Mondiaux : Lacourt des pelles

S’appeller Camille fait-il de vous une gonzesse ?

Il n’y aura pas cette fois de descente triomphale des Champs-Elysées. Les bus à impériale ne roulent pas sous la neige. La France a pourtant confirmé à Dubaï sa domination européenne de l’été : avec deux médailles d’or de plus, elle aurait même pu devancer la Russie et l’Espagne au classement des médailles. Mais qu’a donc pris l’organisation de couper le bassin en deux ?

S’ils avaient su, nos Français auraient pu profiter de leurs derniers entraînements pour ne pas travailler leurs culbutes qu’au fond des vestiaires. Camille Lacourt aurait aussi sûrement évité de se prendre le mur à la sortie de sa coulée, mais on lui pardonne : y a-t-il au monde un petit bain à la hauteur de son talent ? A quoi pouvait donc bien penser notre spécialiste hockey subaquatique quand il nous rapportait, au mois de septembre, les propos pleins de modestie du beau blond marseillais ? A sa quatrième place du 50 m dos ou à sa quatrième place du 4×100 m 4 nages, lancé en rattrapé ? Dieu et Valérie Bègue seuls le savent.

Gilot pété

Heureusement, Yannick Agnel a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui. Michael Phelps a d’ailleurs tellement eu peur du Michael Phelps français qu’il n’a pas voulu nager le 200 m de Dubaï. Ca fait au moins un point commun entre les deux. Le Ian Thorpe niçois s’est quand même rattrapé sur 400 m en finissant dans le même temps que le double champion d’Europe Sébastien Rouault. Excusez du peu.

On en oublierait presque de tirer les autres enseignements de cette belle semaine émiratie : Amaury Leveaux a conservé sans forcer son record du monde du 100 m ; Fred Bousquet a enfin soigné soigné ses hémorroïdes et Hugues Duboscq est toujours là dans les grands rendez-vous. Faut-il par contre à Alain Bernard se prendre une claque en relais le premier jour pour sortir quelque-chose en individuel ou est-ce le sable qui a fait ressortir son asthme ? Alexianne Castel et Fabien Gilot ont bien une petite idée, mais Cesar Cielo n’a jamais entendu parler d’eux.

Pendant ce temps-là, Manaudou a frappé fort pour son retour. Mais pourquoi donc a-t-elle pris le même prénom que Lacourt ?

L’Edito : Jingle brêles

Marcel-Picot et l’Olympico sont sur le même bateau. Qui tombe à l’eau ?

« Qui aurait cru que sans Cris, sans Toulalan, sans Gourcuff, Lyon serait aussi compétitif ? » Même s’il ne lit pas assez souvent Le Vestiaire, Christophe Dugarry peut donc parfois être très pertinent. Ainsi, Lyon n’est plus l’équipe qui prenait des buts et ne savait pas tenir un score aperçue ces derniers mois. Comme il n’y a pas tant d’occasions de s’enflammer que ça en Ligue 1, les Marseillais ont aussi donné le change, loin de leur image d’équipe sans organisation ni rigueur avec Gignac pour finir les actions.

Pertinent, Tigana l’est aussi, puisqu’il a découvert que Jussie habitait encore en Gironde. Tout la rocade se prend à rêver que Bordeaux s’équipe d’une défense et d’une attaque. Pertinent comme Jose Mourinho, qui n’est pas du tout en train de perdre la main sur son équipe qui a failli aligner quatre passes à la suite hier soir. Mention spéciale à Benzema, qui n’est si individualiste qu’on veut bien le faire croire. D’une part, il pourra aider ses enfants en espagnol, mais aussi en anglais. D’autre part, il a choisi de ne rien foutre le même jour que tous ses partenaires.

Dubaï au cornet

En l’absence de notre spécialiste natation, personne n’est parvenu à expliquer à notre rédacteur en chef à quoi servait cette compétition où une fois n’est pas coutume, comme à chaque fois, Cesar Cielo met des branlées aux champions français. Il y a quand même eu des titres, mais on connaît Amaury Leveaux.

