Ecosse-France : Poitrenaud faut

Que mangera Maxime Médard en famille dimanche ?

C’est un phénomène étrange, qu’on avait déjà semblé voir contre les Tonga en Coupe du monde. A chaque fois que le XV de France est sur un terrain, son adversaire hausse tellement son niveau de jeu qu’il lui est impossible d’en développer. Contre l’Italie, déjà, nos Bleus n’avaient pas le touché le  ballon pendant une demi-heure. Mais Saint-André, lucide, avait clairement identifié les lacunes de son équipe : « On a pu voir chez les Italiens la marque de leur nouvel entraîneur français. » On l’a un peu moins vue ce week-end en Irlande.

Pareil contre l’Ecosse. Pour éviter d’en perdre, la France n’a pas gardé le ballon. Il faut dire que les Ecossais, éliminés au premier tour de la Coupe du monde, sont devenus la référence internationale en quelques mois à peine. Saint-André : « S’il sont capables de tenir comme ça durant 80 minutes, ils vont être champions du monde. » Ne les confondez surtout pas avec ce vulgaire XV du Chardon qui avait déjà perdu contre l’Angleterre et le pays de Galles. Non, celui que Picamoles et Swarzeski ont regardé joué dimanche était sur une autre planète physiquement. « On va peut-être d’abord chercher des athlètes et ensuite leur apprendre à jouer au rugby. » Dommage que Dwain Chambers soit Anglais.

L’infériorité physique des Français n’a absolument rien à voir avec la moyenne d’âge d’un groupe qui regardera la prochaine Coupe du monde devant la télé. La preuve : Trinh-Duc n’a pas 26 ans et il a réussi à être un peu plus mauvais que Rougerie à Murrayfield. C’est fort. Médard ne craint plus les placages depuis qu’il suit le même régime que Poux et Clerc sait qu’il n’a plus le droit de marquer un essai s’il veut continuer à être appelé chez les Bleus. Il a toujours le droit de faire des placages, mais c’est un geste devenu tellement accessoire dans le rugby moderne que les Français ont commencé à s’en passer contre l’Ecosse. Prudence tout de même : si l’Irlande est capable de courir pendant 80 minutes sans faire tomber un ballon, ils seront certainement champions du monde en 2015.

NZ-France : Mealamu du slip

« On vient de perdre 47-17 en prenant trois, quatre ou cinq essais… » Que pouvait donc bien regarder Marc Lièvremont sur son ordinateur portable ?

De notre envoyé spécial sur le Mont Eden

Julien Bonnaire n’a même pas levé les bras au coup de sifflet final. Le seul qui avait dit tout haut en conférence de presse d’avant-match ce que toute l’équipe pensait tout bas (« si on doit gagner, tant pis ») a eu le triomphe modeste sur la pelouse d’Eden Park. La France venait pourtant de mettre son plan à exécution avec une précision diabolique : perdre exprès contre les Blacks pour éviter l’Afrique du Sud en demi-finale, mais pas trop exprès quand même pour que ces connards de journaleux néo-zélandais ne nous accusent d’avoir fait exprès de perdre. Lièvremont est un génie.

Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand même pour faire croire à 60.000 éleveurs de moutons et quinze randonneurs expatriés qu’il valait mieux lâcher $460 que de se saouler à la Steinlager. Nos pauvres Bleus ont été obligés de jouer à fond pendant 8’15’’. On a alors vu Morgan Parra prendre autant d’intervalle (1) que Trinh-Duc en deux matches, mais on peut avoir 90% de domination territoriale, enchaîner gentiment les passes dans les 22 adverses et se prendre malgré tout un essai sur la première accélération de Nonu.

Ni vous Nonu

L’équipe type du moment de la météo du mois de septembre de Marc Lièvremont pouvait enfin se concentrer sur son quart-de-finale. Elle avait fait tout son possible, mais ces Blacks-là sont tout simplement trop forts. Tant pis, il faudra jouer l’Angleterre et le Pays de Galles pour espérer une finale et Picamoles a bien fait de ne pas essayer de plaquer Cory Jane sur le deuxième essai. Une blessure est si vite arrivée dans le rugby moderne.

Le rugby moderne, c’est ce que les All Blacks et l’Australie arrivent à faire quand on les laisse jouer. C’est tellement beau à voir que les gros français se sont arrêtés ce matin de plaquer à chaque fois que Dan Carter et le beau Sonny avaient le ballon. Ils attendront sûrement la finale pour les agresser et les empêcher de jouer comme en 2007 à Cardiff ou comme l’Irlande la semaine dernière pour battre les Kangourous.

Il vaut mieux cacher son jeu jusque-là et nos petits gars l’ont bien fait. Même la mêlée a fait semblant de reculer d’un mètre à chaque impact et Morgan Parra, qui a essayé de copier ce que faisait Dan Carter comme une danseuse de Madison règle son pas sur celui de sa voisine, est un bien meilleur acteur que ne pourraient le laisser penser ses publicités pour Clio.

Sons of a Hore

Un « carton », un « tampon », un « caramel », une « fistole » (sic), un « placage énorme » : Christian Jeanpierre n’avait bientôt plus assez de mots dans son dictionnaire des synonymes pour commenter ce « choc de titans ». Parce que les Néo-Zélandais, même s’ils auraient bien voulu et qu’ils ont joué toute la deuxième mi-temps en trottinant, n’avaient pas le droit, eux, de faire exprès de perdre. John Key ne leur aurait jamais pardonné.

Heureusement, la France a sauvé les apparences sur un essai dantesque de Mermoz. Une interception, zéro passe : ça valait bien un tour d’honneur à la fin du match, d’autant que le remplaçant de luxe François Trinh-Duc y est allé lui aussi de son essai à zéro passe. Et dire que Guirado est resté dans les tribunes.

Et si la vraie « French farce » était d’avoir gardé pendant quatre ans un sélectionneur aussi compétent que son prédécesseur ?

BONUS LE VESTIAIRE : THIERRY LACROIX ET LA BANNIERE

« Ca fait que 19-0, c’est pas énorme. Je suis très satisfait de cette première mi-temps. »

« Si la suite est logique, la France retrouvera les Blacks en finale. »

« Ils ont par marqué en étant meilleurs que nous, ils ont marqué sur nos erreurs… »

Coupe du monde : Calife à la place du Cali

« Le rugby est un sport qui se joue debout. » Rien n’échappe à Christian Jeanpierre.

De notre correspondant spécial permanent à Whakapapa Village

Qui aurait pu penser qu’un ancien joueur de Marseille-Vitrolles participerait un jour à une cérémonie d’ouverture de Coupe du monde ? Qui de Christian Jeanpierre ou de son ami Cali a pris le lit du haut au dortoir ? Le guide des Frogs-in-NZ vaut-il vraiment 25 euros ?

Ca fait maintenant trois jours que Peyo Greenslip doit se lever avant 14 h du matin, mais beaucoup de questions restent en suspens dans les bordels de Gisborne. Si le « Kia Ora » qui traversait jeudi la Une de L’Equipe veut dire « Bienvenue », à quoi peut donc servir le « Haere Mai » écrit un peu partout à la sortie de l’aéroport ? Et si Ian Borthwick avait séché ses cours de Maori à l’école ?

Tonga la bomba

Les premiers matches de ce Mondial ont aussi levé quelques doutes. Le rugby, c’est sûr, n’est plus ce sport sans intérêt où on pouvait donner deux ans à l’avance le nom des huit quart de finalistes. La preuve : en ne jouant qu’une mi-temps, les Tout Noirs, sans pousser en mêlée, ont souffert le martyre contre les Tonga avant de marquer le sixième essai de la délivrance.

Pas de défense, du jeu à outrance, des passes après contact : Sylvain Marconnet a cru un moment dans son salon que le Super 15 n’était pas tout à fait fini. Puis il a vu l’Angleterre pulvériser l’Argentine (13-6), l’Ecosse broyer la terrible Roumanie (34-24) et l’Irlande piétiner les Etats-Unis (22-10). Les nations du Nord n’ont pas attendu pour étaler leur puissance.

Heureusement, la France, elle, a bien caché son jeu. La surprise n’en sera que plus grande la semaine prochaine contre le Canada.

L’Edito : La symphonie Pastore aïe

Basket, judo et athlé, c’est pour bientôt. Profitons une dernière fois des sports mineurs.

