Tcheumeo : Chérie, j’ai rétréci Décosse

Audrey Tcheumeo était programmée pour être invincible. Elle ne l’a pas été pendant les 10 dernières secondes de son quart de finale, insuffisant pour qu’on se foute de sa gueule. La nouvelle Décosse c’est elle, en plus fort car moins névrosée.

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« On espère te revoir sur les tatamis pour le plaisir. » Que pouvait rêver de mieux Lucie Décosse que cet hommage de Stéphane Traineau à l’issue de sa merde de combat pour la troisième place. Même s’il était pas pire que son horrible premier combat de repechage ou que son catastrophique quart de finale. C’est vrai que, plutôt que cette sortie pathétique, la plus grande championne de l’histoire du judo aurait sans doute largement préféré un bon psy. Celui qu’on lui promet depuis 10 ans. Celui qu’elle croyait avoir trouvé l’année dernière sur la route de Londres où les cures de Temesta, prozac et autres immodium avaient semble-t-il enfin porté leurs fruits.

Et puis alors qu’elle pouvait s’arrêter au sommet sur un titre olympique elle a choisi d’y retourner. Quel régal de voir Lucie incapable du moindre mouvement pendant 5 minutes, puis pendant 8 minutes puis à nouveau pendant 5 minutes pour les trois derniers combats de sa carrière. Si elle n’était pas né sous le signe du cyborg,  elle n’aurait sans doute même pas passé le moindre tour comme Lucie Louette sa compatriote qui avait à sa décharge le lourd handicap d’être nulle, donc on ne tiendra pas rigueur aux arbitres de l’avoir saquée. Lucie Décosse n’a pas cette excuse. Elle est la meilleure, capable en un millième de seconde de repérer les failles de ses adversaires, de les analyser et de les exploiter.

Face à elle, une jambe qui traine, un léger déséquilibre, une maladie génétique ou une schizophrénie mal soignée et s’en est fini de vos championnats du monde, parfois de votre motricité et parfois aussi de votre vie. Ca l’a rendue quasiment imbattable pendant 8 ans, elle n’est presque jamais tombée sauf quand il s’est agi de laisser filer un titre olympique ou une médaille pour son dernier tournoi. Et à chaque fois on a retrouvé la même Lucie, âgée de 6 ans et demi, terrorisée comme la première fois où Thierry Rey est rentré dans sa chambre d’hôtel sans serviette alors qu’il disait vouloir prendre sa douche. Une partie de cette histoire n’a jamais été confirmée, mais laquelle ?

Pendant ce temps-là la Colombienne qui a ridiculisé Décosse n’a pas « combattu comme d’habitude » se plaignait comme d’habitude après ses défaites, la Française au micro toujours condescendant de Bein Sport. Qui oserait dire qu’elle a été mal préparée jusqu’à ne pas savoir s’adapter ? On taira donc le nom de son entraîneur Larbi Benboudaoud.

Judo : Audrey et Lucie désossent

On n’a pas tous les jours honte de ses élèves, ni de ses professeurs.

Elle s’appelle Martine Dupont, elle avait tout pour passer inaperçu. Un nom propre des plus communs, un physique d’Isabelle Carré négligée, un palmarès inconnu de la totalité des spécialistes. Et pourtant, le destin a voulu qu’elle devienne entraîneur national de judo pour les femmes, alors que la moto ou les camions lui auraient été comme un gant. Sur ce coup, le destin n’a pas été très sympa avec un grand nombre de jeunes filles qui se seraient bien vues elles aussi croquer ailleurs quand dans les fruits défendus de Martine. Dans de l’or par exemple comme les deux championnes du jour. Mais il serait injuste de tout mettre sur le dos de la coach, même si elle aime ça.

Au moins dans le cas de Lucie Louette, qui n’a semblé à aucun moment avoir déjà eu une licence dans un club. D’ailleurs, à l’issue de son dernier combat merdique, le deuxième tour, elle est restée longtemps à genoux sur le tapis, comme si elle ne connaissait pas vraiment les règles autres que celles de Martine. En sortant, Lucie a cru bon de faire croire que son prénom n’était pas qu’une coincidence : « J’étais venu pour un podium ou le titre, c’est trop dur. »  Amusant. Car dans la même catégorie -78kg, Audrey Tcheumeo était venue pour la même chose et elle l’a fait. La différence tient à pas grand chose:  un physique, un mental, quatre combats de plus et une technique : de ashi barai. Pour info, ça s’apprend avant la ceinture jaune.

Bleu Decosse

Lucie Decosse en revanche n’aime pas les femmes. Larbi Benboudaoud, la géante hollandaise de la finale et Thierry Rey : que des mecs autour d’elle. Et quand Thierry Rey encourage Lucie on lui pardonne tout : le « cette Russe » quand il parle d’une Tchèque, le  « cette Allemande » quand il parle d’une Hollandaise. Même si cette dernière a pété le nez de Lucie Decosse. Mais cette méthode non plus ne marche pas car vos cervicales finissent inexorablement par frôler le tapis. Il y a aussi une autre technique venue des Pays-Bas : la fuite. Même quand vous mesurez 3m et que vous ressemblez à l’ennemi de James Bond dans Moonraker. En même temps elle n’a pas tort,  uchi mata, arai goshi et o uchi gari elle connaissait déjà.

Pendant ce temps-là, l’intervieweur de Canal n’a eu aucun mal à conserver son titre en félicitant Dafreville : « C’est de sa faute s’il a perdu ? » avant d’envoyer une balle dans le Buffet : « C’est le rêve de médaille qui s’envole ! »