Rugby, Tournoi : Le XV d’Errance (1/3)

Le Tournoi arrive pile à temps pour vous sauver d’un troisième weekend de soldes auquel vous destinait Madame. Vous êtes d’autant plus heureux que passer 5 weekends d’affilée le cul dans le canapé à regarder votre sport préféré n’est pas pour vous déplaire, cela ressemble même à votre vie rêvée. Asseyez-vous confortablement, détendez-vous, le spécialiste rugby va vous dire avec quelle équipe nous n’allons pas gagner le Tournoi. Et en plus c’est en plusieurs morceaux. Comme Maestri après un calin avec un Tongien d’1m65.

 Maestri

Par Gilles Gros-Paquet d’Avants

1ère ligne 

On a beau se rincer l’œil autant de fois que l’on veut, et au sens propre pour une fois,  la liste des 23 sélectionnés indique toujours la mention suivante : Yannick Forestier. Il faut se rendre à l’évidence, notre première ligne est atteinte du syndrome de Barcella. Une définition s’impose :

Syndrome de Barcella, n.m. : série cauchemardesque de convocations en équipe de France  d’un pilier gauche laborieux, ayant pour point de départ une sur-cotation due à une première sélection accidentellement concluante face à une nation du Sud amoindrie lors des tests de novembre. Sa cause, invariable, est un manque dramatique de densité à un poste qui fut autrefois tenu par Sylvain Marconnet ou Olivier Milloud.  Le syndrome de Barcella tire son nom du traumatisme causé par les 20 sélections dont une en finale de coupe du monde d’un atroce pilier gersois dont la rumeur dit qu’il sévirait encore dans un club de retraite basque, participant activement à précipiter celui-ci en ProD2 entre deux blessures. Sa variante, la malédiction de Brugnaut, très rarement diagnostiquée, quasiment identique mais encore plus douloureuse, se distingue uniquement par l’absence de première prestation réussie.

Le poste de pilier droit est sujet au même problème de manque d’effectif. Face à la perspective de laisser Rabah Slimani prendre sa relève, Nicolas Mas a décidé qu’il ne prendrait sa retraite que lorsque Christian Califano accepterait de revenir en équipe de France.

Les bonnes nouvelles se font rares chez les talonneurs également. Benjamin Kayser est incertain pour le premier match face à l’Angleterre : il se serait coincé les cervicales à force de se retourner brusquement pour vérifier que William Servat ne revient pas pour lui prendre sa place.

2ème ligne 

Tantôt capitaine quant Thierry Dusautoir déclare forfait pour cause de blessure annuelle, tantôt vaillant soldat quand celui-ci revient, Pascal Papé est décidément l’homme à tout faire de l’équipe de France. Sa technique de destruction des mauls adverses par étranglement du porteur de balle sera une nouvelle fois très utile. Et en plus il permet de remplir les quotas de rouquins imposés par les nations britanniques.

Yoann Maestri, à l’inverse, est homme à faire une seule chose : arriver à pleine vitesse pour mettre un coup de boule à un joueur à terre lorsque le maul est déjà gagné. Gratter des ballons au sol, faire des plaquages en avançant, c’est pas son truc. A force de frotter sa tête contre les cuisses de Fabien Barcella en mêlée, Yoann a peut-être hérité de son syndrome. Afin d’éviter que la contagion gagne le reste de la seconde ligne, il est urgent de mettre ce dangereux individu en quarantaine. Alexandre Flanquart en profitera pour essayer de lui montrer qu’un deuxième ligne moderne ne fait pas de courses en travers et ne tombe pas à genoux au moindre contact.

3ème ligne 

Louis Picamoles.

Stéphane Ougier et Fred Torossian seront-ils évoqués dans les prochaines parties ? A suivre

 

Angleterre-France : Baiser son frog

Ce n’est pas le quinze de France le plus nul de tous les temps mais on en n’est plus trop loin désormais.

Pourtant, les organisateurs de la branlée tricolore hebdomadaire avaient bien fait les choses: un arbitre un tout petit peu moins corrompu qu’en finale de coupe du monde, 6 placages anglais ratés sur la seule action française du match, un ouvreur mal peigné sur une jambe et Michalak remplaçant. Mais il faut croire que s’auto persuader qu’on joue mieux quand on a pris deux raclées ne suffit pas toujours à mieux jouer même si le cul de Bastareaud fait 200 kilos. Tout avait pourtant bien commencé, Lartot et Galthié semblaient décidés à dire moins de conneries que d’habitude. Ca partait d’une bonne intention, ensuite le match a débuté. Mêlée faible, touche ridicule, défense catastrophique, individualités défaillantes : n’importe qui aurait passé 50 points à ces Anglais-là. Mais ça aurait été trop facile. Trop facile de réussir une passe sans interception, de ne pas lâcher le ballon sur chaque impact, de ne pas se faire pénaliser dès qu’un joueur allait au sol, voire d’avoir un buteur correct à ce niveau. Dommage, à un moment les bleus ont mené, c’était sur la fameuse fois où ils sont entrés dans le camp adverse. Une action exceptionnelle : 3 minutes de circulation de balles sans interruption, 95 passes, deux passes au pied millimétrées. La quintessence du rugby. Un rêve.  Et oui un rêve, parce qu’en vrai c’est juste Fofana qui a défoncé 10 mecs.

Sky Fall

Heureusement qu’il y a eu ça sinon Lartot aurait eu du mal à justifier ses « les Anglais doutent« , « les Français font mieux que résister« . Il lui sera sans doute plus compliqué d’étayer cette « domination stérile » des rosbifs qui ont marqué sur chacune de leurs actions et passé toute la rencontre à camper sous les couilles de l’armée de Saint-André. Richard Escot y verra sans doute une équipe courageuse, qui n’a jamais baissé la tête et qui a bien défendu puisqu’ils n’ont pris qu’un ridicule petit essai. Après tout l’essentiel dans 23-13 c’est peut-être ni 23 ni 13.

Tout le monde aura évidemment vu les Français craquer à 20 minutes de la fin. La 48ème minute c’était bien à 20 minutes de la fin ?

Ecosse-France : Poitrenaud faut

Que mangera Maxime Médard en famille dimanche ?

C’est un phénomène étrange, qu’on avait déjà semblé voir contre les Tonga en Coupe du monde. A chaque fois que le XV de France est sur un terrain, son adversaire hausse tellement son niveau de jeu qu’il lui est impossible d’en développer. Contre l’Italie, déjà, nos Bleus n’avaient pas le touché le  ballon pendant une demi-heure. Mais Saint-André, lucide, avait clairement identifié les lacunes de son équipe : « On a pu voir chez les Italiens la marque de leur nouvel entraîneur français. » On l’a un peu moins vue ce week-end en Irlande.

Pareil contre l’Ecosse. Pour éviter d’en perdre, la France n’a pas gardé le ballon. Il faut dire que les Ecossais, éliminés au premier tour de la Coupe du monde, sont devenus la référence internationale en quelques mois à peine. Saint-André : « S’il sont capables de tenir comme ça durant 80 minutes, ils vont être champions du monde. » Ne les confondez surtout pas avec ce vulgaire XV du Chardon qui avait déjà perdu contre l’Angleterre et le pays de Galles. Non, celui que Picamoles et Swarzeski ont regardé joué dimanche était sur une autre planète physiquement. « On va peut-être d’abord chercher des athlètes et ensuite leur apprendre à jouer au rugby. » Dommage que Dwain Chambers soit Anglais.

L’infériorité physique des Français n’a absolument rien à voir avec la moyenne d’âge d’un groupe qui regardera la prochaine Coupe du monde devant la télé. La preuve : Trinh-Duc n’a pas 26 ans et il a réussi à être un peu plus mauvais que Rougerie à Murrayfield. C’est fort. Médard ne craint plus les placages depuis qu’il suit le même régime que Poux et Clerc sait qu’il n’a plus le droit de marquer un essai s’il veut continuer à être appelé chez les Bleus. Il a toujours le droit de faire des placages, mais c’est un geste devenu tellement accessoire dans le rugby moderne que les Français ont commencé à s’en passer contre l’Ecosse. Prudence tout de même : si l’Irlande est capable de courir pendant 80 minutes sans faire tomber un ballon, ils seront certainement champions du monde en 2015.

