Lyon : La dernière décote du Rhône (3/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Troisième partie : la culture club, inexistante.

La phrase date d’il y a à peine six ans. Avant de recevoir Caen pour un glorieux nul (2-2) à Gerland, Grégory Coupet, qui n’était pas encore doublure, rameutait les troupes, en bon gardien du temple protestant. Dans une absconse référence à rien, il avait lancé un vibrant appel aux valeurs lyonnaises. De quoi parlait-il ?

Les versions ont divergé. Benarfa pensait aux Twingo sport offertes à chaque joueur de l’effectif. Coupet a songé à sa coupe de cheveux reproduite sur les têtes de jeunes gardiens dans les OL coiffure, avant que Cris ne l’en dissuade d’une vanne bien sentie. Juninho, à part ses coups francs, ne voyait pas. A raison : faute de titres majeurs, faute d’exploit, faute de moments d’anthologie qui fondent l’histoire d’un club, faute d’un style de jeu unique, le football à la lyonnaise reste, comme nous l’avons démontré, avant tout un modèle économique. « Et le premier titre, acquis contre Lens ? » pourrait rétorquer Olivier Blanc, directeur de la Pravda OL. Quand Jean-Guy Wallemme joue en face, on finit par oublier.

Se faire tirer les grandes oreilles

Les éliminations en coupe d’Europe sont particulièrement révélatrices. Passons les deuxièmes vies européennes en UEFA après un premier tour raté en Champion’s League, où les ténors Denizlispor et Slovan Liberec étaient vraiment trop forts. Dans la grande C1, Lyon étrille notamment le Bayern, un exploit en guise de marche pied vers la gloire d’une élimination à Moscou le match suivant (2000-2001). Rebelote deux ans plus tard : après une victoire à l’extérieur contre l’Inter, Lyon peste contre l’arbitrage face à l’Ajax pour masquer le désastre de ne pas se qualifier dans un groupe facile (2002-2003). De progression, il n’y eut pas malgré les apparences en 2003-2004, où le quart de finale contre Porto fut aussi laborieux que la finale de Monaco. Lyon n’avait alors pas de quoi rivaliser, et certainement pas l’état d’esprit. L’année suivante, ils avaient de quoi rivaliser, mais toujours pas l’état d’esprit. Sauf si celui-ci consiste à déclarer après coup que le PSV n’était pas plus fort, que Nilmar aurait dû obtenir un penalty. A omettre de préciser qu’un vrai attaquant buteur n’aurait pas été de trop et que le 1-1 de l’aller à Gerland avait sanctionné une prestation aussi rythmée qu’un 100 m de Pascal Delhommeau. Milan l’année d’après, à San Siro, Rome à l’aller en 2007 et Manchester cette année ont été d’une constance toute lyonnaise : l’équipe se fait éliminer sans avoir su saisir sa chance. En France, contre les tocards, Lyon gagne sans forcer et encore, Toulalan ne va plus à Valenciennes avec la certitude que les penaltys n’arrivent qu’aux autres.

Quand il faut tout lâcher, pousser parce qu’on est dos au mur, Lyon calcule, gère, et regrette systématiquement le match aller. Ca a presque changé avec le Real en 2010 mais le Bayern a fini par révéler l’insoupçonnable. La seule année où le niveau européen était assez faible pour gagner, Lyon s’est trouvé une nouvelle mission impossible : refaire un handicap. Benfica, Schalke, le bicentenaire de la fin de Cris : les choses étaient plus claires cette saison, bien avant le Real.

Bouton pression

Si les onze lyonnais avaient un maillot de Liverpool sur le dos, le public ne chanterait peut-être pas aussi longtemps « Who doesn’t jump is not lyonnais, hey ». L’OL a beau se targuer de son public, il est aussi enthousiaste que Valeri Lobanovski un jour de grêle. Le seul facteur qui a pu changer le cours d’un match, du grand OL, auront été les coup-francs de Juninho avant qu’il n’atteigne la quarantaine. Suffisant pour éliminer le Celtic Glasgow en jouant avec Berthod, mais jamais pour un vrai exploit. Le public lyonnais aurait dû se révolter dès le départ de Tiago. Aulas a beau rappeler que le public est gâté et qu’il ne faut pas être trop exigent, c’est tout simplement la condition d’un grand club. La pression médiatique et populaire autour de Lyon est encore à des années lumières de celle de Marseille. Des supporters virulents, c’est une force et une faiblesse. Aulas préfère tout aseptiser. Résultat, Govou ne sait pas plus ce qu’est la pression et une bonne pression.

Aulas, qui idolâtre certainement Mourinho, joue aussi le rôle de bouclier médiatique. Sauf que la situation n’a jamais profité au club jusque-là. Les joueurs ont tellement faim de titres qu’ils auraient fêté un 0-0 à Manchester au balcon de l’hôtel de ville place Bellecour. Il manie l’art de la provocation, il donne des leçons à la Ligue et titille la moustache du VRP Thiriez. Juste pour détourner l’attention ou écraser les autres. L’image qu’il renvoie de son club est aussi attrayante que Zidane questionné par Ianneta. Le président lyonnais est depuis longtemps démasqué. Il n’effraie plus quand il menace de ne pas jouer une demi-finale de Coupe, ne convainc plus quand il traite Abidal de Grosso merdo. Quant à sa réputation de négociateur dur : il a vendu cher mais gardé personne, et surtout pas Essien qui boudait. Avec Gourcuff, il saura se montrer intraitable.

Ca fait désormais six ans que le système Aulas ne fonctionne plus. Soit il part, soit il laisse la main sportive à un manager. Pas Gérard Houiller, cette fois un vrai, un compétent, un qui tient son groupe et qui ne se fait pas licencier par les joueurs. Lyon avait une génération exceptionnelle et une puissance financière confirmée par les comptables de Fred. Reste à trouver un entraîneur, enfin. Et un successeur à Juninho, toujours. A part ça, Essien, Tiago, Diarra, Cris et Benzema ne s’appellent même plus Pjanic, Kallström, Toulalan, Cris et Gomis.

Lyon : La dernière décote du Rhône (2/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération.  Deuxième partie : le recrutement, pathétique.

« Qui ne saute pas est Lyonnais. » C’est ce que l’on pourrait constater au regard des années d’errements, qui n’ont pourtant pas modifié le système de recrutement à la lyonnaise. Jean-Michel  Aux as a revendu très chers quelques stars amassées dans la Ligue 1 (Essien, Malouda, Benzema). Il a même breveté une utilisation révolutionnaire des centres de formation : sortir des jeunes estampillés « OL », les faire passer pour des espoirs (ce qu’il n’avait pu faire avec Bardon) et les survendre à des clubs gogo. Bergougnoux, Berthod, Clément, Rémy, Tafer ont ainsi signé des contrats pros que leurs parents n’auraient pu imaginer à l’époque de l’équipe C en pupilles à 7. François Clerc, lui, a poussé l’escroquerie jusqu’à l’équipe de France. Florian Maurice, déguisé en Papin par Aulas, c’était il y a onze ans déjà. Tout ce système OL est économiquement génial, mais pour le palmarès, c’est une catastrophe industrielle. Car Lyon n’a jamais élargi son ambition. Ca lui a coûté la Coupe d’Europe dans un cycle hyper favorable. Une simple preuve : la plus grande star qui ait signé à Lyon est Sonny Anderson. Et il n’était une star que pour les Français, après avoir laissé le même souvenir de lui à Barcelone que Dugarry au Milan AC. Le niveau mondial l’affublerait simplement du doux surnom de tocard. Est-ce la peine d’évoquer Lisandro qui aurait bien récupéré le maillot de Benzema mercredi dernier car il y a encore dans la place à côté de ses 7 maillots ramenés de sélection.

