Marc Lièvremont : « Le lard et la manière »

Le 3 décembre 2008 nous avions presque rencontré le plus élégant des Lièvremont les mains pleines dans les rayons d’un H&M de Londres.

QUESTION : Marc, que vous inspire le tirage au sort de la Coupe du monde 2011 ?
MARC LIEVREMONT : C’est toujours difficile de se projeter aussi loin dans une compétition. Il peut se passer beaucoup de choses en trois ans : la nomination de Milou (Ntamack) au gouvernement, un tsunami en mer de Tasmanie ou, qui sait, la libération conditionnelle de Cécillon. Michalak aura peut-être aussi repris le rugby d’ici-là.

Q. : La perspective d’un match d’ouverture contre la Nouvelle-Zélande, chez elle, doit tout de même être excitante ?
M. L. : Il n’y a bien que mon pote Benazzi qui était excité avant de jouer les Blacks. C’est vrai que ce sont des beaux mecs. Dans ce genre de match, le plus dur, c’est les 80 premières minutes. Mais si on veut passer les poules, il faut prendre le taureau par la gorge, comme disait souvent mon pote Dourthe. Il y a ensuite la perspective d’un quart de finale contre l’Argentine ou l’Angleterre, deux équipes qui nous réussissent plutôt bien.

Q. : Peut-on également craindre l’effet Tonga ?
M. L. : Encore une fois, je refuse de tirer des paons sur la comète. C’est déjà une grosse satisfaction d’avoir gagné notre billet dans un groupe aussi relevé, avec l’Argentine, l’Australie et les pacifistes Islanders. On a répondu présent au rendez-vous quand il le fallait, en qualifications. Le groupe aura maintenant moins de pression pour les matches amicaux de février-mars.

Q. : Comment allez-vous justement aborder le prochain Tournoi des VI Nations ?
M. L. : Par le bon bout du tunnel de Croke Park. Je sais qu’on sera très attendu au coin du virage, mais Bernard Laporte, quand j’ai pris sa place, m’a conseillé de faire comme lui : rester fidèle à ma politique. J’espère donc pouvoir encore superviser quelques nouveaux joueurs, ça m’évitera d’aller me les geler à Mont-de-Marsan.

Q. N’avez-vous pas l’impression de galvauder ainsi l’héritage du Tournoi ?
M. L. : Vous savez, l’important dans la victoire, c’est la gagne, quel que soit le lard et la manière. J’aurais bien pris Kelleher et Carter, mais le hasard a voulu qu’ils naissent au mauvais endroit, au mauvais moment. Et c’est un peu pareil pour David (Skrela), m’a dit son père la dernière fois.

Camille Lacourt : « Plein le dos »

Enfin éloigné du tumulte médiatique, le Vestiaire s’est presque intéressé à la nouvelle star des bassins qui a presque su rester simple. 

Le recordman du monde du 100 mètres dos en shorty nous reçoit dans un jacuzzi d’Aquaboulevard, entre deux passages par l’esplanade Henri de France.

LE VESTIAIRE : Camille, êtes-vous redescendu de votre petit nuage depuis vos trois médailles d’or aux championnats d’Europe ?

CAMILLE LACOURT : Vous savez, moi, je nuage que le dos, mais l’investissement est le même que pour les autres. Il faut aller à la piscine deux fois par jour, se recoiffer à chaque fois, faire toutes les émissions du service public et Denisot avec un mec qui ressemble à Tom Hanks dans Big. Je ne souhaite pas à Amaury Leveaux de vivre ça.

Comment vivez-vous l’emballement médiatique qui a suivi votre performance ?

J’étais dans ma bulle de savon à Budapest. Je n’ai vraiment réalisé qu’une fois posé à Paris avec cinq cents filles qui hurlaient mon nom dans le hall de l’aéroport. Une hôtesse m’a dit qu’elle n’avait pas vu ça depuis le dernier transatlantique de David Charvet. Et il aurait fallu voir notre descente des Champs-Elysées ! C’était blindé de taxis et de touristes japonais. Je savais même pas qu’ils diffusaient les championnats d’Europe là-bas.

Votre nouveau statut vous met-il une pression supplémentaire ?

J’essaie surtout de garder la tête froide sur les épaules. Il faut se rendre à la réalité des choses : tout ça ne va pas durer éternellement. A part quelques rues à mon nom, cinq biographies et mon portrait sur un immeuble de la Cannebière, qui se souviendra encore de Camille Lacourt dans un siècle ou deux ?

