Lyon : Le fabuleux destin de Sydney Govou

A l’occasion de son retour, le Vestiaire vous retrace en exclusivité la carrière du joueur  lyonnais le moins emblématique. Juninho, Wiltord, Cris, Malouda, Essien et Diarra n’étaient pas disponibles.

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Le petit Sydney qui n’a pu choisir son prénom, veut choisir son destin :  « Un jour Manchester United viendra me chercher » clame-t-il à qui veut l’écouter. Mais ManU s’écrit Portsmouth et c’est finalement le Panathinaïkos qui l’emportera avec lui. Puis Evian, puis Lyon.

C’est l’histoire d’un petit garçon atypique. Plus intelligent que la moyenne de ses camarades, il est probablement plus doué que la plupart, mais personne n’a jamais vraiment voulu s’en rendre compte. Pourtant, c’est très jeune qu’il intègre l’équipe première de l’OL. Cette fameuse équipe aux zéros titres, qui va en gagner beaucoup, a été entraînée par les plus grands et Raymond Domenech. L’an 2000, une époque charnière pour le club qui va débuter son règne l’année suivante. Sydney va grandir avec son équipe. Sélectionné à l’Euro grâce à Giuly, coupable ultime d’une des éliminations lyonnaises de la Ligue des Champions, buteur de temps à autres, Govou ne fait pas rêver grand monde mais se sent quand même un peu à l’étroit à Gerland. Le 3 mai 2006, le jeune joueur de 27 ans à peine lance un pavé dans la mare aux Gones : s’il ne part pas, il ne progressera plus. Mais le ridicule a-t-il déjà tué ?

2005-2010, le plus long transfert de l’histoire

Il fait alors son baluchon pour ne plus jamais le défaire. Auparavant, le 23 avril, la terrible  rumeur avait déjà été évoquée. Le 10 mai suivant, c’est noyé dans une brève sur Didier Drogba qu’apparaît pour la première fois le nom de Govou associé à celui de valise. L’histoire ne dit pas si jusque-là il se sentait bien au club ou si Lyon n’avait pas pensé à s’en débarrasser avant.  Le fameux « bon de sortie pour services rendus » va curieusement se multiplier durant les quatre années suivantes. Quoiqu’il en soit, les offres ne vont pas tarder à affluer. Du moins tout le monde l’espère et surtout son agent qui le voyait déjà partir en 2005. Les Rangers affûtent leurs rangers, « on saura avant ou pendant la Coupe du Monde » dit-il. La Coupe du monde passe, Sydney qui n’y était pas convié la joue quand même, mais Robert Duverne prend le même avion retour. On apprend que si Newcastle aurait été intéressé l’année dernière, cette fois les demandes sont plus variées : on le veut  en Grèce, mais aussi au Betis ou encore à Fulham, West Ham et Manchester City. Les propositions sont séduisantes mais l’affaire tarde à se conclure. Le 16 août, la légende se renforce, le FC Valence serait sur les rangs. Le 28 du même mois, Aulas a du mal à comprendre que personne ne veuille de son Sydney mais il y croit encore, en plein délire. Le 29 la plaisanterie 2006 est finie.

2007, caprice d’un Dieu

En juin 2007, Govou hésite sur la tactique à employer pour faire parler de lui dans les grands clubs, et choisit de chier sur Juninho. Ça fait toujours bien d’égratigner les stars. Le problème c’est que Juninho personne ne le connaît en dehors de l’Hexagone, et du coup c’est l’Atletico qui s’y colle. Sydney préfère se blesser.

2008, Besa me

Le 26 mai 2008, Govou peaufine les derniers réglages de sa valise, actualise son Ipod qui joue en boucle les tubes de l’été 2005, puis entre Enamorame et les Magic System, stoppe soudainement Illona Mitrecey, en découvrant dans L’Equipe du jour que le mêmes qui supervisent Diané s’intéressent aussi à lui. Govou ne croit alors plus au monde parfait chanté par la gamine. Finis les crocodiles et la vache, fini Portsmouth. Pourtant, le journaux le disaient au soir de son but en finale de Coupe, lui et Coupet étaient plus que jamais sur le départ.  Ca veut dire quoi plus que jamais quand on est tous les ans sur le départ ? Alors, Sydney coupe tout le 8 juin et se concentre sur son mois de compétition. Il n’était pas au courant que Thuram jouait aussi, du coup deux semaines plus tard, le bon de sortie n’est pas périmé, encore faut-il que ça attire quelqu’un. Au passage, lécher le cul de son sélectionneur ça peut servir. Décidément, Govou a tout pour plaire, en plus de n’être indispensable à personne, il est  fayot, mais pourquoi donc ne joue-t-il pas au Real ou à la Juve ? Il lui manque peut-être un scandale pour devenir l’égal des Cristiano ou Gerrard.  Il va l’avoir en décembre, et aussitôt les affaires reprennent. C’est son premier mercato d’hiver, il préfère attendre l’été. A presque 30 ans, il se dit qu’il est temps de dire les choses. Le fayot anti corporate c’est nouveau, et si le Barça aimait les fouteurs de merde ?

