Pellerin, Muffat : Le silence de l’Agnel

 Il y a quelques semaines, le Vestiaire vous avait présenté le fruit de sa très belle enquête sur un Pellerin dont le bâton servait surtout à rosser ses ouailles. Cet article avait provoqué une controverse plus vue depuis le fameux « Plus Joly tumeur » où notre spécialiste vélo contait la maladie la plus répandue du monde cycliste, entre la mort subite a 20 ans et l’arrêt cardiaque à 25 : le cancer à 30.

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Le Vestiaire parlait alors en des termes choisis de l’entraîneur de Yannick Agnel à qui son dauphin reprochait son manque de tendresse lorsqu’il récurait ses chiottes ou un truc du genre. Beaucoup avaient alors répondu que Yannick avait changé, mais personne n’était vraiment venu contredire le seul propos de ce papier : le comportement limite de Fabrice le guérisseur. Personne ne s’était non plus réellement interrogé sur le management et la personnalité de Pellerin en dehors de notre spécialiste et d’Agnel. Fabrice restait cet entraîneur de génie victime de la crise d’adolescence d’un de ses gosses les plus doués. On pensait la hache de guerre enterrée à jamais jusqu’à ce week-end de début de mondiaux où le fameux Fabrice, coach de l’autre star française de la natation Camille Muffat a choisi de s’en prendre à tout le monde, la fédé, Agnel et son agent qui s’occupe aussi de sa protégée. Le timing est parfait, les cibles on ne peut plus claires : ça fout la merde. Alors comment interpréter les actes de Pellerin ?

Serions-nous face à la riposte d’un homme blessé, abandonné de tous et lynché ?  Théorie séduisante. Sauf qu’il n’a été abandonné par personne à part Yannick Agnel. Et jusqu’à preuve du contraire, Agnel n’était pas le père adoptif ou le tuteur de Pellerin, ni son esclave ou sa vache à lait. Une de ses poules aux oeufs d’or tout au plus. Pellerin dont la réputation est frolée place habilement le curseur sur la fédération qui n’a pas désavoué le choix d’Agnel. Car pour Pellerin, Agnel aurait sans doute dû être enchaîné ad vitam eternam à Nice, son bassin, et ses retraités. Ou comment transformer en crise nationale, un simple conflit de personne. Pellerin est sans doute blessé mais pas davantage que Bernard Tapie qui s’étonnait que son nom soit devenue une insulte après qu’il eut passé sa vie, selon les rumeurs ou la justice au choix, à tricher, mentir et pourquoi pas voler. Pellerin n’a ni triché, ni volé, ni peut-être menti, mais il a sans doute été au minimum extrêmement maladroit pour utiliser un euphémisme. On récolte ce qu’on sème. Et s’il n’était qu’un homme blessé avec ce brin d’humanité et de professionnalisme qui le caractérise, aurait-il mis le feu au moment où sa protégée entre en lice ? On ne peut pas dire n’importe quoi, n’importe quand, au risque de finir par ressembler à ce que l’on est vraiment.

Les plus éminents psychiatres de notre temps se demanderaient ce qu’aurait fait un pervers narcissique manipulateur dont l’égo a été froissé dans un tel cas. Si Fabrice Pellerin faisait partie de cette catégorie de personnages omniprésents dans notre société comment se serait-il comporté si l’un des ses élèves avait souhaité se séparer de lui en révélant publiquement sa véritable nature ? Il aurait d’abord évoqué l’indifférence, puis il s’en serait pris doucement à son protégé qu’il aime tellement, puis beaucoup plus violemment à son protégé qu’il aime tellement car il ne supporterait pas que son image n’ait pas été lustrée et que son protégé qu’il aime tant n’ait pas été voué aux gémonies et lui réhabilité. Il ne reste qu’une seule question ? Même si Yannick Agnel avait pété les plombs ou avait été influencé pensez-vous qu’un entraîneur qui veut le bien de son élève s’en prendrait aussi violemment à lui quitte à nuire à tout le monde dont ses propres athlètes ? Ou l’a-t-il fait uniquement pour sa gueule ?

Qu’est ce qui met le plus en péril la natation française ?  Le départ de son champion à l’étranger car officiellement il ne trouve pas son entraîneur assez empathique ou l’entraîneur qui s’en prend publiquement à tout le monde car on a osé critiquer son humanité ?

 

Lemaitre : La feuille de Marie-Rose

« Notre champion Teddy Tamgho ne s’était pas trompé en pronostiquant Taylor dès cet après-midi. » Bravo Teddy.

On ne savait pas trop si sa moustache était une coquetterie ou une négligence : on sait. Luyat a vite repris la main car la jeune Harnois disputait le bronze en taekwondo : ainsi s’est terminée l’aventure olympique de Christophe Lemaitre, puisque le relais ne sera comme d’habitude qu’une histoire de Pognon. Les longues secondes passées avachi sur le tartan à hausser les sourcils sans respirer et à demander son temps à son ami imaginaire, qui était juste là à côté sur la piste, ont eu raison du cheveu sur la langue. Qui sert toujours à dire « j’ai pas tout mis en demi-finale, j’ai eu ce que je méritais », et qui décomplexe aussi Montel au moment de dire « connaissant Christophe il est très déçu mais parler comme ça à Nelson c’est une attitude très digne ». Et plus ou moins obligatoire aux JO : ça vous classe un gentleman.

Rasta moustache

Mais le cheveu a ses limites. Cette fois, Bolt n’est pas venu déconner, on n’a pas eu de plan sur le sémillant Pierrot Carraz et son pote, car c’est seulement aux Europe. Jimmy Vicaut n’a pas pu montrer à la télé à quel point ses yeux sont asymétriques pour célébrer la course du grand Maitre. 20’’19 en finale après son 20’’03 en demie, ça fera au moins plaisir à la DTN : Lemaitre a tellement de prédécesseurs que le sprint français a, en fait, formé des dizaines de phénomènes du sprint français. Une vraie fabrique de nuggets mais les nuggets ça a jamais été français. Et quand on sait comment les manger sans que tout le monde ne voie la tache de sauce, on peut même faire 19’’84 en finale et finir devant ce nul de Spearmon. Mais Lemaitre ne saurait se moquer de celui qui lui a volé la 2e place de la demie. Elle était relevée, la demie, et puis le choix de ne pas doubler 100 et 200 était le bon, et puis des échos qu’on avait il était en super forme Christophe. L’Equatorien n’a pas résisté à sa dernière ligne droite.

On a quand même pu découvrir que le consultant taekwondo de France Télé s’appelle Vo. Ou Romera ?

Championnats d’Europe, Barcelone : Bondé Barras

Que retiendra-t-on de Barcelone 2010 ? Que la France a figuré comme à chaque fois depuis 20 ans, excepté 98, dans les quatre meilleures nations du continent ? Que même l’Azerbaïdjan a chopé du bronze ? Que Patrick Montel est capable d’attendre les 10 derniers mètres d’un 200 pour apercevoir qu’il y a quelqu’un au couloir 8 ? Ou rien du tout car rien n’a changé, si ce n’est le DTN qui a su faire oublier qu’il n’avait pas été le plus grand lutteur de l’histoire.

8 médailles en 2006, 18 en 2010. Cherchez l’erreur. On dirait plus du double et pourtant c’est pareil. Comme d’habitude à l’issue des championnats d’Europe d’athlétisme, la France repart avec ses plus fols espoirs. Comme d’habitude, les dix médailles étaient l’objectif, comme d’habitude en faire moins de quinze eut été un échec. Cette année, ç’aurait même été carrément scandaleux. D’ailleurs, à part les deux ou trois surprises, chaque médaillé devait l’être, même Gomis. En 2008 et 2009, la France n’avait pas réussi à faire rentrer ses espoirs en Chine et en Allemagne, et ce même si l’espace Schengen est aussi en vigueur à Berlin. L’athlétisme tricolore va donc plutôt bien, surtout quand un 200m se court en plus de 20 secondes, ou qu’un décathlon se gagne à 8400 points. Ce monde merveilleux est un continent qui s’appelle l’Europe.

Le Diagana du vide

D’aucuns concluraient que c’est tout de même un vrai championnat et que la gagne s’apprend partout. Mehdi Baala le croyait aussi en son temps, sa fonderie d’or a depuis fait faillite. A croire que le plus haut niveau n’est pas qu’une question de performance mais aussi d’attitude. De là à dire que les Europe ne servent qu’à garnir des palmarès qui autrement seraient aussi fournis que les sauts de Dossevi au dessus de 5,80m, ce serait abusif. Car Diagana a été champion du monde, Pérec aussi. De là à dire que les Europe ne préparent absolument pas aux compétitions planétaires autrement plus difficiles à appréhender sur tous les plans, le serait un peu moins. A Berlin 2009, seuls la Russie, la Pologne, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Norvège, l’Espagne et la Croatie avaient devancé  la France. Ah oui, la Slovénie était aussi devant.

Le championnat d’Europe n’a jamais été aussi fort et le niveau mondial aussi faible. Perche, Soumaré, 3000m steeple, relais, Diniz, Tamgho : ça fera dix médaillables possibles au Mondiaux, donc six maximum. Vivement la nouvelle ère, se disent Arron, Pérec, Diagana et Doucouré.