6 nations : From Parisse with love

Philippe Saint-André va-t-il se laisser pousser la moustache ?

Toutes les civilisations ne se valent pas et le rugby nous l’a encore prouvé hier. Flaminio 2011 n’était qu’un accident : l’Italie est bien cette équipe sans trois-quarts et un ouvreur de Fédérale 1 capable d’avoir le ballon pendant une heure sans franchir une seule fois la défense adverse. On pourrait y voir la patte du nouveau staff tricolore, mais une semaine ne suffit pas pour réapprendre le rugby.

Alors, nos héros malheureux de l’Eden Park ont regardé les Italiens faire. Ca pousse fort en mêlée, ça pousse fort dans les mauls et ça n’oublie pas d’envoyer  des messages subliminaux à ses gonzesses. Et comme Castrogiovanni était trop occupé à montrer à Debaty que la Belgique est encore bien en dessous de l’Italie dans la hiérarchie des civilisations rugbystiques, il en a oublié que Rougerie courait encore un peu plus vite que Jauzion et Mermoz.

Clermont émerveille

On a tellement reproché à Saint-Marc de brader le Tournoi qu’on ne peut pas en vouloir à Saint-André d’avoir pris ce qui se fait de mieux pour préparer la Coupe du monde 2015. Avec des petites trouvailles comme Servat, Yachvili, Nallet, Dusautoir ou Rougerie, l’avenir est prometteur. Galthié et Castaignède se tiennent prêt au cas où.

Les leçons de l’ère Lièvremont ont été tirées en tout cas et ce n’est pas parce qu’on a toujours le même ouvreur incapable de taper un ballon sur plus de 10 mètres qu’il faut y voir la même équipe piteusement qualifiée pour la finale de la Coupe du monde. Non, celle là arrive parfois à faire une passe avant de marquer un essai, elle est imprégnée de la culture de la gagne clermontoise et son sélectionneur tape dans le dos de la moitié de la salle de presse. C’est tout ce qu’on lui demande.

Pendant ce temps-là, Chabal aime toujours aussi peu l’argent.

Rétro, Champions League : Allofs à l’huile

batman

A l’approche de la demi-finale de l’Olympique Lyonnais en Ligue des Champions, Le-Vestiaire.net s’est rendu compte que la C1 ne s’est pas toujours arrêtée en quarts de finale. Aujourd’hui : Klaus Allofs se lave les cheveux.

C’est le match dont Bernard Lacombe a goûté chaque seconde sans jamais dégueuler, 2 ans que ça dure. Jamais une équipe française aussi faible n’avait sorti une équipe aussi forte. Les similitudes sont fortes. Elles auraient pu l’être davantage, il y a un an. Dans les buts, c’est Barthez, il est déjà le meilleur gardien du monde, un peu comme Lloris dans la tête à Pierre Menes. Devant, c’est Sagnol, Konjic, Dumas, Léonard, Diawara et Collins. Un seul joueur sort du lot : c’est Djetou. Il en prendra l’habitude.

Djetou dans les orties

Tigana entraînait comme Claude Puel, mais il n’avait pas Benzema. Juste Benarbia, Ikpeba et Trezeguet. Ikpeba n’est déjà pas très bon, mais il fait ce qu’il peut, comme Rui Barros et Fofana. Benarbia, injustement surnommé le Zidane du pauvre, est surtout le Ziani du riche. Il va le montrer. Trezeguet, qui n’est que dans le Top 10 des meilleurs buteurs de l’Histoire, finira le travail, comme d’habitude. En face, c’est intouchable, mais ça finira dehors. Van der Gouw, P. Neville, G. Neville, Johnsen, Irwin, Butt, Scholes, Beckham, Solskjaer, Sheringham et Cole. Le miracle ne se reproduira pas. La Juve n’a pas joué en Série B par hasard.

Pendant ce temps-là Benzema prépare son pot de départ. Fred est un peu juste ce mois-ci. Et si Valdes payait l’addition ?