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A l’origine, Aulas veut dominer la France. Timidement d’abord, alors qu’aucun club n’est le numéro 1 incontournable. Caveglia, Grassi, Cocard, Dhorasoo arrivent à la fin des années 90. Le gros coup, qui change l’image de Lyon, c’est l’arrivée d’Anderson depuis le Barça en 1999, en même temps que Laigle et Vairelles. Ce dernier illustre le début d’une nouvelle ère : Lyon recrute pour affaiblir ses rivaux. En attirant Papin pour le mettre au placard, le Milan AC aussi le faisait. Mais à l’échelle européenne. Riche et attractif comme Wiltord, rien ne lui résiste désormais dans l’Hexa-gone : Carrière (joueur clé du Nantes champion de France en titre), Luyindula et Née en 2001, Dhorasoo qui redevenait bon en 2002, Malouda et Essien alors convoités par toutes les grosses écuries en 2003 – même si Drogba snobe la surenchère de l’OL visant à humilier Marseille -, Abidal et Frau en 2004, avant le criant exemple de Pedretti en 2005, qui n’était d’aucune utilité pour l’OL, Kallström, Alou Diarra et Toulalan en 2006 puis Bodmer, Keita et Belhadj. Avant Bastos, Pjanic, Gomis et Briand. Au passage, quelques fins de carrières sont accélérées au nom de la gloire : Caveglia, qui vola la Coupe de France à Calais, Née, qui connut le syndrôme Ouedec de retour à Bastia, Luyindula l' »escroc » ultime de Ligue 1 puisqu’il a arnaqué Marseille et Paris. Et Pedretti, mais que pouvait-on faire pour lui ?

Les joueurs de L1 constituent encore le fonds de commerce lyonnais. Jean-Michel Aulas a beau déclarer, quand il recrute des Lillois, qu’il promeut le championnat français en gardant ses meilleurs éléments, ceux-ci ne sont pas plus forts que ce que l’OL a déjà. Donc Lyon ne progresse pas. L’autre partie du recrutement est étranger, et notamment la filière brésilienne que Saint-Etienne a tant falsifié. Soyons clairs : Cris, Juninho, voire Edmilson et Cacapa, c’est fort. Mais ça l’est devenu à Lyon, ils ne sont pas arrivés comme des valeurs confirmées. Voilà ce qui empêche Lyon d’avancer : depuis l’opportunité Anderson, qui ne jouait de toute façon plus à Barcelone, jamais JMA n’a cassé sa tirelire pour faire venir une star. Il a bien tenté de nous le faire croire, mais Elber n’avait plus que le bouc de sa grande époque bavaroise (qui sont deux termes antinomiques), Baros n’a jamais été bon, à y regarder de plus près, et John Carew n’a jamais remplacé Tore Andre Flo dans les coeurs norvégiens. Certes, Lyon a approché Trezeguet, Mancini ou Joaquin, mais sans jamais dépasser le contact par Foot Transferts interposés.

 

Ce manque d’ambition a été criminel à l’époque où Lyon avait réussi l’essentiel : en 2005-2006, Lyon attaque la saison avec un vrai groupe. Essien est parti, Tiago est arrivé et Lyon sait très vite qu’il n’a pas perdu au change sur ce poste-là. L’instant du crime se produit à l’été 2005. Le précédent John Carew n’est pas assez vieux pour prendre conscience de la plus grosse erreur de l’histoire du recrutement lyonnais. A part sa tronche d’acteur français sur le retour, Fred a tout pour donner le change : il est Brésilien, il a une feuille de stats à faire pâlir Christophe Sanchez (mais pas Anderson), il est costaud, contrairement à Nilmar, et Wiltord s’invite souvent chez lui, preuve d’une bonne entente dans le vestiaire. La terreur va frapper, la nuit du 4 avril 2006. Gérard Houiller n’utilise plus le terme de criminel, pourtant la performance de Fred est ginolesque : il donne le ballon à un Milan inexistant pour l’ouverture du score d’Inzaghi. Lyon revient à 1-1, et Fred vendange une occasion sur un centre de Juninho. Au final, Milan marquera deux fois entre la 88e et la 93e, avec la complicité de Clerc et d’Abidal. Pour honorer la mémoire d’avoir été le plus mauvais, il fait encore pire onze mois plus tard, jour pour jour, contre la Roma à Gerland. Une performance héroïque, faite de fautes, de contrôles ratés, de non occasions cette fois et pour finir il pète le nez de Chivu. Contre Manchester, il dépasse avec maestria son époque milanaise. Rentré à la place de Benzema pour défendre le 1-0, il offre de multiples coup-francs à un Manchester au plus mal. Et sur un ultime centre de Nani, notre sosie de Francis Perrin surgit au deuxième poteau pour remettre le ballon à Tevez qui égalise. L’illusion Fred n’a que trop duré mais il est toujours à Lyon, l’éclosion de Benzema n’ayant rien précipité. Il a largement participé à l’ambiance pourrie du vestiaire, et a montré toute l’étendue de son art cet hiver, en demandant un salaire astronomique aux clubs de seconde zone légèrement intéressés. Lyon n’a jamais voulu s’en débarrasser. Aulas serait-il foutu de le prolonger ? Lacombe serait-il un conseiller de merde ?

Si Fred est un gros mauvais, il n’est pas non plus la seule erreur de gestion lyonnaise. On passera sur le départ en catimini de Kanouté ou Malbranque en Angleterre. Après tout, face à Anderson, Vairelles et Caveglia, ils n’étaient que des daubes, leurs carrières l’ont prouvé. Ensuite, Jean-Michel Aulas a voulu faire croire qu’il ne pouvait pas garder Essien, Dhorasoo puis Diarra contre leur volonté. Comme nous le répétons depuis des mois, un vrai recrutement digne de ce nom aurait tout changé : faites venir Trezeguet en pointe, assumez les ambitions de victoire en Ligue des champions et Diarra, Essien et compagnie restent. Seulement pour cela, il faut faire de gros chèques, aligner de très gros salaires, ce que Lyon peut faire, mais ne veut pas. Et puis, il y a tous ces nuls recrutés pour faire le nombre. Dans les écoles de management de football, apprendrait-on aux grands clubs à prendre Chanelet ou Grosso pour remplacer le titulaire, ou à signer un joueur plus fort que ce que l’on a en stock ? Cleber Anderson, Milan Baros, Patrick Müller voire Belhadj ont ainsi pu découvrir le saucisson lyonnais à moindre frais.

 

Gouverner, c’est prévoir et Aulas ne prévoit que les montants des salaires. Le diagnostic est pourtant simple à voir : s’il ne le voit pas, il est aussi bon président que Govou capitaine. S’il le voit, alors c’est de la mauvaise volonté et Perrin a un bon maître. Dans les deux cas, ça sent le départ de Benzema dans les deux ans. Sauf si, comme il le réclame à mots ouverts, le portefeuille s’ouvre en grand. Et encore, pas sûr que ça suffise. Car c’est toute la génération Juninho encore au club qu’il aurait fallu remplacer après 2006. Tous n’ont pas connu, comme Govou, les heures lancinantes à attendre en vain une offre d’un club étranger autre que Middlesbrough. Le sort du barbu Juninho devrait déjà être scellé vu qu’il termine chaque match avec une bouteille d’oxygène dans le dos, et ce depuis deux saisons. Mais la vie sans Juni n’est même pas en préparation. Ederson croyait qu’il suffisait d’être d’organiser la prochaine Coupe du monde.  Cissokho, Lovren, Diakhaté, Pjanic, Briand et  Gomis avaient peut-être le profil qui sait ? A quoi bon les siffler, pouvaient-ils décider eux-mêmes se recruter pour moins cher que Essien, Tiago, Diarra et Juninho à l’époque ?  Quand les plus gros actifs, ceux qui pèsent 25 millions d’euros, sont aussi passifs, c’est une bonne raison de faire son pire championnat depuis 2002-2003. Le nouveau Juninho c’était donc lui, un bilan s’impose : les coups francs non, la décision dans les matches importants non, un montant de transfert démentiel oui. Le recrutement était économique, Lyon n’a pas tant changé.

