Barça-Real : A tort Karanka

Mourinho n’ayant pas le droit de communiquer, son adjoint s’est chargé de foutre le match retour en l’air.

Combien de saisons reprochera-t-on à Karanka d’avoir oublié Benzema hier soir ? C’est bien sans le seul attaquant de pointe madrilène ayant marqué le week-end dernier, et le seul aussi à avoir autant marqué en C1, sans doute le seul aussi à avoir marqué en 2011, que l’adjoint a choisi de commencer et de finir le match retour au Camp Nou. Quel adjoint reproduirait ce qui a conduit son supérieur à saboter le match aller ? Probablement un adjoint, plutôt mauvais entraîneur, dont on relatera bientôt un clash avec Benzema.
L’essentiel n’est pas là, ou plutôt si l’essentiel est là mais ce n’est pas tout. Ozil était aussi de la partie, donc c’est au tandem Kaka-Higuain qu’on a confié le plus grand exploit de l’histoire de la Ligue des Champions. Dit comme ça c’est plutôt amusant, sur le terrain les accélérations d’Higuain l’ont aussi été. Les accélérations de Kaka pas mal non plus. Tout n’est pas de leur faute : il faut vraiment être adjoint pour relancer deux grands blessés ce jour-là, et en plus leur demander de défendre. Pas si con : attaquer, ils ne peuvent plus et tout le monde le savait déjà. Pour eux, défendre ne pouvait donc durer qu’une mi-temps, ça a duré 30 minutes. Heureusement Villa et Pedro n’étaient toujours pas Henry et Eto’o. Cristiano ? Toujours pas Messi. Ou alors ce Daniel Alves est plus fort que le France-Brésil amical de février ne le dit.

Camp Mou

C’est certainement fou de rage que Mourinho a accueilli le remplacement d’Higuain, qui y avait été de son petit but refusé. Et oui quand un arbitre  tend le bras ce n’est pas pour faire allégeance aux régimes totalitaires. Faire rentrer Adebayor est humiliant, mais pour qui : Benzema, le mètre 73 de Mascherano ou Adebayor ? Pas pour Ozil, qui lui est rentré : une chance que la Ligue des Champions autorise un deuxième remplacement, le Real les a tous utilisés. S’ils avaient égalisé, ils auraient probablement voulu en inventer un troisième pour faire entrer Benzema. Histoire, soyons fous, de jouer la qualification. Mais rien ne s’est passé comme prévu, à cause de l’arbitre qui aurait quand même dû accorder une faute à Ronaldo et mettre trois rouges à Adebayor. Là ça aurait eu de la gueule. Mais Karanka c’est pas Mourinho, ou si peu. Les deux risquent de sauter en même temps alors ?

Ligue des Champions : Raul babioles

Aucun spectacle, à peine dix minutes de Benzema, pas d’enjeu et Tottenham en plus : personne n’a regardé Real-Tottenham retour, comme les autres matches d’ailleurs. Il ne fallait pourtant pas le manquer.

Pour voir que Gallas peut encore lever la jambe

L’action s’est déroulée dans l’anonymat de la deuxième mi-temps, sur une ouverture longue. Non content d’être pris à contre-pied, Gallas s’est retourné et a intercepté le ballon, ce que Wenger lui interdisait pourtant formellement. Si Tottenham en est encore là, c’est grâce à ses grands hommes. Gareth Bale bien sûr, mais surtout Ibrahimovic en huitièmes. Donc un peu Gallas, qui a retrouvé son niveau, en tout cas un niveau. Suffisant pour ne prendre que trois buts d’Eto’o en une saison de Ligue des Champions et se retrouver quand même en quarts à répondre qu’il ne pense pas à l’équipe de France à Tullett. Après tout, ils n’ont pris que cinq buts en deux matches.

Pour voir qu’Adebayor joue juste

Que ce soit sur une frappe en pivot qu’il vole aux autres, une tentative de une-deux, un débordement à droite ou un jeu en remises, ou sitôt le match fini une bonne vanne à Casillas et un salut aux supporters devant les caméras, avec le maillot du Real sur le dos pour éviter tout malentendu, on n’a vu que le Togolais. Autour de lui, tout se met en marche : Ozil flambe défensivement, Ronaldo marque d’une frappe de 35 mètres faute d’autre occasion et Benzema finit même par lui emprunter ses appels de balle, quitte à jouer à un mètre de lui. Pour aller loin, le Real a besoin d’un grand attaquant et il fait 1,90m.