2009, quand on est Gone

Début 2009, Govou a tout connu sauf une grave blessure et le Milan AC. Le destin va lui offrir la première option, on ne peut pas tout avoir. Et puis arrive le mois d’avril, le mois des décisions cruciales. Etouffé par les propositions depuis 4 ans, Sydney prend une voie radicale, celle des grands champions. Il ira au bout de son contrat et ne prolongera pas. Il faut savoir partir. En juin 2010, il n’aura que 31 ans, pour l’instant Portsmouth n’a pas dit non. Pourtant, Gerland avait cru comprendre un soir de mai que cette fois c’était fini. Sydney le croyait aussi, il est même prêt à faire une croix sur la Ligue des Champions, Portsmouth finira par dire non Stuttgart aussi.

Sydney Govou devint ensuite le nouveau capitaine de l’OL, fut tenté de prolonger puis miracle, la Grèce accepta de filer ses derniers euros pour voir jouer Sydney. Une cuite de trop et il se mit à l’Evian. Ses articulations ne le supportèrent pas.

L’instant Le Vestiaire : Christanval de grâce

Roger Lemerre pensait le plus grand bien de lui. Ils sont rentrés dans la légende en même temps. Juste retour des choses : l’éternel successeur naturel de la défense de 98 est finalement le moins mauvais de sa génération.

Les socios du Barça ont élu leur pire équipe type de l’histoire il y a quelques semaines. Sans surprise, Philippe Christanval y figure, aux côtés de Frédéric Déhu. Mais contrairement au fils spirituel de Jean-Guy Wallemme, il en a au moins retiré un avantage : retrouver les Bleus au moment opportun. Si Martin Djetou était son mentor, alors l’élève a dépassé le maître. Les plus éminents spécialistes du football l’avaient prédit : ce 7 octobre 2000, en Afrique du Sud, le longiligne défenseur de Monaco avait pris rendez-vous avec la belle Bleue.

Ce qu’ils savaient moins, c’est qu’elle était volage au point de ne le rappeler qu’un an et demi plus tard, après rendez-vous foireux (Micoud, Meriem) et plans d’un soir (Jurietti, Nicolas Gillet). Ce que Christanval ne savait pas, c’est qu’il n’aurait jamais l’opportunité de conclure.

Blaugranalphabete

Car le passage à Barcelone de Christanval n’a probablement servi qu’à entretenir l’espoir. Barcelone en 2001-2002, c’est une 4e place en Liga et une demi-finale en Ligue des Champions. Christanval aurait bien mérité sa médaille après avoir participé aux poules. Pour lui, c’est surtout 26 titularisations en Liga. Lemerre n’y a vu que du feu et l’emmène à la Coupe du monde. Les prestations de Papin à la World Cup 94 ont fait plus de bruit. Mais Philippe s’en foutait, il était content d’être là, de participer à la fête.

Au Barça et chez les Bleus, la saison suivante sera celle de la confirmation : cinq matches et un départ pour l’OM. Petit, il était le successeur de Blanc, en noir. Christanval tient à son statut : à l’OM, il rappelle à chaque apparition les quelques mauvais matches du Président avant son départ pour l’Inter, et il y en a eu. Il ne reste qu’une saison, puis direction l’Angleterre, qui lui confirme bien qu’il n’a pas re-signé de licence de joueur pro. Fulham l’entretient un temps, mais seul le Milan AC a poussé le merchandising jusqu’à l’auberge de vieillesse.

Défense d’y voir

Christanval en aurait donc fini s’il avait un jour commencé. C’est ce fameux 7 octobre 2000 qui déterminera le rayonnement de toutes les défenses bleues qui suivront, privées de Blanc, Desailly ou Thuram. Christanval surpasse la quasi totalité des joueurs sélectionnés de sa génération (1978). Ils sont douze, citons-en onze pour gagner du temps : Boumsong, Bréchet, Camara, Escudé, Zebina (79), Gillet (76), Silvestre (77), Squilacci (80), Mendy, Fanni et Givet (81). Cette année, ils ont tous un contrat en première division de leur pays, c’est déjà pas mal. Le seul concurrent de Christanval est le grand espoir du foot français, l’ancienne idole de Mourinho, il se nomme Gallas. C’est le nouveau Desailly, le patron incontesté d’Arsenal, le futur capitaine inamovible de l’équipe de France. C’est un détail, il est né la même année qu’Henry. Qui a dit carrière ratée ?

Et Blackburn mit Christanval à l’essai en septembre dernier. Il était libre. Gallas aussi. Suffisant pour élargir le casting du Domenech show ?