Monfort / Montel : L’amical Nelson

Et le plus bel enfoiré ?
Le Vestiaire vous a déjà  présenté ces sympathiques personnages : Adam est hors concours, il est juste incompétent.
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Juillet 2011

L’histoire d’amour entre la Chine et France télévisions avait débuté il y a 3 ans à Pékin. Tenue de marin de rigueur, on avait écumé tous les bars à putes avec Maximy sous prétexte de visites de la Chine secrète, celle où on crève la dalle mais où on est heureux. L’histoire s’est poursuivie à Shanghaï, cette ville baptisée par le démentiel Alex Boyon : cité de la démesure. C’est ici que la vedette des tartans a traîné ses guêtres, sa raie au milieu approximative et son épi. Preuve que son coiffeur serait toujours recherché par Interpol. Mais Montel, c’est aussi et surtout un débit de parole ininterrompu digne des plus beaux flows de Jay Z. Bienvenue dans le Shanghaï interdit, celui de Monsieur Lang.

Quelques instants auparavant, Boyon nous promettait de découvrir un paysage méconnu en décalage romantique avec les gratte-ciel dont il énumérera, sans note, les 174 chantiers en cours. On retrouve donc Montel planté à 200m des maisons dans un cadre couleur locale avec une guide bonne à crever moins couleur locale. C’est pas grave, elle est surtout ici pour nous raconter que la France a laissé des traces dans cette Chine-là. Elle n’aura pas le temps d’en dire plus ; tous les 52 mots de Pat, elle en placera 3, en télévision on appelle ça les bonheurs du montage à la serpe. On vous l’a dit, la star c’est Montel, même si les érections sont moins fournies.

Chine, Chine

Patou tourne les plateaux et laisse le soin aux cadreurs de filmer l’intérieur des habitations, on ne va pas non plus se dégueulasser pour une séquence de 4 minutes. Tant pis pour Monsieur Lang. Montel ne passera pas non plus par la piscine. En revanche, il se livrera a un karaoké sur le plus grand tube d’Hélène Rollès. Le seul. Mais ça ne lui suffira pas, il faut montrer que les rockers chinois aussi connaissent leur solfège, la guide n’aura pas le temps de nous dire si c’est révolutionnaire. C’est suant à grosses gouttes que les toits de Shanghaï accueilleront notre Montel national et pour le coup international dans le Bar rouge. On recolle les ambiances au mix est le tour est joué.

On aurait tout aussi bien pu le tourner sur Direct 8, ça n’aurait pas fait plus amateur, mais cette fois Pacaud n’était plus libre. Des séquences inoubliables ponctuées de main de maître par les études anthropologiques, sociétales et architecturales de Boyon : « Pour un demi-euro vous avez un plat, c’est d’ailleurs là qu’on s’est fait péter le ventre tout à l’heure. » Sympa l’occidental et toujours généreux mais au moins il ne juge pas, il respecte. Comme quand il taille un costard en polyuréthane aux Brésiliens en utilisant l’adjectif « dubitatif » à bon escient. Ne cherchez plus le meilleur d’entre nous.


Avril 2011

Familles recomposées, c’est pas gagné : Chamoulaud le sait, expliquer que piquer dans la caisse ce n’est pas respectueux de la vie en communauté c’est aussi compliqué avec son beau-fils qu’avec Monfort.

Le public a disparu, les jingles criards aussi. Aujourd’hui, Stade 2, c’est du reportage, de l’image, moins de bling bling et davantage de Romera, président de la société des journalistes. Le coup de pinceau est avant tout moral : Nelson est toujours là. Mais il ne parle plus de ses riches amis nucléaires, juste des questions web, d’internautes et de Lille peut-il être champion de France. Quand on est un vrai patriarche, on manie le compliment aussi bien qu’on évite le coiffeur. Chamoulaud a tout compris, pour la paix des ménages un duplex avec Peyron en vacances au large de la Catalogne est parfois un compromis nécessaire. Godard et Boyon sont aussi au large, mais chaque chose en son temps.

Du Boyon plein les fouilles

Du reportage, ils en voulaient, ils en ont eu. Ouvrir sur Thomas Bouhail confirme la tendance que le public en plateau n’est plus le bienvenu. Stade 2 revient aux sources, 32 minutes d’interview rugby juste à attendre que Saint-André daigne enfin féliciter son frère, c’est le service minimum et peut-être qu’un jour les gens connaîtront même la ProD2. Lartaud a pu acquiescer, ça prouve qu’à 18 ans on peut avoir vu le LOU. Le fantôme de Salviac, lui, a versé une larme. L’absence de danseuses en string et la présence d’une enquête sur la communication des sportifs sur Internet, avec Chabal qui tente de faire une phrase, c’est remuer le pathos dans la plaie.

Août 2009

Patrick Montel a tellement aimé la performance de Philippe Delerm à Pékin, qu’il a pris Boyon pour occuper le siège en trop. A quand le commentaire à dix abbeba ?

Si Bilalian ne veut pas lui faire présenter Stade 2, Stade 2 viendra à lui. Berlin 2009, Patrick Montel a débuté son terrible dessein, rassembler toute l’équipe des sports de France télévisions dans sa cabine de commentateur. Après avoir débauché les reporters de seconde zone qui n’auront jamais droit à la cabine, la première grosse victime est Alexandre Boyon. A force de l’entendre se vanter de savoir qu’Allen Johnson avait été aligné sur 4×400 à Athènes ou de reconnaître Juantorena avec 30 ans de plus, Montel s’est dit qu’il pouvait bien venir parler de ce qui n’intéresse personne. L’heptathlon, les lancers et un peu du reste des concours quand les types sont pas connus. Une fois Tamgho éliminé, Alex le nageur a tout loisir de commenter les sauts enregistrés de Nelson Evora. En plus, on peut le bizuter jusqu’à le faire chialer.

Oh pas de télé Thomson

A part ça, Patrick a récupéré sa bouillotte et Diagana a le droit d’en placer une de temps en temps quand le patron décide qu’il peut apporter un oeil intéressant, mais jamais sur les haies, ça serait trop facile. Du coup, Montel peut se lâcher avec la certitude de ne pas être contredit. Il ressort les classiques : Jamaïque, Ethiopie, Kenya. On n’a pas la télé, on court sur les hauts plateaux et surtout on a les mêmes parents puisque l’on est tous frères. Bob et Mahiedine ne l’étaient pas depuis six mois, il le seront probablement l’année prochaine aux Europe de Barcelone grâce à l’indispensable Nelson Monfort, qui a découvert que la zone mixte ne signifiait pas que l’on pouvait mélanger les hommes et les femmes. Nelson aime les petites Ethiopiennes et n’hésite jamais à associer Montel à sa passion, les nuits n’en seront que plus animées. Personne ne reprochera à Patrick d’avoir dit « fureur » pour vendre des tee-shirts allemands, par contre les spectateurs les plus tendus pourront se plaindre de Déborah la guide, aussi sexuelle que la moustache de Jean-Pierre Durand, le photographe pote de Montel de passage dans la fameuse cabine.

Décastar ou Fréquenstar ?

Si démagogie a un sens, il ne s’applique pas à Patrick et ses autres potes, ceux de Facebook, persuadés qu’ils auront des places gratuites pour le prochain Sotteville-lès-Rouen. Il n’y ajoute pas le foutage de gueule quand il propose aux téléspectateurs plus mauvais les uns que les autres de prendre sa place, pour finir sur un gros plan de Diagana à deux doigts de l’apoplexie. Montel est encore là pour un long moment et heureusement car sa naïveté sincère nous manquerait. Quand Bolt méprise et humilie ses adversaires, ce n’est pas de l’arrogance, quand Tamgho crâne entre deux sauts mordus, ce n’est pas un frimeur et quand Fraser égale Christine Arron avec un appareil dentaire, c’est une grande championne. On ne lui en veut pas, c’est le meilleur même s’il appelle William Motti « Bill » et qu’il l’expédie en 1’30 après un mot sur l’athlétisme est-allemand et Talence. Bilou est dans la place.


Janvier 2009

Dimanche, Stade 2 n’a pas eu lieu. A la place du sport, Chamoulaud a préféré présenter Vivement Dimanche avec des intellectuels à la place de Darmon. Candeloro, Gallas, et même Alphand, le seul pilote du Dakar à rentrer vivant. Giesbert veut relancer Culture et Dépendances.

Malgré le départ de Clopeau, Bilalian n’a pas perdu la main. Lors de la séquence révolutionnaire des coulisses, qu’on n’avait pas vu depuis France 2 Foot, Chamoulaud est dans ses pantoufles. Sa chemise reste ouverte, son micro aussi pendant le premier sujet. Les centaines de téléspectateurs n’ont aucun mal à l’imaginer aller pisser, Lionel a la confidence facile. Guy Carlier est coincé dans son fauteuil, Vinoy et Lévêque tentent la désincarcération, Chamoulaud les enferme à double tour. Rien ne presse, Galthié est bourré, il fera aussi perdre Perpignan.

Surya Bonaldi

Puisqu’il n’y aura pas de pub après autant en faire pendant. C’est l’heure du live promotionnel de Candeloro, la séquence la plus longue de l’émission. Il n’y avait pas beaucoup d’actu ce week-end. Un spectacle qui n’a de sportif que les entrées payantes et Monfort, qu’on n’avait plus vu à pareille fête depuis C’est mon choix. « Franck Sinatra n’a qu’à bien se tenir », le taquine Chamoulaud. Boyon a dû se farcir la rétro. Mais pourquoi donc Sled a-t-il été viré ?  A son époque, Candeloro faisait les JO.

Le con…ducteur

Brève handball, ce n’est que le championnat du monde. Brève rugby, ça se défend. Pas de tennis, c’est Melbourne. Pas de judo, c’est les France. 18h20, le cirage de pompes hebdomadaire d’Armstrong n’attend pas. Luyat n’est donc là que pour le buffet, comme Kader Boudaoud à Nantes la veille. Il avait pourtant trouvé la question inédite pour Gourcuff : Bordeaux ou Milan ? Nicolas Geay, envoyé en Australie en première classe, prévient : « Pour le sport, il faudra attendre. » On avait remarqué. Il a raison d’être jaloux : Richard Coffin et Emmanuel Lefort se sont mélangés à Marie-Marchand Arvier et Ingrid Jacquemod dans un jacuzzi. Comme si ça ne suffisait pas, ils nous mettent la musique des Bronzés pour finir le sujet. Chapatte vient encore de mourir.

Carlier est au diapason, pas trop de second degré. Gallas n’a quand même pas tout compris. Ils ont invité Bastareaud pour l’épauler.


Aout 2008

Les Jeux sont finis et France Télévisions a pris un avantage définitif. Margotton, Galfione et Longuèvre, qui ne voit de dopage nulle part, n’y sont pas pour rien, le coup de génie de Bilalian y est pour beaucoup. Le porno soft de Canal était propre, mais trop lisse.

Fin des JO, Luyat se force à rire en voyant le seul plan off de Godard dépourvu d’insulte aux techniciens, pratique pour un bêtisier. La nostalgie, ça vient vite après les JO, mais au moins il arrêtera de lui casser les couilles avec Grenoble en L1. Ca sent le bilan, le retour des costards, mais comme Bilalian est un fin meneur d’hommes, il a aussi mis sa veste de marin. Ca ne l’empêchera pas de se réserver l’habituelle interview consensuelle de Rogge et l’honneur d’annoncer qu’à Londres, France Télé aura des caméras.

Soudain surgit Placido Domingo, même s’il chantera une heure et demie plus tard. Bilou raconte tout avant que ça se déroule, comme au cinéma. Il se moque des Chinois qui connaissent pas Led Zeppelin. Pas grave son consultant, Wang, entre deux messages de propagande, est en train de relire ses notes. Jimmy Page fait semblant de faire de la guitare, tout Lempdes est en fusion et Beckham tape dans un ballon, Bilou en chiale. Monfort, lui, se fout de la gueule du monde : c’est lui le grand gagnant des JO. La première semaine de Nelson avait été un tremplin. Il avait laissé son costume de journaliste dans le casier de Laure pour la faire parler. Rien ne dit qu’avec Baala ou Doucouré, il n’a pas été au bord de la récidive tellement les Français les aiment. Mais les relayeurs du 4×400 lui ont retrouvé sa carte de presse. Ils ont craché le morceau, Nelson est redevenu le meilleur d’entre nous même si l’ombre de son passage en cow-boy à C’est mon choix plane toujours au-dessus de la scolarité de sa fille. Il a même appris le métier à Montel. Dommage qu’il ne soit pas polyglotte. Montel a également découvert à ses dépens qu’écrire des bouquins n’apporte pas forcément à une compétition d’athlé.

Une journée en enfer

Sans sa muse, il s’est cru chez lui. Pas coiffé, refusant de porter le pyjama France TV, il a régulièrement demandé à Diagana de lui servir un café. C’est bien naturel, pour lui les Jamaïcains sont tous des « fils de Bob Marley », au moins autant que les Français des mangeurs de fromage. Bolt sur le podium du 4×100 était avec « ses frères ». Qui est le père biologique ? Jimmy Cliff peut-être, en tout cas pas Philippe Delerm, qui n’a pas repris Montel quand ce dernier se vantait d’avoir appris trois mots de la langue de Molière à Bekele dans une voiture. Et pour cause, le consultant new generation du service public était trop occupé à chercher quelque chose à dire. Sur place, il apportera une vision décalée de la compétition : « Je vais essayer d’amener un regard littéraire et passionné. » Ainsi était présenté le Jeremy Irons tricolore. Pour une fois, il ne tuera personne ou presque.

Au départ du 10.000 m féminin, il entrevoit une Ethiopienne et sans crier gare, la machine littéraire se lance : « On risque d’assister à une très belle course. » Au bout de 5 longues minutes, Diagana constate une course tactique, le rouleau compresseur décalé se remet en marche : « C’est d’autant plus étonnant qu’on a assisté à un 10.000 m rapide chez les hommes. » « En effet Philippe », lui rétorque sans cesse un Montel aux abois, torturé par l’erreur de casting qu’il devra justifier devant Bilou, qui se faisait une joie de s’emmerder, une fois mal réveillé. Parfois, le Romantique est lyrique, comme sur le 4×100 où il rappelle « qu’on est loin du relais avec Marie-Rose qui battit le record du monde en moins de 38 secondes ». Montel accepte de lui épargner que n’importe quel passionné d’athlé sait que le temps exact était de 37″79. Par contre, il lui rappelle poliment que, depuis, nombreuses ont été les perfs de très haut niveau des relais, comme un titre mondial par exemple. L’écrivain flamboyant ne lâche pas le morceau et commet l’irréparable. Il plonge l’auditoire en 1980 pour évoquer un relais avec les frères mescouilles (Barré dans l’état civil) du CA Neubourg, médaillés de bronze à Moscou. Et ça fait chier tout le monde, surtout Montel qui sévit alors et lui rappelle son vilain passé d’entraîneur d’athlé en Haute-Normandie comme pour mieux souligner l’incongruité du mutisme de son hôte.

Apocalypse now

C’est un Montel aussi désespéré que le colonel Kurtz, qui, dans un mouvement de survie dont seul l’être humain a le secret, ne se rasera pas la tête mais lancera son Delerm d’ancien ami, sur le saut en hauteur féminin: « Philippe, ça en principe ça devrait vous inspirer ! » Et le passionné de répondre qu’il aime beaucoup Fosbury. On peut lui reconnaitre le mérite d’une prononciation exacte que ne s’est pas permise Carlier avec un Fox bury de bon aloi. La suite sera du hachis-parmentier. Entre un « Bolt il déconne, mais peut être serieux, il peut finir un 200 m », « les passages sont bons » et un « il est 6e, non 8e », notre Stendhal moderne confiera dans une de ses mythiques interventions, pour justifier la domination de Bolt sur Phelps, que c’est plus dur de gagner plusieurs médailles en athlé qu’en natation, puisqu’on ne peut pas doubler 100 et 10.000. Stoppant net là, son analyse, validée par Montel d’un « vous avez raison, Philippe » dévastateur, il a laissé la tâche à son successeur Bernard Faure de nous livrer le nom de ce fameux nageur qui a remporté à la fois le 50 m nage libre et le 1.500. Si les patrons de France 2 préparaient la diffusion de l’opéra en prime time, ils ne s’y prendraient pas autrement.

Ce n’est pas Patrick Montel qui nous contredira au moment de tirer sa révérence. Tel Monte Cristo, il ourdira sa vengeance avant d’executer lui-même les basses oeuvres. Il commencera par tendre un piège à Ladji et Leslie, deux ados qui passaient par là : « Alors les seigneurs, vous en pensez quoi du seigneur Bolt? » En manque de repères, il se croit au Moyen Âge. La question est cruelle, la réponse assassine : « C’est clair que c’est énorme ce qu’il a fait. 9″69 en décélerant sur les 80 derniers mètres » suivi d’un « il ne pratique pas le même athlétisme que nous ». Pour Montel, c’est un compliment. Sa dernière victime sera son consultant lettré au moment des adieux. Celui-ci choisit habilement la flagélation en public : « J’ai été très content d’être là et je remercie France 2 malgré mon manque de professionnalisme. » Montel jamais meilleur que pour porter le coup de grâce lui assenera un « Pourquoi vous dites ça ? » inexplicable, suivi d’une hagiographie en règle : « On vous connaissait surtout pour la littérature. » Pour ceux qui n’auraient pas compris. Bilalian a jeté tous ses livres.

A bout de souffle

Non loin de là, Godart finissait lui aussi son marathon olympique par la course d’Absalon, son copain précise-t-il entre deux formidablement véritablement. Alors qu’il s’enflamme à la vue d’un pansement sur le genou d’un Autrichien (Sauser) grand rival de son Julien, qui pourtant n’a pas de rival, Leboucher, sa consultante, lui fera remarquer sans violence qu’on n’en a rien à branler : « Oui , enfin ça va pas trop l’handicaper. » Jean-René le mal aimé, au bord de l’épilepsie, expliquera alors que ça « méritait d’être dit, d’être montré ». Il faudra sans doute encore des années à sa comparse pour se convaincre de cette idée. Pour se racheter, Godart se lancera alors à son tour dans la littérature, déclamant ses liens et ses sentiments pour Absalon, s’inspirant tantôt de Tolstoï, tantôt de Dostoïevski. Flamboyant, il fait vibrer l’auditoire. C’est vrai qu’il le connaît bien Julien : « Julien Absalon, qui est né a Saint-Amé et réside à Saint-Amé » suivi d’un « Ah non, il est né à Remiremont ». Son compatriote Jean-Chri finira deuxième, Leboucher confie avoir eu un pressentiment sur la question, Godart la félicitera alors pour son judicieux conseil. Les mots ont parfois un sens caché que seuls les vrais romantiques savent leur donner. D’ailleurs, Jean-René bouclera la boucle par un « Il y en a qui pleurent, c’est compréhensif. »

Dakar : perdus dans le dessert

Sportif polyvalent, Sébastien Deleigne se mesurera-t-il un jour au Sahel argentin ?

Souvent, le soir, entre deux tequila paf au coin du feu, Dominique Le Glou et Gérard Holtz se rappellent le temps où leurs vertèbres supportaient encore les tapis de sol, où Hubert Auriol ne connaissait même pas l’existence des Lanta-naï et des Korok et où Daniel Balavoine sortait des nouveaux singles chaque année.

Parfois, quand les rondelles de citron viennent à manquer, nos deux bronzés ont un peu de nostalgie pour toutes ces années pendant lesquelles ils ne savait pas trop avec quelle saloperie ils allaient bien pouvoir rentrer de leur expédition hivernale dans les bordels du Tiers-Monde.

Desprès ou de loin

Depuis qu’Al-Qaïda au Maghreb les a éloignés encore un peu plus de leurs femmes, le grand reportage du mois de janvier n’est pas plus risqué qu’une promenade dans les bois. Heureusement, la course, elle, n’a pas perdu son esprit d’origine, celui des vrais philanthropes simplement heureux de montrer leur voiture aux petits noirs quand il ne sont pas dessous.

Ce n’est pas parce que les concurrents ont aujourd’hui des toilettes et des douches escamotables à chaque bivouac, qu’ils dorment dans les couchettes de leur camion d’assistance ou qu’on leur enlève dix minutes quand ils se se sont plantés dans la boue que le Dakar est devenue une vaste machine Afrique.

Sur la corde raid

Non, comme la voile d’aujourd’hui, le rallye raid a su garder au fil des ans son esprit d’aventure et de débrouille. Seuls onze hélicoptères et soixante médecins urgentistes suivent la caravane. Pire, ils peuvent mettre jusqu’à 20 minutes pour intervenir en cas de problème. Une éternité dans le désert.

Nos courageux ont pour seules chances de survie un GPS, une balise de détresse et les systèmes Sentinel et Iritrack. C’est bien peu face à l’immensité du Sahara péruvien. Le Dakar continue d’ailleurs chaque année de faire des veuves en Europe et ce n’est pas demain la veille qu’on verra les organisateurs neutraliser une étape pour vingt centimètres de neige.

Tour de France : Schleck 4, il était une fin

Déçu de ne pas avoir pu jeter de neige aux coureurs dans le Galibier, notre consultant Thierry Bisounours a au moins eu deux minutes pour répondre à vos questions posées sur equipe.vestiaire@yahoo.fr.

Thomas Voeckler toujours en jaune, ça vous épate on dirait.

Pas du tout. Il a quand même fini deuxième des championnats de France sur route derrière Chavanel. Ca vous classe un bonhomme.

Alors pourquoi avoir dit « allez bonhomme, c’est bien bonhomme » alors qu’il allait franchir la ligne ?

Je voudrais bien vous y voir moi.

Quoi, monter un col ?

Non, derrière un micro. Vous croyez vraiment que les gens s’amusent plus à regarder le film de l’étape de Godard ? On dirait qu’il commente les résumés des championnats de France sur piste un mardi à 14h30.

Mais il l’a fait il y a deux semaines.

Parce que Lepers dans un camping-car c’est mieux ?

D’accord, mais Voeckler ?

Il peut gagner, c’est le successeur d’Hinault, qu’est-ce que vous voulez que j’invente d’autre comme connerie ? On les a déjà toutes faites pour Virenque et Jalabert, et voyez où ils sont aujourd’hui. En plus eux ils étaient vraiment bons.

A 2-3 détails près… Vous trouvez que Voeckler est le plus grand escrocs des 3 ?

Non c’est moi.

Pas faux, Jalabert passe ses journées à vous faire la leçon.

Encore cette histoire de Perez Moreno mercredi ?

Expliquez-nous …

Ben dès le début de son echappée, Jalabert s’est foutu de sa gueule en disant qu’il irait pas au bout. Alors moi j’ai répété.

Bêtement…

Si vous voulez mais c’est une seconde nature chez moi, ça s’appelle l’instinct. Ensuite, avant la dernière montée, je me suis dit que j’allais me faire Jaja, car pour moi Perez machin allait gagner. Et alors Jaja a dit qu’il était surpris qu’il ait gardé son avance. Je n’ai plus hésité  j’ai salué son grand numéro, Dieu reconnaitrait les siens. Je me suis planté…

Comme un crétin… Et le grand numéro d’Andy Schleck ?

Ca me rappelle le grand numéro de Sandy Casar et le grand numéro de Jérémy Roy. Il avait prévenu, il a envoyé en éclaireurs ses lieutenants comme prévu, il a attaqué comme prévu et il a gagné. Il fera un beau troisième. Son frère a eu la bonne idée de ne pas attaquer.

Cadel Evans est donc un stratège hors pair ?

Exactement. Il a sacrément bien roulé dans le final.

Un dernier message ?

Allez bonhomme ! L’info de la journée hormis que les Schleck ne savent toujours pas courir, c’est que Voeckler est toujours dans la course.

Comment le savez-vous ?

J’ai regardé le classement. Et puis entre nous je crois que Jaja y croit. Il a même dit que Voeckler aurait pu attaquer dans l’ascension du Galabru.

Tour de France Télévisions : Vade retro Astana

Notre consultant Thierry Bisounours n’en démord pas, Thomas Voeckler ne passera pas ses vacances avec ses compagnons d’échappée. Les téléspectateurs sont obligés de passer les leurs avec Thierry Bisounours et contrairement à Jaja ils ne sont pas payés pour le faire.

Pourquoi s’écrier « il y a des coureurs dans les arbres ! » quand les coureurs sont dans un ravin ?

Vous jouez sur les mots. La phrase suivante était « il est 15h et 10 minutes sur la route du Tour. Abandon d’Alexandre Vinokourov. » C’est pas beau ça ? 

Vous parlez du type dont on n’a plus rien à foutre depuis quatre ans ? C’est sûr qu’une telle probité va nous manquer. Pourquoi ne pas avoir présenté vos excuses au nom de France Télévisions ?

Pour couvrir les pratiques dopantes depuis plus de vingt ans ?

Pour la voiture…

Attendez, je l’ai dit, elle concerne indirectement France TV, même si elle fait partie de notre structure. Vous savez, de nos jours, avec Internet et les réseaux sociaux tout le monde peut s’improviser technicien France télé. Un autocollant et le Tour est joué. Et comme me souffle souvent Bilou mon patron : « Tout le monde croit bien que t’es journaliste aussi. » 

C’est quand même moins facile à gober. Pendant combien de temps vous allez continuer à faire de la lêche à Christian Prudhomme ? Tout mauvais que vous êtes, il ne risque pas encore de vouloir récupérer sa place…

C’est sincère, son parcours rend le Tour passionnant, chaque jour il se passe quelque chose. Samedi des chutes, lundi des chutes, mardi des chutes, mercredi des chutes, jeudi des chutes, vendredi des chutes, samedi des chutes et même aujourd’hui on a été servi.

Le parcours n’y est pour rien, vous ne pensez pas que ce sont les coureurs qui font la course quel que soit le tracé ?

Non, c’est Christian Prudhomme qui fait la course, vous n’y connaissez rien.

Et si France télé est mise en cause ?

Parce que je prononce Van Den Broeck, Vandenbroucke ? Ou parce que je fais en permanence la promo de la dictature kazakhe ?

Pour la voiture…

Tout ça c’est de la faute au tracé pourri de Christian Prudhomme. Il veut toujours innover, mais il connaît même pas le code de la route. On voit même parfois des coureurs rouler sur la voie de gauche.

Un mot sur l’intérêt sportif ?

On en parlera jeudi quand le Tour débutera. Ça ne sert à rien de tirer des plans sur la gourmette (comète, NDLR). Apparemment Schleck a peaufiné une nouvelle tactique : sucer les rayons de Contador. Mais Contador est malin, il passe son temps dans le fossé.

Rallye : Pas toujours Dakar

C’était il y a un an, le Vestiaire ne savait déjà pas sur quoi ecrire
 
Cyril Despres ne verra pas les bords du Lac Rose cet hiver.  Et pourtant, le Front Polisario n’a pas encore de branche sud-américaine.

Le débat est aussi vieux que le dernier single de Balavoine. Aventure humaine ou entreprise néocolonialiste, le Dakar n’a en tout cas jamais intéressé grand-monde au-delà des 500 connards engagés (vidéo), de leurs familles et des journalistes qui les suivent dans les bordels du Tiers-Monde. A une période où même Le Vestiaire ne sait pas très bien sur quoi écrire, le rallye tombe à point pour remplir des pages que seuls les sponsors lisent. Gérard Holtz n’a pas besoin de passer en cabine pour garder son bronzage et les petits chefs d’entreprise ont chaque janvier une tribune inespérée dans leur bulletin régional.

Le Dakar, ce n’est pourtant pas qu’une course de nouveaux riches vagabonds, contents de pousser pendant deux semaines le 4×4 que leurs fausses blondes prennent le reste de l’année pour aller faire leurs courses. Il y a aussi les vrais philanthropes, ceux qui veulent juste voir de plus près la misère du monde. Prenez Califano. Il ne connaissait de l’Afrique que l’Ellis Park et un morceau de Max Brito. Sa première sortie dans la pampa saharienne aura fait tomber deux-trois écoliers et pas mal de clichés : les autochtones parlent un dialecte proche de l’Espagnol et il y a après tout au bord des routes beaucoup moins de noirs que dans les faubourgs de Toulon. S’il savait ce que c’était, il penserait que l’apartheid sévit encore.

Despres ou de loin

Le Buenos-Buenos, au moins, ne devrait cette année pas trop faire remonter la mortalité infantile des pays visités. Les petits Chiliens ont déjà vu des voitures, ils sauront s’en écarter. On laissera le chapitre environnemental aux experts pour mieux s’intéresser aux grands noms de la course. Si Le Vestiaire devait établir un autre de ses Palmarès, il aurait bien du mal à savoir qui de Vatanen, Lartigue, Saby, Schlesser, Peter en selle, Masuoka, Tina Thörner, Sainct, Despres ou Yakoubov mériteraient de rentrer dans le Top5 derrière le Kangoo de Luc Alphand et Fabrizio Meoni, le seul à avoir apporté un peu d’humanisme au Dakar. Sans même sauter d’hélicoptère.

Pendant ce temps-là, une poignée de Bretons fait la course entre les Sables-d’Olonne et les Sables-d’Olonne. Yann Eliès finira à cloche-pied.