Rugby, France-Angleterre, Colonel Fabien, acte 6 : Suck my coq

Pour le dernier match de préparation avant la finale de la Coupe du monde, le Colonel a vu les choses en grand. Aligner son équipe B. C ?

Liquider les Anglais. 27 ans qu’il attendait ça.

Pendant vingt ans, voire trente, nous avons tous eu l’impression de ravaler sans cesse notre vomi. Il y eut certes cette demi-finale à Twickenham où le Colonel, déjà là, utilisa Richard Dourthe comme bélier pour enfoncer Lomu. Mais ce fut bien là le dernier soubresaut d’une véritable équipe de France conquérante, joueuse, belle comme une réception de Sadourny sous une chandelle de Rob Andrew ou de Mike Catt, on ne sait plus trop. L’acte de décès du rugby français fut donc constaté le 22 juin 1995 en infligeant une branlée monumentale à l’antepénultième grande équipe d’Angleterre qui nous avait tant martyrisés avant de se faire marcher dessus par le même Lomu. Et devinez quoi ? Le demi de mêlée s’appelait Fabien. Il s’agissait, déjà, du Colonel, alors simple caporal. La bande à Will Carling paya l’addition pour le quart de finale 91, le bisou de Mr Hilditch à Moscato, la propagande de Mandela et la montre en or de Derek Bevan. Mais, peu importe la troisième place. En même temps que la Coupe du monde, on venait de leur voler leur âme.

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Federer-Djokovic 2013 : Le content suisse

Roger a réussi ce qu’aucun n’avait réussi avant lui : continuer à gagner sans jouer. Le reste du temps, il s’appelle Djoko et il déchire ses t-shirt sur les courts australiens. Foutus héritiers.

Six titres dont trois Masters 1000 et un Grand Chelem : il n’avait plus fait aussi bien depuis 2007. Federer serait probablement considéré comme le plus grand sportif de l’histoire, capable de retrouver son meilleur niveau une fois la limite d’âge passée, s’il y avait eu un seul grand match la saison dernière. Mais 2012 a été ainsi : le niveau a baissé, et Murray s’est bien gavé avec la bagatelle d’un titre du Grand Chelem.

Mais tout cela n’entame pas l’incroyable pouvoir de Federer sur le tennis mondial. Il avait déjà tout : une collection de Grand Chelem, une collection de Rolex, une collection de pognon, une collection de couilles de Murray, et aussi Mirka dans les tribunes, les adorables jumelles, la présidence du syndicat des joueurs et cette pilosité sur les avant-bras mais pas sur les biceps qui le placent d’office au-dessus du lot. Il lui manquait encore l’opportunisme du champion, qui jouit de toute sa puissance. Il est fini et ne tient plus physiquement en cinq sets contre les meilleurs ? Il n’a plus qu’à prier pour que Wimbledon se joue sans Nadal. Pourvu qu’il n’ait rien à voir avec la mort du papy du numéro 1 mondial, en deuil aussi de sa concentration et de son niveau. Il ne resterait alors que Murray qui a très envie d’attendre les JO pour gagner à Londres.

Bâle neuve

L’impensable se produit, aussi majestueuse qu’une terre battue bleue à Madrid qui n’a rien à voir avec de la terre battue. Un Masters 1000 n’est jamais de refus, et tant pis si sur la rouge Roger ne gagnera rien parce que quand on est fini, on est quand même fini. Sinon pourquoi perdre contre Berdych en quarts à l’US Open ? Peut-être pour affirmer de ses que tout dépend de lui. « Bien sûr, Tomas a bien joué mais je trouve aussi que je l’ai aidé à se sentir à l’aise. » Aujourd’hui, il a digéré et collera très bientôt une branlée à n’importe quel Tchèque qui passera par là. « J’espère continuer à jouer pendant plusieurs années, parce que j’aime ça, j’aime la pression que procure le fait de jouer contre une nouvelle génération qui arrive et qui progresse rapidement. » Humilité et humiliations ont la même racine latine ?

Pendant ce temps-là, Murray mène 10-9 dans leurs confrontations, Nadal 18-10 mais Djokovic lui doit encore le respect (16-13). Alors comment lui a-t-il repris la place de numéro 1 ? Peut être en faisant trois finales de Grand Chelem et une demie, après avoir sauvé des balles de match et autres conneries visant à humilier un maximum d’adversaires. Le salaud, il se prend pour qui ?

Bilan 2011, Andy Murray : Scotland hard

A force d’être un futur vainqueur de Grand Chelem de 20 ans, on devient un loser de 24 ans.

Déclarer forfait et prendre des vacances, il n’était pas obligé d’attendre novembre pour y penser. Il aurait aussi pu attendre décembre, il y a les finales de Coupe Davis et des interclubs. Mais Andy est comme les grands enfants : quand il ne veut plus, il ne veut plus. D’ailleurs il ne voulait plus gagner de demi-finale de Grand Chelem contre Nadal depuis l’US Open 2008. Ce n’est arrivé que trois fois cette saison, mais il est vrai que Nadal a fait la saison de sa vie. Et que serait une saison de numéro 4 mondial sans finale de Grand Chelem ? Comme d’habitude c’était en Australie, il faisait noir, il y avait plein de gens autour de lui pour le pointer du doigt en riant au moment où un vieux monsieur l’obligeait à porter une toute petite coupe de puceau. A chaque fois ça marche, maman a honte de son fils ecossais. Il pourrait promettre qu’il gagnera le Queen’s pour se faire pardonner, mais ça ne changerait rien.

Habillé en Asie

Andy a pourtant tout bien fait quand il le pouvait mais chaque année c’est la même chose : il devient invincible soit en mars-avril, la mauvaise saison aux Etats-Unis, soit en septembre et en octobre en Asie. Ainsi Bangkok, Tokyo et Shanghai se sont trouvés un nouveau maître. Bangkok en cherchait un depuis Federer en 2005. Tokyo n’a vu triompher le Suisse et Nadal qu’une seule fois. Et Shanghai est bien le Masters 1000 que tout le monde s’arrache puisqu’avant le doublé de Murray, c’est Davydenko qui avait gagné en 2009.

Qui se souviendra que Murray a quand même battu Nadal en finale en lui collant un 6-0 ? Désolé, personne ne regarde les 500 Series, même pas Ivan Lendl, il n’a pas Orange sport.

Coupe Davis, saison 13 : Saga à friquer

La treizième saison du Guy show est déjà terminée.  La production aura-t-elle les moyens d’en supporter une quatorzième ?

èsanto

Treize ans après ses débuts, 10 ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation.

Parce qu’il ne sait plus gagner

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour, le fameux chef-d’oeuvre de la dernière finale et désormais Guy offre aussi ses légendaires coups de poker aux demi-finales.  Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » En 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. » Avant d’ajouter en décembre de la même année  « Ça va le faire » pour conclure quelques jours plus tard par « Je pense que cette défaite aura plein d’effets bénéfiques« . Mais ce n’était pas eux qui jouaient vraiment : »Nous avons sous-estimé le travail sournois de certains spectateurs ». Dont acte. Heureusement, en 2011 on se dit que « cette équipe peut devenir énorme. » Pourquoi pas après tout.

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
En 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même »,  mais « il n’est pas imbattable. »  C’est vrai contre Llodra mais c’était Monfils et Simon sur le court. Il n’a même pas pu s’en prendre à Paulo. Heureusement en 2011, Paulo est à l’abri, du coup « on peut bousculer les Espagnols ». C’est vrai avec Tsonga, mais c’était Simon et Gasquet sur le court.

Parce que la psychologie, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a jamais vraiment joué qu’un seul, 6 ans auparavant. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. En 2010, le capitaine avait Llodra en pleine bourre. Autant relancer Simon. Heureusement en 2011, Tsonga fait la saison de sa vie. Ca tombe bien, ce sont les Espagnols en face. Jo jouera donc le double. Habile.

Parce que, joueur, il ne gagnait déjà pas

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher treize ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

US Open : Fous d’Irene

Ils avaient tellement hâte de bien se préparer pour le tournoi de Metz.

Il fallait avoir le nez creux et l’œil particulièrement acéré pour ressortir du placard la théorie des quatre Mousquetaires. Quatre Français dans les treize premiers mondiaux, du jamais vu, la deuxième semaine est quasiment offerte aux quatre. Si Gilles Simon attend quelques jours pour abandonner à cause de son torticolis bi-hebdomadaire, ils seront bien deux. Peut-être trois, on n’est jamais à l’abri d’un retour en forme de Benneteau.

Perdre contre un numéro un mondial n’a rien de déshonorant, même quand il ne l’a été qu’en 2003 et qu’il est actuellement 105e. Juan Carlos Ferrero a toujours son coup droit dévastateur, il suffit juste qu’il prenne bien appui sur ses jambes de bois pour déclencher la foudre. Les 81 fautes directes de la Monf ont fait le reste, ça valait le coup d’applaudir le vainqueur à la fin. Le fair-play à la française.

Richard IV

« Je savais ce qui m’attendait au service, mais il m’a surpris du fond du court. » Richard Gasquet, lui, n’en est plus à un exploit près. Il devient le premier joueur à encaisser un 6-2 de Karlovic. Impressionné, Gasquet : « Il joue bien mais il ne gagnera pas le tournoi non plus. » Et non. Quand on lui parle de frustration, il retrouve sa cohérence. « T’as envie de tout péter, mais ça va. »

Bien sûr que ça va, il a connu tellement pire qu’il se régale et en plus il a appris un mot : « J’ai fait deux premiers sets ignobles. Karlovic est assez ignoble à jouer. » Un ignoble qui collectionne les top 20 en 2011 : Ferrer à Indian Wells, Ferrer à Indian Wells et surtout Ferrer à Indian Wells. Pour Ritchie, voilà une vraie chance de titre qui s’envole. Dans les Masters 1000 de la tournée américaine, le mousquetaire talentueux a toujours fait deux bons premiers tours et perd contre un top 20 au 3e. L’ambition en prend un sacré coup.

Pendant ce temps-là, Llodra a marqué six jeux contre Anderson. L’Espagne aimerait jouer la demi-finale de Coupe Davis à New York.

L’Edito : Patrice domine Guez

Le public de la porte d’Auteuil s’est-il vraiment plus régalé en croisant Michaël Youn bituré sur la route de la porte d’Auteuil ?

C’est une nouvelle fois l’écrasante domination du spécialiste tennis du Vestiaire qu’a consacré Roland-Garros. Le seul a avoir dit que Federer était toujours au top il y a deux ans et demi, le seul a avoir affirmé qu’il était fini dès l’année dernière et à ne pas avoir eu de doute sur l’issue de la finale. Un miracle n’arrivant qu’une fois, Djokovic se l’est offert. Federer ne sait plus jouer les moments décisifs, c’est ce qui le plaçait au-dessus des autres. Cette fois, Nadal a souffert et Federer a conclu le match sur un coup droit. Le hawk eye est formel, la balle a bien rebondi avant les bâches.

Mais Roland-Garros a aussi eu de bons moments. Golovin qui attend quinze jours pour dire quelque chose de censé, c’est le signe que Luyat attendait : « Federer, c’est un ego. » C’est pour ça qu’elle le voyait battre Nadal, il y a censé et censé. Le Suisse a raté sa finale, Luyat aussi : la veste cintrée de pianiste était une faute directe, même si en son temps Loth avait parfois honoré ces dames d’une queue de pie bien taillée. Le peignoir jaune d’Escudé, en revanche, ça ne va pas avec tout. Plus tôt le matin, Hanouna avait Pitkowski, c’était plus drôle, même avec Farcy et Duléry, mais c’était sur France 4.

Carré d’Haas

Puisque les fautes directes ont duré jusqu’au bout cette année, autant les citer toutes : les baskets roses de Le Foll à la matinale d’Itélé sont une chose, s’en servir pour annoncer que Stéphane Robert crée la sensation avec ses crema bisous en est une autre. A 31 ans, Robert s’est offert des points à défendre à Roland quand il en aura 32, tout arrive. Lauclair se souviendra-t-il de lui avoir déjà parlé ?

C’est tout le problème des Grand Chelem, les stars côtoient les autres. Brabo, qui n’est ni l’un ni l’autre, fit ainsi l’hagiographie de Veic en dévoilant que le Yougo n’a jamais vu un Espagnol de sa vie. Que Nadal à l’échauffement c’est comme la première fois qu’il est allé au cirque sauf qu’en Serbie il n’y a pas de cirque. C’est typiquement le Yougo qui se chie dessus face à un grand joueur. Il veut bien faire, mais il sait rien faire. Ainsi résumée, l’histoire d’un break volé à Nadal n’en est que plus belle. Dominguez s’en amuserait bien s’il n’avait pas mieux à faire : « Elle a un superbe gabarit la Russe. » Avec un tel panel de spécialistes, le cinéma de Fognini pour éliminer Montanes ne pouvait qu’attirer les moqueries de France Télé au sujet d’une prétendue déchirure musculaire. Le lendemain, il déclara forfait.