On aurait aussi pu parler, NBA, rugby, ski, mais vous l’aurez remarqué, Le Vestiaire est en vacances depuis quelques mois à peine. Alors, si vous rêvez de vous foutre de la gueule de Joakim Noah ou de Clermont, n’hésitez pas à envoyer vos cartes blanches, on ne les refuse pas toutes.

Pendant ce temps-là, Guy Forget n’a toujours pas digéré les sifflets serbes. Heureusement, il aura une douzième chance d’affilée de se venger.

Camille Lacourt : « Plein le dos »

Enfin éloigné du tumulte médiatique, le Vestiaire s’est presque intéressé à la nouvelle star des bassins qui a presque su rester simple. 

Le recordman du monde du 100 mètres dos en shorty nous reçoit dans un jacuzzi d’Aquaboulevard, entre deux passages par l’esplanade Henri de France.

LE VESTIAIRE : Camille, êtes-vous redescendu de votre petit nuage depuis vos trois médailles d’or aux championnats d’Europe ?

CAMILLE LACOURT : Vous savez, moi, je nuage que le dos, mais l’investissement est le même que pour les autres. Il faut aller à la piscine deux fois par jour, se recoiffer à chaque fois, faire toutes les émissions du service public et Denisot avec un mec qui ressemble à Tom Hanks dans Big. Je ne souhaite pas à Amaury Leveaux de vivre ça.

Comment vivez-vous l’emballement médiatique qui a suivi votre performance ?

J’étais dans ma bulle de savon à Budapest. Je n’ai vraiment réalisé qu’une fois posé à Paris avec cinq cents filles qui hurlaient mon nom dans le hall de l’aéroport. Une hôtesse m’a dit qu’elle n’avait pas vu ça depuis le dernier transatlantique de David Charvet. Et il aurait fallu voir notre descente des Champs-Elysées ! C’était blindé de taxis et de touristes japonais. Je savais même pas qu’ils diffusaient les championnats d’Europe là-bas.

Votre nouveau statut vous met-il une pression supplémentaire ?

J’essaie surtout de garder la tête froide sur les épaules. Il faut se rendre à la réalité des choses : tout ça ne va pas durer éternellement. A part quelques rues à mon nom, cinq biographies et mon portrait sur un immeuble de la Cannebière, qui se souviendra encore de Camille Lacourt dans un siècle ou deux ?

Toutes ces sollicitations ne vous empêchent-elles pas de nager ?

Je suis juste obligé d’aller à la piscine une heure plus tôt pour signer des autographes aux filles de la synchro et aux mamans qui viennent les chercher. A part ça et les deux lignes d’eau qui me sont réservées à l’entraînement, je suis toujours le même. Et je suis bien entouré à Marseille avec ma copine Laure (Manaudou). Elle m’a dit de ne jamais sortir avec une Italienne si je ne voulais pas finir à faire de la pub pour des marques de savon cinq ans après ma retraite.

Comprenez-vous que votre progression soudaine puisse faire douter les spécialistes ?

Je ne suis ni Russe, ni Chinois, ni Américain, ni Australien, alors, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir. Je fais bien quelques crises d’asthme de temps en temps, comme tout le monde, mais Alain (Bernard) a toujours un tube de Vento à dépanner.

N’avez-vous pas pas l’impression de n’avoir encore rien prouvé ?

Comme dit souvent mon pote Fred (Bousquet) : une ondulation de papillon aux 25 mètres, ça fait une vague au milieu du bassin. Mes trois médailles d’or, c’est surtout un message à tous les moniteurs de ski du pays : ce n’est pas parce qu’on est grand, blond, musclé, souriant et bronzé  qu’on est condamné à faire carrière dans le sport ou la publicité pour dentifrices.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain