Lyon : La dernière décote du Rhône (3/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Troisième partie : la culture club, inexistante.

La phrase date d’il y a à peine six ans. Avant de recevoir Caen pour un glorieux nul (2-2) à Gerland, Grégory Coupet, qui n’était pas encore doublure, rameutait les troupes, en bon gardien du temple protestant. Dans une absconse référence à rien, il avait lancé un vibrant appel aux valeurs lyonnaises. De quoi parlait-il ?

Les versions ont divergé. Benarfa pensait aux Twingo sport offertes à chaque joueur de l’effectif. Coupet a songé à sa coupe de cheveux reproduite sur les têtes de jeunes gardiens dans les OL coiffure, avant que Cris ne l’en dissuade d’une vanne bien sentie. Juninho, à part ses coups francs, ne voyait pas. A raison : faute de titres majeurs, faute d’exploit, faute de moments d’anthologie qui fondent l’histoire d’un club, faute d’un style de jeu unique, le football à la lyonnaise reste, comme nous l’avons démontré, avant tout un modèle économique. « Et le premier titre, acquis contre Lens ? » pourrait rétorquer Olivier Blanc, directeur de la Pravda OL. Quand Jean-Guy Wallemme joue en face, on finit par oublier.

Se faire tirer les grandes oreilles

Les éliminations en coupe d’Europe sont particulièrement révélatrices. Passons les deuxièmes vies européennes en UEFA après un premier tour raté en Champion’s League, où les ténors Denizlispor et Slovan Liberec étaient vraiment trop forts. Dans la grande C1, Lyon étrille notamment le Bayern, un exploit en guise de marche pied vers la gloire d’une élimination à Moscou le match suivant (2000-2001). Rebelote deux ans plus tard : après une victoire à l’extérieur contre l’Inter, Lyon peste contre l’arbitrage face à l’Ajax pour masquer le désastre de ne pas se qualifier dans un groupe facile (2002-2003). De progression, il n’y eut pas malgré les apparences en 2003-2004, où le quart de finale contre Porto fut aussi laborieux que la finale de Monaco. Lyon n’avait alors pas de quoi rivaliser, et certainement pas l’état d’esprit. L’année suivante, ils avaient de quoi rivaliser, mais toujours pas l’état d’esprit. Sauf si celui-ci consiste à déclarer après coup que le PSV n’était pas plus fort, que Nilmar aurait dû obtenir un penalty. A omettre de préciser qu’un vrai attaquant buteur n’aurait pas été de trop et que le 1-1 de l’aller à Gerland avait sanctionné une prestation aussi rythmée qu’un 100 m de Pascal Delhommeau. Milan l’année d’après, à San Siro, Rome à l’aller en 2007 et Manchester cette année ont été d’une constance toute lyonnaise : l’équipe se fait éliminer sans avoir su saisir sa chance. En France, contre les tocards, Lyon gagne sans forcer et encore, Toulalan ne va plus à Valenciennes avec la certitude que les penaltys n’arrivent qu’aux autres.

Quand il faut tout lâcher, pousser parce qu’on est dos au mur, Lyon calcule, gère, et regrette systématiquement le match aller. Ca a presque changé avec le Real en 2010 mais le Bayern a fini par révéler l’insoupçonnable. La seule année où le niveau européen était assez faible pour gagner, Lyon s’est trouvé une nouvelle mission impossible : refaire un handicap. Benfica, Schalke, le bicentenaire de la fin de Cris : les choses étaient plus claires cette saison, bien avant le Real.

Bouton pression

Si les onze lyonnais avaient un maillot de Liverpool sur le dos, le public ne chanterait peut-être pas aussi longtemps « Who doesn’t jump is not lyonnais, hey ». L’OL a beau se targuer de son public, il est aussi enthousiaste que Valeri Lobanovski un jour de grêle. Le seul facteur qui a pu changer le cours d’un match, du grand OL, auront été les coup-francs de Juninho avant qu’il n’atteigne la quarantaine. Suffisant pour éliminer le Celtic Glasgow en jouant avec Berthod, mais jamais pour un vrai exploit. Le public lyonnais aurait dû se révolter dès le départ de Tiago. Aulas a beau rappeler que le public est gâté et qu’il ne faut pas être trop exigent, c’est tout simplement la condition d’un grand club. La pression médiatique et populaire autour de Lyon est encore à des années lumières de celle de Marseille. Des supporters virulents, c’est une force et une faiblesse. Aulas préfère tout aseptiser. Résultat, Govou ne sait pas plus ce qu’est la pression et une bonne pression.

Aulas, qui idolâtre certainement Mourinho, joue aussi le rôle de bouclier médiatique. Sauf que la situation n’a jamais profité au club jusque-là. Les joueurs ont tellement faim de titres qu’ils auraient fêté un 0-0 à Manchester au balcon de l’hôtel de ville place Bellecour. Il manie l’art de la provocation, il donne des leçons à la Ligue et titille la moustache du VRP Thiriez. Juste pour détourner l’attention ou écraser les autres. L’image qu’il renvoie de son club est aussi attrayante que Zidane questionné par Ianneta. Le président lyonnais est depuis longtemps démasqué. Il n’effraie plus quand il menace de ne pas jouer une demi-finale de Coupe, ne convainc plus quand il traite Abidal de Grosso merdo. Quant à sa réputation de négociateur dur : il a vendu cher mais gardé personne, et surtout pas Essien qui boudait. Avec Gourcuff, il saura se montrer intraitable.

Ca fait désormais six ans que le système Aulas ne fonctionne plus. Soit il part, soit il laisse la main sportive à un manager. Pas Gérard Houiller, cette fois un vrai, un compétent, un qui tient son groupe et qui ne se fait pas licencier par les joueurs. Lyon avait une génération exceptionnelle et une puissance financière confirmée par les comptables de Fred. Reste à trouver un entraîneur, enfin. Et un successeur à Juninho, toujours. A part ça, Essien, Tiago, Diarra, Cris et Benzema ne s’appellent même plus Pjanic, Kallström, Toulalan, Cris et Gomis.

Lyon : La dernière décote du Rhône (2/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération.  Deuxième partie : le recrutement, pathétique.

« Qui ne saute pas est Lyonnais. » C’est ce que l’on pourrait constater au regard des années d’errements, qui n’ont pourtant pas modifié le système de recrutement à la lyonnaise. Jean-Michel  Aux as a revendu très chers quelques stars amassées dans la Ligue 1 (Essien, Malouda, Benzema). Il a même breveté une utilisation révolutionnaire des centres de formation : sortir des jeunes estampillés « OL », les faire passer pour des espoirs (ce qu’il n’avait pu faire avec Bardon) et les survendre à des clubs gogo. Bergougnoux, Berthod, Clément, Rémy, Tafer ont ainsi signé des contrats pros que leurs parents n’auraient pu imaginer à l’époque de l’équipe C en pupilles à 7. François Clerc, lui, a poussé l’escroquerie jusqu’à l’équipe de France. Florian Maurice, déguisé en Papin par Aulas, c’était il y a onze ans déjà. Tout ce système OL est économiquement génial, mais pour le palmarès, c’est une catastrophe industrielle. Car Lyon n’a jamais élargi son ambition. Ca lui a coûté la Coupe d’Europe dans un cycle hyper favorable. Une simple preuve : la plus grande star qui ait signé à Lyon est Sonny Anderson. Et il n’était une star que pour les Français, après avoir laissé le même souvenir de lui à Barcelone que Dugarry au Milan AC. Le niveau mondial l’affublerait simplement du doux surnom de tocard. Est-ce la peine d’évoquer Lisandro qui aurait bien récupéré le maillot de Benzema mercredi dernier car il y a encore dans la place à côté de ses 7 maillots ramenés de sélection.

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A l’origine, Aulas veut dominer la France. Timidement d’abord, alors qu’aucun club n’est le numéro 1 incontournable. Caveglia, Grassi, Cocard, Dhorasoo arrivent à la fin des années 90. Le gros coup, qui change l’image de Lyon, c’est l’arrivée d’Anderson depuis le Barça en 1999, en même temps que Laigle et Vairelles. Ce dernier illustre le début d’une nouvelle ère : Lyon recrute pour affaiblir ses rivaux. En attirant Papin pour le mettre au placard, le Milan AC aussi le faisait. Mais à l’échelle européenne. Riche et attractif comme Wiltord, rien ne lui résiste désormais dans l’Hexa-gone : Carrière (joueur clé du Nantes champion de France en titre), Luyindula et Née en 2001, Dhorasoo qui redevenait bon en 2002, Malouda et Essien alors convoités par toutes les grosses écuries en 2003 – même si Drogba snobe la surenchère de l’OL visant à humilier Marseille -, Abidal et Frau en 2004, avant le criant exemple de Pedretti en 2005, qui n’était d’aucune utilité pour l’OL, Kallström, Alou Diarra et Toulalan en 2006 puis Bodmer, Keita et Belhadj. Avant Bastos, Pjanic, Gomis et Briand. Au passage, quelques fins de carrières sont accélérées au nom de la gloire : Caveglia, qui vola la Coupe de France à Calais, Née, qui connut le syndrôme Ouedec de retour à Bastia, Luyindula l' »escroc » ultime de Ligue 1 puisqu’il a arnaqué Marseille et Paris. Et Pedretti, mais que pouvait-on faire pour lui ?