Le sport a de passionnant qu’il détient des énigmes impossibles à élucider. A tout seigneur, tout branleur, L’Equipe en a offert une belle en Une vendredi dernier avec le « splendide isolement » de Leonardo. Que venait faire un tel adjectif dans le titre ? Est-ce la faute d’un SR malveillant, d’une attaque informatique de grande ampleur ou d’une incompétence rare  ? A moins que la rédaction ait voulu envoyer un message fort au nouveau maître du PSG, lui signifiant que ce qu’il faisait n’était pas cool, mais l’était quand même un peu. Autant égratigner Leo, mais pas trop des fois que ça marche ou qu’il ne veuille plus nous parler. C’est le fameux courage éditorial consacré en des temps immémoriaux par le grand Vestiaire, au moins au temps des derniers chevriers.

C’est d’ailleurs non loin du Garlaban que s’entraîne l’équipe qui a réussi à se faire remonter deux buts par une équipe qui n’en marque pas. Mystère. On ne saura jamais non plus qui est ce jeune Fabregas que le Barça ose faire signer au même prix que le grand Pastore. Difficile également de trouver du sens à un match de préparation à une Coupe du monde dont il ne sert à rien de tirer des enseignements puisqu’en face c’était la réserve des avants-derniers ou des co-vice champions d’Europe 2011, au choix. Marc Lièvremont a quand même été surpris que ses joueurs sachent faire des passes pendant vingt minutes, déjà ça de moins à leur apprendre. Que Skrela n’ait rien à foutre à ce niveau a visiblement moins surpris le staff.

Pendant ce temps-là, le tennis livre ses secrets les plus intimes. On peut être le prochain vainqueur français d’un Grand Chelem revenu à son meilleur niveau, écraser Mayer et Bellucci et se faire torcher par Almagro. C’est pas Tsonga, il a fait demi, c’est pas Federer il est pas complètement Français. D’accord, ce sont les mêmes qui ont parié il y a deux ans sur l’année Andy Schleck.

6 Nations : Les brebis galloises

 

La France voyagera en Nouvelle-Zélande encore auréolée de son titre de vice-championne d’Europe 2011.

Tremblez moutons, brebis et agneaux ! Fuyez mécréants à barbe ! L’Ecosse, l’Irlande et le Pays de Galles ont vu chacun leur tour de quelle cuillère en bois cette équipe de France pouvait se chauffer contre les Celtes. Si Marc Lièvremont parlait Anglais sans accent sénégalais, il aurait même coiffé cette année la Triple Crown et la Calcutta Cup. Mais il parle Français avec un accent auvergnat et on a lui piqué la semaine dernière l’infâme Trophée Garibaldi.

Quelle belle réaction d’orgueil en tout cas que celle de ses hommes au Stade de France. Totale fierté ! Respect et pénitence. Il fallait les voir enchaîner les temps de jeu et courir partout comme des Springboks en chaleur. Le premier essai est d’ailleurs venu d’une erreur de défense galloise, au terme d’une superbe action conclue en puissance après zéro passe.

Notre envoyé spécial rue Saint-Denis en a vu une sur le deuxième, amené avec la même intelligence de jeu : coup pied de contré, récupération et accélération sur trois mètres. Pourquoi faire compliqué quand James Hook a décidé de montrer à Warren Gatland qu’il pouvait aussi bien jouer au centre que sur le banc perpignanais ?
 
Nallet pas par là

Parlons-en, justement, du banc perpignanais et de tous ces méchants journalistes qui se demandaient comment on pouvait bien lancer un ballon en touche avec du scotch devant les yeux. Guilhem Guirado, après avoir beaucoup essayé ces dernières semaines, y est enfin parvenu samedi soir. Comme le symbole d’une équipe à qui personne n’a laissé le temps de se construire.

Rendez-vous compte, l’héritier de Bernard Laporte, qui n’est pas le fils de Rachida Dati, n’a eu que trois ans et demi, à peine, pour imaginer un plan de jeu et écrire son petit livre bleu. Il a dû renvoyer chez eux tous ceux qui ne savaient pas lire et on ne risque plus de les voir avant un sacré bout de temps à Marcoussis. Enfin, on ne sait jamais. Peut-être que si… Il ne faut pas parler trop vite, après tout. Mais quand même, l’Italie… A quoi bon ? Le rétropédalage dans la semoule est un art depuis longtemps partagé à la table des Lièvremont.

Pendant ce temps-là, Lee Burne nous a rappelé pourquoi aucune franchise galloise ne jouera un quart de finale de H-Cup cette année. Ca n’empêchera pas Peyo Greenslip d’aller voir la finale à Cardiff.

