PSG, OM, Ligue des champions : Mozer fucker

Il parait que 27 ans après, l’Olympique de Marseille pourrait enfin avoir un successeur. Vraiment ?

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Comment peut-on devenir le plus grand entraîneur du monde quand il n’y a ni joueur, ni club, ni sélection nationale dans son pays d’origine ? En rencontrant Bernard Tapie.

C’est l’histoire d’un club qui va battre en finale le Milan de Capello avec Abedi Pelé.  Un club qui va aller en finale avec Waddle et Abedi Pelé en battant le Milan de Sacchi. L’auteur de ce miracle, sans doute un des plus grands exploits de l’histoire du foot, s’appelle Raymond Goethals. Il n’est ni Italien, ni Hollandais, ni Portugais, ni même Français. Il est Belge, comme les frères M’Penza. Comme Luc Nilis, tout sauf un Hazard.

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Liverpool : You’ll never score alone

Les plus fidèles fans de Liverpool le savent. Anfield Road n’a pas toujours eu la chance de voir évoluer le meilleur buteur du monde. Par contre ils ont bien connu le plus mauvais et ça a duré quatre ans. Souvenez-vous, il s’appelait Fernando et n’était même pas Egyptien. Au moins on sait pourquoi ils ont dû attendre 30 ans. Ce n’est pas que de la faute de Houiller.

Tout avait pourtant bien commencé. Le 1er fevrier 2005,  il n’a pas encore 21 ans qu’il bat d’un doublé le Barça de Ronaldinho en 2005. 

S’ils avaient regardé de plus près, avant de mettre 36 millions sur la table, les dirigeants de Liverpool se seraient rendus compte que son deuxième but est un penalty qu’il a provoqué à cause d’un duel raté avec le gardien. C’est vraiment pas aimer son public que de lui offrir un attaquant vedette qui disputera une finale mondiale parce que le titulaire commençait à fatiguer en prolongation. Quinze minutes d’éternité. Sans prendre en considération la sensation d’être le cocu de Fernando Llorente, le quart d’heure de champion du monde de la carrière de Fernando Torres doit beaucoup à Villa. Amusant, un attaquant qui rate des occasions en finale de Mondial est finalement aligné d’entrée parce que lui au moins il s’en créé.

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Les matchs de légende : Jérémy régnait

 Les matchs de folie se succèdent en Coupe d’Europe mais les Français n’y participent pas. Alors le Vestiaire a plongé dans ses archives et a quand même trouvé des exploits avec des clubs plus ou moins hexagonaux dedans. Pas de Leipzig, évidemment. Ligue Europa oblige.


Voici donc les 15 plus grands matchs, pas toujours victorieux, de ces 25 dernières années. Monaco sera là évidemment. Mais ça fait quand même un paquet d’année qu’il n’y a plus ni le PSG ni Marseille, ni Lyon. 

15. OM-Milan 93

Pour quel autre match chercherions-nous la VHS sur priceminister tout en ayant pris soin de conserver son combi tv magnétoscope de la fac. OM-Milan c‘était Roland encore vivant qui n’insultait pas encore Larqué déjà mort, c’est Tapie qui n’en voulait pas encore aux couilles de Praud, et c’est Goethals qui alignait 9 joueurs défensifs face à Van Basten aux abois, Massaro aux fraises, et Papin aux chiottes. On les fout 15ème parce que c’était un peu joué d’avance et pas qu’à cause d’Eydelie. Et dans les buts c’est Barthez.

14. Manchester-Monaco 98

C’est le match qui permit à Trezeguet d’être champion du monde 3 mois plus tard. Pourtant l’entraîneur s’appelait Tigana, pourtant c’était à Old Trafford, pourtant Benarbia était titulaire. Carnot est même entré en jeu. Mais Solskjaer aura la bonne idée d’attendre un an pour en marquer 2. Tant pis pour Liza. Et dans les buts c’était Barthez.

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Lyon : La dernière décote du Rhône (2/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération.  Deuxième partie : le recrutement, pathétique.

« Qui ne saute pas est Lyonnais. » C’est ce que l’on pourrait constater au regard des années d’errements, qui n’ont pourtant pas modifié le système de recrutement à la lyonnaise. Jean-Michel  Aux as a revendu très chers quelques stars amassées dans la Ligue 1 (Essien, Malouda, Benzema). Il a même breveté une utilisation révolutionnaire des centres de formation : sortir des jeunes estampillés « OL », les faire passer pour des espoirs (ce qu’il n’avait pu faire avec Bardon) et les survendre à des clubs gogo. Bergougnoux, Berthod, Clément, Rémy, Tafer ont ainsi signé des contrats pros que leurs parents n’auraient pu imaginer à l’époque de l’équipe C en pupilles à 7. François Clerc, lui, a poussé l’escroquerie jusqu’à l’équipe de France. Florian Maurice, déguisé en Papin par Aulas, c’était il y a onze ans déjà. Tout ce système OL est économiquement génial, mais pour le palmarès, c’est une catastrophe industrielle. Car Lyon n’a jamais élargi son ambition. Ca lui a coûté la Coupe d’Europe dans un cycle hyper favorable. Une simple preuve : la plus grande star qui ait signé à Lyon est Sonny Anderson. Et il n’était une star que pour les Français, après avoir laissé le même souvenir de lui à Barcelone que Dugarry au Milan AC. Le niveau mondial l’affublerait simplement du doux surnom de tocard. Est-ce la peine d’évoquer Lisandro qui aurait bien récupéré le maillot de Benzema mercredi dernier car il y a encore dans la place à côté de ses 7 maillots ramenés de sélection.

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A l’origine, Aulas veut dominer la France. Timidement d’abord, alors qu’aucun club n’est le numéro 1 incontournable. Caveglia, Grassi, Cocard, Dhorasoo arrivent à la fin des années 90. Le gros coup, qui change l’image de Lyon, c’est l’arrivée d’Anderson depuis le Barça en 1999, en même temps que Laigle et Vairelles. Ce dernier illustre le début d’une nouvelle ère : Lyon recrute pour affaiblir ses rivaux. En attirant Papin pour le mettre au placard, le Milan AC aussi le faisait. Mais à l’échelle européenne. Riche et attractif comme Wiltord, rien ne lui résiste désormais dans l’Hexa-gone : Carrière (joueur clé du Nantes champion de France en titre), Luyindula et Née en 2001, Dhorasoo qui redevenait bon en 2002, Malouda et Essien alors convoités par toutes les grosses écuries en 2003 – même si Drogba snobe la surenchère de l’OL visant à humilier Marseille -, Abidal et Frau en 2004, avant le criant exemple de Pedretti en 2005, qui n’était d’aucune utilité pour l’OL, Kallström, Alou Diarra et Toulalan en 2006 puis Bodmer, Keita et Belhadj. Avant Bastos, Pjanic, Gomis et Briand. Au passage, quelques fins de carrières sont accélérées au nom de la gloire : Caveglia, qui vola la Coupe de France à Calais, Née, qui connut le syndrôme Ouedec de retour à Bastia, Luyindula l' »escroc » ultime de Ligue 1 puisqu’il a arnaqué Marseille et Paris. Et Pedretti, mais que pouvait-on faire pour lui ?

Les joueurs de L1 constituent encore le fonds de commerce lyonnais. Jean-Michel Aulas a beau déclarer, quand il recrute des Lillois, qu’il promeut le championnat français en gardant ses meilleurs éléments, ceux-ci ne sont pas plus forts que ce que l’OL a déjà. Donc Lyon ne progresse pas. L’autre partie du recrutement est étranger, et notamment la filière brésilienne que Saint-Etienne a tant falsifié. Soyons clairs : Cris, Juninho, voire Edmilson et Cacapa, c’est fort. Mais ça l’est devenu à Lyon, ils ne sont pas arrivés comme des valeurs confirmées. Voilà ce qui empêche Lyon d’avancer : depuis l’opportunité Anderson, qui ne jouait de toute façon plus à Barcelone, jamais JMA n’a cassé sa tirelire pour faire venir une star. Il a bien tenté de nous le faire croire, mais Elber n’avait plus que le bouc de sa grande époque bavaroise (qui sont deux termes antinomiques), Baros n’a jamais été bon, à y regarder de plus près, et John Carew n’a jamais remplacé Tore Andre Flo dans les coeurs norvégiens. Certes, Lyon a approché Trezeguet, Mancini ou Joaquin, mais sans jamais dépasser le contact par Foot Transferts interposés.

 

Ce manque d’ambition a été criminel à l’époque où Lyon avait réussi l’essentiel : en 2005-2006, Lyon attaque la saison avec un vrai groupe. Essien est parti, Tiago est arrivé et Lyon sait très vite qu’il n’a pas perdu au change sur ce poste-là. L’instant du crime se produit à l’été 2005. Le précédent John Carew n’est pas assez vieux pour prendre conscience de la plus grosse erreur de l’histoire du recrutement lyonnais. A part sa tronche d’acteur français sur le retour, Fred a tout pour donner le change : il est Brésilien, il a une feuille de stats à faire pâlir Christophe Sanchez (mais pas Anderson), il est costaud, contrairement à Nilmar, et Wiltord s’invite souvent chez lui, preuve d’une bonne entente dans le vestiaire. La terreur va frapper, la nuit du 4 avril 2006. Gérard Houiller n’utilise plus le terme de criminel, pourtant la performance de Fred est ginolesque : il donne le ballon à un Milan inexistant pour l’ouverture du score d’Inzaghi. Lyon revient à 1-1, et Fred vendange une occasion sur un centre de Juninho. Au final, Milan marquera deux fois entre la 88e et la 93e, avec la complicité de Clerc et d’Abidal. Pour honorer la mémoire d’avoir été le plus mauvais, il fait encore pire onze mois plus tard, jour pour jour, contre la Roma à Gerland. Une performance héroïque, faite de fautes, de contrôles ratés, de non occasions cette fois et pour finir il pète le nez de Chivu. Contre Manchester, il dépasse avec maestria son époque milanaise. Rentré à la place de Benzema pour défendre le 1-0, il offre de multiples coup-francs à un Manchester au plus mal. Et sur un ultime centre de Nani, notre sosie de Francis Perrin surgit au deuxième poteau pour remettre le ballon à Tevez qui égalise. L’illusion Fred n’a que trop duré mais il est toujours à Lyon, l’éclosion de Benzema n’ayant rien précipité. Il a largement participé à l’ambiance pourrie du vestiaire, et a montré toute l’étendue de son art cet hiver, en demandant un salaire astronomique aux clubs de seconde zone légèrement intéressés. Lyon n’a jamais voulu s’en débarrasser. Aulas serait-il foutu de le prolonger ? Lacombe serait-il un conseiller de merde ?

Si Fred est un gros mauvais, il n’est pas non plus la seule erreur de gestion lyonnaise. On passera sur le départ en catimini de Kanouté ou Malbranque en Angleterre. Après tout, face à Anderson, Vairelles et Caveglia, ils n’étaient que des daubes, leurs carrières l’ont prouvé. Ensuite, Jean-Michel Aulas a voulu faire croire qu’il ne pouvait pas garder Essien, Dhorasoo puis Diarra contre leur volonté. Comme nous le répétons depuis des mois, un vrai recrutement digne de ce nom aurait tout changé : faites venir Trezeguet en pointe, assumez les ambitions de victoire en Ligue des champions et Diarra, Essien et compagnie restent. Seulement pour cela, il faut faire de gros chèques, aligner de très gros salaires, ce que Lyon peut faire, mais ne veut pas. Et puis, il y a tous ces nuls recrutés pour faire le nombre. Dans les écoles de management de football, apprendrait-on aux grands clubs à prendre Chanelet ou Grosso pour remplacer le titulaire, ou à signer un joueur plus fort que ce que l’on a en stock ? Cleber Anderson, Milan Baros, Patrick Müller voire Belhadj ont ainsi pu découvrir le saucisson lyonnais à moindre frais.

 

Gouverner, c’est prévoir et Aulas ne prévoit que les montants des salaires. Le diagnostic est pourtant simple à voir : s’il ne le voit pas, il est aussi bon président que Govou capitaine. S’il le voit, alors c’est de la mauvaise volonté et Perrin a un bon maître. Dans les deux cas, ça sent le départ de Benzema dans les deux ans. Sauf si, comme il le réclame à mots ouverts, le portefeuille s’ouvre en grand. Et encore, pas sûr que ça suffise. Car c’est toute la génération Juninho encore au club qu’il aurait fallu remplacer après 2006. Tous n’ont pas connu, comme Govou, les heures lancinantes à attendre en vain une offre d’un club étranger autre que Middlesbrough. Le sort du barbu Juninho devrait déjà être scellé vu qu’il termine chaque match avec une bouteille d’oxygène dans le dos, et ce depuis deux saisons. Mais la vie sans Juni n’est même pas en préparation. Ederson croyait qu’il suffisait d’être d’organiser la prochaine Coupe du monde.  Cissokho, Lovren, Diakhaté, Pjanic, Briand et  Gomis avaient peut-être le profil qui sait ? A quoi bon les siffler, pouvaient-ils décider eux-mêmes se recruter pour moins cher que Essien, Tiago, Diarra et Juninho à l’époque ?  Quand les plus gros actifs, ceux qui pèsent 25 millions d’euros, sont aussi passifs, c’est une bonne raison de faire son pire championnat depuis 2002-2003. Le nouveau Juninho c’était donc lui, un bilan s’impose : les coups francs non, la décision dans les matches importants non, un montant de transfert démentiel oui. Le recrutement était économique, Lyon n’a pas tant changé.

Et puis, comment passer sous silence la caste des entraîneurs lyonnais ? Domenech, Tigana, Stéphan, Lacombe, Santini, Le Guen, Houiller, Perrin et enfin Puel. Garde et Fournier s’occupant de la réserve. Ne cherchez pas de progression, il n’y en a pas. Le lien entre tous ces entraîneurs n’est pas la capacité à faire gagner des titres à l’équipe, comme un Capello. Ceux qui ont gagné avec Lyon portaient les ballons et découvraient le nom des recrues d’Aulas puis de Lacombe – une fois qu’il ne fut plus entraîneur – dans Le Progrès. Comme Canal+, Lyon a recruté des générations de potiches pour les mettre devant les caméras. Des entraîneurs qui font tourner la boutique et mettent bien en place les ateliers dans la semaine. Puis mettent sur la feuille de match ceux qui doivent jouer le week-end, ne gueulent pas contre le recrutement. Bref, des coaches dociles. L’adjoint Le Guen a laissé Juninho choisir son système, le triangle du milieu. Houiller s’est évertué à maintenir une bonne ambiance dans le vestiaire en prenant chaque joueur par la taille pour se raconter des souvenirs d’enfance. De toute façon, les joueurs savaient déjà jouer ensemble avant lui. Il n’a pas réussi jusqu’au bout et s’est barré. Puis, Perrin est arrivé avec sa seule ambition, sans rien comprendre au fonctionnement lyonnais. Il veut tout décider dans le domaine sportif, et donc évincer Aulas du terrain. C’est ce qu’il faut à l’OL pour franchir un palier, sauf que c’est une brêle. Après deux matches en 4-4-2, Juninho lui a poliment rappelé qu’un petit nouveau n’allait quand même pas lui apprendre à entraîner.  Et puis Puel arriva, Lille monta en puissance et les photos du titre monégasque de 2000 devinrent chaque jour aussi sepia que le crâne de Cris. Pas de titre, c’est entendu, mais une demi-finale de C1 la seule année où c’était possible, tout n’est pas à jeter. Dans les grands rendez-vous, son OL est défensif, efficace et signe son premier exploit contre le Real, peu importe si ce n’est pas un exploit le public le croit.

A son époque, Tapie osait davantage dans le recrutement. Il n’avait pas peur de mettre des valises pleines, du champagne et des filles pour renouveler la garde robe de l’OM ou prendre un entraîneur de renom. Financièrement, c’est risqué mais pour Lyon, la Ligue des Champions aurait été à ce prix. Aulas a pris Gourcuff.

Lyon : La dernière decote du Rhône (1/3)

Six ans après le dernier titre lyonnais, le Vestiaire republie le certificat de décès du grand Lyon qu’il avait rédigé avant tout le monde. Lyon ne sera donc jamais un club populaire, et l’Europe a déjà oublié la grande génération. Première partie ; le bilan sportif, insuffisant.

 

Sept titres d’affilée, des larges victoires contre des équipes moins fortes, un pillage systématique des meilleurs joueurs des autres clubs français : l’hégémonie lyonnaise était incontestable. Son impopularité aussi, mais qui n’a rien à voir avec la jalousie théorisée en d’autres circonstances par « Sigmund » Fred. Le développement lyonnais est aussi rapide à résumer que le passage de Perrin : Lyon est un club qui calcule tout et qui finit par décevoir, inlassablement. Le grand calcul a débuté dans les années 90, après une remonté en D1 en 1989. Aulas a une stratégie simple et logique : se renforcer économiquement pour dominer la France. Après plusieurs saisons aussi vilaines qu’un passement de jambe de Bruno N’Gotty, entrecoupées d’une qualification européenne liquidée par le grand Trabzonspor, les résultats arrivent (2e en 1995) et le club se stabilise dans la première partie de tableau. Le centre de formation porte aussi ses fruits (Maurice, Giuly, N’Gotty, Laville), malgré Maxence Flachez. Toutes les composantes du club progressent, Lyon devient un modèle de stabilité. A l’approche des années 2000, le club devient incontournable. Depuis 1998, Lyon termine sur le podium de L1 chaque saison. Premier titre en 2002, retour fabuleux sur Monaco en 2004, 15 points d’avance en 2006 : les supporters lyonnais n’ont plus à avoir honte. L’OL est un épouvantail, a le meilleur effectif en France et pour cause (à lire dans la deuxième partie).

 

Problème, à partir du 5e titre, ça coince. Lyon ne sort plus que du D’Artigny abricot pour fêter le titre. La faute au syndrôme Wiltord : pour de nouvelles sensations, il a besoin d’aller voir ailleurs. Et là, Lyon déçoit. En restant toujours à la porte quand il y a la place de passer, en faisant de grandes erreurs de gestion. Ce que la Juve, Manchester, le Bayern, le Barça ne font pas deux fois de suite. Dominer la France du foot, faire le doublé, c’est très bien. Mais quand on a l’équipe pour rentrer dans la légende sans y parvenir, ça ne suffit plus. Aulas le sait bien : avec l’effectif qu’il a eu, Lyon aurait dû atteindre une, voire deux, finales de Ligue des Champions du temps de sa splendeur. Ne jamais avoir dépassé les demi-finales est un scandale, digne du palmarès de Domenech avec toutes les équipes qu’il a entrainées.

 

En 2005, Lyon se fait éliminer par un PSV Eindhoven de Cocu, malgré une équipe bien meilleure. La fin de cycle, c’est 2006, l’année référence de l’OL, avec le milieu de terrain le plus fort d’Europe donc du monde (Diarra, Juninho, Tiago). Se faire éliminer par le Milan AC a été aussi regrettable que la venue de Fred (nous y reviendrons). Le Vestiaire pensait déjà à l’époque que la seule équipe capable de battre le grand Barça de cette saison-là était Lyon. Pour rentrer dans la légende, Lyon doit faire un exploit. C’est-à-dire éliminer un club de plus grand statut que lui, et non pas battre le Real ou faire marquer Govou contre le Bayern. Il ne l’a toujours pas fait, donc il reste au rang qu’occupent La Corogne, Schalke 04 ou la Roma : des clubs régulièrement en C1, toujours placés, jamais gagnants. Et puis il y eut le Real. Mais c’était celui de Pellegrini. Le plus nul de ces 10 dernières années puisque Benzema n’y est pas titulaire. Pourtant le Real va écraser la première mi-temps mais ce Real est aussi celui d’Higuain. Madrid est éliminé ce n’est pas un exploit, Bordeaux aussi derrière et c’est la demi-finale. Battre le Bayern aurait pu être exploit on ne le saura jamais. C’est l’humiliation, la même que face au Real de Mourinho et Benzema, le meilleur depuis Zidane.

Comparé à l’histoire européenne des clubs français, le paradoxe lyonnais jaillit avec plus de force que la femme de Fred n’en a jamais rêvé. Lyon a peut-être été l’équipe française la plus forte de l’Histoire, dominatrice en Ligue 1 comme Marseille ou Saint-Etienne des grandes époques. Pourtant, l’OL n’a jamais fait mieux que demi-finaliste. Une performance à des années lumières de l’OM ou de l’ASSE. Même d’autres clubs se sont aussi davantage transcendés que les Gones. A une époque où chaque coupe était relevée, valorisée, et où tout le monde attendait le jeudi avec autant de passion pour matter la C3, qu’on en a pour la C1 aujourd’hui ou que la défunte C2 hier. Le PSG d’avant, brillant en UEFA (1/2 finale), brillant en Coupe des Coupes (1/2 finale, finale et victoire) et même en Ligue des Champions, n’avait pas autant de talents, même si c’était un PSG sans N’Gog, sans Bernard Mendy et surtout sans Rothen. Monaco, finaliste glorieux de la Coupe des Coupes, 1/2 finaliste de la Ligue des Champions. Auxerre, 1/2 finaliste vraiment héroïque et malheureux de l’UEFA (avec un tir au but de Mahé qui lui valut d’être fusillé), avant un quart de finale de Ligue des Champions toujours contre Dortmund et toujours aussi héroïque et malheureux. Même Bordeaux, avec sa finale UEFA, ou le Nantes 96 emmené par Franck Renou, entrent dans ce gotha. Face au Bayern 2010 personne n’a vibré car personne n’y croyait, Cris avait déjà 50 ans, Benzema s’appelait Lisandro.

Cette période s’arrêta en 96 par trois performances ahurissantes, l’année même où Jacquet découvrit la meilleure sélection de l’histoire. En 97, Auxerre bloqua en quart et le PSG en finale. Densité et constance que l’on ne retrouva plus par la suite avec des exploits le plus souvent isolés avec Monaco – comme Metz, Toulouse ou Bastia en leur temps – ou couplée (Monaco et Marseille en 2004). Ou encore inexistants, avec Lyon. Pourtant, concernant l’OL, la faute n’est pas à mettre sur le niveau de la Ligue 1 qui aurait baissé, nous y reviendrons également. Pour l’OL, l’étoile filante est donc passée en 2006. Le Lyon des saisons suivantes a été moins fort. En 2007, Houiller a eu beau clamer que Toulalan était plus fort que Mahamadou Diarra, seul Barth d’OLTV a pu y croire. Avisé, il a eu un doute quand Aulas a triomphalement estimé Grosso meilleur qu’Abidal. Le déclin était amorcé. Le terrible hiver 54 fut moins contrariant que celui de 2006, quand Juninho et ses amis brésiliens s’en allèrent au Brésil sans penser à mal (contrairement à Wiltord bien des fois). Au retour, des engueulades, plusieurs belles défaites y compris à Troyes, un derby contre un mauvais Saint-Etienne en trompe-l’oeil avant d’affronter la Roma. Et patatra. Lyon affiche un complexe de supériorité aussi déplacé que les prétendus gestes d’un autre âge de son ancien entraîneur envers quelques femmes de ménage méridionales. La défaite est cruelle ,mais Lyon ne s’était menti que trop longtemps. Puis Puel arriva, puis Garde, puis Fournier puis la mort. En passant ils ont acheté Gourcuff. L’erreur de trop.

Cette défaite n’a pas tué Lyon, puisqu’il était déjà mort. Pour n’avoir pas changé complètement de cycle, l’OL 2008 était un zombie que Benzema, Toulalan et Benarfa ont abandonné dans le cimetière de la L1.

Ligue des Champions, 8es de finale : Moyes and girls

En C1, les 8es sont rarement intéressants. En l’étant encore moins que d’habitude, ils le sont pourtant devenus.

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Du temps de sa splendeur, l’Allemagne marchait sur Paris, et non l’inverse. Tout était différent.

Mais aujourd’hui l’Europe est plus simple à comprendre, Yalta est passée par là. Ainsi seuls trois pays et quelques invités peuvent prétendre à gagner la compétition : l’Allemagne réunifiée, l’Espagne et le Qatar, ce qui laisse cette année deux places libres en quarts. Les heureux vainqueurs sont l’Olympiakos ou Manchester, laissons croire à tout le monde que Van Persie peut retourner la situation aussi bien que Giroud en slip, et certainement Mourinho, qui prouve à tout le monde que l’Angleterre ce n’était pas seulement Sir Alex.

Il reste néanmoins à interpréter le sens de ces 8es de finale, car ne pas le faire serait prendre le risque d’être surpris des autres branlées qui s’annoncent en quarts. La Ligue des Champions est une compétition à paliers : les très mauvais prennent des roustes les premiers en automne, puis les moyens nuls prennent la leur à la fin de l’hiver, et au début du printemps il peut subsister une ou deux taules. C’est le foot actuel : quand on domine, c’est totalement. Six des huit quarts de finaliste ont impressionné l’Europe. Il faudra pourtant en choisir au moins deux pour ne plus impressionner personne dans un mois.

Mais cela ne veut pas dire que tous ceux qui vont rester peuvent gagner. Le Real est un excellent exemple : il reste sur 28 matchs sans défaite, dont 24 victoires, et pourtant le Bayern aura bien du mal, malgré ses efforts, à être dominé quand ils se rencontreront. Comme Benzema et Ronaldo auront du mal à faire des double une-deux dans la surface ou se créer suffisamment d’occasions pour envisager chacun un quadruplé, pour une raison simple : le quart ne se jouera pas à Schalke. Le Barça et l’Atletico ont les deux meilleures défenses de Liga et pourtant on sait déjà que c’est tout pourri et que ça explosera à la première occasion.

On peut aussi voir les choses de manière individuelle : Benzema est dans la forme de sa vie et pourtant il ne fait rien de plus qu’avant, à part être hors-jeu une ou deux fois de moins. Il ne manque vraiment plus grand chose pour entendre que son trio avec Ronaldo et Bale est le meilleur depuis Di Stefano, Kopa et Gento. Et que dire de Thiago Alcantara, la priorité de Guardiola, qui aura au moins mérité de boire de la bière dans le trophée remis au vainqueur de la Bundesliga, où l’on ne remarque pas les passes perdues au milieu de terrain par excès de facilité. Ce sera déjà ça. Mais en février-mars, toutes ces petites choses n’ont aucune importance puisqu’en face ça ne tient pas un ballon, ça n’enchaîne pas deux passes, ça ne résiste pas au pressing et devant ça compte sur Huntelaar ou Kiessling pour tout faire.

C’est vrai qu’Ibra ça fait chier mais il faudra attendre encore un peu pour s’en rendre compte. Ou pire, quelqu’un va finir par lui permettre de la gagner. Avant ça, on a au moins gagné les huit soirées des matchs retours pour regarder Plaza se gonfler d’oestrogène ou les excès d’ocytocine de Baby boom.

Ligue des Champions : Stars à homicides

Qui peut affirmer que l’OM ne gagnera pas la Ligue des Champions ? Baup, peut-être. Un consultant.

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Des stars qui n’en sont pas, qui se la racontent une heure trente sous les yeux de chroniqueurs pas tellement inspirés, devant une audience qui ne reste pas une heure trente : si la case est libre l’an prochain Cyril Viguier en sera. Pour l’instant c’est la ligue des champions à la télé et c’est pas vraiment génial, ni passionnant.

Dis moi quelles sont tes stars, je te dirais qui tu es et pourquoi tout le monde zappe. Honneur à la grande révélation de la saison, Arsenal. Pas la Premier League, juste Arsenal. Difficile de dégager une star d’un tel collectif. Pourquoi Ozil plutôt que Giroud ou Ramsey ? Arteta vit déjà mal de ressembler à Fabregas en plus vieux, ce n’est pas un coup à lui faire. Donner la leçon au Dortmund de Mkhytarian et Subotic, osons les appeler les vice-champions d’Europe : ça a de la gueule. Alors qu’est-ce qu’une grande équipe ? Une qui réussit le doublé Premier League-Ligue des Champions par exemple. Une grande équipe c’est, pourquoi pas, une défense Koscielny-Mertesacker, un milieu avec Ramsey, et Giroud en pointe. Pourquoi personne n’y a pensé jusque-là ? Ou alors il fallait juste ramener Ozil pour arrêter de tomber sur plus fort en quarts ; dans ce cas, le Ballon d’or est tout trouvé.

Mais il ne faut pas se fier aux affiches supposées. Les grandes équipes sont partout, c’est la Ligue des Champions. Il y avait par exemple un Barça-Milan AC. Avec le fameux Alexis dont tout le monde parle, face au Kaka dont tout le monde parle. On n’oublie pas Robinho, celui qui ne s’est jamais vraiment imposé au Real, puis à Manchester City, puis au Milan AC, puis à Santos, puis au Milan AC qui n’arrive pas à le refourguer à Santos qui évidemment n’en voulait plus vraiment. Il était donc titulaire hier soir. Avec une telle parterre, que Messi inscrive un doublé et Kaka un but était comme une évidence : ce n’est pas parce qu’on ne peut plus accélérer que deux fois par match qu’on va s’en priver. Neymar, lui, peut encore plusieurs fois par mi-temps : il est meilleur buteur de la C1, et de loin. Le haut niveau n’est pas une affaire de hasard, ni de Hazard d’ailleurs.

Messi aura sans doute eu une pensée pour l’époque où il jouait avec ses jambes et celles d’Eto’o. Pourquoi être nostalgique ? Eto’o a aussi marqué son doublé ; de quoi faire hésiter Mourinho entre lui et Torres. Lewandowski ? Non, ça me dit rien.

Paris et le Bayern se retrouveront donc en finale. Attention quand même à l’Atletico, Naples et Leverkusen.

Ligue des Champions : France des manches

Lloris, Debuchy, Abidal, Cabaye et quelques autres titulaires en puissance étant exemptés de C1 cette semaine, il restait plusieurs des futures stars du Mondial sur les terrains. Toutes plus françaises les unes que les autres. Même si Ménès avait senti que Paris allait « mettre une branlée à Anderlecht », il faut toujours regarder dans le détail, au cas où. Ca peut éviter de raconter des grosses conneries toutes les semaines.

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Varane : tout le monde est d’accord là-dessus, Varane c’est la relève. Mais de qui ? Un penalty provoqué en taclant comme Koscielny, un léger oubli de marquage sur Llorente en regardant à l’opposé du ballon comme Sakho, on ne sait pas de qui il sera le plus complémentaire. Mais on s’en fout, c’est lui le nouveau Laurent Blanc. Bientôt il fera 1-1 à domicile contre un club belge, ou une sélection ukrainienne peut-être.

Evra : il n’était pas capitaine, a pris un carton jaune et a ramené un 0-0 de la Real Sociedad. Qui prend ainsi son premier point dans la compétition après quatre matchs : c’est donc une performance très très solide. Logiquement dimanche Arsenal et Walcott vont voir ce qu’ils vont voir.

Matuidi : ça fait plaisir de le voir retrouver ses jambes. Il a crevé l’écran deux fois de suite contre des clubs belges, pardon contre un club belge. Il se rapproche tranquillement mais sûrement de son premier match potable de la saison. C’est en entendant parler que de Motta qu’on voit à quel point il est devenu indispensable au PSG.

Pogba : « On y croit toujours. » L’humilité du futur champion en pleine maturation fait plaisir à voir. Il est taillé pour la Ligue des Champions, et il est fort possible qu’au 5e match de cette édition 2013-2014 il fasse gagner son équipe. Comme il sait tout faire, il trouvera bien un truc pour battre Copenhague, pas comme à l’aller.

Benzema : Real-Juve, enfin un choc à sa mesure. On a vu le vrai Benzema, celui qui gicle dans les pieds de Pirlo. Rien à voir avec de la nécrophilie, c’est juste que face au but il a eu un ballon plein axe qu’il a bien contrôlé et envoyé directement dans la lucarne de la tribune d’en face. On ne mentionnera pas qu’une passe plein axe parcourant 20 mètres et qui passe entre deux défenseurs centraux d’un club italien en Ligue des Champions, ça n’était jamais arrivé. L’essentiel était bien de la mettre, comme de faire une passe décisive parce qu’un défenseur latéral d’un club italien a rendu le ballon dans son propre camp à l’équipe adverse qui s’est retrouvée en surnombre. Tout fout le camp, même Giroud.

Nasri : deux passes décisives contre un club russe. A tout choisir, pourquoi se priver d’une star. La question est intéressante : on s’en fout de comment on va au Mondial ou on s’en fout d’aller au Mondial ? C’est un peu comme trancher entre Deschamps et Blanc, à quelques approximations grammaticales près, c’est sensiblement la même chose. Mais il ne faut pas jouer au plus con, sinon autant rappeler Menez.

Blanc : quel incroyable manager de stars, quel projet de jeu, et quel coup de génie : faire rentrer Thiago Silva à l’heure de jeu à 0-0 contre Anderlecht. L’avenir lui a encore donné raison. Le jour où il entraînera les Bleus, attention.

Giroud et Koscielny : C’est ce soir. Chic chic chic.

Ça n’a rien à voir, mais Roger il fait de la peine.

Gourcuff : Les yeux de Gerland frits

Et s’il était revenu prouver à Grenier que c’est toujours lui le plus beau ?

