L’Edito : Tu te fous de la gueule Drummond ?

A force de jouer au con, on finit par lui ressembler.

Le nouvel amant platonique de Patrick Montel, Christophe Lemaitre, était bien au rendez-vous hier de la finale du 100m des Mondiaux. Comme d’hab, il y avait un couloir aménagé pour les gamins avec un très léger défaut de langage, 3m de cheveux en suspension, une belle allure d’Asperger. Ça ne pouvait pas être Boyon, il venait de donner le point culminant de la Belgique en direct de la tribune de presse. D’habitude, une fois ses deux-trois phrases dictées façon débile profond, la nouvelle star des lignes droites enquille sa course en moins de 10 secondes. Mais là, il a poussé son personnage de retardé au bout, en arrivant une bonne minute après Collins, troisième d’une course que Totophe devait évidemment remporter. Ça s’appelle courir comme s’il avait un ssfeux ssur la langue. Montel promet qu’on ne l’y reprendra plus, on peut lui faire confiance, il avait fait la même promesse pour Christine Arron.

Usain du nez

Pourtant, vers 11h40, à l’issue de la demi-finale, Christophe avait oublié quelques instants ses manies de triso spontané pour menacer Monfort s’il le gardait trop longtemps. Ça n’a pas suffi pour gagner sa place chez les Enfoirés, mais le 200 c’est pour bientôt. L’autre phénomène de foire s’est distingué lui aussi. Vous savez le mec qui s’entraîne avec huit des quinze derniers champions suspendus pour dopage. Le mec qui passe sa vie à crâner, enfin à respecter comme dit Montel. Ben oui, pointer du doigt ses adversaires en leur promettant la défaite avant d’utiliser un rasoir imaginaire, ça s’appelle le respect. Tenter 9 »40 en volant le départ c’est de la modestie. Ne plus vouloir s’exprimer une fois qu’on s’est vautré, ça s’appelle l’humilité, pardon l’humiliation. Cette fois Bolt aurait pu se montrer lui-même du doigt car le starter coréen a fini par lui demander de sortir. Comme disait Diagana, le haut-niveau c’est être présent dans les grands rendez-vous. Il n’y avait ni Gay, ni Powell, ni Bolt, ni Lemaitre et on a enfin pu voir de l’athlétisme humain même si c’est Blake qui a gagné. Vous savez le mec qui s’entraîne avec huit des quinze derniers coureurs suspendus pour dopage.

A force de jouer au con, on finit par lui ressembler.

Chpts d’Europe, Ladji Doucouré :
La lésion d’honneur

Par notre spécialiste en Ladji Doucouré, Patrick Mataule

Mérite-t-il d’être sélectionné ? Détrompez-vous, cette question ne concerne ni Bascou, ni Darien. Car aux championnats d’Europe, tout est permis.

Ladji Doucouré a-t-il ses chances ? La question aurait été saugrenue il y a une semaine. Elle est désormais aussi sérieuse que la retraite de Medhi Baala. Et pourtant, son meilleur temps se situe au-delà de la douzième place, au-delà même du Grec Douvalidis. Oui, le Grec Douvalidis. Le Grec Douvalidis. Et pourtant, Doucouré est derrière Bascou et Darien. La légende raconte que Dan Philibert aurait attenté à ses jours pour moins que ça. Mais Dan Philibert n’est pas Doucouré, même s’il se réservait lui aussi régulièrement une des huit places de finalistes en compétition planétaire.

Car Doucouré s’est déjà réservé une première place et peut-être le chrono propre le plus rapide de l’histoire. Une raison largement suffisante pour le dispenser à jamais des critères de sélection. Car Ladji a trois particularités qui le placent loin devant les autres : il se blesse régulièrement comme un être humain normal qui ferait du sport de haut-niveau, il a le mental et le talent naturel pour revenir au sommet et son entraîneur casse les couilles à tout le monde.

Alors, peut-il d’ores et déjà s’échauffer pour la finale et préparer ses larmes pour le podium ?

Au regard de la concurrence, il est certain qu’il n’y aura pas vraiment de lutte. Ses plus coriaces adversaires seront Bascou et Darien, quant au meilleur performeur européen, il n’a fait que 13″27. En d’autres temps, c’est le meilleur Français qui partait avec aux Jeux Olympiques. Les quinze meilleurs se tiennent donc en trente centièmes, Doucouré (13″54) a une semaine pour en gagner dix. Ce sera plus simple pour lui de le faire, que de voir un jour Bascou et Darien courir régulièrement en 13″30, le temps autour duquel se jouera sans doute le titre. Le podium sera donc accessible pour tout le monde, pour les anciens champions du monde comme pour les champions de France.

Allen et les garçons

Il restera cependant un obstacle à franchir, celui du physique. Entre le 3 et le 11 juillet 2008, Ladji Doucouré est descendu de 13″64 à 13″51. Le 18, il atteignait 13″35 pour monter en puissance jusqu’à sa quatrième place pékinoise un mois plus tard. Il sait donc faire descendre les chronos dans un laps de temps aussi réduit que les places d’honneur de Coco-Viloin en grand championnat. Mais à l’époque, il enchaînait les courses et cela n’avait pourtant pas suffi pour revenir au top. Comme Jean Alesi, il n’avait pas la caisse. Doucouré ne l’aura pas cette année non plus, encore moins alors qu’il n’aura couru que deux fois. Ça n’arriverait pas à David Oliver, qui se jetterait sur les nuggets de Bolt pour compenser. Il y a champion et champion.

Berlin l’enchanteur :
Ce qui devait arriver Areva

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20h00 : Marc Maury parle de conditions atmosphériques idéales. A-t-il été briefé par Christian Jeanpierre ?

20h10 : Jeremy Wariner doit avoir perdu le numéro de la loco de Waco, il ne bat même pas le record de France. Leslie Djhone non plus. Olivier Noirot prend ses billets pour Berlin.

20h15 : Le temps est dégueulasse, les perchistes semblent se régaler. Lavillénie a déjà franchi une barre, Mesnil est admiratif.

20h28 : Florent Lacasse n’a toujours pas envisagé de reconversion. Gasquet peut-il lui donner des conseils ?

20h30 : RMC prend l’antenne. Canal+ envoie sa troisième coupure pub.

20h32 : Florent Lacasse poursuit ses interviews. Le meeting Areva sait créer l’événement

20h34 : Romain Mesnil découvre qu’on peut passer des barres pas forcément hautes. Jérôme Clavier n’a pas ce plaisir.

20h36 : Sanya Richards n’a toujours rien gagné. Perec est toujours recordwoman du monde.

20h42 : Lavillénie toujours champion du monde. Galfione n’a toujours pas franchi 6 mètres en plein air. Dossevi aimerait pouvoir ressentir le zéro des grandes compétitions.

20h44 : Doucouré se prépare. S’il court au dessus de 13″40, il n’aura pas vraiment besoin d’aller à Berlin.

20h48 : Ladji Doucouré prépare les JO de Londres. Garfield Darien fait son meilleur temps. Au même âge, Dan Philibert avait déjà réalisé 13″33 à Tokyo.

21h08 : Renaud Lavillénie toujours champion du monde.

21h15 : Gaz de France doit regretter ses nouvelles orientations devant un spectacle aussi prestigieux.

21h16 : Lavillénie a fini, avec la médaille de Djhone, ça fait deux. Darien dit trois, il n’a pas eu le temps de lire Le Vestiaire.

21h24 : Diagana forfait.

21h30 : Le meeting est quasiment terminé, il ne manque que le clou du spectacle, le record du monde du steeple.

21h32 : Elodie Guégan a failli bien courir.

Mondiaux : Berlin l’enchanteur

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Les magiciens de l’athlétisme français montent en puissance. Aujourd’hui, Ladji Doucouré ne descend pas encore sous les 13 secondes.

