pas non plus de Murray et c’est moins triste.


Jusqu’au deuxième set de la finale, la question se posait franchement. Murray avait terrassé tout le monde, et battu Federer pour la première fois en grand Chelem. C’était moins une bonne nouvelle pour lui qu’une mauvaise pour Roger mais on a failli croire que Murray avait enfin trouvé comment dominer tout le monde, y compris sa mère et ses envies de pisser sur le court. Les rédacteurs en chef devenaient insistants et iconoclastes, la confiance s’envolait envers les meilleurs spécialistes, tout juste bon à entendre les conneries conjugales du moment.

Mais le doute n’était pas permis, en tout cas sur Murray. Etait-ce sa carte d’identité écossaise ? Son cou démesurément grand ? Ou les deux tie-breaks de sa demi-finale contre Federer ? En tout cas quelque chose clochait dans la domination nouvelle de Murray sur le tennis mondial. Il donnait l’impression d’enfin être offensif, Leconte était même estomaqué par ses coups fabuleux sans se rendre compte qu’un lob en bout de course n’est pas une attaque gagnante. Ou que placer une attaque au bout de la cinquantième frappe ce n’est pas être un serveur volleyeur. Ou que le service slicé ne suffit pas à gagner une finale.

Ivan le terrible

Et puis Djoko a commencé à frapper si bien que l’incroyable défense de Murray est devenu tout à fait croyable. Ça lui a rappelé son jeune temps, quand Federer et Nadal jouaient. Federer il jouait trop vite, et Nadal trop fort. C’était si bon de prier pour que la faute directe arrive d’en face, et parfois elle arrivait et le match se terminait avec un set dans la poche. Et maman était si fière qu’elle en pleurait de honte.

Pendant ce temps-là, Mauresmo a trouvé que Federer était plus mobile qu’avant, très tonique sur les jambes. Jusqu’en demi-finale quoi.

Federer-Djokovic 2013 : Le content suisse

Roger a réussi ce qu’aucun n’avait réussi avant lui : continuer à gagner sans jouer. Le reste du temps, il s’appelle Djoko et il déchire ses t-shirt sur les courts australiens. Foutus héritiers.

Six titres dont trois Masters 1000 et un Grand Chelem : il n’avait plus fait aussi bien depuis 2007. Federer serait probablement considéré comme le plus grand sportif de l’histoire, capable de retrouver son meilleur niveau une fois la limite d’âge passée, s’il y avait eu un seul grand match la saison dernière. Mais 2012 a été ainsi : le niveau a baissé, et Murray s’est bien gavé avec la bagatelle d’un titre du Grand Chelem.

Mais tout cela n’entame pas l’incroyable pouvoir de Federer sur le tennis mondial. Il avait déjà tout : une collection de Grand Chelem, une collection de Rolex, une collection de pognon, une collection de couilles de Murray, et aussi Mirka dans les tribunes, les adorables jumelles, la présidence du syndicat des joueurs et cette pilosité sur les avant-bras mais pas sur les biceps qui le placent d’office au-dessus du lot. Il lui manquait encore l’opportunisme du champion, qui jouit de toute sa puissance. Il est fini et ne tient plus physiquement en cinq sets contre les meilleurs ? Il n’a plus qu’à prier pour que Wimbledon se joue sans Nadal. Pourvu qu’il n’ait rien à voir avec la mort du papy du numéro 1 mondial, en deuil aussi de sa concentration et de son niveau. Il ne resterait alors que Murray qui a très envie d’attendre les JO pour gagner à Londres.

Bâle neuve

L’impensable se produit, aussi majestueuse qu’une terre battue bleue à Madrid qui n’a rien à voir avec de la terre battue. Un Masters 1000 n’est jamais de refus, et tant pis si sur la rouge Roger ne gagnera rien parce que quand on est fini, on est quand même fini. Sinon pourquoi perdre contre Berdych en quarts à l’US Open ? Peut-être pour affirmer de ses que tout dépend de lui. « Bien sûr, Tomas a bien joué mais je trouve aussi que je l’ai aidé à se sentir à l’aise. » Aujourd’hui, il a digéré et collera très bientôt une branlée à n’importe quel Tchèque qui passera par là. « J’espère continuer à jouer pendant plusieurs années, parce que j’aime ça, j’aime la pression que procure le fait de jouer contre une nouvelle génération qui arrive et qui progresse rapidement. » Humilité et humiliations ont la même racine latine ?

