PSG-Real : L’effet pas si beau

Ce n’est pas parce que BeIN dépense son pognon sur des matchs d’avant-saison qu’il faut y prêter de l’attention.

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La télé tournait pour elle seule en plein cœur d’une après-midi moite et orageuse. Rien ne justifiait vraiment le fait de regarder le meeting de Londres. A part peut-être les bientôt traditionnels essais à 6,16m de Lavillénie qui cette fois n’a pas encore pu hisser son énorme teston par-dessus. Ou la simple envie d’étaler son pognon à la face de Canal. BeIN avait aussi choisi d’envoyer Boumsong commenter Rennes-Nantes. Sacré derby breton. Rien ne pouvait donc laisser présager d’un papier PSG-Real sur le Vestiaire dans la fureur et l’insomnie de 1h du matin. Mais voilà, Josse a dit sa connerie. Il a pourtant attendu une bonne vingtaine de minutes. « Pas de doute ce match ressemble à de la compétition. » On pourrait en vouloir à Crevoisier de pas lui en avoir collé une si on était sûr que c’était bien Crevoisier avec lui, mais comment savoir. Et après tout, peut-on en vouloir à Josse ? Il parle avec le cœur, comme quand il faut s’insurger parce que Pastore rate ses coups de pied arrêtés alors que les tireurs du Real les réussissent. C’est un vrai problème ça.

Thiagogol

Il y avait alors une occasion toutes les trois minutes. C’est typique de la compétition, en particulier d’une demi-finale de Ligue des Champions puisque c’était un peu la pensée de notre pertinent confrère : les défenses centrales aiment admirer les combinaisons plein axe des attaquants adverses. Et puis physiquement quel rythme entre deux équipes qui sont à l’aube de leur premier match officiel, ou presque : deux semaines pour le PSG et trois pour le Real, pour deux équipes qui visent leur pic de forme pour le début de la C1. Rappelons qu’elle démarre cette année encore mi-septembre. Sauf pour Lyon bien sûr, ce sera en août, mais c’est déjà très bien.

Affûté et prêt à en découdre, Ibra en aurait dégueulé sur le terrain s’il avait couru, d’ailleurs il a failli. Mais il a préféré s’économiser pour tenter un lob à deux minutes de la fin parce qu’il jouait en Suède. Tout Vestiaire que nous sommes, il faut parfois savoir mettre sa fierté de côté et de reconnaître une erreur : Ibra est aussi capable d’être nul à chier en match amical. Ça ne l’empêche pas d’insulter ses jeunes coéquipiers quand ils oublient de lui filer le ballon, surtout chez lui en Suède. Eh oui, un PSG-Real en Suède ça ressemble bien à de la compétition.

Mais alors faut-il s’inquiéter que Paris se soit créé aucune occasion en deuxième mi-temps, que Motta soit toujours pas bon, que Lavezzi soit toujours mauvais, que Lucas soit toujours remplaçant même quand il est titulaire, en un mot qu’on n’ait vu que Sirigu ? Valdo, Kombouaré et Zamorano absents, ça donnait presque envie de voir Cavani. Ça fait peur, un peu comme Josse qui commenterait le Tour de France.

Pendant ce temps-là, Guardiola en a pris une comme Heynckes n’en prenait pas, et avec les mêmes joueurs plus Thiago Alcantara et une bonne gifle. Mais il était pas amical ce match-là.

PSG : les Doha dans le Nene

Le mercato est terminé au PSG. Maxwell, Alex et Le Crom vont enfin pouvoir parler politique.

Quel autre stade au monde pouvait avoir les faveurs d’un si grand personnage ? Nicolas Sarkozy est un peu chez lui au Parc des Princes. Parfois, quand le plus grand ne part pas bouffer des cochonneries en Ukraine, il y emmène même ses deux fistons, Jean et DJ Mosey. Le président est un supporteur du PSG et il n’en a jamais eu honte. Au printemps 2010, après les dérapages du Clasico, il s’était fâché tout rouge (et bleu) contre la racaille du 16e : « Je vais au PSG depuis bien longtemps, depuis plus longtemps qu’un certain nombre de voyous qui donnent un spectacle lamentable dans les tribunes. »

Heureusement, les amis sont là pour donner une autre image du club. Parmi eux : le cheick Tamin ben Hamad al-Thani, fils héritier de la famille régnante au Qatar. L’émirat avait déjà songé en 2006 à placer ses pétrodollars dans le club parisien, mais le propriétaire d’alors, Canal+, et celui du Parc des Princes, la mairie de Paris, s’étaient émus du peu de cas fait aux droits de l’Homme dans le Golfe.

Fin novembre 2010, la charia n’est plus au menu du déjeuner organisé à l’Elysée avec Tamin ben Hamad al-Thani, fraîchement élevé par son hôte à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur, et Michel Platini, le président de l’UEFA. Opposé à l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l’ancien footballeur lui donne pourtant sa voix dix jours plus tard. Et il faut à peine plus de six mois pour que notre émir, via le fonds souverain QSI (Qatar Sports Investment) qu’il préside, rachète 70% du capital du PSG. On connaît la suite.

Veni, vidi, Vinci

Si Nicolas Sarkozy « s’est intéressé de près au dossier », rapporte Franck Louvrier, le dircom de l’Elysée, c’est qu’il n’avait pas une, mais deux bonnes raisons de le faire : « D’abord parce que c’est un Etat étranger qui investit en France et puis parce qu’il est supporteur. » Mais attention : « Il s’agit de fonds respectables. » L’honneur est sauf.

