Lyon : La dernière décote du Rhône (2/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération.  Deuxième partie : le recrutement, pathétique.

« Qui ne saute pas est Lyonnais. » C’est ce que l’on pourrait constater au regard des années d’errements, qui n’ont pourtant pas modifié le système de recrutement à la lyonnaise. Jean-Michel  Aux as a revendu très chers quelques stars amassées dans la Ligue 1 (Essien, Malouda, Benzema). Il a même breveté une utilisation révolutionnaire des centres de formation : sortir des jeunes estampillés « OL », les faire passer pour des espoirs (ce qu’il n’avait pu faire avec Bardon) et les survendre à des clubs gogo. Bergougnoux, Berthod, Clément, Rémy, Tafer ont ainsi signé des contrats pros que leurs parents n’auraient pu imaginer à l’époque de l’équipe C en pupilles à 7. François Clerc, lui, a poussé l’escroquerie jusqu’à l’équipe de France. Florian Maurice, déguisé en Papin par Aulas, c’était il y a onze ans déjà. Tout ce système OL est économiquement génial, mais pour le palmarès, c’est une catastrophe industrielle. Car Lyon n’a jamais élargi son ambition. Ca lui a coûté la Coupe d’Europe dans un cycle hyper favorable. Une simple preuve : la plus grande star qui ait signé à Lyon est Sonny Anderson. Et il n’était une star que pour les Français, après avoir laissé le même souvenir de lui à Barcelone que Dugarry au Milan AC. Le niveau mondial l’affublerait simplement du doux surnom de tocard. Est-ce la peine d’évoquer Lisandro qui aurait bien récupéré le maillot de Benzema mercredi dernier car il y a encore dans la place à côté de ses 7 maillots ramenés de sélection.

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A l’origine, Aulas veut dominer la France. Timidement d’abord, alors qu’aucun club n’est le numéro 1 incontournable. Caveglia, Grassi, Cocard, Dhorasoo arrivent à la fin des années 90. Le gros coup, qui change l’image de Lyon, c’est l’arrivée d’Anderson depuis le Barça en 1999, en même temps que Laigle et Vairelles. Ce dernier illustre le début d’une nouvelle ère : Lyon recrute pour affaiblir ses rivaux. En attirant Papin pour le mettre au placard, le Milan AC aussi le faisait. Mais à l’échelle européenne. Riche et attractif comme Wiltord, rien ne lui résiste désormais dans l’Hexa-gone : Carrière (joueur clé du Nantes champion de France en titre), Luyindula et Née en 2001, Dhorasoo qui redevenait bon en 2002, Malouda et Essien alors convoités par toutes les grosses écuries en 2003 – même si Drogba snobe la surenchère de l’OL visant à humilier Marseille -, Abidal et Frau en 2004, avant le criant exemple de Pedretti en 2005, qui n’était d’aucune utilité pour l’OL, Kallström, Alou Diarra et Toulalan en 2006 puis Bodmer, Keita et Belhadj. Avant Bastos, Pjanic, Gomis et Briand. Au passage, quelques fins de carrières sont accélérées au nom de la gloire : Caveglia, qui vola la Coupe de France à Calais, Née, qui connut le syndrôme Ouedec de retour à Bastia, Luyindula l' »escroc » ultime de Ligue 1 puisqu’il a arnaqué Marseille et Paris. Et Pedretti, mais que pouvait-on faire pour lui ?

Les joueurs de L1 constituent encore le fonds de commerce lyonnais. Jean-Michel Aulas a beau déclarer, quand il recrute des Lillois, qu’il promeut le championnat français en gardant ses meilleurs éléments, ceux-ci ne sont pas plus forts que ce que l’OL a déjà. Donc Lyon ne progresse pas. L’autre partie du recrutement est étranger, et notamment la filière brésilienne que Saint-Etienne a tant falsifié. Soyons clairs : Cris, Juninho, voire Edmilson et Cacapa, c’est fort. Mais ça l’est devenu à Lyon, ils ne sont pas arrivés comme des valeurs confirmées. Voilà ce qui empêche Lyon d’avancer : depuis l’opportunité Anderson, qui ne jouait de toute façon plus à Barcelone, jamais JMA n’a cassé sa tirelire pour faire venir une star. Il a bien tenté de nous le faire croire, mais Elber n’avait plus que le bouc de sa grande époque bavaroise (qui sont deux termes antinomiques), Baros n’a jamais été bon, à y regarder de plus près, et John Carew n’a jamais remplacé Tore Andre Flo dans les coeurs norvégiens. Certes, Lyon a approché Trezeguet, Mancini ou Joaquin, mais sans jamais dépasser le contact par Foot Transferts interposés.

 

Ce manque d’ambition a été criminel à l’époque où Lyon avait réussi l’essentiel : en 2005-2006, Lyon attaque la saison avec un vrai groupe. Essien est parti, Tiago est arrivé et Lyon sait très vite qu’il n’a pas perdu au change sur ce poste-là. L’instant du crime se produit à l’été 2005. Le précédent John Carew n’est pas assez vieux pour prendre conscience de la plus grosse erreur de l’histoire du recrutement lyonnais. A part sa tronche d’acteur français sur le retour, Fred a tout pour donner le change : il est Brésilien, il a une feuille de stats à faire pâlir Christophe Sanchez (mais pas Anderson), il est costaud, contrairement à Nilmar, et Wiltord s’invite souvent chez lui, preuve d’une bonne entente dans le vestiaire. La terreur va frapper, la nuit du 4 avril 2006. Gérard Houiller n’utilise plus le terme de criminel, pourtant la performance de Fred est ginolesque : il donne le ballon à un Milan inexistant pour l’ouverture du score d’Inzaghi. Lyon revient à 1-1, et Fred vendange une occasion sur un centre de Juninho. Au final, Milan marquera deux fois entre la 88e et la 93e, avec la complicité de Clerc et d’Abidal. Pour honorer la mémoire d’avoir été le plus mauvais, il fait encore pire onze mois plus tard, jour pour jour, contre la Roma à Gerland. Une performance héroïque, faite de fautes, de contrôles ratés, de non occasions cette fois et pour finir il pète le nez de Chivu. Contre Manchester, il dépasse avec maestria son époque milanaise. Rentré à la place de Benzema pour défendre le 1-0, il offre de multiples coup-francs à un Manchester au plus mal. Et sur un ultime centre de Nani, notre sosie de Francis Perrin surgit au deuxième poteau pour remettre le ballon à Tevez qui égalise. L’illusion Fred n’a que trop duré mais il est toujours à Lyon, l’éclosion de Benzema n’ayant rien précipité. Il a largement participé à l’ambiance pourrie du vestiaire, et a montré toute l’étendue de son art cet hiver, en demandant un salaire astronomique aux clubs de seconde zone légèrement intéressés. Lyon n’a jamais voulu s’en débarrasser. Aulas serait-il foutu de le prolonger ? Lacombe serait-il un conseiller de merde ?

Si Fred est un gros mauvais, il n’est pas non plus la seule erreur de gestion lyonnaise. On passera sur le départ en catimini de Kanouté ou Malbranque en Angleterre. Après tout, face à Anderson, Vairelles et Caveglia, ils n’étaient que des daubes, leurs carrières l’ont prouvé. Ensuite, Jean-Michel Aulas a voulu faire croire qu’il ne pouvait pas garder Essien, Dhorasoo puis Diarra contre leur volonté. Comme nous le répétons depuis des mois, un vrai recrutement digne de ce nom aurait tout changé : faites venir Trezeguet en pointe, assumez les ambitions de victoire en Ligue des champions et Diarra, Essien et compagnie restent. Seulement pour cela, il faut faire de gros chèques, aligner de très gros salaires, ce que Lyon peut faire, mais ne veut pas. Et puis, il y a tous ces nuls recrutés pour faire le nombre. Dans les écoles de management de football, apprendrait-on aux grands clubs à prendre Chanelet ou Grosso pour remplacer le titulaire, ou à signer un joueur plus fort que ce que l’on a en stock ? Cleber Anderson, Milan Baros, Patrick Müller voire Belhadj ont ainsi pu découvrir le saucisson lyonnais à moindre frais.