Les joueurs de L1 constituent encore le fonds de commerce lyonnais. Jean-Michel Aulas a beau déclarer, quand il recrute des Lillois, qu’il promeut le championnat français en gardant ses meilleurs éléments, ceux-ci ne sont pas plus forts que ce que l’OL a déjà. Donc Lyon ne progresse pas. L’autre partie du recrutement est étranger, et notamment la filière brésilienne que Saint-Etienne a tant falsifié. Soyons clairs : Cris, Juninho, voire Edmilson et Cacapa, c’est fort. Mais ça l’est devenu à Lyon, ils ne sont pas arrivés comme des valeurs confirmées. Voilà ce qui empêche Lyon d’avancer : depuis l’opportunité Anderson, qui ne jouait de toute façon plus à Barcelone, jamais JMA n’a cassé sa tirelire pour faire venir une star. Il a bien tenté de nous le faire croire, mais Elber n’avait plus que le bouc de sa grande époque bavaroise (qui sont deux termes antinomiques), Baros n’a jamais été bon, à y regarder de plus près, et John Carew n’a jamais remplacé Tore Andre Flo dans les coeurs norvégiens. Certes, Lyon a approché Trezeguet, Mancini ou Joaquin, mais sans jamais dépasser le contact par Foot Transferts interposés.

 

Ce manque d’ambition a été criminel à l’époque où Lyon avait réussi l’essentiel : en 2005-2006, Lyon attaque la saison avec un vrai groupe. Essien est parti, Tiago est arrivé et Lyon sait très vite qu’il n’a pas perdu au change sur ce poste-là. L’instant du crime se produit à l’été 2005. Le précédent John Carew n’est pas assez vieux pour prendre conscience de la plus grosse erreur de l’histoire du recrutement lyonnais. A part sa tronche d’acteur français sur le retour, Fred a tout pour donner le change : il est Brésilien, il a une feuille de stats à faire pâlir Christophe Sanchez (mais pas Anderson), il est costaud, contrairement à Nilmar, et Wiltord s’invite souvent chez lui, preuve d’une bonne entente dans le vestiaire. La terreur va frapper, la nuit du 4 avril 2006. Gérard Houiller n’utilise plus le terme de criminel, pourtant la performance de Fred est ginolesque : il donne le ballon à un Milan inexistant pour l’ouverture du score d’Inzaghi. Lyon revient à 1-1, et Fred vendange une occasion sur un centre de Juninho. Au final, Milan marquera deux fois entre la 88e et la 93e, avec la complicité de Clerc et d’Abidal. Pour honorer la mémoire d’avoir été le plus mauvais, il fait encore pire onze mois plus tard, jour pour jour, contre la Roma à Gerland. Une performance héroïque, faite de fautes, de contrôles ratés, de non occasions cette fois et pour finir il pète le nez de Chivu. Contre Manchester, il dépasse avec maestria son époque milanaise. Rentré à la place de Benzema pour défendre le 1-0, il offre de multiples coup-francs à un Manchester au plus mal. Et sur un ultime centre de Nani, notre sosie de Francis Perrin surgit au deuxième poteau pour remettre le ballon à Tevez qui égalise. L’illusion Fred n’a que trop duré mais il est toujours à Lyon, l’éclosion de Benzema n’ayant rien précipité. Il a largement participé à l’ambiance pourrie du vestiaire, et a montré toute l’étendue de son art cet hiver, en demandant un salaire astronomique aux clubs de seconde zone légèrement intéressés. Lyon n’a jamais voulu s’en débarrasser. Aulas serait-il foutu de le prolonger ? Lacombe serait-il un conseiller de merde ?

Si Fred est un gros mauvais, il n’est pas non plus la seule erreur de gestion lyonnaise. On passera sur le départ en catimini de Kanouté ou Malbranque en Angleterre. Après tout, face à Anderson, Vairelles et Caveglia, ils n’étaient que des daubes, leurs carrières l’ont prouvé. Ensuite, Jean-Michel Aulas a voulu faire croire qu’il ne pouvait pas garder Essien, Dhorasoo puis Diarra contre leur volonté. Comme nous le répétons depuis des mois, un vrai recrutement digne de ce nom aurait tout changé : faites venir Trezeguet en pointe, assumez les ambitions de victoire en Ligue des champions et Diarra, Essien et compagnie restent. Seulement pour cela, il faut faire de gros chèques, aligner de très gros salaires, ce que Lyon peut faire, mais ne veut pas. Et puis, il y a tous ces nuls recrutés pour faire le nombre. Dans les écoles de management de football, apprendrait-on aux grands clubs à prendre Chanelet ou Grosso pour remplacer le titulaire, ou à signer un joueur plus fort que ce que l’on a en stock ? Cleber Anderson, Milan Baros, Patrick Müller voire Belhadj ont ainsi pu découvrir le saucisson lyonnais à moindre frais.

 

Gouverner, c’est prévoir et Aulas ne prévoit que les montants des salaires. Le diagnostic est pourtant simple à voir : s’il ne le voit pas, il est aussi bon président que Govou capitaine. S’il le voit, alors c’est de la mauvaise volonté et Perrin a un bon maître. Dans les deux cas, ça sent le départ de Benzema dans les deux ans. Sauf si, comme il le réclame à mots ouverts, le portefeuille s’ouvre en grand. Et encore, pas sûr que ça suffise. Car c’est toute la génération Juninho encore au club qu’il aurait fallu remplacer après 2006. Tous n’ont pas connu, comme Govou, les heures lancinantes à attendre en vain une offre d’un club étranger autre que Middlesbrough. Le sort du barbu Juninho devrait déjà être scellé vu qu’il termine chaque match avec une bouteille d’oxygène dans le dos, et ce depuis deux saisons. Mais la vie sans Juni n’est même pas en préparation. Ederson croyait qu’il suffisait d’être d’organiser la prochaine Coupe du monde.  Cissokho, Lovren, Diakhaté, Pjanic, Briand et  Gomis avaient peut-être le profil qui sait ? A quoi bon les siffler, pouvaient-ils décider eux-mêmes se recruter pour moins cher que Essien, Tiago, Diarra et Juninho à l’époque ?  Quand les plus gros actifs, ceux qui pèsent 25 millions d’euros, sont aussi passifs, c’est une bonne raison de faire son pire championnat depuis 2002-2003. Le nouveau Juninho c’était donc lui, un bilan s’impose : les coups francs non, la décision dans les matches importants non, un montant de transfert démentiel oui. Le recrutement était économique, Lyon n’a pas tant changé.

Et puis, comment passer sous silence la caste des entraîneurs lyonnais ? Domenech, Tigana, Stéphan, Lacombe, Santini, Le Guen, Houiller, Perrin et enfin Puel. Garde et Fournier s’occupant de la réserve. Ne cherchez pas de progression, il n’y en a pas. Le lien entre tous ces entraîneurs n’est pas la capacité à faire gagner des titres à l’équipe, comme un Capello. Ceux qui ont gagné avec Lyon portaient les ballons et découvraient le nom des recrues d’Aulas puis de Lacombe – une fois qu’il ne fut plus entraîneur – dans Le Progrès. Comme Canal+, Lyon a recruté des générations de potiches pour les mettre devant les caméras. Des entraîneurs qui font tourner la boutique et mettent bien en place les ateliers dans la semaine. Puis mettent sur la feuille de match ceux qui doivent jouer le week-end, ne gueulent pas contre le recrutement. Bref, des coaches dociles. L’adjoint Le Guen a laissé Juninho choisir son système, le triangle du milieu. Houiller s’est évertué à maintenir une bonne ambiance dans le vestiaire en prenant chaque joueur par la taille pour se raconter des souvenirs d’enfance. De toute façon, les joueurs savaient déjà jouer ensemble avant lui. Il n’a pas réussi jusqu’au bout et s’est barré. Puis, Perrin est arrivé avec sa seule ambition, sans rien comprendre au fonctionnement lyonnais. Il veut tout décider dans le domaine sportif, et donc évincer Aulas du terrain. C’est ce qu’il faut à l’OL pour franchir un palier, sauf que c’est une brêle. Après deux matches en 4-4-2, Juninho lui a poliment rappelé qu’un petit nouveau n’allait quand même pas lui apprendre à entraîner.  Et puis Puel arriva, Lille monta en puissance et les photos du titre monégasque de 2000 devinrent chaque jour aussi sepia que le crâne de Cris. Pas de titre, c’est entendu, mais une demi-finale de C1 la seule année où c’était possible, tout n’est pas à jeter. Dans les grands rendez-vous, son OL est défensif, efficace et signe son premier exploit contre le Real, peu importe si ce n’est pas un exploit le public le croit.

A son époque, Tapie osait davantage dans le recrutement. Il n’avait pas peur de mettre des valises pleines, du champagne et des filles pour renouveler la garde robe de l’OM ou prendre un entraîneur de renom. Financièrement, c’est risqué mais pour Lyon, la Ligue des Champions aurait été à ce prix. Aulas a pris Gourcuff.

Lyon : La dernière decote du Rhône (1/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Première partie ; le bilan sportif, insuffisant.

 

Sept titres d’affilée, des larges victoires contre des équipes moins fortes, un pillage systématique des meilleurs joueurs des autres clubs français : l’hégémonie lyonnaise était incontestable. Son impopularité aussi, mais qui n’a rien à voir avec la jalousie théorisée en d’autres circonstances par « Sigmund » Fred. Le développement lyonnais est aussi rapide à résumer que le passage de Perrin : Lyon est un club qui calcule tout et qui finit par décevoir, inlassablement. Le grand calcul a débuté dans les années 90, après une remonté en D1 en 1989. Aulas a une stratégie simple et logique : se renforcer économiquement pour dominer la France. Après plusieurs saisons aussi vilaines qu’un passement de jambe de Bruno N’Gotty, entrecoupées d’une qualification européenne liquidée par le grand Trabzonspor, les résultats arrivent (2e en 1995) et le club se stabilise dans la première partie de tableau. Le centre de formation porte aussi ses fruits (Maurice, Giuly, N’Gotty, Laville), malgré Maxence Flachez. Toutes les composantes du club progressent, Lyon devient un modèle de stabilité. A l’approche des années 2000, le club devient incontournable. Depuis 1998, Lyon termine sur le podium de L1 chaque saison. Premier titre en 2002, retour fabuleux sur Monaco en 2004, 15 points d’avance en 2006 : les supporters lyonnais n’ont plus à avoir honte. L’OL est un épouvantail, a le meilleur effectif en France et pour cause (à lire dans la deuxième partie).

 

Problème, à partir du 5e titre, ça coince. Lyon ne sort plus que du D’Artigny abricot pour fêter le titre. La faute au syndrôme Wiltord : pour de nouvelles sensations, il a besoin d’aller voir ailleurs. Et là, Lyon déçoit. En restant toujours à la porte quand il y a la place de passer, en faisant de grandes erreurs de gestion. Ce que la Juve, Manchester, le Bayern, le Barça ne font pas deux fois de suite. Dominer la France du foot, faire le doublé, c’est très bien. Mais quand on a l’équipe pour rentrer dans la légende sans y parvenir, ça ne suffit plus. Aulas le sait bien : avec l’effectif qu’il a eu, Lyon aurait dû atteindre une, voire deux, finales de Ligue des Champions du temps de sa splendeur. Ne jamais avoir dépassé les demi-finales est un scandale, digne du palmarès de Domenech avec toutes les équipes qu’il a entrainées.

 

En 2005, Lyon se fait éliminer par un PSV Eindhoven de Cocu, malgré une équipe bien meilleure. La fin de cycle, c’est 2006, l’année référence de l’OL, avec le milieu de terrain le plus fort d’Europe donc du monde (Diarra, Juninho, Tiago). Se faire éliminer par le Milan AC a été aussi regrettable que la venue de Fred (nous y reviendrons). Le Vestiaire pensait déjà à l’époque que la seule équipe capable de battre le grand Barça de cette saison-là était Lyon. Pour rentrer dans la légende, Lyon doit faire un exploit. C’est-à-dire éliminer un club de plus grand statut que lui, et non pas battre le Real ou faire marquer Govou contre le Bayern. Il ne l’a toujours pas fait, donc il reste au rang qu’occupent La Corogne, Schalke 04 ou la Roma : des clubs régulièrement en C1, toujours placés, jamais gagnants. Et puis il y eut le Real. Mais c’était celui de Pellegrini. Le plus nul de ces 10 dernières années puisque Benzema n’y est pas titulaire. Pourtant le Real va écraser la première mi-temps mais ce Real est aussi celui d’Higuain. Madrid est éliminé ce n’est pas un exploit, Bordeaux aussi derrière et c’est la demi-finale. Battre le Bayern aurait pu être exploit on ne le saura jamais. C’est l’humiliation, la même que face au Real de Mourinho et Benzema, le meilleur depuis Zidane.

Comparé à l’histoire européenne des clubs français, le paradoxe lyonnais jaillit avec plus de force que la femme de Fred n’en a jamais rêvé. Lyon a peut-être été l’équipe française la plus forte de l’Histoire, dominatrice en Ligue 1 comme Marseille ou Saint-Etienne des grandes époques. Pourtant, l’OL n’a jamais fait mieux que demi-finaliste. Une performance à des années lumières de l’OM ou de l’ASSE. Même d’autres clubs se sont aussi davantage transcendés que les Gones. A une époque où chaque coupe était relevée, valorisée, et où tout le monde attendait le jeudi avec autant de passion pour matter la C3, qu’on en a pour la C1 aujourd’hui ou que la défunte C2 hier. Le PSG d’avant, brillant en UEFA (1/2 finale), brillant en Coupe des Coupes (1/2 finale, finale et victoire) et même en Ligue des Champions, n’avait pas autant de talents, même si c’était un PSG sans N’Gog, sans Bernard Mendy et surtout sans Rothen. Monaco, finaliste glorieux de la Coupe des Coupes, 1/2 finaliste de la Ligue des Champions. Auxerre, 1/2 finaliste vraiment héroïque et malheureux de l’UEFA (avec un tir au but de Mahé qui lui valut d’être fusillé), avant un quart de finale de Ligue des Champions toujours contre Dortmund et toujours aussi héroïque et malheureux. Même Bordeaux, avec sa finale UEFA, ou le Nantes 96 emmené par Franck Renou, entrent dans ce gotha. Face au Bayern 2010 personne n’a vibré car personne n’y croyait, Cris avait déjà 50 ans, Benzema s’appelait Lisandro.

Cette période s’arrêta en 96 par trois performances ahurissantes, l’année même où Jacquet découvrit la meilleure sélection de l’histoire. En 97, Auxerre bloqua en quart et le PSG en finale. Densité et constance que l’on ne retrouva plus par la suite avec des exploits le plus souvent isolés avec Monaco – comme Metz, Toulouse ou Bastia en leur temps – ou couplée (Monaco et Marseille en 2004). Ou encore inexistants, avec Lyon. Pourtant, concernant l’OL, la faute n’est pas à mettre sur le niveau de la Ligue 1 qui aurait baissé, nous y reviendrons également. Pour l’OL, l’étoile filante est donc passée en 2006. Le Lyon des saisons suivantes a été moins fort. En 2007, Houiller a eu beau clamer que Toulalan était plus fort que Mahamadou Diarra, seul Barth d’OLTV a pu y croire. Avisé, il a eu un doute quand Aulas a triomphalement estimé Grosso meilleur qu’Abidal. Le déclin était amorcé. Le terrible hiver 54 fut moins contrariant que celui de 2006, quand Juninho et ses amis brésiliens s’en allèrent au Brésil sans penser à mal (contrairement à Wiltord bien des fois). Au retour, des engueulades, plusieurs belles défaites y compris à Troyes, un derby contre un mauvais Saint-Etienne en trompe-l’oeil avant d’affronter la Roma. Et patatra. Lyon affiche un complexe de supériorité aussi déplacé que les prétendus gestes d’un autre âge de son ancien entraîneur envers quelques femmes de ménage méridionales. La défaite est cruelle ,mais Lyon ne s’était menti que trop longtemps. Puis Puel arriva, puis Garde, puis Fournier puis la mort. En passant ils ont acheté Gourcuff. L’erreur de trop.

Cette défaite n’a pas tué Lyon, puisqu’il était déjà mort. Pour n’avoir pas changé complètement de cycle, l’OL 2008 était un zombie que Benzema, Toulalan et Benarfa ont abandonné dans le cimetière de la L1.

Lyon : Le lac du Koné marrant

En apparence, Lyon est une équipe en perdition qui cherche de la confiance. La vérité est bien plus simple et terrible : quand l’adversaire est en surnombre dans ta surface, c’est pas bon. Surtout quand c’est Montpellier.

dlr

A quoi doit maintenant servir la saison lyonnaise ? Pour l’instant, elle n’est pas sans intérêt. On pourrait même parler de bonnes nouvelles. Par exemple, Gomis et Briand sont de retour au premier plan. Ils peuvent sans doute remercier leurs formateurs et leur grand talent, pourquoi pas, mais aussi le retour à l’arrière plan de Ghezzal, Danic et Benzia, qui peuvent également remercier leurs formateurs et leur grand talent. L’autre bonne nouvelle, c’est que Lopes n’est pas un mauvais gardien. Il ne demandait qu’à le prouver, il ne demandera bientôt qu’à quitter le club.

Mais c’est aussi pour l’ensemble des familles du football français, les professionnels, les amateurs et même le cécifoot, que Lyon œuvre. Certaines vérités sont toujours bonnes à rappeler, car tout le monde peut les oublier, les meilleurs mais aussi les très mauvais. Premier exemple : avec quatre défenseurs qui ne gagnent aucun duel, on prend cinq buts et on ne gagne pas de matchs. A partir de là, tout est possible : un central qui monte au pressing pendant que l’autre recule et on est pris dans la profondeur, les deux latéraux qui montent en même temps et les ailiers montpelliérains qui partent dans le dos, des relances contrées dans les 30 mètres, et bien sûr les milieux qui jouent en sachant qu’à la moindre perte de balle ça va mal finir. On peut même répéter tout ça, 3, 4, 5, 10 fois, ça marche à chaque fois et ça n’empêche même pas d’oublier le marquage de temps en temps, notamment sur des corners ou des centres au second poteau quand c’est vers Bedimo. Il est vrai qu’il n’est latéral que depuis 5 ans, il découvre.