Angleterre-France : Le quinze de l’arrose

Un seul des deux sélectionneurs a déjà été champion du monde. Mais lequel ?

Toute la Nouvelle-Zélande tremble déjà et la Ceinture du feu du Pacifique n’y est cette fois pour rien. Même si sa belle série de deux matches sans défaite a pris fin, samedi soir, dans le jardin anglais, la France a envoyé un message on ne peut plus Clerc à son futur adversaire du Mondial : elle peut rivaliser avec n’importe qui pendant 40 minutes. Ferme et tenace, la bande à Lièvremont prend du volume : pathétique contre l’Australie, en novembre ; ridicule contre l’Ecosse, pour l’ouverture du Tournoi ; à la rue, il y a deux semaines, en Irlande ; elle a cette fois sorti son « match le plus abouti » depuis des mois. Et dire que Médard n’était pas là.

Au Trinh où vont les choses, c’est simple, il faudrait un séisme pour que cette équipe-là n’aille pas jusqu’au bout en Nouvelle-Zélande, sur Stewart Island. Les motifs de satisfaction sont nombreux après ce France-Angleterre. D’abors, les Bleus n’ont pas attendu, cette fois, d’avoir pris trois pions pour se mettre à défendre. Ils ont su sans jouer sans Parra, sans Poitrenaud et sans ailier droit et Marc Lièvremont a vu à la vidéo « des choses intéressantes dans l’animation offensive ». Il n’a pas précisé, par contre, s’il pensait aux zéros franchissements ou aux zéros essais.

La clé sous le Palisson

Notre ancien chroniqueur Peyo Greenslip, depuis sa lune de miel à Rome, nous a aussi confié par sexto avoir vu des choses moins intéressantes, comme ces Français revenus des vestiaires avec les mêmes intentions qu’en début de match contre l’Irlande. Si Wayne Barnes avait été là, les champions d’Europe en titre n’auraient pas regretté aussi longtemps leur seule occasion d’essai, sur un jeu au pied. Mais Wayne Barnes n’était pas là, Chris Ashton a fait son saut de l’ange dans le vide et on va nous faire croire qu’il n’y aucune raison de s’inquiéter à six mois de la Coupe du monde.

Incapable, en trois ans, de pondre un plan de jeu cohérent, Marc Lièvremont masque son impuissance derrière une irascibilité nouvelle en conférence de presse. Ca nous rappelle curieusement quelqu’un. Ses joueurs ont donné à Twickenham l’image d’un groupe en autogestion à qui seul l’orgueil a permis de sauver les apparences en première mi-temps. A part ça, Chabal ne fait plus peur qu’à la femme de ménage du musée Grévin ; Huget, comme tous ceux qui le regardent jouer, ne sait pas vraiment ce qu’il fait là ; Palisson non plus ; les rhumatismes de Jauzion ne supporteront pas 25 h d’avion jusqu’à Auckland et Guirado n’a toujours pas compris pourquoi Crunch sponsorisait le match sans offrir une seule tablette.

L’Edito : A poor Lansdowne cow-boy

Si seulement le rugby ne se jouait qu’avec une troisième ligne.
J-206.

Avant de faire semblant d’analyser le Roumanie-Namibie d’hier après-midi, rappelons pour ceux qui en doutaient que Bordeaux est bien de nouveau entraîné par Ricardo. La dernière fois qu’ils s’étaient fait voler comme ça, c’était Lyon, il y a trois ans. Par ailleurs, le point d’orgue de ce week-end étant la remise des Mag d’or, nous y reviendrons prochainement, le temps de comprendre pourquoi Arnaud Romera n’a pas digéré son dernier voyage au Laos à la rencontre de l’équipe de France de karaté bouddhiste.

Tsonga la bomba

Marc Lièvremont et ses apprentis ont donc une nouvelle fois révolutionné l’histoire du jeu. Jouer avec une seconde ligne, se faire des passes pour avancer, donner de la vitesse, avoir un plan de jeu qui dépasse le premier temps,  n’est désormais plus indispensable dans le rugby moderne. Rassurez-vous, Nallet, Pierre et Thion font bien référence en club. Parra aussi et pas seulement à cause de son super nom et de son prénom assez classe, à quoi bon insister sur sa lenteur. C’est pas comme si Yachvili, en deux passes, avait rappelé que le haut-niveau n’est pas que mettre un coup de pied dans le ballon. Yachvili a arrêté en 2005. Trinh-Duc s’impose enfin comme le patron, mais du bar-tabac d’en face où il n’y a plus de boum. Trois mots sur Traille, Jauzion et Poitrenaud pour finir:  ils jouent encore ? Il n’y a personne d’autre auraient répondu Huget et Médard. On plaisante, il y a Médard.