Et puis, comment passer sous silence la caste des entraîneurs lyonnais ? Domenech, Tigana, Stéphan, Lacombe, Santini, Le Guen, Houiller, Perrin et enfin Puel. Garde et Fournier s’occupant de la réserve. Ne cherchez pas de progression, il n’y en a pas. Le lien entre tous ces entraîneurs n’est pas la capacité à faire gagner des titres à l’équipe, comme un Capello. Ceux qui ont gagné avec Lyon portaient les ballons et découvraient le nom des recrues d’Aulas puis de Lacombe – une fois qu’il ne fut plus entraîneur – dans Le Progrès. Comme Canal+, Lyon a recruté des générations de potiches pour les mettre devant les caméras. Des entraîneurs qui font tourner la boutique et mettent bien en place les ateliers dans la semaine. Puis mettent sur la feuille de match ceux qui doivent jouer le week-end, ne gueulent pas contre le recrutement. Bref, des coaches dociles. L’adjoint Le Guen a laissé Juninho choisir son système, le triangle du milieu. Houiller s’est évertué à maintenir une bonne ambiance dans le vestiaire en prenant chaque joueur par la taille pour se raconter des souvenirs d’enfance. De toute façon, les joueurs savaient déjà jouer ensemble avant lui. Il n’a pas réussi jusqu’au bout et s’est barré. Puis, Perrin est arrivé avec sa seule ambition, sans rien comprendre au fonctionnement lyonnais. Il veut tout décider dans le domaine sportif, et donc évincer Aulas du terrain. C’est ce qu’il faut à l’OL pour franchir un palier, sauf que c’est une brêle. Après deux matches en 4-4-2, Juninho lui a poliment rappelé qu’un petit nouveau n’allait quand même pas lui apprendre à entraîner.  Et puis Puel arriva, Lille monta en puissance et les photos du titre monégasque de 2000 devinrent chaque jour aussi sepia que le crâne de Cris. Pas de titre, c’est entendu, mais une demi-finale de C1 la seule année où c’était possible, tout n’est pas à jeter. Dans les grands rendez-vous, son OL est défensif, efficace et signe son premier exploit contre le Real, peu importe si ce n’est pas un exploit le public le croit.

A son époque, Tapie osait davantage dans le recrutement. Il n’avait pas peur de mettre des valises pleines, du champagne et des filles pour renouveler la garde robe de l’OM ou prendre un entraîneur de renom. Financièrement, c’est risqué mais pour Lyon, la Ligue des Champions aurait été à ce prix. Aulas a pris Gourcuff.

Lyon : La dernière decote du Rhône (1/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Première partie ; le bilan sportif, insuffisant.

 

Sept titres d’affilée, des larges victoires contre des équipes moins fortes, un pillage systématique des meilleurs joueurs des autres clubs français : l’hégémonie lyonnaise était incontestable. Son impopularité aussi, mais qui n’a rien à voir avec la jalousie théorisée en d’autres circonstances par « Sigmund » Fred. Le développement lyonnais est aussi rapide à résumer que le passage de Perrin : Lyon est un club qui calcule tout et qui finit par décevoir, inlassablement. Le grand calcul a débuté dans les années 90, après une remonté en D1 en 1989. Aulas a une stratégie simple et logique : se renforcer économiquement pour dominer la France. Après plusieurs saisons aussi vilaines qu’un passement de jambe de Bruno N’Gotty, entrecoupées d’une qualification européenne liquidée par le grand Trabzonspor, les résultats arrivent (2e en 1995) et le club se stabilise dans la première partie de tableau. Le centre de formation porte aussi ses fruits (Maurice, Giuly, N’Gotty, Laville), malgré Maxence Flachez. Toutes les composantes du club progressent, Lyon devient un modèle de stabilité. A l’approche des années 2000, le club devient incontournable. Depuis 1998, Lyon termine sur le podium de L1 chaque saison. Premier titre en 2002, retour fabuleux sur Monaco en 2004, 15 points d’avance en 2006 : les supporters lyonnais n’ont plus à avoir honte. L’OL est un épouvantail, a le meilleur effectif en France et pour cause (à lire dans la deuxième partie).

 

Problème, à partir du 5e titre, ça coince. Lyon ne sort plus que du D’Artigny abricot pour fêter le titre. La faute au syndrôme Wiltord : pour de nouvelles sensations, il a besoin d’aller voir ailleurs. Et là, Lyon déçoit. En restant toujours à la porte quand il y a la place de passer, en faisant de grandes erreurs de gestion. Ce que la Juve, Manchester, le Bayern, le Barça ne font pas deux fois de suite. Dominer la France du foot, faire le doublé, c’est très bien. Mais quand on a l’équipe pour rentrer dans la légende sans y parvenir, ça ne suffit plus. Aulas le sait bien : avec l’effectif qu’il a eu, Lyon aurait dû atteindre une, voire deux, finales de Ligue des Champions du temps de sa splendeur. Ne jamais avoir dépassé les demi-finales est un scandale, digne du palmarès de Domenech avec toutes les équipes qu’il a entrainées.

 

En 2005, Lyon se fait éliminer par un PSV Eindhoven de Cocu, malgré une équipe bien meilleure. La fin de cycle, c’est 2006, l’année référence de l’OL, avec le milieu de terrain le plus fort d’Europe donc du monde (Diarra, Juninho, Tiago). Se faire éliminer par le Milan AC a été aussi regrettable que la venue de Fred (nous y reviendrons). Le Vestiaire pensait déjà à l’époque que la seule équipe capable de battre le grand Barça de cette saison-là était Lyon. Pour rentrer dans la légende, Lyon doit faire un exploit. C’est-à-dire éliminer un club de plus grand statut que lui, et non pas battre le Real ou faire marquer Govou contre le Bayern. Il ne l’a toujours pas fait, donc il reste au rang qu’occupent La Corogne, Schalke 04 ou la Roma : des clubs régulièrement en C1, toujours placés, jamais gagnants. Et puis il y eut le Real. Mais c’était celui de Pellegrini. Le plus nul de ces 10 dernières années puisque Benzema n’y est pas titulaire. Pourtant le Real va écraser la première mi-temps mais ce Real est aussi celui d’Higuain. Madrid est éliminé ce n’est pas un exploit, Bordeaux aussi derrière et c’est la demi-finale. Battre le Bayern aurait pu être exploit on ne le saura jamais. C’est l’humiliation, la même que face au Real de Mourinho et Benzema, le meilleur depuis Zidane.

Comparé à l’histoire européenne des clubs français, le paradoxe lyonnais jaillit avec plus de force que la femme de Fred n’en a jamais rêvé. Lyon a peut-être été l’équipe française la plus forte de l’Histoire, dominatrice en Ligue 1 comme Marseille ou Saint-Etienne des grandes époques. Pourtant, l’OL n’a jamais fait mieux que demi-finaliste. Une performance à des années lumières de l’OM ou de l’ASSE. Même d’autres clubs se sont aussi davantage transcendés que les Gones. A une époque où chaque coupe était relevée, valorisée, et où tout le monde attendait le jeudi avec autant de passion pour matter la C3, qu’on en a pour la C1 aujourd’hui ou que la défunte C2 hier. Le PSG d’avant, brillant en UEFA (1/2 finale), brillant en Coupe des Coupes (1/2 finale, finale et victoire) et même en Ligue des Champions, n’avait pas autant de talents, même si c’était un PSG sans N’Gog, sans Bernard Mendy et surtout sans Rothen. Monaco, finaliste glorieux de la Coupe des Coupes, 1/2 finaliste de la Ligue des Champions. Auxerre, 1/2 finaliste vraiment héroïque et malheureux de l’UEFA (avec un tir au but de Mahé qui lui valut d’être fusillé), avant un quart de finale de Ligue des Champions toujours contre Dortmund et toujours aussi héroïque et malheureux. Même Bordeaux, avec sa finale UEFA, ou le Nantes 96 emmené par Franck Renou, entrent dans ce gotha. Face au Bayern 2010 personne n’a vibré car personne n’y croyait, Cris avait déjà 50 ans, Benzema s’appelait Lisandro.