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Le grand mystère du début de saison est partiellement levé. Pas celui sur l’imperméabilité lyonnaise, pas non plus celui sur la classe biberon lyonnaise, encore moins celui de Florian Maurice qui confie sa sérénité à RTL vingt minutes avant le match contre une « équipe espagnole que je ne connais pas très bien ». On ne va pas quand même pas s’intéresser à toutes les conneries qui circulent. A ce qu’on disait, les titularisations successives de Yoann Gourcuff n’en étaient plus une, il fallait trancher. Effectivement, ce n’en est pas une : il a bien sa place dans cette équipe. Pourtant il n’a pas tant changé, puisqu’à 0-2 il a retenté sa roulette suivie d’une accélération du défenseur adverse qui lui prend le ballon. Le génie est de retour.

Gourcuff a aussi, ou surtout, été le premier à frapper dans un match où Lyon n’a pas frappé. Di Meco ne s’y est pas trompé : « donne le ballon à Gourcuff et Grenier et ça ira ». Soit il n’a pas été entendu, soit il mériterait que plus personne ne l’entende jamais. Gourcuff a eu beaucoup de ballons, il a beaucoup combiné à 75m du but adverse en remettant en une touche à ses défenseurs, avec l’application de débutant qui ne l’a jamais quittée. Même avec Tiburce et le cameraman de Canal il le faisait. Il a couru partout, il a défendu, il a œuvré pour l’équipe, il a tiré des corners, ceux que Grenier lui a laissé. Il a aussi admiré en esthète qu’il est les putains de but de Griezmann et Seferovic, ça fait envie. Bref, avec son bilan, il peut regarder Malbranque dans les yeux. En fait, il peut regarder tous ses coéquipiers dans les yeux et en même temps les remercier d’être ce qu’ils sont. Grâce à eux, Gourcuff est de retour. Enfin il est plus blessé quoi.

Alors quelle est la meilleure option ? On le vend, on le garde ? On dit qu’on n’a jamais voulu le vendre ? Et pourquoi pas aller jusqu’à affirmer qu’à ce niveau il va retrouver les Bleus comme à chaque fois ? Sa cote est sans doute remontée de quelques millions d’anciens centimes ; il est vrai que son profil de meneur de jeu à l’ancienne, rapide face à des Niçois, doté d’une remarquable vision de jeu quand les Sochaliens lui laissent le temps de regarder le jeu, bon face à la seconde moitié de la Ligue 1, ça intéresse un paquet de club dont Arsenal sans aucun doute. En plus Karine Ferri doit adorer Londres. Zut Chamakh vient de partir à Crystal Palace.

Voilà pour Gourcuff. Bientôt on vous expliquera pourquoi il jouera l’Europa League.

Ibrahimovic (2/5): Le crapaud cannoniere

Si on vous demandait de citer les meilleurs joueurs de ces 10 dernières années, vous diriez peut-être Figo, Raul, Zidane, Ronaldo, Ronaldinho, Messi, Cristiano, Henry, Chevtchenko, Xavi, Iniesta voire Eto’o pour les plus offensifs d’entre eux. Peut-être même ajouteriez-vous Ibrahimovic qui comme tous ses prédécesseurs a un jour permis à son équipe de remporter une ligue des champions, un Euro et pourquoi pas une Coupe du monde. Mais en quelle année a-t-il gagné tout ça ? Inutile d’ouvrir une page Wikipedia, le Vestiaire a déjà enquêté pour vous et vous allez voir qu’il a bien mérité son ballon d’or. Voici pourquoi tout le monde l’appelle seulement le magicien.


 

Ibra a vraiment débuté sa carrière à l’Ajax. C’est donc là qu’il a pu glaner sa première C1. La piste est sérieuse, l’Ajax a remporté de nombreuses fois ce trophée tant convoité par les meilleurs joueurs de la planète, voire tant gagné par ces mêmes joueurs qui se sont payés le luxe d’y être pour quelque chose. De 1971 à 1973 par exemple. En 1995 aussi, avant la finale 96. Mais ensuite, sans Cruyff, sans Kluivert, difficile de rester en haut de l’affiche. Il faudra attendre 2003, pour revoir l’Ajax à un haut niveau mais ce n’est plus exactement le même. Ça tombe bien, Ibra est le buteur titulaire de l’armada qui se lance à l’assaut du Milan AC en quarts de finale. Le 0-0 du match aller ne lui permet d’exprimer totalement ses qualités ou peut-être un peu trop. Au retour par contre les vannes sont grandes ouvertes. L’Ajax marque même 2 fois, Milan 3, et Zlatan 0. Un match fondateur pour le gamin. Prometteur, il n’a manqué le cadre qu’à 2 reprises sur 2 tentatives, et s’est retrouvé 4 fois hors-jeu. L’empreinte est là, un monstre est en gestation. En 2004, il tient sa revanche et confirme. Plus rien ne l’arrête, il met un but toutes les 452 minutes et l’Ajax se hisse à la quatrième place de son groupe de quatre. En 2005, c’est sous les royales couleurs bianconeri qu’il redécouvre les huitièmes de finale. C’est plutôt bien vu, en 2003, il n’a manqué qu’une victoire à la Juve pour le titre suprême et donc un buteur de ce nom pour pallier les faiblesses de Del Piero et Trezeguet. Son nom c’est Zlatan et il ne va pas tarder à s’imposer.

Ibra m’en tombe

Titulaire il l’est, à l’aller comme au retour face au grand Real Madrid. Celui éliminé tous les ans en huitièmes et qui a remporté la compétition il y a 3 ans à peine avec Zidane et Figo déjà en fin de carrière. A l’aller Ibrahimovic, pour une fois altruiste, laisse le soin à Helguera d’ouvrir le score, charge à lui de permettre au Real de conserver ce maigre avantage. C’est donc la 82ème minute que choisit Zlatan pour cadrer son premier tir. Son seul tir. La maison blanche est prévenue pour le retour. Au retour, en effet, Trezeguet puis Zalayeta en prolongations se chargeront d’envoyer la Juve en quarts. Ibra a bien fait de s’économiser, ce sera moins facile contre Liverpool.

Les déplacements à Anfield sont toujours très périlleux pour les locaux: à 3 reprises Liverpool frôle la correctionnelle mais le site internet de l’UEFA est avec les diables rouges : 79, Ibrahimović (Juventus) manque le cadre. 61, Ibrahimović (Juventus) manque le cadre. 49, Ibrahimović (Juventus) manque le cadre. Les grands joueurs ne meurent jamais : Cannavaro débloquera les compteurs à la 63ème minutes. Ceux de la Juve, qui remporte la deuxième mi-temps 1-0. La qualification de Liverpool ne tient plus qu’à un fil, les deux buts marqués en première période. La troisième et la quatrième mi-temps ne donneront rien de plus, si ce n’est :  11, Ibrahimović (Juventus) manque le cadre. Avec 10 matchs et près de 0 buts inscrits, on comprend mieux pourquoi la légende raconte que Zlatan a poussé Del Piero sur le banc. Vivement 2006.

Retrouvez la suite et l’intégralité du feuilleton ici

Arsenal, Wenger : Le dernier vol d’Arsène Rupin

Peut-on sérieusement ne rien gagner pendant dix ans, se prendre des volées régulières par ses principaux concurrents et faire croire à tout le monde que l’on est un grand entraîneur? De moins en moins. Retrouvez toutes les autres gentillesses que l’on vous a contées ici. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.


Le profil Wikipedia d’Arsène Wenger est formel : « Considéré comme l’un des grands entraîneurs de son temps. » Arsène est persuadé qu’on trouve tout et n’importe quoi sur Internet, il a tout fait pour le prouver.

Bouffé par la modestie et un brin d’antipathie, son amour des livres siglées sterling le conduira à tous les sacrifices. Capable de dîner avec Charles Villeneuve, directeur des sports de TF1, rue François Ier un jour, puis de pointer le bout de son minois désintéressé à Angers pour les 90 ans d’un club dont il ignore probablement l’existence, le lendemain. Toujours avec Villeneuve, ancien président du PSG, bien sûr.

Mais il ne faut pas s’arrêter à de vulgaires détails matériels, car Arsène a su rester simple et accessible, se prêtant gentiment à toutes les interviews : « La presse locale ? Non, plus tard. » Plus tard signifie jamais, car Arsène est occupé, tellement à l’aise sous tous les domes sauf celui de l’Emirates apparemment.