Mais Garde doit assumer, enfin le temps qu’il pourra. Car c’est ça de vouloir jouer comme le Barça : on met deux milieux en défense (Ferri et Fofana) pour assurer les relances et s’assurer de la possession, mais comme on n’est pas le Barça il faut défendre en reculant. Ca, même le Barça sait pas le faire.

Heureusement pour l’avenir, il reste Gonalons, capitaine courage qui rameute ses troupes et stoppe l’hémorragie. Ah bah non, il prend des cartons, il gueule et jusqu’à ce qu’il soit expulsé il donne la balle à Grenier qui attendait un peu plus loin, à une vingtaine de mètres de sa défense, de voir si Montpellier allait marquer. Avant de penser à attaquer, il faut penser à la défense. C’est simple le foot.

Pendant ce temps-là, Rémi Garde risque de très vite rester l’homme de la situation. Mais laquelle ? Plus qu’à relire l’ensemble de nos articles consacrés depuis 5 ans à la descente aux enfers Lyonnaise. Tout avait commencé le 2 mai 2008

Lyon : Et Aulas se Gava

Aulas est de retour : Lyon est candidat au titre de champion de France 2016.

La veille d’un déplacement à Valenciennes est toujours l’heure d’un choix pour Jean-Michel Aulas. Aussi souvent que l’OL se fait torcher à Toulouse, il perd dans le Nord, même si ces dernières années Valenciennes y ajoutait la coquetterie d’être relégable ou presque. Ce n’est pas le cas cette année, mais Lyon doit quand même choisir ce que vaut sa saison. Confirmer ce qu’on entend, qu’elle correspond à la renaissance de Gourcuff, ou autrement formulé un but et zéro passe décisive en neuf matches, est à ce prix.

Ca sent le Pathé

Lyon est 2e, et son président est soudain pris de vertiges. Depuis 1994-95, il ne s’attendait pas à pareille orgie de victoires. Et Aulas reste le maître à ce petit jeu-là : 1er ex-aequo de Ligue 1 à la trêve, il attend avec impatience le mercato hivernal pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs : il a proposé Lisandro à la Juve ou plutôt il a proposé l’info Lisandro à la Juve à pas mal de journaux. Il a aussi tenté Gourcuff à Arsenal, des fois que Wenger serait vraiment sénile au point d’accepter un nombre à six chiffres. Plus pragmatique, Aulas a fait mine de prolonger Grenier – vicieux mais bien tenté – et a rappelé que Gomis, Bastos et Réveillère avaient promis de foutre le camp l’été dernier. « Si on a envie de partir, on accepte les propositions de l’extérieur. Là, ils m’ont fait de la peine. » Les petits effrontés sont en train de finir deuxièmes, c’était pas prévu. Même troisième, pour un tour préliminaire de C1, c’était pas le plan prévu : que deviendra Mvuemba si ça se produit ? Et Aulas ne peut plus compter sur les Lillois pour le sauver.

Auto Bafé

Alors, « il faut tirer les oreilles des joueurs qui sont entre deux eaux ». Qu’ils marquent 11 buts en 21 matches avec des dreadlocks, voire qu’ils achètent des lunettes pour promettre de reprendre leurs études après une garde à vue dans une affaire de viol en réunion ne change rien : ils n’ont plus la tête à Lyon. Aulas l’a décidé, et il n’est plus là pour faire dans le sentimental, sinon il aurait gardé Malbranque toute sa carrière. Il est là pour former, vendre le plus cher possible et amasser pour acheter des Brésiliens et gagner, comme avant. Comme ça, Florian Maurice peut se dire qu’il est un peu septuple champion de France lui aussi.

C’était en 2010 : « L’OM a pris des risques financièrement. Moins que nous, mais ils en ont pris beaucoup. C’est une prime à ceux qui prennent des risques, le football français progressera comme ça. »

Lyon : Sa sainteté le Pape

Qui ne saute pas n’est pas Lyonnais. C’est fini.

Inspiré par les vacances aux frais de la CPAM de son rédacteur en chef, le Vestiaire avait entrepris de republier le déclin de Lyon la semaine dernière. Comme quoi le travail finit toujours par payer et le Vestiaire par avoir raison, même au stade du Ray par un dimanche printanier. D’exemple sportif, Lyon est devenu exemple économique puis contre-exemple. Les titres, les bons recrutements, les générations en or, c’est fini. Bientôt l’OL n’aura même plus d’argent pour voir en grand, comme jouer la C1 ou se ruiner au Portugal.

La saison lyonnaise était pourtant déjà riche : Caen pour commencer, Benfica, Schalke, l’Hapoël à Gerland puis le Real. Mais croire à la Lisandro-dépendance moins de deux ans après le départ de Benzema, c’est s’habituer à tout : les maillots floqués Lovren, Kallström, Gonalons, Grosso, Briand. Attention, il y a un intrus, qui est parti. Un seul ? Dans ces conditions, une défaite à Nice aurait finalement été aussi convenue qu’un échec d’Houllier à Aston Villa. On ne se refait pas.

Lloris et périls

Le vrai déclin, c’est donc quelque chose de plus grand. C’est Lyon qui mène sans son meneur de jeu et Lyon qui se fait rejoindre avec son meneur de jeu. 22 millions le remplaçant, même le grand Milan de Papin ne le faisait pas à l’époque. L’OL ne se contente plus d’affaiblir la concurrence, il affaiblit toute la Ligue 1.

Le vrai déclin, c’est aussi Cris qui trouve que Mouloungui va trop vite. Le vrai déclin est ironique : derrière lui, c’est aujourd’hui que l’OL a le gardien qui lui faut, mais ça ne sert plus à rien. Eventuellement à casser la gueule à Aly Cissokho. Le tour est fait : Lyon en 2011, c’est Lloris. Finalement, quand Abidal filait un but à Schevchenko et la qualification à Milan, c’était le bon temps. Aulas a le choix : soit bluffer, soit jouer Tapie. Il fait les deux, Lacombe est toujours là. Le vrai déclin, c’est quand le Vestiaire promet que c’est le dernier papier sur Lyon.

Pendant ce temps-là, Adebayor a appris les mots doublé en C1 et ovation. Gijon prépare déjà sa demie de C1 l’an prochain.

L’Edito : Gomis sert au conte

On entamait à peine la 74e minute lorsque L’Equipe.fr a annoncé la terrible nouvelle : « Gourcuff se charge de frapper le coup franc depuis le côté droit. Le ballon traverse la surface et s’en va finir sa course en touche à l’opposé. »

Que voulait bien dire Le Vestiaire en écrivant, le 18 mai 2008, à quelques jours d’un doublé  Coupe-championnat : « Le système Aulas ne marche plus. Soit il part, soit il laisse la main sportive à un manager. Reste à trouver un entraîneur et un successeur à Juninho. »  Que Lyon avait cessé d’être Lyon bien avant de concéder le nul interdit contre Rennes à dix pendant la dernière demi-heure, avec Verhoek en pointe ? 

C’est donc une semaine spéciale Lyon qui débute dans nos colonnes avec la publication des trois volets de la suite de notre enquête exceptionnelle dans les coulisses du plus grand fiasco de l’histoire des clubs français, trois ans après la décote du Rhône. Grange n’en était pas loin non plus, mais il n’est que champion du monde. On ne parlera pas de fiasco non plus pour les guerriers de Marc Lièvrement, en mémoire du Quinze de France, qui s’est si brillament remis dans le droit chemin. Fiasco, c’est de quelle origine déjà ?

Nadal maso

A part ça, Federer n’est pas fini. Autant de raisons de se réjouir du retour au plus haut niveau de Richard Gasquet. Comme il l’avait annoncé,  il a embêté Djoko, et même durant quatre jeux. C’était une bonne occasion de répéter les phrases toutes faites des grandes personnes :  » Je n’ai rien à perdre et c’est souvent le meilleur moyen de faire un bon match. Le problème de ces derniers adversaires, c’est qu’ils le regardaient un peu jouer. On sent qu’ils l’ont trop respecté, c’est ce qu’il faut éviter. » Quoi, il se prend pour qui ce petit merdeux?

Pendant ce temps-là Nadal a embêté Djoko pendant un set. C’est pas mal quand même.

Lyon-Madrid : Le Real peut-il mettre sept buts à Gerland ?

Zidane a supervisé l’OL. Voici pourquoi, cette fois, ça pourrait ne pas suffire.

Parce que Kallström-Toulalan au milieu, Briand à droite et Lovren derrière

Cris peut-il encore se souvenir qu’il n’a jamais perdu contre le Real ? A un âge avancé, la mémoire peut jouer des tours. Même jusqu’à douter qu’Adebayor a bien été formé à Metz. Là n’est pas le propos : il s’agit d’abord de savoir si Lyon est condamné à souffrir contre l’Hapoël Tel-Aviv à Gerland avec son équipe-type, qui ne défend pas quand elle ne pense qu’à attaquer. Peu importe, Lyon a battu le Real de Zidane en 2005 avec Diarra et Juninho, sur les conseils de Monaco.