Cette période s’arrêta en 96 par trois performances ahurissantes, l’année même où Jacquet découvrit la meilleure sélection de l’histoire. En 97, Auxerre bloqua en quart et le PSG en finale. Densité et constance que l’on ne retrouva plus par la suite avec des exploits le plus souvent isolés avec Monaco – comme Metz, Toulouse ou Bastia en leur temps – ou couplée (Monaco et Marseille en 2004). Ou encore inexistants, avec Lyon. Pourtant, concernant l’OL, la faute n’est pas à mettre sur le niveau de la Ligue 1 qui aurait baissé, nous y reviendrons également. Pour l’OL, l’étoile filante est donc passée en 2006. Le Lyon des saisons suivantes a été moins fort. En 2007, Houiller a eu beau clamer que Toulalan était plus fort que Mahamadou Diarra, seul Barth d’OLTV a pu y croire. Avisé, il a eu un doute quand Aulas a triomphalement estimé Grosso meilleur qu’Abidal. Le déclin était amorcé. Le terrible hiver 54 fut moins contrariant que celui de 2006, quand Juninho et ses amis brésiliens s’en allèrent au Brésil sans penser à mal (contrairement à Wiltord bien des fois). Au retour, des engueulades, plusieurs belles défaites y compris à Troyes, un derby contre un mauvais Saint-Etienne en trompe-l’oeil avant d’affronter la Roma. Et patatra. Lyon affiche un complexe de supériorité aussi déplacé que les prétendus gestes d’un autre âge de son ancien entraîneur envers quelques femmes de ménage méridionales. La défaite est cruelle ,mais Lyon ne s’était menti que trop longtemps. Puis Puel arriva, puis Garde, puis Fournier puis la mort. En passant ils ont acheté Gourcuff. L’erreur de trop.

Cette défaite n’a pas tué Lyon, puisqu’il était déjà mort. Pour n’avoir pas changé complètement de cycle, l’OL 2008 était un zombie que Benzema, Toulalan et Benarfa ont abandonné dans le cimetière de la L1.

Ligue 1, 23e épisode : Le carnet de cheikh

L’OM veut Aliadière, Aliadière veut l’OM, mais qui veut vraiment voir Aliadière à l’OM ?

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Pendant longtemps, on a cru à une blague. Le PSG voulant recruter une superstar au milieu jetait son dévolu sur l’un des cent meilleurs. Même Blanc pensait que ça ne passerait pas, que ça serait trop gros. Et pourquoi pas Eric Carrière ?Mais non, désormais il le sait il peut faire ce qu’il veut.

Que signifie la venue de Cabaye au PSG ?

Il y a deux manières de voir les choses. La première, c’est une recrue pour jouer au milieu quand Verratti, Motta et Matuidi ont besoin de prendre un peu de repos. Certes, ça fait un peu cher la rotation, mais pas tellement plus qu’une relaxe avec Zahia. Et il y a la deuxième manière de voir les choses. Cabaye, c’est Blanc. Il l’avait installé en équipe de France, il le voulait, il l’a eu à un prix étouffant toute concurrence. Depuis, Blanc est comblé et il a vraiment des raisons de l’être. 1, Khelaifi a évidemment eu droit à la question « Ibra et Thiago Silva connnaissaient-ils Cabaye ? » et il a répondu que lui oui. 2, Khelaifi a aussi organisé une conférence de presse au Parc des Princes pour Cabaye comme pour les autres sauf Digne qui ne valait que 15 millions. 3, la Ligue a homologué son contrat en deux jours alors que c’est quatre normalement, comme ça il jouera à Bordeaux, et 4 les journaux télé en parlent. La prolongation du contrat de Blanc jusqu’en 2027 n’a jamais été aussi proche.

Hoarau jouera-t-il ce soir ?

Bordeaux et le PSG l’espèrent, mais pas pour les mêmes raisons. Ce serait triste pour Bordeaux si le club n’était pas à trois points de la 4e place.

Blanc le trouve-t-il toujours atypique ?

Plus que jamais.

Djibril Cissé va-t-il marquer un but avant la fin de saison ?

Il ne faut pas l’exclure. Il est quand même venu à Bastia au prix d’un gros sacrifice financier et sportif, car Krasnodar c’était quand même autre chose. Il est venu pour aller au Mondial donc il est motivé. Ca fait quand même de sacrées bonnes raisons de revenir à un niveau décent et d’espérer marquer un but. Ca ne s’est pas fait lors de la défaite à Valenciennes où il a été remplacé avant l’heure de jeu sans s’être créé d’occasion, ça ne s’est pas fait lors de la victoire contre Bordeaux car il était blessé, pas non plus à Lens car il était encore blessé, mais là c’est sûr ça c’est imminent. A 32 ans, il court toujours vite et s’il a choisi Bastia c’est parce qu’il y a des passeurs pour lui filer tous les ballons. A noter que les passeurs, eux, ne l’ont pas choisi.

Lyon est-il l’équipe en forme du moment ?

6 victoires de suite en 2014, ça vous classe une équipe. Ou plutôt ça vous classe 6 équipes : La Suze-sur-Sarthe 7e de la DH de la Ligue du Maine, Sochaux 20e de Ligue 1, l’OM 5e de Ligue 1, Reims 9e de Ligue 1, Yzeure 2e du groupe B de CFA et Evian 17e de Ligue 1. C’est vrai que depuis le 4-0 au Parc le système en losange ça marche bien, et Gourcuff et Grenier régalent.

Alors Lacazette va aller au Mondial ?

Sans doute, mais seulement si on ne reparle plus jamais de ses apparitions lors de la tournée de l’été 2013 en Amérique du Sud. Jamais.

Gourcuff : Les yeux de Gerland frits

Et s’il était revenu prouver à Grenier que c’est toujours lui le plus beau ?

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Le grand mystère du début de saison est partiellement levé. Pas celui sur l’imperméabilité lyonnaise, pas non plus celui sur la classe biberon lyonnaise, encore moins celui de Florian Maurice qui confie sa sérénité à RTL vingt minutes avant le match contre une « équipe espagnole que je ne connais pas très bien ». On ne va pas quand même pas s’intéresser à toutes les conneries qui circulent. A ce qu’on disait, les titularisations successives de Yoann Gourcuff n’en étaient plus une, il fallait trancher. Effectivement, ce n’en est pas une : il a bien sa place dans cette équipe. Pourtant il n’a pas tant changé, puisqu’à 0-2 il a retenté sa roulette suivie d’une accélération du défenseur adverse qui lui prend le ballon. Le génie est de retour.

Gourcuff a aussi, ou surtout, été le premier à frapper dans un match où Lyon n’a pas frappé. Di Meco ne s’y est pas trompé : « donne le ballon à Gourcuff et Grenier et ça ira ». Soit il n’a pas été entendu, soit il mériterait que plus personne ne l’entende jamais. Gourcuff a eu beaucoup de ballons, il a beaucoup combiné à 75m du but adverse en remettant en une touche à ses défenseurs, avec l’application de débutant qui ne l’a jamais quittée. Même avec Tiburce et le cameraman de Canal il le faisait. Il a couru partout, il a défendu, il a œuvré pour l’équipe, il a tiré des corners, ceux que Grenier lui a laissé. Il a aussi admiré en esthète qu’il est les putains de but de Griezmann et Seferovic, ça fait envie. Bref, avec son bilan, il peut regarder Malbranque dans les yeux. En fait, il peut regarder tous ses coéquipiers dans les yeux et en même temps les remercier d’être ce qu’ils sont. Grâce à eux, Gourcuff est de retour. Enfin il est plus blessé quoi.

Alors quelle est la meilleure option ? On le vend, on le garde ? On dit qu’on n’a jamais voulu le vendre ? Et pourquoi pas aller jusqu’à affirmer qu’à ce niveau il va retrouver les Bleus comme à chaque fois ? Sa cote est sans doute remontée de quelques millions d’anciens centimes ; il est vrai que son profil de meneur de jeu à l’ancienne, rapide face à des Niçois, doté d’une remarquable vision de jeu quand les Sochaliens lui laissent le temps de regarder le jeu, bon face à la seconde moitié de la Ligue 1, ça intéresse un paquet de club dont Arsenal sans aucun doute. En plus Karine Ferri doit adorer Londres. Zut Chamakh vient de partir à Crystal Palace.

Voilà pour Gourcuff. Bientôt on vous expliquera pourquoi il jouera l’Europa League.