Ian Wright or wrong

Mais Wenger, ce n’est pas qu’un bandit manchot programmé pour gagner à chaque coup, c’est aussi un manager à l’anglaise qui sait perdre. Une grosse liasse de papier de marque  pound et les pleins pouvoirs lui suffiront largement, surnommé au hasard sans doute « consultant de luxe« . Le luxe c’est pouvoir passer quinze ans à glaner tous les titres majeurs possibles : trois fois champion d’Angleterre, trois fois champion d’Angleterre et surtout trois fois champion d’Angleterre. Un homme, mais aussi un formateur de talent. Capable de monter avec juste un canif et 150 millions d’euros de remarquables équipes de jeunes pour gagner la Champion’s League. Ça prend du temps, alors pourquoi ne pas le prendre.

Un entraîneur peut aussi se juger sur sa capacité à inverser le cours des grands matches. Mais les finales sont-elles des grands matches ? Il se posera la question pendant 120 minutes face à Galatasaray en 2000, et pendant 75 minutes face à Barcelone six ans plus tard.  Un but en deux finales, l’aboutissement du jeu offensif prôné par le trader d’Highbury, qui n’hésite pas à mettre le paquet sur des stars mondiales.

Wreh ou faux

Pour 13 millions Andreï Archavine, Ballon d’or après l’Euro 2008 ou plutôt avant les demies, pour 3,5 millions Robin Van Persie qu’on vous a déjà présenté, et Park, l’homonyme d’un joueur de Manchester, c’est déjà pas si mal. Son chouchou reste Fabregas, ça coûte rien à former et ça peut t’emmener à Barcelone plusieurs fois par an faire du shopping. Ou à Madrid puisqu’il a déjà remplacé Shuster, Ramos, Queiroz, Capello, Del Bosque Pellegrini et Mourinho. Place à Ancelotti désormais, puisque Deschamps n’est pas dispo avant au moins 1 an et qu’il y a pas mal de pognon à la clé. La rançon du talent sans doute.

Peut-être aussi la consécration de l’obstination du gentleman cambrioleur à lancer ou relancer des joueurs perdus pour le haut niveau. Ljunberg, Adebayor, Gilberto Silva, Rosicky, Nasri,Van Persie et Chamakh lui disent merci. Mais de quoi ? Koscielny ne lui dit rien. Cette année, comme en 97, 98, 99, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011, 2012 et 2013,  il y croit plus que jamais. Après tout, Ferguson n’a obtenu que 15 titres en vingt ans.

On dit aussi qu’il a perdu le truc pour dénicher les nouveaux talents. Mais si Vieira, Henry et Pires n’avaient jamais existé, il aurait perdu un autre truc un peu avant : son poste.

Messi : Le Blau crâna

Une fracture du Xavi, ça prend du temps à cicatriser.


Depuis un mois, les dribbles du meilleur joueur du monde ne dribblent plus Mexès, ni Constant, ni Varane. Même Pepe a fini par lui prendre le ballon, sans emporter les ligaments des deux genous en caution. Alors, deux choix s’offrent aux très compétents experts médiatiques : soit la solution a été trouvée, tout à coup, pour savoir de quel côté il allait déclencher son dribble. Soit on ne peut pas, en fait, dribbler onze adversaires tout seul, juste parce qu’on a toujours le ballon collé au pied, que c’est magnifique, qu’on est inarrêtable. Même trois, c’est compliqué : un devant, un à gauche, un à droite, Gourcuff lui-même serait le premier à repasser par-derrière.

Xavi de bohème

Mais pourquoi n’y a-t-on pas pensé avant ? Ils étaient où, ces trois mecs, avant ? Occupés à autre chose peut-être. Comme éviter que Xavi ne voie Iniesta, éviter que Xavi ne pivote pour changer l’orientation du jeu, éviter que Xavi ne vienne s’insérer à côté de Messi après avoir vu un espace libre, éviter que Xavi ne fixe les cinq milieux adverses dans l’axe pour ouvrir vers Alves parti en diagonale dans le dos de la défense. A force de chercher la parade à tout ça, parce que Xavi ne perdait jamais un ballon, il y avait toujours la place, à un moment, pour qu’un nain argentin se retrouve face à un seul adversaire, et lancé, en plus. Il était quand même fort ce Messi.

Comme le Vestiaire l’explique depuis toujours, Lionel Messi n’est pas celui que vous croyez. Il n’a pas 25 ans mais 33, ne joue pas attaquant mais milieu de terrain. Et il ne s’est pas gavé d’hormones de croissance durant toute sa jeunesse donc ses tendons d’Achille ne témoigneront pas au procès Puerto.

Landreau : Hélices au pays des merveilles

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L’ancien gardien lillois n’aura jamais manquer une occasion de montrer son savoir-faire : le coup de poing ukrainien, le manchette écossaise, la panenka sochalienne ou la sortie auxerroise et bien-sûr la rupture des croisés. Pour fêter son envie de revenir chez les Bleus, et sa fin de carrière, le Vestiaire vous marre le jour où tout a commencé.

Landreau approche les 18 ans en ce 17 avril 1997. Il faut beau, il fait chaud, la Beaujoire a fait le plein, tout le monde se sent si bien qu’une démonstration de saut à la perche est organisée juste devant la tribune Loire. Un petit garçon est même venu sans son papa, à douze ans à peine c’est bien normal, Fourniret a sa carte d’abonné, Gilles de Rais n’est pas loin, qui voudrait gâcher la fête ? Du côté de la pelouse, un autre drame se noue. Invaincu depuis octobre, Nantes revient sur les talons du PSG pour la deuxième place, qualificative pour la Ligue des Champions. Le jeune gardien est leur porte-bonheur, personne ne sait encore ce que piquer la place de Casagrande et Loussouarn signifie vraiment. Landreau n’a pourtant pas fini de grandir, sa circonférence crânienne a encore beaucoup à apprendre.

Libbra dort

A la demi-heure de jeu, une tête de N’Doram avait ouvert le score. Puis Gravelaine, à bout portant, avait permis à Marseille de ne pas égaliser. Tout se déroulait donc comme prévu. Jusqu’à ces fameux arrêts de jeu. Letchkov centre, Libbra saute et Landreau se dit que ça ne peut pas être bien méchant. Pas idiot, mais présomptueux. Il court vers le ballon, à moins que ça ne soit vers le tunnel des vestiaires, Suaudeau se précipite pour le retenir, Marraud revit ses grandes années. Comme sur Canal, des années plus tard, Libbra n’a pas vraiment besoin de s’appliquer. Son lob est parfait, 1-1, deux points de perdus. Sur le dernier corner de la dernière journée, Landreau montera-t-il pour le plaisir ou parce qu’il manquait deux points pour la Ligue des Champions ?

Pendant ce temps-là, à quelques kilomètres de là, Barbe-Jaune sévit encore. Le derby n’aura pas lieu.

Dinamo-Lyon : Décidément, Zagreb les yeux

Le miracle lyonnais écrit désormais la légende du football français. Mais c’est quoi au juste un miracle ? Avant seul Bernard Tapie savait en créer.


Même Wiltord n’avait pas pris autant son pied à Lyon et pourtant la famille Fred y avait mis du sien. L’improbable s’est produit, Lyon a remonté sept buts de handicap, Gourcuff a toujours le sien. Décisif à aucun moment, il a mis la pédale douce. Pourtant c’était la soirée parfaite où rien n’a perturbé la marche en avant d’une équipe qui croit en son destin. Le Dinamo n’y pouvait rien, harassé comme si on leur avaient pompé leur énergie tout l’après-midi. Un festival de passes que seuls les virevoltants Lyonnais pouvaient leur envier. Ils ont profité de l’aubaine et de cette force intérieure des grands clubs qui écrivent leur légende pour multiplier les coups de boutoir dans le solide 2-3-5 croate. Et bientôt 2-2-5 puisque Leko avait choisi ce match pour tester la patience des arbitres de football sur les plaquages à retardement. M. Clattenburg n’avait pas le choix, ce fut l’expulsion dès la première mi-temps, avec cette assurance décidée de l’homme qui connait par cœur ses identifiants Bwin. Grisés, les Lyonnais s’en remettaient aux Dieux. Marquer sept buts en trente-deux minutes à Raon l’Etape est une chose, il n’y a par contre que la prière pour espérer que des Hollandais marquent deux buts tout en perdant 3-0. Les soirs de grandeur n’empêchent pas Lyon de prendre un but, ni Cissokho de reculer, reculer, reculer, se retourner et tomber pris dans une feinte qui n’existait pas. Zagreb c’était quand même costaud. Presque autant que le Milan 1996, qualifié au coup d’envoi du quart de finale retour de C3 mais plus à la fin. L’ancien Gourcuff jouait aussi. Un exploit ?

