Les aventures du grand requin Blanc :
Le bleu coule dans Cévennes (1/2 et 2/2)

blanco

Timide, modeste, maladroit parfois, c’est un nouveau sélectionneur touchant que vient de découvrir la France. Portrait d’un Cévenol presque authentique, tout simplement.

Pour succéder au Domenech Show, la production n’a pas hésité longtemps. Pas question d’arrêter la seule émission de téléréalité sportive, pour autant le renouvellement était indispensable. Il fallait donc un homme avec au moins autant de qualités, mais davantage de défauts, car le public avait fini par se lasser d’un personnage pas assez fouillé. Trop redondant, Raymond était finalement devenu trop prévisible. Le peuple doit s’agacer, mais, jamais, il ne doit détester.
Le seul homme à correspondre au portrait ne pouvait donc être que Laurent Blanc. Son parcours, sa saison, sa communication ont fait de lui un être protéiforme, mais suffisamment sympathique dans l’imaginaire collectif pour que l’on ait l’impression que tout a changé. Il y a pourtant certains principes immuables auxquels il ne faudra jamais déroger. Voici les secrets d’un programme qui va cartonner:

Un palmarès d’entraîneur. Il faut d’abord avoir fait ses preuves, mais pas trop. Ainsi, Domenech avait un titre en D2, Blanc en a un en Ligue 1.

Une image. Ray aimait se faire affubler du doux surnom de boucher sur le terrain. Lolo est au contraire le roi du fair-play, incapable du moindre geste déplacé, déplacée comme aurait pu l’être une mâchoire croate un soir de 1998.

Un caractère apaisant et réfléchi. Laurent Blanc, c’est le calme incarné, la lucidité habitée. Un homme toujours capable de prendre la bonne décision au bon moment. Pragmatique, il a su arrêter les Bleus à temps en l’an 2000. Jamais il n’aurait été ridiculisé par Crespo un soir de 1999. Lucide et désintéressé, il l’a été suffisamment pour faire le choix de l’ambition, lorsque Naples a requis ses services. Maradona, la coke et les titres étaient bien sûr partis, mais pas le tiroir-caisse.

Le don de soi. Des choix, il a toujours su en faire, sans pour autant ne penser qu’à sa gueule. Car avec lui, la hiérarchie ne sera jamais réduite au rôle de pantin désarticulé. Le stoppeur international n’était pas du genre à dézoner en pleine prolongation de huitième de finale de Coupe du monde. Aucune chance, donc, d’être débordé par son ego, quitte à rejoindre Manchester United à 36 ans. Une saison à Barcelone, ça ne fait jamais assez sur un CV.

Le talent. Blanc, numéro 5 dans le dos, n’avait aucune chance non plus d’être débordé par Kostadinov un soir de 1993. De toute façon il était surtout réputé pour défendre sans tacler, les deux mètres de retard, ça ne pouvait pas être lui, il jouait à Saint-Etienne quand même. Mais ce n’est pas grave, Blanc était reconnu pour ses qualités de buteur. La défense, ça attendra 1996 et son premier vrai club. Il n’a que 31 ans. Sa carrière commence.

La communication. Le dernier élément qui a fait pencher la décision, c’est sa maîtrise de la psychologie, facilitée par son humanité. Quand il indique la direction de la porte à Micoud, il n’y a qu’une seule issue. Quand il prépare mentalement son équipe, elle perd rarement six places de championnat, une Coupe de la Ligue et une Ligue des champions en trois mois. Et si jamais ça devait arriver, tout ne serait pas forcément de la faute des joueurs.

Escalettes show : Papy fait de la résilience

C’était le Truman chauve.

tribun

24 avril 2006. La retraite de Zidane et l’émotion d’un homme

« Je suis un peu triste. Ce n’est pas un scoop. »

18 juin 2006. Un début de Coupe du monde entre courage et confiance

« Je ne veux pas lui mettre de pression avec un objectif. »

« Ce contrat précise que si on fait un bon parcours, on discutera de l’avenir. Il faudra alors juger quel est un bon parcours. C’est évidemment subjectif. J’ai une petite idée, mais c’est au conseil fédéral de trancher. Un bon parcours, c’est d’abord qu’on joue mieux qu’actuellement et qu’on franchisse au moins le premier tour. »

9 juillet 2006. La vérité du terrain

Finale de la Coupe du monde, France-Italie : 1-1.

10 juillet 2006. L’expertise d’un spécialiste

« Zidane est un homme triste ce soir. »

14 juin 2008. Après France-Pays-Bas (1-4), Thierry Henry rassure

« Il reste une grosse possibilité de se qualifier. »

« Le but est toujours de se qualifier et de gagner l’Euro, pour l’instant, oui. »

« C’est toujours dur de retenir le positif dans un match où tu perds 4-1, mais on a évolué contre une équipe en réussite, et on n’a pas mal joué. Il ne faut pas baisser la tête, revenir à chaque fois et frapper à la porte. C’est ce qu’on a fait hier. Je rate mon lob devant Van der Sar, point barre. Ça ne m’a pas empêché de marquer ensuite. C’est comme ça. Il faut réagir. »

16 juin 2008. Le courage et la confiance d’un homme

Jean-Pierre Escalettes assure qu’il soutiendra le sélectionneur « jusqu’au bout » et souhaite son « maintien jusqu’en 2010 ». Mais, « c’est la vérité d’aujourd’hui ». « Bien sûr, il est plus facile de faire ce débriefing après une campagne victorieuse… Mais en ce qui me concerne, je soutiendrai Domenech jusqu’au bout, nous sommes un tandem. Je ne suis pas un homme déloyal, je ne dirai pas « Raymond, démission. » « Je suis pour son maintien jusqu’en 2010. Mais c’est la vérité d’aujourd’hui, d’autres paramètres peuvent entrer en considération. »

17 juin 2008. La vérité du terrain peut-être

Premier tour de l’Euro : France-Roumanie 0-0, France-Pays-Bas 1-4, France-Italie 0-2.

3 juillet 2008. Le courage d’un homme

« Le maintien de Domenech, c’est un maintien sous conditions, un point sera notamment fait après les trois premiers matchs de qualification pour la Coupe du monde 2010.

Raymond a admis avoir commis un certain nombre d’erreurs, maintenant il va pouvoir les corriger, y porter remède. Si on était allé chercher quelqu’un d’autre, il y aurait eu une phase d’adaptation. Les manques ? En premier lieu, il y a la communication du sélectionneur. Elle a été, par moment, désastreuse. Elle était trop personnalisée. Il y avait de l’agressivité, un manque de transparence… cette communication a été comme du vinaigre que l’on met sur une plaie. Il faut que ça change. D’ailleurs, Raymond a demandé à s’appuyer sur les services généraux afin de se faire idée. J’aurais également un rôle à jouer là-dedans. Maintenant, il n’a qu’une mission : se concentrer sur le terrain. Gommer les aspérités de quelqu’un de son âge, ce n’est pas évident. C’est un pari. On va tout faire pour l’aider avec sa volonté. On va faire une campagne extrêmement agressive au niveau des médias pour réconcilier l’équipe de France avec son public. Ça doit être le fer de lance d’une nouvelle équipe de France. Je vais d’ailleurs intervenir auprès des joueurs lors de notre prochaine rencontre. On va les mettre devant leurs responsabilités. Il faut qu’ils sachent ce qu’ils représentent, ce qu’ils doivent à leur public. »

4 juillet 2008 La presse avait dû mal comprendre

Libération : «Domenech sauve sa tête sous condition de résultats» «Si les Bleus de Domenech ne ramassent pas un minimum de cinq points lors de ces trois échéances-là Domenech est viré».

Le Figaro: Jean-Pierre Escalettes, est «très conscient de jouer une partie à hauts risques : si Domenech n’avait pas les résultats escomptés, il serait poussé dehors et le président avec lui, alors qu’il aimerait entamer un second mandat en fin d’année».

Le Parisien-Aujourd’hui en France : «Domenech repart à zéro» . La fédération a confirmé le sélectionneur «sans conviction».

La Gazetta dello sport : maintien «miraculeux» et euro «désastreux» .En Italie Roberto Donadoni a été viré malgré une qualification en quart de finale.

7 juillet 2008, la confiance d’une Fédération

«Le public est déçu par l’élimination précoce de l’équipe de France. En plus, l’affiche de rentrée (Autriche-France, le 6 septembre) est peu attractive.»
«L’équipe de France s’éloigne de son public, peut-on lire dans l’appel d’offres. Elle n’exprime pas suffisamment de valeurs humaines et relationnelles, dissuadant ses supporters de lui accorder un soutien inconditionnel
«Suite à la prise de pouvoir de l’argent et dans un contexte malsain (racisme, violence, tricherie), l’équipe de France occupe une place à part. Elle véhicule l’image de la France qui gagne et suscite le respect de ses adversaires

11 octobre 2008. La vérité du terrain

Autriche-France 3-1, France-Serbie 2-1, Roumanie-France 2-2

11 octobre 2008. le courage d’un homme.

«On verra… Je reste fidèle à ce que j’ai toujours dit à savoir qu’on fera le point après les trois premiers matches.
«Il y a eu une deuxième mi-temps rassurante, contre la Serbie et la Roumanie. Un jour, il faudra être bien pendant deux mi-temps, tacle Jean-Pierre Escalettes, qui n’est pas aussi prêt à s’exposer que l’été dernier pour soutenir son sélectionneur. Les conseils fédéraux sont toujours des conseils où les gens s’expriment. J’ai dit qu’on ferait le point au bout de trois matches, pour savoir si on a hypothéqué nos chances ou pas». Manifestement, avec deux points de retard sur deux leaders, ce n’est pas le cas. «On verra ce que nous diront nos amis».

15 octobre 2008. Les fantasmes d’un homme

Le conseil fédéral de la FFF a maintenu Raymond Domenech dans ses fonctions de sélectionneur de l’équipe de France, mercredi, a indiqué son président Jean-Pierre Escalettes au siège de l’institution. «Il n’y aura pas d’arrêt sur images…», dit Escalettes. « Raymond Domenech a gommé certains aspects difficiles de sa communication, avec humilité et réalisme» «parcours correct, avec deux matches à l’extérieur, sans plus», «Mais nous n’avons pas hypothéqué nos chances». «On aurait pu s’en tenir à ça, mais deux choses ont fait pencher la balance de façon beaucoup plus forte : c’est ce qui s’est passé sur le terrain»
« Ils veulent aller en 2010 avec leur coach »
« Je pense à la deuxième mi-temps contre la Serbie, et au miracle de Constanta, avec 67% de possession de balle, des occasions, un football généreux tourné vers l’avant. Il s’est passé quelque chose» «Gérard Houllier disait :  »c’est dans l’adversité que naissent les grandes équipes ». Nous l’avons connue, cette adversité. Il y a eu une campagne de presse comme je ne l’ai jamais vu, des blessures successives jusqu’à la dernière minute, avec notre capitaine Patrick Vieira, un début de match catastrophique. Mais il y a eu un coach qui a su dire ce qu’il avait à dire. Il y a eu une révolte technique aussi. Ceux qui vivent dans cette équipe vous le disent : c’est la vérité, il y a adhésion des joueurs. Ils veulent aller en 2010 avec leur coach». Changer de sélectionneur à un tel moment «serait criminel, maintenant que la machine est lancée».

28 mars 2009. Le fatalisme d’un homme

« Raymond Domenech reste le mal-aimé ? Oui, ça ne change pas. Je me demande si ça changera un jour. Bon, Raymond, c’est comme ça. C’est une figure controversée. Il le restera jusqu’au bout. Peut-être même que, d’un certain côté, il ne déteste pas ça. Je n’en sais rien. »

11 novembre 2009. Les certitudes d’un homme

« On va se qualifier. Ce n’est pas un optimisme béat, mais l’expression d’une énorme volonté. Une élimination n’aurait pas de conséquences économiques pour la Fédération mais serait un échec, difficile à digérer sportivement et mauvais pour l’image du football français. Pour Domenech, c’est comme pour les joueurs : on prend les matches comme ils arrivent et après on avisera. Le Conseil fédéral se prononcera. Ce que je peux vous assurer, c’est qu’on n’a pas abordé le problème. »

18 novembre 2009. L’expertise d’un homme

« Il y a eu des années très difficiles, de galère par moment, et puis il y a eu ce suspense final, presque insoutenable et puis ce but de la délivrance. Je crois que sur la qualité de l’équipe, on mérite d’aller là-bas mais je comprendrais que les Irlandais soient frustrés ce soir. Parce qu’il faut être sportif et reconnaître que l’on a été un peu tétanisé par l’enjeu. L’équipe de France n’a pas développé son jeu comme elle aurait dû et comme je pense qu’elle aurait pu le faire (…). Nous n’avons pas eu beaucoup de chance au cours de la phase de qualifications, et là ce soir on fait quelque chose de beau pour le football français (…). Mais chaque fois que nous entrons par la petite porte, chaque fois que l’accouchement est difficile, que ce soit en 2000 ou en 2006, on prouve que l’on peut aller plus loin. »

18 novembre 2009. Les leçons d’un juriste

Les fautes d’arbitrage font partie du jeu. Le match disputé par l’équipe de France « était un mauvais match et les Irlandais, sur cette rencontre, sur ces 120 minutes, avaient certainement plus de qualités que nous. Ils auraient pu, et ils pensent qu’ils auraient dû, aller en Afrique du Sud. Mais ça ne se juge pas comme ça. Un jour, ça penche d’un côté, l’autre jour, de l’autre côté. Il faut l’admettre, c’est la loi du sport. » « On ne peut pas tricher » mais « dans tous les sports collectifs, (…) on a un peu tendance parfois à essayer d’être un peu en marge des lois, et l’arbitre est là pour remettre les gens à leur place. C’est le sport. »

19 novembre 2009. La compétence d’un homme

« Mon sentiment, il est mitigé. Premièrement je retiens l’essentiel, la qualification. De 1996 à 2010, la France n’a manqué aucun rendez-vous, bravo messieurs, joueurs et staff, qui ont permis cette pérennité. Le deuxième point que partage tout le monde, c’est que le parcours a été très, très laborieux. Avec un final qui a été décevant, parce qu’on a eu l’impression que nos joueurs ont eu un bon résultat à Dublin qui, paradoxalement, a semblé les avoir traumatisés, pétrifiés. On ne peut pas dire qu’on ait mal joué, on peut dire qu’on n’a pas joué. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un grand joueur

« Le fait qu’on ait tout à perdre nous a bloqués. On dit que nos jeunes joueurs sont inexpérimentés, c’est vrai. Très peu ont connu une Coupe du monde. Et d’autres y vont pour la dernière fois. Il faut tirer l’enseignement des réussites et des échecs : tous ces joueurs ont touché du doigt ce qu’était une Coupe du monde, ça marque une carrière. Ils ont découvert cette peur qui vient de l’enjeu. On n’a pas positivé. Il restait 60 minutes pour marquer un but après celui des Irlandais. Mais on ne s’est pas dit ça, on s’est dit « merde, on ne va pas en mettre » et quand on se dit ça, on n’en marque pas. Mais l’équipe sera, je suis sûr, beaucoup plus performante. Heureusement, sinon c’est la porte ouverte à tous les déboires. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un cuisinier

« Qu’on arrête d’en faire un plat ! C’est une faute d’arbitrage favorable. Est-ce la première ? La dernière ? Certainement pas. Quand Shay Given accroche le pied d’Anelka, l’arbitre dit « pas penalty ». Quand Lloris fait moins que ça à Belgrade, il est expulsé et il y a penalty. Il n’y a pas de vidéo. Une fois ça vous aide, une fois ça ne vous aide pas. »

19 novembre 2009. Les menaces d’un homme

« Il faut n’avoir jamais joué au foot pour ne pas savoir que ces choses arrivent : on s’attend au coup de sifflet et il n’arrive pas. Dire tricherie, tricheur… Que les gens regardent dans le monde, des tricheries je pourrais en trouver d’autres… Ce que je retiens, c’est une qualification heureuse, chanceuse, mais pas de triche. C’est une erreur d’arbitrage favorable, d’autres n’ont pas été favorables et on n’en pleure pas. »

19 novembre 2009. La confiance d’un homme

« Que les choses soient claires : Raymond Domenech, et on nous l’a reproché, a été reconduit dans ses fonctions pour nous qualifier au Mondial-2010. Je ne vois pas comment, au point de vue moral, lui dire « tu es un gentil petit garçon, tu dois laisser la place à un autre ». Et j’imagine mal Arsène abandonner Arsenal… Raymond a un combat jusqu’en 2010, je respecte mes contrats, même si ce n’est pas facile avec la pression autour. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« Que les choses soient bien claires, un Patrick Vieira guéri, jouant régulièrement dans un club, pas forcément dans son club actuel (Inter Milan), et arrivant à un excellent degré de forme, est important pour l’équipe de France. Il est important par son expérience, sa qualité, son aura et c’est un meneur, pas au sens aboyeur, mais c’est un exemple. Dès qu’on voit cette tour de contrôle, attaquant tous les ballons, avec lui l’équipe est entraînée. Il ne peut prendre la place de personne : il faut qu’il joue, qu’il joue, qu’il joue, qu’il redevienne le Patrick Vieira qui meurt d’envie d’aller à la Coupe du monde. C’est un morceau de volonté, je le connais. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un gynécologue-obstétricien

« L’accouchement a été très très difficile, la délivrance d’autant plus appréciée. On a tout connu, quelques hauts, beaucoup de bas, des moments difficiles, des matches laborieux, des fautes d’arbitrage dans un sens et dans l’autre. Mais on a fait contre fortune bon coeur, et le 18 novembre, tard le soir, la lumière verte s’est allumée, tant mieux pour le football français. »

19 novembre 2009. La lucidité d’un homme

« On n’ira pas la peur au ventre car si hier soir on avait tout à perdre, là-bas, on aura tout à gagner. »

19 novembre 2009. La cohérence d’un homme

« On a eu deux années galères. On était tétanisés et on n’a pas su développer notre jeu. Je comprends que les Irlandais soient frustrés. Il faut oublier ce soir et s’en servir pour l’avenir. »

19 novembre 2009. L’expérience d’un prof

« Il faut savoir prendre ce match avec philosophie. Le football se joue sur des petits détails. La qualification est toujours belle, et je ressens une grande joie. »

19 novembre 2009. Les calculs d’un stratège

« Rappelons aussi que nous n’avons pas eu la chance avec nous pendant les qualifications. Aujourd’hui, on va à la Coupe du monde. C’est beau pour tout le football français. Beaucoup de joueurs méritent d’y aller. Et puis, on a déjà prouvé que lorsqu’on se qualifie par la petite porte, on peut aller très loin en phase finale. » La suite on la connaît.

Henry, Evra, Abidal : Le grand déballonage

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On n’en avait rien à foutre d’entendre Evra et Abidal, on a quand même écouté Henry. L’humiliation continue maintenant.

Le Vestiaire vous avait conté après France-Chine ce que ferait Henry de sa dernière compétition de haut niveau : un gros bordel. Nous n’avions, en revanche, pas prévu qu’il continuerait de se ridiculiser à son retour. Il ne manquait plus que des larmes, mais il n’en aura pas car il s’en tape, mais n’allez pas croire que tout ça n’est que pour se poser en victime. Le plus grand attaquant de l’histoire du football français a donc livré ses quatre vérités hier soir. Des vérités vertigineuses. 

« Je me suis senti écarté. » Le scoop est retentissant. Qui aurait cru qu’après son lynchage de France-Irlande, sa grosse saison barcelonaise, l’amour de Domenech pour ses cadres, la grosse demi-heure disputée sur six matches et le don de son brassard à un gamin surdoué, qu’ Henry n’était plus l’indiscuté capitaine de la sélection ? Mais la plus grosse surprise est sa lecture sociétale des problème de l’équipe de France.

« Monsieur Tigana me faisait ramasser les ballons. Aujourd’hui, c’est fini. » Henry ne supporte donc pas que Ribéry ne lui ait jamais ciré les pompes. Qui l’eut cru, Henry a le boulard et il y a une fracture entre les jeunes et le vieux. Une analyse avant-gardiste difficilement décelable il y a deux ans, quand le déjà exemplaire Evra et son pote Vieira se foutaient sur la gueule à l’Euro 2008. Autant écarter Benzema.

« La fierté d’un homme en prend un coup. » Qui l’eut cru, Henry n’a quasiment parlé que de lui durant une demi-heure d’interview diffusée, il ne voulait que rajouter une participation en Coupe du monde à son palmarès et sa carrière est finie depuis mai 2009. Lizarazu, Desailly et Thuram sont rassurés, leur humiliation n’en est restée qu’au terrain. C’est pas si grave, Canal lui a signé hier son premier contrat.

Afrique du Sud-France : C’était le Domenech Show (1/2)

Le Vestiaire republie aujourd’hui le premier épisode de la véritable histoire de Domenech à la tête du football français. Celle où les incohérences prennent tout leur sens, où le foutage de gueule est professionnalisé.

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Comment ne rien gagner et faire n’importe quoi peut permettre d’accéder aux plus hautes fonctions.
Voici l’histoire d’un homme livré à lui-même, seul contre tous : le premier héros de téléréalité sportive.

L’histoire commence en 1993. Domenech est repéré lors d’un casting sauvage des plus classiques par Jean Fournet-Fayard. Le président de la FFF n’en est pas à son premier coup d’excellence, c’est lui qui a mis Houiller à la tête des A. Il repartira avec au lendemain de France-Bulgarie. Ce qu’il aime chez Raymond, c’est sa moustache et la principale ligne de son CV : fraîchement viré manu militari par son premier vrai patron, Jean-Michel Aulas. C’est un premier signe très favorable. Pas encore assez médiatique, il hérite logiquement de l’équipe de France Espoirs et sa faible exposition (le câble ou Canal+ en crypté) pour se faire les pieds. Il y restera 11 ans. Le bilan des Bleuets est flatteur : deux titres en dix ans (vainqueur du tournoi de Casablanca 1999 et du festival espoirs de Toulon en 1997), avant la gloire de 2004 et son second Toulon. Un marche-pied vers le stade supérieur : ses échecs multiples sont un gage probant, il a même flingué plusieurs générations (Henry lors du Italie-France 1999). Il est prêt pour le prime time.

La vraie vie de Raymond

Lors de son entretien d’embauche, Domenech oublie son CV à la maison et passe pour l’homme idéal auprès de Simonet, pour le candidat de la DTN face à Tigana et Blanc. Sa première conférence de presse est son premier foutage de gueule surmédiatisé. Le premier d’une longue série, le public aime, les journalistes aussi. « Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? » « C’est simple : il faut gagner des matches. » A partir de là, c’est l’escalade. Avec l’équipe de France A, il trouve enfin un jouet à sa mesure. Il veut tout tenter pour ridiculiser le football français le plus longtemps possible. La production lui donne carte blanche, il ne va pas se faire prier. Landreau le comprendra un peu tard, il n’existe pas de relation filiale à la télé. Tout ça c’est du cinéma. On fait clairement comprendre à Domenech l’étendue du challenge : « Les résultats, on s’en fout, seule compte l’audience. »

Il commence fort. Interdire les walkman et imposer les protège-tibias à l’entraînement, même une équipe de DH insulte l’entraîneur au bout de deux jours. Il impose une intransigeance dont il se moque éperdument. Il discute avec les joueurs un par un sans écouter leurs avis. Mais ça lui donne un côté humain pas dégueulasse. Il convoque même Luyindula. Mais Raymond veut plus. Il veut se faire tous les cadres. Thuram et surtout Zidane sont retraités. L’occasion de liquider la génération Jacquet est trop belle. Le talent et la persévérance agissent : ils cèdent aux sirènes du génie rapidement. Il fait croire à Zidane qu’une deuxième étoile ferait joli sur sa robe de chambre. En réalité, la Coupe du monde 2006 doit être leur fiasco final, il va tout mettre en oeuvre pour y parvenir.

L’audience, pas encore la correctionnelle

Il commence donc à se priver de certains indiscutables : Pires et Giuly, notamment, sous couvert d’une banale histoire de rancune. Personne ne relève, les joueurs concernés sont inaudibles, les deux premiers devenant même des récurrents de l’antenne de RMC, il y a même un club Pires sur Europe 1. Il réinstalle les papys dans leur fauteuil, regonfle leur égo et les emmène vers la Coupe du monde. « Rendez-vous le 9 juillet. » Sa pointe d’arrogance l’avait beaucoup amusé, elle passera finalement pour de la compétence. Les matches de préparation confirment pourtant ses prédictions : Zidane et Thuram n’avancent plus, Vieira s’agace sur le côté droit, Barthez et Coupet se tirent dans les pattes grâce à lui. Mais la mécanique s’enraye une première fois avec la blessure de Cissé. Djibril, qui pourrait être plus dangereux sur une jambe, doit être écarté. L’indigne France-Suisse est une mise en bouche appétissante, le très vilain France-Corée est un régal, mais le Togo est vraiment trop mauvais, Kader Touré n’arrive même pas à prendre une fois Thuram de vitesse. Le sélectionneur s’inquiète, il a vu les matches du Brésil, ça lui rappelle furieusement quelque chose.

Et puis, la machine s’emballe. Les joueurs s’organisent sur le terrain, Zidane se remet à courir, l’équipe est solide. Les vieux ont repris le pouvoir, Domenech voit son oeuvre lui échapper. Il regrettera ad vitam eternam que Zidane ait été si poli le matin de France-Brésil. Un mot de trop et il l’envoyait avec plaisir en tribunes. Déçu, il tape quand même dans la main de Thierry Henry après le match. Heureusement arrive France-Italie, la fin est enfin à la hauteur. Vieira se blesse, l’occasion est encore trop belle, il fait rentrer Alou Diarra, la ficelle est grosse mais tient. Zidane sort expulsé, son jubilé est terni à jamais, Domenech sent que la chance tourne, c’est le plus beau jour de sa vie. Surtout qu’avec une finale, on lui offre deux ans de bonheur supplémentaires. Ca ne sera pas de trop, Thuram est encore debout.

France-Mexique (3/3) : Papy fait de la résistance

Voici venu le temps du procès du football français. Qui est responsable ? Faut-il vraiment trouver des coupables ? Quel est exactement le problème ? Après avoir entendu les témoins directs, après avoir célébré le courageux comportement de la presse, Le Vestiaire livre le verdict de quatre années de foutage de gueule généralisé.

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En dehors de son âge, Escalettes a-t-il une circonstance atténuante ?

Ils étaient trois. Trois entraîneurs à rêver un jour de devenir sélectionneur de l’équipe de France. Ils allèrent à la même école, celle de l’incompétence. Mais ils savaient que ce critère serait loin d’être rédhibitoire pour arriver au sommet. Ils avaient raison. Deux d’entre eux allaient y parvenir. Le plus mauvais y restera six ans, l’autre près d’un an et demi. Le troisième visera pendant quinze ans la Ligue des Champions avec Arsenal. C’est en 1993 que le deuxième est banni à jamais de l’équipe de France A. Il s’appelle Gérard Houiller et se promet qu’un jour il prendra sa revanche. Sa seule revanche ressemblera à une punition de plus, travailler avec Jacques Crevoisier à Liverpool. En juillet 2008, Gérard Houiller est sur le point de remettre la main sur ce qu’il a un jour contribué à détruire en écartant France 1998. En prolongeant Domenech, quel que soit le prix à payer, Escalettes et son escadron de la mort évitent ainsi le retour du fossoyeur. Jacquet, Platini, Houiller en faisaient partie. Garder un fossoyeur pour en éviter un autre, pourra-t-il être plaidé en sa faveur ?

Domenech a-t-il la moindre responsabilité dans l’échec ?

Ce qui était vrai jusqu’en 2008, ne l’était plus après. On pouvait alors reprocher à Domenech de ne pas savoir faire jouer les joueurs ensemble, de n’avoir aucune notion tactique, de prendre n’importe qui pour le faire jouer à n’importe quel poste, de se foutre du monde sans arrêt, d’avancer sans cohérence, de virer des mecs juste parce qu’il ne les aimait pas, de faire du coaching au hasard, d’humilier par petites touches, de n’avoir aucun crédit auprès des joueurs. On le devait même. C’était ce qu’on appelait le Domenech Show.

On pouvait aussi, pourquoi pas, lui reprocher l’échec de l’Euro 2008. On le devait même. Mais lui signer un nouveau contrat, c’était accepter qu’il continue comme avant. Il avait prévenu, ça faisait quatre ans qu’il n’avait pas changé à l’exception de quatre matches de Coupe du monde 2006. Le dicton est connu : si tu ne veux pas que l’alcool te tue, tu ne fais pas la fête avec Marc Cécillon. Peut-on reprocher à Raymond Domenech de ne pas avoir pallié les défaillances physiologiques de Papy, quitte à  garder sa place et le pognon qui va avec ?

Le football français pouvait-il s’en sortir ?

Ceux qui voudront défendre Domenech, et auront aucun doute raison de le faire, pourront aussi arguer de la faute des joueurs sélectionnés. Leur boulard est une chose, leur dégoût les uns des autres en est une autre. Mais cela n’est pas nouveau, en 1998 comme en 2010. Même si entre temps les joueurs sont devenus des rayons de supermarché. Les joueurs se détestent, détestent leur sélectionneur, qui le leur rend bien. Mais tout ça n’a aucune importance car la seule vérité qui compte, au-delà des qualités de Domenech et de l’homme qui l’a maintenu, c’est celle de la génération de joueurs. Si poste par poste chacun fait partie techniquement des meilleurs du monde, ils ne le sont pas assez pour gagner sans former une équipe. C’est bien la raison pour laquelle n’importe quel collectif a pu battre la France.

Abou de farce

Evra et Sagna sont de bons joueurs de clubs, par intermittence, et sans fiabilité ni sur la durée, ni sur la qualité de centres. Abidal a toujours fait des conneries dans l’axe. Gallas est fini depuis trois ans. Diaby, L. Diarra et A. Diarra n’ont jamais existé à ce niveau. Toulalan n’est utile que quand l’équipe n’a pas le ballon. La saison bordelaise de Gourcuff a montré qu’il n’avait aucun avenir national comme international. Govou n’a jamais servi à rien de toute sa carrière. Anelka et Ribéry ont tendance à trop intellectualiser les événements pour briller en société, en compétition et au baccalauréat. Il en va d’une grande équipe comme d’un grand joueur : il faut du talent et un mental, optimisé par un entraîneur. Il manque deux éléments à la génération actuelle. On ne reparlera pas des tauliers, d’une grande défense, ni de Zidane, tout a disparu avec le capitanat d’Evra. Le reste, on vous l’a déjà raconté.

« Au conseil fédéral, il n’y a pas de marionnette, pas de béni oui-oui. Il y a des gens compétents qui prennent des décisions mûrement réfléchies sans être soumis à une pression quelconque. Laissons le bateau avancer. » J.-P. Escalettes, 15 octobre 2008.

France-Mexique (2/3) : « Quel journal de m…! »

Tout le monde tombe aujourd’hui sur le sélectionneur, sur ses joueurs et sur les instances. C’est normal, c’est facile. Il était de bon ton de dire en 2008 qu’il ne fallait pas maintenir Domenech, de le répéter ensuite, pour finir par revenir à un schéma plus classique.

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Quand, la ferveur monte, on fait des interviews lèche-cul au sélectionneur, on s’enflamme après une victoire contre le Costa-Rica pour terminer en beauté en exigeant la titularisation de Diaby, qui n’a jamais existé dans un match de haut niveau européen. Mais Domenech n’est pour rien dans cette ligne éditoriale réalisée par des journalistes qui ne manquent que de courage et d’un brin de compétence. Lui a toujours été fidèle à sa ligne, nous aussi.

Le clou du sombrero

En 2002, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui fait faire du théâtre à des adulescents pour les humilier, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne justifie pas ses choix, qui ne propose aucun style de jeu. En 2006, c’est un entraîneur qui ne gagne pas de titre, qui ne dit rien, qui sort Zidane contre la Corée pour l’humilier, qui tape dans la main de Zidane après le Brésil pour le remercier de l’avoir gardé comme adjoint, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne fait pas de choix, qui ne s’oppose pas au style de jeu choisi par Makélélé et Vieira. A cet instant, il n’y a aucune raison officielle de se débarasser de lui ou de le descendre, quelle que soit la façon dont la France est arrivée en finale, elle y est arrivée.

Mais à l’approche de l’Euro, il est évident que le miracle ne se reproduira pas, pourtant, la jurisprudence Jacquet tient bon. Le Vestiaire osera quand même le dire et l’expliquer avant la raclée des Pays-Bas. Les grandes générations se créent sur un grand numéro 10. Il n’existe plus. Mais une petite génération avec un petit entraîneur ça complique un peu plus les choses. Domenech en 2008, c’est donc un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Thuram et le remplace par Abidal contre l’Italie pour humilier Thuram, qui ne justifie pas son choix, qui ne parle pas à ses joueurs, qui ne propose aucun style de jeu et qui fait une demande en mariage à une présentatrice en plateau. Un vrai personnage de télé-réalité.

Maya la brèle

Le Vestiaire crée alors le Domenech show et en diffusera quatorze épisodes plus deux inédits. A l’origine, l’histoire aurait dû s’arrêter à l’issue du deuxième épisode. Mais Domenech, soutenu par ses perds, est reconduit sur la route du doublé Euro/Mondial, plus grand fiasco depuis Gérard Houiller. On connaît la suite, on lui demandait cinq points, il en quatre. L’Equipe titre « Nous, on a aimé » après 45 minutes de Roumanie, Escalettes inaugure son propre show et Domenech atteint 2010.

C’est désormais un entraîneur qui ne gagne pas de match, qui ne dit rien, qui aligne Gallas et Abidal, qui remplace Anelka par Gignac à la mi-temps pour humilier Henry, qui ne justifie pas son choix, qui propose un 4-3-3 à un mois d’une compétition majeure, qui ne parle pas à ses joueurs qui lui répondent quand même. Et une presse qui a oscillé entre la critique et l’hagiographie, qui a continué à interviewer un homme qui ne disait rien, des joueurs qui ne disaient rien, un président qui disait n’importe quoi, pour finir par lyncher tout le monde une fois qu’il est trop tard. On ne sait jamais, dès fois qu’Aimé Jacquet n’ait pas emmené son équipe en demi-finale de l’Euro 96. En souhaitant au moins à Raymond Domenech que la soupe fut bonne.

Le Vestiaire n’avait pas la chance d’exister en 2006 pour célébrer le dernier bon match de la nouvelle équipe de France face à l’Italie, une Italie qui elle aussi était déjà passée de vie à trépas. Depuis, il n’y a pas un seul match encourageant, si notre spécialiste l’a vu c’est que ça ne devait pas être si compliqué de le voir. A moins que.

Domenech Show : Le concile de trente

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Prudence est Lemerre de sûreté : jamais l’équipe de France n’aura attaqué un Mondial avec autant de fraîcheur et d’atouts. C’est normal, puisqu’ils sont encore 30. Les règlements de la FIFA ont changé pendant que Domenech se pavanait en Ferrari.

Lloris. Pour lui, la préparation n’est pas à Tignes, mais à Lyon. Indiscutable.

Mandanda. Il était numéro 1 et attendu, il est numéro 2. Indiscutable.

Carrasso. Le deuxième meilleur gardien de France. Indiscutable numéro 3.

Landreau. Chouchou de Domenech, qui le rappelle à la surprise générale et lui offre un deuxième tour en hélico. Indiscutable.

Sagna. Il défend bien, il attaque bien et préfère Stoke et Porto aux matches européens et internationaux. Indiscutable.

Fanni. On l’a vaguement vu jouer une fois, donc comme d’habitude, il payera à boire. Indiscutable.

Réveillère. Une belle épopée européenne, puisque seuls Ronaldo, Trémoulinas, Altintop et Olic ont déjoué sa science du hors-jeu. Indiscutable.

Evra. Tremoulinas et ses conneries qui donnent la qualif’ à Lyon, c’est un peu tendre. Pat, c’était contre le Bayern et en plus il a trouvé Ronnie les yeux fermés en huitièmes. Indiscutable.

Clichy. Sylvestre était au Camp Nou, lui aussi. Indiscutable.

Gallas. Domenech compte sur son taulier avant qu’Arsenal décide de ne pas prolonger le contrat de ses mollets. Mourinho rappelle qu’il était son pilier en 2005 et qu’on est en 2010. Indiscutable.

Abidal. France-Italie, 24e minute, et il ne sortait pas d’une saison de blessures. Indiscutable.

Squillaci. C’était Escudé ou lui, Escudé a plus joué. Indiscutable.

Planus. Ciani n’a pas été si mauvais contre l’Espagne, mais Planus présente l’avantage d’avoir été blessé pendant trois mois. Indiscutable.

Rami. L’Equipe parlait justement de sa fin de saison moyenne ce matin. Indiscutable.

A. Diarra. Le pilier de Bordeaux n’aura jamais une aussi belle occasion de sympathiser avec Fanni. Indiscutable.

L. Diarra. De toute façon, Pellegrini n’y connaît rien pour ne plus le faire jouer. Indiscutable titulaire.

Toulalan. La Toul en défense centrale, c’est comme si c’était écrit. Indiscutable, et il jouera au milieu.

M’Vila. Enchanté, votre prénom c’est quoi ? Indiscutable.

Diaby. C’est bon, Vieira a compris. Indiscutable.

Malouda. Une saison ébourrifante, la forme de sa vie : c’est bien connu, on se met à réussir ses centres en équipe de France à 35 ans. Indiscutable.

Valbuena. Il a pleuré en apprenant la nouvelle, il jouera le troisième match de poule avec une couche. Indiscutable.

Gourcuff. Zidane y va marquer. Indiscutable.

Govou. Ca va venir, un jour. Indiscutable.

Ben Arfa. C’est bon, Benzema a compris. Indiscutable.

Ribéry. Sa pire saison en club depuis quatre ans se terminera par une finale de C1 sans lui et peut-être une mise en examen avec lui. Indiscutable.

Briand. « Benzema n’est pas si loin du groupe France et on peut rappeler un joueur hors liste jusqu’au 1er juin. » Indiscutable.

Henry. « Si Pedro est meilleur, c’est lui qui doit jouer. » Indiscutable.

Anelka. Dans cadre, il y a tir cadré. Indiscutable.

Cissé. Mentalement, c’est le plus fort. Pour le reste, c’est toujours le même. Mais comme on dit, la Grèce doit. Indiscutable.

Gignac. Les Féroé et l’Autriche ne joueront pas le Mondial, Rennes et Sochaux non plus. Indiscutable.

Domenech show, les interdits :
Ciani paye à boire

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Sans l’effet Deschamps, Ben Arfa regretterait de ne pas avoir aussi signé en Grèce pour disputer le Mondial.Voici le premier épisode interdit du Domenech Show

Après une fin de saison dernière en apothéose, le suspense a fait long feu. Le Domenech Show est terminé, mais Le Vestiaire s’est procuré la saison pirate. Des épisodes indiffusables, sans aucune morale, où toutes les saloperies sont permises. Le premier épisode donne le ton : un joueur d’Everton sélectionné à la place d’un autre du Panathinaikos. Les deux sont pourtant interdits de tournage depuis trois ans. Finalement, le Grec est rappelé à la place du premier. Les deux ont évidemment joué la Ligue Europa dans la semaine, Pierre-Alain Frau et surtout David N’Gog auraient de bonnes raisons d’être jaloux.

Mais Saha buteur de l’équipe de France à trois mois de la Coupe du monde, est-ce si illogique ? Les médias ont à peine relevé qu’il n’avait plus été appelé depuis 2006. En revanche, ils ont à peine pas relevé que dans « être en forme à Everton », il y a Everton. Ça a pu échapper aussi à Gignac et Benzema, qui sait. Pour fêter son sélectionné, Everton en a pris trois au Sporting Lisbonne le soir même. La présence de Saha se remarque parfois moins que l’absence de Distin, chacun son tour. Certes, ce n’était que de la League Europa mais l’autre Saha a jugé utile de marquer deux buts à la Roma avec le Panathinaikos. Peut-on mériter davantage sa sélection que Saha et n’avoir pourtant pas le niveau international ?

Summer in the City

Cheyrou serait tenté de répondre oui. Non pas qu’il n’ait pas gagné de titre de champion de France, quoique. Non pas qu’il n’ait pas atteint une seule fois les huitièmes de finale de Ligue des Champions en 25 tentatives, quoique. Au cas où, son frère Bruno peut témoigner en sa faveur, on peut aussi avoir Skype à Famagouste. Ben Arfa est bien loin de ses considérations, il a réussi un bon mois avec l’OM et il retrouve la sélection. « Il a du talent, c’est logique. » Meriem aimerait connaître le vrai sens du mot talent.

La démocratisation est en route. Rami, Ciani : Raymond veut faire jouer des gens proches du peuple. Heureusement, Abidal n’a aucun souci à se faire : Ciani ne fait pas de conneries et il marque, Rami fait aussi des conneries mais il marque. Ca sonne mieux que il marque mais il fait des conneries, même si Roy Contout lui doit tout. C’est bête, si Menes avait réclamé Debuchy une semaine plus tôt, il l’aurait eu.

Tremoulinas n’est pas dans la liste. Logique, Evra vient de sortir un gros match à Milan en adressant une superbe passe décisive à Ronnie. Tremou paye son jeune âge et son plus gros défaut : les passes décisives qu’il fait sont pour ses partenaires, ça fait sept en championnat. Sagna se demande toujours ce que c’est. Vieira , lui, est devenu officiellement adjoint, mais un adjoint ça joue pas sinon Boghossian aurait dû avoir sa chance depuis longtemps.

Fabien Lévêque aurait pu avoir sa chance. Même Chamoulaud, qui a bien tenté de savoir à son tour si cette daube d’Henry jouerait au Mondial, mais Domenech ne lui a pas délivré non plus son diplôme de journaliste. Stade 2, Canal, après Biétry et Luis Fernandez, Domenech se démocratise et accueille même une équipe de Stade 2 pour pouvoir la virer avant une réunion avec Boghossian. Il a changé : « Il y avait beaucoup de si dans votre question. »

L’amour a ses Raymond que Raymond ignore

« Hatem a du talent, il a des possibilités de faire partie de cette équipe, il est sur la liste, cela me paraît tout à fait logique. » Ben Arfa ?

« J’en ai discuté avec lui, il n’avait fait que deux matches entiers, il estimait que ce n’était pas suffisant, moi aussi. Il faut qu’il répète des matches et cela ne servait à rien de le jeter en pâture dans un match alors que lui-même estime qu’il n’est pas prêt. Mais il reste deux mois, à lui d’enchaîner les matches sans souci pour montrer qu’il a retrouvé son vrai niveau. » Thierry Henry ou Franck Ribery ?

« Apparemment, je dois en savoir un peu plus. Il est blessé mais je ne suis pas médecin, ni le Real Madrid. Je l’ai eu et je sais où il en est et qu’il n’est pas prêt pour ce match. » Christian Karembeu, Claude Makélélé, Lassana Diarra ou Gonzalo Higuain ?

« Je ne prends pas un joueur pour une bonne prestation dans la saison. C’est une répétition de bons matches qui permet de juger un joueur. Comme je ne condamne personne sur un match, je ne prends jamais un joueur sur un seul match. Il  joue le haut niveau, en Ligue des champions, il a montré des qualités. » William Gallas, Sebastien Frey ou Marc Planus ?

« Oui, on l’a suivi, il fait partie des possibilités, mais encore une fois il y a des postes où il y a plus de monde que d’autres. Il était en concurrence avec Louis Saha qui est aussi performant en ce moment. Il fallait faire un choix. (Il)  a le potentiel, c’est un problème de concurrence, je ne peux pas prendre 14 avant-centres. » Anelka, Henry, Benzema, Gignac, Savidan, Briand, Rémy ou Cissé ?

« Il fait partie de ceux qu’on suit depuis longtemps. Il a déjà été avec nous. Il joue la Coupe d’Europe et est performant avec son club. Il est toujours là. » Desailly, Landreau, Mexès, Sinama Pongolle ou Mavuba ?

« D’autres joueurs peuvent se révéler. Il peut y avoir des blessés. On a fait le tour des joueurs français, on ne va pas en découvrir 60, mais dire que ce sera exactement ces 28 ou 30 joueurs, je ne sais pas. Il reste encore deux mois de compétition. » Battles, Bréchet, N’Zogbia, Aliadière ou Meriem ?

« Je ne suis pas sûr qu’il soit encore à 100% de ses moyens mais je suis content de le revoir. Qu’il revienne au plus haut niveau mais pas tout de suite, qu’il attende encore un mois, ça m’ira très bien. » Gourcuff ?

« Cela reste une option, une possibilité. A gauche, dans l’axe, à droite, il fait partie de ces joueurs qui peuvent évoluer partout. C’est bien dans une grande compétition d’avoir une variété de choix. » Thuram ?

« Le 3  ne passe pas encore devant le 2. Cela se joue à un museau près en faveur du 2 (rires). » Boghossian ou Martini ?

France-Roumanie : Escudé du peu

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S’il fallait un match référence, il est arrivé. Un but encaissé, un marqué, face à la Moldavie. La finale de la Coupe du Monde n’est plus très loin, les barrages encore moins. L’Espagne malgré ses cinq buts enfilés aux Belges seront-ils au rendez-vous ?

Une fois n’était pas coutume, production et réalisation s’étaient chargées main dans la main du teasing. Papy Courage avait promis de l’épouvante, Raymond des occasions manquées. Tout avait été dit en conférence de presse, il ne manquait que le titre de la pièce. Les plus optimistes se prenaient à rêver, et si Israël jouait en jaune ?

Le défi était toujours le même : mal jouer avec les meilleurs joueurs du monde et si possible ne pas gagner. Comme d’habitude l’adversaire avait été choisi avec minutie : une fois de plus les Iles Féroé. Pourquoi changer un scenario qui marche,  les téléspectateurs ne s’en lassent pas encore. Du classique donc, mais si la machine est rôdée, le direct peut toujours apporter des surprises.

Cluj on est de fous

Raymond Domenech savait donc ce qui l’attendait. Un an qu’il préparait ce rendez-vous si crucial. Tout le monde se doutait et lui le premier que la Roumanie au Stade de France serait le point d’orgue de la qualification directe. Il avait même eu cette subtile reflexion qui ensuite lui avait semblé absurde : « Si on gagne pas, le vieux est capable de me foutre dehors. » En effet c’était absurde, d’une part le vieux est gâteux, d’autre part pourquoi virer un type incompétent, détesté de tous, qui ne respecte rien ni personne, qui se fout de la gueule du monde, qui n’a aucun résultat sur le terrain et qui surtout n’en a jamais eu.

Raymond en personne ne comprend pas bien cette attitude de Papy Courage à son égard, qui le maintient coûte que coûte. Mais la question ne se pose plus, mieux, Papy Courage à son tour se fout de la gueule du monde. Il faudra gagner les 4 avait-il clamé, avant de remplacer le « il faudra » par un « on va » il y a deux jours. La voyance aussi est art difficile. Il y a un an, il lui fallait 5 points en 3 matchs, Domenech en avait 4. Pas grave, rater les objectifs c’est ce qui fait le charme de Domenech. L’humiliation de l’Euro ? Echouer c’est aussi ce qui fait le charme de Domenech. Les meilleurs joueurs du monde qui ne savent pas jouer ensemble et faire la différence ? Savoir mettre mal à l’aise et faire n’importe quoi c’est ce qui fait le charme de Domenech. La France absente de la Coupe du monde 2010 ? C’est ce qui fait le charme de Domenech mais ça faisait moins celui de Houiller, Platini et Michel.

Escudé-le

Le doute chassé de son esprit moqueur, Domenech pouvait filer le coeur léger vers le deuxième épisode de la sixième saison de son show. Gagner de justesse face à des équipe de merde, il l’avait déjà fait plusieurs fois. Faire match nul, il n’avait plus connu ça depuis la Roumanie. Le destin est parfois malicieux. Mais attention, un match nul doit se faire avec la manière car cette fois on ne pourra pas se cacher derrière le bilan comptable qui est le plus important, ou derrière le public qui n’est pas gentil. Cette fois avec un seul point et une qualif directe enlevée, il faudra retenir le positif.

Et le positif c’est un gardien serein. Après Landreau, mais c’était pour rigoler, après Frey, Coupet et Mandanda, Lloris pouvait à son tour  confirmer qu’être le meilleur gardien français ne suffit pas pour le haut-niveau made in Domenech. La charnière avait été reconduite pour la première fois depuis cinq matches. Rappelons qu’il y a Gallas dedans, et qu’il ne sera pas le plus nul. Au milieu comme d’hab, la star madrilène associée à un Roumain ou quelque chose du genre, quoiqu’il en soit un type pas très bon. Devant, après avoir echafaudé son schéma tactique avec Benzema toute la semaine, l’avant-centre du Real est allé rejoindre le banc de touche. Les Chypriotes qui avaient prévu un plan anti-Benzema en ont eu pour leur argent. La presse locale avait prévenu que leur principal allié serait Domenech. En même temps c’était pas dur à deviner. Le reste c’est Henry qui arrêtera quand il l’aura décidé, Gourcuff, Gignac auréolé de ses deux bonnes perfs contre l’Azerbaidjan, et Anelka qui n’a plus joué en bleu depuis l’Euro 2000. Au final, hormis l’attaque, le milieu et la défense, la formation de départ est ce qu’il pouvait faire de mieux. Domenech est confiant, comment une équipe qui ne fout rien depuis 2 ans pourrait-elle écraser la Roumanie ? La première mi-temps aurait pu lui faire peur. Onze joueurs seuls sur le terrain pour une attaque défense, ça rappelle beaucoup de mauvais souvenirs à Raymond. Il sait que ça finit toujours par marquer. Il n’a pas tort.

Kostadinovescu

Anelka rate tout en un quart d’heure, l’histoire ne peut pas mieux commencer. En mal de stars, Domenech a invité Gignac en guest-star, il ne le décevra évidemment pas. La fin de saison approche, l’intrigue est touffue : on sent de la nouveauté, il y a des occasions avec le consentement des Roumains battant pavillon maltais. Tout n’est pas nouveau, Sagna et Evra s’échangent des ballons au-dessus de la surface roumaine, Anelka multiplie les centre tir, ses partenaires et le tableau d’affichage ne sauront jamais vraiment si c’est l’un des deux. Le gardien arrête tout, la transversale s’en mêle, Domenech prépare déjà son « Comment peut-on faire pour arriver à les mettre au fond ? » pour Astorga à la mi-temps voire mieux si affinités. La loi des séries, elle dure depuis le début des éliminatoires. Rassurant, l’inefficacité chronique est la marque des grandes équipes. Le public est captivé, il oublie même de siffler à la mi-temps, Domenech et Gignac sont pourtant sur la pelouse. Les joueurs de Cluj et Timisoara rentrent au vestiaire en riant.

0-0, plus que 45 minutes à tenir, Raymond revient sur le terrain avec le sentiment du travail bien fait, d’ailleurs il le dit. Il rit d’Astorga, Astorga rit de lui, et Gignac est toujours là. Manque de bol, Malte craque sur un corner, Henry rappelle soudainement qu’il ne joue pas en Ligue 1 depuis une décennie. Il faut un héros, Domenech croise les doigts, Escudé les pieds et le miracle se produit. Les premiers sifflets empêchent Papy Courage de ronfler, Ginola hurle sa joie. Il reste pourtant 40 minutes, il va falloir tenir bon. C’est l’heure du coaching.

Gignac sort, Ribéry entre et pousse Anelka dans l’axe. Il ne paraît pas vraiment meilleur mais mieux vaut s’assurer qu’on ne le verra plus jusqu’à la fin, Benzema rentre et Anelka repasse à droite. Gourcuff sort, c’est bien connu, la France est toujours meilleure sans vrai créateur. Ribéry coulisse en numéro dix, il a passé son été à dire que ça l’emmerde, les quinze dernières minutes sont garanties à vie. L’armada est enfin au complet, elle n’était pas titulaire. Benzema a une occasion en or de se révéler, mais le scénario est trop bien ficelé. Il n’aura pas une seule occasion, la France et quelques téléspectateurs l’entendront dire que les occasions il faut les mettre, mais de qui parle-t-il donc ?

« Ce n’est pas une desillusion, c’est une déception. Comment on peut faire pour arriver à les mettre au fond ? Ca va finir par arriver, c’est pas possible. » Astorga a beau repasser la bande, Raymond est bien en train de sourire.

Finalement, le monde est unanime, le monde français du moins. 35 minutes correctes sur 90 minutes durant lesquelles aucun but ne sera marqué. Un match nul désastreux pour l’avenir, et la Roumanie qui aurait même pu plier le match. Tout va bien, il faut retenir le positif car les trois points sont pas là. Mais pour Papy aucun problème « si on joue comme ça, les barrages c’est gagné« . Personne ne lui a dit que 1-1 ça compte pas pour une victoire.

Titi et Camara

Lloris : Toujours aucun but encaissé par les adversaires. Il aurait dû se méfier, à l’entraînement Escudé joue avec les remplaçants

Sagna :  On attend toujours sa première passe décisive en équipe de France.

Escudé : On a jamais su lequel de Julien ou Nicolas était le joueur de foot.

Gallas : Son meilleur buteur ne dépasse jamais la ligne médiane, Wenger doit halluciner en observant le coaching de Domenech.

Evra : Lizarazu lui a pas dit qu’on pouvait travailler les centres.

Toulalan : Blanc pourrait bien s’en passer pour les barrages.

Diarra : Gourcuff était là pour l’empécher de tirer.

Gourcuff : Encore un match décisif où il ne l’est pas.

Gignac : On sait pourquoi il a rendu Elmander indispensable.

Anelka : Contrasté contre les Féroé, nul samedi soir, place à la Serbie. 

Henry : Il accepte encore de venir, c’est déjà bien. Le seul à continuer à jouer malgré Domenech.

Escalettes:  «Et je répète que même s’il faut qu’on se qualifie par les barrages, c’est la mission de Raymond Domenech et il faut qu’il aille au bout et il ira au bout». On a lui a toujours dit qu’il fallait croire le plus possible à ses rêves pour les voir se réaliser.

Domenech Show, Saison 6, épisode 1 :
Le Raymond de minuit

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4 buts marqués, 3 buts encaissés en 2009. Aimé Jacquet faisait à peine mieux au début 1998. Au détail près que son équipe ne perdait pas. Mais le bilan est-il si important ? Apparemment, pour Papy Courage, ça le devient. Voici la sixième et dernière saison du Domenech Show.

C’est l’histoire de l’avant-centre du Real Madrid, du meilleur joueur d’Allemagne, du nouveau Zidane, de l’ailier du Barça, de l’ailier de Chelsea et du meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Tous avaient été réunis dans une splendide équipe d’Europe pour affronter la plus faible équipe du monde. Pour ce match exhibition, il fallait du spectacle, qui dit spectacle dit audience, qui dit audience dit Domenech show. Raymond Domenech avait donc été chargé de faire son boulot. Créer du supense là où il n’y en a aucun, voire rendre la rencontre équilibrée, sans que personne ne bronche. Un sélectionneur débarqué en pleines qualifications, ça ferait désordre. Une idée bien étrange, fait remarquer Henri Michel. Et un sélectionneur débarqué après un Euro désastreux, interroge Jacques Santini ?

La nuit de l’Higuain

Comme toujours on peut faire confiance à Domenech, comme toujours le destin est à son service, Thierry Henry ne pourra pas jouer. La logique s’impose, c’est la star du TFC qui le remplacera à la pointe de l’attaque. Le choix n’est pas si con : vierge avec les bleus, il n’a même pas marqué lors de la première journée, alors que Sverkos, Remy et même Giuly se sont fait remarquer. Avec un peu de chance il n’en plantera pas plus d’un, se dit-il. Une fois de plus Raymond n’a pas tort, encore moins lorsqu’il fout Anelka à côté. Son dernier bon match à ce niveau c’était il y a moins de dix ans, son championnat n’a pas repris et contrairement à Benzema, il n’est pas devenu indiscutable durant l’intersaison. Le reste c’est du classique, le fameux millieu de terrain à double entrée pour bien museler les terribles ferugineux et bien sûr une nouvelle charnière, la quatrième en quatre matches, cette fois ce sera Gallas-Escudé. Un rêve éveillé. Une précision au passage, Gallas n’est pas le fils, le neveu ou un petit cousin du Gallas retraité, c’est bien celui du Chelsea 2001.

Gallas ça tiraille

Mais Domenech ne peut pas tout faire tout seul. Il peut brouiller les pistes en changeant joueurs et système de jeu à chaque rencontre, se faire détester par la plupart des sélectionnés, Govou n’était pas là, il peut rendre les meilleurs mauvais mais après il faut y mettre du sien. Toulalan a compris, en plus d’être nul tout le match, il va finir avec le plus grand nombre frappes, et non cadrées faut-il le préciser ?, se demande Robert Budzynski.

Anelka n’en fout pas une, Gignac paraît soudainement bien moins efficace, sans doute l’effet Benjaminsson. Grâce à l’accident de la 43ème, le nouveau Papin du pauvre a soigné ses stats et Domenech a fait la gueule. 1 but toutes les 4 sélections, ça peut faire deux buts en fin de carrière. Pour la première fois Danielsen s’est créé une occasion en match international, en face c’était pas si Malte quand même. Ribery est rentré, pas Benzema et pourtant Domenech s’inquiète. Il n’a pas forcément raison, que la France se qualifie ou non, il sera toujours là, car c’est l’homme de la situation, mais bizarrement, la touche de la 92ème a fait peur à tout le monde.

Lass des as

Lloris : Sur ses dégagements, il n’a probablement pas compris que la consigne de jouer au sol s’appliquait seulement aux joueurs de champs. Sur ses contrôles, il n’a probablement pas compris que faire comme Bousmong pouvait finir par être dangereux.

Sagna : Ses perles feraient marrer Taribo West, ses centres aussi. A force d’entendre qu’il est le meilleur latéral d’Angleterre, on va finir par ne plus le croire.

Gallas : Logiquement capitaine et titulaire, vu qu’il est le dernier champion du monde sur la feuille de match. Il n’est pas champion du monde ?

Escudé : Comme son compère de la charnière centrale, il a préféré laisser partir l’attaquant des Féroé seul au but en première mi-temps. Dommage, Sagna et Evra avaient décidé de couvrir.

Evra : Féroé ou Brésil, il joue pareil : de l’intensité, des coups et des centres qui n’arrivent jamais.

Toulalan : Il n’avait aucune chance de faire la même chose que Diarra et allait forcément marquer avec sa grosse frappe. Ca s’est vu.

Diarra : Quitte à faire comme Toulalan, autant essayer Alou, ça peut marquer sur coup de pied arrêté.

Anelka : Le fils prodigue de Domenech. Il avait décidé de tout rater et s’y est tenu. Des frappes écrasées dont il a le secret. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le remplaçant de Drogba à Chelsea.

Gourcuff : Zidane ne marquait pas contre les petites équipes. Il était même souvent assez mauvais.

Malouda : Passeur décisif, il est celui qui a le mieux compris comment jouer : en écartant au maximum le jeu. Ne plus écouter Domenech ça sert, il ne sera pas titulaire longtemps. Il a même réussi deux centres, bon ratio.

Gignac : Le saboteur. Alors que la mi-temps approchait, il a fini par cadrer un tir. Jusque-là, il s’était appliqué à tout envoyer au-dessus ou sur le gardien. Le buteur du Real sur le banc s’est régalé à voir jouer le buteur de Toulouse.

Pendant ce temps-là, Bryan Kerr voit la France meilleure que la Serbie. Mais pourquoi n’entraîne-t-il que les Féroé ?

Saison 5, Episode 6 : Fanni paye à boire

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Le Domenech show fait enfin son retour. En télévision, à l’instar d’A prendre ou à laisser, c’est la rareté qui suscite l’envie. Marc Lièvrement a bien tenté de faire autant de conneries, mais il capte moins la lumière et, surtout, il ne possède pas cet air inutilement arrogant qui sied si bien à l’ancien moustachu.

Il nous avait donc abandonné à la fin du cinquième épisode sur un résultat prometteur. Un 0-0 d’envergure face au redoutable Uruguay. Francescoli ne jouerait plus. Mais même en vacances, notre héros ne chôme pas, avec son mentor de 83 ans son aîné, prenant le temps d’enregistrer un clip voulu amusant. Il l’est. Pour Domenech, c’est une bonne occasion de faire croire au vieux qu’il s’investit dans la course à la qualif. Pour le vieux, une bonne occasion de parler Anglais, comme à la Belle époque. Sarah Bernhardt, où te caches-tu ?

Son vrai retour se déroula comme il se doit, en access, en direct sur Canal+, loin des critiques molles du féroce Guy Carlier. Raymond est allé à la baston. A chaque question son foutage de gueule habituel. Préparé comme jamais, son Mathoux de sparring partner en aurait pourtant rendu cocu Jean-Charles Sabatier. Qui a dit une fois de plus ? En deux réponses, il va plier le match.

Prendre à Fanni ce qui est à César

Apercevant Rod Fanni dans un résumé, Hervé le perfide ne manque pas de rappeler au sélectionneur que le médiocre Rennais a déjà foutu les pieds à Clairefontaine. Domenech a l’habitude de ce genre de vannes et même s’il ne connaît pas vraiment ce joueur, c’est un type qui a bien pu se retrouver un jour sur une de ses listes sans qu’aucun journaliste ne moufte. Et comme s’il avait senti que comme chaque semaine Rod serait ridicule le week-end suivant, même face au Havre, il ne s’en laisse pas compter : « Non, c’est Fanni lui-même qui s’est sélectionné, par son niveau de jeu. »

Fanni ardent

Quand il pense niveau de jeu, le maître de cérémonie de la chaîne cryptée, et de nombreuses autres soirées sans doute moins avouables, pense à Gignac. A priori, il a raison. Meilleur buteur du championnat, d’une régularité impressionnante, serait-il candidat naturel à l’équipe de France ? Domenech se fâche. « Et pourquoi pas Hoarau, tant qu’on y est ? », pense-t-il, mais il préfère s’abstenir, on pourrait le prendre au sérieux. « La Ligue 1, c’est pas la Ligue des Champions », se contente-t-il d’ajouter. D’ailleurs, Jimmy Briand joue à Rennes.

Sa plus belle réponse, Domenech attendra sa liste argentine pour l’offrir. Entre Frey, Janot, Landreau et Richert, il prend Carasso. Et en bon Lyonnais, il aime Saint-Etienne. Après avoir ruiné la carrière de Gomis, il prend Dabo, quasiment qautre matchs disputés cette saison, dans un club qui a des points d’avance sur Angers. Et bien-sûr, il rappelle Boumsong. Le chef-d’oeuvre peut continuer.

Bilan 2008 : Les bons poings de Brahim

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Si notre parrain Julien Closefield était encore là, il serait fier de savoir qu’au prix de milliers de visiteurs en moins, nous avons laissé loin derrière nous notre ancienne adresse. Ce qu’il avait mis pas loin d’un siècle à bâtir n’est plus désormais qu’un repère de pervers et d’amoureux des profondeurs. Pour la deuxième année, Le Vestiaire décore.

Régis est un génie

Le Closefield de Fer du meilleur commentaire avait permis en 2007 à Solenn Désert de briller au moins une fois dans sa carrière. Cette année, c’est un autre athlète en manque de résultat qui est primé. Il s’agit du brillant commentateur Régis-athlé qui, bien qu’occupé, a pris le temps de se farcir les deux premières parties de notre enquête sur Usain Bolt, puis de notre contre-enquête, avant de publier la sienne entre diverses censures et échanges de mails privés, bien entendu. Bravo à Régis, un jour peut-être le monde du sport lui rendra l’hommage qu’il mérite. Le Vestiaire a rempli sa part du contrat.

La honte de Soderling

Il n’y a pas vraiment eu de suspense pour le Closefield du meilleur article. Notre spécialiste tennis a fait de son mieux en ne payant pas l’entrée du Cours Suzanne-Lenglen pour y assister à la seule victoire de Benneteau sur le circuit pro. Pourtant, le Domenech Show ne pouvait pas être battu. La première intégrale de la série sera publiée dans les prochains jours.

Si on mettait Paris en Bouteille ?

Il n’y avait pas de Closefield de Fer d’Honneur, il en existe désormais un grâce au plus sporadique de nos stagiaires, pour l’ensemble de son oeuvre et la formidable concurrence qu’il nous offrit le temps de se planter sur pas moins de six joueurs de la liste en route pour Grenoble.

Les mètres de l’univers

Notre fameux stagiaire rate de peu le doublé puisque malgré six mois de censure, il est devancé sur le fil par Hulk Musklor dans la catégorie lecteur-commentateur ayant survécu au changement de plateforme, la concurrence était féroce. Enfin, Richard Escot n’est pas oublié du palmarès, mais on ne voit pas bien pourquoi.

Les candidats aux Brahim d’Or

Sports collectifs

Lyon qui croit encore que son absence des demi-finales de Ligue des Champions est accidentelle.
L’équipe de France de foot qui ne sait plus comment faire comprendre à Domenech que ses onze années chez les espoirs n’étaient pas accidentelles.
L’équipe de France de basket qui a largement fait comprendre à Michel Gomez que son passage orléanais n’était pas un accident.
L’équipe de France de rugby qui a recruté accidentellement un entraîneur cadet, mais pas de Gascogne.

Sports individuels

Richard Gasquet qui gagna un jour les Petit As, mais pas les grands.
Jean-Pierre Escalettes qui n’a toujours pas retrouvé ses esprits, 80 ans que ça dure.
Sylvain Chavanel qui a réalisé sa meilleure saison avec cinq victoires.
Frederic Jossinet qui s’est faite éclater avant même de rencontrer Tamura et Tani.
Sébastien Bourdais qui n’a fait oublier ni Panis, ni Alesi.
Medhi Baala qui est plus connu que Claude Issorat malgré un palmarès bien moins bon.
F. Chevallier qui n’a jamais rien fait comme athlète ou comme directeur technique. Et si la logique avait été respectée ?

Un Brahim d’Or mondial sera exceptionnellement remis à Justine Henin pour ce que l’on sait. Mauresmo peut lui dire merci, elle n’est même pas nominée.

Les stigmates de l’Escalettes show

Une déprogrammation de fortune a permis à Canal+ d’acquérir les droits d’un épisode inédit du Domenech show, tourné pour la première fois en extérieur, sans l’acteur principal.

Platini avait choisi ce soir de poser ses caméras à Gerland pour ce spin off sur les coulisses de la célèbre real-tv de la FFF. Le dernier épisode avait permis de constater l’écrasante domination du onze de Domenech sur une des plus belles formations latines. Sur le terrain, Ribéry, Benzema et Henry, résultat logique : 0-0. Ces trois joueurs étaient là à l’Euro, encore là contre la Roumanie. A l’arrivée, aucune victoire et seulement trois buts marqués. Logique. Que Ribéry soit inefficace en bleu, c’est logique, il porte juste le Bayern sur ses épaules, marque, fait marquer et brille à tous les matches, quel que soit le niveau.

Que Henry ne soit pas trop productif avec les tricolores, c’est là encore logique. Il est juste titulaire dans la meilleure équipe du monde. D’accord, il marque lui aussi en ne jouant pas dans l’axe. Mais doit-on s’arrêter à ce genre de détail ? Que Benzema ne soit pas au niveau en sélection, devinez quoi, c’est logique. La planète football ne cesse de le clamer, il n’a pas encore le niveau international. En effet, le haut niveau, c’est pas son truc. Il est juste meilleur buteur en Ligue des Champions, Lyon n’existe pas sans lui et ses buts et son efficacité ne rappellent pas, mais alors pas du tout Ronaldo. Le constat est sévère, Domenech n’a rien à voir là dedans, sa reconduction ne souffre d’aucune bêtise. D’ailleurs, quelle était la couleur du maillot d’Anelka pour sa seule mauvaise prestation de la saison ? Le hasard est parfois facétieux.

A ce rythme, même le plus gâteux des papys gâteaux va finir par le voir.

Domenech show, Saison 5, épisode 5 : Céleste et bobards

Après 2002, l’Uruguay est décidément la bête noire de l’équipe de France, un peu comme la Roumanie, l’Autriche, les Pays-Bas, l’Italie, le Paraguay ou l’Espagne. Mais après tout, les Boliviens avaient été aussi rudoyés par cette même Celeste (2-2).

Même L’Equipe s’en est aperçu, il n’aura fallu qu’un seul match. Mieux, il n’aura fallu que 45 minutes pour que le monde entier comprenne, hypocrites inclus, que l’équipe de France est au moins aussi forte qu’à l’Euro. Constat assez étonnant après un remaniement de staff aussi important. « Mais bon sang, qu’est-ce qui cloche ? », se demande « Maître Courage » Escalettes. Hier soir, il n’y avait pourtant pas que onze nuls, il y en avait vingt-deux, mais l’équipe de France, transfigurée depuis deux matches, n’a pas réussi à développer son jeu, comme depuis deux ans. C’est quand même bête.

C’est Escalettes qui va être content. Son choix est payant. Le match d’hier ressemble à s’y méprendre aux 42 derniers de l’équipe de France. Anelka, Henry, Ribery, Benzema ou Gourcuff. Est-ce si faible que cela ? Quoiqu’il en soit, Domenech est maintenant assuré de conserver sa place jusqu’à l’élimination de la Coupe du Monde 2010. Ce n’est pas maintenant qu’il va réussir à faire ce qu’il n’a jamais su faire. En plus, Maître Courage avait vu juste au lendemain de France-Tunisie : la naissance d’une vraie équipe. Hier, c’est zéro but marqué, comme contre l’Italie ou la Roumanie. Les temps changent.

Les papinazes de Savidan

« Savidan, c’est notre nouveau JPP », lance Larqué entre deux coups de lèche de Christian. Savidan vient alors de tenter sa 32e reprise de volée. Cette fois, elle est passé à 20 mètres, ça va bien finir par rentrer. Ainsi, Papin avait 30 ans lorsqu’il a débuté en Bleu. Et il était aussi connu pour tenter des gestes ridicules sans en planter un. L’histoire se réécrit sans cesse.

Domenech n’avait pas attendu la première minute tricolore de Stèèèève pour le flinguer : « Pour Savidan, c’est ce soir… Ou jamais ». L’ancien adversaire de Ribery en National, comme inscrit sur les fiches de Christian, a compris le message : il va essayer de marquer sur chaque action. Son contrat pour le Domenech Show passe par là. Gomis en avait mis 2, comme la Ligue où il évolue désormais. Prometteur.

Défense de gagner

Les latéraux se sont mis derrière au niveau des centraux. Fanni, c’est normal : il n’a que 26 ans, jouer avec les adultes, c’était pas prévu. Pour Evra, ça va bientôt s’appeler une habitude. Et Anelka va se faire appeler David. C’est ça de réussir toutes ses occasions en club, les prestations en équipe de France se remarquent. Lancé coté gauche, il repique dans l’axe pour se remettre sur son pied droit, mais au moment de frapper, c’est la chute.

Christian, conquis : « Anelka ! A côté… C’est pas idiot, c’est vraiment pas idiot. » Astorga, en pleine émulation, a dû frapper fort. Entre trois questions condescendantes, il jette son pavé à la gueule de Vieira. Comme tout le monde, excepté Escalettes, il a bien compris que la qualification serait un chemin de croix qui conduirait à l’enterrement de la génération Benzema-Ribery. Alors, il refuse pour la première fois d’obtempérer aux consignes de sa production. Hannezo n’a pas fait le déplacement, David joue cartes sur tables : « Patrick, vous allez vous qualifier pour la Coupe du monde 2010 ? » La réponse ne serait donc pas si évidente que cela. Qu’en pense Maître Courage ?

Escalettes se souvient de l’histoire de ce club qui descendit de division avec le même effectif et le même entraîneur. Le fameux électrochoc ne vint jamais. Il y avait des joueurs, mais pas d’équipe. Il ne trouva jamais le coupable. De toutes façons, il s’en foutait, JPP était de retour.

Saison 5, épisode 4 : « Nous, on a aimé »

Qui l’eût cru ? Le troisième épisode du Domenech show a coûté sa place à l’ancien quotidien de référence du sport. Depuis, la presse a créé pire.

Le Vestiaire avait annoncé la couleur. Une équipe de France à la hauteur repose sur un numéro 10 et quand il s’appelle Platini ou Zidane, c’est encore mieux. Le succès des Feux de l’Amour a été basé sur les mariages et les manipulations de Victor Newman et de sa moustache. Celui du Domenech show repose sur les exploits de Raymond sans sa moustache. Les ingrédients sont les mêmes, plus les héros sont méchants, plus l’audience frémit. Comment Platini et Jacquet pouvaient-ils confier les Bleus à Houiller et son charisme de vendeur de chichis ?

Souvenez-vous, Domenech est en grand danger avant la Roumanie. La presse se déchaîne, sans raison évidente. Le bilan du sélectionneur ressemble à celui d’Henri Michel. Pas sa fin. Escalettes, en pleine découverte des valeurs de la témérité, prend des vacances, alors que tout le monde le croyait à la retraite depuis 15 ans. Mais Domenech n’est jamais meilleur que dans l’adversité. Contre les Libanais, il aligne son équipe habituelle, celle qui a gagné l’Euro 2008 sans Thuram.

Un 10 impensable

Dans l’équipe type, il ajoute aussi le fils d’un copain entraîneur, qui n’a jamais rien prouvé, ça se fait dans toutes les entreprises. Une humiliation de plus, ça embellit un bilan. Les 45 premières minutes renforcent encore Domenech à son poste. Il n’y a plus aucun doute sur l’issue de la future réunion du comité des fêtes. Mais 45 minutes plus tard, on s’est rendu compte que Zidane était revenu à Bordeaux. Gernot Rohr était dans le jardin en train de couper sa ciboulette pour cette délicieuse salade de tomates du dîner. Il est 21h55, ça en dit long sur sa lucidité. Domenech doit revoir ses plans. Le retour de l’homme Zidoine lui ouvre une fenêtre. Ca l’ennuie un peu : il n’y croyait plus et avait déjà prévu une sortie de secours à la mesure de l’homme de théâtre qu’il est : siffler lui-même l’hymne tunisien avec un masque de fantôme sur le visage. Il n’aura pas à le faire.

Escalettes show

Il s’appelle Jean-Pierre Escalettes. Sa notoriété, sa naissance au début du XXe siècle et son expérience du haut-niveau ont fait de lui un petit homme courageux. Convoqué par Sarkozy, après France-Tunisie, pour ses excès de bravoure au moment des hymnes, il se déclare écoeuré. Il le sera beaucoup moins quand Platini trouvera que l’idée d’évacuer un stade est stupide. Après tout, Platini a peut-être raison, comment savoir ? Peut-être dormait-il à l’instant fatidique, on approchait les 21 heures. Sa témérité se signale toujours dans les moments les plus durs. Alors qu’il envisage de virer définitivement Domenech, ce dernier est réélu triomphalement, non sans que Papy soit allé se cacher loin des caméras. Il a bien raison Maître Courage, président de Fédé, c’est tout sauf un boulot médiatique.

En plus, il n’est pas gâteux du tout. Alors que la France est quatrième de son groupe avec 4 points et sort d’un match nul face à la Birmanie, il déclare avoir vu la construction d’une véritable équipe, avant de prendre à témoin Gérard Houiller, un autre grand entraîneur. Ce n’est pas la moindre de ses qualités, car Maître Courage s’exprime plutôt bien pour un communiquant. Dénonçant avec justesse la communication de Domenech, il utilise la très charmante parabole du vinaigre sur une plaie. Alain Rey (photo) et ses amis linguistes devraient publier une étude du cas dans les prochains mois.

Escalettes chaud

Maître Courage est aussi un homme de conviction, fidèle à ses valeurs et à sa parole. En un mot, il est intègre. Après l’Euro et les palabres de son sélectionneur, il maintient Domenech en lui demandant 5 points et des déclarations sobres. Raymond a 4 points et parle d’odeur du sang et de guillotine, il est toujours là. Et si Maître Courage était bien à sa place ? En progrès, il s’entiche du cumul des mandats. Non content d’avoir ramené Kostadinov dans les couloirs de la DTN, il se permet un Euro 2008 remarquable, fait tourner son équipe Espoirs comme à l’époque de Domenech. En sus, il compte se représenter. Comment s’écrit retraite ? Si la valeur n’atteint pas le nombre des années, alors il est plus vieux qu’on ne le croit. En fin politicien, il sait calculer. Il voulait virer Domenech pour être reconduit, finalement il a changé d’avis dans un accès de patriotisme. Quant à la grève des joueurs, Maître Courage ne voulait pas en parler, fier comme Artaban, il a glissé que finalement ça ne lui disait pas trop. Le courage des opinions. Son plus bel héritage restera donc pour toujours le maintien du Domenech show.

Le rotor de Raymond

Notre héros shakespearien est donc renforcé, comme au bon vieux temps, il a les mains libres, les téléspectateurs ne vont pas le regretter. Pour sa première sélection post triomphe, ce soir, Raymond a décidé de la jouer sobre. Les attaquants tricolores cartonnent un peu partout en Europe, il n’a que l’embarras du choix : Nasri, Anelka, Benzema, Henry. Il peut aussi piocher Ben Arfa, et même Saha, même s’il ne joue plus à Metz depuis bien longtemps. La liste est sans doute trop courte. Ce n’est pas la première fois qu’il détecte un évident manque de réservoir en attaque. C’était déjà le cas en mai, il avait comblé le vide avec Gomis.

Cette fois, ses adjoints ont fait le boulot, ils lui proposent Pouget, Chapuis et même Marc Libbra, qu’ils ont aperçu un samedi aprem dans le Onze d’Europe, en plateau, pas sur le terrain, mais pour eux c’est pareil, ils ont bien raison. Domenech prend Briand. Mais la liste est encore trop courte, Le 10 sport le réclame à corps et cri, il faut essayer Hoarau. Domenech a lu quelque part qu’un jour Jacquet essaya Ouedec et comme tout le monde il ne lit pas les nouveaux torchons. Il prend Savidan. Si ce dernier avait eu l’âge d’Hoarau, lequel aurait-il pris ? Pagis ne pourra jamais en être sûr.

Boumsong-Lassana-Savidan : la colonne verte en branle

Au milieu, Vieira et Makélélé sont toujours les meilleurs, même s’ils ne jouent plus depuis deux ans. Domenech, qui est chanceux comme un cocu, et ça n’a rien à voir avec l’arrivée de Giuly à Paris, dispose en plus de Toulalan d’un sosie du Pat : Alou Diarra. Dès la coupe du Monde 2006, il avait vu la ressemblance. A l’époque, il n’était pourtant qu’une sentinelle violente du Lens pas champion de France. Aujourd’hui, il est incontournable, son retour en bleu se fait donc difficilement. Logique. C’est Lassana qui est titulaire dans les pattes de Toulalan. En vrai Praud, David Astorga a compris la subtilité : pas de question.

Enfin, coté défense, la provocation a assez duré. Domenech a gardé son poste en alignant Boumsong. Escalettes est humilié, les blagues les meilleures sont les plus courtes. Boumsong est ce qui fait de pire en Ligue 1, Raymond le sait, les abonnés de Canal aussi. Ces derniers ont eu tellement de piqûres de rappel qu’ils en sont devenus toxicos. Mais finalement, il le rappelle, en renfort. Les lois du destin sont parfois cruelles, celles du foutage de gueule impénétrables.

Anelka est redevenu le grand buteur qu’il aurait toujours dû être, comme Le Vestiaire l’y destinait. Domenech hésite encore : autour d’Henry, qui mettre : Savidan, Benzema ou Briand ?