 

Gouverner, c’est prévoir et Aulas ne prévoit que les montants des salaires. Le diagnostic est pourtant simple à voir : s’il ne le voit pas, il est aussi bon président que Govou capitaine. S’il le voit, alors c’est de la mauvaise volonté et Perrin a un bon maître. Dans les deux cas, ça sent le départ de Benzema dans les deux ans. Sauf si, comme il le réclame à mots ouverts, le portefeuille s’ouvre en grand. Et encore, pas sûr que ça suffise. Car c’est toute la génération Juninho encore au club qu’il aurait fallu remplacer après 2006. Tous n’ont pas connu, comme Govou, les heures lancinantes à attendre en vain une offre d’un club étranger autre que Middlesbrough. Le sort du barbu Juninho devrait déjà être scellé vu qu’il termine chaque match avec une bouteille d’oxygène dans le dos, et ce depuis deux saisons. Mais la vie sans Juni n’est même pas en préparation. Ederson croyait qu’il suffisait d’être d’organiser la prochaine Coupe du monde.  Cissokho, Lovren, Diakhaté, Pjanic, Briand et  Gomis avaient peut-être le profil qui sait ? A quoi bon les siffler, pouvaient-ils décider eux-mêmes se recruter pour moins cher que Essien, Tiago, Diarra et Juninho à l’époque ?  Quand les plus gros actifs, ceux qui pèsent 25 millions d’euros, sont aussi passifs, c’est une bonne raison de faire son pire championnat depuis 2002-2003. Le nouveau Juninho c’était donc lui, un bilan s’impose : les coups francs non, la décision dans les matches importants non, un montant de transfert démentiel oui. Le recrutement était économique, Lyon n’a pas tant changé.

Et puis, comment passer sous silence la caste des entraîneurs lyonnais ? Domenech, Tigana, Stéphan, Lacombe, Santini, Le Guen, Houiller, Perrin et enfin Puel. Garde et Fournier s’occupant de la réserve. Ne cherchez pas de progression, il n’y en a pas. Le lien entre tous ces entraîneurs n’est pas la capacité à faire gagner des titres à l’équipe, comme un Capello. Ceux qui ont gagné avec Lyon portaient les ballons et découvraient le nom des recrues d’Aulas puis de Lacombe – une fois qu’il ne fut plus entraîneur – dans Le Progrès. Comme Canal+, Lyon a recruté des générations de potiches pour les mettre devant les caméras. Des entraîneurs qui font tourner la boutique et mettent bien en place les ateliers dans la semaine. Puis mettent sur la feuille de match ceux qui doivent jouer le week-end, ne gueulent pas contre le recrutement. Bref, des coaches dociles. L’adjoint Le Guen a laissé Juninho choisir son système, le triangle du milieu. Houiller s’est évertué à maintenir une bonne ambiance dans le vestiaire en prenant chaque joueur par la taille pour se raconter des souvenirs d’enfance. De toute façon, les joueurs savaient déjà jouer ensemble avant lui. Il n’a pas réussi jusqu’au bout et s’est barré. Puis, Perrin est arrivé avec sa seule ambition, sans rien comprendre au fonctionnement lyonnais. Il veut tout décider dans le domaine sportif, et donc évincer Aulas du terrain. C’est ce qu’il faut à l’OL pour franchir un palier, sauf que c’est une brêle. Après deux matches en 4-4-2, Juninho lui a poliment rappelé qu’un petit nouveau n’allait quand même pas lui apprendre à entraîner.  Et puis Puel arriva, Lille monta en puissance et les photos du titre monégasque de 2000 devinrent chaque jour aussi sepia que le crâne de Cris. Pas de titre, c’est entendu, mais une demi-finale de C1 la seule année où c’était possible, tout n’est pas à jeter. Dans les grands rendez-vous, son OL est défensif, efficace et signe son premier exploit contre le Real, peu importe si ce n’est pas un exploit le public le croit.

A son époque, Tapie osait davantage dans le recrutement. Il n’avait pas peur de mettre des valises pleines, du champagne et des filles pour renouveler la garde robe de l’OM ou prendre un entraîneur de renom. Financièrement, c’est risqué mais pour Lyon, la Ligue des Champions aurait été à ce prix. Aulas a pris Gourcuff.

Ligue 1, 21e épisode : Le bide Grenier

Saint-Etienne a relancé la course à la 3e place. Tout le monde peut y croire. Peut-être pas tout le monde quand même.

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Gourcuff mérite-t-il de retourner en équipe de France ?

Il n’y a pas de question sotte, quand bien même elle fleurirait dans tous les quotidiens sportifs de référence. Mais celle-là est quand même complètement stupide. Qu’a donc fait Yoann Gourcuff pour être de retour aux affaires ? Il a marqué contre Sochaux et fait trois passes contre Saint-Etienne, Marseille et Lorient, sans oublier ses deux buts en Coupe de la Ligue contre Reims et l’OM. Lequel de ces matchs ressemble le plus à un match de Coupe du Monde ? Statistiquement, sa saison est tout à fait intéressante : 14 matchs, 5 buts, 5 passes, auxquels il faut ajouter ce qui se rapproche peut-être d’un Mondial, au moins d’un match de qualification en Géorgie, l’Europa League : 3 matchs, 0 but, 1 passe. Surtout, le Gourcuff 2013-2014 possède un gros avantage : il en est déjà à deux come back : en août il avait atomisé Sochaux et Nice et Deschamps avait eu droit à la petite question à l’annonce de sa liste. Dans la question n’étaient toutefois pas mentionnés l’impact de Yoyo contre la Real Sociedad (0-2, 0-2). Et puis bon, ensuite, il s’était blessé. Mais cette fois c’est différent, ce n’est pas le come back de mars 2011, d’octobre 2011, ou celui de mai 2012, ou celui de novembre 2012. Sans doute le système en losange ou le fait d’avoir eu 27 ans, ou peut-être d’avoir embrassé Karine Ferri sur la bouche.

Gourcuff va-t-il retourner en équipe de France en mars ?

C’est fort probable en effet. Après tout il assiste Grenier dans un très grand club 9e de Ligue 1, c’est un poste exposé.

Djibril Cissé va-t-il revenir en équipe de France ?

Si Bastia était la meilleure piste pour lui après les séjours en Grèce et en Russie, entrecoupés du Qatar, il faut peut-être y voir une raison, et pas simplement le bon coup de Bastia. Ou alors c’est justement un superbe coup parce qu’à Al Gharafa et à Krasnodar, Cissé a justement comblé ses lacunes techniques, qu’il est devenu un joueur de remise et de combinaisons. Ou alors entre temps le foot de très haut niveau est devenu un monde où les défenseurs jouent à 50m de leurs buts et laissent les attaquants rapides filer dans leur dos dès qu’ils le souhaitent.

Un Rémois va-t-il bientôt aller en équipe de France ?

Bon allez, ça suffit, merde à la fin. Kopa n’est plus très en forme, Justo a préféré aller voir Blanc qui s’est retenu de le traiter de vieux débris ; non il n’y a plus de Rémois sur le marché. Aujourd’hui, être à égalité de points avec l’OM ouvre la porte à n’importe quelle connerie.

Ligue 1, 13e journée : Le loup, le renard et le Tallec

Une fois n’est pas coutume, notre spécialiste Ligue 1 a commencé à écrire pendant que Monaco freinait Evian. C’est con, non ?

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Nice est-il plus mauvais qu’Anderlecht ?

Tout va dépendre de Laurent Blanc. S’il répète avant le match qu’il faut être vigilant, que le plus dur c’est de maintenir ses joueurs en éveil et qu’en même temps il leur présente Justo Fontaine en le faisant aimablement passer pour un gâteux qui a inscrit 13 buts en un seul Mondial sans pouvoir se payer la roue d’une des bagnoles d’Ibra, alors oui c’est bien possible que Nice soit encore plus fort qu’Anderlecht. Alors, qu’a dit Blanc avant d’accueillir Nice ? « C’est jouissif d’être à la tête d’un tel club, avec de tels joueurs qui mettent en valeur notre travail. » Puel est dans la merde.

Bordeaux sera-t-il champion de France ?

Une victoire contre Montpellier réduit à dix au bout de vingt minutes, suivie d’un exploit retentissant à Nice qui joue une mi-temps avec son 5e gardien : Bordeaux a compris que pour sortir de sa mauvaise passe il fallait soigner ses premières mi-temps. Cela suppose de réels efforts de concentration et un travail minutieux du staff : titulariser Bréchet seulement en Coupe d’Europe, lui administrer Bellion en fin de match et ne surtout pas craquer le surlendemain quand il faut leur préférer Saivet, Rolan et Diabaté. Comme tout le monde y met du sien ces derniers temps, ça marche plutôt pas mal : plus personne ne remarque que Gillot est encore entraîneur. Il n’a pas encore besoin de rappeler qui est le vainqueur de la Coupe de France 2013.

Qui sont les trois millionnaires de Valenciennes ?

Si un certain nombre de présidents de clubs de Ligue 1 hésitent à aller jusqu’à faire grève, c’est sans doute à cause de la réponse à cette question qui se pose depuis qu’on sait d’où viennent les 114 fortunes de France. Trois joueurs de Valenciennes sont donc payés au moins 85 000 euros par mois sans que l’on sache où est vraiment le scandale : qu’ils soient payés autant, que Valenciennes puisse payer autant, que Valenciennes continue de payer trois joueurs ou que d’autres clubs arrivent à monter de telles arnaques. Pour deviner, il faut procéder par élimination. Et quand on procède par élimination, on tombe toujours sur Le Tallec. Le Mondial 98 a permis bien des excès dans les centres de formation et cette fois De Camaret n’y est pour rien. Qu’il ait eu sur le dos un maillot de Liverpool, du Havre, de Saint-Etienne, de Sochaux, du Mans et d’Auxerre, tout le monde a fini par pardonner au Tallec ses périodes d’inefficacité. C’était normal. Quel attaquant n’en a pas connues, et quel attaquant n’a pas conduit ses clubs à ne jamais jouer la Coupe d’Europe, et qui n’a pas connu deux descentes en Ligue 2 ? 46 buts en 264 matchs de Ligue 1 et Ligue 2, ça fait environ 0,78 but par mois ; sur la base du million actuel, son but est donc coté en moyenne à 108 974 euros. Du coup, on s’en fout de savoir qui sont les deux autres millionnaires.

Et ce grand derby sur Canal ?

Cinq victoires lyonnaises de suite, 13 matchs à Geoffroy-Guichard sans victoire stéphanoise : si Saint-Etienne veut coller une branlée à Lyon, ce sera le soir. Le seul problème c’est que c’est trop facile, à part pour Rijeka. Mais qu’est-ce qui est facile pour Rijeka ? Canal s’est emparé de l’affiche en oubliant une petite chose : Lyon n’est plus une grosse équipe et Saint-Etienne n’en est pas encore une. Alors que faire ? Un 3 minutes en avant match sur le retour de Gourcuff ? Demander à Menes de parler de Corgnet ? Mettre Ruffier au micro de Paganelli pour savoir lequel est le plus intelligent ? Demander son avis à Bravo ?

On ne reparle pas de Monaco ?

Ben non, Falcao a marqué.

Donc rien sur Abidal ?

Patience, les barrages contre l’Ukraine sont dans quelques jours. Allez, juste un extrait du live lequipe d’hier : « 65e. Enorme frayeur pour Monaco ! Sougou, qui a récupéré le ballon en taclant entre Abidal et Ricardo Carvalho, se présente seul dans la surface de l’ASM. »

Et Emmanuel Rivière, il ne marque plus ?

Ben non.

Lyon : Le lac du Koné marrant

En apparence, Lyon est une équipe en perdition qui cherche de la confiance. La vérité est bien plus simple et terrible : quand l’adversaire est en surnombre dans ta surface, c’est pas bon. Surtout quand c’est Montpellier.

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A quoi doit maintenant servir la saison lyonnaise ? Pour l’instant, elle n’est pas sans intérêt. On pourrait même parler de bonnes nouvelles. Par exemple, Gomis et Briand sont de retour au premier plan. Ils peuvent sans doute remercier leurs formateurs et leur grand talent, pourquoi pas, mais aussi le retour à l’arrière plan de Ghezzal, Danic et Benzia, qui peuvent également remercier leurs formateurs et leur grand talent. L’autre bonne nouvelle, c’est que Lopes n’est pas un mauvais gardien. Il ne demandait qu’à le prouver, il ne demandera bientôt qu’à quitter le club.

Mais c’est aussi pour l’ensemble des familles du football français, les professionnels, les amateurs et même le cécifoot, que Lyon œuvre. Certaines vérités sont toujours bonnes à rappeler, car tout le monde peut les oublier, les meilleurs mais aussi les très mauvais. Premier exemple : avec quatre défenseurs qui ne gagnent aucun duel, on prend cinq buts et on ne gagne pas de matchs. A partir de là, tout est possible : un central qui monte au pressing pendant que l’autre recule et on est pris dans la profondeur, les deux latéraux qui montent en même temps et les ailiers montpelliérains qui partent dans le dos, des relances contrées dans les 30 mètres, et bien sûr les milieux qui jouent en sachant qu’à la moindre perte de balle ça va mal finir. On peut même répéter tout ça, 3, 4, 5, 10 fois, ça marche à chaque fois et ça n’empêche même pas d’oublier le marquage de temps en temps, notamment sur des corners ou des centres au second poteau quand c’est vers Bedimo. Il est vrai qu’il n’est latéral que depuis 5 ans, il découvre.

Mais Garde doit assumer, enfin le temps qu’il pourra. Car c’est ça de vouloir jouer comme le Barça : on met deux milieux en défense (Ferri et Fofana) pour assurer les relances et s’assurer de la possession, mais comme on n’est pas le Barça il faut défendre en reculant. Ca, même le Barça sait pas le faire.

Heureusement pour l’avenir, il reste Gonalons, capitaine courage qui rameute ses troupes et stoppe l’hémorragie. Ah bah non, il prend des cartons, il gueule et jusqu’à ce qu’il soit expulsé il donne la balle à Grenier qui attendait un peu plus loin, à une vingtaine de mètres de sa défense, de voir si Montpellier allait marquer. Avant de penser à attaquer, il faut penser à la défense. C’est simple le foot.

Pendant ce temps-là, Rémi Garde risque de très vite rester l’homme de la situation. Mais laquelle ? Plus qu’à relire l’ensemble de nos articles consacrés depuis 5 ans à la descente aux enfers Lyonnaise. Tout avait commencé le 2 mai 2008

Ligue 1: Thauvin d’honneur

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Thauvin peut-il prétendre au Ballon d’or ?

Une analyse la plus détaillée possible sera faite par le Vestiaire après ses premiers pas marseillais. Sans parti pris ni préjugé, car il faudrait considérer trop de paramètres : sa coiffure en pics, son retrait de permis, sa grève à Lille, ou quelques phrases prononcées en janvier à sa signature du genre « En arrivant, j’ai déjà pu apercevoir les installations. Il n’y a pas de doute, on peut d’emblée constater à quel genre de club on a à faire » ou « le LOSC est un club qui m’a proposé un très beau projet sportif. Ça m’a tout de suite plu et, avec l’appui de mes conseillers, nous avons tout de suite pris la décision de m’engager. » Après ça, comment pourrait-il rater ses débuts, se planter avec l’OM et se griller auprès de tous les autres clubs ? L’équipe de France n’attend que lui, et il y retrouvera très vite Payet qu’il a bien connu à Lille. Ca facilitera son intégration.

Bordeaux sera-t-il mathématiquement relégué dimanche ?

La réaction d’orgueil a ses limites. Quand, à l’époque, Jean-Louis Triaud s’étonnait du rendement du Bordeaux de Wendel, puis de celui de Tremoulinas, voire de celui de Plasil, il obtenait souvent une réparation qui assurait le maintien aux alentours du printemps. Mais que faudra-t-il dire cette saison quand il s’agit d’un frère Sané, et pas le bon en plus, ou de Saivet ? Attaquer la compétence de ses victimes est exclu, eux-mêmes finiraient par être d’accord que M6 ne peut plus laisser faire ça. Peut-être remettre en cause le choix de la couleur des flammes sur la Porsche ou le nombre d’orgasmes de la fiancée du jour. Ou alors s’en prendre directement à l’agent, ou aux agents, ou aux tontons, ou aux tontons et agents. Mais c’est du boulot.

La France va-t-elle remporter la Coupe du Monde ?

Parfois il est des questions qui peuvent paraître provocantes et qui ne le sont pas du tout. Car aujourd’hui si personne n’ose critiquer Deschamps ou une équipe qui ne marque pas le moindre but à la Géorgie, la Belgique ou l’Uruguay c’est parce que tout le monde sent qu’il se passe quelque chose. Que de cette équipe où les résultats pathétiques succèdent aux prestations catastrophiques depuis 6 ans va naître la lumière. Voici les indices qui montrent que les bleus ont peut-être la meilleure équipe du monde.

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Benzema et Ribery des leaders d’exception

Qui imaginerait qu’une équipe où sévirait la doublure d’Higuain et Adebayor au Real ne parviendrait pas à aligner plus de zéros buts en 5 matchs. Qui imaginerait qu’une sélection emmenée par le maître à jouer du grand Bayern Munich en lice pour le ballon d’or réussirait à marquer en 5 matchs autant que l’équipe de France lors de la Coupe du monde 2002 et un tout petit but de moins qu’à l’Euro 2008 ou la Coupe du monde 2010. Le refrain est connu, à chaque fois qu’il y a eu une grande équipe de France, un génie en dirigeait le jeu : Kopa, Platini, Zidane. En 1988, quand la France tenait Chypre en échec, Bravo, Sauzée et Dib menaient le jeu.  En 1993 quand Israël confisquait le passeport de Papin et Cantona, Sauzée était encore sur le terrain. Ca sent le grand joueur à plein nez. En 1999, quand Andorre transformait Leboeuf en joueur décisif, Dhorasoo avait succédé à Sauzée. Cette fois, la France a deux génies qui ont disputé à peu près trois grandes compétitions depuis le départ de Zidane. Pour le bilan flatteur d’une victoire en 10 matchs. C’était l’année dernière contre l’Ukraine. Si en 2014, la France n’est pas championne du monde avec les mêmes joueurs depuis six ans, c’est à rien n’y comprendre. S’ils passent les barrages aussi.

Parce qu’une équipe est née et même plusieurs fois

Tout le monde s’en souvient, une grande équipe de France est née en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2006 contre l’Espagne. Le problème c’est qu’elle était emmenée par des quasi quinquagénaires et qu’elle est donc morte aussi vite le 6 septembre de la même année en battant l’Italie deux mois après que les Italiens aient récupéré la Coupe du monde. Ensuite, c’est en 2008 à l’issue du 0-0 fondateur contre la Roumanie qu’une équipe est née. Benzema et Ribery étaient sur le terrain, Thuram aussi. Henry avait annoncé la couleur, on allait voir ce qu’on allait voir contre les Pays-Bas. On les a vu nous planter 4 buts, Thuram était sur le terrain . Domenech a ensuite promis la naissance d’une équipe si on le laissait en place.   Escalettes a dit d’accord si Domenech prend au moins 5 points en 3 matchs. Il en pris 4 mais heureusement une équipe est née contre la Roumanie. Et surtout le nouveau Zidane. Du coup il devenait inutile de s’inquiéter de devoir passer par les barrages à cause de la Serbie et de ne se qualifier que grâce à la main de Thierry Henry pour une fois qu’il ne la mettait pas dans la gueule à Benzema. C’est lors des matchs de préparation que les dernières angoisses sont parties grâce à cette victoire à l’arrachée contre le Costa Rica, une équipe était née, elle allait perdre contre la Chine dix jours plus tard et faire la Coupe du monde que l’on connaît. C’est ensuite Laurent Blanc qui va faire renaître cette équipe contre l’Angleterre à l’Euro 2012. Mais l’Espagne à l’agonie sera trop forte pour Debuchy et ses racailles de collègues. Deschamps a longtemps espéré ce fameux match à l’issue duquel la presse raconterait les mêmes conneries qu’après l’Italie, la Roumanie, la Roumanie, le Costa Rica et l’Angleterre. Et miracle, une équipe est née contre l’Espagne en égalisant à la dernière seconde, Giroud était le nouveau Benzema. 8 matchs plus tard, une équipe pourrait bien naître contre la Bielorussie ce soir, si la France ne perd pas.

Une défense intouchable

Intouchable car si on pouvait on ne la toucherait pas. Rami, Evra, Sagna, Varane, Sakho, Abidal et pourquoi pas Clichy, Debuchy ou Reveillère. Des noms qui font rêver. Non on déconne, ça fait rêver personne. Des joueurs, au choix, fragiles, remplaçants, titulaires à Valence, vieux, nuls à chier, blessés, incapables de centrer correctement, nuls à chier. Bref c’est pourri et ça fait longtemps que c’est comme ça. Depuis le 6 septembre 2010 et la première retraite de Thuram, Gallas, Sagnol et Abidal. Quand on ne marque pas, il vaut mieux ne pas prendre de but comme l’avait expliqué Jacquet à Guivarc’h, Dugarry, Loko, Ouedec et Madar. Lizarazu, Thuram, Desailly et Blanc avaient tout entendu.

Domenech sort donc grandi de ces trois dernières années d’équipe de France qu’il a largement contribué à détruire à ne construisant pas de nouvelle génération. Mais de nouvelle génération digne de ce nom il n’y avait pas. A sa place, des petites frappes égocentriques avides de putes et de bagnoles, des joueurs moyens comme à la fin des années 80, début 90 et un ou deux bons qui n’en ont rien à foutre de l’équipe de France. Ils ont bien raison, car il n’y a rien à en faire.

 

Lyon : La jeune Garde

On dirait bien que les joueurs l’ont lâché. Mais lâché qui ?

 

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Il s’appelle Kevin Bérigaud et il a compris quelque chose d’apparemment simple mais d’essentiel quand on est attaquant. Quand on court un peu vite et qu’on joue seul en pointe, même à Evian, si la défense adverse joue haut, même celle de Lyon, courir vers le but quand un coéquipier arme une passe est ce qu’il y a de mieux à faire.

Cela suppose sans doute beaucoup de travail et une réflexion tactique de plusieurs années. Faire un appel en profondeur plein axe quand Bisevac ne regarde pas, c’est extrêmement futé. Faire un autre appel plein axe alors que cette fois Bisevac regarde, mais que Koné n’a pas envie de courir, c’est comme atteindre la maturité. L’heure de gloire de Bérigaud a peut-être été rendue possible par toute une litanie de petits détails. Par exemple et au hasard, le recrutement de Lyon. Miguel Lopes n’est pas du tout ce latéral droit suspect chipé au banc de touche du Sporting Portugal qui lui-même l’avait chipé au banc de touche de Porto, il est un martyre désigné par les plus hautes instances pour être le premier joueur dont le championnat portugais se débarrasse en l’envoyant en France. Ou alors il est juste un latéral pas bon de 27 ans que Lacombe a recommandé. Au-delà d’être vieux et d’avoir un genou qu’aucune assurance ne prendrait en charge, Réveillère a vraiment dû mal se comporter pour laisser son casier à ça.

Pour solidifer le tout, il y a aussi Bedimo que tout le monde s’arrachait il y a un an. Parce qu’il y a un an il serait venu de Montpellier, champion de France. Mais cette année il vient de Montpellier, 9e de Ligue 1 et 11e défense. On ne va pas reparler de Danic, dont les adducteurs ont sagement choisi d’arrêter le massacre entamé en Ligue des Champions.

Du coup c’est la jeunesse lyonnaise qui se fait massacrer, ou qui massacre tout selon leur entraîneur. Benzia, Fekir, Ghezzal, Ferri, Bahlouli, Umtiti, retenez bien ces noms, vous n’aurez peut-être bientôt plus l’occasion de le faire. Tant pis, pour essayer de faire mieux il y aura Zeffane, Sarr, Plea, Koné, Tolisso. Et bien sûr Gourcuff, qu’on annonce comme un international en puissance, enfin quand les autres sont bons. Sur le coup, Garde n’était pas très content de leur match à tous et de leur manque d’humilité. Mais ils sont jeunes, ils ne savent pas que le match qui suit une troisième défaite de suite, on ne peut pas être mené 2-0 par Evian au bout de trente minutes juste parce qu’on fout rien. Grenier, leur nouveau maître à tous, n’était pas là pour leur dire. Gonalons essaie mais personne ne l’écoute, les fautes et les relances manquées ça n’impressionne plus grand-monde à notre époque.

Pendant ce temps-là, Aulas a choisi d’absoudre Bafé Gomis. Quatre défaites de suite, la Ligue des Champions envolée, Lacazette nul à chier en numéro 9, c’est peut-être un peu tôt pour prendre une telle décision.

Real Sociedad – Lyon : Le vain de Garde

On va devoir arrêter de se moquer de la Liga alors ?

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Voilà donc à quoi ressemble un match entre le 3e de Ligue 1 et le 4e de Liga. Lyon qui croit à la qualification avant le 0-2 de l’aller, Lyon qui croit au miracle avant le 0-2 du retour. Mais dans le détail, c’est encore plus savoureux que ça. Le football est toujours une affaire de détails, comme la main de Vava, l’alcootest de Gascoigne, le coup de boule de Zidane ou un brassard de capitaine au biceps de Gonalons. Le genre d’erreur qui vous conduit à être le premier club français à ne pas passer le tour préliminaire depuis Toulouse en 2007. Mais Toulouse avait l’excuse d’être Toulouse et c’était face à Liverpool. Lyon a simplifié les choses : une équipe espagnole est trop forte, ça joue trop bien au ballon, c’est impossible de leur prendre, il n’y a rien à faire. Pourvu que personne ne leur demande s’ils croient au titre en Ligue 1, ils seraient obligés de mentir. Ou de prétendre qu’en fait ils ont manqué de réussite contre la Real. Trop tard.

Un capitaine, entre autres qualités, est souvent choisi pour son art de ne pas trop raconter de conneries. Dire « la C1 nous manque » avant le barrage n’en était pas une grosse, juste une petite pour admettre que Lyon était favori. La suite a donné raison, et à ce qu’il a montré Lyon n’est pas loin d’être tout autant favori pour gagner la Ligue Europa. Puis Gonalons est devenu amusant juste après le match aller. « On ne s’attendait pas à jouer une équipe espagnole aussi concentrée, aussi dure dans l’impact. On les avait vus à la vidéo : c’était une équipe qui attendait l’adversaire. Pendant le match, on a vu le contraire : ils sont venus nous chercher et nous ont posé énormément de problèmes là-dessus. » Il aurait aussi bien pu dire que Garde les a plantés avec sa séance vidéo à la con, mais il a évité, peut-être parce qu’une humiliation incite à la prudence. Et il a bien fait : au retour, Lyon a eu 56% de possession et ça a tout changé : la Real a eu encore plus d’occasions. Mais ça ne l’avait pas empêché de dire avant le match « pouquoi gagner 3-1 au retour serait impossible ? » La réponse était évidente, la voilà : se créer deux occasions à l’aller et deux au retour ne permet pas de gagner 3-1 à l’aller ou au retour.

Benzia, Fekir, Bahlouli : si Garde n’était pas si gentil, on pourrait penser qu’il prend Aulas pour un con. Mais il est si gentil, et puis c’est un formateur, et puis ça n’intéresse plus vraiment Aulas de gagner la Ligue des Champions depuis qu’il l’a fait avec Benzema et Ben Arfa. Il a mieux à faire : twitter des conneries, vendre Gomis, remercier Lisandro, revendre Gomis, encenser Gourcuff et perdre la Ligue Europa avec ses jeunes pousses qui, comme l’immense majorité des anciennes générations formées au club, n’a pas un niveau terrible. La preuve : la star c’est Grenier et il n’a pas été meilleur que Gourcuff sur les deux matchs. Ils ont la même tête mais sont différents : Yoann a des yeux de biche et aime la passe avant tout, même si Karine Ferri se défendrait probablement d’être une prostituée. Alors les matchs aller-retour où on n’a pas le ballon et où on est mené, c’est pas pour lui. Grenier, lui, voit comment tourne un match : si ça se passe bien il attend le bon moment pour briller de n’importe quelle façon, mais généralement en marquant puis en allant fêter ça avec l’arrogance de penser que c’est normal, avec un clin d’oeil vers la tribune où sont placés les émissaires venus d’Angleterre et d’Espagne, peu importe s’ils sont effectivement là ou pas. En tout cas ceux de la Real ne reviendront pas. Et si ça tourne mal, il tombe à chaque contact, il hurle, il prend un carton, il gueule, il sprinte pour tirer un corner comme si ça pouvait encore changer quelque chose et tout ça avec encore plus d’arrogance. Le tout étant de montrer une technique irréprochable et de dribbler deux ou trois mecs. Bref, le sauveur. C’est vrai que Miguel Lopes, Koné, Fofana, Bedimo et Umtiti n’allaient pas se proposer à sa place.

Il restait Lacazette. Ce fameux Lacazette qui a déjà prouvé toute sa valeur au niveau international avec de belles participations aux dernières défaites de l’équipe de France. Replacé dans l’axe, il peut y dévoiler bien sûr sa coupe de cheveux ridicule et aussi sa science du poste : prendre le ballon et se retourner pour courir le plus vite possible vers le but. De Leonidas à Giroud, les plus grands ont tous essayé une fois et ça n’a jamais marché, la deuxième non plus. Pour une autre raison simple : les défenseurs prennent le ballon et on se retrouve le nez dans le gazon. Ca n’empêche pas de gueuler sur l’arbitre, c’est vrai.

Pendant ce temps-là, Gomis avait annoncé qu’il reprenait ses études il y a quelque temps. Vu la forme actuelle de Bahlouli, il attend son heure en faisant un peu de droit du travail. C’est toujours plus utile à son club que de marquer des buts en Coupe d’Europe.

 

Gourcuff : Les yeux de Gerland frits

Et s’il était revenu prouver à Grenier que c’est toujours lui le plus beau ?

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Le grand mystère du début de saison est partiellement levé. Pas celui sur l’imperméabilité lyonnaise, pas non plus celui sur la classe biberon lyonnaise, encore moins celui de Florian Maurice qui confie sa sérénité à RTL vingt minutes avant le match contre une « équipe espagnole que je ne connais pas très bien ». On ne va pas quand même pas s’intéresser à toutes les conneries qui circulent. A ce qu’on disait, les titularisations successives de Yoann Gourcuff n’en étaient plus une, il fallait trancher. Effectivement, ce n’en est pas une : il a bien sa place dans cette équipe. Pourtant il n’a pas tant changé, puisqu’à 0-2 il a retenté sa roulette suivie d’une accélération du défenseur adverse qui lui prend le ballon. Le génie est de retour.

Gourcuff a aussi, ou surtout, été le premier à frapper dans un match où Lyon n’a pas frappé. Di Meco ne s’y est pas trompé : « donne le ballon à Gourcuff et Grenier et ça ira ». Soit il n’a pas été entendu, soit il mériterait que plus personne ne l’entende jamais. Gourcuff a eu beaucoup de ballons, il a beaucoup combiné à 75m du but adverse en remettant en une touche à ses défenseurs, avec l’application de débutant qui ne l’a jamais quittée. Même avec Tiburce et le cameraman de Canal il le faisait. Il a couru partout, il a défendu, il a œuvré pour l’équipe, il a tiré des corners, ceux que Grenier lui a laissé. Il a aussi admiré en esthète qu’il est les putains de but de Griezmann et Seferovic, ça fait envie. Bref, avec son bilan, il peut regarder Malbranque dans les yeux. En fait, il peut regarder tous ses coéquipiers dans les yeux et en même temps les remercier d’être ce qu’ils sont. Grâce à eux, Gourcuff est de retour. Enfin il est plus blessé quoi.

Alors quelle est la meilleure option ? On le vend, on le garde ? On dit qu’on n’a jamais voulu le vendre ? Et pourquoi pas aller jusqu’à affirmer qu’à ce niveau il va retrouver les Bleus comme à chaque fois ? Sa cote est sans doute remontée de quelques millions d’anciens centimes ; il est vrai que son profil de meneur de jeu à l’ancienne, rapide face à des Niçois, doté d’une remarquable vision de jeu quand les Sochaliens lui laissent le temps de regarder le jeu, bon face à la seconde moitié de la Ligue 1, ça intéresse un paquet de club dont Arsenal sans aucun doute. En plus Karine Ferri doit adorer Londres. Zut Chamakh vient de partir à Crystal Palace.

Voilà pour Gourcuff. Bientôt on vous expliquera pourquoi il jouera l’Europa League.

Mercato, Lyon, Gourcuff : Danic à bord

Premier volet de la nouvelle série du Vestiaire concernant le mercato estival. Aujourd’hui, Rémi Garde retrouve Christophe Breton , ou presque.
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Réponse à la question de la couverture : Plus grand chose apparemment
Quand un mercato commence par un entraîneur qui dit « être compétitif, est-ce forcément dépenser 25 millions ? », il y a de quoi être optimiste. Et quand en plus l’entraîneur en question est Rémi Garde, le seul capable de dire tous les trois mois que « avec cette réalité économique c’est mieux comme ça et c’est le président qui décide », c’est la porte ouverte à tout, sauf peut-être la Ligue des Champions. Mais on en reparlera. Finalement, un premier match officiel de Danic sous ses nouvelles couleurs, c’est un peu comme un match en juillet face aux Grasshopers : ça a la couleur de la Ligue des Champions, peut-être même l’affluence, mais ça fait deux poteaux pour les Suisses et cinquante passes, contrôles orientés et centres en touche pour notre nouveau Gone. Il aurait pu dire la veille du match qu’il n’avait pas le niveau c’était pareil.
Mais il a beaucoup couru et Garde ne doute pas qu’il a le niveau. Enfin qu’il est meilleur que Ghezzal. Enfin qu’il pourra servir en Coupe de la Ligue. Enfin bref, qu’un joueur de plus c’est pas si mal, surtout un gaucher de 31 ans. 32 en novembre. Comme Gomis ne peut pas en même temps payer un stade neuf à Aulas en partant et être dans la surface pour mettre sa tête, Danic centre derrière le but, ça évite d’insister sur l’attaque désastreuse du club. Oh pardon on oublie Lisandro et Gourcuff. Cela dit, Benzia va revenir et il est redoutable à l’Euro U19. La Ligue des Champions n’attend plus que lui, mais elle est peut-être pas pressée.
Mais le recrutement de Lyon ne se limite pas au joyau de Valenciennes, qui fit aussi les beaux jours de Troyes, Lorient, Guingamp, Grenoble, donc de la Ligue 2. Il y a aussi Miguel Lopes, de loin le meilleur des latéraux qui ne jouaient pas au Sporting, et trois retours de prêt. Arrêtons ce papier tant qu’il en est encore temps.Un tour de qualifications préalable à un barrage : trop de préliminaires tue les préliminaires, même pour ça Gomis s’est jamais emmerdé.

Gourcuff : La revanche d’une blonde

Eh oui, il sait faire une passe de l’extérieur du pied.

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas wikipedia mais google qui est à l’origine de cette révélation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les occurrences Gourcuff et renaissance offrent quelques dizaines de liens, dont des articles pas si vieux de journaux estimables. C’était en novembre, Gourcuff était convoqué en équipe de France et ses performances étaient jugées encourageantes. « Deux matches aboutis assortis d’une convocation en équipe de France » : ce n’est pas une vanne, c’est une citation. Dommage que le but de sa saison date de Rennes-Lyon en août, ça aurait eu de la gueule. Tant pis, de toute façon personne ne lui enlèvera ses zéro passe décisive et l’Intérieur sport où on voit qu’il n’est pas comme les autres, qu’il bosse plus, qu’il court plus longtemps, qu’il joue au basket avec des handicapés, qu’il fait du kayak en mer, qu’il est en retard un matin parce que ça le fait chier de se lever. Différent, quoi.

Play boy

A Lyon, Garde se réjouit de son influence et de sa sérénité retrouvée depuis le stage d’avant-saison. C’est un autre Gourcuff que celui de l’an dernier, avec ses 2 pauvres buts et 1 passe en 10 matches. Du coup, il ne lui préfère Grenier que deux fois sur trois. Si ça continue, sa renaissance le rendra carrément incontournable quand il faudra remplacer Malbranque. La concurrence, il a déjà connu ça à Milan avec Kaka et ça ne l’avait pas empêché de s’imposer à Rennes. C’était une autre vie, dans laquelle il réussissait à accélérer sans IRM de la cuisse le lundi suivant. Tout s’est compliqué depuis : l’équipe de France et surtout le titre à Bordeaux, avec 12 buts et 8 passes dans la même saison. Pour avoir été déçu de croire qu’il n’était pas Zidane, tout le monde s’émerveille qu’il sache viser un partenaire au moment de faire une passe ou qu’il arrête de tirer vers son propre but. Et maintenant Aulas s’énerve contre les gens mal intentionnés qui lancent des rumeurs Arsenal, Atletico ou Fenerbahce.

Pendant ce temps-là, Lyon a été éliminé à Epinal en Coupe et il n’était même pas là. Alors on se moque de qui ?

Lyon : Et Aulas se Gava

Aulas est de retour : Lyon est candidat au titre de champion de France 2016.

La veille d’un déplacement à Valenciennes est toujours l’heure d’un choix pour Jean-Michel Aulas. Aussi souvent que l’OL se fait torcher à Toulouse, il perd dans le Nord, même si ces dernières années Valenciennes y ajoutait la coquetterie d’être relégable ou presque. Ce n’est pas le cas cette année, mais Lyon doit quand même choisir ce que vaut sa saison. Confirmer ce qu’on entend, qu’elle correspond à la renaissance de Gourcuff, ou autrement formulé un but et zéro passe décisive en neuf matches, est à ce prix.

Ca sent le Pathé

Lyon est 2e, et son président est soudain pris de vertiges. Depuis 1994-95, il ne s’attendait pas à pareille orgie de victoires. Et Aulas reste le maître à ce petit jeu-là : 1er ex-aequo de Ligue 1 à la trêve, il attend avec impatience le mercato hivernal pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs : il a proposé Lisandro à la Juve ou plutôt il a proposé l’info Lisandro à la Juve à pas mal de journaux. Il a aussi tenté Gourcuff à Arsenal, des fois que Wenger serait vraiment sénile au point d’accepter un nombre à six chiffres. Plus pragmatique, Aulas a fait mine de prolonger Grenier – vicieux mais bien tenté – et a rappelé que Gomis, Bastos et Réveillère avaient promis de foutre le camp l’été dernier. « Si on a envie de partir, on accepte les propositions de l’extérieur. Là, ils m’ont fait de la peine. » Les petits effrontés sont en train de finir deuxièmes, c’était pas prévu. Même troisième, pour un tour préliminaire de C1, c’était pas le plan prévu : que deviendra Mvuemba si ça se produit ? Et Aulas ne peut plus compter sur les Lillois pour le sauver.

Auto Bafé

Alors, « il faut tirer les oreilles des joueurs qui sont entre deux eaux ». Qu’ils marquent 11 buts en 21 matches avec des dreadlocks, voire qu’ils achètent des lunettes pour promettre de reprendre leurs études après une garde à vue dans une affaire de viol en réunion ne change rien : ils n’ont plus la tête à Lyon. Aulas l’a décidé, et il n’est plus là pour faire dans le sentimental, sinon il aurait gardé Malbranque toute sa carrière. Il est là pour former, vendre le plus cher possible et amasser pour acheter des Brésiliens et gagner, comme avant. Comme ça, Florian Maurice peut se dire qu’il est un peu septuple champion de France lui aussi.

C’était en 2010 : « L’OM a pris des risques financièrement. Moins que nous, mais ils en ont pris beaucoup. C’est une prime à ceux qui prennent des risques, le football français progressera comme ça. »

Gourcuff : Anus horribilis

On comprend mieux pourquoi Blanc n’adressait pas la parole au papa. Il aurait fallu justifier ça.


Décidément, Gourcuff les fins de saison ne réussissent pas à Yoann. L’année dernière il s’était fait torturer par une fille. Enfin, par Cécile de Menibus.

A défaut d’être le grand retour de Gourcuff, ce 29 mai marque le grand retour du requin Blanc. Jusque-là, il n’avait guère menacé que Nasri ou félicité la génération 87 « qui ne sait pas défendre ». Mais le plan en jeu était trop beau pour ne pas le révéler avec la brutalité d’une trachéotomie à mains nues opérée sur un défenseur croate. L’inhumanité a ses codes : ne pas comprendre que le requin n’a pas de chouchou en viole une. Lui n’a violé personne mais c’est quand même pas mal. Papa et Tiburce Darou ont pourtant tout tenté mais Zidane ne s’est pas fait en une semaine. Ni en 25 ans d’ailleurs.

Il y a plusieurs façons de voir la chose. On peut faire son travail de journaliste du mieux possible et révéler que si Gourcuff n’a pas été pris, c’est parce qu’il est moins bon que les autres. Et on peut aussi réfléchir. Que Gourcuff fasse le même match de merde que les quarante des deux années précédents, c’est plus prévisible qu’un chippendale, même avec un maillot Lloris. Attendre France-Islande pour s’en rendre compte évoquerait Domenech s’il n’y avait pas déjà eu Micoud et Cavenaghi dans la carrière du requin. Ainsi, il n’a pas hésité une seconde, ni pour l’aligner titulaire, ni pour dire le lendemain que le match n’aurait pas pu changer son choix. Mengele n’aurait pas été plus clair.

Le népotisme éclairé

Au-delà des contrôles trop longs, des démarrages trop lents et de toutes ces passes que ses coéquipiers n’ont pas voulu lui faire, dire qu’on n’a rien appris du match islandais de Gourcuff serait un délit de sale gueule. On a appris que le public voulait autant se le faire que son sélectionneur dès l’annonce de la liste, et pourtant ce sont des Ch’tis. Rien ne vaut une suspicion de favoritisme pour faire bouillir du sang, fût-ce de consanguins. Gourcuff, après la saison de sa vie, est donc venu se faire confirmer devant témoins que tout le monde le trouve officiellement nul à chier.

Blanc, évidemment, ignorait depuis le début que ni le niveau du dernier nouveau Zidane en titre, ni le bordel que mettrait la sélection de Gourcuff, dans son groupe et auprès du public, ne justifiaient de se priver de Martin et Matuidi. Pour Gourcuff, évidemment tout s’arrête là. Pour services rendus, il mériterait d’en être soulagé, même si Chamakh n’est plus là.

Pendant ce temps-là, le requin a aussi renvoyé Mapou. Gasset ira faire les courses tout seul à Donetsk.

France-Islande : Les Blanc becs

Les élèves dépasseront-ils le maître ?

Les matches de préparation ne servent en général à rien, à part ne pas voir Bruel se promener au hasard sur une scène cannoise devant pas mal de gens juste pour faire croire qu’il est acteur et pas rentier. Cette fois, le match a servi. Gourcuff a pu courir, Mexès a essayé, Evra a évité. Mais là n’est pas le plus important. Le Vestiaire avait, il y a longtemps déjà, annoncé que la France gagnerait l’Euro sans défense, et la branlée potentielle prise en Allemagne l’a confirmé. Blanc a donc tranché : Islande ou pas Islande, il fallait assumer sa nature. En l’occurrence, une belle bande de boulards à crampons.

Il n’avait qu’un match pour faire le tri, et pas une saison comme à Bordeaux avec Bellion. Alors le requin les a tous alignés. La fameuse génération 87, celle qui n’a rien gagné à part quelques championnats nationaux et les places de bus de Gallas, Thuram et Henry en 2008. Et là, miracle : ils se détestaient en 2004, ils se détestent en 2012. Pas tous : Menez fait quelques passes à Nasri, Menez fait des transversales en touche vers Ben Arfa et ils font tous des passes à Benzema, faut quand même pas être trop con. Ben Arfa l’aurait-il été ? En tout cas au lieu de mettre le ballon en touche à cause d’un blessé islandais, Benzema lui a mis dans la gueule, avant de s’excuser bien sûr. Il a fait pareil toute la saison avec Higuain.