Parce que « Le Real n’a pas de point faible »

L’armada offensive de Tottenham, qui fait trembler jusqu’aux équipes de milieu de tableau de Premier League, n’a rien pu faire face à Carvalho et Arbeloa. Pavlyuchenko ne s’est créé que deux face-à-face, Lennon n’a pris de vitesse Marcelo que trois fois à droite, Bale n’est même pas passé vingt fois à gauche. Et Modric, qui a quand même la taille et les cheveux de Messi, n’a pas existé. Ca veut bien dire quelque chose. Le Barça est foutu, mais il lui reste une chance : Josse n’est pas loin de penser que le Real fera l’impasse sur le clasico de Liga. Pas idiot, Bernabeu sera compréhensif.

Pour les traits d’humour de Denoueix

Première mi-temps, choc de tête Arbeloa-Khedira. « Maintenant on se cache pour parler, du coup ils ne se sont pas entendus. » Il faudra attendre la mi-temps et la question sur les contre-attaques du Real posée par Margotton pour associer l’image au bon mot : Denoueix qui déconne, c’est sourire allongé, dents rentrées et ses lunettes, toujours ses lunettes. Les photomatons sont une bonne école, Margotton c’est pareil avec les filles qui minaudent pour présenter le plus grand stade d’Europe du week-end suivant. Jacquet ? Il s’en branle.

Parce que sur la 6 il y a Salomone

Le Real menait-il quand Charlotte de Turckheim, pour réagir à l’annulation du mariage de son Nous C Nous de futur gendre, s’écria : « Oh non, il y a des flans de turbos ! Ca se conserve pas, y en a 200 ! Pas les flans de turbos ! » En post-production on appelle ça écrire avec les pieds et jouer avec de Turckheim. Dans ces conditions, donner un rôle de photographe à Madenian ou regarder Des racines et des ailes en Lot-et-Garonne, ça revient au même : c’est légitimer Adebayor. C’est con : Dupontel expliquait à Weil, donc à lui-même, combien son Ventura moins bavard lui rappelait Melville. Mais en mieux, évidemment.

Pendant ce temps-là, Sneijder a raté son match, peu importe l’Inter n’avait pas besoin de grand joueur. Mourinho, il faisait quoi de mieux que Leonardo ? Sinon Schalke est en demi-finale et n’a toujours pas plus de souvenir d’avoir eu une occasion à Gerland. Le duel Raul-Adebayor approche quand même.

Real Madrid, Karim Benzema :
Vous saurez tout sur le Kaka

« Je vais essayer de marquer un but par match en 2011 », disait Benzema la veille du match. Il a essayé. Et puis quoi, il n’est pas Higuain non plus.

C’est l’histoire d’un triplé juste avant Noël en forme de commande d’interview. As s’est laissé piéger, ce n’est pas la première fois, c’était avec un traducteur, ce n’est pas la dernière fois. « Mi castellano va mucho mejor. Si conversa despacio conmigo puede hablar un poquito. Prefiero hablar con mis companeros que con una profesora. Mi intégracion va cada vez mejor. » La traduction de cette phrase tient donc en deux mots : Benzema ne sait toujours pas ce que veut dire cette phrase puisque c’est de l’espagnol et il n’en a rien à foutre. Ce qui nous amène au rôle grandissant de Zidane auprès de Mourinho: « Zidane parle français et quand je comprends pas un truc, je lui demande. » Zidane ne parle donc pas que le petrodollar.

Florentino vs Fiorentina

Mais les amis sont les amis et le boulot est le boulot. Il y avait ce match à Getafe pour confirmer le triplé de la Copa del Rey. Douze ballons perdus, dont une grosse moitié de passes à deux mètres : mission accomplie. Il a aussi chié un contrôle face au gardien et tiré sur le poteau. Une passe décisive pour Cristiano peut-il sauver son match ? Là n’est pas la question : « Mourinho es un muy buen entrenador y me aporta mucho », « Sé que Florentino Perez me quiere mucho y es recíproco », « Zidane me da muchos consejos », « Con Cristiano me entiendo mejor, es alguien a quien aprecio mucho », « Higuain es un colega » et « claro que Morata puede jugar. Es joven y aún no ha jugado grandes partidos, pero es un buen futbolista. » En gros il s’entend très bien avec ses entraîneurs, les autres il s’en fout et le reste c’est traduisible sur Reverso.

Benzema veut oublier 2010 et ne pense qu’au Ballon d’or, comme depuis 2009. « Personalmente no me he sentido castigado por nadie. » Comprenez « Je suis probablement un peu trop fort pour rester sur le banc ». De bonnes résolutions quand même après un an et demi ? « Es verdad, la gente no me cononce. También forma parte de mi carácter : soy reservado, y eso no lo puedo cambiar ni haciendo un esfuerzo. » Ce n’est pas qu’il ne peut pas être sympa, c’est qu’il ne veut pas et les sifflets n’y changeront rien. « Y a los aficionados del Madrid, gracias por ser tan buenos conmigo. »

Pendant ce temps-là, Kaka a retrouvé le terrain en remplaçant Benzema et le Real a failli y laisser deux points.

