Communication : Le Domenech show rediffusé

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Le Vestiaire republie aujourd’hui la véritable histoire de Domenech à la tête du football français. Celle où les incohérences prennent tout leur sens, où le foutage de gueule est professionnalisé. Voici l’histoire d’un homme livré à lui-même, seul contre tous : le premier héros de téléréalité sportive.

Raymond Domenech n’en garde que des bons souvenirs. En 1999, 2006 et pourquoi pas 2008, France-Italie aura récompensé les efforts du plus grand génie du football français. Pourvu que ce nouveau grand jour ne soit pas le dernier. Si la production emmenée par le tandem Escalettes / Jacquet n’exclut pas de programmer le Domenech show encore deux ans, rien n’est encore décidé. Depuis qu’il a pris en mains les Espoirs, s’il fait n’importe quoi et ne gagne rien, il accède quand même aux plus hautes fonctions. Frappé du sceau du génie. Après tout, ce n’est que de la télé.

L’histoire commence en 1993. Domenech est répéré lors d’un casting sauvage des plus classiques par Jean Fournet-Fayard. Le président de la FFF n’en est pas à son premier coup d’excellence, c’est lui qui a mis Houiller à la tête des A. Il repartira avec au lendemain de France-Bulgarie. Ce qu’il aime chez Raymond, c’est sa moustache, et la principale ligne de son CV : fraîchement viré manu militari par son premier vrai patron, Jean-Michel Aulas. C’est un premier signe très favorable. Pas encore assez médiatique, il hérite logiquement de l’équipe de France Espoirs et sa faible exposition (le câble ou Canal+ en crypté) pour se faire les pieds ; il y restera 11 ans. Le bilan des Bleuets est flatteur : deux titres en dix ans (vainqueur du tournoi de Casablanca 1999 et du festival Espoirs de Toulon en 1997), avant la gloire de 2004 et son second Toulon. Un marche pied vers le stade supérieur : ses échecs multiples sont un gage probant, il a même flingué plusieurs générations (cf Henry lors du Italie-France 1999). Il est prêt pour le prime time.

La vraie vie de Raymond

Lors de son entretien d’embauche, Domenech oublie son CV à la maison et passe pour l’homme idéal auprès de Simonet comme d’Estelle Denis, pour le candidat de la DTN face à Tigana et Blanc. Sa première conférence de presse est déjà un foutage de gueule médiatisé. Le premier d’une longue série, le public aime, les journalistes aussi. « Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? C’est simple : il faut gagner des matches. » A partir de là, c’est l’escalade. Avec l’équipe de France A, il trouve enfin un jouet à sa mesure. Il veut tout tenter pour ridiculiser le football français le plus longtemps possible. La production lui donne carte blanche, il ne va pas se faire prier. Landreau le comprendra un peu tard, il n’existe pas de relation filiale à la télé. Tout ça c’est du cinéma. On fait clairement comprendre à Domenech l’étendue du challenge : « Les résultats on s’en fout, seule compte l’audience. »

Il commence fort. Interdire les walkman et imposer les protège-tibias à l’entraînement, même une équipe de DH insulte l’entraîneur au bout de deux jours. Il impose une intransigeance dont il se moque éperdument. Il discute avec les joueurs un par un sans écouter leurs avis. Mais ça lui donne un côté humain pas dégueulasse. Il convoque même Luyindula. Mais Raymond veut plus. Il veut se faire tous les cadres. Thuram et surtout Zidane sont retraités. L’occasion de liquider la génération Jacquet est trop belle. Le talent et la persévérance agissent : ils cèdent aux sirènes du génie rapidement. Il fait croire à Zidane qu’une deuxième étoile ferait joli sur sa robe de chambre. En réalité, la Coupe du Monde 2006 doit être leur fiasco final, il va tout mettre en oeuvre pour y parvenir.

L’audience, pas encore la correctionnelle

Il commence donc à se priver de certains indiscutables : Pires et Giuly, notamment, sous couvert d’une banale histoire de rancune. Personne ne relève, les joueurs concernés sont inaudibles, les deux premiers devenant même des récurrents de l’antenne de RMC, il y a même un club Pires sur Europe 1. Il réinstalle les papys dans leur fauteuil, regonfle leur égo et les emmène vers la Coupe du monde. « Rendez-vous le 9 juillet. » Sa pointe d’arrogance l’avait beaucoup amusé, elle passera finalement pour de la compétence. Les matches de préparation confirment pourtant ses prédictions : Zidane et Thuram n’avancent plus, Vieira s’agace sur le côté droit, Barthez et Coupet se tirent dans les pattes grâce à lui. Mais la mécanique s’enraye une première fois avec la blessure de Cissé. Djibril, qui pourrait être plus dangereux sur une jambe, doit être écarté. L’indigne France-Suisse est une mise en bouche appétissante, le très vilain France-Corée est un régal, mais le Togo est vraiment trop mauvais, Kader Touré n’arrive même pas à prendre une fois Thuram de vitesse. Le sélectionneur s’inquiète, il a vu les matches du Brésil, ça lui rappelle furieusement quelque chose.

Et puis, la machine s’emballe. Les joueurs s’organisent sur le terrain, Zidane se remet à courir, l’équipe est solide. Les vieux ont repris le pouvoir, Domenech voit son oeuvre lui échapper. Il regrettera ad vitam eternam que Zidane ait été si poli le matin de France-Brésil. Un mot de trop et il l’envoyait avec plaisir en tribunes. Déçu, il tape quand même dans la main de Thierry Henry après le match. Heureusement, la fin est enfin à la hauteur. Vieira se blesse, l’occasion est encore trop belle, il fait rentrer Alou Diarra, la ficelle est grosse mais tient. Zidane sort expulsé, son jubilé est terni à jamais, Domenech sent que la chance tourne, c’est le plus beau jour de sa vie. Surtout qu’avec une finale, on lui offre deux ans de bonheur supplémentaires. Ca ne sera pas de trop, Thuram est encore debout.

Pour 2008, c’est donc un chapitre de Machiavel qui s’ouvre. Domenech a compris que le costume de patron resterait aux vieux jusqu’à la fin de leur vie. Il faut juste les pousser dans l’escalier. Alors, il les flatte car au fond il sait qu’il dispose de la défense la plus mauvaise de l’Histoire. Jean-Baptiste Poquelin n’aurait pas écrit meilleure pièce. Il pousse la farce jusqu’à avertir le monde de ce qui va se passer. Personne ne bronche.

Ne pas finir comme Jacquet

Alors il met les pieds dans le plat. Il convoque Thuram à chaque fois, en fait un indiscutable, comme Sagnol. Ils ne jouent pas de l’année, peu importe, il continue de louer l’importance des cadres, dans une France en pleine confiance. Et quand Sagnol fait chier, c’est lui qui prend les remarques d’Escalettes. Sa liste est finalement peu décriée, il s’est pourtant fait très plaisir. Trezeguet n’est pas là et tout le monde invoque la logique. Il convoque Mandanda mais laisse Coupet sur le terrain. Malouda est intouchable, il n’a fait qu’un bon match en club, celui qu’il a joué. Entre Benarfa, Cissé et Gomis, il prend Gomis, et la presse jubile. Entre Clerc, Sagna et même Clichy il n’hésite pas une seconde non plus. Cette fois, la presse a quelques doutes, mais les garde pour elle. Les matches amicaux sont encore très mauvais, les attaquants se marchent sur les pieds, Thuram prend un grand pont contre l’Equatorien Tenorio et Wenger salue « son sauvetage sur la ligne, un modèle pour les jeunes ». Domenech sourit, et persuade David Astorga qu’il pourra bien reluquer les hôtesses autrichiennes les 29 juin à Vienne.

France-Roumanie arrive, la France est toujours nulle, ne se crée pas d’occasion. Des 16 équipes, elle est la seule à faire jouer un infirme, Sagnol, et un dépressif chronique, Malouda. Mais Domenech doit patienter. Les Roumains se rendent compte à la fin du match qu’ils ont laissé passer l’opportunité de leur vie en n’attaquant pas. La France n’est pas éliminée, et elle peut même aller en quarts. Domenech joue banco et tente le tout pour le tout : il se prive de Benzema pour les Pays-Bas, et maintient les vieux comme titulaires. Il a fait sa meilleure équipe possible, comme ça pas de regret. Ils ne le décevront pas. 1-4, Coupet est un Marraud, Thuram et Sagnol sont lents comme Diniz dans un 100 mètres. La France entière se moque de ses anciens, qui ne comprennent pas l’évidence : ils sont cramés. Domenech a réussi, son plan est un triomphe, l’audience au top.

Afrique du Sud-France : C’était le Domenech Show (1/2)

Le Vestiaire republie aujourd’hui le premier épisode de la véritable histoire de Domenech à la tête du football français. Celle où les incohérences prennent tout leur sens, où le foutage de gueule est professionnalisé.

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Comment ne rien gagner et faire n’importe quoi peut permettre d’accéder aux plus hautes fonctions.
Voici l’histoire d’un homme livré à lui-même, seul contre tous : le premier héros de téléréalité sportive.

L’histoire commence en 1993. Domenech est repéré lors d’un casting sauvage des plus classiques par Jean Fournet-Fayard. Le président de la FFF n’en est pas à son premier coup d’excellence, c’est lui qui a mis Houiller à la tête des A. Il repartira avec au lendemain de France-Bulgarie. Ce qu’il aime chez Raymond, c’est sa moustache et la principale ligne de son CV : fraîchement viré manu militari par son premier vrai patron, Jean-Michel Aulas. C’est un premier signe très favorable. Pas encore assez médiatique, il hérite logiquement de l’équipe de France Espoirs et sa faible exposition (le câble ou Canal+ en crypté) pour se faire les pieds. Il y restera 11 ans. Le bilan des Bleuets est flatteur : deux titres en dix ans (vainqueur du tournoi de Casablanca 1999 et du festival espoirs de Toulon en 1997), avant la gloire de 2004 et son second Toulon. Un marche-pied vers le stade supérieur : ses échecs multiples sont un gage probant, il a même flingué plusieurs générations (Henry lors du Italie-France 1999). Il est prêt pour le prime time.

La vraie vie de Raymond

Lors de son entretien d’embauche, Domenech oublie son CV à la maison et passe pour l’homme idéal auprès de Simonet, pour le candidat de la DTN face à Tigana et Blanc. Sa première conférence de presse est son premier foutage de gueule surmédiatisé. Le premier d’une longue série, le public aime, les journalistes aussi. « Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? » « C’est simple : il faut gagner des matches. » A partir de là, c’est l’escalade. Avec l’équipe de France A, il trouve enfin un jouet à sa mesure. Il veut tout tenter pour ridiculiser le football français le plus longtemps possible. La production lui donne carte blanche, il ne va pas se faire prier. Landreau le comprendra un peu tard, il n’existe pas de relation filiale à la télé. Tout ça c’est du cinéma. On fait clairement comprendre à Domenech l’étendue du challenge : « Les résultats, on s’en fout, seule compte l’audience. »

Il commence fort. Interdire les walkman et imposer les protège-tibias à l’entraînement, même une équipe de DH insulte l’entraîneur au bout de deux jours. Il impose une intransigeance dont il se moque éperdument. Il discute avec les joueurs un par un sans écouter leurs avis. Mais ça lui donne un côté humain pas dégueulasse. Il convoque même Luyindula. Mais Raymond veut plus. Il veut se faire tous les cadres. Thuram et surtout Zidane sont retraités. L’occasion de liquider la génération Jacquet est trop belle. Le talent et la persévérance agissent : ils cèdent aux sirènes du génie rapidement. Il fait croire à Zidane qu’une deuxième étoile ferait joli sur sa robe de chambre. En réalité, la Coupe du monde 2006 doit être leur fiasco final, il va tout mettre en oeuvre pour y parvenir.

L’audience, pas encore la correctionnelle

Il commence donc à se priver de certains indiscutables : Pires et Giuly, notamment, sous couvert d’une banale histoire de rancune. Personne ne relève, les joueurs concernés sont inaudibles, les deux premiers devenant même des récurrents de l’antenne de RMC, il y a même un club Pires sur Europe 1. Il réinstalle les papys dans leur fauteuil, regonfle leur égo et les emmène vers la Coupe du monde. « Rendez-vous le 9 juillet. » Sa pointe d’arrogance l’avait beaucoup amusé, elle passera finalement pour de la compétence. Les matches de préparation confirment pourtant ses prédictions : Zidane et Thuram n’avancent plus, Vieira s’agace sur le côté droit, Barthez et Coupet se tirent dans les pattes grâce à lui. Mais la mécanique s’enraye une première fois avec la blessure de Cissé. Djibril, qui pourrait être plus dangereux sur une jambe, doit être écarté. L’indigne France-Suisse est une mise en bouche appétissante, le très vilain France-Corée est un régal, mais le Togo est vraiment trop mauvais, Kader Touré n’arrive même pas à prendre une fois Thuram de vitesse. Le sélectionneur s’inquiète, il a vu les matches du Brésil, ça lui rappelle furieusement quelque chose.

Et puis, la machine s’emballe. Les joueurs s’organisent sur le terrain, Zidane se remet à courir, l’équipe est solide. Les vieux ont repris le pouvoir, Domenech voit son oeuvre lui échapper. Il regrettera ad vitam eternam que Zidane ait été si poli le matin de France-Brésil. Un mot de trop et il l’envoyait avec plaisir en tribunes. Déçu, il tape quand même dans la main de Thierry Henry après le match. Heureusement arrive France-Italie, la fin est enfin à la hauteur. Vieira se blesse, l’occasion est encore trop belle, il fait rentrer Alou Diarra, la ficelle est grosse mais tient. Zidane sort expulsé, son jubilé est terni à jamais, Domenech sent que la chance tourne, c’est le plus beau jour de sa vie. Surtout qu’avec une finale, on lui offre deux ans de bonheur supplémentaires. Ca ne sera pas de trop, Thuram est encore debout.

France-Mexique (2/3) : « Quel journal de m…! »

Tout le monde tombe aujourd’hui sur le sélectionneur, sur ses joueurs et sur les instances. C’est normal, c’est facile. Il était de bon ton de dire en 2008 qu’il ne fallait pas maintenir Domenech, de le répéter ensuite, pour finir par revenir à un schéma plus classique.

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Quand, la ferveur monte, on fait des interviews lèche-cul au sélectionneur, on s’enflamme après une victoire contre le Costa-Rica pour terminer en beauté en exigeant la titularisation de Diaby, qui n’a jamais existé dans un match de haut niveau européen. Mais Domenech n’est pour rien dans cette ligne éditoriale réalisée par des journalistes qui ne manquent que de courage et d’un brin de compétence. Lui a toujours été fidèle à sa ligne, nous aussi.

Le clou du sombrero

En 2002, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui fait faire du théâtre à des adulescents pour les humilier, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne justifie pas ses choix, qui ne propose aucun style de jeu. En 2006, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui ne dit rien, qui sort Zidane contre la Corée pour l’humilier, qui tape dans la main de Zidane après le Brésil pour le remercier de l’avoir gardé comme adjoint, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne fait pas de choix, qui ne s’oppose pas au style de jeu choisi par Makélélé et Vieira. A cet instant, il n’y a aucune raison officielle de se débarasser de lui ou de le descendre, quelle que soit la façon dont la France est arrivée en finale, elle y est arrivée.

Mais à l’approche de l’Euro, il est évident que le miracle ne se reproduira pas, pourtant, la jurisprudence Jacquet tient bon. Le Vestiaire osera quand même le dire et l’expliquer avant la raclée des Pays-Bas. Les grandes générations se créent sur un grand numéro 10. Il n’existe plus. Mais une petite génération avec un petit entraîneur ça complique un peu plus les choses. Domenech en 2008, c’est donc un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Thuram et le remplace par Abidal contre l’Italie pour humilier Thuram, qui ne justifie pas son choix, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne propose aucun style de jeu et qui fait une demande en mariage à une présentatrice en plateau. Un vrai personnage de télé-réalité.

Maya la brèle

Le Vestiaire crée alors le Domenech show et en diffusera quatorze épisodes plus deux inédits. A l’origine, l’histoire aurait dû s’arrêter à l’issue du deuxième épisode. Mais Domenech, soutenu par ses perds, est reconduit sur la route du doublé Euro/Mondial, plus grand fiasco depuis Gérard Houiller. On connaît la suite, on lui demandait cinq points, il en quatre. L’Equipe titre « Nous, on a aimé » après 45 minutes de Roumanie, Escalettes inaugure son propre show et Domenech atteint 2010.

C’est désormais un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Gallas et Abidal, qui remplace Anelka par Gignac à la mi-temps pour humilier Henry, qui ne justifie pas son choix, qui propose un 4-3-3 à un mois d’une compétition majeure, qui ne parle pas à ses joueurs qui lui répondent quand même. Et une presse qui a oscillé entre la critique et l’hagiographie, qui a continué à interviewer un homme qui ne disait rien, des joueurs qui ne disaient rien, un président qui disait n’importe quoi, pour finir par lyncher tout le monde une fois qu’il est trop tard. On ne sait jamais, dès fois qu’Aimé Jacquet n’ait pas emmené son équipe en demi-finale de l’Euro 96. En souhaitant au moins à Raymond Domenech que la soupe fut bonne.

Le Vestiaire n’avait pas la chance d’exister en 2006 pour célébrer le dernier bon match de la nouvelle équipe de France face à l’Italie, une Italie qui elle aussi était déjà passée de vie à trépas. Depuis, il n’y a pas un seul match encourageant, si notre spécialiste l’a vu c’est que ça ne devait pas être si compliqué de le voir. A moins que.

Domenech Show : Le concile de trente

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Prudence est Lemerre de sûreté : jamais l’équipe de France n’aura attaqué un Mondial avec autant de fraîcheur et d’atouts. C’est normal, puisqu’ils sont encore 30. Les règlements de la FIFA ont changé pendant que Domenech se pavanait en Ferrari.

Lloris. Pour lui, la préparation n’est pas à Tignes, mais à Lyon. Indiscutable.

Mandanda. Il était numéro 1 et attendu, il est numéro 2. Indiscutable.

Carrasso. Le deuxième meilleur gardien de France. Indiscutable numéro 3.

Landreau. Chouchou de Domenech, qui le rappelle à la surprise générale et lui offre un deuxième tour en hélico. Indiscutable.

Sagna. Il défend bien, il attaque bien et préfère Stoke et Porto aux matches européens et internationaux. Indiscutable.

Fanni. On l’a vaguement vu jouer une fois, donc comme d’habitude, il payera à boire. Indiscutable.

Réveillère. Une belle épopée européenne, puisque seuls Ronaldo, Trémoulinas, Altintop et Olic ont déjoué sa science du hors-jeu. Indiscutable.

Evra. Tremoulinas et ses conneries qui donnent la qualif’ à Lyon, c’est un peu tendre. Pat, c’était contre le Bayern et en plus il a trouvé Ronnie les yeux fermés en huitièmes. Indiscutable.

Clichy. Sylvestre était au Camp Nou, lui aussi. Indiscutable.

Gallas. Domenech compte sur son taulier avant qu’Arsenal décide de ne pas prolonger le contrat de ses mollets. Mourinho rappelle qu’il était son pilier en 2005 et qu’on est en 2010. Indiscutable.

Abidal. France-Italie, 24e minute, et il ne sortait pas d’une saison de blessures. Indiscutable.

Squillaci. C’était Escudé ou lui, Escudé a plus joué. Indiscutable.

Planus. Ciani n’a pas été si mauvais contre l’Espagne, mais Planus présente l’avantage d’avoir été blessé pendant trois mois. Indiscutable.

Rami. L’Equipe parlait justement de sa fin de saison moyenne ce matin. Indiscutable.

A. Diarra. Le pilier de Bordeaux n’aura jamais une aussi belle occasion de sympathiser avec Fanni. Indiscutable.

L. Diarra. De toute façon, Pellegrini n’y connaît rien pour ne plus le faire jouer. Indiscutable titulaire.

Toulalan. La Toul en défense centrale, c’est comme si c’était écrit. Indiscutable, et il jouera au milieu.

M’Vila. Enchanté, votre prénom c’est quoi ? Indiscutable.

Diaby. C’est bon, Vieira a compris. Indiscutable.

Malouda. Une saison ébourrifante, la forme de sa vie : c’est bien connu, on se met à réussir ses centres en équipe de France à 35 ans. Indiscutable.

Valbuena. Il a pleuré en apprenant la nouvelle, il jouera le troisième match de poule avec une couche. Indiscutable.

Gourcuff. Zidane y va marquer. Indiscutable.

Govou. Ca va venir, un jour. Indiscutable.

Ben Arfa. C’est bon, Benzema a compris. Indiscutable.

Ribéry. Sa pire saison en club depuis quatre ans se terminera par une finale de C1 sans lui et peut-être une mise en examen avec lui. Indiscutable.

Briand. « Benzema n’est pas si loin du groupe France et on peut rappeler un joueur hors liste jusqu’au 1er juin. » Indiscutable.

Henry. « Si Pedro est meilleur, c’est lui qui doit jouer. » Indiscutable.

Anelka. Dans cadre, il y a tir cadré. Indiscutable.

Cissé. Mentalement, c’est le plus fort. Pour le reste, c’est toujours le même. Mais comme on dit, la Grèce doit. Indiscutable.

Gignac. Les Féroé et l’Autriche ne joueront pas le Mondial, Rennes et Sochaux non plus. Indiscutable.

Domenech show, les interdits :
Ciani paye à boire

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Sans l’effet Deschamps, Ben Arfa regretterait de ne pas avoir aussi signé en Grèce pour disputer le Mondial.Voici le premier épisode interdit du Domenech Show

Après une fin de saison dernière en apothéose, le suspense a fait long feu. Le Domenech Show est terminé, mais Le Vestiaire s’est procuré la saison pirate. Des épisodes indiffusables, sans aucune morale, où toutes les saloperies sont permises. Le premier épisode donne le ton : un joueur d’Everton sélectionné à la place d’un autre du Panathinaikos. Les deux sont pourtant interdits de tournage depuis trois ans. Finalement, le Grec est rappelé à la place du premier. Les deux ont évidemment joué la Ligue Europa dans la semaine, Pierre-Alain Frau et surtout David N’Gog auraient de bonnes raisons d’être jaloux.

