Ligue des champions, Barça-Manchester : Papys sans Nani

La der de Van der Sar, le soutien de Wembley, la foi de Crevoisier en Ferguson : Manchester n’avait-il pas trop d’atouts ?

C’était annoncé par la planète entière, sauf par Le Vestiaire, qui connaît encore un peu son métier : la plus belle finale de l’histoire des coupes d’Europe a accouché du plus beau vainqueur. Pourquoi le match a-t-il été si nul ?

Il fallait tuer pour se procurer des places à Wembley, enfin L’Equipe n’aurait pas hésité. Et ce avant même de titrer Indiscutable pour la quatorzième fois de la saison. L’éthymologie du mot « finale de rêve » a ses raisons que l’incompétence ignore.

Une finale, deux rêves

Les deux meilleures équipes étaient pourtant bien sur le terrain. Mais les deux meilleures équipes de quoi ? De la saison, probablement, c’est la règle du jeu. De la décénnie, certainement, avec Milan, mais c’est juste une histoire de palmarès. Car côté terrain, les deux saisons les plus faibles de l’histoire contemporaine auront vu accoucher les deux pires vainqueurs, associés aux deux pires finalistes. Comment comparer Barcelone, Manchester voire Chelsea 2009, avec les demi-finalistes 2010 et 2011 ? 

Barcelone doit sa place en finale et la branlée qui a suivi à  l’Inter entraînée par Leonardo, à Mourinho qui préfère Adebayor et Higuain à la Ligue des champions, à la disparition du championnat d’Angleterre et du football de haut niveau. Les même raisons ont offert à Manchester sa place en finale et la branlée qui a suivi, alors même qu’Eto’o et Henry sont à la retraite. 

Sir a l’ex

Ce Manchester vendu subitement par la Terre entière comme le meilleur MU de tous les temps n’est pas le genre d’équipe à frôler l’élimination contre l’OM.
Ce Manchester est champion d’Angleterre. Comme en 1999. Ce Manchester, c’est Ferguson, Giggs, Scholes. Comme en 1999. Ce Manchester, c’est Ferdinand. Comme depuis 2002. Ce Manchester, c’est Van der Sar. Vainqueur de la Ligue des champions en 1995.

A condition de passer l’hiver, deux ans de plus n’étaient donc pas de trop pour tirer les leçons d’une première défaite en finale face au Barça. La preuve : il y a deux ans, ils avaient défendu quinze minutes et s’étaient créé des occasions. Cette année, ils n’ont pas reproduit la même erreur : aucun pressing, 33% de possession, 4 tirs à 18. Messi ne s’est même pas emmerdé à marquer de la tête pour avoir son Ballon d’or.

A l’époque, Ronaldo était là. Aujourd’hui, Giggs est las. Et pourtant, c’est toujours lui l’exemple, à tel point qu’Evra a choisi d’avancer la date de son jubilé, bien qu’il en ait déjà quelques-uns à son actif. Mais cette fois, Abidal était aux premières loges. Avec sa perf sous le bras, il a tenu à courir et soulever la coupe pour honorer celui que Sir Papy appelle le meilleur latéral gauche du monde. Quel âge déjà papy ?

Andres in fiesta

Abidal et la coupe, Puyol qui rentre, Guardiola et sa cravate fine, Jeanpierre qui aime le Barça : les finales de C1 offrent toujours de belles images. Valencia qui ne comprend pas bien ce qu’il fait là en est une autre. Chicharito qui retrouve son passeport mexicain, ça a aussi ému Nani, Rooney et Berbatov. « Ferguson ne peut pas avoir de regret. Il a pris l’option de mettre du talent pour perturber le Barça, ça n’a pas trop marché. » Denoueix aura eu le nez creux jusqu’au bout, ça lui garantit un an de voyages à La Masia offerts par Canal et L’Equipe Mag. Le talent, c’était pour Carrick ou Vidic ?

Pendant ce temps-là, Barcelone a fait marquer Messi, mais aussi Villa et Pedro dans le même match.

Manchester-OM : Devil fantôme

 

Etre éliminé par Manchester ne laisse jamais de regrets. L’OM a fait encore plus fort : il peut regretter le match aller, ses deux conneries des 5e et 75e minutes au retour et tout le reste du match retour.

L’OM attendait un huitième de finale depuis si longtemps qu’il n’allait pas passer à côté. Inquiéter Manchester à Old Trafford, acculer les Red Devils, accumuler les occasions, aucun doute c’était le retour du grand OM, sans compter deux Abedi Pelé sur le terrain, pour un seul à l’époque. C’était aussi le retour de la charnière Heinze-Diawara avec Taiwo à gauche. Les buts encaissés en poule à Porto n’étaient évidemment qu’accidentels.

Echouer à un but du Manchester le plus nul depuis l’arrivée de Brian McClair, l’expérience sera précieuse. D’ici là, il faudra apprendre quelques trucs et astuces. Faire une tête de la tête et pas de l’épaule, cadrer une volée ou centrer sur une tête après un bon dribble. Une dernier secret pour l’année prochaine : savoir gagner un match contre un adversaire nul à chier, pas solide, pas technique, pas puissant, qui ne compte que sur un gardien et un attaquant. Les papiers d’avant-match sur Ryan Giggs n’étaient donc pas si anodins.

La Giggs du cul

Mais Christian Jeanpierre l’a dit : « On aura quand même vu un très grand Ryan Giggs ce soir. » « Giggs est un grand joueur. » « Giggs va gagner du temps avec l’expérience qu’il a. » Il avait pourtant dit un peu plus tôt « Fanni qui élimine Giggs sur un droite-gauche ». Il avait aussi dit « bonne intervention de Diawara, ah non c’est Fanni. » Mais Manchester ce n’est pas que des vieux plus très bons : c’est aussi des jeunes pas très bons. On comprend mieux pourquoi le Cristiano Ronaldo du pauvre est si important. Attention quand même, l’Equatorien Valencia revient.

Pendant ce temps-là, Deschamps a pu analyser dès qu’il a vu Astorga. « Manchester a de grands joueurs devant, ça fait la différence. » Ainsi ce ManU-OM est aussi l’avènement de Chicharito. Toujours pas de regrets.

OM-Manchester : Sir sourire

Andy Cole et Dwight Yorke étaient vraiment bons alors ?

« C’était un match pauvre, il ne s’est rien passé. » Ferguson a renvoyé ses joueurs au Vestiaire.

24 heures après le Real, Manchester a vécu une soirée difficile en France. Pas autant que les spectateurs, mais la France du foot est le grand vainqueur de cette double confrontation : deux nuls, qui dit mieux. Les clubs français ne sont plus si loin de leurs illustres voisins et pourtant ils n’ont pas fait de réel progrès. Si : Edouard Cissé. Plus la quarantaine approche, moins il semble dépassé par le rythme du jeu. Qu’est-ce que peut bien cacher le mot nivellement ? Une deuxième finale de suite pour le Bayern de Müller et Badstuber ?

Wayne Ronnie

Ces considérations, l’OM n’en a cure. Il a réussi son pari, ne pas encaisser de but contre l’un des Barça anglais. Dit comme ça on aurait presque envie de revoir le résumé du match. Mais on peut aussi dire que Fletcher, Carrick et Gibson ont eu du mal avec le Mistral. Que Nani a été pris de vitesse par Mbia mais ce serait mal connaître Le Vestiaire. Et Berbatov, à force d’être privé de Rooney, ressemble de plus en plus à un attaquant bulgare, ce que Stoichkov n’a pas été longtemps.

0-0, des chances au retour, ça suffirait au bonheur de n’importe quel FC Copenhague avec N’Doye en pointe. Rémy a bien couru, Ayew a bien défendu, Brandao a bien sauté, Lucho s’est bien préservé pour Nancy ce week-end. Valbuena ne pouvait donc qu’être attendu comme le Messi.

Remy, Vidic, vite chient

Bien défendre ou bien attaquer, on ne peut plus faire les deux, sinon Ferguson aurait envoyé une chaussure dans la gueule d’un de ses attaquants. S’il arrive à oublier que Niang était là il n’y a pas si longtemps, Deschamps, à son corps défendant, va finir par regretter les absences de Gignac. Après tout, pourquoi s’inquiéter, il reste un autre Abedi Pelé en réserve.

Pendant ce temps-là, les trois clubs italiens ont perdu à domicile. Le nouveau Calcio se vit bien à Toulouse, Nancy et Brest.