Hatem de l’air

On n’est plus en 2008, maintenant il lui serre la main. Les 87 sont devenus matures depuis leur titre européen en U17 : Ben Arfa s’est acheté des lunettes, il a lu Spinoza et écouté Abd al Malick, à moins que ça ne soit l’inverse, il a même raconté suffisamment de conneries en début de semaine sur ses efforts défensifs pour recevoir une ovation de 20 000 Ch’tis. A 25 ans, on a compris les choses : le collectif passe d’abord. Alors quand Nasri oublie Ben Arfa démarqué, Ben Arfa n’attend pas dix minutes pour oublier Nasri démarqué. Peut-être l’a-t-il confondu avec Menez, mais peu importe. C’est quand même plus simple quand tout le monde fait les efforts.

L’autre bonne nouvelle de la soirée, c’est que Mexès et Evra ça prend l’eau. Et oui, tout dépend quand même des 87. Il reste juste à les convaincre qu’ils aiment jouer ensemble. Un slam suffira ?

Lorient et l’accident (1/2) : Les petits Moustoir

Christian Gourcuff est bien le père de son fils.

Ceux qui s’inquièteraient pour l’avenir du FC Lorient en Ligue 1 ne connaissent sans doute pas les trésors d’ingéniosité que cache Christian Gourcuff sous son casque frisé. Alors que son équipe n’avait plus gagné un match depuis trois mois, le plus Breton des entraîneurs bretons a d’abord eu la bonne idée de la faire travailler à huis-clos pendant une semaine avant de recevoir Rennes. Dehors les douze chômeurs et les deux journalistes qui viennent passer le temps chaque matin au Moustoir ! Enfin libérés de la pression, les Merlus ont perdu 2-0 à domicile, mais Ecuele Manga et Lamine Koné ont fait plus de passes à eux deux que tous les Rennais réunis et c’est bien ça qui compte.

Hennebont pour le service

Pour fluidifier encore un peu plus le jeu à une touche de balle entre ses défenseurs, Gourcuff père a ensuite décidé d’emmener toute sa troupe en stage au bord de la mer. Pour bien bousculer les habitudes, il a choisi Carnac, à 40 km de Lorient ; plus de deux fois la distance qu’il accomplit chaque été entre sa maison d’Hennebont et sa résidence secondaire de Gâvres. Un monde. Les Lorientais ont été tellement dépaysés que le miracle s’est produit le week-end d’après à Ajaccio : Grégory Bourillon a marqué un but. Ilan aussi.

Moustoir academy

Malheureusement, les effets du stage se sont rapidement estompés. Une défaite à domicile contre Evian-Thonon-Gaillard, une autre la semaine d’après à Nice et les voilà relégables pour la première fois de la saison. Alors, cette fois, Gourcuff a déployé les grands moyens en appelant un vieux copain à la rescousse : Tiburce Darou, le préparateur physique et mental de la Star Ac, qui est aussi celui de son fils, ce qui est un peu pareil. Faire venir le préparateur physique et mental d’un autiste blessé depuis six mois pour sauver des estropiés de la relégation : il fallait y penser. A la prochaine défaite, le Morbihanno-Finistérien fera chanter Nolwenn Leroy dans les vestiaires tant que son équipe n’aura pas eu 65% de possession de balle.

Dinamo-Lyon : Décidément, Zagreb les yeux

Le miracle lyonnais écrit désormais la légende du football français. Mais c’est quoi au juste un miracle ? Avant seul Bernard Tapie savait en créer.


Même Wiltord n’avait pas pris autant son pied à Lyon et pourtant la famille Fred y avait mis du sien. L’improbable s’est produit, Lyon a remonté sept buts de handicap, Gourcuff a toujours le sien. Décisif à aucun moment, il a mis la pédale douce. Pourtant c’était la soirée parfaite où rien n’a perturbé la marche en avant d’une équipe qui croit en son destin. Le Dinamo n’y pouvait rien, harassé comme si on leur avaient pompé leur énergie tout l’après-midi. Un festival de passes que seuls les virevoltants Lyonnais pouvaient leur envier. Ils ont profité de l’aubaine et de cette force intérieure des grands clubs qui écrivent leur légende pour multiplier les coups de boutoir dans le solide 2-3-5 croate. Et bientôt 2-2-5 puisque Leko avait choisi ce match pour tester la patience des arbitres de football sur les plaquages à retardement. M. Clattenburg n’avait pas le choix, ce fut l’expulsion dès la première mi-temps, avec cette assurance décidée de l’homme qui connait par cœur ses identifiants Bwin. Grisés, les Lyonnais s’en remettaient aux Dieux. Marquer sept buts en trente-deux minutes à Raon l’Etape est une chose, il n’y a par contre que la prière pour espérer que des Hollandais marquent deux buts tout en perdant 3-0. Les soirs de grandeur n’empêchent pas Lyon de prendre un but, ni Cissokho de reculer, reculer, reculer, se retourner et tomber pris dans une feinte qui n’existait pas. Zagreb c’était quand même costaud. Presque autant que le Milan 1996, qualifié au coup d’envoi du quart de finale retour de C3 mais plus à la fin. L’ancien Gourcuff jouait aussi. Un exploit ?

En même temps, quand tu es éliminé, que tu n’as plus rien à jouer et que tu perds, rien n’interdit d’arrêter de jouer. Et de toutes façons, on continue tous de regarder le Tour de France.

L’Edito : Un Raï, deux cokes, un café

Socrates est mort, Gourcuff peut-être, Delarue pas encore. Et Mouss Diouf ?


C’est un week-end qui aurait pu ressembler aux précédents. Quelques heures sous la couette pour dormir ou s’agiter avec mouchoirs, partenaire ou les deux, quelques minutes à contempler les gogols de Diane Arbus pour un prix défiant toute concurrence puisque vous êtes journaliste, et pour finir le jackpot à l’issue de la journée de ligue 1 et d’Un ticket pour l’espace, le chef d’oeuvre des nouveaux Monthy Pythons. Mais on ne le sait que trop, le diable est parfois dans les détails. Deux petits détails qui rappellent que Rennes n’est pas Montpellier, quatre qui indiquent que Montpellier ne joue plus avec Valderrama. So Foot parlerait aussi de Barrabé. On pourrait ne retenir que ça pour éviter de dire que le spécialiste foot du Vestiaire est le seul à avoir presque oser sous-entendre il y a plusieurs mois que 40 millions ça faisait cher le tocard, 25 aussi d’ailleurs. Mais soyons juste, pour l’un ça ne fait qu’1 mois et demi, pour l’autre 1 an et demi et puis, ils n’ont jamais prétendu être les meilleurs contrairement à Benzema ou Ibra. Devinez quoi, il y en a un des deux qui est une grosse tanche et cette fois il ne s’appelle pas Ronaldinho, Neymar, Benzema ou Messi. Pour Messi c’est normal, en attendant que Benzema finisse ses dents il continuera de collectionner les grosses boules en métal précieux et pour une fois qu’il le mérite, ce serait con de le filer aux autres. Si vous avez l’impression qu’on a parlé que de foot, c’est parce qu’on se fout un peu que Patrick Montel poursuive ses indigents statuts sur Mormeck que Vincent Coueffe se demande si c’est pas un peu le bordel au PSG ou si Pierre Menes a toujours rêvé être l’invité d’honneur de la Conférence Berryer. Promis, la prochaine fois on vous fera aimer le ski.

Pendant ce temps-là, la France est tombée sur un groupe facile ou difficile à l’Euro. Pourquoi on ne débattrait pas déjà des 3 prochaines Coupes du monde ?

Laurent Blanc : Le gâteau de Varsovie

Au solstice d’automne, le requin Blanc migre vers des courants chauds cévenols. Il emmène parfois Henri Emile mais il ne ramènera plus de binationaux.


C’est vêtu d’un grand manteau noir puis d’une cravate rayée que le requin a quitté l’année 2011. Il n’est pas le Père Noël et pourtant, c’est encore lui qui régale. « Je vais être très court. Quand on vient voir un match, on veut voir des buts, alors quand il n’y en a pas on s’ennuie un peu. » C’était donc ça la rentrée de Giroud, s’amuser un peu. Etre l’adjoint de Gasset, même si les chaussures cirées sont pour lui et le survet’ dégueu pour l’autre, n’est pas un métier à privilèges. On voit ses joueurs à peine plus de jours que Planus en vit sans béquilles, et en plus ils s’appellent Rami, Réveillère ou M’vila. « La jeunesse a ses limites au haut niveau. Les jeunes ne peuvent pas jouer comme des joueurs expérimentés. » Kaboul et Cabaye ont 25 ans, Réveillère 32, voilà qui explique les pipis culotte albanais et bosniens. On comprend mieux certains soirs, comme mardi, la tentation d’aligner le tandem Remy-Martin, mais le mercredi matin on comprend aussi Olivier Missoup.

Ainsi donc, Gasset a du travail, et fissa parce que le requin n’est pas patient. « Quand on dit qu’on n’a pas assez de temps, c’est vrai. » Le on, c’est Jean-Louis, et il a pas intérêt à oublier que donner une consigne à Benzema c’est un bon job. « Sur paperboard, tout est facile. » Pas de condescendance, le requin a déjà expliqué vingt fois qu’il ne se caillerait pas sur un banc jusqu’à 60 ans : entraîner le fait chier, comme la formation et toutes ces conneries. Dans ce boulot, il reste la gloire, le pognon et la possibilité deux ou trois fois par an de conseiller à Thuram de la fermer. Pas si mal.

A qui pampers gagne

A part ça, 2011 a permis d’avancer la reconstruction. Rien à voir avec un rendez-vous d’orthodontie de Ribéry, d’ailleurs ne dit-on pas : Ribéry qui parle français c’est repoussé au Calenge grec. Alors en attendant que Rémy ressemble à Henry ailleurs que dans Mein Kampf ou dans la bouche de Jeanpierre, que Gameiro sorte de sous le sommier avec son doudou, ou que Gourcuff sorte de sous le sommier de Lloris, le requin fait le métier et prépare l’Euro du mieux possible. Comme tonton Aimé avait su le faire avec Pedros et Lamouchi. Il avait quand même fini par gagner en Allemagne avec Angloma et Guérin et sans De Lattre de Tassigny. C’est vrai que Bismarck n’était pas là non plus. La méthode est simple : trouver une défense, ne plus perdre, vendre des grosses conneries – « Il y a des joueurs qui sont blessés et que l’on surveillera pour être soit dans l’équipe soit dans le groupe pour l’Euro. Nasri, Diaby, Gourcuff oui, et il faut ajouter Mexès » – et bien sûr expliquer ce qu’est un tirage au sort : « Il va être déterminant pour la suite, vous savez sur qui vous allez tomber, les possibilités au niveau de notre groupe. » Il aurait aussi pu se foutre de la gueule du monde en répondant à tous ceux qui trouvent que l’équipe de France ne progresse pas, donc Duluc, et qu’il est en train de se planter. Il l’a fait, c’était toute la conférence de presse. Le buddha Blanc voulait la ligue des champions avec Sané titulaire, le requin Blanc doit bien être au courant que s’il ne va pas en demi, il passera pour un con même avec Rami titulaire.

Aussi, 2012 est placé sous le signe de l’ambition. « Les joueurs, on ira les voir en Ligue des Champions. » On peut jouer l’Euro à 5 ?

Ligue 1 : Pinault simple fric

Qui peut croire que le PSG sera champion devant Rennes et Montpellier ? Que Lyon ne jouera pas la ligue des champions ? Que Lille réussira à se qualifier en ligue Europa ? Que Bordeaux jouera en ligue 2 ? Que Marseille, non rien. Voici à la fin du premier tiers-temps comment finira le bon vieux championnat de Rocher, Bez, Borelli, Tapie et Denisot.


Si on met Rennes on met Toulouse

PSG: Menez a été sifflé, Kombouaré est au bord du suicide, Gameiro est en plein doute et Caen en a pris que 4. A moins de 28 points d’avance, la crise sera violente. Vive la ligue 1.

Montpellier: Giroud rêvait d’équipe de France. Sanchez, Rizetto, Rouviere, Lefevre et Bonissel aussi. On passe un cap. Yanga mbiwa en bleu et c’est le titre. De ligue 1 et c’est déjà pas mal.

Rennes: Si tout le monde se cotise ils finiront bien par avoir assez de points pour une troisième place. Et le podium en ligue 1 ça n’a pas de prix, ça peut même permettre de faire match nul avec Trabzonspor. C’est toujours mieux que 3 conneries défensives contre le Celtic.

Toulouse: Quand ils sont en haut on parle de Capoue, Sissoko, ou Congré mais ça joue rarement devant. Si Dusautoir est le meilleur rugbyman du monde Tabanou doit bien avoir un coup à jouer, en plus il joue en ligue 1.

Le derby de la cinquième place

Lyon: Se priver de Gourcuff et Cris toute la saison ça aurait fini par paraître suspect, mais les nostalgiques du premier titre aurait sans doute pardonné. Après tout Lyon au complet aurait tenu le nul au Real. Ou pas, et oui c’est la ligue 1.

Saint-Etienne: Le chaudron vert serait-il devenu une boite échangiste ?
Que tu mettes Lemoine, Nery ou Aubemayang tu peux changer de partenaire tu vois plus la différence. La ligue 1 ça reste quand même un peu la routine.

Lille: La ligue 1 a connu des beaux champions et des moins beaux. Lens 98, Nantes 2001, il reste de la place. Ca doit être l’effet Cole.

Marseille: Il y a désormais un peu trop de Dédé pour la ligue 1.

Comme d’habitude

Sochaux: Franck Sylvestre aussi réussissait à être international tout en jouant à Bonal plus d’une trentaine de fois par an. C’est ça aussi la ligue 1.

Lorient: Gourcuff ne se moquera plus des clubs riches. Quand on dépouille Arsenal on finit par jouer avec les grands. De la ligue 1.

Auxerre : Ils sont toujours en ligue 1. Et cette année Mahé ne risque pas de rater un penalty en demi-finale de coupe d’Europe. Le Tallec n’a d’ailleurs même pas le droit de les tirer.

Bordeaux

Bordeaux : Les prolongations de contrat ça marche pas, les coups de gueule de Triaud ça marche pas, Ben Khalfallah ça marche pas et le problème ne venait pas d’Alou Diarra. On avance. Et pourtant ils sont encore en ligue 1.

Rien à ajouter

Ajaccio : Ils sont en ligue 1. Que les clubs corses ne viennent plus dire que la LFP ne fait aucun effort pour eux.

Brest : Inutile de s’en prendre à Zebina, que vous le vouliez ou non quand on a eu une sélection, on est international. Roux n’a pas de sélection, mais Brest est en ligue 1.

Jovial : Ah non c’est Dijon on ne  connaît ni l’un ni l’autre. C’est suspect mais ça suffit à faire une saison en ligue 1.

Valenciennes: Un entraîneur de ligue 2, c’est surement ça qu’il leur manquait pour y arriver. C’était pourtant bien la ligue 1.

Nice: Peut-on vraiment être orphelin de Ben Saada en ligue 1 ou ça prête à Debbah ?

Caen: On ne sait jamais s’il faut les jouer gagnant ou perdant à Bwin. Ca va durer longtemps ces conneries de ligue 1 ?

Evian: Et pourquoi pas Clermont l’année prochaine ? En ligue 2 bien-sûr.

Nancy: Jean Fernandez ne s’était pas mis en colère depuis que Ribery avait mangé son kebab la bouche ouverte. Et pourtant on vous l’a dit Auxerre a joué la ligue des champions. La ligue 1 n’est pas toujours magique.

L’Edito : Une équipe à la Noah

Le défi le plus difficile pour l’équipe de France sera de trouver le moyen de ne pas remporter l’Euro. Insurmontable ? Pas pour Nando de Colo, mais pas certain que Traoré le laisse faire.

Ça devait finir par arriver. A force de jouer la nuit et de faire gagner des Serbes, le tennis est devenu moins populaire que le basket. Un raisonnement qui ne s’applique qu’à la France et uniquement pendant que Tony Parker séquestre Albicy à l’hôtel. Bilalian se renseigne déjà sur les tarifs de la finale : amour du sport et compétence.

Nous avons presque le même, la preuve : c’était le 20 juillet dernier, à plus d’un mois des championnats du monde, le spécialiste athlétisme du Vestiaire se livrait à l’une de ses plus belles demonstrations d’expertise depuis tous les déplacements de l’OM en CEI. Dans la catégorie « L’autre galaxie » il citait quatre noms. Trois d’entre eux feront podium, le quatrième était Tamgho, qui aurait évidemment pris le bronze, lui aussi, s’il avait bien voulu se donner la peine d’avoir un corps de sportif de haut niveau capable de gagner.

Le cheap Vicaut

En revanche, personne n’est parfait, notre spécialiste avait eu l’idée saugrenue de qualifier d’ « Européens » Mang, Kowal, Baala, Carvalho, Barras, Diniz et Soumaré. Allez savoir pourquoi, ils se sont tous plantés. Le niveau mondial est décidément impénétrable.

Un palier difficile à atteindre aussi quand vous avez fait la moitié de votre carrière à Arsenal et que vous ferez le reste à Manchester City. Heureusement, son concurrent Gourcuff porte encore mieux le costume de fantôme. Mais Nasri n’a pas le monopole de la nullité Outre-manche, puisqu’à Londres le légendaire Malouda, un bon match depuis janvier 2011 – information non vérifiée -, s’abîme dans la médiocrité de ses états d’âme. Bonne nouvelle, il ne devrait pas avoir à craindre de sa performance du soir, son requin de sélectionneur lui réserve une place assise, mais en business.

Pendant ce temps-là, une pendule du site http://fr.rugbyworldcup.com/ indique J-3. Et pour la V3 du Vestiaire, c’est combien Monsieur le webmaster ?