Mais Saha buteur de l’équipe de France à trois mois de la Coupe du monde, est-ce si illogique ? Les médias ont à peine relevé qu’il n’avait plus été appelé depuis 2006. En revanche, ils ont à peine pas relevé que dans « être en forme à Everton », il y a Everton. Ça a pu échapper aussi à Gignac et Benzema, qui sait. Pour fêter son sélectionné, Everton en a pris trois au Sporting Lisbonne le soir même. La présence de Saha se remarque parfois moins que l’absence de Distin, chacun son tour. Certes, ce n’était que de la League Europa mais l’autre Saha a jugé utile de marquer deux buts à la Roma avec le Panathinaikos. Peut-on mériter davantage sa sélection que Saha et n’avoir pourtant pas le niveau international ?

Summer in the City

Cheyrou serait tenté de répondre oui. Non pas qu’il n’ait pas gagné de titre de champion de France, quoique. Non pas qu’il n’ait pas atteint une seule fois les huitièmes de finale de Ligue des Champions en 25 tentatives, quoique. Au cas où, son frère Bruno peut témoigner en sa faveur, on peut aussi avoir Skype à Famagouste. Ben Arfa est bien loin de ses considérations, il a réussi un bon mois avec l’OM et il retrouve la sélection. « Il a du talent, c’est logique. » Meriem aimerait connaître le vrai sens du mot talent.

La démocratisation est en route. Rami, Ciani : Raymond veut faire jouer des gens proches du peuple. Heureusement, Abidal n’a aucun souci à se faire : Ciani ne fait pas de conneries et il marque, Rami fait aussi des conneries mais il marque. Ca sonne mieux que il marque mais il fait des conneries, même si Roy Contout lui doit tout. C’est bête, si Menes avait réclamé Debuchy une semaine plus tôt, il l’aurait eu.

Tremoulinas n’est pas dans la liste. Logique, Evra vient de sortir un gros match à Milan en adressant une superbe passe décisive à Ronnie. Tremou paye son jeune âge et son plus gros défaut : les passes décisives qu’il fait sont pour ses partenaires, ça fait sept en championnat. Sagna se demande toujours ce que c’est. Vieira , lui, est devenu officiellement adjoint, mais un adjoint ça joue pas sinon Boghossian aurait dû avoir sa chance depuis longtemps.

Fabien Lévêque aurait pu avoir sa chance. Même Chamoulaud, qui a bien tenté de savoir à son tour si cette daube d’Henry jouerait au Mondial, mais Domenech ne lui a pas délivré non plus son diplôme de journaliste. Stade 2, Canal, après Biétry et Luis Fernandez, Domenech se démocratise et accueille même une équipe de Stade 2 pour pouvoir la virer avant une réunion avec Boghossian. Il a changé : « Il y avait beaucoup de si dans votre question. »

L’amour a ses Raymond que Raymond ignore

« Hatem a du talent, il a des possibilités de faire partie de cette équipe, il est sur la liste, cela me paraît tout à fait logique. » Ben Arfa ?

« J’en ai discuté avec lui, il n’avait fait que deux matches entiers, il estimait que ce n’était pas suffisant, moi aussi. Il faut qu’il répète des matches et cela ne servait à rien de le jeter en pâture dans un match alors que lui-même estime qu’il n’est pas prêt. Mais il reste deux mois, à lui d’enchaîner les matches sans souci pour montrer qu’il a retrouvé son vrai niveau. » Thierry Henry ou Franck Ribery ?

« Apparemment, je dois en savoir un peu plus. Il est blessé mais je ne suis pas médecin, ni le Real Madrid. Je l’ai eu et je sais où il en est et qu’il n’est pas prêt pour ce match. » Christian Karembeu, Claude Makélélé, Lassana Diarra ou Gonzalo Higuain ?

« Je ne prends pas un joueur pour une bonne prestation dans la saison. C’est une répétition de bons matches qui permet de juger un joueur. Comme je ne condamne personne sur un match, je ne prends jamais un joueur sur un seul match. Il  joue le haut niveau, en Ligue des champions, il a montré des qualités. » William Gallas, Sebastien Frey ou Marc Planus ?

« Oui, on l’a suivi, il fait partie des possibilités, mais encore une fois il y a des postes où il y a plus de monde que d’autres. Il était en concurrence avec Louis Saha qui est aussi performant en ce moment. Il fallait faire un choix. (Il)  a le potentiel, c’est un problème de concurrence, je ne peux pas prendre 14 avant-centres. » Anelka, Henry, Benzema, Gignac, Savidan, Briand, Rémy ou Cissé ?

« Il fait partie de ceux qu’on suit depuis longtemps. Il a déjà été avec nous. Il joue la Coupe d’Europe et est performant avec son club. Il est toujours là. » Desailly, Landreau, Mexès, Sinama Pongolle ou Mavuba ?

« D’autres joueurs peuvent se révéler. Il peut y avoir des blessés. On a fait le tour des joueurs français, on ne va pas en découvrir 60, mais dire que ce sera exactement ces 28 ou 30 joueurs, je ne sais pas. Il reste encore deux mois de compétition. » Battles, Bréchet, N’Zogbia, Aliadière ou Meriem ?

« Je ne suis pas sûr qu’il soit encore à 100% de ses moyens mais je suis content de le revoir. Qu’il revienne au plus haut niveau mais pas tout de suite, qu’il attende encore un mois, ça m’ira très bien. » Gourcuff ?

« Cela reste une option, une possibilité. A gauche, dans l’axe, à droite, il fait partie de ces joueurs qui peuvent évoluer partout. C’est bien dans une grande compétition d’avoir une variété de choix. » Thuram ?

« Le 3  ne passe pas encore devant le 2. Cela se joue à un museau près en faveur du 2 (rires). » Boghossian ou Martini ?

France-Irlande : El Pipe de Oro

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A cause d’un souci technique indépendant de sa volonté, le Domenech show n’a pu diffuser sa fin surprise. Mais c’est bien terminé.

Tout le monde attendait les vérités samedi, mais l’avant-dernier épisode est toujours une merde, a priori sans rebondissement. Sauf que la victoire 1-0 en était un. Il fallait bien attendre ce mercredi pour voir la fin interdite du Domenech show, tout le monde s’est laissé endormir par une douce euphorie. Le début de semaine de préparation a été parfait, les Français disent regretter d’avoir à gérer ce 1-0 sans y croire, technique individuelle de St Ledger oblige. 1-0 et pas 2-0, rappelons-le, le plat du pied de Gignac à Dublin n’à rien à voir.

Chausse-Trap

Deux ans, quatre voire six pour certains, le travail de toute une carrière devait trouver son résultat ce soir pour Raymond. Lancer la rumeur Houiller pour le remplacer a un prix : il faut frapper plus fort. Le match aller a servi à ça, le précipice s’est éloigné en apparence mais aligner Escudé ou Squillaci, ça donne de l’élan. Deux ans à se faire critiquer sur le jeu, sur les choix tactiques, sur les leaders sabotés, sur ses foutages de gueule répétés, sur ses listes noires.

Et un match pour l’apothéose finale et totale : Gignac est titulaire, Benzema sur le banc et il ne s’échauffera jamais contrairement à Sissoko et Rémy. Gourcuff est sur la pelouse, pas Zidane, la France joue à 10. Govou et Malouda seront là pour jouer les héros, au cas où les jeunes stars françaises n’auraient ni le niveau ni le talent pour être décisifs. Sinon, les deux Diarra ne récupèrent pas un ballon, Lassana finit même par copier les passes d’Abidal. Lizarazu aura beau répéter mille fois que pourtant, « ils jouent tous la Ligue des Champions », Escalettes est toujours président de Fédé. Derrière, Gallas profite de l’occasion pour révéler son terrible secret : il n’a pas les épaules pour être un patron, c’était donc des épaulettes en polystyrène sous son maillot et il ne les a pas prises, une fois de plus. Heureusement, Squillaci est là, non c’est pas une vanne. France-Bulgarie n’est plus si lointain, le souvenir se rapproche et finalement, ce n’était pas un si mauvais match. La France est derrière son équipe, le public siffle, et Astorga s’étonne : « Tout le banc français est nerveux mais Raymond Domenech a l’air très tranquille. »

Thierry l’affront

Ce que les Irlandais n’ont pas prévu, c’est l’imprévisible. Avoir beaucoup d’occasions, ça ne leur arrive jamais, marquer deux buts c’est très rare, comment savoir ce qu’il faut faire ? Trois duels avec Lloris ne suffiront pas, le gardien français a beau être traité de Barthez, même Coupet aurait pu toucher la balle. La suite, c’est une prolongation de la peur pour l’Irlande qui a foutu en l’air toute seule sa qualification et c’est aussi l’arbitre qui arrête sa carrière en pleine prolongation. Henry s’appellerait presque Diego s’il savait encore dribbler, il ne sait plus que tricher, c’est toujours ça de plus que les autres. Gallas passait par là. De rage, Domenech félicitera les Irlandais et dira à Astorga qu’il n’a jamais eu peur. Astorga ne lui parlera pas du match. Escalettes peut se représenter.

Pendant ce temps-là Papy courage veut oublier ce match et s’en servir pour l’avenir. Alors on oublie ou pas ?  Pas gâteux du tout.

Vous avez posé vos questions sur equipe.vestiaire@yahoo.fr

Le Trap est-il le meilleur entraîneur ou un escroc ?

Difficile à dire. Domenech et Laurent Blanc n’ont pas le même avis.

Est-ce que Gignac a le niveau ?

Vous avez vu le match.

Gourcuff est-il entré en jeu trop tôt ?

Vous avez vu le match.

Quand même, à quoi a-t-il servi sur le terrain ?

C’est un vrai beau gosse.

Pourquoi la France n’a-t-elle pas pu mettre son jeu en place ?

Amusant.

C’était une vraie question. Vous pensez qu’il n’y a pas de jeu ?

Revoyez tous les matches.

Mais alors, qu’est-ce qui reste à une équipe à la dérive pour s’en sortir ?

Son gardien, le pied droit de Duff et l’arbitre.

Est-ce que ça servait à quelque chose de poser des questions ?

Non.

Domenech Show : Féroé de coups

drone

L’équipe de France s’est retrouvée. Elle s’est dégoté un buteur, elle en a mis 5 contre les Féroé, les barrages ne seront qu’une formalité. Les quoi ?

Alors que la saison 6 du Domenech show approche de la fin, c’est le traditionnel break des 2/3. Avant l’intrigue finale, les producteurs ont choisi de mettre un peu d’amour après la violence. Du cul, des larmes, du sang, la recette du succès. Hollywood veut une happy end, mais la FFF a la main, pourquoi pas un suicide ?  En attendant, tout le monde est heureux : d’abord les Féroé là-bas et l’éclosion du grand Gignac pour arracher la victoire, ensuite la Roumanie, le jeu retrouvé qui permet d’arracher le nul et les difficultés du grand Gignac. Puis la bataille de Serbie pour arracher le nul et enfin l’apothéose, c’était hier soir. En face, les mêmes noms un peu Norvégiens mais pas trop quand même qu’il y a un mois, mais quatre buts de plus, que de chemin parcouru. Cette fois, il y a de nouveau des petites équipes, elles sont apparemment toutes réunies dans le même groupe. Huit points en quatre matches, les Bleus sont invaincus et peu importe si c’est pour finir à la 2e place du groupe de qualifications le plus faible de l’Histoire. La Serbie est un beau vainqueur, elle n’a perdu que 5 points contre la France, les demi-finales en Afrique du Sud lui tendent les bras. Pour la France, la terrible Roumanie est passée par là, elle ressemblait d’ailleurs à s’y méprendre au piège des Féroé hier. Domenech s’en fout, une prolongation de contrat n’a pas de mémoire.

Fidèle, le réalisateur se frotte les mains d’avoir conservé son casting initial, contre vents et marées. Toulalan a touché le poteau, un but en barrage est envisageable, il savait bien que ses cheveux blancs en faisaient le nouveau Vieira. A ses côtés, Diarra comme d’habitude mais l’honneur de la nation est entré en jeu, la polémique sur les deux récupérateurs attendra. Et Gignac traité de gros nul contre la Roumanie ? Il a donné tort à ses détracteurs hier, avec deux buts du style Ronaldo, Gerd Muller ou Djibrill Cissé, c’est au choix. Des longues courses, des frappes de toutes ses forces pas si souvent cadrées que ça, des passes dans le dos quand il décide d’en faire, ce sont effectivement des indices. Karim Benzema va encore grossir un peu son boulard, mais avec quasiment le même bilan en dix minutes, et délesté de deux passes décisives par la promptitude d’Henry et Anelka, ce serait une terrible erreur. Il a beau avoir réussi à faire marquer Anelka, ce que beaucoup ont tenté en pure perte hier, ça ne change rien : le Real prépare déjà les papiers d’échange entre Benzema et Gignac. Domenech avait donc raison depuis le début.

Pendant ce temps-là, Domenech pourrit la gueule d’un pauvre Féringien un peu trop agressif, chambreur et violent à son goût. Pourtant il n’a pas de moustache.

France-Roumanie : Escudé du peu

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S’il fallait un match référence, il est arrivé. Un but encaissé, un marqué, face à la Moldavie. La finale de la Coupe du Monde n’est plus très loin, les barrages encore moins. L’Espagne malgré ses cinq buts enfilés aux Belges seront-ils au rendez-vous ?

Une fois n’était pas coutume, production et réalisation s’étaient chargées main dans la main du teasing. Papy Courage avait promis de l’épouvante, Raymond des occasions manquées. Tout avait été dit en conférence de presse, il ne manquait que le titre de la pièce. Les plus optimistes se prenaient à rêver, et si Israël jouait en jaune ?

Le défi était toujours le même : mal jouer avec les meilleurs joueurs du monde et si possible ne pas gagner. Comme d’habitude l’adversaire avait été choisi avec minutie : une fois de plus les Iles Féroé. Pourquoi changer un scenario qui marche,  les téléspectateurs ne s’en lassent pas encore. Du classique donc, mais si la machine est rôdée, le direct peut toujours apporter des surprises.

Cluj on est de fous

Raymond Domenech savait donc ce qui l’attendait. Un an qu’il préparait ce rendez-vous si crucial. Tout le monde se doutait et lui le premier que la Roumanie au Stade de France serait le point d’orgue de la qualification directe. Il avait même eu cette subtile reflexion qui ensuite lui avait semblé absurde : « Si on gagne pas, le vieux est capable de me foutre dehors. » En effet c’était absurde, d’une part le vieux est gâteux, d’autre part pourquoi virer un type incompétent, détesté de tous, qui ne respecte rien ni personne, qui se fout de la gueule du monde, qui n’a aucun résultat sur le terrain et qui surtout n’en a jamais eu.

Raymond en personne ne comprend pas bien cette attitude de Papy Courage à son égard, qui le maintient coûte que coûte. Mais la question ne se pose plus, mieux, Papy Courage à son tour se fout de la gueule du monde. Il faudra gagner les 4 avait-il clamé, avant de remplacer le « il faudra » par un « on va » il y a deux jours. La voyance aussi est art difficile. Il y a un an, il lui fallait 5 points en 3 matchs, Domenech en avait 4. Pas grave, rater les objectifs c’est ce qui fait le charme de Domenech. L’humiliation de l’Euro ? Echouer c’est aussi ce qui fait le charme de Domenech. Les meilleurs joueurs du monde qui ne savent pas jouer ensemble et faire la différence ? Savoir mettre mal à l’aise et faire n’importe quoi c’est ce qui fait le charme de Domenech. La France absente de la Coupe du monde 2010 ? C’est ce qui fait le charme de Domenech mais ça faisait moins celui de Houiller, Platini et Michel.

Escudé-le

Le doute chassé de son esprit moqueur, Domenech pouvait filer le coeur léger vers le deuxième épisode de la sixième saison de son show. Gagner de justesse face à des équipe de merde, il l’avait déjà fait plusieurs fois. Faire match nul, il n’avait plus connu ça depuis la Roumanie. Le destin est parfois malicieux. Mais attention, un match nul doit se faire avec la manière car cette fois on ne pourra pas se cacher derrière le bilan comptable qui est le plus important, ou derrière le public qui n’est pas gentil. Cette fois avec un seul point et une qualif directe enlevée, il faudra retenir le positif.

Et le positif c’est un gardien serein. Après Landreau, mais c’était pour rigoler, après Frey, Coupet et Mandanda, Lloris pouvait à son tour  confirmer qu’être le meilleur gardien français ne suffit pas pour le haut-niveau made in Domenech. La charnière avait été reconduite pour la première fois depuis cinq matches. Rappelons qu’il y a Gallas dedans, et qu’il ne sera pas le plus nul. Au milieu comme d’hab, la star madrilène associée à un Roumain ou quelque chose du genre, quoiqu’il en soit un type pas très bon. Devant, après avoir echafaudé son schéma tactique avec Benzema toute la semaine, l’avant-centre du Real est allé rejoindre le banc de touche. Les Chypriotes qui avaient prévu un plan anti-Benzema en ont eu pour leur argent. La presse locale avait prévenu que leur principal allié serait Domenech. En même temps c’était pas dur à deviner. Le reste c’est Henry qui arrêtera quand il l’aura décidé, Gourcuff, Gignac auréolé de ses deux bonnes perfs contre l’Azerbaidjan, et Anelka qui n’a plus joué en bleu depuis l’Euro 2000. Au final, hormis l’attaque, le milieu et la défense, la formation de départ est ce qu’il pouvait faire de mieux. Domenech est confiant, comment une équipe qui ne fout rien depuis 2 ans pourrait-elle écraser la Roumanie ? La première mi-temps aurait pu lui faire peur. Onze joueurs seuls sur le terrain pour une attaque défense, ça rappelle beaucoup de mauvais souvenirs à Raymond. Il sait que ça finit toujours par marquer. Il n’a pas tort.

Kostadinovescu

Anelka rate tout en un quart d’heure, l’histoire ne peut pas mieux commencer. En mal de stars, Domenech a invité Gignac en guest-star, il ne le décevra évidemment pas. La fin de saison approche, l’intrigue est touffue : on sent de la nouveauté, il y a des occasions avec le consentement des Roumains battant pavillon maltais. Tout n’est pas nouveau, Sagna et Evra s’échangent des ballons au-dessus de la surface roumaine, Anelka multiplie les centre tir, ses partenaires et le tableau d’affichage ne sauront jamais vraiment si c’est l’un des deux. Le gardien arrête tout, la transversale s’en mêle, Domenech prépare déjà son « Comment peut-on faire pour arriver à les mettre au fond ? » pour Astorga à la mi-temps voire mieux si affinités. La loi des séries, elle dure depuis le début des éliminatoires. Rassurant, l’inefficacité chronique est la marque des grandes équipes. Le public est captivé, il oublie même de siffler à la mi-temps, Domenech et Gignac sont pourtant sur la pelouse. Les joueurs de Cluj et Timisoara rentrent au vestiaire en riant.

0-0, plus que 45 minutes à tenir, Raymond revient sur le terrain avec le sentiment du travail bien fait, d’ailleurs il le dit. Il rit d’Astorga, Astorga rit de lui, et Gignac est toujours là. Manque de bol, Malte craque sur un corner, Henry rappelle soudainement qu’il ne joue pas en Ligue 1 depuis une décennie. Il faut un héros, Domenech croise les doigts, Escudé les pieds et le miracle se produit. Les premiers sifflets empêchent Papy Courage de ronfler, Ginola hurle sa joie. Il reste pourtant 40 minutes, il va falloir tenir bon. C’est l’heure du coaching.

Gignac sort, Ribéry entre et pousse Anelka dans l’axe. Il ne paraît pas vraiment meilleur mais mieux vaut s’assurer qu’on ne le verra plus jusqu’à la fin, Benzema rentre et Anelka repasse à droite. Gourcuff sort, c’est bien connu, la France est toujours meilleure sans vrai créateur. Ribéry coulisse en numéro dix, il a passé son été à dire que ça l’emmerde, les quinze dernières minutes sont garanties à vie. L’armada est enfin au complet, elle n’était pas titulaire. Benzema a une occasion en or de se révéler, mais le scénario est trop bien ficelé. Il n’aura pas une seule occasion, la France et quelques téléspectateurs l’entendront dire que les occasions il faut les mettre, mais de qui parle-t-il donc ?

« Ce n’est pas une desillusion, c’est une déception. Comment on peut faire pour arriver à les mettre au fond ? Ca va finir par arriver, c’est pas possible. » Astorga a beau repasser la bande, Raymond est bien en train de sourire.

Finalement, le monde est unanime, le monde français du moins. 35 minutes correctes sur 90 minutes durant lesquelles aucun but ne sera marqué. Un match nul désastreux pour l’avenir, et la Roumanie qui aurait même pu plier le match. Tout va bien, il faut retenir le positif car les trois points sont pas là. Mais pour Papy aucun problème « si on joue comme ça, les barrages c’est gagné« . Personne ne lui a dit que 1-1 ça compte pas pour une victoire.

Titi et Camara

Lloris : Toujours aucun but encaissé par les adversaires. Il aurait dû se méfier, à l’entraînement Escudé joue avec les remplaçants

Sagna :  On attend toujours sa première passe décisive en équipe de France.

Escudé : On a jamais su lequel de Julien ou Nicolas était le joueur de foot.

Gallas : Son meilleur buteur ne dépasse jamais la ligne médiane, Wenger doit halluciner en observant le coaching de Domenech.

Evra : Lizarazu lui a pas dit qu’on pouvait travailler les centres.

Toulalan : Blanc pourrait bien s’en passer pour les barrages.

Diarra : Gourcuff était là pour l’empécher de tirer.

Gourcuff : Encore un match décisif où il ne l’est pas.

Gignac : On sait pourquoi il a rendu Elmander indispensable.

Anelka : Contrasté contre les Féroé, nul samedi soir, place à la Serbie. 

Henry : Il accepte encore de venir, c’est déjà bien. Le seul à continuer à jouer malgré Domenech.

Escalettes:  «Et je répète que même s’il faut qu’on se qualifie par les barrages, c’est la mission de Raymond Domenech et il faut qu’il aille au bout et il ira au bout». On a lui a toujours dit qu’il fallait croire le plus possible à ses rêves pour les voir se réaliser.

Domenech Show, Saison 6, épisode 1 :
Le Raymond de minuit

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4 buts marqués, 3 buts encaissés en 2009. Aimé Jacquet faisait à peine mieux au début 1998. Au détail près que son équipe ne perdait pas. Mais le bilan est-il si important ? Apparemment, pour Papy Courage, ça le devient. Voici la sixième et dernière saison du Domenech Show.

C’est l’histoire de l’avant-centre du Real Madrid, du meilleur joueur d’Allemagne, du nouveau Zidane, de l’ailier du Barça, de l’ailier de Chelsea et du meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Tous avaient été réunis dans une splendide équipe d’Europe pour affronter la plus faible équipe du monde. Pour ce match exhibition, il fallait du spectacle, qui dit spectacle dit audience, qui dit audience dit Domenech show. Raymond Domenech avait donc été chargé de faire son boulot. Créer du supense là où il n’y en a aucun, voire rendre la rencontre équilibrée, sans que personne ne bronche. Un sélectionneur débarqué en pleines qualifications, ça ferait désordre. Une idée bien étrange, fait remarquer Henri Michel. Et un sélectionneur débarqué après un Euro désastreux, interroge Jacques Santini ?

La nuit de l’Higuain

Comme toujours on peut faire confiance à Domenech, comme toujours le destin est à son service, Thierry Henry ne pourra pas jouer. La logique s’impose, c’est la star du TFC qui le remplacera à la pointe de l’attaque. Le choix n’est pas si con : vierge avec les bleus, il n’a même pas marqué lors de la première journée, alors que Sverkos, Remy et même Giuly se sont fait remarquer. Avec un peu de chance il n’en plantera pas plus d’un, se dit-il. Une fois de plus Raymond n’a pas tort, encore moins lorsqu’il fout Anelka à côté. Son dernier bon match à ce niveau c’était il y a moins de dix ans, son championnat n’a pas repris et contrairement à Benzema, il n’est pas devenu indiscutable durant l’intersaison. Le reste c’est du classique, le fameux millieu de terrain à double entrée pour bien museler les terribles ferugineux et bien sûr une nouvelle charnière, la quatrième en quatre matches, cette fois ce sera Gallas-Escudé. Un rêve éveillé. Une précision au passage, Gallas n’est pas le fils, le neveu ou un petit cousin du Gallas retraité, c’est bien celui du Chelsea 2001.

Gallas ça tiraille

Mais Domenech ne peut pas tout faire tout seul. Il peut brouiller les pistes en changeant joueurs et système de jeu à chaque rencontre, se faire détester par la plupart des sélectionnés, Govou n’était pas là, il peut rendre les meilleurs mauvais mais après il faut y mettre du sien. Toulalan a compris, en plus d’être nul tout le match, il va finir avec le plus grand nombre frappes, et non cadrées faut-il le préciser ?, se demande Robert Budzynski.

Anelka n’en fout pas une, Gignac paraît soudainement bien moins efficace, sans doute l’effet Benjaminsson. Grâce à l’accident de la 43ème, le nouveau Papin du pauvre a soigné ses stats et Domenech a fait la gueule. 1 but toutes les 4 sélections, ça peut faire deux buts en fin de carrière. Pour la première fois Danielsen s’est créé une occasion en match international, en face c’était pas si Malte quand même. Ribery est rentré, pas Benzema et pourtant Domenech s’inquiète. Il n’a pas forcément raison, que la France se qualifie ou non, il sera toujours là, car c’est l’homme de la situation, mais bizarrement, la touche de la 92ème a fait peur à tout le monde.

Lass des as

Lloris : Sur ses dégagements, il n’a probablement pas compris que la consigne de jouer au sol s’appliquait seulement aux joueurs de champs. Sur ses contrôles, il n’a probablement pas compris que faire comme Bousmong pouvait finir par être dangereux.

Sagna : Ses perles feraient marrer Taribo West, ses centres aussi. A force d’entendre qu’il est le meilleur latéral d’Angleterre, on va finir par ne plus le croire.

Gallas : Logiquement capitaine et titulaire, vu qu’il est le dernier champion du monde sur la feuille de match. Il n’est pas champion du monde ?

Escudé : Comme son compère de la charnière centrale, il a préféré laisser partir l’attaquant des Féroé seul au but en première mi-temps. Dommage, Sagna et Evra avaient décidé de couvrir.

Evra : Féroé ou Brésil, il joue pareil : de l’intensité, des coups et des centres qui n’arrivent jamais.

Toulalan : Il n’avait aucune chance de faire la même chose que Diarra et allait forcément marquer avec sa grosse frappe. Ca s’est vu.

Diarra : Quitte à faire comme Toulalan, autant essayer Alou, ça peut marquer sur coup de pied arrêté.

Anelka : Le fils prodigue de Domenech. Il avait décidé de tout rater et s’y est tenu. Des frappes écrasées dont il a le secret. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le remplaçant de Drogba à Chelsea.

Gourcuff : Zidane ne marquait pas contre les petites équipes. Il était même souvent assez mauvais.

Malouda : Passeur décisif, il est celui qui a le mieux compris comment jouer : en écartant au maximum le jeu. Ne plus écouter Domenech ça sert, il ne sera pas titulaire longtemps. Il a même réussi deux centres, bon ratio.

Gignac : Le saboteur. Alors que la mi-temps approchait, il a fini par cadrer un tir. Jusque-là, il s’était appliqué à tout envoyer au-dessus ou sur le gardien. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le buteur de Toulouse.

Pendant ce temps-là, Bryan Kerr voit la France meilleure que la Serbie. Mais pourquoi n’entraîne-t-il que les Féroé ?

Domenech show, saison 5, épisode 8 : Super Eagle ou double bogey ?

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Avec six millions de téléspectateurs et près de 27% de parts de marché, même les épisodes mineurs du Domenech show cartonnent. Ce n’est pas vraiment une surprise, hier les scénaristes s’étaient lâchés.

Le public en était resté à ces affreuses doubles confrontations contre l’indigente Lituanie, avec l’humiliant passage Luyindula, qui faisait suite à la guignolesque prestation de Savidan. Que pouvait imaginer la production pour faire mieux autour d’un match sans enjeu ? La réponse est simple : en créer un. Le choix du stade a été effectué avec minutie, pour les médias, les instances et certains joueurs, un match en province permet en principe d’éviter les sifflets, il faut donc faire le forcing : ce sera Saint-Etienne. Personne n’ignore la rivalité assassine avec le voisin lyonnais, personne n’ignore non plus qu’il y a parfois de Lyonnais en équipe de France, la mayonnaise va prendre, chacun en est persuadé. Ils ne se trompent pas.

Au Nigéria ya pas Touré

Ensuite, pour une humiliation en bonne et due forme, il faut une équipe faible, si possible très faible. Difficile à trouver, la France n’a pas beaucoup d’adversaires moins bon qu’elle, mais surtout, entre Lituanie, Féroés, Autriche ou Roumanie, ils jouent tous dans son groupe. Un rapide coup d’oeil sur les huitièmes de finales de la Coupe du monde 2006 permet de se rendre compte qu’il faut se tourner vers l’Afrique ou l’Asie. Pour ne pas être suspecté, on va éviter le Mozambique, le Burkina, la Zambie, un rapide coup d’oeil sur les quarts de finale de la CAN indique que le Nigéria serait le coupable idéal. La production est exaucée au-delà de ses espérances, les Super Eagles se déplaceront avec leur équipe A’  et leur entraîneur-joueur Nwanko Kanu.

Evra naissance

Le troisième élément d’un Domenech show réussi est bien évidemment la sélection du chef. Et il y a, là encore, peu de chance de se tromper quels que soient les joueurs. La France a livré son dernier bon match contre l’Italie aux éliminatoires de l’Euro, c’était il y a 3 ans. Mieux, c’est le moment de faire des expériences. Dans les buts, il sait bien que Lloris est meilleur, autant attendre les barrages pour l’aligner, il pourra pas être pire que Mandanda. Pour le reste, il faut voyager quelques  jours auparavant. Le grand chef annonce qu’il va aligner les meilleurs joueurs du moment, qu’il va concocter les meilleures paires. Le public n’en peut plus, son attente sera récompensée. Raymond va donc tenter une nouvelle charnière issue du même club, plutôt logique pensera la presse. Pendant ce temps il pourra conforter son équipe type. Evra qui ne connaît toujours pas le sens du concept « haut niveau » sera aligné, comme l’indéboulonnable Fanni qui continue de croire à une blague. Qu’il se rassure, le public aussi.

Qui vieillit Viera

Au milieu, Domenech a du mal, tout le monde est à peu près au même niveau. Il se creuse la tête et visionne les cassettes que Boghos lui a préparées. Le champion du monde est d’autant plus fier de son tour lorsque le sélectionneur, inspiré par les meilleurs moments de Vieira à genou en Série A, décide de le rappeler. La production hésitera à intervenir, ça pourrait être un peu gros, tout le monde sait bien que Vieira est fini et que, comme chaque ancienne gloire, il a du mal à partir. Domenech rétorque que si le Pat diminué ne sert à rien, il est toujours meilleur que tous les autres réunis. Il ne se trompe jamais. Vieira ne servira à rien et la presse dira qu’il a été le meilleur. A côté, Diarra ou Toulalan ça change pas grand-chose, à part que le second a déjà été bon au niveau international. Domenech s’en fout, personne ne réclame Mavuba et ça le fait bien rire. Au moment de composer son attaque, il se souvient de toutes les conneries égrénées par la Fédé au moment de sa reconduction.

Une histoire à dormir Govou

Un minimum de points, une philosophie de jeu, un encadrement resséré, une communication apaisée. Il n’en a pas fait le dixième mais il est toujours là. Mieux, Escalettes voit naître une équipe tous les 3 matchs nuls, la sélection est mal barrée pour le Mondial, et elle perd régulièrement. La voie royale pense-t-il au moment de coucher sur la feuille de match les noms de Rémy, Benzema, Anelka et Ribery. Deux avant-centres, un électron libre et un inconnu pas très bon. Ça ne doit pas, ça ne peut pas fonctionner. Encore une fois, il a raison. A la mi-temps, Domenech qui en veut toujours plus, monte au créneau. Pour la première fois, il annonce que la première mi-temps est catastrophique. Le teasing est parfait, la seconde sera bien pire : la même que la première, les occasions françaises en moins. Les entrées de Gignac, pas du tout tendre pour ce niveau, de Gourcuff et Toulalan n’y changeront rien. Raymond le sait, le problème c’est lui-même. Cerise sur le gâteau, il offre à Govou le privilège de se faire siffler et d’être aligné avec Gignac et Rémy. Le Nigéria, marque, domine et ridiculise les Bleus. Le public suit et siffle logiquement l’équipe de merde qui ressemble étrangement à l’équipe de merde qui affrontait la Lituanie, celle qui a perdu contre l’Autriche et l’Argentine, fait match nul en Roumanie, celle qui était lamentable à l’Euro. Quel est donc le point commun entre toutes ces rencontres ? Que criaient donc les spectateurs à la fin du match ?

Sous le charme, David Astorga n’a pu s’empêcher de féliciter Uche pour ses qualités. Il joue à Getafe, le Nigeria tient son Sessegnon. Christian Jeanpierre, si partagé, a salué son héros : « Alors qu’on entend des Domenech démission descendre des tribunes. » Où vont-ils chercher tout ça ?