Pendant ce temps-là, Murray mène 10-9 dans leurs confrontations, Nadal 18-10 mais Djokovic lui doit encore le respect (16-13). Alors comment lui a-t-il repris la place de numéro 1 ? Peut être en faisant trois finales de Grand Chelem et une demie, après avoir sauvé des balles de match et autres conneries visant à humilier un maximum d’adversaires. Le salaud, il se prend pour qui ?

Australian Open : Gaël mon vice

Tsonga lui a pris son coach, c’est que le 86e mondial doit être bon.

Gaël Monfils n’est pas tout à fait comme les autres. Quand Richard Gasquet reconnaît qu’il devrait jouer plus vers l’avant mais que sa tête dit non, mais aussi areu et caca popo, Gaël s’y essaie n’importe comment, foire, et reconnaît que s’il devrait changer pour progresser, il n’en a rien à foutre puisqu’il aime défendre. Ensuite il disparaît de la circulation, se sépare d’avec son entraîneur même s’il l’appelle Patrick Chamagne, et enfin il commande une interview à L’Equipe pour dire en substance qu’il n’est pas dépressif quand il ne joue pas au tennis. Logique, puisqu’il l’est quand il joue. Sans doute une histoire de gonzesses, et pas ce double mixte où il avait cartonné Dechy avec Cibulkova. Un vieux fantasme, mais pas aussi cochon que celui de Gilles Simon : être entraîneur-joueur. Monfils, lui, il veut un entraîneur.

Monf émerveille

Le plus amusant dans cette histoire, c’est qu’après avoir été autant absent que Nadal la saison dernière, Monfils a recommencé à torcher Kohlschreiber comme avant. C’est une seconde nature chez lui, d’ailleurs Dolgopolov n’a pas tellement cherché à résister. Qu’il revienne de six mois sans jouer, ou qu’il joue trois ans d’affilée, Monfils est le même joueur : s’il n’est pas blessé, il court partout six heures d’affilée et bat n’importe quel joueur au-delà de la 10e place mondiale. Et si en plus c’est à Roland Garros, il va en quart ou en demie. Sauf bien sûr les jours où il n’a pas vu un de ses psys, qui partagent avec le parfum du yaourt du petit déjeuner la responsabilité de son genou, de ses fautes directes et de sa tactique de match.

Fraise ou façon tatin, Monfils est toujours le même, le plus gros potentiel du tennis français. Sa technique et son jeu de défense feraient de Tsonga un top 4 mais s’il faut se concentrer toute une saison et ne pas perdre une fois de temps en temps contre un 400e mondial, c’est pas pour lui.

Pendant ce temps-là, Gasquet s’est fâché contre une arbitre, a débreaké et haussé son niveau quand il le fallait contre Montanes. S’il continue sur cette voie, plus rien ne pourra l’empêcher de faire sa conduite accompagnée.

Richard Gasquet : Doha constrictor

Santoro avait aussi pas mal gagné à Dubai.


Tout ce que le sport français compte de stars passe ses vacances au Qatar. Lucas Moura a étrenné son premier maillot du PSG, il n’était floqué ni Rai, ni Ronaldinho, ni Vampeta. A un pâté de gratte-ciel, il y a le tennis-club qui accueille chaque année les meilleurs joueurs du monde de début janvier. Comme en 2006, Richard n’a pas raté l’occasion de venir y peaufiner sa préparation. D’habitude c’était Brisbane, mais Fabulous allait-il à Brisbane ?

Doha ou Brisbane, de toute façon c’est toujours la même chose : un tournoi sans les meilleurs, ou alors diminués et battus rapidement pour préparer l’Australie. Au choix, pour les seconds couteaux, c’est l’occasion de prendre des points et du pognon ou de courir un peu là où il fait chaud. Richard a choisi : 2h42 contre Grega Zemlja, ça fait du bien. Il a gagné, évidemment ça n’a aucun intérêt, mais Richard a décidément le coup d’œil : « Niveau attitude, c’était impeccable. J’en ai joués des matchs difficiles, mais je ne suis pas près d’oublier celui-là. » Ses biographies d’après-carrière se vendront comme des petits pains. Mais l’heure n’est pas encore à l’après-retraite : il est en demi-finale contre Daniel Brands, après avoir battu Lukas Lacko, et le lendemain du marathon s’il vous plaît. Si ça c’est pas une saison bien lancée, on y connaît que dalle. Voire autant qu’un quotidien qui ferait de lui un futur vainqueur de Grand Chelem. Vainqueur de Doha en revanche, n’importe quel Français avec la même relance de coup droit toute molle en milieu de court depuis 5 ans peut le faire. Même ceux qui se déconcentrent en montrant bien au public que c’est parce qu’ils ont des courbatures aux jambes peuvent le faire.

Mais Richard est bien décidé à évoluer, et peut-être à écouter les consignes de tous ses entraîneurs depuis dix ans, même ceux qui ne lui collaient pas la gueule dans un seau de balles quand il ne les appelaient pas papa : « Je sais que je devrais davantage avancer dans le terrain, je suis pas con quand même. »

Pendant ce temps-là, Monfils est toujours en vie : on l’a aperçu donnant une interview à L’Equipe pour dire que Delaître et Champion étaient compétents pour être ses amis, mais pas ses entraîneurs.

Murray 2013 : Dégorger le Poireau

Ah merde, il est pas Gallois mais Ecossais. Dommage, ça collait bien.


L’image a fait le tour du monde. Andy Murray gagne son premier titre du Grand Chelem et se précipite vers son clan pour demander où sa mère a bien pu foutre la montre de son sponsor. L’émotion est palpable et Lendl est à peine endormi. Viennent le trophée, la conférence de presse où Murray dit son accomplissement qu’on ne l’appelle plus le puceau. En voyant le jeune homme, le monde du tennis n’a qu’une leçon à la bouche : Murray a vraiment une sale gueule, même avec un trophées dans les mains. A partir de ce mois de septembre 2012, Djokovic aura les gonzesses, Murray les titres. Le tennis mondial est entre leurs doigts.

Autant le préciser tout de suite : dominer le tennis mondial va devenir accessible à pas mal de joueurs, hormis les Français, faut pas déconner. Il suffit d’abord d’être numéro 3 mondial, avec un numéro 4 ancien numéro 1 qui n’a pas joué six mois. Mais, entre autres qualités, il faut savoir remporter trois tournois sur vingt dont Brisbane en janvier, et aussi perdre quatre finales. Depuis qu’il fait partie des grands, Murray a bouclé sa grande année en perdant contre Raonic, Djokovic, Janowicz et Federer, évidemment en gueulant et en mimant n’importe quelle contracture. L’an dernier, il n’avait remporté que cinq titres.

La shame Olympic

C’est la classique phase d’euphorie qui suit un premier titre majeur : ça vous change un joueur. Sous le charme, Federer n’avait d’ailleurs pas manqué de saluer l’avènement de ce jeune joueur à qui il avait si souvent appris à gagner une finale de Grand Chelem, pas plus tard que trois mois avant chez lui, en le faisant pleurer devant la Reine. Quand on est numéro un, il faut être gourmand. Murray a essayé, en l’humiliant en finale des JO. Mais dans la phrase il y a JO : ça n’a donc pas empêché Federer de lui en remettre une bonne en demi-finale des Masters : ben oui, c’était à Londres.

Pendant ce temps-là, on ne parle pas de n’importe quel Federer. Ce sera le prochain chapitre.

Murray : US vraiment open

Voici comment Andy a maté le Big 4. Mais qui était le 4e ?


Les fautes directes de Djokovic. Après des années à chercher, Andy Murray a fini par trouver la solution à ses problèmes, et tout le mérite en revient évidemment à Ivan Lendl. Son coup droit est parfait, son revers aussi, que dire de son service. Tout était mental et le problème est réglé : avant il n’attaquait pas et prenait une branlée contre Federer, Nadal et Djoko. Maintenant il n’attaque pas et Federer est à la retraite, Nadal teste ses prothèses et Djoko a de nouveau des crampes dans le cinquième set. On se demandait depuis deux semaines pourquoi ça faisait autant chier d’allumer l’US Open que le Masters 1000 de Cincinatti. Ce n’était donc ni à cause d’Eurosport, ni à cause du décalage horaire

