Championnats d’Europe juniors :
Yannick la peau lisse

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Jamais Le Vestiaire n’aurait pensé un jour perdre une matinée pour pondre un papier sur les championnats d’Europe juniors de natation. Il fallait pourtant bien rendre à Yannick Agnel l’hommage que sa précocité mérite.

Il s’était surtout distingué jusque-là par son goût pour les moule-bites et sa cage thoracique atrophiée. A 18 ans, un mois, une semaine et quelques heures, Yannick Agnel est rentré cette semaine dans une nouvelle dimension. Le grand blond au blanc bonnet écrase de tout son talent les championnats d’Europe juniors : quatre médailles d’or, déjà, et Dedieu sait où s’arrêtera la moisson.

Le petit prince de la natation française a surtout mis un sacré coup au record national du 400 mètres : 3’46’’26, c’est deux centièmes de mieux que la combinaison de Rostoucher et, à trois centièmes près, ce qu’il avait fallu à Ian Thorpe, en 1998, pour gagner son premier titre mondial seniors. A 15 ans et trois mois.

Les loups et l’Agnel

Mais Agnel n’est pas que le pubère précoce aux bras maigres que toute la France attendait depuis la grossesse de Manaudou : il a aussi décroché son bac S avec mention bien, une gageure à un âge où Ian Thorpe se contentait d’un titre olympique, en 3’40’’. La vie scolaire est une question de priorités.

Il faut pourtant le reconnaître, la comparaison est injuste. L’Australien nageait devant son public, à Sydney, quand le Niçois prend le risque d’aller jusqu’à Helsinki se frotter aux meilleurs juniors du continent. Il partage aussi avec la Torpille sa taille de chaussures et un goût prononcé pour le crawl : à quoi bon la polyvalence quand on a les relais pour doubler les médailles ?

Phelps pas le malin

Il y a aussi du Michael Phelps chez le Michael Phelps français, qui a battu Michael Phelps, en rattrapé, lors du dernier Open de Paris. L’Américain a d’ailleurs attendu ses 16 ans pour glaner son premier titre mondial, en 2001, sur 200 mètres papillon, et ses 18 pour en rajouter trois autres et cinq records du monde, à Barcelone, en 2003.

A part Bousquet et Bernard, qui n’ont compris que sur le tard les bienfaits des combis polyuréthanes et de la Ventoline, la natation n’est évidemment pas un sport où l’on éclot de bonne heure. Un sport dans lequel tout le monde est cramé à 25 ans après avoir inventorié deux fois par jour tous les carreaux du bassin. Une chance pour Esposito et Barnier : ils n’ont jamais su compter.

L’Edito : Le conseil de Prudhomme

Les derniers deniers publicitaires du service public ont permis d’affréter un avion pour Tenerife et un corail pour Angers. Marie-Christelle Maury n’était ni dans l’un, ni dans l’autre.

France télévisions a renoué ce week-end avec les traditions : 45 minutes d’hagiographie grand format de Lance Armstrong. C’est très pro et bourré de dignité. « Lance, merci de nous recevoir », « Lance, ce parcours semble fait pour vous », « Les coureurs professionnels semblent heureux de votre retour », « Ivan Basso parle de votre grand coeur ». Curieusement, Thierry Bisounours n’avait pas fait le déplacement, mais il tient à préciser qu’il aurait pu faire aussi bien. On le croit volontiers. Remplacé au pied levé par la raie sur le côté, ce dernier s’est découvert une compétence à deux roues, lançant dans un final flamboyant un « take care » de bon aloi quasiment à genoux, après avoir abordé la question du dopage, accompagné de la voix chevrottante des premiers émois.

Il ne manquait plus que Bilou, sans doute trop occupé à essayer de revendre des tenues de marin au marché noir. La tradition, c’est aussi une semaine sur trois de louer les qualités du nouveau Benzema. Un jour, Luyindula marqua seize buts en une saison, mais qui peut en témoigner ? Ce qui était moins courant, c’était de s’attarder sur une compétition en petit bassin. Esposito, que personne n’a jamais pris au sérieux, y battit un jour le record du monde du 200m papillon et s’offrit même le titre suprême. Pourtant, il n’eut pas les honneurs des gros titres, même France Info express n’en fit pas une brève. Plutôt injuste, car croyez le ou non, mais Franckie, il n’avait pas l’air beaucoup plus intelligent qu’un palmipède blond.

Pendant ce temps-là, Jean-Baptiste Grange.

Le Bousquet final

Les championnats de France en petit bassin, tout le monde s’en branle. Et c’est pas parce qu’il bat un record du monde qu’on va voter Leveaux.

Patauger dans le bassin de Laure Manaudou peut s’avérer extrêmement bouleversant. Alexianne Castel, Coralie Balmy et Gaël Monfils en savent quelque-chose. Depuis la consécration de Pékin, quatre mois se sont écoulés. Elle a confirmé tous les espoirs placés en elle : deux mois de vacances, un club trouvé à la hâte sur le critère des soirées pyjamas et les rumeurs qui enflent autant que sa poitrine. Sa Maire-Poul ne sait plus où donner de la tête.

Le château de mammaire

Les championnats de France en petit bassin, c’est comme Franck Esposito, tout le monde s’en moque. Mais cette année, les organisateurs ont quand même fait une affiche. Interloquée, Laure est venue voir. Avec un objectif majeur, le 200m dos. Alexiane Castel lui a mis cinq secondes, même Chloé Credeville lui a grillé la politesse. En salle d’interview, Laure s’est faite appeler Céline Couderc, elle a filé encore plus vite que d’habitude. En plus, son psy n’était pas là.

Toquée Coral

Dommage, une autre aurait eu besoin qu’on lui dise qu’on l’aime : Coralie Balmy. A la simple évocation du nom de Manaudou, la nouvelle nouvelle star est devenue hystérique et s’est mise à pleurer. Elle a le profil. A sa décharge, sa semaine avait mal commencé. Dès dimanche, elle était sur le gril. Sur le plateau de Stade 2, Chamoulaud avait eu la bonne idée d’inviter Malia Metella « en tant que journaliste stagiaire, dans le cadre de sa formation pour les sportifs de haut niveau ». Pistonnés ou pas, un premier exercice télé est catastrophique. En récitant les résultats de Balmy des départementaux 1998, elle a redonné confiance à Abeilhou. Inévitablement, Michalak y a été de son allusion lubrique, elle s’est fermée comme une huître. Qui a parlé du charisme d’Alain Bernard ?

Pendant ce temps-là, le 50m nage libre était plus rapide qu’un championnat du monde. « On va éclater le record du monde » prévient déjà Bousquet. Duboscq serait donc le seul à ne pas être nationalisé américain ?