Pendant ce temps-là, Chamou marque son territoire. Pas en disant « il avait breaké , il s’est fait debreaker », mais en offrant les DVD des cinq finales à Nadal. A l’antenne bien sûr.

Federer : Roger de l’intérieur

 

Jacques Derrida, le père de la déconstruction, a un fils. Il est Suisse et perd désormais contre les Autrichiens.

C’est l’histoire d’un joueur qui, après avoir su tout faire, apprend patiemment à tout rater. Comprendre un soir de juin à Paris qu’un quart de finale perdu contre Soderling veut tout dire et que l’âge ne veut rien dire est un art difficile : à 29 ans, Federer est en pleine forme physique.

Il fallait d’abord réapprendre à perdre en quart de finale de Grand Chelem. L’adversaire ne pouvait être qu’un joueur qui ne l’avait jamais battu, pourquoi pas un Suédois. Expédiée en quatre sets, l’affaire augurait de lendemains qui chantent. Un autre quart perdu sur herbe contre un Tchèque par exemple.

Mamie Novak

Mais pour bien planter sa fin de carrière, répéter que le déclin c’est des conneries ne peut suffire. Il faut rapidement arrêter de gagner des tournois. Bien préparer 2011, c’est aussi simple qu’une demi-finale d’US Open perdue contre Djokovic après avoir raté deux balles de match. Gagner Doha n’est pas déconseillé : c’est en janvier, personne ne le joue et Santoro l’a gagné. Il ne fallait pourtant plus traîner. En Australie, Djokovic le balaie en trois sets en demi-finale et déjà les cinq doubles fautes du Serbe ne changent plus rien. Le travail de sape pour perdre sa qualité de retour apporte ses premiers fruits : dès Dubai, Federer ne prend qu’un break et six jeux à Djoko, qui ne s’emmerde pas plus d’1h12 avec Papy sur le court.

Fatigué de gagner, il lui laissera un set à Indian Wells, ce qui ne change finalement pas grand-chose au 6-3, 6-2 qui décide du match. C’est le moment de garder son sang-froid et Federer ne le fait pas : pour leurs retrouvailles à Miami, Nadal lui rappelle que réussir 4/5 aux balles de break, c’est mieux que 0/2. Et que 6-3, 6-2 c’est une branlée. La terre battue tombait à point nommé, comme ce lob trop court de Melzer que le nouveau Federer s’empressa de smasher dans le bas du filet, au tout début de son 0/7, toujours des balles de break. Au moins, quand Melzer a converti sa première balle de match, personne ne s’est étonné qu’une deuxième balle à 150km/h contraigne le maître à un revers chopé dans la bande.

Pendant ce temps-là, Forget trouve que Roger a toujours réponse à tout avec son talent. On peut dire pareil de Forget ?

6 Nations : Les brebis galloises

 

La France voyagera en Nouvelle-Zélande encore auréolée de son titre de vice-championne d’Europe 2011.

Tremblez moutons, brebis et agneaux ! Fuyez mécréants à barbe ! L’Ecosse, l’Irlande et le Pays de Galles ont vu chacun leur tour de quelle cuillère en bois cette équipe de France pouvait se chauffer contre les Celtes. Si Marc Lièvremont parlait Anglais sans accent sénégalais, il aurait même coiffé cette année la Triple Crown et la Calcutta Cup. Mais il parle Français avec un accent auvergnat et on a lui piqué la semaine dernière l’infâme Trophée Garibaldi.

Quelle belle réaction d’orgueil en tout cas que celle de ses hommes au Stade de France. Totale fierté ! Respect et pénitence. Il fallait les voir enchaîner les temps de jeu et courir partout comme des Springboks en chaleur. Le premier essai est d’ailleurs venu d’une erreur de défense galloise, au terme d’une superbe action conclue en puissance après zéro passe.

Notre envoyé spécial rue Saint-Denis en a vu une sur le deuxième, amené avec la même intelligence de jeu : coup pied de contré, récupération et accélération sur trois mètres. Pourquoi faire compliqué quand James Hook a décidé de montrer à Warren Gatland qu’il pouvait aussi bien jouer au centre que sur le banc perpignanais ?
 
Nallet pas par là

Parlons-en, justement, du banc perpignanais et de tous ces méchants journalistes qui se demandaient comment on pouvait bien lancer un ballon en touche avec du scotch devant les yeux. Guilhem Guirado, après avoir beaucoup essayé ces dernières semaines, y est enfin parvenu samedi soir. Comme le symbole d’une équipe à qui personne n’a laissé le temps de se construire.

Rendez-vous compte, l’héritier de Bernard Laporte, qui n’est pas le fils de Rachida Dati, n’a eu que trois ans et demi, à peine, pour imaginer un plan de jeu et écrire son petit livre bleu. Il a dû renvoyer chez eux tous ceux qui ne savaient pas lire et on ne risque plus de les voir avant un sacré bout de temps à Marcoussis. Enfin, on ne sait jamais. Peut-être que si… Il ne faut pas parler trop vite, après tout. Mais quand même, l’Italie… A quoi bon ? Le rétropédalage dans la semoule est un art depuis longtemps partagé à la table des Lièvremont.

Pendant ce temps-là, Lee Burne nous a rappelé pourquoi aucune franchise galloise ne jouera un quart de finale de H-Cup cette année. Ca n’empêchera pas Peyo Greenslip d’aller voir la finale à Cardiff.

Angleterre-France : Le quinze de l’arrose

Un seul des deux sélectionneurs a déjà été champion du monde. Mais lequel ?

Toute la Nouvelle-Zélande tremble déjà et la Ceinture du feu du Pacifique n’y est cette fois pour rien. Même si sa belle série de deux matches sans défaite a pris fin, samedi soir, dans le jardin anglais, la France a envoyé un message on ne peut plus Clerc à son futur adversaire du Mondial : elle peut rivaliser avec n’importe qui pendant 40 minutes. Ferme et tenace, la bande à Lièvremont prend du volume : pathétique contre l’Australie, en novembre ; ridicule contre l’Ecosse, pour l’ouverture du Tournoi ; à la rue, il y a deux semaines, en Irlande ; elle a cette fois sorti son « match le plus abouti » depuis des mois. Et dire que Médard n’était pas là.

Au Trinh où vont les choses, c’est simple, il faudrait un séisme pour que cette équipe-là n’aille pas jusqu’au bout en Nouvelle-Zélande, sur Stewart Island. Les motifs de satisfaction sont nombreux après ce France-Angleterre. D’abors, les Bleus n’ont pas attendu, cette fois, d’avoir pris trois pions pour se mettre à défendre. Ils ont su sans jouer sans Parra, sans Poitrenaud et sans ailier droit et Marc Lièvremont a vu à la vidéo « des choses intéressantes dans l’animation offensive ». Il n’a pas précisé, par contre, s’il pensait aux zéros franchissements ou aux zéros essais.

La clé sous le Palisson

Notre ancien chroniqueur Peyo Greenslip, depuis sa lune de miel à Rome, nous a aussi confié par sexto avoir vu des choses moins intéressantes, comme ces Français revenus des vestiaires avec les mêmes intentions qu’en début de match contre l’Irlande. Si Wayne Barnes avait été là, les champions d’Europe en titre n’auraient pas regretté aussi longtemps leur seule occasion d’essai, sur un jeu au pied. Mais Wayne Barnes n’était pas là, Chris Ashton a fait son saut de l’ange dans le vide et on va nous faire croire qu’il n’y aucune raison de s’inquiéter à six mois de la Coupe du monde.

Incapable, en trois ans, de pondre un plan de jeu cohérent, Marc Lièvremont masque son impuissance derrière une irascibilité nouvelle en conférence de presse. Ca nous rappelle curieusement quelqu’un. Ses joueurs ont donné à Twickenham l’image d’un groupe en autogestion à qui seul l’orgueil a permis de sauver les apparences en première mi-temps. A part ça, Chabal ne fait plus peur qu’à la femme de ménage du musée Grévin ; Huget, comme tous ceux qui le regardent jouer, ne sait pas vraiment ce qu’il fait là ; Palisson non plus ; les rhumatismes de Jauzion ne supporteront pas 25 h d’avion jusqu’à Auckland et Guirado n’a toujours pas compris pourquoi Crunch sponsorisait le match sans offrir une seule tablette.

Du coq au vain (1/5) : Le Maso schisme

Octobre 2007. En tuant le jeu à la française (?), en s’appuyant sur une seule et même génération, un ancien demi de mêlée béglais laisse un champ de ruines et Jo Maso. Il aurait juste laissé le champ de ruines on n’en serait peut-être pas là. La suite, c’est un encadrement de juniors qui va faire n’importe quoi avec ce qu’il peut.

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Juin 2010, près de trois ans après sa prise de fonction, Marc Lièvremont est dévasté. Son équipe est nulle, il ne sait pas quoi faire avec et Jo Maso est toujours là. Trinh-Duc aussi. Novembre 2010, Marc Lièvremont est encore dévasté, son équipe est toujours nulle, il ne sait pas quoi faire avec et Jo Maso est là, bien-sûr. Janvier 2010, Marc Lièvremont a quand même trouvé trente joueurs pour accompagner Jo Maso en Nouvelle-Zélande.

Revoici le premier épisode de l’incroyable saga d’un sélectionneur plus modeste que les autres, un petit peu trop peut-être.

En prenant la tête de l’équipe de France, Marc Lièvremont avait annoncé la couleur : tout changer. Sans même faire d’inventaire, il avait donc pris le parti de lancer des Trinh-Duc, Parra et autre Picamoles, au total la moitié des effectifs du Top 14 y étaient passés. Expérience probante : une troisième place aux Six Nations que même Laporte n’osait occuper. Aligner n’importe qui, c’était pas vraiment nouveau. Perdre non plus finalement, mais à la différence de son prédécesseur, il y mettait la manière. Envoyer du jeu, devenir les All Blacks d’Europe, l’ambition était là. Pas les moyens. Lièvremont découvre que la France possède autant de grands joueurs en devenir que de coups de pied de recentrage réussis par Fred Michalak. Il renonce alors aux blagues et commence à remettre les bons, qui ne savaient plus vraiment à quoi ressemblait un ballon ovale. Il est ovale, le résultat est le même.

Les Wallabies passent, le coq trépasse. Puis l’Argentine. Face aux Pumas, le sélectionneur fait montre d’une remarquable confiance en lui. L’ombre de Maso aidant peut-être, il fait composer son XV de départ par Laporte : des vieux et une première ligne éternellement novice au haut-niveau. Gonzo se sent moins seul. Une première année qui n’aura servi à rien et un jeu redevenu obsolète. Le fantôme de l’Argentine est battu par Skrela. L’Australie respire, elle n’a pas écrasé une équipe de nuls. Marc Lièvremont a de belles épaules, mais pas celles d’un sélectionneur. Celle d’un entraîneur ? Camou, Retières, N’Tamack et Maso. La compétence sait se faire discrète. A l’époque, la presse parle de regrets, d’indiscipline, de manque de réalisme. Lièvremont, lui, ne doute pas.

Marc est sophiste

Une volée dans le Tournoi, une rébellion contre le jeu ultra-défensif de papa, pour un semblant de retour au jeu offensif de papy. 215 joueurs aussi tendres les uns que les autres et finalement Chabal. Lièvremont ne sait pas quoi faire. Sur le terrain, on ne lui avait jamais demandé de schémas tactiques. La Fédérale 3 est un monde magique.

2009, c’est la rentrée des classes, Marco invite N’Tamack et un nouveau chez lui. Il nous promet plus de rigueur et une victoire contre l’Irlande. Avec six  joueurs valides de 50 ans (Harinordoquy, Jauzion, Poitrenaud, Heymans, Chabal, Nallet), il faut savoir rester modeste. Héritage d’une époque ou l’on battait les Anglais au Tournoi, mais pas en Coupe du monde. Aujourd’hui, ça ne suffit plus. On veut battre tout le monde en jouant comme les Blacks, mais chez les Blacks, il y a les Blacks. Lièvremont n’a que des Bleus sous la main. Tout le monde rêve des Maoris, il ne suffit pas de vouloir faire pareil pour y parvenir.

Il ne suffit pas de vouloir faire pareil, pour savoir faire pareil. Indiscipline et inefficacité, ça veut dire pas le niveau. O’Driscoll à lui tout seul est supérieur à toute la sélection tricolore, une seule action lui a suffi pour le rappeler.

Lièvrement ignore comment apprendre à défendre, il ignore même qu’il faut défendre. Pas un fondamental n’est respecté, Albaladejo se retourne alors dans sa tombe.

Finale de la Coupe Davis : Saga à friquer

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris.

santo

Douze ans après ses débuts, neuf ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation à trois jours de Yannick Noah.

Parce qu’il n’a plus de résultats depuis huit ans

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour. Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » Heureusement, en 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. »

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
Heureusement en 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même », mais cette fois ça sera pas grâce à Paulo.

Parce que le psychologique, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a vraiment joué qu’un seul. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. Heureusement, en 2010, le capitaine a Llodra. Non ?

Parce que, joueur, il était déjà un loser

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher douze ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

O’Connor, c’était les corons

Chabal le sait bien : comme au poker, les grands champions ne dévoilent rien de leur jeu. L’effet de surprise n’en sera que plus grand, à l’automne 2011, contre le Japon.

Les Fidji et l’Argentine n’avaient été qu’une gentille mise en bouche. Un amuse-gueule. Il n’y avait alors que ces pédophiles de la presse sportive satirique en ligne pour railler la méthode Lièvremont et le manque d’ambitions de son équipe. Mais on le savait bien : le XV de France, à part en touche, se met toujours à la hauteur de son adversaire et nos tauliers bleus avaient gardé sous la semelle plus que le gazon abîmé de la Beaujoire.

Promis juré, les Australiens et leur mêlée de tarlouzes allaient remonter dans leur Airbus Qantas le slip kangourou détrempé par quatre-vingt minutes en enfer. On allait voir ce qu’on allait voir : quinze mecs en jaune piétinés comme des Aborigènes, étouffés par les placages hauts et abasourdis par la rumeur fracassante de tous les costume-cravate du Stade de France. Avec un peu de chance, on verrait aussi du jeu et des essais, mais il ne faut jamais vendre la peau du koala avant de l’avoir plaqué.

Au Bonnaire d’édam

Ces salauds de sudistes ont pourtant gâché la belle année du rugby tricolore et son Grand Chelem triomphal. Mais avait-on déjà vu manœuvre plus fourbe ? Les Français s’attendaient à jouer les derniers vainqueurs de la Nouvelle-Zélande. Ils ont vu débarquer l’amicale des gendarmes du sud-ouest. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? Ajoutez à cela un froid polaire auquel les moustachus sont évidemment beaucoup mieux préparés et vous comprendrez pourquoi Le Vestiaire, après avoir émis quelques doutes depuis trois ans, refuse aujourd’hui de tirer sur le corbillard.

Il préfère retenir les coups de pieds variés de Morgan Parra au-dessus des regroupements : une fois en touche, l’autre à cinquante mètres. Les Wallabies n’ont pas su comment s’y prendre pendant trois minutes. Et quand bien même ils marquaient leur premier essai sans avoir à se soucier de passer par les ailes, nos Bleus, héroïques, répondaient de la plus belle des manières : personne dans cette équipe si soudée n’avait envie de se mettre en avant, alors, la mêlée s’est chargée de gratter cinq points sans même entrer dans l’embut. Ca évite les fautes de main.

L’USAP le moral

Et puis, la belle mécanique tricolore s’est enrayée après la pause et la cabane est tombée sur Médard. On a alors compris pourquoi l’USAP et sa première ligne destructrice pointaient à la dixième place du Top 14. Guirado aurait par contre peut-être dû ne pas mettre son strapping devant les yeux avant de remplacer Servat. Il aurait sans doute pu lancer un peu plus droit et apprécier le récital offensif du triangle d’or Huguet-Palisson-Porical, dont les automatismes étaient parfaitement huilés après zéro match ensemble et deux jours de boulot dans la salle télé de Marcoussis. Vincent Clerc et Clément Poitrenaud ont aussi apprécié leur sens du placement défensif sous le jeu au pied australien.

Mais était-ce bien là l’essentiel ? Lièvremont, le cœur grand, a pu faire plaisir à tous ses joueurs. Même Ouedragogo, puni devant ses parents à Montpellier, a eu cette fois l’occasion de passer à la télé sur une chaîne même pas câblée. Encore eut-il fallu qu’il porte un ballon. On a beaucoup vu Traille, en revanche, et le score s’en est ressenti. La Trinh-Duc-dépendance est de plus en plus criante en équipe de France, qui finit quand même ses tests d’automne sur un bilan positif : deux victoires, une seule défaite. Ca sent encore le Grand Chelem.

Pendant ce temps-là, les All Blacks enchaînent les contre-performances : comment ont-ils pu ne même pas enfiler quarante pions à une équipe qui a fait match nul contre Fidji ?

(Photo Le Vestiaire)

US Open, Gasquet : Flushing mes doses

« Mon seul souci, dans le match contre Gaël, est de bien jouer et de me faire plaisir. » Huitième de finale, c’est déjà pas mal.

Battre Davydenko peut parfois provoquer plus de dégâts que prévu. Un top ten, si tôt, si vite, Richard n’avait pas anticipé, il n’était pas prêt. Il devait juste battre Greul et s’en aller, avec le plaisir d’avoir progressé d’un tour à l’US Open cette année. Que Davydenko ne passe plus un tour depuis six mois n’était qu’un détail. Richard a grandi plus vite que prévu, le rendez-vous chez le pédiatre est pris, il ira en voiture. Le lendemain de ses cinq ans, papa avait insisté pour qu’il y aille en courant : « Huit kilomètres, ça ne peut que te faire du bien toi qui veut être un champion. » C’est comme les putes à Miami quelques années plus tard, ça endurcit.

Des coups gagnants, moins de fautes, des points importants bien gérés, Richard confirme, enfin peut-être, à vrai dire le docteur de la tête utilise souvent des mots compliqués : « C’est très dur. On me l’a souvent dit que j’allais être plus fort dans la tête. Cela m’a filé un gros coup et cela ne m’a pas fait tant de bien que ça. C’est dur de trouver du positif avec ça. Mais je suis fort dans la tête de rejouer tout simplement. » Le passé est le passé. Richard regarde vers l’avenir :« J’étais 90e à un moment, c’était difficile ». Aujourd’hui, le nouveau Ritchie pense uniquement à prendre du plaisir. Et à retrouver l’atmosphère des grands matches, d’ailleurs un 8e contre Monfils c’était parfait, « je n’ai aucune pression particulière ». Il faudra quand même apprendre à la gérer quand il passera sur le curcuit pro. « Le tennis est quelque chose d’important mais les amis priment aussi. » No zob in job Richard.

US open bar

L’US Open aura donc duré jusqu’en huitième contre Monfils, avec les fautes habituelles du duel entre Français qui ne changent rien : Gasquet a retrouvé son niveau. Du coup Markus a sauté. C’est ça de réaliser la meilleure saison de sa carrière depuis 5 ans, on fait le grand ménage. La prochaine fois, Verdasco se gardera de prendre une taule en finale de Nice, et Youznhy, Berdych, Murray et Monfils de le battre en Grand Chelem. Battre des bons, perdre contre des bons, c’est à vous dégoûter d’avoir un entraîneur compétent : « Je peux faire un peu mieux en attaque sur la qualité de mes frappes, mon service peut également être meilleur, plus de premières balles, des erreurs sur les premiers points à gommer, et je dois aussi mieux volleyer. Ce sont toutes ces erreurs bêtes qu’il faut effacer. C’est un peu de concentration. » Avec tout ça, s’il ne revient pas dans le top 20, c’est à devenir débile profond. « J’ai connu pire qu’une défaite en 8e de finale ici donc je relativise, mais cela reste une déception. » Résilience et cohérence font toujours bon ménage, aussi « je repars d’ici avec pas mal de confiance pour la suite, je retourne vers la 30e place mondiale, je suis assez content ». Deblicker aussi, comme quoi il y a pas que les kinés qui manipulent.

Pendant ce temps-là, le nouveau Gianni Mina a tenté la tactique dite du 15/4 en quarts de Grand Chelem. Mais Djokovic ne s’est pas laissé surprendre.

Wimbledon, Mahut : Dancing Queen’s

c-fou

Il rêvait d’être Stefan Edberg, il a hérité du faciès de Kevin Bacon. Rien de tel pour briller à Londres et nulle part ailleurs.

Il y a connu ses plus belles heures, pas plus d’une trentaine, en cumulé, quand même, parce que tout avait commencé par Todd Reid en 2003 et Antony Dupuis en 2004. Inconnu, sauf aux interclubs d’Angers TC et à Surbiton, Mahut sort de nulle part en 2007 pour battre Bjorkman, Ljubicic, Nadal, mais aussi Clément pour réussir le gros coup de son jeune début de carrière. Le gros coup inclus évidemment une balle de match en finale contre Roddick. Roddick qui, fair play, apparaîtra souriant sur les photos quelques minutes plus tard avec un gros trophée dans les mains.

Un record qu’Isner à rien

C’est le déclic : huitième de finale en 2008 et 2009, trois victoires en qualif’ avant de voir le Lu au premier tour en 2010. Mahut réussit même à se faire breaker deux fois par Karlovic. Le Queen’s est la terre de tous ses possibles. Il ne sera plus jamais le même. Enfin à Cherbourg, Johannesburg, Orléans, Wroclaw et Metz, on ne l’a pas trouvé tellement changé les années suivantes. Les blessures à l’épaule certainement. C’est le mal des serveurs-volleyeurs gazonnés : Gasquet, Tursunov et Vliegen n’avaient pas fait le rapprochement sur les courts annexes de Wimbledon en 2007, 2008 et 2009.

Cette année, il a changé de cible : quitte à ne pas aller au troisième tour, autant faire parler de soi avant. Au besoin, on peut entrer dans l’histoire avec trois balles de break en 11 heures de jeu. Entrer dans l’histoire, ça veut dire succéder à Clément, Santoro ou aux deux ?

Wimbledon, Federer : Un rien Falla cieux

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S’inscrire quand même à Wimbledon après leur fin de carrière, Sampras et Agassi n’avaient pas osé. Mais Roger est le plus grand.

C’était le 2 juin dernier, Le Vestiaire vous annonçait la retraite du plus grand joueur de tous les temps. Depuis, il ne s’est presque rien passé, à part une défaite sur herbe contre Hewitt. C’était en finale de Halle, le gentleman agreement oblige tous les ans les autres bons joueurs à s’inscrire au Queen’s et pourtant, Federer n’a reçu qu’une assiette et pas le trophée. Tout revient brutalement à la surface et le puzzle – qui n’est pas toujours le ménisque de Nadal – se recompose : Marcos Baghdatis qui lui serre la main en souriant à Indian Wells, l’inscription à Estoril, ne pas penser au revers slicé contre Soderling. Inévitablement, ce que tout le monde redoutait a fini par arriver : « Perdre en quarts à Paris ne m’a pas rendu fou, je l’ai digéré très vite. »

Plus rien ne Lleyton

Falla en a bien profité : servir pour le match contre le maître peut certainement s’encadrer au-dessus de la cheminée. Offrir le débreak coûte 6-0 au cinquième, ça reste Federer, ça reste Falla. Mal jouer en Grand Chelem, le grand Federer a toujours su faire. Ne pas courir au premier set, à la rigueur au début du deuxième, c’était marrant. Et si vraiment Wawrinka ou Clément étaient dans un mauvais jour, il pouvait maintenir son nombre de fautes directes par set juste en-dessous de celui de son adversaire, c’est-à-dire très haut.

Ce n’est plus le cas, Federer joue sans réfléchir. Andy Murray, incapable de murmurer un son dans un micro un soir de finale de Grand Chelem, ça ne l’émeut même plus. Les fautes de Monfils, le palmarès de Soderling, la volée haute de revers de Roddick, les secondes balles de Davydenko, les balles de set de Haas, les amortis de Tsonga : plus rien ne le fait rire. Federer a tout gagné, et même si Fabulous Fab conteste, il a tous les records. D’ailleurs, il ne compte plus les points. « Tout ce qui m’importe désormais, c’est de remporter Wimbledon encore une fois. C’est déjà un bel objectif, non ? Me battre ici, où je joue mon meilleur tennis, c’est très difficile : à moi de le prouver. »

Quand il parle de lui et quand il joue, Federer n’est plus lui-même. « Je pense que j’ai retrouvé mon jeu à Madrid, que j’ai bien joué à Paris et que j’ai fait de bons matches à Halle. » Et pour une fois sans rire : « Je savais que Falla était difficile à jouer. Il a vraiment fait un grand match. Moi, j’ai vraiment joué un grand cinquième set. »

Si Federer a arrêté le tennis, heureusement, il lui reste Andy Murray. Consultant sera une belle reconversion : « Peu importe ce qui s’est passé depuis Melbourne, je pense qu’Andy est un des principaux candidats au titre. Peut-être qu’il faut un peu ignorer ce qui est arrivé depuis l’Australie et juste se souvenir qu’Andy est très dur au mal dans les matches au meilleur des cinq manches. » Roddick avait gagné en quatre manches en 2009.

Roland-Garros : Haltères égo

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La presse suédoise qualifie Soderling de « petit garçon ». Est-elle trop gentille ?

Le petit Robin voulait être juste. Il avait donc décidé d’offrir Roland-Garros à Rafael Nadal, comme il l’avait fait à Federer l’année précédente. Il ne faut pas blamer le petit Robin, son caractère l’a toujours mis à l’écart des autres. C’est au fond un vrai gentil qui pallie son problème de communication par de la générosité pas toujours canalisée. C’est évidemment son inconscient qui parle, puisque lui n’a ressenti que de la peur, sans toutefois mouiller son short, une fois n’est pas coutume.

Car si Nadal remet tout, même quand l’adversaire est mauvais, curieusement sur les services suédois de début de rencontre, l’Espagnol n’a pas vu la balle. Curieusement les échanges ont parfois duré deux coups en faveur du nord de l’Europe. Curieusement, Soderling a eu des balles de break. Mais il faut respecter le règlement de l’école, même s’il est mal fait : il est défendu d’achever Nadal, comme il est défendu d’achever un Federer sur le point de remporter le seul tournoi qui lui manque.

CyBorg

Etre au top le jour J n’est sans doute pas donné à tout le monde, ça doit être ça la différence entre un nul et un bon, entre un numéro un et un Top 5. Car le nouveau Nadal, celui qui a moins de puissance que les autres, n’a plus qu’une chose pour lui, officiellement en tout cas : son mental. Il était moins fort qu’Almagro, aussi fort que Belluci, même scandaleusement dépassé par Mina par moment. 2010 était une bonne année, il a aussi pu jouer un autre premier tour le vendredi et le dimanche de la deuxième semaine. Sauf que ce qu’il fait de bien, il le fait tout le temps et se bat sur chaque balle. Il compense. Soderling n’a pas laissé le choix à Federer, il l’a laissé à Nadal.

Soderling a perdu tout seul, avec son gros intestin en bouillie. Sur les échanges longs, quasiment tous gagnés par Nadal, c’est presque à chaque fois une faute directe, entre un revers de 15/4 ou le coup droit de Christophe Legoût. Quarante cinq fautes directes suédoises sur les cent points marqués par l’intouchable majorquin, pour être précis il ne lui a donné que la moitié du match. Pour le reste, quelques montées au filet courtes et bien senties ont fait l’affaire, Nadal n’a pas passé sa carrière à faire toujours le même passing croisé de revers. Monfort a d’ailleurs trouvé Toni Nadal très dispo, très sympa et très détendu. Soderling n’avait plus de service, plus de courage, plus de force, plus de mental, rien. Gasquet aurait pu remporter Roland-Garros.

Nadal n’a plus que son courage, son niveau de base, et un morceau de chaque genou. C’est largement suffisant pour dominer le tennis actuel.

Roland-Garros : Roger par la modestie

c-fou

Federer ne battra pas Nadal à Roland-Garros. C’est la fin de deux brillantes carrières.

Les records de Federer sont ainsi faits qu’ils ne seront plus battus. Demi-finales de Grand Chelem consécutives, présences en Grand Chelem consécutives, genoux valides en Grand Chelem consécutifs, humiliations de Murray consécutives, Federer a tout, y compris son titre à Roland. Il ne lui manquait plus que le vrai titre à Roland, celui où il bat Nadal en finale. Mais il n’arrivera pas car les genoux sont ainsi faits qu’ils ne repoussent pas, même ceux fabriqués à Majorque.

Ça vaut aussi pour les poignets, Del Potro s’en rendra vite compte, mais pour l’heure, c’est Davydenko qui regrette d’avoir échangé son cartilage contre un bon service. Haas, lui, se sent tout con d’avoir mis son épaule en hypothèque l’an dernier pour échouer à deux points du match, car depuis on lui a aussi volé sa hanche. Curieusement, Federer n’est lui pas atteint par la limite d’âge physique, contrairement à ses gentils adversaires et c’est tout ce qui lui importe. Ça veut dire quoi être le plus grand ?

Roger rabote

Battre Soderling à Roland, il l’avait déjà fait et puis battre Soderling tout court, c’est devenu trop classique. Jouer au tennis avant les demi-finales aussi. Falla a manqué de lui prendre un set, Wawrinka aussi, comment voulez-vous être motivé pendant dix ans pour ce genre de choses à force d’affronter des joueurs français ?

Au moins, il sait rendre hommage au vainqueur et au vaincu :  « C’était un quart de finale dans un Grand Chelem, cela arrive. Ce n’était peut-être pas arrivé pendant cinq ans (ndlr : six ans). Aujourd’hui, je peux gagner les quatre sets, mais je peux aussi perdre les trois sets. » Humilité du vaincu, grande classe qui salue une foule en délire pendant que le vainqueur sort en silence sans que Monfort ne le reconnaisse.

Roger n’oublie pas de souhaiter bonne chance à son bourreau et aux trois autres demi-finalistes : « C’est incroyable de rester au plus haut niveau, de jouer demi-finale après demi-finale et d’avoir une chance de gagner un Grand Chelem. J’en ai même remporté pas mal. » Du haut de son huitième de finale, Andy Murray se sent grandi par l’hommage du maître qui ne cesse de lui donner des cours : « Pour moi, c’est un de mes plus beaux records et cela devrait être dans les livres d’histoire. » Des cours d’Histoire.

Le tennis étant inscrit aux JO de Londres, on reverra peut-être Federer sur quelques courts ces prochains mois. Nadal, c’est moins sûr.

Gasquet, le dernier chant du coke : Markus, Rochus, Pocus

c-fou

« Aujourd’hui, je ressens toujours le besoin de me reconstruire. » Plus un mot sur l’affaire, ou presque. Le Richard nouveau est arrivé.

Ça y est, c’est l’heure de Roland-Garros. Depuis un mois, Richard bouffe de la terre battue. Une façon de parler que Papa accompagnait parfois du geste. Parfois, il lui servait aussi un verre d’eau avec : « L’argile, ça peut pas te faire de mal ! »  Le voir battre Federer à 19 ans en mâchant du chewing gum à côté de Deblicker était à ce prix.

Mai 2010. A 16 ans désormais, Richard sait que tout se complique, sexuellement aussi bien-sûr, mais sa carrière débute vraiment maintenant. La Villa Primrose et Verdasco n’étaient qu’une passade, les cinq 6-1 collés à Rochus cette saison aussi. « Contrairement à la plupart des joueurs, je n’ai pas d’ego. Peut-être que c’est une faiblesse. Mais je n’oublie pas qu’il y a pile un an, pour moi c’était la mort complète. » Une façon de ne plus ressasser le passé sans doute. Mais les enfants exagèrent souvent, ou alors la vodka pute de Miami était rudement chargée.

Starace anémie

Aujourd’hui, ce sont les grands tournois qui attendent Richard et il est prêt. « Je veux faire quelque-chose de beau à Roland-Garros. Je suis simplement très heureux d’y retourner. Par contre, je n’espère absolument pas y prouver quelque chose. Je vais me régaler. » Le plaisir, tout sauf un sentiment naturel, Richie a enfin cessé d’écouter ses conseillers en communication. Désormais, il parle librement, comme un grand, sans balancer des banalités vides de sens : « Je le répète, ce qu’il me faut maintenant c’est accumuler les rencontres et les répéter à ce niveau. Et par expérience, je sais que chacun a sa vérité. Le tennis c’est un combat, il faut donner 100% de soi-même. » Prendre du recul et lire le club des cinq, ça change un homme.

La vodka commis d’office

Les sensations du haut niveau reviennent petit à petit. « Je serai à Roland avec une bonne pression. Contre Murray, ce n’est que du plaisir, je n’ai pas de pression. » Comme pour encourager un repenti, le tirage au sort de Roland a donc été clément. Plus facile même, puisque c’est contre un inconnu qui n’a pas battu un Top 30 depuis février que Gasquet débutera. Des informations contradictoires circulent à son sujet : il jouerait au tennis avec la nationalité écossaise. Il aurait aussi été quart de finaliste à Roland en 2009 mais Eysseric lui aurait pris deux manches en 2008. Ca sent le match déclic, mais pour lequel ?

Pendant ce temps-là, Thierry Champion mettrait une pièce sur Gasquet. « Il joue du très bon tennis actuellement. »

L’Hommage du Vestiaire : Munster & Cie

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La finale du Top 14 se jouera cette année au Stade de France sur deux matches aller-retour.

Il faut parfois se rendre à l’évidence. Accepter l’indiscutable. Dans la foulée de son Grand Chelem triomphal, la France a envoyé ce week-end deux de ses fleurons sur le toit de l’Europe. N’en jetez plus, la H-Cup est pleine. Si la Coupe du monde se jouait cette année, Lièvremont découvrirait sûrement que Webb Ellis n’est pas qu’une marque de ballons.

Les clubs français ont écrasé le rugby européen avec les mêmes méthodes que la sélection nationale : une grosse mêlée, des avants conquérants et un pack surpuissant. Si la Nouvelle-Zélande a quinze arrières, nos Bleus, eux, ne jouent qu’avec les gros. Le sport, c’est comme la mode après tout, on revient toujours à ce qui se faisait dans les années 1960.

La quéquette Driscoll

Les All Forwards biarrots ont tellement dominé leur sujet dimanche qu’ils n’ont même pas eu besoin de marquer un essai pour passer en finale. A quoi bon tenter le diable quand on a avec soi le meilleur buteur géorgien de l’histoire ? Le meilleur buteur irlandais de l’histoire n’avait en face que ses 33 ans d’expérience, dont 33 au plus haut niveau, à lui opposer. Ca n’a pas suffi, quand bien même le staff du Munster s’offrait en fin de match le luxe de faire rentrer sa petite merveille, Peter Stringer, 32 ans et demi.

Rappeler que Wallace, Quinlan, O’Callaghan, Horan, Hayes, Flannery, Berne, Cullen, D’Arcy, Fogarty, Hines, Horgan, Jennings, O’Kelly, Wright et O’Driscoll ont tous connu l’âge d’or de Keith Wood serait faire un bien mauvais procès au rugby irlandais. Toulouse a aussi ses trentenaires. Dire que le Munster et le Leinster n’ont qu’une seule compétition à jouer n’explique pas non plus leur présence en demi-finale : c’était quand même plus facile, cette année, sans les clubs anglais. Perpignan en regretterait presque son impasse.

Pendant ce temps-là, Toulon, avec deux Français dans son XV de départ contre Connacht, récolte enfin les fruits de son travail de formation.

VI Nations : Chelem à mourir

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Intouchable contre la Géorgie saxonne, le XV de France a réalisé le premier Grand Chelem de l’Histoire du rugby à huit.

Un drop, trois pénalités et quarante minutes sans marquer : en Anglais, on appelle ça un « ugly win ». Allez savoir pourquoi, ces grands connaisseurs du Midol ont entendu eux « la 9e symphonie » dans la cuvette de Saint-Denis. La traduction est un métier. Le journalisme aussi, n’en déplaise à Delpérier.

Peut-on sérieusement se contenter d’une victoire pareille ? Aucune ambition, pas plus de panache et un projet de jeu oublié sur le baby-foot de Marcoussis. Les Bleus en avaient samedi autant sous la ceinture que Tony Marsh après l’opération. Lièvremont fait en tout cas des miracles : on n’aurait jamais cru pouvoir un jour regretter les années Laporte.

Liévremont émerveille

Le Vestiaire se fatiguerait presque à répéter une fois encore ce qu’il avait déjà écrit ici ou . La mêlée est solide, il n’y a rien dire, mais a-t-on déjà vu des lignes arrières aussi peu inspirées ? Combien de ballons Morgan Parra, si autoritaire quand personne ne l’écoute, a-t-il tapé pour rien au-dessus de la mêlée ? Combien de pigeons Trinh-Duc a-t-il descendu dans le ciel du 9-3 ? Pourquoi Bastareaud a-t-il pris Tindall pour une table de nuit ?

Le coup était pourtant parfait : jouer tous les ballons au pied vers un ailier d’1m50, qui aurait pu y penser ? Mais voilà, les Anglais ont des grands bras, encore heureux qu’ils ne savent pas quoi en faire. On nous ressort finalement l’excuse de la pluie. Ca tombe bien, il n’y en a que quatre jours sur cinq au mois de septembre en Nouvelle-Zélande.

Pendant ce temps-là, Boudjellal assoit comme il peut la domination mondiale du pack tricolore.