Euro 2012, France-Roumanie :
Le boudin Blanc

Les grands sélectionneurs se révèlent dans les grands matches. Certains remportent l’Euro 2000 grâce à leur coaching. D’autres utilisent les mêmes méthodes pour battre la Roumanie en éliminatoires.

« Les Roumains ont joué repliés derrière en première mi-temps. Ils auraient pu marquer les premiers en seconde, les Bleus l’ont emporté et méritent la victoire. » Le requin Blanc a donc bien regardé le match, il n’est pas loin d’être le seul, car pour le reste de la population médiatique, ça fait plaisir.  Il sait que rien n’a changé, excepté lui. C’est déjà pas mal, ça lui permet d’essayer n’importe qui, pour arriver à un résultat étonnant : Rennes, Lyon, Lille, Rome, Saint-Etienne, Marseille voire Madrid, Arsenal, Chelsea et Bordeaux ensemble sur le même terrain, soit pas la moindre Ligue des champions remportée depuis huit ans.

A l’arrivée, le miracle se produit et la Roumanie ne parvient même plus à tenir un match nul. Alors, comme il ne s’est rien passé d’intéressant, Lolo essaie quand même de faire plaisir aux journalistes en abordant des sujets dont on se branle. Amical, il parlera du capitanat, mais « à la fin des éliminatoires« . Au passage, il félicite celui du jour : « Alou, on sait aussi ce qu’il ne sait pas faire. »

Altruiste, il fait croire à Frédéric Calenge que Gourcuff est redevenu bon après un été difficile. Sans préciser s’il parlait de l’été 2006, 2007, 2008, 2009 ou 2010. Généreux, il passe des dédicaces à Bafe Gomis et à tout l’Equateur : « Dimitri Payet est un joueur adroit avec ses deux pieds. » Avant une fois de plus  d’essuyer les siens sur Benzema, comme il n’aurait même pas osé le faire sur le lobe orbital de Bilic : « C’est grâce à ses qualités qu’il va s’imposer à Madrid ». Mourinho n’y était pas allé par d’autres chemins : « Nous sommes connectés et tous les trois avec Karim, on peut créer le déclic dont Karim a besoin dans sa carrière. » Humiliant. Seulement pour Higuain ?

Equipe de France, Euro 2012 : Blanc comme un linge

La brève a été publiée, samedi matin, à 9 h 27 sur le site Internet de L’Equipe : « Aliadière au chômage ».

Jérémie Aliadière a 27 ans. Si les recruteurs d’Arsenal avaient été écoutés, il y a onze ans, il aurait levé la Coupe du monde en juillet dernier. Leader magique d’une génération enchantée. Pour la première fois, l’équipe de France n’a pas connu de creux. Aliadière, Meghni, le jeune Gourcuff et Méxès, entourés des tauliers Gallas et Abidal, ponctués d’Anelka et Benzema devant, ont offert un nouveau sacre au pays de Houiller. Le manager d’Arsenal s’appelait Arsène Wenger, une partie des joueurs alignés face à la Biélorussie ont été recrutés par Arsène Wenger.

Le Vestiaire l’avait donc dit à la veille de France-Pays-Bas 2008 et répété ensuite, la France n’a pas construit de génération capable de gagner. La génération Jacquet s’était établie sur les ruines des précédentes, Blanc n’a même pas de ruines, il n’a rien. Ou plutôt juste trois joueurs du plus haut niveau : Lloris, Benzema et Ribéry. La cause est naturelle bien-sûr, mais aussi humaine : six ans de Domenech. Ce n’est évidemment pas de la faute à Domenech si Escudé, Givet, Squillaci, Ciani, Rami, Abidal, Evra, Clichy, Sagna et Escudé n’ont pas le niveau international. Ce n’est pas de sa faute non plus si Diaby, Diarra, Toulalan, M’Vila, Gourcuff et Nasri n’ont pas le niveau international. Ce n’est pas de sa faute non plus si Hoarau, Gignac, Remy, Saha et Cissé sont nuls à chier. Mais faut-il être aussi définitif ? Sans aucun doute, car tous ces joueurs ont fait leurs preuves en club, il était donc inutile de les sélectionner. En revanche, Deschamps, Blanc, Djorkaeff, Desailly, tous membres éminents de la génération France-Bulgarie, ont eux aussi fait leurs preuves en club. Blanc ayant démarré sa carrière un peu plus tard, sans toutefois parvenir à stopper Crespo dans les règles de l’art.

Alou y es-tu ?

Puisque  la France, a priori, ne déclarera pas forfait pour les cinq prochaines années, il faudra quand même essayer de monter une équipe. Derrière, Blanc possède aujourd’hui, à son image, un joueur tout aussi moyen, évoluant dans un club moyen, mais moins que les autres et qui est quand même le meilleur de tous à son poste : Philippe Méxès. Personne ne peut l’accompagner pour l’instant en attendant de re-tester Planus. Au poste de latéral, Tremoulinas n’a pas encore été essayé, mais il reste le meilleur sur ses performances individuelles et ce malgré le quart de finale aller de Ligue des champions et un but offert à un Manceau.

Comme Sagna et Chalmé ne prévoient pas de faire un enfant, autant garder Sagna. Au milieu, les Diarra n’ont pas d’équivalent en attendant qu’ils jouent enfin avec les Bleus, puisque Mavuba est visiblement interdit de sélection. Et comme Ben Arfa se réservera pour Newcastle et que Hazard s’est trompé de côté, on se passera de créateur. Devant, Benzema, Ribéry et Malouda sont les meilleurs. Anelka pourrait les suivre, mais il a eu un empêchement. Il n’y a donc pas charnière défensive, pas de créateur, pas de leaders. Ce n’est donc pas que de la faute à Blanc si la France a réalisé vendredi son pire match depuis France-Israël 1993. Pas que, donc. Car Domenech battait quand même la Lituanie, mais il avait Ribéry.

Lloris. Abidal ne jouait pas, Clichy oui.

Sagna. Pour sa première sélection, il a tenté de contenir au mieux sa fébrilité et assuré le strict minimum.

Rami. Quelques dribbles pour se relancer dans ses vingt mètres : il apprend vite.

Méxès. La vivacité des attaquants biélorusses l’a gêné, mais en août c’est le strict minimum.

Clichy. « Sur l’action du but, le ballon m’a tapé le pied. » C’est le principe du foot en effet.

M’Vila. On l’a pas mal vu, sauf quand les Biélorusses arrivaient à quatre ou cinq plein axe face à Lloris. Ce n’est arrivé qu’une demi-douzaine de fois. C’est quoi le rôle d’un demi-défensif déjà ?

Diaby. Le Costa Rica n’était finalement pas une aussi bonne équipe que ça. On va quand même attendre un match contre Stoke pour le juger.

Rémy. L’OM lui a donné une nouvelle dimension : il remonte les bras en décélérant comme Henry et il obtient des touches.

Valbuena. Il ne sait toujours pas trop bien ce qu’il va faire, alors des fois c’est un retourné, des fois une frappe cadrée.

Ménez. Son adaptation à l’AS Roma ne saurait faire oublier qu’il joue à l’AS Roma.

Malouda. Ribéry battait la Lituanie sans brassard.

Hoarau. Atypiquement lent et mauvais techniquement.

Saha. S’il y avait un doute, il n’y en a plus.

Gameiro. Un débordement et une occasion en quelques minutes. Gignac va regretter d’avoir quitté Lorient.

Le grand requin Blanc, France-Biélorussie : Hoarau malgré lui

Avant de monter trop vite Blanc sur un piédestal, un rappel : Domenech a tenu six ans à ce rythme.

« Les joueurs ne me semblent pas paralysés. » La tétraplégie dans le foot est un sujet tabou, mais Laurent Blanc a décidé d’affronter ses démons. Mettre le short lui a effleuré l’esprit – « demain (vendredi), ce n’est pas moi qui vais jouer. Laurent Blanc, on s’en fout. Ce qui compte, c’est l’équipe de France » – il aurait dû, mais finalement, ça ne sera pas la peine. Visiblement, l’Euro non plus, les heures sombres de l’histoire et les pénuries d’attaquants conduisent parfois à des exactions inommables.

Blanc le sait, il n’avait pas besoin de jouer : sur la foi d’une ancienne liste récupérée dans le bureau de Domenech, il a affaire à de grands garçons qui peuvent faire le boulot sans l’aide de personne. Les mocassins noisettes attendaient depuis trop longtemps. Lloris, Sagna, Rami, Mexès, Clichy, Diarra, Diaby, Malouda, Hoarau, Rémy, Saha, Valbuena : il n’y a donc que Menez et Gameiro qui n’avaient pas eu droit aux faveurs de Domenech un soir de novembre en Lituanie. En pleine reconstruction, c’est l’heure de gagner sa place, et les absents n’ont pas forcément tort. « Les joueurs savent ce que l’on attend d’eux : un comportement, un état d’esprit… J’espère qu’ils y ajouteront des qualités footballistiques. » Desailly l’aurait mal pris.

Tous n’ont pas bien compris, et la consigne de ne pas être mauvais aurait aussi pu par exemple s’appliquer aux centres de Sagna et Clichy. Blanc va bientôt les appeler Chalmé et Trémoulinas, mais personne n’a encore réussi à déchiffrer cette énigme. Wenger a bien tenté de défendre Sagna en louant ses bonnes intentions, les dribbles de Clichy en pleine surface ça peut laisser l’image d’un gros nul. Radio de la gorge à l’appui, Bilic peut certifier qu’avec le temps ça s’estompe.

Atypique-assiette

Devant, c’était encore le jour de l’atypique. En Norvège, avec N’Zogbia, c’était raffiné. Mais ça interdit de s’étonner qu’un atypique ne sache pas contrôler, ni faire opposition avec son corps contre des Biélorusses. Même Jeanpierre avait prévenu : « Très bon match de Guillaume Hoarau, notamment défensivement. » Coûter un seul but pour sa première sélection parce que le marquage ça implique de courir quand l’adversaire le fait, ça s’appelait prendre date. Certainement en confiance, Hoarau a fait pareil qu’en août, ça a bien marché contre le Maccabi et Saint-Etienne. M

ais en pire puisqu’il a tenté de décrocher. Pas pour emmerder Diaby et M’Vila, les apparences sont parfois farceuses. Il a mis une mi-temps à piger que Blanc lui avait interdit formellement de se servir de ses pieds, heureusement sur les touches longues il a retrouvé toute sa tête. « Spirale négative d’accord, mais on se rend compte que le plus dur dans le foot c’est de marquer des buts, et qu’en équipe de France y a pas beaucoup de joueurs habitués à le faire. » Après tant de louanges, difficile de blâmer en priorité le seul attaquant de pointe. Et puis être atypique, c’est d’abord sauter sur les touches longues. Par contre, rater une reprise seul dans les six mètres en tombant à la renverse ou écraser une balle d’égalisation aux vingt mètres, ça s’appelle Le Havre, Gueugnon, Le Havre et PSG à 26 ans.

Un jour, Blanc cessera peut-être de découvrir les listes de Gasset en conférence de presse. Ce jour-là, il ne pourra plus se plaindre des joueurs qu’il aura lui-même choisi. « Blaise ? Joli prénom. »

Domenech Show, Saison 6, épisode 1 :
Le Raymond de minuit

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4 buts marqués, 3 buts encaissés en 2009. Aimé Jacquet faisait à peine mieux au début 1998. Au détail près que son équipe ne perdait pas. Mais le bilan est-il si important ? Apparemment, pour Papy Courage, ça le devient. Voici la sixième et dernière saison du Domenech Show.

C’est l’histoire de l’avant-centre du Real Madrid, du meilleur joueur d’Allemagne, du nouveau Zidane, de l’ailier du Barça, de l’ailier de Chelsea et du meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Tous avaient été réunis dans une splendide équipe d’Europe pour affronter la plus faible équipe du monde. Pour ce match exhibition, il fallait du spectacle, qui dit spectacle dit audience, qui dit audience dit Domenech show. Raymond Domenech avait donc été chargé de faire son boulot. Créer du supense là où il n’y en a aucun, voire rendre la rencontre équilibrée, sans que personne ne bronche. Un sélectionneur débarqué en pleines qualifications, ça ferait désordre. Une idée bien étrange, fait remarquer Henri Michel. Et un sélectionneur débarqué après un Euro désastreux, interroge Jacques Santini ?

La nuit de l’Higuain

Comme toujours on peut faire confiance à Domenech, comme toujours le destin est à son service, Thierry Henry ne pourra pas jouer. La logique s’impose, c’est la star du TFC qui le remplacera à la pointe de l’attaque. Le choix n’est pas si con : vierge avec les bleus, il n’a même pas marqué lors de la première journée, alors que Sverkos, Remy et même Giuly se sont fait remarquer. Avec un peu de chance il n’en plantera pas plus d’un, se dit-il. Une fois de plus Raymond n’a pas tort, encore moins lorsqu’il fout Anelka à côté. Son dernier bon match à ce niveau c’était il y a moins de dix ans, son championnat n’a pas repris et contrairement à Benzema, il n’est pas devenu indiscutable durant l’intersaison. Le reste c’est du classique, le fameux millieu de terrain à double entrée pour bien museler les terribles ferugineux et bien sûr une nouvelle charnière, la quatrième en quatre matches, cette fois ce sera Gallas-Escudé. Un rêve éveillé. Une précision au passage, Gallas n’est pas le fils, le neveu ou un petit cousin du Gallas retraité, c’est bien celui du Chelsea 2001.