Parra vent

A part ça, quinze bonhommes verts vont avoir du mal à se regarder dans la glace et pas qu’à cause de leurs oreilles chouflues couvertes par d’épais cheveux rouges. Car après avoir écrasés de costauds Italiens de plus d’1 point, on pouvait logiquement s’attendre à leur réveil face aux coqs décharnés. Et pourtant, ils leur ont quand même laissés 25 points. Il ne vaut mieux pas qu’ils apprennent que le Chardon en avait mis 22, sinon ils ne se présenteront même pas face à leurs cousins roux.

Pendant ce temps-là, les médias ont trouvé la solution pour faire aimer le ballon ovale au plus grand nombre : continuer à commenter en utilisant « pick and go », « première main » et « ruck ». Et dire qu’on s’était débarrassé d’up and under.

France-Ecosse : Le Guirado de la méduse

Les champions d’Europe en titre ont fait boire la tasse à l’Australie du Nord. A quoi bon défendre ?

Ceux qui arrêteront cette équipe de France ne sont pas encore sortis des bourses écossaises. C’est simple, elle n’a plus perdu un match dans le Tournoi depuis le 15 mars 2009. C’était en Angleterre (34-10) et Le Vestiaire avait alors été bien dur avec Marc Lièvremont et ses deux faire-valoir. Notre spécialiste sports régionaux doit aujourd’hui se faire une oraison : le tryo de Marcoussis a accouché d’un rouleau-compresseur taillé pour l’hiver. Si la Coupe du monde se jouait en février ou en mars, Yoann Huget verrait sûrement que Webb-Ellis n’est pas qu’une marque de chemises.

La grande Ecosse, celle là même qui n’avait pris que 49 points contre la Nouvelle-Zélande, à l’automne, avant d’en coller 3 aux Samoans, n’a pas existé dans le chaudron de Saint-Denis. Tout juste a-t-elle pu marquer trois essais ; une première sur ses dix-huit dernières sorties internationales. Il faut dire qu’elle avait en face une formidable machine offensive, qui a marqué en un seul match autant d’essais que sur tout le mois de novembre. Fidji compris.

Guilhem le suive

Comment donc expliquer une telle montée en puissance ? Palisson, Estebanez, Andreu et Porical n’ont pas trouvé de réponse, samedi soir, devant leur télé. Ca aurait peut-être été plus simple si Huget, Mermoz et Traille avaient pu se joindre à eux. On est en tout cas rassuré sur la capacité de nos Bleus à jouer sans ce dernier à l’ouverture. Le réservoir de talents est tel dans le Top 14 qu’on pourrait aussi sans doute s’en passer à l’arrière.

Parce que le XV de France aujourd’hui, ce n’est pas qu’un ouvreur champion de Tomate ou une demi-douzaine d’avants qui ne tiennent pas un ballon. C’est aussi des remplaçants si solides que toute l’équipe du Vestiaire est allée pour la première fois à la messe, dimanche, prier pour que Servat soit épargné par les blessures jusqu’en octobre. Soyons juste, quand même, avec Guilhem Guirado : il n’a pas fait une plus mauvaise entrée que Chabal ou Ducalcon.

Pendant ce temps-là, on devrait bientôt en savoir un peu plus sur la dangerosité des tables de nuit néo-zélandaises.

H-Cup : les fils à Jo Maso

Le RC Doumiac jouera-t-il un jour un quart de finale de Coupe d’Europe en Espagne ?

La branlée australienne de l’automne n’était donc qu’un accident. Et nous qui osions railler, il y a deux jours encore, le « Maso schisme » du rugby français. Tout le monde fait des erreurs. Damien Traille en sait quelque chose.

La dernière journée de poules de la Coupe Heineken a réveillé nos coqs : quatre clubs français verront les quarts de finale. Rien que ça. Le public espagnol va se régaler. Ceux qui voudraient comprendre pourquoi nos fleurons du Sud Ouest sont obligés de délocaliser leurs matches dans un pays du Tiers-Monde peuvent aller voir Le Fils à Jo. Les autres se féliciteront avec nous et l’AFP de l’embellie du rugby tricolore. Vivement la Coupe du monde que ces tarlouzes d’All Blacks voient de quelle table en bois Mathieu Bastareaud peut se chauffer.