En même temps, quand tu es éliminé, que tu n’as plus rien à jouer et que tu perds, rien n’interdit d’arrêter de jouer. Et de toutes façons, on continue tous de regarder le Tour de France.

Dortmund-Marseille : Eculés de Sammer

Dortmund a réussi l’un des plus beaux exploits du football français.

Mai 93, Didier Deschamps entame un tour d’honneur, la bave aux lèvres bien avant que les médecins de la Juve ne s’en mêlent. C’était le temps de l’émotion, de la gloire et du foot français au sommet, l’avant Houiller en somme. Presque vingt ans plus tard, c’est à nouveau le temps de l’exploit et du tour d’honneur : Gignac est enfin blessé. L’OM n’a donc pas volé ses branlées en février, avec un peu de chance c’est même Nicosie qui s’en chargera. L’Allemagne a décidément quelque chose contre la France, et l’imagination débordante qui va avec même quand Goebbels n’est plus là.

Boli à baldaquin

Nkoulou venait de passer 90 minutes à distribuer un ballon du match à chaque spectateur, il y avait bien de quoi entamer un tour d’honneur. Diawara impérial sur le premier but allemand, Mbia spectaculaire sur le second, avec Nkoulou et Diarra ils étaient au moins quatre Marseillais à se disputer le Ballon d’or, comme en 1993. Ayew ne savait pas, sinon il aurait été bon. Après tout en 93, déjà il n’avait pas empêché l’OM de gagner. Depuis des mois, on pressentait que refaire d’un Abedi Pelé un titulaire indiscutable, et parfois même lui laisser être le meilleur joueur de l’équipe, aurait des conséquences irréversibles. Il a donc fallu lui adjoindre le soutien de Djimi Traoré deux fois de suite pour voir les vérités en face : Jimmy ça s’écrit pas Djimi et Marseille n’a pas besoin d’un adversaire bon pour être mauvais.

Mais, et c’est la seconde bonne nouvelle après le beau match de merde de Lucho, voir la vérité en face c’était surtout voir Dortmund deux mi-temps, ce que même l’Europa League s’épargnera au printemps. Le mur jaune, Kohler, Sammer : les photos dans le couloir du Westfalenstadion qui n’est plus le Westfalenstadion rappellent que ce club a gagné la C1 pas plus tard qu’il y a quinze ans. Qui aurait pu penser qu’Amalfitano fasse si mal à un si grand d’Europe ?

Un paquet de Klopp

Ianetta et ses grappes de raisins aux oreilles ont tenté de le faire croire à Deschamps après le match mais, contrairement à Margotton au garde-à-vous, il n’écoutait plus. Valbuena non plus n’a rien écouté avant de rentrer, comme d’habitude, et c’est ainsi qu’il est le meilleur. Perdre des ballons, penser à sa gueule, ça ne l’a jamais empêché d’être la star. Une star ça peut se la raconter jusqu’à prendre le numéro 10 de Zidane en équipe de France pour sa première sélection, ça peut aussi scénariser sa joie avec un rictus d’épuisement on ne peut plus logique après 16 minutes d’effort. Ca peut tout oser tant que ça marque le but décisif, et que Diawara soit très mauvais ou juste à chier, l’OM en revient toujours au même point. Personne n’aurait demandé ça à Gignac de toute façon.

Pendant ce temps-là, Margotton demande à Houiller comment battre le Barça.

Olympiakos-OM : Hellène s’égara

L’OM en crise s’est offert un bon bol d’air. Ou alors l’OM a livré le même match que d’habitude, en pire.

Oui, Mirallas est bien cet ancien joueur de Saint-Etienne et Modesto cet ancien joueur de Monaco. La faillite de la Grèce est décidément sans limite. Il y a deux ans, la prospérité avait permis à l’Olympiakos d’atteindre les huitièmes de finale et de menacer Bordeaux. Il y a toujours un Papadopoulos et un Torosidis, mais la différence c’est qu’à l’époque Abdoun réservait ses passes décisives à la Ligue 2. Aujourd’hui la grande vie s’offre à lui mais pas à ses passes décisives.

La remarque ne vaut plus pour Jérémy Morel qui en a réussi une. Là n’est pas sa moindre performance, même s’il a aussi prouvé qu’il savait courir et écouter la petite musique de la Ligue des Champions sans fondre en larmes. Avec ses compères d’attaque Rémy, Lucho et Amalfitano, ils ont fait feu de tout bois dans l’enfer grec, se créant pas moins de deux occasions supplémentaires, dont une par Cheyrou. Solide, l’OM n’a pas encaissé de but malgré la pression mise en fin de match par les trois meilleurs Grecs : Fanni, Traoré, Nkoulou. 1-0, l’OM est lancé, la crise est finie.

Gignac, t’es fessé

Tout est donc revenu dans l’ordre. L’OM n’a pas de buteur et fait jouer Rémy devant, l’OM n’arrive pas à dominer une équipe qui n’aligne pas trois passes de suite, l’OM est déconcentré, le gardien de l’OM fait des arrêts et rate des sorties, l’OM est la même équipe athlétique depuis deux ans, l’OM est en difficulté quand Mbia et Valbuena ne sont pas à leur niveau. Mais alors, les frères Ayew ne seraient de pas de vrais Pelé ? Mais alors, à jouer comme Toulouse, Gignac va vraiment faire du bien ?

Les crises, les rédemptions, tout avait déjà été écrit à la mi-juillet.

L’Edito : Bâle trappe

Dans la foulée de France-Japon, Bernard Laporte va retrouver un club. Lièvremont est vraiment si fort que ça alors.

Au royaume du dollar, deux happy-ends valent mieux qu’une. Un an après, la saga Federer s’offre un coffret revival des 10 et 11 septembre. Mêmes acteurs, même scénario et à la fin les jumelles sont contentes que papa rentre si vite. A 59 fautes directes près, on se dirait qu’on a revu le grand Suisse, ses beaux coups droits et son déplacement souple et aérien. Parce qu’on perd après avoir servi pour le match, mené deux sets zéro, raté deux balles de match avant de lâcher et se faire breaker, est-on fini ?

Tsonga ne devait pas mentir, alors, en disant qu’il n’était pas dans un bon jour en quarts. Djokovic n’était pas forcé d’être aussi humiliant : contraindre le plus grand de tous les temps à dire devant tout le monde : « J’aurais dû gagner. » Avant il ne serait même peut-être pas contenté de le dire, il l’aurait fait. Comme tout le monde, Federer va finir par se lasser de regarder les finales des autres. Arrêter à temps ou perdre son temps, tel est le dilemme.

Brest friends

A l’aube du grand retour de la Ligue des champions, la France est elle aussi face à un choix : vaut-il mieux des individualités pour gagner à Dijon ou un collectif pour perdre contre Rennes ? A défaut, autant s’en remettre au Hazard. Dans tous les cas, Gignac n’y est pour rien et il n’a pas son mot à dire. Pastore aimerait en être mais chaque chose en son temps : d’abord Brest, ensuite l’Europa League. A l’impossible, nul n’est tenu et même pas Palerme qui a battu l’Inter. C’est comme perdre contre des Belges en volley, ou des Espagnols en basket ça passe inaperçu.

Pendant ce temps-là, Puel et Aulas jouent à un jeu : qui a été le plus mauvais dans son rôle ? Lacombe aussi voulait jouer.

Canal+ : L’instinct Grégoire


On peut donc être une vedette de Canal+ sans pour autant abuser du gel dans les cheveux. Romain Del Bello, Dominique Armand et leur boss Hervé Mathoux auraient sans doute dû mieux travailler à l’école. Avec son sourire de fayot, ses oreilles légèrement décollées, sa coiffure sans forme et ses costards bon marché mal taillés, on se demande comment celui qu’on a toujours traité, et qu’on continue de traiter, de petit intello, a pu devenir le numéro un de la chaine cryptée. D’ailleurs, lui aussi se demande parfois ce qui l’a mené là. « J’étais un malade de politique, avoue-t-il. Je regardais tous les débats télévisés et pendant les études je faisais la sortie du Conseil des ministres.«  On comprend maintenant mieux pourquoi Grégoire ne traîne pas dans les soirées VIP de Panam avec ses petits copains de la chaîne, entre trois putes et une ligne de sucre en poudre. Comme le chante son homonyme, toi + moi, ça fait deux.