Parce que bon Pied, mon oeil

Lyon va beaucoup mieux depuis qu’il a perdu à Valenciennes, il n’y a pas si longtemps, dans un match rappelant étrangement sa défaite à Lorient. Mettre un peu de mouvement et avoir au moins un joueur dans un bon soir est une équation pas si simple à résoudre, même si Lloris aime beaucoup son travail. Lyon monte en puissance : Gourcuff a réussi une belle volée le week-end dernier. Pied et Briand se sont aussi bien amusés, même Nancy n’a pu résister à la machine lyonnaise. Getafe n’est pas si fort, mais de toute façon le Real n’a aucune chance. Même en 2005, au retour, leur belle défense n’avait rien pu faire face à la talonnade de Carew.

Parce que les stats sont des stats

Lyon a l’expérience européenne et a été plus de fois en quarts que le Real depuis six ans. Ça ne veut pas dire que le Real avait soit une équipe de merde, soit une défense de merde depuis six ans. Pour ça, il faudrait que même Beckham ait été essayé en milieu défensif parce que depuis Makélélé il n’y a eu personne. De toute façon, le Real n’a pas battu Lyon en 2006  qui a même mené 2-0 à Bernabeu face au Real de Cannavaro.

Parce que sans Pellegrini

Le Lyon de Puel ne se rate jamais et corrige les merdes de Lovren ou Boumsong quand il n’est pas favori. Cette fois, il est favori et Mourinho serait bête de ne pas rappeler à qui incombe la charge du jeu, comme le Bayern du grand Olic en demi la saison dernière. Aujourd’hui, Lyon a Gourcuff, Bastos et Gomis, avant c’était Juninho, Essien, Malouda et Benzema. Ça change quoi, Lyon a battu le Real de Pellegrini à l’aller et fait nul face à celui de Higuain au retour la saison passée.

A part ça, rien n’a changé ou presque.

Ligue des Champions : L’appeau belge

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Lyon tout feu tout flamme, Lyon inspiré, Lyon efficace, Lyon qui en met 5 et Claude Puel est toujours entraîneur, Lyon et son duo Gomis-Lisandro, Lyon et ses nouveaux Juninho. Vivement la Ligue des Champions, qu’on sache.

Bafétimbi Gomis ne sait pas trop ce qui lui arrive. Habitué aux centres en six mètres avec Mirallas, Dabo ou Payet, il doit aujourd’hui composer avec des centres dans les six mètres. Sans trop comprendre, il se retrouve déjà à trois buts marqués en deux matches à Gerland. Valenciennes, qui n’en a encaissé qu’un, aimerait sûrement être rattaché au championnat belge, il n’y a pas de raison que ça soit toujours Anderlecht qui en profite.

Qu’il se rassure : l’ordre des choses n’est finalement pas si bouleversé que ça. L’ovation a été réservée à Lisandro Lopez. Il joue entre les lignes, se démarque facilement, touche beaucoup de ballons, n’en perd pas beaucoup et en plus il défend. Dit comme ça, ça ressemble au boulot de Pjanic, qui contrairement aux apparences jouait aussi mercredi, il a une preuve. Contre Anderlecht, Lisandro a été bon, pareil en Peace Cup, en amical contre La Corogne, contre Le Mans et Valenciennes. C’est toujours lors des grands matches qu’on conquiert le cœur des hommes, Benzema est oublié.

Lyon ne regarde pas à la défense

C’est aussi lors de ces mêmes grands matches que l’on observe les grandes défenses. Cris, impérial au Mans, a trouvé le parfait complément avec Bodmer. C’est a peu près ce qu’a pensé le dénommé Suarez en récupérant le ballon gagné de la tête par De Sutter avant d’aller plus vite que Bodmer pour inscrire le seul but belge. Ca ne changera rien pour le retour, mais pour les phases de poule c’est moins sûr. Boumsong, depuis le banc, fomente son retour sur le devant de la scène. Après tout, lui a joué au Camp Nou la saison passée. Delgado lève aussi la main, cette fois il s’est créé quatre occasions mais toujours pas de but, ça va finir par arriver. Sur son côté Cissokho est à peine meilleur défenseur que Grosso et à peine meilleur attaquant. Pour 15 millions, il fallait bien qu’il ait quelque chose en plus, c’est des années de moins. Du coup, il court plus vite, ça pourra peut-être servir. Réveillère, lui, ne voit plus très Clerc, ça donne confiance. Et Bastos est revenu lui filer un coup de main sur chaque attaque belge, drôle de consigne. Ca ne l’a pas empêché de marquer et de donner des ballons de but. Ederson n’a rien à envier à ce bilan, Nice peut déjà envisager une nouvelle opération juteuse.

Pendant ce temps-là, Chamakh doit donner sa réponse pour West Ham. Il a changé de conseiller.

Mercato, Lyon : Million dollar baby foot

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La reprise du championnat approche, pas Benzema et Juninho. Lyon a donc décidé de passer à l’attaque sur le marché des transferts. Piquionne et Mounier ne veulent plus partir, ils sont emballés. Les supporters un peu moins, il se posent des questions : qui sera le nouvel Elber ? Qui se cache derrière le nouveau Grosso ? Le futur Juninho est-il Luxembourgeois ou mineur ? Govou peut-il se réincarner ? Voici les postulants au tube de l’été.

Lisandro Lopez. 28 des 41 millions reçus pour Benzema, la formation ça rapporte, autant en profiter pour donner de l’expérience à tout le club. Dans quatre ans, neuf mois et seize jours, Benzema n’aura sûrement pas inscrit plus que 49 buts en 106 matches du championnat portugais. Paternel, celui qui ressemble à un vieux mercenaire tatoué n’a pas hésité à encourager son jeune devancier : « Chacun ses caractéristiques, ne me comparez pas à Benzema. » Il a signé cinq ans et hérité du numéro 9. Benzema avait le 10. Mais qui peut bien être son vrai prédécesseur ?

Aly Cissoko. Une formation à Gueugnon avant une ascension supersonique, Habibou Traoré et Marcello Trapasso cherchent l’erreur. Ensuite, six mois de Ligue des Champions, Aly a les épaules pour faire oublier Fabio Grosso. Aulas n’est pas peu fier, même si les Portugais sont durs en affaire, au moins ils acceptent les négociations. 15 millions, c’est un bon prix, même si Sylvinho assure qu’un arrière gauche peut exister au haut niveau à moins que ça. Au moins, lui a de l’ambition : « Parfois, un joueur est acheté 20 millions, il réussit ou ne réussit pas. Moi, c’est 15 millions. Si je pouvais réaliser la moitié de ce qu’a donné Abidal ici, je serais content. » Les actionnaires de Pathé ont déjà pris un rendez-vous chez le dentiste.

Loïc Rémy. Un parfum de mystère flotte sur son cas. Vendu 8 millions sous les vivas l’an passé, après une belle relégation à Lens, il pourrait revenir pour 15 millions, voire plus, cet été. La juteuse opération incluait même, à l’origine, la cession de Mounier. Une seule question : que s’est-il passé en un an ? Plusieurs propositions : 11 buts en 32 matches, une demi-finale de la Coupe de la Ligue et une ressemblance qui tire sur le Govou, ascendant Bastareaud. Le flis prodigue est prêt.

André-Pierre Gignac. Saccomano a beau l’appeler Pierre-André, il reste le meilleur attaquant en France, depuis le départ de Benzema. La Ligue se réjouit que l’appel d’offres pour les droits télé de la L1 ne se renouvellent pas cette année. Sadran reste inflexible : il ne veut ni le vendre, ni Piquionne. Mais l’OL, qui a bien fini par mater la résistance portugaise, le sait bien : le dénouement n’est qu’une question de zéros.

Vagner Love. L’attaquant du CSKA Moscou n’est ni la future comédie musicale de Plamondon, ni le sosie de Rony Turiaf avec des perles bleues. Il est la solution de rechange en attaque. Lacombe n’a pas oublié de noter que Vagner Love a terrorisé la défense nancéienne en UEFA l’an passé et était sur les tablettes du FC Nantes il y a trois ans.

Michel Bastos. Il fallait bien remplacer Kader Keita, c’est fait et bien fait. Lacombe est ravi de son coup, vu la fin de saison de Bastos, 18 millions c’est cadeau. Les clubs qataris repasseront pendant la trêve des confiseurs, au cas où.

Pendant ce temps-là, on voudrait Pandev pour 15 millions. 15 millions c’est un toc ?

Le roman du perd OL :
Des victoires à la Puel

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Après son malaise sur le plateau d’OLTV, Juninho se reconstruit peu à peu en jouant au Golfe. Govou se demande comment on fait.

Jean-Alain Boumsong était tranquillement en vacances. Naïf, le jeune défenseur lyonnais a baissé la garde au pire moment. Les terribles tabloïds français l’ont piégé. Des questions insidieuses, des réponses évidemment sorties de leur contexte. Sa seule erreur, avoir laissé planer une once d’ambiguité : « Claude Puel a changé, mais s’il avait continué on aurait fini par jouer l’Intertoto. » Bien remis de ses cinquièmes adieux consécutifs à Gerland, Syndey Govou n’a pas dit autre chose en saluant la rigueur de l’entraîneur multi-titré à Lille : « Parfois, à vouloir trop d’ordre, on s’égare. »

Vivement son cinquième pré-contrat caduque avec Portsmouth, la reprise est dans deux semaines. Plus collectif que jamais, Boumsong ajoute qu’après Barcelone, le groupe aurait pu abandonner totalement son entraîneur. Heureusement, la révolte du leader a permis de conquérir une belle troisième place. Et aujourd’hui, Boum le sent, l’ambition est intacte.

Qui vivra Vieira

Le recrutement est lancé, le rouleau compresseur est en marche. Non content de ne pas avoir attiré Gourcuff, Lyon s’est lancé sur les traces d’un autre international français. Loïc Rémy serait le nouveau Benzema si celui-ci frappait plus souvent au-dessus. Hasard de la vie, la priorité du recrutement lyonnais avait fait toutes ses classes dans un petit club voisin avant de descendre à Lens. Nice le regrettera, mais comme la vie est arrangeante, Bagayoko vient de descendre avec Nantes et à l’argus il ne vaut pas 8 millions. Lyon est tenté d’inclure Mounier dans la transaction, pas idiot, mais c’est prendre le risque de le racheter le double de son prix dans deux ans.

Aulas jure ses grands dieux – aucun lien avec Bernard Lacombe – que le recrutement se fera à l’étranger. Patrick Vieira serait donc le gros coup, attention à l’hématome. Makélélé pourra témoigner si besoin, Vieira n’a pas l’âge du joueur cramé et du transfert contre-indiqué. Lyon, un mauvais plan à un an de la Coupe du Monde ? Lyon, pas encore sûr de faire la Ligue des Champions ? Benzema est perplexe. En mal d’attaquant sans Fred et avec Piquionne, l’OL s’acharne aussi sur Lisandro Lopez. Le pauvre n’a rien demandé à personne, Lucho Gonzalez non plus. Jardel est toujours sur le marché ? 20 millions pour Lisandro, en tout cas Porto a compris que le mécène de Kader Keita est dur en affaire. Heureusement pour les actionnaires que Cissoko préfère le Milan. Deux attaquants dans le viseur, Benzema est donc bien intransférable. Et Delgado ?

Pendant ce temps-là, Deschamps ne regrette pas d’avoir signé.

Le roman du perd OL :
Le roman du perd OM

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Lyon a remporté sa seconde victoire d’affilée, a gâché la passation de pouvoir et perdu le titre. C’est ce qu’on appelle un week-end bien rempli. Pendant ce temps-là, que faisait l’OM ?

Finalement, qu’est-ce qui différencie Le Havre du PSG ? Pas grand-chose, a dû penser Jelen samedi soir en serrant les mains de Landreau, Ceara, Camara, Sakho, Armand, Clément, Makélélé, Rothen, Sessegnon, Luyindula et Kezman. Le PSG, mine d’avoir rien foutu, a mis une sacrée pression sur son adversaire pour la troisième place : perdre, pour les Lyonnais, signifiait rester à la merci d’un retour parisien. Les humiliations, ça va un temps.

Steve Marlet le sait bien, on ne renaît pas de ses cendres soudainement. Les niveaux – de confiance et tout court – de l’OL autorisaient un espoir : une prestation solide, même si Essien, Tiago et Diarra le formuleraient autrement. La victoire lyonnaise est facile à résumer : Benzema, Lloris et ses poteaux, Toulalan, un zest de Juninho et de Cris. L’OL a beau être mis au placard, un ancien parrain ne quitte pas la famille sans ses bijoux et un peu de fierté. Ca n’empêche pas Réveillère, Boumsong, Ederson et Delgado, mais ça peut suffire.

Frédéric Brandao

D’aucuns penseraient qu’il s’agit d’un exploit lyonnais si ce succès n’était pas aussi prévisible. Diouf avait annoncé une passation de pouvoir, Lloris s’est permis un clin d’œil à Mandanda. L’été approchant, Benzema avait quant à lui prévu de se faire remarquer, certainement pour mieux rester. Quand bien même Erbate est parti, Hilton-Civelli est le seul argument que l’OM pouvait opposer au caïd.

Gerets le savait, mais il n’imaginait pas que Brandao allait participer à la discussion. La défaite de Marseille est facile à résumer : Brandao, Civelli, un zest de Hilton. L’OM a beau avoir descendu Lille de sang-froid, un apprenti parrain pisse souvent dans son froc au moment de prendre la place du pater. C’est une image : Brandao, lui, n’a pas hésité à dézinguer Ederson en pleine surface. M. Lannoy n’a pu fermer les yeux, au grand dam de Legarda. Bonne nouvelle : c’est sûr, Ederson est bien le nouveau Juninho, même si Puel préfère faire entrer l’ancien pour tirer les coups francs.

Le mardi, c’est Civelli

Une telle mésaventure n’arriverait pas à Civelli. Le Vestiaire avait déjà salué ses efforts. Il poursuit sa formation en alternance du haut niveau. L’Argentin a découvert dans la semaine l’existence d’un poste appelé libéro. Ca permet à un défenseur de jouer dans l’axe derrière tous les autres, si possible en évitant de s’y mettre en plein match sans prévenir les copains. Il faut apprendre à lire le jeu adverse, mais bonne nouvelle : rien n’interdit de balancer avant le match qu’on sent le titre. Avant la déplacement à Nancy, Gerets prévoit de faire apprendre en urgence le hors-jeu à son héros d’Ukraine. Avec une surprise de taille : libéro et hors-jeu ne s’accordent pas.

Pendant ce temps-là, Gourcuff continue de se régaler dans les matches amicaux. La compét’ reprend ce week-end.

Le roman du perd OL : Plus qu’à Puel

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Le grand Lyon a signé son grand come back hier soir en étrillant Nantes, le dernier club à lui avoir subtilisé un titre de champion. L’effet Govou.

Lyon conquérant, Lyon offensif, Lyon retrouvé. Claude Puel a été exaucé hier soir. Il voulait une réaction d’hommes après Valenciennes, il l’a eue. Juninho peut bien resigner une saison de plus, si l’OL joue le même football qu’hier soir contre Nantes, alors Metz, Strasbourg, Grenoble ou même Tours pourraient bien souffrir l’an prochain à Gerland. Contre un adversaire en pleine confiance, Lyon a signé sa plus large victoire à domicile. Il fallait le faire, comme signer N’Daw pour 3 millions diront quelques esprits chagrins. Pas la peine d’insister, Pascal Praud n’arrêtera ni la poésie, ni les costumes crèmes.

Allez, allez, les panaris

En louant son côté petit perso, Bernard Lacombe avait prévenu que seul un grand Benzema pouvait permettre à l’OL de s’en sortir. La justesse de son analyse dépasse donc le transfert de Delgado. Delgado, justement, était déjà titulaire à l’aller. Il avait été transparent. Hier, il a donné un but à Makoun. De là à l’aligner au Camp Nou, il n’y a qu’un pas, regrette sûrement Puel. Le passé, c’est le passé, avec des « si » le Barça en aurait mis neuf. Chelito ne comprend pas, il se souvient pourtant d’avoir joué. A l’aller, il se souvient aussi que Nantes avait gagné 2-1 et hier soir, l’avantage psychologique était forcément du côté nantais.

47 buts encaissés en 34 matches, ça vaut mieux qu’un doublé d’Audel. Mais Lyon, bouffi de l’orgueil du champion, était décidé à tout casser hier soir, quitte à renverser la boîte de Prozac de Da Rocha. Un centre de Juninho, la défense nantaise oublie son deuxième poteau, rien de très original. Ederson qui remet le ballon à Makoun, à peine suffisant pour que Guillon se dise qu’un mec seul dans les six mètres à la 10e minute, ça la fout mal. Comment ça, Guillon ? 1-0, l’avantage psychologique est effacé. Le champion 2001 sortant n’a pas le temps de gamberger. Deux touches aux abords de la surface lyonnaise, trois passes réussies d’affilée, la réaction du FCN transcende la bande à Baup. Lyon tremble et recule. Un choix judicieux : Le Havre s’en était dispensé la semaine dernière à Louis-Fonteneau, et n’avait gagné que 2-1.

C’est donc sur un contre rapide comme Daniel Leclercq que le talent va parler. Moins celui de Delgado qui offre le but à Makoun, que ceux conjugués de Guillon, N’Daw, Pierre et Tall. 2-0 avant la mi-temps, l’exploit est en marche, Gerland en fusion. Benzema un peu moins ; mais pour se sortir de la charnière Poulard-Pierre, ne faut-il pas s’appeler Morel, Gignac, Ilan, Paillot, Deroin, Luyindula, Giuly, Schmitz, Erding, Gourcuff, Chamakh, Hadji, Piquionne ou Licata ? A croire qu’il a quitté le club depuis plus de deux mois, comme Le Vestiaire l’avait dit.

Duga rit

A cet instant, Lyon ne peut pas laisser passer sa chance. L’agressivité et la solidarité sont revenues : Cris est dépassé par Bagayoko, mais au courage il multiplie les fautes pour l’arrêter. L’attaquant nantais n’est pas pour rien le 3e meilleur buteur du club avec 4 buts. Boumsong se charge de Bekamenga : ne dit-on pas dans le milieu que laisser le Camerounais se retourner, c’est être sûr de récupérer une touche ? Pendant que Duga loue la prestation nantaise, la réalisation de Canal propose une compilation des gestes de Jean-Jacques Pierre. Contrôles en touche, ballon sous la semelle, une-deux en corner, tout y passe, le Desailly haitien serait donc plus Haitien que Desailly.

Contre toute attente, Nantes a un genou à terre ,mais n’abdique certainement pas, à l’image d’Abdoun à qui il ne manque qu’un ballon, puis un contrôle réussi, puis une conduite de balle, puis 30 mètres, puis une frappe pour tenter la frappe. Lyon tient sa proie et ne la lâchera pas. Boumsong voulait de l’amour, Mounier va en donner à quelques minutes de la fin, en devançant Guillon. Guillon ? Reconnaissant, le public lyonnais a failli scander « Pjanic, Pjanic ! »

Pendant ce temps-là, Toulalan veut gagner à Marseille et Toulouse. Le 8e titre est proche.

Le roman du perd OL : La capitale dégueule

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Après le premier but d’Audel, Benzema a confirmé qu’il restait un an de plus. Sur son second, c’est Puel qui a reçu l’assurance de mener à terme son projet quadriennal. C’est qui, ce Audel ?

Ce ne serait donc pas une légende. Juninho a bien manqué à Lyon samedi soir à Valenciennes. Les sceptiques penseront que le septuple champion de France n’en sort pas honoré, mais les achats d’Elber, de Fred, d’Ederson, de Carew, du LOSC 2006 et surtout de Delgado incitent à la nuance. Perdre à Valenciennes n’a donc rien d’immoral. Pujol, Audel, Pieroni, Sebo, Danic, Bangoura, Mater : même en l’absence de Darcheville, les Nordistes ont fait parler leur puissance de feu.

Schmitz et Bisevac ne l’auraient pas qualifiée comme ça, mais les jeunes Cris et Boumsong n’ont pas leur culture du haut niveau. En revanche, le second a fait de la philo et ça se voit : « Dans la vie il n’y a pas de hasard. Cette fragilité, que je soupçonnais, n’est pas irrémédiable. » Les actionnaires d’OL Groupe sont rassurés. Lyon a peut-être perdu la bataille qu’il ne fallait pas perdre, peut-être après en avoir perdu cinq sur les neuf dernières. Mais l’essentiel est préservé : Benzema et Benarfa resteront jusqu’à ce que l’OL gagne la Ligue des Champions.

La der d’Eder

Comme l’a toujours pensé Ibrahim Ba, une année sabbatique, ça ne fait jamais de mal. Pour la Ligue des Champions, Toulalan, Benzema et Lloris émettent un bémol ; Fabio Santos, Mounier et Pjanic un ouf de soulagement. Aulas, lui, est perdu, tout au plus. « En descendant à la mi-temps, j’ai croisé Fabio Santos et Bodmer. » Le coup était déjà rude. Non sans hésiter avec Ducourtioux et Penneteau, il les a invités à rejoindre le vestiaire, bien aidé par le maillot bleu qu’ils portaient.

Mais JMA ne perd pas le moral. Payer un timbre de quatre millions d’euros pour adresser un contrat au nom de M. Frédéric Piquionne, ça prépare au meilleur. Entre deux bénédictions, Perrin ne lui manque même pas un peu. « On a changé d’organisation avec un manager à l’anglaise, pour quatre ans. On veut de la stabilité et une évolution en douceur de l’effectif. » Benarfa, Squillaci, Mensah, Pjanic, Makoun, Ederson : Lacombe capte très bien OLTV chez lui.

Pendant ce temps-là, Aulas se réjouit d’avoir posé la question de confiance aux joueurs sur leur entraîneur. Santos a voulu s’abstenir avec les poings. Sinon, le plébiscite en silence sera un bon ciment pour l’an prochain.

Les questions interdites : Le football français existe-t-il encore ?

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Les très neutres spécialistes de Canal + ont réuni un somptueux plateau de crise. Parmi eux, le mauvais président Aulas, le catastrophique entraîneur-consultant Houiller, l’ancien agent pas véreux du tout, Diouf. Attention à la crise de foi.

A force d’entendre toujours les mêmes conneries, on pourrait finir par les croire. Quand Lyon prend une branlée contre le Barça, c’est la faute aux instances, quand Lyon se fait sortir par Manchester, c’est la faute aux instances, quand Lyon est humilié par Rome, c’est la faute aux instances. Pas assez d’argent, des stades trop vétustes et un cadre pas assez attractif.

Le Gerland vert

C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes, et un cadre pas assez attractif qui a provoqué le recrutement de Keita, Bodmer, Ederson, Boumsong, Grosso, Makoun, Piquionne, Delgado et Pjanic. C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes et un cadre pas assez attractif qui permet à Clerc, Réveillère, Juninho, Cris, Gassama, et Govou d’être encore dans l’effectif. C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes, et un cadre pas assez attractif qui permis à Fred de pourrir minimum trois saisons.

C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes, et un cadre pas assez attractif qui a empêché Fred de planter un but au Milan AC. C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes et un cadre pas assez attractif qui a empêché le PSV d’en prendre un. C’est donc pas assez d’argent, des stades trop vétustes et un cadre pas assez attractif qui a fait que jusqu’à la 88e minute, Lyon était toujours champion d’Europe 2006. Deux minutes, ça coûte combien ? C’est des nouveaux sièges à la Beaujoire ?

Plus belle Xavi

L’argent est sans aucun doute le vrai responsable des malheurs français : en effet, le Barça est quasiment deux fois plus riche que Lyon. Argument inattaquable, d’autant que le premier budget européen n’est autre que le grand Real, qui a écrasé la ligue des champions 2002. D’ailleurs, Aulas et ses copains ne sont pas des assistés. Il ne passent pas leur temps à quémander et chercher des combines pour se gaver de droits télés qui représentent plus de la moitié de leurs budgets.

Qui a remplacé Diarra, Essien, Abidal, Tiago et Malouda ? Le prêt à titre gratuit a la peau dure. Et pendant qu’Aulas entretient ses résidences secondaires, combien de salaires, d’espoirs, d’objectifs auraient pu être payés avec l’argent foutu en l’air autour de Fred, de Delgado, de Piquionne, de Baros, Pjanic , Belhadj ou de Boumsong qui n’ont servit à pas grand-chose. A rien ?

L’étoile du Bergeroo

Même le championnat de France n’est plus une excuse. Qui sont ces fameuses pépites que les clubs fortunés nous dérobent ? Et si tout simplement l’Hexagone ne produisait plus aucun joueur correct ? Et si l’indispensable épine dorsale défensive français ne jouait ni à la Juve, ni au Milan AC, ni à Barcelone, ni à Chelsea, ni au Bayern, ni à Liverpool, ni à Manchester ? Où vivaient Thuram, Desailly, Lizarazu, Sagnol, Makelele, Deschamps, Petit, Vieira, Blanc et Karembeu ?

Et si les problème de l’équipe de France n’étaient pas qu’un simple hasard de coaching ?  Et si Gouffran, Briand, Nasri, N’Zogbia, Matuidi, Gomis, Zubar, Payet, Le Tallec, Sinama-Pongolle, Aliadière, Meghni,  Ben Arfa, Kaboul, Mexès, Mavuba et Bréchet avaient tous joué en France espoirs ? Et si Gourcuff s’était fait dégager de Milan pour ne jamais y revenir à juste titre ?  Et si Benzema et Ribéry devaient assumer seuls toute la nouvelle génération du foot français ? Même Benoit Cauet, le Toulalan du riche, jouait à l’Inter.

Heureusement, Barcelone a eu besoin de tous ses arguments financiers pour piquer aux plus grands clubs Xavi, Iniesta et Messi. Quel est le sens exact des mots détection, formation et recrutement ?

L’Edito : Un compte de Noël

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Le meilleur skieur du monde qui laisse filer des points, Mathieu Bataille chevalier de bronze, Yann Eliès qui garde sa jambe… Cette année, le Père Noël est généreux pour tout le monde, sauf pour Laurent Blanc et le Top 14, bien sûr, qui n’intéresse personne et surtout pas Peyo Greenslip.

Il était une fois dans une époque pas si lointaine, le meilleur site de sport de tous les temps se permit de dresser un bilan des années lyonnaises. Les grandes années de la meilleure équipe du monde, pas celles des huitièmes de finale. Cette génération était morte et fut enterrée à Manchester sur l’autel de l’ambition. Mental, recrutement, gestion : une trinité fatale orchestrée par l’économe en chef. Le Vestiaire semblait comme à chaque fois très loin de la vérité.

Et soudain, à la veille d’une fin de règne certaine, tel un miracle de Noël, Aulas avoua son crime. Sous la pression d’un tirage européen flatteur, il se souvint de sa promesse de remporter une Ligue des Champions et se pencha sur les feuilles de match de son équipe. Bien que piètre connaisseur du ballon rond, le nom de Boumsong résonna dans sa tête comme une frappe cadrée de Hoarau. Ca sonnait faux. Lacombe ne lui fournit pas plus d’explications sur le nom du remplaçant de Juninho. Lyon jouait donc bien à quatre depuis le début de saison. A Puel, ça lui allait bien, persuadé qu’il était que le meilleur joueur croisé dans sa carrière s’appelait Rui Barros. Mais pour battre Barcelone, lui glissa Le Vestiaire, il faudrait plutôt débaucher un Djorkaeff, un Manu Petit et un Thuram. Après tout, chaque année, il croyait bien l’avoir, sa guitare au pied du sapin.

Pendant ce temps-là, Fred propose de résilier son contrat. Si c’est pas une belle année qui s’annonce.

Ligue 1 : Tous les chemins mènent à Rome

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Le grand choc français a tenu toutes ses promesses. Avec son deuxième point en quatre matches, Lyon survole le championnat. Le rythme est si effréné que les petits n’arrivent pas à suivre. Qui s’inquiète pour l’indice UEFA ?

D’un côté, Lyon, champion d’Europe en puissance. De l’autre, l’OM, seul vainqueur français de la C1. Les deux ogres de Ligue 1 se sont retrouvés, juste avant la trêve, pour en découdre. L’Europe entière attendait ça depuis la venue de Lyon chez le grand Nancy de Platini, c’était il y a un an.

24 heures après le pâle clasico espagnol, les supporters lyonnais ont été gâtés. Ils attendaient un grand Govou, sa feinte de frappe a offert à Valbuena la seule occasion du match. Ils craignaient Ben Arfa, à raison, ses initiatives ont été aussi judicieuses que ses déclarations d’avant-match. Ils comptaient sur la puissance de Boumsong, le Matthaus de l’OL, pour débloquer la situation, sa seule montée a été stoppée à 40 mètres de ses propres buts. En l’absence de Niang, ils se sont crispés quand Samassa est venu épauler Baky Koné. Le Mans et Nice ont toujours été des équipes chiantes à voir jouer.

Savoir rester Modeste

A force d’entendre des louanges seulement sur leur défense, les deux formations en ont eu assez. Au diable les organisations, fi de la rigueur, quelle meilleure occasion de se lâcher enfin que dans un choc ? Quatre jours après un terne Lyon-Bayern, les Gones ont enfin fait le spectacle. Juninho lui-même a signé son retour. En sortant à l’heure de jeu après deux semaines de repos et un match rempli de trois coups francs, il a envoyé un signal fort à la concurrence : 2009 sera jubilatoire ou ne sera pas. Ederson a-t-il compris ? Benzema a donné le choix sur sa liste au Papa Noël : un grand joueur ou un grand club. Il veut voir les quarts de finale sans compter sur le Pana ou Porto.

Le seul match de la soirée aurait pu opposer Lloris à Mandanda. A l’échauffement, ils étaient à égalité.

L’Hommage : Vade retro Saint-Aulas

Il n’a ni la barbichette de Barth, ni les talents de recruteur de Lacombe, mais il reste une valeur sûre. Il est de retour. Cette semaine, Le-Vestiaire.net lui rend hommage.

La semaine dernière, la Ligue des Champions a mis en lumière les hommes forts de l’OL. Sur le terrain, seuls trois joueurs n’avaient plus de souvenirs de l’époque Jean-Marc Chanelet : Toulalan-Juninho-Benzema. Samedi ils ont confirmé. Fabio Santos et Ederson peuvent chercher un prêt, pas Fred, qui veut prouver à Govou qu’on peut aussi rester à Lyon par choix. Même en ne jouant que contre Valenciennes, sans marquer.

Pourtant, avant le grand soir florentin, Lyon a pris peur. Vacillant à Paris, chahuté à domicile par Bordeaux, taxé d’avoir une défense de merde qui se fait même ridiculiser par l’attaque d’Auxerre : il n’en fallait pas plus pour lancer un aPuel au secours. Aulas, ressorti du placard, a déployé sa panoplie. Dans son rayon, le terrain médiatique. Pascal, le grand frère, qui donne des conseils via une syntaxe douteuse, n’a rien à lui apprendre : plus c’est grossier, mieux ça marche.

Juni a l’idée

Le festival a commencé après la Fiorentina. Expulsé pour avoir tenté de refourguer une carte Cotorep à Sylvain Armand au Parc des Princes, Juninho vit rouge. Puis laissa ses crampons dans une porte du Parc. Verdict : deux matches ferme. Encore moins que le strict minimum, une aubaine pour l’OL. Aulas ne pouvait qu’en profiter : il fallait gueuler pour avoir encore mieux la prochaine fois.

Coup monté, s’exclame alors Aulas, une fois la qualification en C1 acquise. « Le bilan est éloquent. Les instances françaises ne savent pas alléger le calendrier de l’OL et la commission de discipline a la main lourde. » Scandale, répète Aulas. « Comment imaginer une telle sanction quand on se rappelle que le capitaine lyonnais n’avait jusque-là pris qu’un avertissement en tout début de saison ? » Une telle estime donnera des ailes au modèle de vertu brésilien, au moment de prendre un carton jaune volontaire à Florence pour éviter une suspension en huitièmes de finale.

Il VA si bien

Aulas avait pourtant promis de prendre du recul avec l’arrivée de Puel. Il avait bien fait. Au milieu de compétitions peu concurentielles, tant en France qu’en Europe, le Lyon le plus faible de l’histoire post-2001 pouvait se permettre de tout gagner. Mais voilà, la machine est relancée: celle qui n’a jamais recruté un grand joueur, celle qui a réussi à ne dominer que la France. L’OL piétine à Gerland contre un relégable ? Jean-mi a la réponse. « C’est toujours plus facile de défendre que d’attaquer sur un terrain vraiment injouable. » Même un grand quotidien sportif met sa déontologie à son service. « En plus, après Florence, les joueurs sont revenus très tard dans la nuit. C’est un peu dans la mouvance actuelle. »

Et ça marche. Le président manceau Henri Legarda est sous hypnose. « Si Paris veut décaler son match au dimanche, pour que Lyon avance le sien au samedi, nous acceptons. Pour défendre les intérêts supérieurs du football français. » Aulas a repris la main. Il prospecte déjà pour vendre Delgado 20 millions d’euros au mercato d’hiver. Il s’est laissé griser, sans doute. Bordeaux jouera le vendredi, Lyon toujours le dimanche. Beau joueur, Aulas s’est rangé derrière ses chers intérêts supérieurs du foot français en Coupe d’Europe. Legarda ne compte pas en rester là.

Pendant ce temps-là, Bordeaux a encore frôlé le titre de champion de France à Sochaux, comme contre Paris, Nice, Lyon, Nancy et Rennes. Et le nouveau Benzema a pris 3 dans L’Equipe. Qu’en penserait C.Ronaldo s’il le connaissait?

Le retour du Boomesong

Lyon domine la Ligue 1 et s’est qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Comment expliquer la défaite du Parc des Princes ?

Lloris est ravi, il a du boulot. Puel aussi, il assiste au meilleur football que le monde ait porté depuis qu’il a signé à Lyon. Pour lui, la Fiorentina n’est pas une équipe minable qui défend encore plus mal que le Bayern. Des attaques à tout-va, des buts, c’est bien connu : le haut niveau fait la part belle aux attaquants et au spectacle. France 98 s’est d’ailleurs toujours appuyé sur Guivarch’.

En bon futur champion d’Europe, l’OL a compris la nécessité de faire briller ses adversaires. Bordeaux est ainsi apparu il y a quelque temps comme la meilleure équipe de France, au jeu qui rappelle la Hollande de Cruyff et son football total. Le PSG a trouvé son nouveau Weah, il est Réunionnais. Le Bayern est redevenu un monstre européen, chez qui prendre un point en marquant un but envoie au panthéon aux côtés de Philippe Tiboeuf. Bucarest confirme le renouveau de l’arsenal offensif roumain. C’est à croire que l’Europe est truffée de grandes équipes.

Mémoires d’outre-tombe

Hier, le Steaua jouait en violet et a bien failli prendre un point. Avec le trident Benzema-Juninho-Toulalan au sommet de sa forme, c’est deux buts et trois poteaux et les Italiens qui n’auraient pas dû exister. Ce fut effectivement le cas pendant 20 minutes, où Jean II Makoun eut même des airs d’Essien. Par contre, Keita ressemblera toujours plus à Govou qu’à Malouda. Par moments, on aurait même cru que Canal diffusait du TF1 sans les droits, à voir Brême enquiller dix centres en une minute sur la tête de Cris, avant le contre assassin.

A deux détails près : à l’époque, Cris ne prenait pas de petit pont sans mettre un coup de coude et Boumsong rêvait de Newcastle et de la Juve en Serie B. La légendaire maîtrise lyonnaise, faite de redoublements de passes et de feintes réussies de Juninho, a ressurgi d’outre-tombe.  Puis, Larqué s’est réveillé et Gilardino a réduit le score en s’amusant sur la tête de Mensah.

Pendant ce temps-là, Jean-Michel Aulas s’apprête à se repasser le DVD Milan-Lyon, comme chaque soir de match depuis deux ans et demi. Et la Ligue des Champions a toujours des allures de Ligue 1. Heureusement, Benzema poursuit sa route vers le Ballon d’Or.