Paume Fritz

Ceux qui auraient voulu faire passer pour une gentille foire d’empoigne cette compétition sponsorisée par le premier brasseur de Hollande, grand pays de hockey sur gazon féminin, en sont pour leurs bières au frais. Prendre la moitié des équipes du Top 14 et toutes les franchises galloises ne fait pas forcément de vous un rassemblement régional. La preuve, ces deux Biarritz-Toulouse et Perpignan-Toulon font déjà saliver dans toutes les chaumières écossaises.

Et que dire du prestigieux Challenge européen et de ces Stade Français-Montpellier et La Rochelle-Clermont qui nous changeront un peu de la monotonie du Top 14 ? Espérons seulement qu’une telle réussite continentale ne tire pas trop sur la corde de nos internationaux avant le Tournoi des Six Nations. En rugby peut-être plus qu’ailleurs, on ne peut pas courir deux Lièvremont à la fois.

Pendant ce temps-là, Florian Fritz a prouvé aux supporters des Wasps qu’il savait quand même bien faire quelque chose de ses mains.

L’Hommage du Vestiaire : Munster & Cie

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La finale du Top 14 se jouera cette année au Stade de France sur deux matches aller-retour.

Il faut parfois se rendre à l’évidence. Accepter l’indiscutable. Dans la foulée de son Grand Chelem triomphal, la France a envoyé ce week-end deux de ses fleurons sur le toit de l’Europe. N’en jetez plus, la H-Cup est pleine. Si la Coupe du monde se jouait cette année, Lièvremont découvrirait sûrement que Webb Ellis n’est pas qu’une marque de ballons.

Les clubs français ont écrasé le rugby européen avec les mêmes méthodes que la sélection nationale : une grosse mêlée, des avants conquérants et un pack surpuissant. Si la Nouvelle-Zélande a quinze arrières, nos Bleus, eux, ne jouent qu’avec les gros. Le sport, c’est comme la mode après tout, on revient toujours à ce qui se faisait dans les années 1960.

La quéquette Driscoll

Les All Forwards biarrots ont tellement dominé leur sujet dimanche qu’ils n’ont même pas eu besoin de marquer un essai pour passer en finale. A quoi bon tenter le diable quand on a avec soi le meilleur buteur géorgien de l’histoire ? Le meilleur buteur irlandais de l’histoire n’avait en face que ses 33 ans d’expérience, dont 33 au plus haut niveau, à lui opposer. Ca n’a pas suffi, quand bien même le staff du Munster s’offrait en fin de match le luxe de faire rentrer sa petite merveille, Peter Stringer, 32 ans et demi.

Rappeler que Wallace, Quinlan, O’Callaghan, Horan, Hayes, Flannery, Berne, Cullen, D’Arcy, Fogarty, Hines, Horgan, Jennings, O’Kelly, Wright et O’Driscoll ont tous connu l’âge d’or de Keith Wood serait faire un bien mauvais procès au rugby irlandais. Toulouse a aussi ses trentenaires. Dire que le Munster et le Leinster n’ont qu’une seule compétition à jouer n’explique pas non plus leur présence en demi-finale : c’était quand même plus facile, cette année, sans les clubs anglais. Perpignan en regretterait presque son impasse.

Pendant ce temps-là, Toulon, avec deux Français dans son XV de départ contre Connacht, récolte enfin les fruits de son travail de formation.

L’Edito du Vestiaire : L’ami Chappuis

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Les frères De Le Rue auraient-ils été ridicules ? Et Pierre Vaultier ?

Edgar Grospiron avait inventé le concept. Etre le meilleur et le plus beau.  Jason a ajouté un prénom pour jouer dans Beverley Hills, Denisot prépare les petits fours, les putes et le champagne. Vincent Defrasne se demande ce qui lui manque.

En Irlande, il y avait bien un Brian qui cassait tout, mais notre spécialiste avait découvert après enquête qu’il avait marqué pas mal d’essais il y a dix ans. Que Trinh-Duc ait pu paraître supérieur à un ouvreur de 32 ans à peine ne voulait rien dire non plus. Mais alors pourquoi tomber sur l’Irlande en Coupe du monde est toujours vu comme une qualification assurée ?

Tu m’en dit Ramoin

Il y a aussi des sportifs qui s’appellent Lamine et qu’on veut voir remplacer les Alou, mais qu’on aurait préféré voir à la place des Yoann. Il ne s’agit ni de Bernard Allou, ni de Lamine Sakho, mais ça coûte quand même un passage à vide de 20 minutes pour 3-1 à l’arrivée. Montpellier et son 1-0 contre Grenoble est probablement hilare, le Barça bourguignon aussi, le Barça breton un peu moins. La crise couve, pour un peu l’Olympiakos jouerait en vert pour éviter d’en prendre cinq. Une bonne idée à méditer pour Jean-Claude Blanc à l’avenir, le présent c’est une première victoire depuis 18 mois.

Sinon Gonzalo a repris sa marche en avant avec un tir sur 22 possibles, pourvu que Boumsong mette le maillot de Getafe ou de Clebar. Les hommes de Pep ont perdu, ceux de Jose fait match nul, c’est à croire que seul Bordeaux va bien.

Et non, les frères De Le Rue et Pierre Vaultier n’ont pas été ridicules. Mais alors pourquoi ne passeront-ils pas chez Denisot ?

VI Nations : Dublin, du vin et du bourrin

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L’équipe de France a signé contre les champions d’Europe des 6 Nations en titre sa plus belle victoire de la décennie. Toute l’Italie tremble déjà.

Une démonstration. Un récital. Une leçon de rugby. Après le Pays de Galles en 2009, la Nouvelle-Zélande en 2009 et l’Afrique du Sud en 2009, le XV de France a connu samedi contre l’Irlande son quatrième match référence de l’ère Lièvremont. Il a surtout porté sa série d’invincibilité à deux victoires – un record – et a enfin conforté le trio fédéral dans ses choix : qui donc pourra maintenant priver la charnière magique O’Parra-Trinh-Duc du trop fait Webb-Ellis ?

Ce n’était finalement que pour brouiller les pistes que le mieux sapé des frères Lièvremont, enfin tacticien, avait sélectionné depuis deux ans tous les boiteux hebdomadaires de l’équipe-type du Midol. Aussi perspicace que Twitter Chabal, Le Vestiaire n’avait rien vu venir après la performance Italienne du week-end dernier. Et pourtant, c’était gros comme Lamaison. Les quarante pions néo-zélandais ? Un leurre, rien de plus. Et l’entame poussive de Murrayfield un écran de fumée.

Le bar, c’est là

Comme fou et moi, Driscoll et Connell sont tombés dans le panneau. Pouvait-on vraiment prendre au sérieux une équipe qui n’avait pas gagné trois matches de suite depuis la Coupe du monde, Namibie et Géorgie inclues ? Et puis la France d’O’Dusautoir s’est réveillée ce week-end devant tout ce que le pays compte de supporters. Elle a retrouvé Lilian entre ses lignes, un vrai buteur et un pack qu’on n’avait plus vu aussi dominateur depuis la semaine dernière en Ecosse. Et dire que le meilleur pilier du monde n’était pas là.

Le Grand Chelem tend désormais les bras aux vainqueurs des Wallabies du Nord. Entre des Gallois sur le déclin et des anglo-italiens à la dérive, la France est en position de force, surtout quand on sait sa capacité à enchaîner les bons résultats. Mais la prudence, rappelle Marc Cécillon, est peine de sûreté. Tout arrive dans le rugby, la preuve : O’Michalak a planté un drop ce week-end. Ce n’était ni contre Albi, ni contre Connacht. Quoique.

Pendant ce temps-là, notre archiviste se demande s’il serait vicieux de rappeler qu’en 2008 la France avait battu l’Ecosse et l’Irlande avant de perdre à domicile contre l’Angleterre ?

VI Nations : Lucide Ecosse

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Tous les voyants sont au vert pour Lièvremont : sans l’arbitre et une dizaine de joueurs français, son équipe aurait facilement pu passer quarante points aux Samoa du Nord.

De notre envoyé spécial permanent à Palmerston North

Si les réceptionnistes des hôtels de Wellington savaient parler, ils vous raconteraient sûrement ces histoires de meubles qui flottent parfois la nuit à travers les chambres, le sort de ces blondes éméchées qu’on y ramène à la sortie des boîtes et l’insécurité terrifiante dont tout le pays souffre. Mathieu Bastareaud en a fait les frais, un soir de juin, et on a alors bien cru ne plus jamais le revoir sur le calendrier des Dieux.

Mais le centre des débats est sorti renforcé de sa lutte contre le mobilier néo-zélandais. Il a servi l’intérêt général et les gosses des cantines franciliennes pour chasser enfin ses vieux démons au pays des fantômes. Quand on a frôlé la mort sur une table de nuit, se faire plaquer par deux Ecossais c’est un peu comme une troisième mi-temps sans Ouedraogo et Picamoles : on en sort les pommettes intactes.

Fall est pas l’invité

Le Caucaunibuca du Val-de-Marne a donc conduit les siens vers une victoire qui a au moins eu le mérite de satisfaire son sélectionneur à l’extrême. Chacun ses plaisirs. On se demande quand même qui des placages ratés ou du manque d’ambition offensive aura été le plus orgasmique ? N’Tamack en a pris tellement plein l’œil gauche qu’il a réussi à perdre Benjamin Fall sur blessure diplomatique. L’homme sans cou, lui, se l’est encore froissé, en moins de cinq minutes, et voilà la France forcée de jouer les All Greens avec Palisson et sans charnière.

Parra n’a plus pour lui l’excuse de ses 20 ans et les salades de Pierre Martinet. Il est finalement aussi limité que son prédécesseur à Clermont, qui n’avait jamais rien montré avec les Bleus si ce n’est une capacité rare à viser systématiquement les chaussettes de ses coéquipiers. Le cas Trinh-Duc, lui non plus, n’a pas changé depuis deux ans, mais Lièvremont pense sûrement depuis le temps qu’une bonne mêlée et trois tables basses suffisent à gagner la Coupe du monde.

Pendant ce temps-là, O’Driscoll se souvient qu’il y a dix ans à peine il plantait trois essais au Stade de France.

Sébastien Loeb : « Le Sainz des Saints »

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Le quintuple champion du monde s’est arrêté au kilomètre 23 de l’ES12 pour répondre à nos questions. Il a perdu quinze secondes.

QUESTION : Sébastien, le championnat commence pour vous comme la saison dernière…
SEBASTIEN LOEB : Bah non, la saison dernière, c’était à Monaco. On avait dormi chez la tante de Dany (ndlr: Elena) entre les étapes, elle fait un super café. C’est quand même un peu dommage d’avoir supprimé la course : il y a pas de casino à Sligo.

Q. : Comment s’est globalement passé votre week-end en Irlande ?
S.L. : Très bien, merci. Il a pas mal plu, ç’a un peu gâché nos soirées, mais l’hôtel avait le câble et un mini-bar dans chaque chambre. Je reviendrai. J’ai vu le Connemara en plus, ça va faire plaisir à Séverine. Elle est fan de Michel Sardou.

Q. : Et sur le plan sportif ?
S.L. : Oh, la routine. Vous savez, ça va maintenant faire dix ans que je fais ce boulot. C’est un peu comme si je bossais à l’usine. La seule différence entre les autres ouvriers Citroën et moi, c’est 450.000 euros mensuels et la sécurité de l’emploi. On n’est pas chez Subaru.

Q. : Le championnat est sensiblement raccourci cette année. Qu’en pensez-vous ?
S.L. : C’est dommage. Avec Séverine, on aimait bien aller en Nouvelle-Zélande et en Suède. C’a pas été facile de lui dire qu’à la place, on passera cette année les vacances en Australie et en Norvège. Mais vu le contexte économique actuel, elle a compris qu’il fallait faire ce genre de sacrifices.

Q. : Regrettez-vous de ne plus avoir que Ford pour concurrence ?
S.L. : Parce qu’il y avait d’autres équipes ? Les Ford seront effectivement à surveiller en tout cas. C’est encore d’elles que viendra le danger, on ne sait jamais où Latvala peut sortir.

Q. : Le manque d’adversité, depuis la retraite de Gronhölm, ne risque-t-il pas de discréditer vos performances ?
S.L. : Comme on dit en Finlande, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de lui avoir roulé dessus. Si Hirvonen se décide d’attaquer en dehors des liaisons, si Sordo a la même voiture que moi et qu’il neige tout l’été, je pourrais bien être obligé de courir les trois derniers rallyes.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain