France-Tonga : Pas très Finau

Aurélien Rougerie sera forfait pour l’Angleterre. C’est trop bête.

De notre correspondant à Lower Hutt

Curieusement, Vincent Clerc a contenu sa joie après son essai, comme Maxime Mermoz l’avait fait contre les Blacks. Le travail de sape des Français venait pourtant de porter ses fruits une fois de plus. Passés tout près d’une défaite humiliante contre un archipel qui compte moins d’habitants qu’il n’y a de licenciés dans le comité d’Armagnac-Bigorre, ils se sont arrachés dans les arrêts de jeu pour aller prendre le point de bonus défensif. Et dire que personne n’était levé pour voir ça.

Aussi libérés en début de match qu’un marathonien qui a la gastro, nos Bleus avaient donné jusque-là l’impression d’une équipe sans âme, ni plan de jeu. On a même cru un moment qu’elle se sabordait pour montrer à son sélectionneur combien elle l’aime, mais on était en fait très loin du compte. Il n’y a jamais eu de cassure dans le groupe et sa solidarité transpire sur le terrain. Les joueurs se sont même parlé pendant vingt secondes, en cercle, à la fin du match.

Maka waka

Face aux All Reds du Pacifique, la France a surtout géré son bonus d’avance comme une équipe de foot défendrait à 1-0. Il ne fallait pas prendre quatre essais, alors, elle n’a donné que des pénalités. Qu’on arrête une bonne fois pour toutes de lui reprocher sa trop grande discipline. On pourrait par contre lui reprocher sa passivité chronique, son absence de leaders et son incroyable manque d’orgueil. Mais Le Vestiaire a suffisamment annoncé le désastre depuis trois ans pour tirer aujourd’hui avec tout le monde sur l’ambulance Lièvremont.

Fallait-il attendre qu’il mouche deux plumitifs en conférence de presse pour comprendre enfin à quel illuminé on avait à faire ? Depuis qu’il a arrêté d’entraîner des juniors, Saint Marc pense avoir raison contre le reste du monde et tant pis s’il faut sacrifier sans raison le seul joueur qu’il a réussi à installer depuis sa prise de fonction. Donner un maillot bleu à la moitié du Top 14 ne lui a pas suffi à trouver une équipe-type et ce n’est pas sur le champ de ruines tongien qu’il va en trouver.

Marc Lièvremont : « Quelque part, le XV de France rentre dans les annales de la Coupe du monde. » Ca fait effectivement bien mal au cul de voir jouer son équipe.

France-Canada : Les géants de Papé

Avant d’aller se jeter du haut du Te Mata Peak, notre spécialiste water-polo, Peyo Greenslip, nous a laissé une copie de son testament.

De notre envoyé spécial permanent à Havelock North

Dans l’avion qui emmenait l’équipe de France en Nouvelle-Zélande, Maxime Mermoz, ses initiales Y. J. brodées sur l’appui-tête, rêvait de grands espaces, de kangourous et de barrières de corail. Et puis, il a ouvert son guide des Frogs-in-NZ et découvert que les Aborigènes d’ici parlent le Maori, que les vins blancs de Hawkes Bay sont aussi mauvais que ceux de Gisborne et qu’il pleut parfois au printemps sur l’île du Nord.

Alors, lui et ses amis se sont souvenus qu’ils avaient terrassé les Fidji dans des conditions à peu près semblables en novembre 2010 à la Beaujoire. Et comme en novembre 2010 à la Beaujoire, ils n’ont pris aucun risque. Comme disait Benazzi sous la douche : prends ton pied quand la savonnette glisse.

Pas BO à voir

Le plan de jeu fonctionnait à merveille en début de match et la France passait sa spéciale : un ballon échappé par l’adversaire sous une chandelle pour un essai à zéro passe. Imparable. Malheureusement, le staff canadien avait eu le temps en trois jours de visionner le best-of de la saison 2010-2011 du Biarritz Olympique et on a vite compris que Damien Traille aurait beaucoup de ballons aériens à négocier sur le pré des Magpies.

Longtemps alors Bernard Lapasset a regretté d’avoir laissé autant de repos aux barbus canadiens entre leurs deux premiers matches. Les Bleus n’avaient pas encore vu la ligne des 22 avec le ballon dans les mains quand Jo Maso a arrêté de compter le nombre de placages ratés. Le travail de sape allait bien finir par payer.

Une attitude de Bonnaire

Et effectivement, nos bucherons ont bu le calice jusqu’à Cali en fin de match. Pendant dix minutes, ils ont enfin compris qu’ils avaient à faire aux vice-champions d’Europe 2011, que leur manque d’agressivité dans les rucks n’était pas du tout la preuve de leur suffisance et qu’ils étaient finalement capables d’aligner trois passes en courant vers l’avant.

Difficile, devant une telle démonstration de puissance collective, de sortir quelques noms du lot : Rougerie était sûrement trop absorbé par le capitanat pour s’occuper du jeu ; Bonnaire ne peut pas couvrir tout seul tous les postes de la troisième ligne ; Guirado lance beaucoup mieux en touche quand il ouvre les yeux ; Servat a passé beaucoup trop de temps avec Guirado ; Parra n’a pas compris qu’on ne pouvait pas partir systématiquement tout seul au ras des regroupements, Trinh-Duc n’a pas compris qu’on ne devait pas systématiquement taper des chandelles ou des coups de pied au loin quand il pleut.

Le plus dur est fait. Une défaite volontaire contre les Blacks samedi prochain et nos Bleus ont leur place en finale.