Grégoire Margo-thon

Mais il n’y a pas de hasard, Grégoire n’est pas le commentateur vedette de Canal pour rien. Il aime le sport, surtout le basket et l’athlétisme, discipline qu’on lui donne parfois le droit de commenter pour le récompenser de ne pas cafter tous les écarts de conduite de ses collègues. En revanche, l’esprit Canal, lui, il s’en fout. Le Gai Luron du Paf n’en peut plus du rire « communicatif » de la Rouille, il a assez donné quand ils commentaient les matches ensemble. Le second degré des Del Bello, Thouroude ou Guy ne lui arrachent pas un seul rictus, d’ailleurs il ne comprend jamais leurs blagues et se demande pourquoi ils dépensent autant d’énergie en enfantillages. Il supporte encore moins les déguisements et les pitreries de Jean-Charles, son exact opposé. Commenter les matches, c’est son boulot, un point c’est tout. Il aurait pu être prof de lettres – comme maman – ou encore notaire, mais il est devenu commentateur de foot, au grand dam de son père qui ne manque pas de lui reprocher ses fréquentations gominées à chaque repas de famille.

Grégoire m’a tuer

Malgré tout, Grégoire Margotton a tout pour être heureux. Il exerce un métier de rêve et peut en plus se targuer d’être le meilleur à son poste. Il a aussi prêté avec un grand professionnalisme sa voix à la série des PES sur consoles de jeux, signe de reconnaissance de son talent même si la participation de Franck Sauzée au dernier FIFA a sacrément remis en cause cette distinction. Le manque de fantaisie serait-il le seul point faible de notre héros ? Malheureusement, comme tout premier de la classe il n’est pas que nul en cours de sport, il partage avec ses congénères intellos un autre talon d’Achille : les femmes le paralysent.

Conscients de cette petite faiblesse et désireux de se payer sa tête, Hervé Mathoux et consorts ont alors eu une idée mesquine : proposer à Margotton de présenter la grande soirée de Ligue des champions. Avec Nathalie Ianetta. Ils se sont sûrement bien marrés, le petit Greg beaucoup moins, qui a eu droit à une double sanction : il voit Christophe Josse commenter le Barça et Manchester alors que lui se tape Lorient ou Bordeaux mais surtout il croise le regard pétillant de Madame Sabattier et cela le rend tout chose. Et voilà comment le meilleur en cabine de presse perd tous ses moyens et se retrouve en plateau avec les mains moites et le sourire niais de celui qui est amoureux de la copine de son camarade de classe le plus idiot.

J.-C., le vrai titulaire du poste, n’a heureusement aucun mouron à se faire. D’une part ses cheveux se sont barrés depuis longtemps, d’autre part Grégoire ne déclarera jamais sa flamme brûlante à son inclinée, même quand elle lui raconte, privilège du confident, toute sa vie sexuelle. Notamment ses parties fines avec Doudouce, qui porte bien mal son surnom avec elle. De toute façon, il n’est vu que comme une bonne copine et un grand professionnel qui pourrait peut-être refiler ses prochaines notes ou sa veste lors du prochain direct à Gelsenkirchen.

Ligue des champions, Barça-Manchester : Papys sans Nani

La der de Van der Sar, le soutien de Wembley, la foi de Crevoisier en Ferguson : Manchester n’avait-il pas trop d’atouts ?

C’était annoncé par la planète entière, sauf par Le Vestiaire, qui connaît encore un peu son métier : la plus belle finale de l’histoire des coupes d’Europe a accouché du plus beau vainqueur. Pourquoi le match a-t-il été si nul ?

Il fallait tuer pour se procurer des places à Wembley, enfin L’Equipe n’aurait pas hésité. Et ce avant même de titrer Indiscutable pour la quatorzième fois de la saison. L’éthymologie du mot « finale de rêve » a ses raisons que l’incompétence ignore.

Une finale, deux rêves

Les deux meilleures équipes étaient pourtant bien sur le terrain. Mais les deux meilleures équipes de quoi ? De la saison, probablement, c’est la règle du jeu. De la décénnie, certainement, avec Milan, mais c’est juste une histoire de palmarès. Car côté terrain, les deux saisons les plus faibles de l’histoire contemporaine auront vu accoucher les deux pires vainqueurs, associés aux deux pires finalistes. Comment comparer Barcelone, Manchester voire Chelsea 2009, avec les demi-finalistes 2010 et 2011 ? 

Barcelone doit sa place en finale et la branlée qui a suivi à  l’Inter entraînée par Leonardo, à Mourinho qui préfère Adebayor et Higuain à la Ligue des champions, à la disparition du championnat d’Angleterre et du football de haut niveau. Les même raisons ont offert à Manchester sa place en finale et la branlée qui a suivi, alors même qu’Eto’o et Henry sont à la retraite. 

Sir a l’ex

Ce Manchester vendu subitement par la Terre entière comme le meilleur MU de tous les temps n’est pas le genre d’équipe à frôler l’élimination contre l’OM.
Ce Manchester est champion d’Angleterre. Comme en 1999. Ce Manchester, c’est Ferguson, Giggs, Scholes. Comme en 1999. Ce Manchester, c’est Ferdinand. Comme depuis 2002. Ce Manchester, c’est Van der Sar. Vainqueur de la Ligue des champions en 1995.

A condition de passer l’hiver, deux ans de plus n’étaient donc pas de trop pour tirer les leçons d’une première défaite en finale face au Barça. La preuve : il y a deux ans, ils avaient défendu quinze minutes et s’étaient créé des occasions. Cette année, ils n’ont pas reproduit la même erreur : aucun pressing, 33% de possession, 4 tirs à 18. Messi ne s’est même pas emmerdé à marquer de la tête pour avoir son Ballon d’or.

A l’époque, Ronaldo était là. Aujourd’hui, Giggs est las. Et pourtant, c’est toujours lui l’exemple, à tel point qu’Evra a choisi d’avancer la date de son jubilé, bien qu’il en ait déjà quelques-uns à son actif. Mais cette fois, Abidal était aux premières loges. Avec sa perf sous le bras, il a tenu à courir et soulever la coupe pour honorer celui que Sir Papy appelle le meilleur latéral gauche du monde. Quel âge déjà papy ?

Andres in fiesta

Abidal et la coupe, Puyol qui rentre, Guardiola et sa cravate fine, Jeanpierre qui aime le Barça : les finales de C1 offrent toujours de belles images. Valencia qui ne comprend pas bien ce qu’il fait là en est une autre. Chicharito qui retrouve son passeport mexicain, ça a aussi ému Nani, Rooney et Berbatov. « Ferguson ne peut pas avoir de regret. Il a pris l’option de mettre du talent pour perturber le Barça, ça n’a pas trop marché. » Denoueix aura eu le nez creux jusqu’au bout, ça lui garantit un an de voyages à La Masia offerts par Canal et L’Equipe Mag. Le talent, c’était pour Carrick ou Vidic ?

Pendant ce temps-là, Barcelone a fait marquer Messi, mais aussi Villa et Pedro dans le même match.

L’Edito : Coup de foudre et conséquences

 

Martine Aubry a passé un week-end délicieux, tous les journaux en font leurs choux gras depuis deux jours : Lille est bien en route pour le doublé. Sale affaire de mœurs pourtant.

Il va falloir s’y habituer, les écarts de conduite ont mauvaise presse ces derniers jours. Ce n’est pas complètement nouveau : qui a envie d’entendre parler du Grand Prix de France moto ? A un mois des 24 heures du Mans et du virage raté de Pescarolo, le circuit Bugatti était pourtant aussi rempli d’hôtesses qu’une suite 2806 de Sofitel.

Des essais qualificatifs de Rossi et Stoner au triomphe de Debuchy et Obraniak, il n’y a que le décor qui change. Paris ne sauve plus ses saisons par la Coupe, Lyon ne sauve plus ses joueurs d’un transfert dans un autre club de Ligue 1 et l’OM sauve les meubles à Lorient. Au Nord, c’était les corons, le charbon, l’horizon, les mineurs de fond et maintenant Dumont et la Ligue des champions.

Djokovic, lui aussi, multiplie les écarts de conduite. Ca fait deux contre Nadal de suite, trois avec le Djokoland d’Intérieur sport. On va finir par croire que les Mousquetaires n’intéressent plus personne, pire qu’il n’existait pas de Mousquetaires. Ca paraît un peu gros, Tsonga aussi, Contador aussi.

Pendant ce temps-là, Montpellier est l’invité surprise des demi-finales avec Toulouse, Clermont et le Racing. Trinh-Duc trouve ça « indescriptible ». Le France-Japon du 10 septembre, qu’est-ce que ça va être.