Mercato, Lyon, Gourcuff : Danic à bord

Premier volet de la nouvelle série du Vestiaire concernant le mercato estival. Aujourd’hui, Rémi Garde retrouve Christophe Breton , ou presque.
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Réponse à la question de la couverture : Plus grand chose apparemment
Quand un mercato commence par un entraîneur qui dit « être compétitif, est-ce forcément dépenser 25 millions ? », il y a de quoi être optimiste. Et quand en plus l’entraîneur en question est Rémi Garde, le seul capable de dire tous les trois mois que « avec cette réalité économique c’est mieux comme ça et c’est le président qui décide », c’est la porte ouverte à tout, sauf peut-être la Ligue des Champions. Mais on en reparlera. Finalement, un premier match officiel de Danic sous ses nouvelles couleurs, c’est un peu comme un match en juillet face aux Grasshopers : ça a la couleur de la Ligue des Champions, peut-être même l’affluence, mais ça fait deux poteaux pour les Suisses et cinquante passes, contrôles orientés et centres en touche pour notre nouveau Gone. Il aurait pu dire la veille du match qu’il n’avait pas le niveau c’était pareil.
Mais il a beaucoup couru et Garde ne doute pas qu’il a le niveau. Enfin qu’il est meilleur que Ghezzal. Enfin qu’il pourra servir en Coupe de la Ligue. Enfin bref, qu’un joueur de plus c’est pas si mal, surtout un gaucher de 31 ans. 32 en novembre. Comme Gomis ne peut pas en même temps payer un stade neuf à Aulas en partant et être dans la surface pour mettre sa tête, Danic centre derrière le but, ça évite d’insister sur l’attaque désastreuse du club. Oh pardon on oublie Lisandro et Gourcuff. Cela dit, Benzia va revenir et il est redoutable à l’Euro U19. La Ligue des Champions n’attend plus que lui, mais elle est peut-être pas pressée.
Mais le recrutement de Lyon ne se limite pas au joyau de Valenciennes, qui fit aussi les beaux jours de Troyes, Lorient, Guingamp, Grenoble, donc de la Ligue 2. Il y a aussi Miguel Lopes, de loin le meilleur des latéraux qui ne jouaient pas au Sporting, et trois retours de prêt. Arrêtons ce papier tant qu’il en est encore temps.Un tour de qualifications préalable à un barrage : trop de préliminaires tue les préliminaires, même pour ça Gomis s’est jamais emmerdé.

Gourcuff : La revanche d’une blonde

Eh oui, il sait faire une passe de l’extérieur du pied.

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas wikipedia mais google qui est à l’origine de cette révélation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les occurrences Gourcuff et renaissance offrent quelques dizaines de liens, dont des articles pas si vieux de journaux estimables. C’était en novembre, Gourcuff était convoqué en équipe de France et ses performances étaient jugées encourageantes. « Deux matches aboutis assortis d’une convocation en équipe de France » : ce n’est pas une vanne, c’est une citation. Dommage que le but de sa saison date de Rennes-Lyon en août, ça aurait eu de la gueule. Tant pis, de toute façon personne ne lui enlèvera ses zéro passe décisive et l’Intérieur sport où on voit qu’il n’est pas comme les autres, qu’il bosse plus, qu’il court plus longtemps, qu’il joue au basket avec des handicapés, qu’il fait du kayak en mer, qu’il est en retard un matin parce que ça le fait chier de se lever. Différent, quoi.

Play boy

A Lyon, Garde se réjouit de son influence et de sa sérénité retrouvée depuis le stage d’avant-saison. C’est un autre Gourcuff que celui de l’an dernier, avec ses 2 pauvres buts et 1 passe en 10 matches. Du coup, il ne lui préfère Grenier que deux fois sur trois. Si ça continue, sa renaissance le rendra carrément incontournable quand il faudra remplacer Malbranque. La concurrence, il a déjà connu ça à Milan avec Kaka et ça ne l’avait pas empêché de s’imposer à Rennes. C’était une autre vie, dans laquelle il réussissait à accélérer sans IRM de la cuisse le lundi suivant. Tout s’est compliqué depuis : l’équipe de France et surtout le titre à Bordeaux, avec 12 buts et 8 passes dans la même saison. Pour avoir été déçu de croire qu’il n’était pas Zidane, tout le monde s’émerveille qu’il sache viser un partenaire au moment de faire une passe ou qu’il arrête de tirer vers son propre but. Et maintenant Aulas s’énerve contre les gens mal intentionnés qui lancent des rumeurs Arsenal, Atletico ou Fenerbahce.

Pendant ce temps-là, Lyon a été éliminé à Epinal en Coupe et il n’était même pas là. Alors on se moque de qui ?

Lyon : Et Aulas se Gava

Aulas est de retour : Lyon est candidat au titre de champion de France 2016.

La veille d’un déplacement à Valenciennes est toujours l’heure d’un choix pour Jean-Michel Aulas. Aussi souvent que l’OL se fait torcher à Toulouse, il perd dans le Nord, même si ces dernières années Valenciennes y ajoutait la coquetterie d’être relégable ou presque. Ce n’est pas le cas cette année, mais Lyon doit quand même choisir ce que vaut sa saison. Confirmer ce qu’on entend, qu’elle correspond à la renaissance de Gourcuff, ou autrement formulé un but et zéro passe décisive en neuf matches, est à ce prix.

Ca sent le Pathé

Lyon est 2e, et son président est soudain pris de vertiges. Depuis 1994-95, il ne s’attendait pas à pareille orgie de victoires. Et Aulas reste le maître à ce petit jeu-là : 1er ex-aequo de Ligue 1 à la trêve, il attend avec impatience le mercato hivernal pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs : il a proposé Lisandro à la Juve ou plutôt il a proposé l’info Lisandro à la Juve à pas mal de journaux. Il a aussi tenté Gourcuff à Arsenal, des fois que Wenger serait vraiment sénile au point d’accepter un nombre à six chiffres. Plus pragmatique, Aulas a fait mine de prolonger Grenier – vicieux mais bien tenté – et a rappelé que Gomis, Bastos et Réveillère avaient promis de foutre le camp l’été dernier. « Si on a envie de partir, on accepte les propositions de l’extérieur. Là, ils m’ont fait de la peine. » Les petits effrontés sont en train de finir deuxièmes, c’était pas prévu. Même troisième, pour un tour préliminaire de C1, c’était pas le plan prévu : que deviendra Mvuemba si ça se produit ? Et Aulas ne peut plus compter sur les Lillois pour le sauver.

Auto Bafé

Alors, « il faut tirer les oreilles des joueurs qui sont entre deux eaux ». Qu’ils marquent 11 buts en 21 matches avec des dreadlocks, voire qu’ils achètent des lunettes pour promettre de reprendre leurs études après une garde à vue dans une affaire de viol en réunion ne change rien : ils n’ont plus la tête à Lyon. Aulas l’a décidé, et il n’est plus là pour faire dans le sentimental, sinon il aurait gardé Malbranque toute sa carrière. Il est là pour former, vendre le plus cher possible et amasser pour acheter des Brésiliens et gagner, comme avant. Comme ça, Florian Maurice peut se dire qu’il est un peu septuple champion de France lui aussi.

C’était en 2010 : « L’OM a pris des risques financièrement. Moins que nous, mais ils en ont pris beaucoup. C’est une prime à ceux qui prennent des risques, le football français progressera comme ça. »

Hatem Ben Arfa : « Sectaire à terre »

Hatem Ben Arfa, le visage caché derrière un masque vénitien, s’est longuement livré à nous dans le confessionnal d’une église anglicane de Newcastle.

Hatem, pourquoi ce masque et ce lieux de rendez-vous étrange ?
Je ne peux plus faire confiance à personne depuis que j’ai parlé à L’Equipe. Je sais qu’ils me surveillent.

Qui ça ?
Les disciples d’Abd al Malick, le mec qui a voulu m’endoctriner avant que je perce sa réalité au grand jour. J’ai tout compris la fois où il m’a présenté le Cheick. Des gros chèques, j’en avais déjà vu dans le bureau de Monsieur Aulas. Mais Monsieur Aulas, lui, ne m’avait jamais demandé de lui embrasser les pieds. Il préfère se faire masser les adducteurs.

Qu’est-ce qui vous permet d’assimiler le soufisme à une « secte » ?
Une fois, par exemple, on m’a emmené en avion dans un endroit où y’avait des Arabes partout. Un peu comme à Villeurbanne, mais en plus poussiéreux. Y’avait plein de gars qui portaient des robes, trop la honte, et les églises là-bas ont des haut-parleurs qui diffusent des slams super fort dans la rue. Tout le monde se met alors à genou, faut vraiment le voir pour le croire. Mais comme je l’ai dit, c’est quand on m’a présenté le grand Guy Roux de la secte que ça a fait tilt dans ma tête, comme au bowling.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rapprocher de ces milieux sectaires ?
Gérard Houiller.