Mandanda : Il a failli se dévier le ballon dans le but, mais Squillaci veillait (heureusement ?). Le Marseillais ne s’attendait pas à avoir autant de boulot. Il lira les compositions d’équipe la prochaine fois.

Fanni : Et hop, une sélection de plus, comme disait Jurietti.

Squillaci : Difficile de le juger, il n’est pas habitué à jouer avec Escudé.

Escudé : Difficile de le juger, il n’est pas habitué à jouer avec Squillaci.

Evra : Toujours là où on l’attend. Il a mené la fronde en salle d’interview.

Vieira : On l’a aperçu à la télé après e match. Travailler au-delà de 65 ans n’est pas payé plus dans le foot.

A. Diarra : Il a dignement fêté son titre de champion de France, ça s’est vu sur le terrain.

Rémy : Il s’est démené comme un beau diable, il a tout tenté. Avec un centre réussi, des conduites de balle en touche, une reprise de volée merdique, un poteau, des pertes de balle dans son camp, un contrat à Nice, il a certainement marqué beaucoup de points pour la suite. Luyindula n’avait pourtant pas démérité.

Ribéry : A son crédit, il a couru et s’est créé les deux grosses occasions françaises du match. A son débit, il les a foirées comme il faut.

Anelka : A son débit, il a tout raté. A son crédit ?

Benzema : Il a été sifflé à chaque prise de balle, Domenech l’a trouvé perturbé. Par contre, ailier gauche, il adore.

Toulalan : Les footings, en vacances, ça fait chier.

Gignac : En Ligue 1 il avait marqué à Goeffroy-Guichard. Mais le Nigéria c’est pas Sainté et la France c’est pas Toulouse.

Gourcuff : Coupe de cheveux toujours impeccable.

Govou : Sifflé tout de suite. Un peu dur, il a pourtant promis de quitter Lyon.

Saison 5, Episode 7 : Rémy sans famille

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Six matches, deux défaites, deux nuls, deux victoires, huit buts marqués, neuf encaissés. Le bilan est flatteur, c’est celui de notre héros depuis septembre et il n’entraîne pas la Finlande. Combien devra-t-il perdre de matches pour être prolongé d’une dizaine d’années ?

On l’avait quitté après l’Argentine. « La France n’a pas démérité, il y a beaucoup de positif dans cette rencontre. » Qu’est ce qui est le plus positif ? La défaite, la défense de merde, les attaquants qui ne marquent pas de but ou les joueurs qui brillent en club, mais qui n’en touchent pas une avec du bleu sur le dos ? L’élimination se rapproche chaque jour un peu plus, Escalettes se réjouit, le public moins. Domenech est bien l’homme de la situation.

On le retrouve pour les fratricides rencontres avec la Lituanie. La première liste avait une allure étonnamment normale. Henry, Anelka, Benzema, les incontournables. Boghossian aura beau objecter que Trezeguet a repris, Raymond pense qu’il parle de la nationalité argentine. Il est beaucoup plus ennuyé pour Govou, mais la solution de rechange est toujours là : Jimmy Briand. Finalement, c’est presque classique.

Il reste le traditionnel spectateur de Téléfoot qui ne gagne plus une heure à Clairefontaine avec ses idoles, mais une sélection. Le Papin du pauvre au prénom américain dans un cimetière normand, il l’a déjà essayé, il lui en faut donc un autre. Concurrencer la Nouvelle Star, Raymond n’y avait pas encore pensé, c’est fait. Il va donc lancer un grand casting dans la France entière. De Toulouse à Nice, en passant par Lille, toutes les grandes villes vont recevoir le jury. Objectif : trouver la perle rare, aucune sélection chez les jeunes et si possible pas d’expérience européenne souhaitée. Aliadière et Le Tallec pensaient pourtant avoir fait le plus dur, mais ils ne verront pas Batard. Deux candidats se présentent en finale.

Le nouveau tzigane

L’un est un buteur précoce d’à peine 25 ans, presque une saison de Ligue 1 dans les pattes. Son profil séduit beaucoup le sélectionneur, ça lui rappelle vaguement quelqu’un, mais il sait plus trop qui. Les images de David Trezeguet, Jan Koller et Peter Crouch surgissent soudainement dans son subconscient. Auquel ressemble-t-il le plus ? Grand comme Trezeguet, il a presque le Belhadj pour débuter en bleu, à cinq ans près, il est également presque aussi bon que le géant slave ou le canonnier de Porsmouth, une sacrée carte de visite.

L’autre, c’est une petite frappe roots, voyageur invétéré, né à Martigues, avant de s’offrir une caravane, un Pau de départ, un triplé breton contre Nantes et une année sur le banc toulousain, parmi les grands. Mais il faut bien choisir : Domenech ajoute un critère, et surprise, c’est le nombre de buts qui fait la différence. Ce sera Gignac. « Cohérent », s’amuse-t-il devant la presse, unanime à souhaiter Hoarau. Raymond aime surprendre, mais quand il peut faire plaisir à tout le monde pour le bien des Bleus, ça lui va aussi. La Lituanie était l’occasion de se faire Gignac ou Hoarau. Pourquoi pas les deux et tous les autres attaquants de Ligue 1 ?

Le temps n’est pas si lointain où la France de Raymond disputa la Coupe du monde en Allemagne. Autres temps, autres mœurs : pas du tout, répond Sydney Govou. L’appelé de dernière minute joua plus que Louis Saha, qui avait patiemment bâti son statut de remplaçant dans le groupe France au long des solides matches de qualification aux Féroés. Une bien triste histoire, qui fait encore pleurer Ouedec et Djibrill Cissé. Les paris sont lancés : dans cette double confrontation baptisée « Oh la Kaunas » par Grimaldo et ses lunettes fumées, quel attaquant aura l’occasion de briller sous un maillot qu’il n’aurait jamais dû voir ? Aux yeux de Domenech, tous le méritent. C’est bien naturel, la France ne possède que Ribéry, Benzema, Henry, et donc Briand et Gignac. Pourquoi ne pas en appeler deux ou trois autres ? Plus c’est gros, plus ça passe, se dit Domenech, il a bien raison et ne va pas s’en priver.

Squilacci, la tête à toto

Domenech s’est donc passé de la nouvelle merveille parisienne pour des raisons évidentes : Papy Courage ne lui aurait sans doute pas pardonné de prendre un joueur qui vient de se vautrer en beauté contre Marseille et Toulouse. En plus, Paris, candidat au titre, prend deux taules, c’est son moment. Et soudain, la vie bascule de nouveau en sa faveur. Anelka se pète. « J’ai besoin d’un joueur de profondeur, pas de hauteur « , clamait-il le jeudi. Le lundi, Hoarau récupère son survêtement. Grisé, Domenech reconnaît qu’il ne croit plus trop à la qualification.

La chance lui sourit encore : le taulier Briand, attaquant de pointe rennais (huit buts, juste derrière le Havrais Alassane) incontournable et intouchable chez les Bleus se fait toucher et démonter le genou par Carrasso. Les médias s’emparent de l’affaire sans même se demander si l’équipe de France A’ a été ressuscitée. Domenech, qui lit un peu France Football, dit au Boghoss d’appeler Rémy Luyindula, qui joue à Paris ou Nice, il sait plus. Savidan, lui, commence à comprendre. Six attaquants, Raymond a entendu l’appel du peuple pour une équipe de France offensive, joueuse. Il alignera sûrement un 4-1-5 avec Benzema, Henry, Hoarau et Gignac dans la surface. Et même s’il préfère une seule pointe, il pourra toujours faire ses cinq changements.

Pendant ce temps-là, L’Equipe.fr relate que Domenech prône la stabilité et envisage de changer sa charnière centrale. Un journaliste, ça pose des questions ?

Saison 5, Episode 6 : Fanni paye à boire

pogne

Le Domenech show fait enfin son retour. En télévision, à l’instar d’A prendre ou à laisser, c’est la rareté qui suscite l’envie. Marc Lièvrement a bien tenté de faire autant de conneries, mais il capte moins la lumière et, surtout, il ne possède pas cet air inutilement arrogant qui sied si bien à l’ancien moustachu.

Il nous avait donc abandonné à la fin du cinquième épisode sur un résultat prometteur. Un 0-0 d’envergure face au redoutable Uruguay. Francescoli ne jouerait plus. Mais même en vacances, notre héros ne chôme pas, avec son mentor de 83 ans son aîné, prenant le temps d’enregistrer un clip voulu amusant. Il l’est. Pour Domenech, c’est une bonne occasion de faire croire au vieux qu’il s’investit dans la course à la qualif. Pour le vieux, une bonne occasion de parler Anglais, comme à la Belle époque. Sarah Bernhardt, où te caches-tu ?

Son vrai retour se déroula comme il se doit, en access, en direct sur Canal+, loin des critiques molles du féroce Guy Carlier. Raymond est allé à la baston. A chaque question son foutage de gueule habituel. Préparé comme jamais, son Mathoux de sparring partner en aurait pourtant rendu cocu Jean-Charles Sabatier. Qui a dit une fois de plus ? En deux réponses, il va plier le match.

Prendre à Fanni ce qui est à César

Apercevant Rod Fanni dans un résumé, Hervé le perfide ne manque pas de rappeler au sélectionneur que le médiocre Rennais a déjà foutu les pieds à Clairefontaine. Domenech a l’habitude de ce genre de vannes et même s’il ne connaît pas vraiment ce joueur, c’est un type qui a bien pu se retrouver un jour sur une de ses listes sans qu’aucun journaliste ne moufte. Et comme s’il avait senti que comme chaque semaine Rod serait ridicule le week-end suivant, même face au Havre, il ne s’en laisse pas compter : « Non, c’est Fanni lui-même qui s’est sélectionné, par son niveau de jeu. »

Fanni ardent

Quand il pense niveau de jeu, le maître de cérémonie de la chaîne cryptée, et de nombreuses autres soirées sans doute moins avouables, pense à Gignac. A priori, il a raison. Meilleur buteur du championnat, d’une régularité impressionnante, serait-il candidat naturel à l’équipe de France ? Domenech se fâche. « Et pourquoi pas Hoarau, tant qu’on y est ? », pense-t-il, mais il préfère s’abstenir, on pourrait le prendre au sérieux. « La Ligue 1, c’est pas la Ligue des Champions », se contente-t-il d’ajouter. D’ailleurs, Jimmy Briand joue à Rennes.

Sa plus belle réponse, Domenech attendra sa liste argentine pour l’offrir. Entre Frey, Janot, Landreau et Richert, il prend Carasso. Et en bon Lyonnais, il aime Saint-Etienne. Après avoir ruiné la carrière de Gomis, il prend Dabo, quasiment qautre matchs disputés cette saison, dans un club qui a des points d’avance sur Angers. Et bien-sûr, il rappelle Boumsong. Le chef-d’oeuvre peut continuer.

Domenech show, Saison 5, épisode 5 : Céleste et bobards

Après 2002, l’Uruguay est décidément la bête noire de l’équipe de France, un peu comme la Roumanie, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie, le Paraguay ou l’Espagne. Mais après tout, les Boliviens avaient été aussi rudoyés par cette même Celeste (2-2).