Gallas ça tiraille

Mais Domenech ne peut pas tout faire tout seul. Il peut brouiller les pistes en changeant joueurs et système de jeu à chaque rencontre, se faire détester par la plupart des sélectionnés, Govou n’était pas là, il peut rendre les meilleurs mauvais mais après il faut y mettre du sien. Toulalan a compris, en plus d’être nul tout le match, il va finir avec le plus grand nombre frappes, et non cadrées faut-il le préciser ?, se demande Robert Budzynski.

Anelka n’en fout pas une, Gignac paraît soudainement bien moins efficace, sans doute l’effet Benjaminsson. Grâce à l’accident de la 43ème, le nouveau Papin du pauvre a soigné ses stats et Domenech a fait la gueule. 1 but toutes les 4 sélections, ça peut faire deux buts en fin de carrière. Pour la première fois Danielsen s’est créé une occasion en match international, en face c’était pas si Malte quand même. Ribery est rentré, pas Benzema et pourtant Domenech s’inquiète. Il n’a pas forcément raison, que la France se qualifie ou non, il sera toujours là, car c’est l’homme de la situation, mais bizarrement, la touche de la 92ème a fait peur à tout le monde.

Lass des as

Lloris : Sur ses dégagements, il n’a probablement pas compris que la consigne de jouer au sol s’appliquait seulement aux joueurs de champs. Sur ses contrôles, il n’a probablement pas compris que faire comme Bousmong pouvait finir par être dangereux.

Sagna : Ses perles feraient marrer Taribo West, ses centres aussi. A force d’entendre qu’il est le meilleur latéral d’Angleterre, on va finir par ne plus le croire.

Gallas : Logiquement capitaine et titulaire, vu qu’il est le dernier champion du monde sur la feuille de match. Il n’est pas champion du monde ?

Escudé : Comme son compère de la charnière centrale, il a préféré laisser partir l’attaquant des Féroé seul au but en première mi-temps. Dommage, Sagna et Evra avaient décidé de couvrir.

Evra : Féroé ou Brésil, il joue pareil : de l’intensité, des coups et des centres qui n’arrivent jamais.

Toulalan : Il n’avait aucune chance de faire la même chose que Diarra et allait forcément marquer avec sa grosse frappe. Ca s’est vu.

Diarra : Quitte à faire comme Toulalan, autant essayer Alou, ça peut marquer sur coup de pied arrêté.

Anelka : Le fils prodigue de Domenech. Il avait décidé de tout rater et s’y est tenu. Des frappes écrasées dont il a le secret. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le remplaçant de Drogba à Chelsea.

Gourcuff : Zidane ne marquait pas contre les petites équipes. Il était même souvent assez mauvais.

Malouda : Passeur décisif, il est celui qui a le mieux compris comment jouer : en écartant au maximum le jeu. Ne plus écouter Domenech ça sert, il ne sera pas titulaire longtemps. Il a même réussi deux centres, bon ratio.

Gignac : Le saboteur. Alors que la mi-temps approchait, il a fini par cadrer un tir. Jusque-là, il s’était appliqué à tout envoyer au-dessus ou sur le gardien. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le buteur de Toulouse.

Pendant ce temps-là, Bryan Kerr voit la France meilleure que la Serbie. Mais pourquoi n’entraîne-t-il que les Féroé ?

La deuxième Crouch

Alors que la France de Ribéry étrillait la Lituanie dans son jardin, John Terry et Wayne Rooney ont attiré l’attention de nos confrères avec leur célébration capillaire du but victorieux de l’Angleterre contre l’Ukraine, mercredi. Peter Crouch avait pourtant frappé encore plus fort. Le Vestiaire vous raconte pourquoi en images.

Souvenez-vous. Peter Crouch, avant, c’était ça, un attaquant maladroit et pas bien futé, plus connu pour sa danse du robot que ses qualités balle au pied :

Et puis opérateur téléphonique, dont nous tairons le nom, a réussi à débaucher le géant de Portsmouth. La T-Mobile dance était née :

Dans un récent sketche pour l’opération de charité Red Nose Day, l’humoriste britannique James Corden lui avait alors suggéré d’évoluer un peu (à 1’54 ») :

Buteur (avec ses pieds) contre l’Ukraine, mercredi, ‘Crouchy’ a pu inaugurer la danse du tir à la corde. Jusqu’où poussera-t-il le ridicule des célébrations ?