Avez-vous été tenté par d’autres courants que le soufisme ?
Vous savez, j’étais naïf et un peu perdu. De toute ma jeunesse, mon père ne m’a jamais dit « je t’aime » quand il me caressait. C’est difficile à assumer, alors je me suis réfugié dans tout un tas de choses. Après le soufisme, je me suis tourné vers la scientologie, mais je suis plutôt littéraire. J’ai alors essayé le spiritisme, l’individualisme, le culturisme et l’échangisme avec mon pote Bilal Yusuf Mohammed. Ca m’a d’ailleurs valu des ennuis.

Comment parvient-on à en sortir ?
On n’en sort jamais justement, ça me poursuit, même ici en Angleterre. Tenez, quand m’a pété le tibia, j’ai été envoyé dans une secte bizarre où tout le monde était habillé en blanc. C’a été les deux semaines les plus dures de ma vie : on mangeait tous les jours à 17 h 30 et y’avait même pas un écran plat dans ma chambre. Je préfère encore jouer au foot.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Dinamo-Lyon : Décidément, Zagreb les yeux

Le miracle lyonnais écrit désormais la légende du football français. Mais c’est quoi au juste un miracle ? Avant seul Bernard Tapie savait en créer.


Même Wiltord n’avait pas pris autant son pied à Lyon et pourtant la famille Fred y avait mis du sien. L’improbable s’est produit, Lyon a remonté sept buts de handicap, Gourcuff a toujours le sien. Décisif à aucun moment, il a mis la pédale douce. Pourtant c’était la soirée parfaite où rien n’a perturbé la marche en avant d’une équipe qui croit en son destin. Le Dinamo n’y pouvait rien, harassé comme si on leur avaient pompé leur énergie tout l’après-midi. Un festival de passes que seuls les virevoltants Lyonnais pouvaient leur envier. Ils ont profité de l’aubaine et de cette force intérieure des grands clubs qui écrivent leur légende pour multiplier les coups de boutoir dans le solide 2-3-5 croate. Et bientôt 2-2-5 puisque Leko avait choisi ce match pour tester la patience des arbitres de football sur les plaquages à retardement. M. Clattenburg n’avait pas le choix, ce fut l’expulsion dès la première mi-temps, avec cette assurance décidée de l’homme qui connait par cœur ses identifiants Bwin. Grisés, les Lyonnais s’en remettaient aux Dieux. Marquer sept buts en trente-deux minutes à Raon l’Etape est une chose, il n’y a par contre que la prière pour espérer que des Hollandais marquent deux buts tout en perdant 3-0. Les soirs de grandeur n’empêchent pas Lyon de prendre un but, ni Cissokho de reculer, reculer, reculer, se retourner et tomber pris dans une feinte qui n’existait pas. Zagreb c’était quand même costaud. Presque autant que le Milan 1996, qualifié au coup d’envoi du quart de finale retour de C3 mais plus à la fin. L’ancien Gourcuff jouait aussi. Un exploit ?

En même temps, quand tu es éliminé, que tu n’as plus rien à jouer et que tu perds, rien n’interdit d’arrêter de jouer. Et de toutes façons, on continue tous de regarder le Tour de France.

L’Edito : Bâle trappe

Dans la foulée de France-Japon, Bernard Laporte va retrouver un club. Lièvremont est vraiment si fort que ça alors.

Au royaume du dollar, deux happy-ends valent mieux qu’une. Un an après, la saga Federer s’offre un coffret revival des 10 et 11 septembre. Mêmes acteurs, même scénario et à la fin les jumelles sont contentes que papa rentre si vite. A 59 fautes directes près, on se dirait qu’on a revu le grand Suisse, ses beaux coups droits et son déplacement souple et aérien. Parce qu’on perd après avoir servi pour le match, mené deux sets zéro, raté deux balles de match avant de lâcher et se faire breaker, est-on fini ?

Tsonga ne devait pas mentir, alors, en disant qu’il n’était pas dans un bon jour en quarts. Djokovic n’était pas forcé d’être aussi humiliant : contraindre le plus grand de tous les temps à dire devant tout le monde : « J’aurais dû gagner. » Avant il ne serait même peut-être pas contenté de le dire, il l’aurait fait. Comme tout le monde, Federer va finir par se lasser de regarder les finales des autres. Arrêter à temps ou perdre son temps, tel est le dilemme.

Brest friends

A l’aube du grand retour de la Ligue des champions, la France est elle aussi face à un choix : vaut-il mieux des individualités pour gagner à Dijon ou un collectif pour perdre contre Rennes ? A défaut, autant s’en remettre au Hazard. Dans tous les cas, Gignac n’y est pour rien et il n’a pas son mot à dire. Pastore aimerait en être mais chaque chose en son temps : d’abord Brest, ensuite l’Europa League. A l’impossible, nul n’est tenu et même pas Palerme qui a battu l’Inter. C’est comme perdre contre des Belges en volley, ou des Espagnols en basket ça passe inaperçu.

Pendant ce temps-là, Puel et Aulas jouent à un jeu : qui a été le plus mauvais dans son rôle ? Lacombe aussi voulait jouer.

Lyon-Rubin Kazan : La roupette russe

 

« Kazan est une équipe qui prend plaisir à défendre ensemble. » Après tout, il n’a pas dit qu’elle aimait bien défendre ensemble.

Même avec Elie Baup, même en août, une soirée de Ligue des Champions reste une soirée de Ligue des Champions. On est à Lyon, Josse sort les diminutifs pour Lisandro et Houiller se félicite d’avoir retrouvé son poste. Cette fois, il n’est plus le DTN qui vante l’opportunité fantastique offerte par Aston Villa. « A 3-1 ça devrait passer », a-t-il pronostiqué, en bon vieux routier de la Coupe d’Europe, à la mi-temps sifflée à 2-1. Lyon ne se créait que deux occasions par minute, Kazan n’avait pas le niveau depuis à peine les 42 dernières. Il fallait oser. Il fallait aussi oser comparer Kazan à Ajaccio et Garde l’avait fait, en ajoutant qu’il avait du respect pour Ajaccio. Méfiance, Guardiola a aussi une voix douce, un look de jeune premier et des costumes sur mesure quand il balance des saloperies comme ça sur Arsenal.

Corses et Russes partagent donc quelques luxes, comme lâcher Lisandro au marquage dans les vingt derniers mètres ou défendre à six contre Bastos sans l’arrêter. En plus d’être le pire tirage possible depuis deux semaines, Kazan est aussi la seule redoutable équipe russe à jouer avec des Russes et non des Brésiliens. Ils sont quatrièmes d’un championnat avec seulement six points de retard sur la victime d’Auxerre il y a tout juste un an. Ca pue l’exploit lyonnais à plein nez.

Rubin sur l’ongle

D’ailleurs, L’Equipe ne s’est pas retenue de dire à Garde qu’il avait transmis de l’enthousiasme à ses joueurs. Effectivement, Lisandro, Gomis et Bastos marquaient déjà avec Puel, mais ils le font avec plus d’enthousiasme. Lyon savait contrer les équipes qui improvisent leur repli défensif, mais il le fait avec plus d’enthousiasme. Gonalons court encore plus partout pour récupérer les ballons que lui et Kallström viennent de perdre avec enthousiasme. Lovren haissait déjà le marquage dans la surface, mais il est encore plus enthousiaste à laisser passer l’attaquant devant. Koné est nouveau mais Diakhaté avait au moins eu la décence de ne pas venir de Guingamp. Et Lloris continue ses trois arrêts miracles par match avec un bel enthousiasme. Garde aurait-il sorti Cissokho au bout de 52 minutes avec enthousiasme ? Patience, Kolodziecjak revient bientôt du Mondial des 20 ans.

Il faut quand même le reconnaître : Lyon est dans sa meilleure forme depuis un an, presque aussi fort que quand le pire tirage possible belge en avait pris 5 il y a deux ans. Il y a forcément un déclic à 25 millions pour expliquer tout ça.

