Manaudou : Laure en bar

Les anciennes nageuses n’ont pas toutes la chance d’épouser les monarques dégarnis de principautés bananières.

Tout omniscient qu’il est, Le Vestiaire doit aussi parfois faire amende honorable. Il n’avait qu’un peu plus d’un an, en août 2008, quand il écrivait après le 400 m raté de Manaudou aux JO de Pékin que seules trois options se présentaient à elle désormais. La première – « elle annonce sa retraite, fait un gosse à Stasiulis et se remet à l’eau dans deux ans pour une dernière sortie olympique, à Londres » – était vraiment loin du compte. Comment notre spécialiste de l’époque, douze fois démissionnaire depuis Laure, a-t-il pu se planter de la sorte sur le nom du futur papa ?

Rappelons, à sa décharge, que la meilleure nageuse française de l’année 2004 faisait alors plus de culbutes dans sa chambre qu’au bout des bassins. Son intimité était connue de beaucoup d’internautes et l’équipe de France de natation n’était pas assez grande pour combler tous ses désirs. Tout ça, c’était avant de montrer sa salamandre à Fred Bousquet. Le plus Américain des nageurs français qui s’entraînent en Amérique a mis le grappin sur la jeune retraitée. Il lui a donné la gamine qu’elle attendait depuis longtemps et a fait d’elle une femme mure.    

A 24 ans et une stabilité sentimentale enfin trouvée, l’appel des bassins s’est fait plus fort que celui des couches souillées.  « L’envie est revenue », assure-t-elle. Et pas seulement le soir dans le lit baldaquin de Frédo. La jeune maman avait tout simplement la nostalgie de ses grandes années et ceux qui ne voient dans son come-back qu’une affaire de pognon n’ont vraiment rien compris au sport. 

Pinault, simple fric

Qu’on se le dise, Laure Manaudou n’a « jamais nagé pour l’argent ». François Pinault, son mécène, lui filait bien un million d’euros par an et quelques tee-shirts Gucci par-ci, par-là, mais comme elle l’expliquait en 2009 en prenant sa première retraite, le plaisir était sa seule source de motivation : « Je n’avais plus envie de m’entraîner depuis que j’ai quitté Philippe Lucas en 2007. J’ai réalisé plus tard que c’était à ce moment-là que j’avais perdu le plaisir de nager. »

La sportive préférée des Français de l’avant-Chabal n’avait d’ailleurs accepté ces derniers mois de devenir l’égérie des gels douche Cadum et des poussettes Aubert que par pure philanthropie. N’allez pas y voir un moyen comme un autre d’assurer l’avenir de sa gamine. Elle aurait très bien pu faire du cinéma si c’était le cas : avoir tenu deux répliques à Richard Berry dans un film d’Olivier Doran vous ouvre toutes les portes.

Ne pas savoir lire un script sans l’aide d’un dictionnaire peut par contre en fermer quelques unes. Alors, même si elle n’aime pas beaucoup son sport, Laure Manaudou, aussi cultivée qu’un dauphin du Marineland, a décidé de replonger. Elle ne sait faire que ça. Toujours très bien entourée depuis qu’elle a quitté Philippe Lucas, la première Française de l’histoire à avoir une poupée Barbie à son effigie a choisi le coach de l’insoupçonnable Cesar Cielo pour la préparer à sa dernière barbotte médiatique. Après tout, ça vaut quand même mieux que de rester à la maison soigner les hémorroïdes de Frédo.

Camille Lacourt : « Plein le dos »

Enfin éloigné du tumulte médiatique, le Vestiaire s’est presque intéressé à la nouvelle star des bassins qui a presque su rester simple. 

Le recordman du monde du 100 mètres dos en shorty nous reçoit dans un jacuzzi d’Aquaboulevard, entre deux passages par l’esplanade Henri de France.

LE VESTIAIRE : Camille, êtes-vous redescendu de votre petit nuage depuis vos trois médailles d’or aux championnats d’Europe ?

CAMILLE LACOURT : Vous savez, moi, je nuage que le dos, mais l’investissement est le même que pour les autres. Il faut aller à la piscine deux fois par jour, se recoiffer à chaque fois, faire toutes les émissions du service public et Denisot avec un mec qui ressemble à Tom Hanks dans Big. Je ne souhaite pas à Amaury Leveaux de vivre ça.

Comment vivez-vous l’emballement médiatique qui a suivi votre performance ?

J’étais dans ma bulle de savon à Budapest. Je n’ai vraiment réalisé qu’une fois posé à Paris avec cinq cents filles qui hurlaient mon nom dans le hall de l’aéroport. Une hôtesse m’a dit qu’elle n’avait pas vu ça depuis le dernier transatlantique de David Charvet. Et il aurait fallu voir notre descente des Champs-Elysées ! C’était blindé de taxis et de touristes japonais. Je savais même pas qu’ils diffusaient les championnats d’Europe là-bas.

Votre nouveau statut vous met-il une pression supplémentaire ?

J’essaie surtout de garder la tête froide sur les épaules. Il faut se rendre à la réalité des choses : tout ça ne va pas durer éternellement. A part quelques rues à mon nom, cinq biographies et mon portrait sur un immeuble de la Cannebière, qui se souviendra encore de Camille Lacourt dans un siècle ou deux ?

Toutes ces sollicitations ne vous empêchent-elles pas de nager ?

Je suis juste obligé d’aller à la piscine une heure plus tôt pour signer des autographes aux filles de la synchro et aux mamans qui viennent les chercher. A part ça et les deux lignes d’eau qui me sont réservées à l’entraînement, je suis toujours le même. Et je suis bien entouré à Marseille avec ma copine Laure (Manaudou). Elle m’a dit de ne jamais sortir avec une Italienne si je ne voulais pas finir à faire de la pub pour des marques de savon cinq ans après ma retraite.

Comprenez-vous que votre progression soudaine puisse faire douter les spécialistes ?

Je ne suis ni Russe, ni Chinois, ni Américain, ni Australien, alors, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir. Je fais bien quelques crises d’asthme de temps en temps, comme tout le monde, mais Alain (Bernard) a toujours un tube de Vento à dépanner.

N’avez-vous pas pas l’impression de n’avoir encore rien prouvé ?

Comme dit souvent mon pote Fred (Bousquet) : une ondulation de papillon aux 25 mètres, ça fait une vague au milieu du bassin. Mes trois médailles d’or, c’est surtout un message à tous les moniteurs de ski du pays : ce n’est pas parce qu’on est grand, blond, musclé, souriant et bronzé  qu’on est condamné à faire carrière dans le sport ou la publicité pour dentifrices.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain