ATP, Gasquet : Le dernier chant du coke, deuxième couplet

c-fou

New-York, août 2009. « Après cette défaite au premier tour contre Nadal, dans combien de temps pensez-vous retrouver votre niveau de jeu normal ? » Richard Gasquet : « Pas six mois quand même. »

Avril 2010. L’heure de passer la vitesse supérieure est arrivée. Quand les meilleurs joueurs ne partent au Maroc qu’en vacances, Richie y va pour taquiner la terre battue. Les Marocains ne confisquent-ils pas toutes les places d’honneur de Roland-Garros depuis 15 ans ? Donc, quand les meilleurs joueurs se reposent à Marrakech, Richie se déchaîne à Casablanca. Bogota et Monza pourraient bientôt ouvrir eux aussi un Club Med où Olivier Rochus et Golubev seraient les GO. Même si cette fois c’est Richie qui a conclu. Un Belge d’1,68 m et un Kazakh d’1m85,  47 minutes puis 45 minutes, ça impressionne moins qu’un Papa en colère, qui finira quand même par passer l’éponge sur les Interligues 1991. Pour fêter les cinq ans du petit, Francis avait souhaité organiser une exhibition où il jouerait contre son fiston. Après une série de lobs trop courts du garçonnet, Papounet avait eut du mal à garder son sang froid, celui perdu par un Richie était tout chaud. Mais l’important était avant-tout de prendre du plaisir sur le court.  Richard a retenu la leçon et Hanescu, 43e mondial quand même, a eu besoin de neuf balles de break du Français pour ne perdre qu’un set et s’octroyer le match. Le coup est passé près, mais Richard savait à quoi s’attendre : « Hanescu est un joueur talentueux. » Ca complique effectivement les choses.

Sous-commandant Markus

C’est la préparation idéale pour Monte-Carlo, le tournoi qui l’a révélé. C’était à l’époque où il jouait sans réfléchir, à 19 ans. Mais avoir 17 ans en 2010 complique les choses. Gimeno Traver a manqué d’en profiter en pilonnant le revers de Gasquet, son meilleur coup. Viard s’étonnera de cette tactique à double tranchant. Gimeno assume de n’avoir gagné qu’un set sur les trois, le Top 100 est en vue. Richard, vingt-cinq places devant, vise toujours le Top 20 mais surtout le plaisir, souvenirs de Papa oblige.  Berdych lui a bien collé 6-2, 6-0 dans l’heure qui précédait, son entraîneur ne sait effectivement « pas ce qui s’est passé, pourquoi il n’avait aucune attitude sur le court » mais Richard est galvanisé. La défaite n’a aucune importance, de toute façon, « Berdych est un joueur talentueux. »

Thomas merdique

L’affaire l’a changé et il n’y reviendra plus. L’homme est plus mûr, plus réfléchi, en un mot plus cohérent : « Je n’avais aucune sensation. Je suis heureux de jouer, je me régale, c’est tout ce qui compte. » Le plaisir est parfois contagieux, les tribunes étaient vides. Le joueur est un gagneur, qui ne laisse plus rien au hasard. « Pour gagner contre Berdych, il faut jouer long et se détacher au score. » Habile, et ça peut marcher aussi contre pas mal de joueurs. On peut aussi opter pour reculer de cinq mètres sur retours de services et jouer court plein centre en donnant sept fautes directes pour prendre 3-0 en dix minutes, mais ça complique effectivement les choses. Leçon retenue, la thèse de l’accident tient quand elle n’excède pas 324 matches ATP : « J’ai mal joué, c’est tout, maintenant je vais à Barcelone et Tunis pour gagner des matches et remporter le tournoi. » La première victoire du stratège Gasquet est plus proche que l’on ne croit, peut-être même avant ses 32 ans.

« Le creux est normal, je reviendrai. » Cette phrase date-t-elle de Miami, le 24 mars, ou de Monte-Carlo, le 13 avril ? Réponse : Miami. A Monte-Carlo, il a dit : « Je n’ai pas de doutes, je reviendrai. »