Murray d’aimer

N’allez pas croire que le niveau de tennis est devenu pourri puisque le Big 4 domine toujours autant. La preuve Federer a encore fait quart de finale contre Berdych que seul le vent a fait perdre contre Murray, pas son niveau. Et Nadal était là comme toujours. Pour se faire pousser des testicules, Murray a donc dû braver tout ce beau monde, c’est le début d’une nouvelle ère. La manière dont il a battu Djokovic, qui a quand même perdu deux finales sur deux depuis que son niveau l’a quitté, est tout simplement prodigieuse. Après s’être fait remonter à deux sets partout, Andy aurait pu craquer. Mais il a forcé son naturel et laissé celui de Djoko revenir. Les crampes au pied servaient contre Tsonga avant 2008 : son papy lui manque donc toujours très fort. Mais cela n’a pas gâché le plaisir du  nouveau Murray, qui a enfin vaincu la malédiction. Sa maman a tellement pleuré qu’il a bien gagné le droit de se prendre pour Federer quelques instants avec le trophée. Mais même pour ça il faut un peu d’entraînement : faute de larmes, il a dû engueuler maman parce qu’il ne trouvait pas sa montre Rado. Rado, c’est moins bien que Rolex.

Tsonga : US à peine

Quand on ne sait plus trop qui est favori entre Murray, Djoko et Federer c’est sans doute que la réponse est Tsonga.


Le nouveau Jo est arrivé. Chaque année c’est le même suspense : de quelle coupe de cheveux dégueulasse sera-t-il affublé ? Sa danse des pouces subira-t-elle le même sort que le SAV et autres niaiseries ? Car pour être vraiment Américain, Tsonga comme le Grand Journal a encore des détails à soigner comme un Trappenard à la place d’un Letterman ou d’un Pourriol. Sinon Jo a les armes pour résister à la pression de son invitation chez Denisot au lendemain de sa victoire à Flushing. Après Karol Beck, c’est l’agressivité de Mouloud Achour qu’il faudra contenir. Toujours prêt à mettre sa carrière en danger quand il s’agit de se moquer de la bien pensance, il a osé avouer son admiration pour Delarue, comme il le fit avec Will Smitch, Booba, Laird Hamilton, Kad Merad, Amélie Nothomb, Nikola Karabatic ou même Laurent Fabius. En plus il aime pas les fachos. Tsonga devra aussi se méfier de Vincent Glad qui ne viendra pas sans un #htag bien senti. Daphné Burki n’aura qu’à bien se tenir puisque comme tout le monde elle devra se fader les nouveaux humoristes de Canal+ et pourquoi pas en rire. Après de telles épreuves, il sera digne de percer au royaume du fameux Omar Sy l’un des Seigneurs d’Olivier Dahan. Après tout Tsonga s’entraîne avec Clément, Mouloud aurait pas fait meilleur lêcheur de cul et pourtant il s’y connait.

Pendant ce temps-là Isabelle Adjani a de bien grosses joues

US Open : Murray de rire

On le croyait nul à chier, incapable de remporter un Grand Chelem c’est-à-dire un des 4 seuls tournois qui comptent dans sa discipline, le tennis. Et puis le voilà qui entre dans la légende de la balle jaune et par la grande porte s’il vous plaît : Wimbledon rien que ça, en terrassant le plus grand joueur de tous les temps. Il lui a même donné la leçon puisque Roger himself a pleuré sur le court après la seule finale où il n’a pas marqué le moindre set : « Je suis très très heureux ». C’est un peu comme si l’équipe de France de foot actuelle remportait la coupe des confédérations contre le Brésil 1958. Ca sert à rien et c’est pas très glorieux. A un mois près on l’aurait presque considéré comme un bon joueur.

Là, il fait un peu mieux que Di Pasquale, ça vous classe un bonhomme. Il faudra désormais apprendre à compter avec ce Andy vainqueur de Brisbane quelques jours avant l’Open d’Australie, finaliste à Miami quelques semaines avant de faire semblant d’avoir mal au dos au troisième tour et en huitièmes de finale de Roland-Garros avant de ne pas faire semblant de prendre une branlée en quart de finale. Il sera même peut-être un jour numéro 3 mondial puisque Nadal est dans sa blessure semestrielle comme l’avait annoncé le Vestiaire il y a bien longtemps. C’est maman qui va être contente.

Gasquet : Richard dérangé

« Je ne l’attendais pas non plus à un niveau pareil. »


C’était il y a quelques petites années, inspiré comme rarement, L’Equipe s’était lancé une fois n’est pas coutume dans un pronostic loin d’être hasardeux : ça s’appelait « Gasquet, on parie ? » et ça expliquait grosso merdo pourquoi Richie serait le prochain Français à décrocher un titre qui compte. Une fois de plus le journal de référence a frappé fort car ils n’ont pas perdu leur pari. Gasquet joue encore.  Depuis, le petit protégé de Tennis magazine est même parvenu en huitièmes de finales de pas mal de tournois, Tsonga en demi de pas mal d’autres. Un simple accident sans doute mais curieusement le concurrent le moins sérieux du quotidien, le fameux « Vestiaire », écrivait déjà en 2007 avec la nuance qui le caractérise, « Gasquet est-il nul ? » Pour atteindre un tel niveau de prophétie alors que le blondinet porte encore une casquette à l’envers et à battu Federer à Monte-Carlo deux ans auparavant, il faut au moins être capable de deviner en 2009 que Murray est une merde, en 2009 que Nadal n’aura jamais le genou suffisant, ou en 2010 que Federer ne revivrait au mieux qu’à Londres par un Eté 2012. Bref, être l’un de nos spécialistes. Depuis 5 ans, en tennis plus encore qu’ailleurs, ils nous expliquent que ce qui fait un champion n’est pas que le coup de téléphone à son fournisseur ou la séance photo avec Karine Ferri. Il y a aussi une histoire osseuse et musculaire voire deux ou trois séances chez Marcel Rufo. Celles que n’a pas suivies Richie, sinon il aurait saisi que son intérêt serait d’abord d’apprendre à lire avant de fréquenter le patron de Laurent Cabrol et une ancienne candidate de la Star Ac. Il aurait appris que le tennis n’était pas vraiment pour lui une passion spontanée et qu’il aurait de nombreux remerciements à filer à Papa de lui avoir mis une raquette dans les mains avant de lui faire manger son placenta pour ce revers dans le couloir de la maternité. Ca aurait évité à Richard, 14 ans, de passer plus de temps en short, qu’à rouler des galoches. Il fallait bien rattraper tout ça. Juste avant le chef d’oeuvre de Wimbledon 2012, sur sa surface préférée.

Au Mayer des trois manches

Car Richie devrait arrêter et préparer la suite, mais, là encore merci papa, il n’a pas été doté de la maturité ou du quotient intellectuel, nécessaire pour prendre les bonnes décisions et préfère continuer à répéter les conneries que Lagardère lui a apprises. Démonstration :

Richard Gasquet aime la gagne. En tout cas c’est ce qu’il a dit avant Roland-Garros. Le mythe de son dégoût a donc été balayé d’un revers d’un main, comme lui-même a été balayé douze fois sur treize en huitièmes de Grand Chelem. La coïncidence est amusante, peut-être plus quand il s’agit d’un Allemand en face, qui n’est ni Becker, ni Stich, ni Muster. La difficulté de la tâche consistait à taper dans la balle, au sens premier du terme, c’est-à-dire au minimum avec la musculature d’un adulescent. « Quand je vois comment j’ai été dominé dans la diagonale de revers », s’est félicité Richard, qui est l’un des vingt joueurs qui possède le plus beau revers du circuit, selon tous les observateurs, qu’ils soient commentateurs sur Canal, consultants sur Canal, ex-capitaine de Coupe Davis, ou tout à la fois.

Mais Ritchie aime le tennis, sinon il n’aurait pas bouffé autant de balle depuis sa plus tendre jeunesse, qu’un coup droit long de ligne ait manqué de respect à l’éducation parentale ou non. Alors Ritchie se bat. « Plein le cul, j’ai envie de me barrer du court », quel numéro un mondial ne l’a pas dit pour renverser une situation compromise.La mentalité du champion qui cherche une tactique qui marche. A ce petit jeu, Gasquet est un cerveau qui ne lâche pas sa proie. Comme en plus il a tous les coups du tennis dans sa palette technique, le top 20 de 26 ans sera bientôt top 30.

Pendant ce temps-là Arnaud Clément a fait finale en Australie, c’était en 2001 je crois.

Roland-Garros : La coulée de Slave

Nadal n’a jamais été aussi fort, Djokovic aussi mauvais. Facile de deviner qui va gagner.

Nadal et Boetsch ont toujours su faire court. C’est donc sans trop attendre que Djokovic et Federer ont joué au jeu du plus nul, avec le concours de Brabant et Di Pasquale évidemment. Il n’est pas uniquement question de savoir qui a sa place en Coupe Davis ou non, l’orgueil compte aussi dans ces moments-là, par-delà le nombre de fautes directes, de double fautes ou de breaks blancs.

Mais Djokovic n’avait pas laissé deux sets d’avance à Seppi pour rien. Ni tenté quatre fois Tsonga pour finalement l’envoyer chez Denisot le lendemain. Mal jouer c’est une chose, ça dure d’ailleurs depuis un bon mois, mais ça n’a jamais empêché Federer de gagner. Etonnant : c’est justement contre Federer que Djokovic est devenu Federer. Et oui c’est triste, il n’a pas arrêté les tournois ATP.

Nadal gore

Djokovic en finale, c’est sans doute le plus bel exploit depuis que Boetsch a servi deux premières à plus de 160 en plein sur Kulti un dimanche soir dans un radio réveil. L’effet est le même, dévastateur. Jamais un joueur aussi chroniquement loin de son niveau n’avait réussi à avoir ces résultats. Retours de service, attaques de coup droit, défenses de revers, régularité : il a tout perdu. Sauf les trois quarts des balles de break et des balles de set et les quatre quarts des balles de match contre lui. Djokovic est essoufflé, dominé, il porte un tee shirt Uniqlo mais c’est Tsonga qui craque et Federer qui perd ses deux breaks d’avance. Pioline rêvait pourtant que Roger lui tape dans la main comme l’an dernier, ça lui rappelle les diarrhées d’avant-finale contre Sampras. Lui au moins, il ne comptait pas sur les grands-pères des autres pour redevenir numéro un.

Pendant ce temps-là, Nadal joue plus long que jamais, fait encore moins de fautes que quand il n’en faisait pas et il court comme s’il avait des genoux. Et puis Djokovic n’est plus vraiment sûr d’aimer le tennis, ni qu’il va coller trois sets à Nadal. Pourtant, un doute subsiste : Djokovic parle-t-il déjà mieux français que Monfort ne parle espagnol ?

Djokovic : Le joueur le plus Nole

Tout se passe toujours au-delà de 6 échanges entre Nadal et Djoko, le doute fait la décision. Dommage que Federer ne tienne pas jusque-là, il serait le plus fort.


Tout allait bien sur la planète tennis en ce mois d’avril 2012. Monte-Carlo ouvrait ses portes après l’avoir fermée à la gueule de Forget une semaine plus tôt, Djokovic régnait sur le tennis et se préparait tranquillement à torcher tout ce qui se présentait sur sa route d’ici à Roland Garros. Et puis tout a changé. Djokovic a perdu un grand-père, pas le Suisse, l’autre, et Gilles Simon a été en demi-finale.

En perdant avec le sourire et les fautes directes, Djokovic a retrouvé la fougue de ses jeunes années, celles où il gagnait parfois contre Tsonga. Surtout, Nadal a cru qu’il était de nouveau le plus fort. Ce n’est pas vrai, mais il n’a pas besoin que ça le soit, sinon il aurait retenu le prénom de Gasquet. Monte-Carlo aurait pu être une parenthèse dans leur duel. Mais Djokovic a ensuite joué à Madrid, et comme ça l’emmerdait il a perdu contre Tipsarevic en quarts. L’ego du champion, celui qui fait rater les smashes en finale, sortir du match à cause d’une décision litigieuse à 5-5 ou laisser le titre à Nadal sur une double faute. On n’est pas numéro un par hasard.

A cinq jours de Roland Garros, Nadal est rassuré comme jamais alors qu’il n’a jamais été aussi dominé par Djokovic qu’à Rome. Dès que l’échange s’engageait, c’est Djokovic qui jouait le plus long comme un numéro 1, c’est Djokovic qui distribuait comme un numéro 1 et c’est Djokovic qui avait la balle pour conclure comme un 15/4. De deux dépressifs sur un court, Nadal est toujours le plus fort. 41 fautes directes de Djoko plus tard, Nadal est redevenu le roi de la terre battue en remettant autant de lobs que possible parce que ça allait un peu vite quand même. Djokovic, lui, évoque en serbe la maman et la sœur de l’arbitre et des juges de ligne, hausse les épaules vers son clan et pète ses raquettes, comme quand Papy était en forme.

Federer : Rome arrangé

Un premier tournoi sur terre battue bleue, les autres qui disent que ce n’est pas de la terre battue, pas du tennis, qu’ils ne reviendront pas et en prime la gueule de Berdych en finale : c’était trop tentant.


Il a beau avoir des gamines et toucher plus d’argent que sa femme, Roger Federer ne refuse jamais une interview le dimanche soir, pour y parler un peu de sa victoire et beaucoup des autres. « C’est surprenant pour moi de revenir et de gagner aussitôt. Mon corps est un peu meurtri, après six semaines de repos. » Il n’avait pas vu la concurrence aussi amusante depuis qu’il avait décidé de se mettre au tennis en 2003, quand il a lu un classement ATP disant que le plus fort c’était Roddick. C’est alors qu’il avait appris à son bras à tout envoyer dehors au premier set et gagner 7-5 les deux suivants. Ca fait ressurgir les vieux réflexes. « Je joue bien et je pense évidemment pouvoir gagner un Grand Chelem. »

Pistol pitre

Le prochain c’est Roland Garros, ça vaut peut-être le coup de mettre quelques branlées de la main gauche à deux ou trois top 30 français. Et oui : 286 semaines numéro 1 contre 285, c’est encore Sampras qui porte la plus grosse Rolex. Sous le poids de ses deux Grand Chelem de plus, Federer s’incline. « Je n’ai pas besoin de battre tous ses records, après tout c’est mon idole. » L’idole avait déjà perdu leur seul match en 2001, juste histoire de se rendre compte à qui appartenait Wimbledon, et elle a gagné 27 millions de moins dans sa carrière. Alors si on lui enlève une longue domination du temps où certains top 10 s’appelaient Wayne Ferreira, et une leçon donnée à Federer au Grand Chelem de Macao en 2007, il passerait pour quoi, un gros naze ?

Pendant ce temps-là, Federer s’est entraîné quelques minutes en marchant à faire des coups entre les jambes. Il y avait un Argentin en face et un arbitre qui comptait les points. A quoi bon.

Monte-Carlo, Murray : Andy sur le Ivan

Pendant que Nadal et Djokovic passent le temps au casino, Numéro 4 travaille dans l’ombre. Encore un effort et le court 17 de Roland lui réservera un bel accueil.

Quand les machines à sous et Jo Tsonga font du bruit, Guy Forget n’est jamais loin. Dix jours après son départ, il est déjà de retour mais il ne travaille que l’après-midi et certainement pas en regardant Benneteau, tout n’a pas changé non plus. Murray aussi est passé à travers la maille, ce n’est pas faute d’être entraîné par Lendl.

Lendl, nous y voilà. Même si le tennis ne reprendra pas avant le Challenger du TC Primrose, où Serra fera comme d’habitude de beaux desseins, le Vestiaire reste en alerte, même dans les contrefaçons de Masters 1000 qui programment et Tsonga et Simon à la même heure un jour de quart de finale. Il a suffi à notre spécialiste tennis d’entendre Julien Boutter, ou Lionel Roux, ou les deux, affirmer que Lendl c’est une bonne chose pour Murray, puis d’entendre Lendl dire que Murray avait les armes pour battre Berdych, pour se farcir le duel de 2h50, à l’aube pourtant d’une importante journée de Ligue 2. Et il n’avait pas échappé non plus au Vestiaire, dès le début de semaine, que Murray avait impressionné son monde contre Troicki pour son premier match sur terre.

L’effet Lendl, c’est aussi que Benneteau se blesse à 5-5 en huitièmes. Devenu intouchable, Murray allait donc coller une bonne branlée à un Tchèque, restait à déterminer lequel : le Tchèque sur le terrain ou l’Américain dans les tribunes ?

Coup droit Berdych, revers merdique

Le 100% de réussite sur balle de break est une première réponse. Murray sera bientôt 15/2, et gagner le premier set 7-6 en s’accrochant uniquement à son service, c’est même digne d’un numéro 1. C’est d’ailleurs en imitant le regard sûr de Djokovic et la démarche de Federer qu’il a regagné son banc. A côté, Berdych et son petit 5/16 sur ces mêmes balles de break n’a guère que la victoire pour se gausser. Il verra les demi-finales mais Murray, lui, a trouvé ce qu’est un numéro 1. Il faut trouver les solutions. Voyant bien que le coup droit de Berdych était inarrêtable, Murray a décidé d’imposer quelques smashes et volées hautes à son adversaire. Plus constant, l’Ecossais ne s’énerve plus uniquement entre les points, mais aussi pendant. Pas une attaque, que des remises défensives, il a même corrigé son principal souci : sa qualité de retour. Lendl est en train de régler durablement le problème de Murray : les finales de Grand Chelem.

Balles à mi-court, fautes directes, amortis trop longs et même un ou deux services extérieurs : Murray a tout tenté. Et si Berdych était imbattable, comme un ancien capitaine de Coupe Davis l’avait constaté en caressant les cheveux de Simon ?

Monte-Carlo: Simon papa rata

Il était fasciné par Noah sur scène, il était coaché par Forget. Autopsie.

La Coupe Davis, on naît avec ou pas. Comme Tsonga, Gasquet, Llodra, Benneteau, Monfils, Chardy, Mahut et Ascione, il n’est pas né avec un saladier d’argent dans la bouche. Gilles Simon avait pourtant le profil idéal : jouer en équipe son sport individuel, lui à qui on a toujours dit que les autres étaient plus grands, plus musclés, plus prometteurs. C’était taillé sur mesure : en équipe de France, il est d’ailleurs venu après les autres, Tsonga le patron, Monfils la rock star et même Llodra quand c’est Troicki en face. Simon, son jeu d’attente et le petit break qui tombe toujours au mauvais moment, autant se les garder sous le coude. Surtout que plus on attend, plus il ouvre sa gueule dans L’Equipe.

Guy du routard

Dix matches et six défaites plus loin, tout est limpide. Harrison, Koubek, Schwank et Almagro, ça fait bien quatre victoires, dont trois en deux sets gagnant, ce qui en Coupe Davis veut dire victoire de prestige. A part ça, il y a eu deux taules contre Berdych et Stepanek quand il était 8e mondial, une contre Djokovic mais c’était en finale, un 0-6 au cinquième contre Melzer mais c’était à Vienne, une contre Ferrer mais c’était sur terre battue et une contre Isner mais c’était pour dire au revoir à Guy. « Ses encouragements sont très importants, mais sur le jeu je préfère qu’il me laisse réfléchir tout seul. » On le comprend : il y a trois ans il a quand même battu Nadal et Federer aux premières lueurs de l’automne. Ca vous classe un joueur : 13e mondial, quand même.

L’édito Forget : Se faire prendre Hlasek

C’est l’événement sportif de l’année, peut-être de la décennie.

Ca vous prend comme une gastro en plein week-end familial, au détour d’une alerte sur votre Iphone, vous découvrez avec stupeur que l’équipe de France s’est faite virer comme une merde de la Coupe Davis. Sans Pete Sampras, sans Agassi, sans Fish, mais avec Courier. Ca fait au moins une excuse même si depuis Bruguera a aussi gagné Roland. Et Harrison. Déjà qu’en triple saut c’est  pas énorme, alors en tennis.

Bref, on se dit que c’est pas passé loin, on est surpris, mais finalement pas tant que ça. Un choix pourri par-ci, une blessure par-là et le conseil avisé qui ne vient jamais. C’est la panoplie d’une équipe qui gagne. Elle ne l’aura plus. C’est comme une surdose d’imodium, après plus rien ne sort et ça fait mal au derrière. Sur les 14 derniers trophées en jeu, la France en aura pris 1, excusez du peu. Noah en avait pris 2 en 3 participations, mais à l’époque il fallait battre Edberg, Enqvist, Kulti, Agassi et Sampras avec Pioline, Forget, Leconte ou Boetsch. Forget n’a eu que Grosjean, Mathieu, Monfils, Tsonga, Gasquet ou Simon et toujours le meilleur double du monde sauf quand tu fais comprendre à Llodra que t’as confiance en lui, mais que jusqu’en quart.

Bîmes beau

On ne verra plus Guy Forget déverser son flot de compliments après les défaites, ou tout mettre sur le dos de ses poulains qu’il n’a pas su dompter. Pour un peu on pourrait croire que c’est un connard incompétent qui n’a toujours pensé qu’à sa gueule et à son pognon, protégé par un système. Un Domenech du tennis, un Laporte du tennis, un Pascal Boniface du tennis ? Il était bien plus que tout ça. C’était Guy Forget, le type qui n’a jamais atteint une demi-finale de Grand Chelem, qui n’a entraîné que des joueurs meilleurs que lui.

Être bon n’est pas un préalable immuable mais quand ça ne marche pas 5 ans, c’est pas certain que ça le fera en 10, mais peut-être en 14 qui sait ?