L’Edito : Mémoires d’un Enfoiré

Nous aurions aussi pu lire la dernière martingale de Sébastien Chabal, mais nous aurions couru le risque de le trouver sympathique. Et donc nous nous serions privés de nous demander qui des joueurs du Top 14 ou des arbitres sont les plus nuls. Nous serions aussi passés à côté d’une vanne facile sur le joueur, souvent « sauvagement attaqué par les médias« .  Sauvagement ça veut dire quoi ? Remplir des pages de journaux alors qu’on est une grosse bouse ou bousiller la mâchoire d’un mec en lui rentrant dedans ? On ne le saura sans doute jamais, autant célébrer un autre sportif aussi gros, à peine plus talentueux, et qui comme Chabal n’a joué au rugby que pour faire une bonne blague.

Les mémoires d’âne Franck

Celle de Taïwo était pas mal, même Aulas n’avait pas osé contre l’ASSE. Dans la phrase  « Pour enc… le PSG » citée par un grand quotidien de sport, faut-il comprendre que les points de suspension en pages intérieures font moins vendre qu’une Une sans points de suspension en pleine Coupe du monde ? On ne le saura jamais non plus. Ce qu’on savait en revanche, c’est que le cyclisme était une science exacte. Comme à l’époque de de Rebellin et Vandenbroucke mais ça on vous l’a déjà raconté, heureusement le Tour de France est plus indécis.

Pendant ce temps-là, le Barça du Nord joue désormais en orange, le Barça du sud en blanc, mais sans Di Maria dans tous les cas. Etrange.

Lyon : Sa sainteté le Pape

Qui ne saute pas n’est pas Lyonnais. C’est fini.

Inspiré par les vacances aux frais de la CPAM de son rédacteur en chef, le Vestiaire avait entrepris de republier le déclin de Lyon la semaine dernière. Comme quoi le travail finit toujours par payer et le Vestiaire par avoir raison, même au stade du Ray par un dimanche printanier. D’exemple sportif, Lyon est devenu exemple économique puis contre-exemple. Les titres, les bons recrutements, les générations en or, c’est fini. Bientôt l’OL n’aura même plus d’argent pour voir en grand, comme jouer la C1 ou se ruiner au Portugal.

La saison lyonnaise était pourtant déjà riche : Caen pour commencer, Benfica, Schalke, l’Hapoël à Gerland puis le Real. Mais croire à la Lisandro-dépendance moins de deux ans après le départ de Benzema, c’est s’habituer à tout : les maillots floqués Lovren, Kallström, Gonalons, Grosso, Briand. Attention, il y a un intrus, qui est parti. Un seul ? Dans ces conditions, une défaite à Nice aurait finalement été aussi convenue qu’un échec d’Houllier à Aston Villa. On ne se refait pas.

Lloris et périls

Le vrai déclin, c’est donc quelque chose de plus grand. C’est Lyon qui mène sans son meneur de jeu et Lyon qui se fait rejoindre avec son meneur de jeu. 22 millions le remplaçant, même le grand Milan de Papin ne le faisait pas à l’époque. L’OL ne se contente plus d’affaiblir la concurrence, il affaiblit toute la Ligue 1.

Le vrai déclin, c’est aussi Cris qui trouve que Mouloungui va trop vite. Le vrai déclin est ironique : derrière lui, c’est aujourd’hui que l’OL a le gardien qui lui faut, mais ça ne sert plus à rien. Eventuellement à casser la gueule à Aly Cissokho. Le tour est fait : Lyon en 2011, c’est Lloris. Finalement, quand Abidal filait un but à Schevchenko et la qualification à Milan, c’était le bon temps. Aulas a le choix : soit bluffer, soit jouer Tapie. Il fait les deux, Lacombe est toujours là. Le vrai déclin, c’est quand le Vestiaire promet que c’est le dernier papier sur Lyon.

Pendant ce temps-là, Adebayor a appris les mots doublé en C1 et ovation. Gijon prépare déjà sa demie de C1 l’an prochain.

L’Edito : Gomis sert au conte

On entamait à peine la 74e minute lorsque L’Equipe.fr a annoncé la terrible nouvelle : « Gourcuff se charge de frapper le coup franc depuis le côté droit. Le ballon traverse la surface et s’en va finir sa course en touche à l’opposé. »

Que voulait bien dire Le Vestiaire en écrivant, le 18 mai 2008, à quelques jours d’un doublé  Coupe-championnat : « Le système Aulas ne marche plus. Soit il part, soit il laisse la main sportive à un manager. Reste à trouver un entraîneur et un successeur à Juninho. »  Que Lyon avait cessé d’être Lyon bien avant de concéder le nul interdit contre Rennes à dix pendant la dernière demi-heure, avec Verhoek en pointe ? 

C’est donc une semaine spéciale Lyon qui débute dans nos colonnes avec la publication des trois volets de la suite de notre enquête exceptionnelle dans les coulisses du plus grand fiasco de l’histoire des clubs français, trois ans après la décote du Rhône. Grange n’en était pas loin non plus, mais il n’est que champion du monde. On ne parlera pas de fiasco non plus pour les guerriers de Marc Lièvrement, en mémoire du Quinze de France, qui s’est si brillament remis dans le droit chemin. Fiasco, c’est de quelle origine déjà ?

Nadal maso

A part ça, Federer n’est pas fini. Autant de raisons de se réjouir du retour au plus haut niveau de Richard Gasquet. Comme il l’avait annoncé,  il a embêté Djoko, et même durant quatre jeux. C’était une bonne occasion de répéter les phrases toutes faites des grandes personnes :  » Je n’ai rien à perdre et c’est souvent le meilleur moyen de faire un bon match. Le problème de ces derniers adversaires, c’est qu’ils le regardaient un peu jouer. On sent qu’ils l’ont trop respecté, c’est ce qu’il faut éviter. » Quoi, il se prend pour qui ce petit merdeux?

Pendant ce temps-là Nadal a embêté Djoko pendant un set. C’est pas mal quand même.

Gourcuff : Samba do breizhil

Treize ans après, la France retrouve le Brésil au Stade de France. Désormais, Zidane joue à Lyon.

C’est fou comme le temps passe. Il fut une époque pas si lointaine où Laurent Blanc aurait refusé une interview à un vulgaire site espagnol baptisé Don Balon. Aujourd’hui, il convoque Matuidi et Hoarau, les codes ont changé. Ce n’est pas une raison pour mentir aux gens : « Il n’y a pas si longtemps que cela, la France dominait le football mondial car les Bleus avaient un phénomène, un footballeur exceptionnel nommé Zinédine Zidane. Désormais, une nouvelle génération de bons joueurs arrive, mais il nous manque encore ce footballeur exceptionnel. » Après tout, Franck Gava cherchait peut-être lui aussi son successeur.

Le foot ascète

Un but et trois passes décisives en seize matches, mais surtout 59 longues minutes à Valenciennes, il n’en fallait pas plus pour que Yoann Gourcuff replonge dans l’humilité, comme le jour où il a conseillé à Astorga de tenter Eurosport : « Puel a une philosophie différente de Laurent Blanc. C’est vrai que ma façon de voir le football s’approche de très près de celle de Laurent Blanc. » Mais probablement pas autant que celle de son père, Lorient aura bientôt quelques liquidités, Lyon quelque passif à colmater, et pas uniquement Lovren-Diakhaté dans deux semaines.

Blanc bec

Sept tirs cadrés sur 35 depuis son arrivée, 800 ballons joués soit à peine moins que Cissokho et Kallström, l’influence de Gourcuff sur le jeu lyonnais ne se dément pas, d’ailleurs plus personne ne parle de Lisandro. Tracté par ses 25 millions, Lyon est redevenu une redoutable machine à gagner, et même capable d’inquiéter l’Hapoël Tel-Aviv. Comme en plus Gourcuff a la vitesse, la justesse, le sang-froid dans les grands matches, il ne lui reste pas seulement les coups francs pour exister. Ce serait un coup à les chier aussi, à attaquer 2011 en faisant encore pire qu’en 2010 et à dire à Sud-Ouest que « mon apport offensif est insuffisant. La presse en a beaucoup fait sur moi quand tout allait bien. Les louanges d’alors m’avaient gêné. Mais dans le sens inverse, cela me gêne tout autant. Il y a un juste équilibre à trouver. » Justement, Lorient est 10e ex-aequo. Brest sinon.

Pendant ce temps-là, Laurent Blanc tend la main autant à l’homme qu’au joueur. Il les a pas volées ces deux-là.

