Mondiaux d’Escrime : L’Obry à payer

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C’est l’histoire d’un sport qui fut très populaire pendant plusieurs siècles quand il n’était pas encore un sport mais une fois devenu discipline officielle n’intéressa plus grand monde. Et pour cause, aujourd’hui les litiges se règlent au tribunal. Quand papa ne décide pas de zigouiller toute la famille bien entendu. Bref, l’escrime fut pendant longtemps dans notre pays cantonnée au rôle d’attraction olympique.

On savait que tous les 4 ans on verrait à la télé des hommes et des femmes déguisés en fantôme et masqués d’une moustiquaire ou burqa, appelez ça comme vous voulez, venir chercher des médailles. On s’en contentait largement. Sauf que l’année dernière à Londres l’armée française s’est fait ramasser la gueule. Comme à l’époque de la ligne Maginot ou du Chemin des Dames. Et pour une fois, pourtant, tout le monde se battait avec les mêmes armes. Du coup le Vestiaire ne peut même plus parler d’une étrange discipline internationale pratiquée que par des Français.

Vous vous demandez certainement le pourquoi de cette introduction ou même le pourquoi de cet article tout court. Tout simplement parce qu’une rumeur insistante parle de mondiaux d’escrime qui auraient débutés aujourd’hui. Et pour la première fois il n’y a pas le moindre nom connu, comme quand la natation n’alignait que Franck Esposito pour une belle huitième place. Alors comment parler d’un sport dont on n’a quasiment jamais parlé sans Lamour, Touya, Srecki, Jeannet, Guyard, Flessel et tous les autres que l’histoire ne retiendra pas plus que ça ?  En vous donnant les noms en vrac et si ça vous dit quelque chose vous nous envoyez un petit commentaire ? Allez on fait comme ça : Elisa di Francesca, Arianna Errigo et Valentina Vezzali. Mince, ce sont des Italiennes apparemment.

Sinon il y a sport.fr qui nous parle de gros espoir pour le fleuret dames et qui cite la DTN : « J’espère que Budapest sera l’aboutissement, en particulier pour les filles du fleuret. Se planter aux Championnats du monde ce serait ressenti comme une grande blessure, parce qu’elles ont fait une saison extraordinaire et qu’elles sont en progression perpétuelle ». Ça donne vraiment envie.

L’épée masculine a l’air pas mal aussi, mais on n’y connaît rien. On les appelait même les « Invincibles ». Toujours ces titres à la con qui deviennent un peu lourds et humiliants à la première branlée.

Pendant ce temps-là on parle de renouvellement de génération pour les autres. On aurait dit les nuls c’était pareil.

Alain Bernard : Relais caillé

L’ancien recordman du monde du 100 mètres en combi, Alain Bernard, nous reçoit, tête baissée, à bord d’une estafette de l’escadron de gendarmerie de Montargis.

QUESTION : Alain, entre nous, envisagez-vous sérieusement de faire carrière dans la gendarmerie ?
ALAIN BERNARD : Je peux pas, j’ai pas de moustache. Et je m’épile le torse, ça faire rire les collègues dans le vestiaire.

Q. : Vous ont-ils aidé à appréhender la jeune femme qui vous a récemment harcelé ?
A.B. : Une vraie folle celle-là, j’ai reçu plus de 1.000 appels en trois jours, ça me fait un quatrième record du monde. En plus, je sais pas comment enlever le vibreur de mon portable, c’est pire que le Sport-Elec, j’ai chopé une hypertrophie de la cuisse.

Q. : Savez-vous de qui il s’agit ?
A.B. : Les gars m’ont dit qu’elle s’appelait Esther. Elle prétend être nageuse de haut niveau. Avec un prénom comme ça, ça m’étonnerait.

Q. : Votre célébrité nouvelle n’a pas que des mauvais côtés. Faire le plateau de Denisot, vous en rêviez ?
A.B. : J’en ai marre des rumeurs qui m’envoient au PSG. De toute façon, Michel m’a dit que ça serait Jean Todt l’entraîneur, avec Philippe Lucas, s’il ne va pas en prison. (Il s’arrête, pris d’une violente quinte de toux.) Voilà, je m’énerve et mon asthme revient.

Q. : La pollution ne risque pas d’arranger les choses à Pékin…
A.B. : C’est sûr, mais grand merci, j’ai toujours trois tubes de Vento® sur moi. (Il fouille le fond de sa poche pour les montrer et sort une poignée de pilules.)

Q. : C’est aussi pour soigner l’asthme ?
A.B. : Non, non, celles-ci sont pour mon anémie et les autres pour l’hypertension. Je n’aurais jamais pensé avoir tout ça, heureusement que les médecins de l’équipe de France veillent. Laure et Amaury auraient la même chose a priori. Ca doit être contagieux.

Q. : Est-ce que vous craignez Amaury Leveaux justement ?
A.B. : Bah je ne mange jamais de viande rouge, que du poulet de temps en temps. C’est un des secrets de ma réussite.

Q. : La fameuse combinaison Speedo en est-elle un autre ?
A.B. : La combi, ça change rien. Seb Bodet il a la même et il sera jamais champion olympique.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Camille Lacourt : « Plein le dos »

Enfin éloigné du tumulte médiatique, le Vestiaire s’est presque intéressé à la nouvelle star des bassins qui a presque su rester simple. 

Le recordman du monde du 100 mètres dos en shorty nous reçoit dans un jacuzzi d’Aquaboulevard, entre deux passages par l’esplanade Henri de France.

LE VESTIAIRE : Camille, êtes-vous redescendu de votre petit nuage depuis vos trois médailles d’or aux championnats d’Europe ?

CAMILLE LACOURT : Vous savez, moi, je nuage que le dos, mais l’investissement est le même que pour les autres. Il faut aller à la piscine deux fois par jour, se recoiffer à chaque fois, faire toutes les émissions du service public et Denisot avec un mec qui ressemble à Tom Hanks dans Big. Je ne souhaite pas à Amaury Leveaux de vivre ça.

Comment vivez-vous l’emballement médiatique qui a suivi votre performance ?

J’étais dans ma bulle de savon à Budapest. Je n’ai vraiment réalisé qu’une fois posé à Paris avec cinq cents filles qui hurlaient mon nom dans le hall de l’aéroport. Une hôtesse m’a dit qu’elle n’avait pas vu ça depuis le dernier transatlantique de David Charvet. Et il aurait fallu voir notre descente des Champs-Elysées ! C’était blindé de taxis et de touristes japonais. Je savais même pas qu’ils diffusaient les championnats d’Europe là-bas.

Votre nouveau statut vous met-il une pression supplémentaire ?

J’essaie surtout de garder la tête froide sur les épaules. Il faut se rendre à la réalité des choses : tout ça ne va pas durer éternellement. A part quelques rues à mon nom, cinq biographies et mon portrait sur un immeuble de la Cannebière, qui se souviendra encore de Camille Lacourt dans un siècle ou deux ?

Toutes ces sollicitations ne vous empêchent-elles pas de nager ?

Je suis juste obligé d’aller à la piscine une heure plus tôt pour signer des autographes aux filles de la synchro et aux mamans qui viennent les chercher. A part ça et les deux lignes d’eau qui me sont réservées à l’entraînement, je suis toujours le même. Et je suis bien entouré à Marseille avec ma copine Laure (Manaudou). Elle m’a dit de ne jamais sortir avec une Italienne si je ne voulais pas finir à faire de la pub pour des marques de savon cinq ans après ma retraite.

Comprenez-vous que votre progression soudaine puisse faire douter les spécialistes ?

Je ne suis ni Russe, ni Chinois, ni Américain, ni Australien, alors, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir. Je fais bien quelques crises d’asthme de temps en temps, comme tout le monde, mais Alain (Bernard) a toujours un tube de Vento à dépanner.

N’avez-vous pas pas l’impression de n’avoir encore rien prouvé ?

Comme dit souvent mon pote Fred (Bousquet) : une ondulation de papillon aux 25 mètres, ça fait une vague au milieu du bassin. Mes trois médailles d’or, c’est surtout un message à tous les moniteurs de ski du pays : ce n’est pas parce qu’on est grand, blond, musclé, souriant et bronzé  qu’on est condamné à faire carrière dans le sport ou la publicité pour dentifrices.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

L’Edito : Leveaux de ville

A peine les championnats d’Europe d’athlétisme terminés, voilà que ceux de natation vont commencer. Dans le sillage des sept médailles européennes de roller, les années paires font décidément du bien au sport français.

En août, Christophe Lemaître s’appelle Yannick Agnel. Il faut s’y faire, le renouveau du sport français est en marche avec de jeunes têtes d’affiche et les premières conquêtes sont continentales. Conquête, continental : le rugby reprend effectivement ses droits. Mais pour toute excitation devant un Perpignan-Clermont, et ce même si dans un sympathique élan L’Equipe se met cet été aux compte-rendus de matches amicaux, Lièvremont se régale et sombre dans l’euphorie : « Le Tri Nations est une belle promotion du rugby. » L’Europe d’abord, voilà la preuve : un Grand Chelem aux Six Nations sert donc à quelque chose.

Papi et Mahinmi

Du coup, le Mondial de basket vient peut-être un peu tôt, mais ça n’a rien à voir avec Collet, Bokolo, Lombahé-Kahudi, Traoré, Koffi, Ajinça, Causeur, De Colo, Albicy, Mahinmi et Gelabale. Diaw, Batum et Pietrus seront aussi là pour apporter leur expérience des 8e et 5e places des derniers Euros et de la 5e place du dernier Mondial. Pour l’expérience des JO, Rigaudeau n’était pas disponible. Foirest et Sciarra n’avaient pourtant rien de prévu.

Le sport, en août, ce n’est évidemment pas que ça. Il y a aussi la Ligue 1 et son premier leader, le PSG. Kombouaré a réussi son pari, il a hissé son club de coeur tout en haut. L’imprimé du classement sera-t-il pour autant recevable par les prud’hommes en novembre ? Pas sûr. Lyon et Bordeaux ne se posent pas la question, seul leur importe de trouver comment se procurer des occasions. Le Vestiaire leur donnera bientôt quelques tuyaux.

Pendant ce temps-là, Henry est allé à la chasse.

Championnats d’Europe juniors :
Yannick la peau lisse

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Jamais Le Vestiaire n’aurait pensé un jour perdre une matinée pour pondre un papier sur les championnats d’Europe juniors de natation. Il fallait pourtant bien rendre à Yannick Agnel l’hommage que sa précocité mérite.

Il s’était surtout distingué jusque-là par son goût pour les moule-bites et sa cage thoracique atrophiée. A 18 ans, un mois, une semaine et quelques heures, Yannick Agnel est rentré cette semaine dans une nouvelle dimension. Le grand blond au blanc bonnet écrase de tout son talent les championnats d’Europe juniors : quatre médailles d’or, déjà, et Dedieu sait où s’arrêtera la moisson.

Le petit prince de la natation française a surtout mis un sacré coup au record national du 400 mètres : 3’46’’26, c’est deux centièmes de mieux que la combinaison de Rostoucher et, à trois centièmes près, ce qu’il avait fallu à Ian Thorpe, en 1998, pour gagner son premier titre mondial seniors. A 15 ans et trois mois.

Les loups et l’Agnel

Mais Agnel n’est pas que le pubère précoce aux bras maigres que toute la France attendait depuis la grossesse de Manaudou : il a aussi décroché son bac S avec mention bien, une gageure à un âge où Ian Thorpe se contentait d’un titre olympique, en 3’40’’. La vie scolaire est une question de priorités.

Il faut pourtant le reconnaître, la comparaison est injuste. L’Australien nageait devant son public, à Sydney, quand le Niçois prend le risque d’aller jusqu’à Helsinki se frotter aux meilleurs juniors du continent. Il partage aussi avec la Torpille sa taille de chaussures et un goût prononcé pour le crawl : à quoi bon la polyvalence quand on a les relais pour doubler les médailles ?

Phelps pas le malin

Il y a aussi du Michael Phelps chez le Michael Phelps français, qui a battu Michael Phelps, en rattrapé, lors du dernier Open de Paris. L’Américain a d’ailleurs attendu ses 16 ans pour glaner son premier titre mondial, en 2001, sur 200 mètres papillon, et ses 18 pour en rajouter trois autres et cinq records du monde, à Barcelone, en 2003.

A part Bousquet et Bernard, qui n’ont compris que sur le tard les bienfaits des combis polyuréthanes et de la Ventoline, la natation n’est évidemment pas un sport où l’on éclot de bonne heure. Un sport dans lequel tout le monde est cramé à 25 ans après avoir inventorié deux fois par jour tous les carreaux du bassin. Une chance pour Esposito et Barnier : ils n’ont jamais su compter.