C’est beau Lavillénie

Combien de perchistes français seront sur le podium des prochains mondiaux ? S’il est acquis que Khalid Lacheb ne sera pas le premier polytechnicien triple champion olympique, Romain Mesnil pourrait prochainement devoir se refoutre à poil si ses sponsors découvraient par hasard que son copain Renaud, âgé d’à peine 9 ans de moins, n’a franchi qu’1 cm de plus. Galfione se demande s’il a vraiment passé 6 mètres un jour. Qu’il se rassure, c’était bien en salle, lui le fera en plein air.

Sdiri fifi

8m46, Sdiri a enfin réussi a effacer Kader Klouchi des mémoires. « Qui s’en souvenait ? » demandent les esprits chagrins. « Comment Sdiri a-t-il pu attendre aussi longtemps pour le faire ? » questionnent d’autres. Le futur champion du monde n’a pas tardé à confirmer avec 8 bons mètres à Berlin. Vanne ou pas vanne ?

Infirme et rie

A la mi-juin, les jeunes stars tricolores de 2003 montrent les reins. Christine Arron pourrait reprendre en juillet, Leslie Djhone pourrait reprendre un jour, Mehdi Baala en juillet. Quoi, 6 ans déjà ?

Ronald est Martial

Un mot du 100 mètres pour finir ? Non.

Romain Mesnil : « Buzzé en beauté »

Romain Mesnil nous a invité dans sa caravane d’un camping du Cap d’Agde, où le sot à la perche est allé se mettre ovaire avant d’attaquer la saison estivale.

QUESTION : Romain, n’aviez-vous pas d’autres alternatives pour trouver des sponsors que de courir nu dans Paris et de vous mettre aux enchères sur eBay ?
ROMAIN MESNIL : C’était ça ou gagner la Golden League. Avouez quand même que je n’ai pas choisi la facilité. Le regard des gens est très difficile à affronter quand vous vous baladez à poil dans la rue. On se sent différent, plus bas que terre. Je ne souhaite à personne de vivre ça.

Q. : Comment vous est venue l’idée de cette démarche ?
R.M. : Vaness’ (Boslak) m’a dit un jour qu’il fallait buzzer pour réussir. Je l’ai prise à Meaux et décidé de frapper un gros coup sur le Web deux à zéro, avec une campagne originale et innovatrice. Sergueï Bubka lui-même n’avait jamais osé faire ça dans les rues de Kiev.

Q. : A quel point les athlètes sont-ils affectés par la crise ?
R.M. : Vous savez, ce n’est pas parce qu’on gagne 50.000 euros à chaque meeting que le quotidien en est plus facile. J’ai une bouche à nourrir et trois chargés de com’ à payer. Alors, c’est toujours agréable de pouvoir mettre un peu de labeur dans les épinards.

Q. : Envisagez-vous d’autres actions similaires ?
R.M. : Je suis en train de travailler sur un badge à forte dimension politique réclamant « un monde économique meilleur ». Mais on peut sûrement aller encore plus loin dans la remise en cause du système : pourquoi ne pas organiser des concours de perche naturistes pour protester contre l’exploitation des enfants dans l’industrie textile chinoise ? Je suis aussi prêt à me faire tatouer le nom de mes partenaires sur l’entrecuisse en hommage à toutes les femmes victimes d’excision.

Q. : Etes-vous satisfait du résultat des enchères ?
R.M. : J’aurais préféré que Sloggi décroche mes timbales, mais ils avaient déjà Yannick Noah. Je suis en cas très content de pouvoir reverser à une association caritative les 7.500 euros du donneur anonyme, qui n’est ni Bernard Laporte, ni Jean-Luc Lagardère.

Q. : Abordez-vous plus sereinement la suite de la saison ?
R.M. : J’ai de bien meilleures sensations depuis que je saute sans short ni débardeur. Ca devrait me permettre d’aller chercher Renaud (Lavillenie) aux championnats de France.

Q. : Pensez-vous être en mesure de franchir un jour la barre des 6 mètres ?
R.M. : Pour les questions sportives, il faut voir avec mon attaché de presse. J’ai des choses bien plus urgentes à m’occuper.

Propos (presque) recueillis par Roger Secrétain