La légende d’Oncle Benz :
Meurtre à la maison blanche

La presse espagnole sait prendre du recul sur les événements. Après avoir promis le Ballon d’or à  Benzema à l’issue de ses deux seuls buts de la saison, en février dernier, que pouvait-elle offrir à la doublure de Tevez ?

« Mourinho m’aime bien. » On peut donc s’improviser entraîneur du Real en même temps que rédacteur en chef d’As . Ça permet au moins à L’Equipe de combler sa page 4 avec un petit encart à peine publicitaire. Le but de Benzema,  deux jours plus tôt contre l’Espanyol, est tout aussi publicitaire. Une promotion pour le génie de Mourinho, qui veut faire du Français le nouveau Ballon d’or du Real. Il voulait donc lui donner la dernière aptitude manquante : la vraie suffisance, celle qui a rendu Thierry Henry intouchable jusqu’à lui faire oublier de prendre sa retraite. Mais comme toujours, Benzema n’aime pas attendre pour dépasser le maître, sinon à quoi bon envoyer les bouteilles d’eau dans la gueule d’Henry dès son premier Euro.

Le cordonnier est mal José

Les humiliations quotidiennes n’y ont rien fait. Mourinho le traite de feignant, il part en équipe de France sauver la patrie. Higuain rétorque qu’il a battu l’Espagne en amical. Si jamais Mourinho regarde M6, le caïd éclate de rire quand le requin Blanc lui reproche d’avoir manqué un but tout fait en fin de match. De retour à Madrid, c’est l’escalade : titulaire, puis banni contre l’Ajax et dans la foulée « Karim est intelligent, j’espère qu’il comprendra ce qu’il a à faire pour jouer plus ». Tôt ou tard et pourquoi pas tout de suite.

Higuain n’a pas une occasion à la Real Sociedad le samedi suivant, Benzema s’en créé une en deux minutes de jeu. Mourinho veut plus alors il sort Higuain après un but, le mardi, contre l’Espanyol. Depuis la tribune, Benzema a bien vu le match de l’Argentin et entendu les huées du public. Il embrasse donc le sortant, trop heureux d’entendre des applaudissements et tant pis s’ils applaudissent l’entrant. Mourinho a beau interdire à tous les Espagnols de lui faire une passe, Benzema a beau être détesté, Diarra ne parle toujours pas un mot d’espagnol. Un ballon dans la surface, ça suffit pour marquer quand il le faut, Higuain a bien tout vu depuis les tribunes. La suite, c’est le chef d’oeuvre en deux parties.

Mercredi : « Es importante que aproveche los minutos que me da el técnico, ya sean quince o veinte. He recibido un buen servicio de Lass para marcar. Es un buen motivo para estar contento. » Traduisez que même sans jouer je reste le meilleur et ça pourrait durer longtemps. Mes partenaires n’ont qu’à aller se faire foutre. Il n’oublie pas au passage son préparateur physique : « Mourinho es un gran entrenador y le agradezco su confianza. Yo intentaré aprovechar todos las situaciones que tenga para poder marcar goles. » Pour ceux qui, comme nous, ne parlent pas le castillan, ça doit vouloir dire : « J’emmerde Mourinho, c’est pas un entraîneur portugais qui va venir me faire chier. »

Jeudi : Benzema en remet une couche, cette fois en français, comme d’habitude, mais Frédéric Hermel parle au moins deux langues : « Mourinho es un entrenador muy grande, uno de los mejores del mundo sino el mejor. ¡Y sé que le caigo bien! »

Mourinho a traduit de lui-même depuis longtemps : « Ce ne sera pas un problème pour lui de redevenir un très bon joueur. » Mais parle-t-il de Benzema ou de Higuain ?

Coupe du monde (2/2) : Le Khediraton

Si la Coupe du monde a pu être le feu d’artifice de la saison, c’est en partie grâce aux joueurs qui ont tous évolué à leur niveau, à part Capello peut-être.

maitre

Casillas a fait beaucoup de conneries et quand Robben s’est présenté face à lui, il a trouvé le moyen de dévier du tibia. J.-P. a alors loué sa grande chance. Barthez aussi avait un sacré bol dans les grands matches.

Défense de défendre

Evra. Il y a quelques années, Loïc Guillon avait été désigné capitaine du FC Nantes, peu de temps avant de retrouver Delhommeau à Vannes.

Puyol-Piqué. Il y avait mieux peut-être ? C’est pas une raison.

Demichelis. Indispensable pour déséquilibrer une défense, il a même fini par obliger Higuain à défendre sur Schweinsteiger. Un meneur d’hommes, sûrement le catogan, même Van Buyten et Van Gaal s’y sont laissé prendre.

