Milan-Tottenham : Mille ans de trop

Gallas, Palacios, Crouch : le secret pour battre le Milan, c’est d’aligner Ibra.

C’est l’histoire d’un joueur qui s’est imposé partout, sauf au Barça. Il a même été la star incontournable partout, sauf au Barça. Et partout, sauf au Barça, il n’a jamais été loin en Ligue des champions. La conclusion pourrait sauter aux yeux si L’Equipe n’avait pas décidé de mettre une photo du successeur de Larsson dans la pire sélection suédoise de l’histoire en Une hier matin, pour vanter le retour des étoiles européennes. Ibra n’a pas fait mentir sa réputation d’homme de grands matches : perte de balle et but de Tottenham, faute et égalisation acrobatique refusée. Du spectacle, du génie. Et Gattuso qui se bat avec les Anglais parce qu’Inzaghi n’a plus de licence et que Yepes en a eu deux ou trois de trop à River, Nantes, Paris et au Chievo avant son premier huitième de C1 à 35 ans. Un hasard sans doute.

Mano à Pato

A la décharge de l’ancienne star de l’Ajax qui ne gagnait plus la Ligue des champions et de l’Inter qui ne gagnait pas encore la ligue des champions, il n’est pas le seul à porter le maillot du Milan. « Il est facile Robinho », a d’ailleurs salué Stéphane Guy. Qui est vraiment Robinho, qui est vraiment Stéphane Guy, on n’en sait toujours pas plus après ce match. Pato jouait aussi ou presque. Le départ de Ronaldinho est finalement un lourd préjudice : il avait l’œil à chaque partie, et même pour celles organisées en nocturne, c’est lui qui faisait les meilleures passes. Pourvu qu’Abate ne parte pas lui aussi, il n’y aurait plus d’attaquant. Et attention, en face, Gareth Bale sera là au retour. Il a déjà fait tant de mal à l’Inter, redoutable quatrième du Calcio.

Pendant ce temps-là, Ibra ne jouera donc pas ce soir son deuxième Arsenal-Barça. L’an dernier, il avait marqué un doublé avec Gallas-Vermaelen. Wenger pense que cette fois c’est la bonne avec Koscielny-Djourou.

Les Avortons : Cantona que de la gueule

papillon

Le-Vestiaire.net poursuit son excursion dans les couloirs du temps. L’avorton du jour ne sera lui non plus dans aucun classement et ce n’est pas parce qu’il est mauvais acteur.

Le centre de formation de l’AJ Auxerre n’a pas servi qu’à faire de Guy Roux un entraîneur de légende, il a aussi sorti l’un des joueurs les plus extraordinaires toutes époques confondues. Franck Rabarivony l’était assurément pour des raisons obscures, Eric Cantona peut-être aussi, le mystère est moins opaque. Comme Jacques Mesrine, le King est adulé par plusieurs générations. L’un comme l’autre sont appréciés pour les mêmes qualités : leur franc-parler, leur courage, mais surtout leur orgueil et leurs dérapages violents trop souvent inacceptables.

La comparaison s’arrête là. L’un est un bandit assassin, l’autre ne tuait que les matches. Ceux qui ont connu Cantona se souviennent d’un artiste sans égal, comme le disaient les VHS, doublé d’un bad boy capricieux incapable de baisser son froc. Pour se rendre indispensable, il fallait savoir fermer sa gueule. Gravelaine et Pedros ne la fermaient pas, ils ne l’étaient pas. Cantona ne la fermait pas, pourtant il l’était. Henri Michel a su se passer de lui comme la Fédération saura se passer d’Henri Michel. Jacquet saura se passer de lui avec plus de succès. Trop de caractère, trop de talent, trop. Comme Papin, il ne sera pas aidé par la génération bleue qui précédera la première étoile, pas celle de Dalcin, qu’il n’aurait pas encore retrouvée. En Angleterre, il deviendra Roi, ce ne sera que justice, mais l’Histoire en a rarement quelque chose à foutre de la justice.

Cantona est une légende, pour ses excès sur le terrain et en dehors. Il aurait dû être beaucoup plus, comme son génie l’y autorisait.