Les fonds qataris sont si respectables qu’on en retrouve dans le capital de plusieurs petites boîtes françaises comme Veolia Environnement, Lagardère, Suez ou Vinci (à hauteur de 5,6%). Heureuse coïncidence, Vinci est le concessionnaire du Stade de France, où le PSG est censé évoluer entre 2013 et 2015 pendant la rénovation (ou la reconstruction complète) du Parc des Princes en vue de l’Euro 2016 organisé par la France. Et on ne parle pas de tous les stades climatisés qu’il y aura à construire dans le désert pour le Mondial 2022. Un marché juteux que lorgnent déjà les gros bétonneurs français Vinci et Bouygues, un autre copain de Sarko.

Le monde du football est décidément petit et ce n’est pas Nasser Al-Khelaifi qui dira le contraire. Le nouveau président du PSG est aussi le directeur général de la chaîne de télévision Al Jazeera Sport, qui diffusera huit des dix matches de chaque journée de L1 la saison prochaine en plus de la Ligue des Champions. Alors qu’elle priait encore l’hiver dernier pour la survie de ses clubs, trop dépendants des retombées des droits TV, la Ligue de football professionnel a vu comme une aubaine l’arrivée d’Al Jazeera dans le paysage audiovisuel sportif français. Les enchères ont finalement approché les sommes dépensées en 2008 avant la crise (610 contre 668 millions d’euros par saison). On dit merci qui ?

Chelsea-Marseille : L’OM qui ne valait pas 3 milliards

1re minute : « Marseille a un coup à jouer. » 45e minute : « Pour l’instant, les attaquants marseillais passent vraiment une sale soirée, totalement impuissants. » Lizarazu aurait-il de bien mauvaises fréquentations ?

Interpellé assez impoliment par son rédacteur en chef sur l’importance des absences de Drogba et Lampard, notre spécialiste foot a cru bon de ne pas répondre tout de suite. Des fois que Diawara lâcherait le marquage, que Gignac n’irait pas au contact et que Cheyrou ne servirait à rien au poteau sur le premier corner du match.

Il faut dire qu’il y avait un faisceau de présomptions concordantes. De la matinale de i-Télé, qui annonce que l’OM a un coup à jouer, à Diawara, qui claironne les ambitions marseillaises d’abord. Mais surtout, quand Ménès prévient la veille que « l’OM va bientôt faire mal », c’est que ça va faire mal. Et puis, Ancelotti, en chemise et blaser noirs, Kakuta et Zhirkov titulaires, Sturridge et McEachran qui rentrent, et interdiction formelle de suer en deuxième mi-temps : l’expression « profiter de l’occasion pour aligner une équipe bis » existe donc. Cissé, Cheyrou et Lucho ne se sentent pas concernés et ils ont raison : eux étaient déjà là l’an dernier quand il fallait battre Milan, résister au Real et écraser Zurich. Comme on ne peut pas tout réussir, ils avaient écrasé Zurich.

L’éthique à Nico mac

De là à dire que les années se suivent et l’OM ne ressemble toujours à rien, il n’y a qu’un pas. Marseille, c’est toujours la même solide défense de Ligue 1, les mêmes latéraux pas si mauvais pour la Ligue 1 et le même milieu de terrain pas si souvent dominé que ça en Ligue 1. Nouveauté cette année, l’attaque estampillée Ligue 1, avec un Niçois et un Toulousain pour épauler Brandao. L’expérience Ligue des champions, ça peut compter en Ligue des champions.

Pour dire une bonne fois pour toutes une banalité, au haut niveau, ça va plus vite, c’est plus efficace et il faut des grands joueurs. L’OM n’en recrute pas, n’en forme pas et n’en révèle pas. En sachant que Niang et Mbia ont tous les deux foutu le camp cet été, Deschamps savait qu’il n’avait plus qu’à apposer sa signature en bas de sa lettre. La dernière fois qu’il était venu à Chelsea, il avait Giuly, Rothen, Morientes et Edouard Cissé 2004. Aujourd’hui; il n’a plus que Valbuena et ce n’est pas faute d’avoir voulu garder Ben Arfa. Autant le laisser sur le banc.

Mandanda. Sinon, on a aussi le droit de plonger sur les penalties.
Kaboré. A son crédit, il a quand même centré plusieurs fois à l’aveugle.
Diawara – Mbia. Etonnant, l’invincible charnière de la fin de saison passée ne serait invincible qu’en Ligue 1. Etrange même.
Heinze. L’expérience des grands rendez-vous : gueuler sur l’arbitre, prendre un jaune et faire des fautes quand on est pris de vitesse.
Cissé. Six ans et demi après, il est toujours là. Il avait déjà 26 ans à l’époque.
Cheyrou. Sont-ce les ballons ou la pelouse, en tout cas le jeu va sacrément vite à Stamford Bridge. Ca lui rappelle Bernabeu, San Siro et la Russie. Au pire, il aurait pu cadrer ses frappes, mais les buts sont aussi plus bas à Stamford Bridge.
Lucho. Avant qu’il n’arrive il y a deux ans, l’OM ne se qualifiait jamais pour les huitièmes de Ligue des champions.
Rémy. Ashley Cole n’ayant jamais affronté Nice, Lens et la CFA de Lyon, il n’a pas pu se préparer.
Gignac. On ne pourra jamais lui reprocher de ne pas peser sur la défense. Du coup, c’est plus dur de lever les deux jarets pour faire des retournés.
Brandao. Il a joué à son niveau, c’était donc le meilleur. Eh oui. Quoique Ayew a montré de belles choses aussi en rentrant.