L’Edito : La mort de Pepe Carvalho

Xavi-Iniesta, pressing et possession : comme d’habitude, le Barça a étouffé le Bayern.

Karim Benzema a le choix des armes. Feignant, arrogant, pas assez compétiteur, pas assez professionnel, et pourquoi pas y ajouter quelques menaces de mort ? Son entraîneur lui a offert quelques pistes en même temps qu’une titularisation. Il lui a aussi offert Ozil et Di Maria en soutien, donc l’Allemagne et l’Argentine, donc le Werder et Benfica, qui ne connaissent le Camp Nou que de nom. Ozil est bien le meilleur joueur du monde avec 70% de possession contre l’Athletic Bilbao. Inutile donc de le laisser plus d’une mi-temps, un clasico se joue toujours entre Xavi et Iniesta.

En faisant une confiance aveugle à Khedira, Xabi Alonso et à l’Ajax, Mourinho a oublié que Eto’o jouait arrière gauche. Le Real n’est pas transformé, Ramos n’aime toujours pas défendre. Il faut quand même faire un petit effort pour que Messi rate un grand match : il faut un grand match.

Bâle au centre

Roger Federer, lui, a retrouvé ses armes le temps d’un match contre Nadal. A 29 ans, on n’a plus envie de s’emmerder à jouer Murray, ça s’est vu en poules. Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César : c’est en devenant n°2 mondial en août que l’Ecossais a obligé Federer à sortir de sa retraite. Le Suisse est de nouveau n°2, Murray n°4, pas sûr qu’on voit Federer en Australie.

Sinon, Iverson vient faire le show à l’Astroballe, mais Collet n’est plus là. Comment peut-il devenir entraîneur dans ces conditions ? Lièvremont, lui, a le choix des lieux pour passer le week-end à se reconstruire : Bourgoin, Castres, Brive ou Bayonne. A croire qu’il n’a jamais vu le LOU.

Pendant ce temps-là, Aulas trouve que Schalke 04 tutoie le surnaturel en ce moment. Et Kaiserslautern, c’était le Barça ce week-end ?

LdC, OM : Stranger in Moscou

Le Vestiaire hésite encore à trancher cette question : l’OM aurait-il marqué plus ou moins avec Gignac ?

Notre spécialiste comptait vous parler de l’OM depuis un petit moment. Il a bien fait d’attendre. Prudence est mère de sûreté. Le stade Luzhniki est un bien bel endroit pour renaître. Dommage, ça ne sera pas pour cette fois. En planter trois au Spartak est une drôle de performance, que seul Chelsea avait réussi à faire en Ligue des Champions. Le CSKA aussi, la semaine dernière. Et Novosibirsk ? Rien de tel pour répondre que l’un des fils d’Abedi Pelé, qui donne enfin, à presque 21 ans, la pleine mesure de son talent : conduite de balle pied gauche, dribble de trop, ouverture trop longue et but à Toulouse. L’OM marque plus de deux buts par match de moyenne en C1. Vivement les huitièmes.

Va te faire acculer

Comme Nancy, le Spartak a de quoi regretter la neige qui rendait les contrôles et le jeu court difficiles aussi pour les autres. Les Brésiliens de seconde zone font de moins en moins peur, sinon le Zenith et ses dix-neuf points d’avance en championnat ne garderaient pas un souvenir douloureux de l’Abbé Deschamps. Dans ce contexte russe, le nouveau Pelé s’est régalé. Il a eu des ballons et a pu combiner avec un Lucho retrouvé. Brandao a mis une occasion au fond, comme Rémy, bien soutenu par l’infranchissable Azpilicueta. Ça commence à faire beaucoup d’indices, les mêmes que Lens, il y a deux semaines, n’avait pas laissés.

Dans sa quête de grandeur, l’OM a franchi un palier fondamental cette saison : avec la même équipe, un peu plus faible encore, elle a désormais le droit de battre des équipes russes pas très bonnes  alors qu’avant, elle devait s’incliner devant des équipes italiennes pas très bonnes. Vive le deuxième chapeau. La différence n’est pas si grande, elle s’appelle Valbuena. « L’OM peut aller en demi-finale », dit même Karpine, qui n’est pas entraîneur depuis longtemps. Chelsea aimerait vraiment voir ça.

Pendant ce temps-là, Mourinho ne voit pas bien qui pourrait l’empêcher d’en mettre quatre à tout le monde jusqu’à la finale. A part Higuain ?

Se faire prendre en Lovren

Le Vestiaire aurait pu se foutre de la gueule de Lyon, comme cela était prévu depuis 23 heures, mardi soir. Mais Le Vestiaire a été incapable de pronostiquer plus de deux résultats justes. Alors, rendons plutôt hommage à la Ligue des champions.

Marseille-Zilina : 7-0, Auxerre-Ajax: 2-1, Milan-Madrid : 2-2, Donetsk-Arsenal: 2-1, Benfica-Lyon : 4-3, Tottenham-Inter: 3-1, Copenhague-Barcelone 1-1.

Yoann chez les Bleus : Cirer le Blanc

Tous les Zidane sont nés face à la Roumanie. Tous n’y sont pas morts.

Ne voir dans le retour de Gourcuff qu’une humiliation de plus de Toulalan serait partiel. Pourtant, le requin Blanc n’a pas démenti, bien au contraitre, et sa politique de la main tendue n’a que deux variantes connues à ce jour : soit le majeur reste seul tendu, soit c’est une fourchette dans des cordes vocales croates. Le gentil Yoann a beau avoir l’habitude des sévices chez les Bleus, en l’absence de Ribéry il pensait son intimité à l’abri. C’était sans compter sur son ancien tortionnaire girondin.

Bombe Hatem hic

L’important n’est-il pas d’acquérir les bons réflexes de vie en société ? Se mettre en avant avec le transfert le plus cher de l’histoire pour oublier le Mondial était une option. Lyon, le classement des buteurs, le classement des passeurs décisifs n’ont pas bien compris ce que ça avait changé à l’histoire, Tigana si. Depuis, le gentil Yoann a arrêté de tirer sur les toits des tribunes trente fois par mi-temps, peut-être sur les bons conseils de son spécialiste de papa.

Faire deux phrases de trois mots en une heure, ça peut aider à comprendre, mais pas toujours. Alors, Gourcuff fait profil bas, il refuse le brassard et se met avec Blanc et Gasset pour jouer au tennis-ballon. Bon camarade peut-être, rien de tel en tout cas pour effacer cette réputation infondée de lèche-cul. Cependant, pour Blanc, sélectionner Gourcuff c’est prendre deux risques. Primo, qu’il marque et se remette à devenir intouchable contre Nice et Arles-Avignon, voire la Biélorussie et la Roumanie. Ça peut toujours servir, Nasri ne voyait pas bien l’intérêt du procédé jusqu’à ce que le requin ne parle du « petit Dimitri ». Plus qu’à apprendre son nom de famille. Secundo, à l’inverse, il se peut que Gourcuff reste le joueur qu’il a été durant les six dernières années. Cette aptitude, à passer de Rennes au Milan AC aussi vite que du Milan AC à Bordeaux.

Stress et paillettes

En conférence de presse, en tous cas, les journalistes sont ravis d’avoir retrouvé ce bon client qui répondait des choses si précises et originales à Astorga : « C’est la victoire surtout qui fait du bien, c’était ça le plus important (…) On va essayer de gagner ces deux matches, j’espère que ça va bien se passer (…) C’est sûr qu’à Lyon on aurait tous préféré que cela se passe bien… Je suis là, à la disposition du sélectionneur (…) On essaie juste de bien préparer le match, après c’est le sélectionneur qui décide de la philosophie de jeu, de ceux qui jouent. Mais le plus important, c’est que l’équipe gagne dans un premier temps et qu’elle joue bien (…) Pour moi le plus important, c’est de prendre du plaisir sur le terrain avec les autres, en jouant bien (…) Une nouvelle atmosphère, c’est difficile à dire(…) » Si on s’y prend bien, on peut tout à fait convaincre Marcel Rufo de devenir profileur.

Encore un petit effort, Zidane est tout proche, à seulement 86 sélections, 30 buts et quelques finales de Ligue des champions et de Coupe du monde.