Même L’Equipe s’en est aperçu, il n’aura fallu qu’un seul match. Mieux, il n’aura fallu que 45 minutes pour que le monde entier comprenne, hypocrites inclus, que l’équipe de France est au moins aussi forte qu’à l’Euro. Constat assez étonnant après un remaniement de staff aussi important. « Mais bon sang, qu’est-ce qui cloche ? », se demande « Maître Courage » Escalettes. Hier soir, il n’y avait pourtant pas que onze nuls, il y en avait vingt-deux, mais l’équipe de France, transfigurée depuis deux matches, n’a pas réussi à développer son jeu, comme depuis deux ans. C’est quand même bête.

C’est Escalettes qui va être content. Son choix est payant. Le match d’hier ressemble à s’y méprendre aux 42 derniers de l’équipe de France. Anelka, Henry, Ribery, Benzema ou Gourcuff. Est-ce si faible que cela ? Quoiqu’il en soit, Domenech est maintenant assuré de conserver sa place jusqu’à l’élimination de la Coupe du Monde 2010. Ce n’est pas maintenant qu’il va réussir à faire ce qu’il n’a jamais su faire. En plus, Maître Courage avait vu juste au lendemain de France-Tunisie : la naissance d’une vraie équipe. Hier, c’est zéro but marqué, comme contre l’Italie ou la Roumanie. Les temps changent.

Les papinazes de Savidan

« Savidan, c’est notre nouveau JPP », lance Larqué entre deux coups de lèche de Christian. Savidan vient alors de tenter sa 32e reprise de volée. Cette fois, elle est passé à 20 mètres, ça va bien finir par rentrer. Ainsi, Papin avait 30 ans lorsqu’il a débuté en Bleu. Et il était aussi connu pour tenter des gestes ridicules sans en planter un. L’histoire se réécrit sans cesse.

Domenech n’avait pas attendu la première minute tricolore de Stèèèève pour le flinguer : « Pour Savidan, c’est ce soir… Ou jamais ». L’ancien adversaire de Ribery en National, comme inscrit sur les fiches de Christian, a compris le message : il va essayer de marquer sur chaque action. Son contrat pour le Domenech Show passe par là. Gomis en avait mis 2, comme la Ligue où il évolue désormais. Prometteur.

Défense de gagner

Les latéraux se sont mis derrière au niveau des centraux. Fanni, c’est normal : il n’a que 26 ans, jouer avec les adultes, c’était pas prévu. Pour Evra, ça va bientôt s’appeler une habitude. Et Anelka va se faire appeler David. C’est ça de réussir toutes ses occasions en club, les prestations en équipe de France se remarquent. Lancé coté gauche, il repique dans l’axe pour se remettre sur son pied droit, mais au moment de frapper, c’est la chute.

Christian, conquis : « Anelka ! A côté… C’est pas idiot, c’est vraiment pas idiot. » Astorga, en pleine émulation, a dû frapper fort. Entre trois questions condescendantes, il jette son pavé à la gueule de Vieira. Comme tout le monde, excepté Escalettes, il a bien compris que la qualification serait un chemin de croix qui conduirait à l’enterrement de la génération Benzema-Ribery. Alors, il refuse pour la première fois d’obtempérer aux consignes de sa production. Hannezo n’a pas fait le déplacement, David joue cartes sur tables : « Patrick, vous allez vous qualifier pour la Coupe du monde 2010 ? » La réponse ne serait donc pas si évidente que cela. Qu’en pense Maître Courage ?

Escalettes se souvient de l’histoire de ce club qui descendit de division avec le même effectif et le même entraîneur. Le fameux électrochoc ne vint jamais. Il y avait des joueurs, mais pas d’équipe. Il ne trouva jamais le coupable. De toutes façons, il s’en foutait, JPP était de retour.

Saison 5, épisode 4 : « Nous, on a aimé »

Qui l’eût cru ? Le troisième épisode du Domenech show a coûté sa place à l’ancien quotidien de référence du sport. Depuis, la presse a créé pire.

Le Vestiaire avait annoncé la couleur. Une équipe de France à la hauteur repose sur un numéro 10 et quand il s’appelle Platini ou Zidane, c’est encore mieux. Le succès des Feux de l’Amour a été basé sur les mariages et les manipulations de Victor Newman et de sa moustache. Celui du Domenech show repose sur les exploits de Raymond sans sa moustache. Les ingrédients sont les mêmes, plus les héros sont méchants, plus l’audience frémit. Comment Platini et Jacquet pouvaient-ils confier les Bleus à Houiller et son charisme de vendeur de chichis ?

Souvenez-vous, Domenech est en grand danger avant la Roumanie. La presse se déchaîne, sans raison évidente. Le bilan du sélectionneur ressemble à celui d’Henri Michel. Pas sa fin. Escalettes, en pleine découverte des valeurs de la témérité, prend des vacances, alors que tout le monde le croyait à la retraite depuis 15 ans. Mais Domenech n’est jamais meilleur que dans l’adversité. Contre les Libanais, il aligne son équipe habituelle, celle qui a gagné l’Euro 2008 sans Thuram.

Un 10 impensable

Dans l’équipe type, il ajoute aussi le fils d’un copain entraîneur, qui n’a jamais rien prouvé, ça se fait dans toutes les entreprises. Une humiliation de plus, ça embellit un bilan. Les 45 premières minutes renforcent encore Domenech à son poste. Il n’y a plus aucun doute sur l’issue de la future réunion du comité des fêtes. Mais 45 minutes plus tard, on s’est rendu compte que Zidane était revenu à Bordeaux. Gernot Rohr était dans le jardin en train de couper sa ciboulette pour cette délicieuse salade de tomates du dîner. Il est 21h55, ça en dit long sur sa lucidité. Domenech doit revoir ses plans. Le retour de l’homme Zidoine lui ouvre une fenêtre. Ca l’ennuie un peu : il n’y croyait plus et avait déjà prévu une sortie de secours à la mesure de l’homme de théâtre qu’il est : siffler lui-même l’hymne tunisien avec un masque de fantôme sur le visage. Il n’aura pas à le faire.

Escalettes show

Il s’appelle Jean-Pierre Escalettes. Sa notoriété, sa naissance au début du XXe siècle et son expérience du haut-niveau ont fait de lui un petit homme courageux. Convoqué par Sarkozy, après France-Tunisie, pour ses excès de bravoure au moment des hymnes, il se déclare écoeuré. Il le sera beaucoup moins quand Platini trouvera que l’idée d’évacuer un stade est stupide. Après tout, Platini a peut-être raison, comment savoir ? Peut-être dormait-il à l’instant fatidique, on approchait les 21 heures. Sa témérité se signale toujours dans les moments les plus durs. Alors qu’il envisage de virer définitivement Domenech, ce dernier est réélu triomphalement, non sans que Papy soit allé se cacher loin des caméras. Il a bien raison Maître Courage, président de Fédé, c’est tout sauf un boulot médiatique.

En plus, il n’est pas gâteux du tout. Alors que la France est quatrième de son groupe avec 4 points et sort d’un match nul face à la Birmanie, il déclare avoir vu la construction d’une véritable équipe, avant de prendre à témoin Gérard Houiller, un autre grand entraîneur. Ce n’est pas la moindre de ses qualités, car Maître Courage s’exprime plutôt bien pour un communiquant. Dénonçant avec justesse la communication de Domenech, il utilise la très charmante parabole du vinaigre sur une plaie. Alain Rey (photo) et ses amis linguistes devraient publier une étude du cas dans les prochains mois.

Escalettes chaud

Maître Courage est aussi un homme de conviction, fidèle à ses valeurs et à sa parole. En un mot, il est intègre. Après l’Euro et les palabres de son sélectionneur, il maintient Domenech en lui demandant 5 points et des déclarations sobres. Raymond a 4 points et parle d’odeur du sang et de guillotine, il est toujours là. Et si Maître Courage était bien à sa place ? En progrès, il s’entiche du cumul des mandats. Non content d’avoir ramené Kostadinov dans les couloirs de la DTN, il se permet un Euro 2008 remarquable, fait tourner son équipe Espoirs comme à l’époque de Domenech. En sus, il compte se représenter. Comment s’écrit retraite ? Si la valeur n’atteint pas le nombre des années, alors il est plus vieux qu’on ne le croit. En fin politicien, il sait calculer. Il voulait virer Domenech pour être reconduit, finalement il a changé d’avis dans un accès de patriotisme. Quant à la grève des joueurs, Maître Courage ne voulait pas en parler, fier comme Artaban, il a glissé que finalement ça ne lui disait pas trop. Le courage des opinions. Son plus bel héritage restera donc pour toujours le maintien du Domenech show.

Le rotor de Raymond

Notre héros shakespearien est donc renforcé, comme au bon vieux temps, il a les mains libres, les téléspectateurs ne vont pas le regretter. Pour sa première sélection post triomphe, ce soir, Raymond a décidé de la jouer sobre. Les attaquants tricolores cartonnent un peu partout en Europe, il n’a que l’embarras du choix : Nasri, Anelka, Benzema, Henry. Il peut aussi piocher Ben Arfa, et même Saha, même s’il ne joue plus à Metz depuis bien longtemps. La liste est sans doute trop courte. Ce n’est pas la première fois qu’il détecte un évident manque de réservoir en attaque. C’était déjà le cas en mai, il avait comblé le vide avec Gomis.

Cette fois, ses adjoints ont fait le boulot, ils lui proposent Pouget, Chapuis et même Marc Libbra, qu’ils ont aperçu un samedi aprem dans le Onze d’Europe, en plateau, pas sur le terrain, mais pour eux c’est pareil, ils ont bien raison. Domenech prend Briand. Mais la liste est encore trop courte, Le 10 sport le réclame à corps et cri, il faut essayer Hoarau. Domenech a lu quelque part qu’un jour Jacquet essaya Ouedec et comme tout le monde il ne lit pas les nouveaux torchons. Il prend Savidan. Si ce dernier avait eu l’âge d’Hoarau, lequel aurait-il pris ? Pagis ne pourra jamais en être sûr.

Boumsong-Lassana-Savidan : la colonne verte en branle

Au milieu, Vieira et Makélélé sont toujours les meilleurs, même s’ils ne jouent plus depuis deux ans. Domenech, qui est chanceux comme un cocu, et ça n’a rien à voir avec l’arrivée de Giuly à Paris, dispose en plus de Toulalan d’un sosie du Pat : Alou Diarra. Dès la coupe du Monde 2006, il avait vu la ressemblance. A l’époque, il n’était pourtant qu’une sentinelle violente du Lens pas champion de France. Aujourd’hui, il est incontournable, son retour en bleu se fait donc difficilement. Logique. C’est Lassana qui est titulaire dans les pattes de Toulalan. En vrai Praud, David Astorga a compris la subtilité : pas de question.

Enfin, coté défense, la provocation a assez duré. Domenech a gardé son poste en alignant Boumsong. Escalettes est humilié, les blagues les meilleures sont les plus courtes. Boumsong est ce qui fait de pire en Ligue 1, Raymond le sait, les abonnés de Canal aussi. Ces derniers ont eu tellement de piqûres de rappel qu’ils en sont devenus toxicos. Mais finalement, il le rappelle, en renfort. Les lois du destin sont parfois cruelles, celles du foutage de gueule impénétrables.

Anelka est redevenu le grand buteur qu’il aurait toujours dû être, comme Le Vestiaire l’y destinait. Domenech hésite encore : autour d’Henry, qui mettre : Savidan, Benzema ou Briand ?

Domenech show, saison 5, épisode 3, Roumanie-France, : Domenech a eu show

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Il lui fallait 5 points en trois matches, il en a 4. Il a perdu contre le Kazakhstan et fait match nul contre le Lichtenstein. Même Escalettes n’en veut plus. Il faut pourtant conserver le Domenech show à l’antenne. Mode d’emploi.

Jamais une émission de real-tv n’était allée assez aussi loin dans le trash. Domenech le sait, il vient réaliser un truc énorme. Placer deux de ses trois derniers matches à la tête des Bleus dans le Flop 5 des pires rencontres tricolores hors phases finales : la marque des géants. Et en plus, ça passe comme une lettre à La Poste. Mieux, il en ressort grandit. Le père Noël a été le premier à dégainer samedi soir. Le Graët a bien fait comprendre qu’il n’y a aucune raison de supprimer le sélectionneur après une telle prestation. Plus c’est gros, plus ça passe. C’est la règle d’or du Domenech show depuis plus de 4 ans. Noël a bien raison, Olivier Sauton n’aurait pas dit mieux. 2-0 au bout de 20 minutes, même Henri Michel ne s’était pas permis ça face à Chypre pour son dernier récital d’Octobre. Terminer par un match nul, Domenech a prouvé qu’il était au moins de la même trempe. Houiller a revu son bilan à la hausse, lui au moins il menait face à Israël et la Bulgarie avant de conclure son petit Chelem d’automne. D’accord, la fin est plus désastreuse que celles de ses collègues, mais était-ce vraiment l’Azerbaïdjan en face ?

Il n’y a que la presse, avec une éthique qui l’honore, qui n’a pas remarqué ce que Domenech a vu tout de suite : la Roumanie de samedi valait largement le dernier but de Papin en équipe de France ou un doublé de Leboeuf. Le journal L’Equipe a aimé, tant mieux, c’est son rôle, la presse à scandale aime aussi Secret Story. Voici le troisième épisode de la cinquième saison du Domenech show.

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Football, Domenech show : Trappe de fin

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Thiriez ne parle plus, Escalettes est introuvable, même la buvette du FC Port-Feugarolles n’a plus de nouvelles. Le feuilleton le plus médiatisé de l'histoire du PAF pourrait bientôt une nouvelle fois prendre fin, la faute à une cinquième saison un peu faiblarde. La production ne sait plus quoi inventer. L'acteur principal non plus.

On imagine déjà Christophe Rocancourt ému sur un plateau en voyant son idole, face à un Christian Jeanpierre qui n’en a rien à foutre, comme de Gilardi et Albaladejo. La soirée d’adieux à Raymond Domenech est déjà dans les cartons. Mais les réjouissances seront pour plus tard. La fin de cycle avait été baclée par Roger Lemerre : courser les journalistes sans fusil, c’est une faute de goût. Santini était définitivement une erreur de casting. Avec Domenech, le foot français retrouve son lustre d’antan : Houiller attend de remettre son survet' dédicacé par Kostadinov depuis 15 ans déjà, l'encre n'a pourtant pas encore fini de sécher.

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Football, Domenech Show : Tapie End

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La pression de l'audimat ne pardonne pas. L'émission la plus regardée de l'histoire de la téléréalité ne pouvait pas s'arrêter comme ça. Si les résultats ne rapportent rien, si les matches font chier tout le monde, au moins il restera Domenech pour faire le spectacle. Voici la cinquième saison du Domenech Show.

Souvenez-vous des épisodes précédents, le Domenech Show s'était terminé dans l'euphorie d'une nouvelle humiliation générale pour le football français et Estelle Denis. Raymond Domenech, scénariste, acteur et réalisateur du spectacle devait tirer sa révérence avec un gros chèque pour bons et loyaux services rendus à ses producteurs. C'était sans compter sur ses producteurs, justement. D'une avidité sans limite et face à l'influence grandissante prise par Secret Story dans le reality show, Jacquet et Escalettes vont orchestrer le grand retour du programme favori des Français.

Pour ce faire, les rescapés du naufrage européen apportent leur soutien sans réserve à leur créateur. Ce n'est pas une surprise, ils connaissent eux aussi parfaitement les rouages de la télé. Même Govou, sur le point de ne pas recevoir d'offre de Tottenham, sait qu'il faut lécher papa pour découvrir la Suède. Mais tout n'est pas si simple, car l'ancienne équipe de production, qui faisait elle une vraie émission de service public avec des victoires et des trophées, veut récupérer le bébé. C'est finalement le concepteur original du projet qui va trancher : Michel Platini.

Chypre au vinaigre

L'inventeur du football en France est lucide, il conseille de garder Domenech. L'objectif est ambitieux : pour lui, virer le sélectionneur en plein éliminatoires provoquera probablement la plus forte audience de tous les temps. Platini sait comment ne pas gagner, il faut lui faire confiance. En 1988, il avait lui même succédé à Henri Michel en pleine errance chypriote  et avait fait aussi bien, avant de réaliser un Euro 92 pas dégueulasse pour lancer ensuite Gérard Houiller. Sur un terrain parfaitement préparé, ce dernier n'eut plus qu'à ne pas sortir premier d'un groupe avec la Bulgarie et Israël comme plus féroce adversité. Le Conseil fédéral de reconduction se déroule sans anicroche. Escalettes n'a rien aimé de Domenech et veut qu'il change tout. Les différents représentants du foot amateur lui bricolent alors une espèce de tutelle dirigée par… Gérard Houiller. Fameux. Dominique Grimaud voulait même carrément que ce dernier reprenne l'équipe : de la trash-tv comme on n'en fait plus. Dominique Grimaud n'est pas à la Fédé, il n'est que chroniqueur dans 100% foot. C'est dans cette même émission que sera également jetée en pature l'idée d'un autre recours : Alain Boghossian. Quand l'histoire repasse les plats, c'est Ginola qui se permet cette audace. Il est malin, David. Il sait que personne n'aurait pensé à Boghossian. L'ancien criminel a raison. Bogho c'était un joueur sans épaisseur dont on se souvient à peine, et surtout il n'a jamais entraîné : c'est le candidat idéal. L'occasion est trop belle, Alain B. est catapulté adjoint de Domenech. Un débutant et un incompétent, le duo est magique. Mais il reste un doute sur la capacité de Raymond à franchir les limites imposées. Escalettes est inquiet, il ne le sera pas longtemps…

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Football, France-Italie : L’épilogue du Domenech show

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Le Vestiaire l'avait dit, le dernier épisode du Domenech show s'annonçait palpitant. Du sang, des rires, du cul : l'INA risque de le mettre vite en tête de gondole, devant l'introuvable Boetsch-Kulti.

Contrairement à ses collègues Aziz et Kenza, Raymond avait bien préparé sa sortie. Il savait qu'il devait être à la hauteur. Le foutage de gueule ultime pour le match ultime. Dès la feuille de match, il prend la mesure de l'événement. Virer des vieux : un déni de tout ce qu'il avait fait et dit jusque-là, mais aussi une réalisation tardive de ce qu'il voulait dès le début. Une cohérence troublante. Et surprise, Vieira, d'une naïveté confondante, est réservé pour les quarts. Domenech est fier de son canular : depuis deux semaines il a fait croire au grand Pat' qu'il est médecin. Résultat, c'est Evra qui a pris, Boumsong a enfin été utile en les séparant. Videur, son meilleur poste.  Mais la plus grande fierté de Raymond restera la gestion des cas Thuthu et Marcel Sagnol. Hésitant sur la forme, il choisit l'humiliation : les Pays-Bas seront leur dernier match. 98 et 2006 liquidés, il peut partir le coeur léger.

Conseils de discipline

Benzema aussi a eu droit à son entretien préalable. Domenech lui avoue qu'il l'a puni sans raison, et qu'il sera titulaire. Il ajoute comme pour se faire pardonner qu'Henry a déjà négocié des bonnes notes dans L'Equipe. L'heure du match approche, le dernier générique et il faudra retourner à la vie anonyme. Il profite de chaque instant. Mais très vite, les choses se corsent : la France entame bien le match. Coupet se met en danger dès la 3ème minute. Domenech commence même à envisager de sortir Ribéry. Il n'aura pas besoin, le sort vient à son secours, la star germanique se pète mystérieusement la cheville dès la 9e minute et doit sortir.

Raymond, apaisé, se retourne vers son banc. Gomis lui sourit, le sélectionneur aussi. « Samir, tu rentres. » Mais Domenech se met soudainement à suer. Il s'est laissé avoir par les chaussures bleu blanc rouges de Nasri. Et si ce choix était logique, voire payant ? Il doit réagir. Pour gagner le loft, il faut aussi de la chance. Elle arrive quinze minutes plus tard. Abidal a assez de lucidité pour tacler Toni par-derrière en pleine surface. Penalty, carton rouge: Nasri a terminé son Euro. Domenech se retourne alors un nouvelle fois vers son banc, Gomis lui sourit encore, le sélectionneur aussi, Thuram enlève son survêtement. « Jean-Alain, tu rentres. » Tout rentre dans l'ordre. L'Italie se créé une occasion à chaque offensive, la France ne fait plus rien. A la mi-temps, il n'y a déjà plus aucune chance.

Conseils de classe

La seconde période lui permet de répéter son speech final. Quasiment aucun centre, aucun jeu latéral, pas de quoi s'inquiéter. Les joueurs sont au diapason : Coupet tente un plongeon pour éviter un six mètres. Inutile, Henry dévie le ballon dans le but. Il faut enfoncer le clou, Domenech sort Govou, mauvais mais seul ailier, pour Anelka, repositionné entre Makélélé, Toulalan, Benzema et Henry, plein axe. Il touchera treize ballons. Domenech encourage l'arbitre, pressé d'entendre les trois coups de sifflet. La France a réalisé le pire match de son Histoire, le France-Danemark de 2002 n'est plus qu'un bon souvenir.

Pendant que Coupet demande un autographe à Buffon, Domenech blague avec l'arbitre. Il faut évacuer la pression, le grand moment se rapproche. Il doit être grand, il sera énorme. « Je suis fier, j'ai vu une belle équipe de France. » L'audience frémit, difficile de faire mieux. Il le peut et le fait : « J'aurais dû dire qu'on préparait 2010 ». C'est au moment le plus émouvant de sa carrière qu'il passe le bonjour à Ibrahim Ba : « Je n'ai qu'un seul projet : c'est d'épouser Estelle. C'est aujourd'hui que je lui demande vraiment ». Un grand restaurant, une banderole à un avion, pour demander en mariage, c'est du déjà vu. Autant prendre en otage des millions de téléspectateurs médusés. Sa promise lui fait les yeux noirs. Quelques instants plus tard, tout sourire, il réitère sa demande, la main non pas sur le coeur mais sur la cuisse de Nathalie Renoux.

Le 3 juillet, le Domenech show sera officiellement terminé. Même s'il a fait moins bien qu'Houiller, il a fait mieux que Lemerre ou Santini et semble irremplaçable pour Jacquet. Pourtant, il a bien quitté le loft et lors de sa sortie hier, les conneries étaient les mêmes que durant quatre ans. Et si ça n'était pas un acteur ?