Maicon, Lucio, Juan. Felipe Melo leur doit de l’argent, mais finalement, pas tant que ça. Et puis Luis Fabiano, Robinho et Kaka aussi.

Au milieu de nulle part

Van Bommel. Impeccable jusqu’en finale, puis son agression sur Iniesta s’est vue. C’était bien tenté quand même.

Schweinsteiger. A 25 ans, il n’est pas contre devenir la nouvelle star, mais si Müller pouvait être là tout le temps, ça l’arrangerait.

Gourcuff. Le seul à sortir intact du Domenech Show, aussi bon en sélection qu’il l’a été en club. Inutile donc.

Xavi. Sans lui, le football ressemble à rien. Avec lui, parfois aussi hélas. Allez, grand joueur quand même.

Iniesta. Le Barça 2009 n’a pas été oublié grâce à lui, l’Espagne 2010 pareil. Intouchable.

Sneijder. Les grands joueurs se révèlent en finale. Il n’en a joué que deux cette saison. Une de trop.

Messi. Être le meilleur joueur du monde en club ne transforme pas en grand joueur. Etre le meilleur joueur de l’équipe d’Argentine ne transforme pas en Maradona. Fidèle à son niveau. Insuffisant.

Kaka. Peut-on être considéré comme un grand joueur quand on a fait que deux saisons de haut niveau et jamais rien foutu en équipe nationale ? Ronaldinho dit oui, Cristiano Ronaldo dit non.

Müller. Transforme des joueurs moyens en machine à gagner. Ça rappelle quelqu’un, mais qui ?

Brêles and buteurs

Forlan. Il a fait une grosse Coupe du monde. C’est-à-dire qu’il a marqué. Au début, ça suffisait, puis ça n’a plus suffi.

Suarez. Une vilaine rumeur l’a sali en pleine Coupe du monde : il jouerait dans le championnat hollandais. Personne n’a pu confirmer, même à la rédaction d’Eurogoals. La seule certitude est que pour un buteur, Suarez est un gardien de but pas trop mauvais.

Robben. Les grands joueurs se révèlent en finale. Il n’en a joué que deux cette saison. Pas assez.

Van Persie. L’un des rares à avoir confirmé en sélection sa saison de club. Il même été au-dessus de son vrai niveau. Inexistant.

Higuain. Utile en Liga, contre Zurich et la Corée du Sud, c’est déjà beaucoup plus que Van Persie, mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

Tevez. Un passage de United à City devait bien trouver son explication.

Klose. Ok, mais qu’est qu’il fout dans cet article ?

David Villa : On savait qu’à 28 ans personne ne lui avait encore fait confiance. On ne connaissait pas sa capacité à peser sur les grands matches. Le Camp Nou prie désormais pour qu’Iniesta ne soit pas tout le temps blessé.

Cristiano Ronaldo. Ça vaut quoi en fait Cristiano Ronaldo ? Pas grand-chose ? Ça doit être ça.

Hors compétition

Ghana. En défense, c’était trop ghanéen, en attaque, c’était trop rennais. C’était pas bon, mais c’est ce qui se fait de mieux en Afrique. Mais c’était pas bon.

Paraguay. Cardozo joue au Benfica, il n’y rate pas que des penalties et dispute souvent une compétition comparable à la Coupe du monde, l’Europa League.

Wenger. Arsène rupin a confirmé qu’il était bien aussi bon recruteur qu’entraîneur, même s’il s’est évertué à convaincre du contraire. Quand Van Persie ne fout rien, c’est parce que personne ne lui donne de bons ballons. Quand Van Persie réussit une passe, c’est un joueur de grande classe.

Le Guen. Dès que Juninho, Diarra et Essien ne sont plus sur le terrain, le métier se complique et les journalistes deviennent très très méchants. Il ne fait pas de pronostics, donc Paul le poulpe ce n’est pas lui.

Lippi. Quand la Juve  joue avec Milan, ça fait peur. En 2006, pour certaines raisons, en 2010 pour d’autres. D’ailleurs, Cannavaro est venu remettre le trophée aux Espagnols avec le sourire, mais croyez-le ou non il n’est pas encore retraité.

Capello. Une deuxième chance à l’Euro ?

Dunga. Pas besoin d’une deuxième chance, Felipe Melo c’est Felipe Melo.

Gerrard, Lampard, Rooney. Gascoigne, Platt, Shearer.

Benzema. Benzema.

Christian J.-P. Répéter que Jesus Navas a de beaux yeux de loup ne fait pas forcément de vous un surdoué. Répéter que ça vous fait plaisir pour Iniesta ne fait pas de vous un lèche-cul. Et appeler Mathijsen Mike Tyson tout le match ne fait pas de vous un incompétent.