Toutes ces sollicitations ne vous empêchent-elles pas de nager ?

Je suis juste obligé d’aller à la piscine une heure plus tôt pour signer des autographes aux filles de la synchro et aux mamans qui viennent les chercher. A part ça et les deux lignes d’eau qui me sont réservées à l’entraînement, je suis toujours le même. Et je suis bien entouré à Marseille avec ma copine Laure (Manaudou). Elle m’a dit de ne jamais sortir avec une Italienne si je ne voulais pas finir à faire de la pub pour des marques de savon cinq ans après ma retraite.

Comprenez-vous que votre progression soudaine puisse faire douter les spécialistes ?

Je ne suis ni Russe, ni Chinois, ni Américain, ni Australien, alors, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir. Je fais bien quelques crises d’asthme de temps en temps, comme tout le monde, mais Alain (Bernard) a toujours un tube de Vento à dépanner.

N’avez-vous pas pas l’impression de n’avoir encore rien prouvé ?

Comme dit souvent mon pote Fred (Bousquet) : une ondulation de papillon aux 25 mètres, ça fait une vague au milieu du bassin. Mes trois médailles d’or, c’est surtout un message à tous les moniteurs de ski du pays : ce n’est pas parce qu’on est grand, blond, musclé, souriant et bronzé  qu’on est condamné à faire carrière dans le sport ou la publicité pour dentifrices.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Ribéry, Zahia : « Le doute, ma bite »

A l’occasion de la descente aux enfers de Fatal Ribéry, Le Vestiaire se souvient qu’il l’avait presque rencontré à quelques jours de la finale de la ligue des champions.

Ribéry indisponible, c’est son double musulman Bilal Yusuf Mohammed que nous avons retrouvé dans un café nocturne de la capitale des Gaules du matin.

LE VESTIAIRE : Franck, entre l’affaire de moeurs dans laquelle votre nom a été cité et votre suspension pour la finale de la Ligue des Champions, vous traversez actuellement une bien mauvaise passe…

FRANCK RIBERY : Un peu de respect pour Zahia s’il vous plaît. Vous savez, ça m’arrive aussi de rater des passes. Zaza a ses hauts et ses Wahiba, comme tout le monde, mais elle sait donner beaucoup de bonheur et je ne suis pas le seul à le penser.

Ignoriez-vous qu’elle était mineure à l’époque où vous la fréquentiez ?

J’en avais déjà croisé, à Metz, mais ça ne saute pas toujours aux yeux : ils sortent parfois sans leurs casques et leurs pioches.

Vous auriez tout de même pu faire preuve d’un peu plus de vigilance…

Je vais quand même pas demander le passeport de toutes les putes que je vais voir. On serait pas couchés.

Aviez-vous eu quelques doutes avec Zahia ?

C’est vrai que j’aurais peut-être dû me méfier le jour où elle venue à l’hôtel avec un cartable et une jupe plissée. Elle m’a dit qu’elle devait faire ses devoirs, mais on n’aura bossé que l’oral finalement. Ca fait en tout cas un bail que je vais à la sortie des classes et, croyez moi, j’ai jamais vu une collégienne avec des nichons pareils.

Pourquoi donc aller voir des prostitués alors que vous êtes marié ?

La femme de Fred était déjà prise.

Comment Wahiba a-t-elle réagi à toute cette affaire ?

C’était la seule, à l’école, à bien vouloir me parler à la récré, quand tous les autres gosses me lançaient des pierres. Une relation pareille, c’est cimenté dans le béton. Et puis on est musulman ou on l’est pas : j’ai le droit à la polygonie, du moment que Wawa porte pas la burqa au volant.

(Ndlr : une serveuse s’approche et lui murmure quelque-chose à l’oreille) Pas tout de suite, je dois parler au monsieur. T’as le droit de sortir jusqu’à quelle heure ?

Que pensez-vous des déclarations de Rama  Yade et de Roselyne Bachelot, qui ne veulent pas voir en équipe de France de joueurs mis en examen ?

J’ai même pas le Bac, vous savez, alors c’est pas aujourd’hui que je vais me mettre à passer des concours.

Accompagnerez-vous vos coéquipiers à Madrid même si votre suspension est confirmée ?

Bien sûr, j’ai hâte, Benz a dit qu’il me présenterait quelques copines à la Casa de Campo.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Romain Mesnil : « Buzzé en beauté »

Romain Mesnil nous a invité dans sa caravane d’un camping du Cap d’Agde, où le sot à la perche est allé se mettre ovaire avant d’attaquer la saison estivale.

QUESTION : Romain, n’aviez-vous pas d’autres alternatives pour trouver des sponsors que de courir nu dans Paris et de vous mettre aux enchères sur eBay ?
ROMAIN MESNIL : C’était ça ou gagner la Golden League. Avouez quand même que je n’ai pas choisi la facilité. Le regard des gens est très difficile à affronter quand vous vous baladez à poil dans la rue. On se sent différent, plus bas que terre. Je ne souhaite à personne de vivre ça.

Q. : Comment vous est venue l’idée de cette démarche ?
R.M. : Vaness’ (Boslak) m’a dit un jour qu’il fallait buzzer pour réussir. Je l’ai prise à Meaux et décidé de frapper un gros coup sur le Web deux à zéro, avec une campagne originale et innovatrice. Sergueï Bubka lui-même n’avait jamais osé faire ça dans les rues de Kiev.

Q. : A quel point les athlètes sont-ils affectés par la crise ?
R.M. : Vous savez, ce n’est pas parce qu’on gagne 50.000 euros à chaque meeting que le quotidien en est plus facile. J’ai une bouche à nourrir et trois chargés de com’ à payer. Alors, c’est toujours agréable de pouvoir mettre un peu de labeur dans les épinards.

Q. : Envisagez-vous d’autres actions similaires ?
R.M. : Je suis en train de travailler sur un badge à forte dimension politique réclamant « un monde économique meilleur ». Mais on peut sûrement aller encore plus loin dans la remise en cause du système : pourquoi ne pas organiser des concours de perche naturistes pour protester contre l’exploitation des enfants dans l’industrie textile chinoise ? Je suis aussi prêt à me faire tatouer le nom de mes partenaires sur l’entrecuisse en hommage à toutes les femmes victimes d’excision.

Q. : Etes-vous satisfait du résultat des enchères ?
R.M. : J’aurais préféré que Sloggi décroche mes timbales, mais ils avaient déjà Yannick Noah. Je suis en cas très content de pouvoir reverser à une association caritative les 7.500 euros du donneur anonyme, qui n’est ni Bernard Laporte, ni Jean-Luc Lagardère.

Q. : Abordez-vous plus sereinement la suite de la saison ?
R.M. : J’ai de bien meilleures sensations depuis que je saute sans short ni débardeur. Ca devrait me permettre d’aller chercher Renaud (Lavillenie) aux championnats de France.

Q. : Pensez-vous être en mesure de franchir un jour la barre des 6 mètres ?
R.M. : Pour les questions sportives, il faut voir avec mon attaché de presse. J’ai des choses bien plus urgentes à m’occuper.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Laure Manaudou : « Ma plus belle pause »

laure

En filature dans les rues de Marseille avec les photographes de L’Equipe, notre spécialiste natation a suivi les traces du chien de Manaudou. La jeune retraitée a déjà beaucoup changé sans ses lunettes.

QUESTION : Laure, qu’est-ce qui vous a poussé à mettre votre carrière entre parenthèses ?
LAURE MANAUDOU : Julien, le premier homme de ma vie, me disait souvent qu’il fallait savoir laisser du mou. Que ça arrivait à tout le monde et que ça serait mieux la prochaine fois. On a fait un break pour nos huit mois, après une dispute. Je lui ai pas envoyé de textos pendant une semaine et c’était encore plus fort quand on s’est retrouvé. Et bien je crois que la natation, c’est comme l’amour : quand ça ne passe plus, on prend du recul.

Q. : Avez-vous un temps envisagé de prendre définitivement votre retraite sportive ?
L.M. : Je sais bien que Le Vestiaire en avait parlé pendant les JO. Mais je peux quand même pas prendre ma retraite tout de suite, j’ai pas encore les cheveux blancs.

Q. : Allez-vous vous éloigner complètement des bassins ?
L.M. : Ca sera pas vraiment comme quand j’ai fait ma première pause, à Ambérieu. Fred a une piscine dans la cour de son appart’, à l’Amérique. Et on a déjà prévu de se faire une journée Aqualand avec les copines, quand je rentrerai en France, dans cinq ans.

Q. : Pensez-vous pouvoir retrouver un jour votre meilleur niveau ?
L.M. : Pour les questions sportives, il faut voir avec mon avocat. C’est lui qui s’en occupe.

Q. : Que comptez-vous faire pendant votre « pause » ?
L.M. : Je prendrais bien un café. Je crois que j’ai un quart d’heure avant la prochaine interview.

Q. Et pendant les prochains mois ?
L.M. : Je vais profiter de mon temps libre pour passer plus de temps avec mon amoureux. Fred (Bousquet), c’est vraiment l’homme de ma vie, le père de mes enfants. Des jumeaux, d’après les premières échographies. Et puis je pense apprendre à lire, tourner un deuxième film et visiter des endroits où je suis encore jamais allée : la Chine, la Grèce ou la Hongrie.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain

Michel Desjoyeaux : « Foncia tête baissée »

joyaux

Hélitreuillé par la marine bolivienne sur le monocoque de Michel Desjoyeaux, notre spécialiste à voile, et à vapeur, a partagé le quotidien du leader du Vendée Globe : sardines et vin blanc. C’était l’heure du p’tit Desj’.

QUESTION : Michel, comment avez-vous vécu le sauvetage héroïque de Jean Le Cam par Vincent Riou ?
MICHEL DESJOYEAUX : Allongé sur ma couchette, dans la cellule de vie. Je venais juste de télécharger le Best Of  Youenn Gwernig quand Vince (Riou) m’a poké sur Facebook. Il avait plus de forfait, alors je l’ai rappelé et il m’a dit que Jeannot (Le Cam) était avec lui, bien au chaud. Je sais pas quel radiateur il a, mais moi je me les gèle ici.

Q. : Une fois encore, les marins ont fait preuve de leur formidable solidarité…
M. D. : Vous savez, j’aurais certainement fait la même chose si j’avais pas eu trois jours d’avance sur tout le monde. Le règlement nous y oblige de toute façon, alors faudrait quand même pas en faire des tartines au beurre. Et puis, entre vous et mon bateau, ça m’arrange pas mal toute cette casse. Y manquerait plus que Bilou (Roland Jourdain) se déboite l’épaule et je pourrais m’arrêter une semaine aux Canaries avant l’arrivée.

Q. : Craignez-vous le retour de Roland Jourdain pendant la remontée de l’Atlantique ?
M. D. : En fait, ça fait deux semaines que je l’attends. J’ai plus du tout de sel, mes pâtes lyophilisées prennent trois heures à cuire. Et mon carton de kouign amann a pris la flotte dans le Pacifique, mais Bilou pourra sûrement me dépanner quelques boîtes de Sodebo.

Q. : Est-ce ce côté « aventurier » qui vous a convaincu de revenir sur le Vendée Globe cette année ?
M. D. : J’ai effectivement toujours eu ce goût pour le grand large et les Inconnus. Ici, vous voyez, je suis seul face à moi-même, la mer, mon ordinateur de bord, mon téléphone satellitaire, ma boussole électronique, mon pilote automatique, mon GPS et mon équipe de quatorze hommes, à terre.

Q. : Dans l’ère technologique qui est la notre, une course comme celle-ci a-t-elle encore un sens ?
M. D. : Bien sûr, de gauche à droite, autour de l’Antarctique, comme ç’a toujours été le cas. C’est plus facile pour les potes, on doit se faire une crêperie quand y seront tous arrivés, dans trois ou quatre mois.

Q. : On a comme l’impression, à vous entendre, que vous souffrez d’un manque de concurrence…
M. D. : C’est comme ça, on va quand même pas faire revenir Tabarly. Je leur ai pourtant laissé deux jours d’avance cette fois, mais ces cons-là seraient capables de se faire battre par une Anglaise de 20 ans.

Q. : Où trouvez-vous donc la motivation pour vous lancer sans cesse de nouveaux défis ?
M. D. : Vous avez déjà été marié ? (Ndlr : Il s’arrête et attend que je sorte la tête de ma bassine pour lui faire signe que non.) Et  bien, vous comprendrez un jour. Je ne remercierais jamais assez Foncia de me donner tous les quatre ans une bonne excuse pour passer Noël en paix. J’ai pas oublié non plus d’envoyer mes vœux par mail à Philippe Jeantot. J’espère qu’ils ont le wi-fi à Fleury-Mérogis.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain