Tour de France : Schleck vacances

Notre consultant Thierry Bisounours ne sera pas reçu à l’Elysée. Pourtant, son collègue J.R. a bien sucé comme il faut. Il fait quand même avec vous le bilan du Tour, pour la dernière fois de la saison.

Cancellara qui met cinq minutes à tout le monde, ça fait plaisir ?

Oui, oui, il est le plus fort et on se demande même comment il fait pour l’être autant en fin de Tour.

Il y avait du vent…

Il a eu moins d’effort à faire en montagne que les autres. C’est pas comme si il appartenait à l’équipe d’un leader.

Et on peut rouler à 51 km/h de moyenne sans problème sur 50 km…

Et il est au-dessus de tout soupçon.

Oui, oui. Et sinon, impressionnant Schleck aujourd’hui, il a pris à peine plus de deux minutes par Menchov…

Evidemment, c’est pas Contador qui a fait un Tour de merde et qui aurait pu craquer à chaque étape. C’est donc surtout Schleck qui était phénoménal. Du coup, son maillot jaune est loin d’être scandaleux.

Mais il n’a pas le maillot jaune…

Ah ok, j’étais persuadé qu’avec son plan, il avait fini par triompher. Je suis un crétin alors et Schleck un grand champion. Il a battu Contador avec combien de retard ?

31 secondes. Il finit 44e, c’est pas mal pour le contre la montre d’une vie…

Derrière Moinard alors, c’est donc même un exploit, comme on dit dans le jargon. Et Contador qui finit aussi à cinq minutes. Quel champion, ce Schleck, on l’attendait pas à ce niveau. Si ça continue, il peut faire deuxième un bon bout de temps.

On n’attendait pas les Français non plus à pareille fête sur le Tour. Enfin la fin du cyclisme à deux vitesses ?

Vous savez, comme dit Bilou, mon patron : « C’est après la foire qu’on compte les boeufs, même s’ils sont aux hormones. » Il a raison c’est plutôt encourageant. En 2009, ils étaient cinq dans les vingt premiers. Cette année, ils sont un et sont tous dix-neuvièmes. Enfin.

Tour de France : Un Schlek en bois

lance

Armstrong a craqué, notre consultant Thierry Bisounours y voit donc désormais plus clair. Pas vous, puisque vous continuez à lui poser des questions sur equipe.vestiaire@yahoo.fr

Pourquoi y voyez-vous plus clair alors que personne n’a attaqué aujourd’hui ?

Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la limace. Croyez le ou non, Armstrong a craqué.

C’est vrai que votre analyse est impressionnante. Et donc, vous savez qui va gagner le Tour alors ?

En tout cas, ce sera pas Armstrong, parole de Normand (NDLR : Thierry Bisounours est Picard). Pour le reste, Contador semble fort, Schleck est impressionnant, Van den Broeck s’accroche, Menchov est bien là. On a même droit à Leipheimer et, bien-sûr, le suceur de roues suce bien les roues, comme on dit dans le jargon.

Le suceur de roues ?

Oui, comme dit Bilou, mon patron, avec un menton pareil, il a pas dû boire que de l’eau. Je vois pas bien ce qu’il veut dire, mais apparemment les médecins le savent.

Les Français s’en sortent plutôt bien. Est-ce un signe encourageant pour le renouveau du vélo ?

Vous avez tout dit. Que puis-je ajouter, que le premier Français est 22e après une seule étape de montagne ?

Mais Armstrong est apparu humain aujourd’hui ?

Oui, Indurain aussi en 1996, Ullrich en 1998 et que dire de Pantani dans sa chambre d’hôtel de Rimini en 2004 ? Après tout, il n’a que 39 ans et avant il ne chutait jamais. Ah, la malchance.

Andy Schleck court-il mal ou très mal ?

Ça dépend si vous prenez Ullrich en comparaison. Disons que Contador avait du retard et tout intérêt à attaquer. Il ne l’a pas fait donc il ne pouvait pas. L’idée de se faire tracter par un coéquipier qui fait le rythme, c’est astucieux. Schleck ne pouvait pas beaucoup plus, autant ne pas essayer. Habile.

Mais il a un plan ?

Oui, probablement essayer de prendre moins de trois minutes dans la gueule sur le chrono. Habile.

Tour de France : Le sang Conta miné

liplip

Stéphane Goubert n’a finalement pas réussi à finir dans les dix premiers. Thierry Bisounours évoque une intoxication alimentaire, mais il n’a pas voulu révéler la nature de l’aliment en cause.

Alors Thierry, ce mont Ventoux à la veille des Champs, une vraie trouvaille ?

Bien sûr, on a assisté à un bouleversement du classement général entre la neuvième et la onzième place. Devant, Schleck, Contador et Armstrong ont tout fait péter. J’en ai encore des sueurs et en général, c’est pas bon signe pour la nuit. (Il sort de sa poche une grosse boule de linge humide d’où sort une épaisse odeur d’urine et d’andouille putréfiée.)

Les performances de Contador en étonnent plus d’un. Et vous ?

Il y en a une en tout cas qui ne se plaint pas. (Il montre le pendentif qu’il porte autour du cou, une photo de la femme de Stéphane Goubert cohabite avec celles de ses enfants.)

Mais pour Contador ?

Je vous vois venir avec vos gros traiteaux, comme on dit dans le jargon. Toujours cette carotte (ndlr, marotte) selon laquelle on ne peut pas être tout le temps devant à fond, en rivalisant avec les performances de dopés avérés. Vous savez, Bilou, mon patron, il dit toujours : « Dopage, pas dopage, tu t’en branles, les gens continuent de regarder. C’est comme toi, plus tu dis de conneries et plus l’audience est forte. » Il a pas tort, regardez les chiffres Médiamétrie. Ai-je été meilleur que d’habitude cette année ?

Non.

Encu..s ! (Il nous jette la boule de linge dessus.)

Di Luca enfin pris…

Il avait réussi à tenir Menchov au Giro, pas étonnant.

Mais Menchov n’est pas dopé, regardez son Tour…

C’est vrai qu’on n’a pas fini de parler de ce problème des coureurs qui s’adaptent mieux aux routes italiennes. Prenez Di Luca, Savoldelli, Garzelli ou Cunego. C’est la faute de l’UCI peut-être ?

Les contrôles sanguins sont-ils efficaces en général et sur le Tour de France en particulier ?

Je ne sais pas, que disait Bernhard Kohl du passeport sanguin ? Le dopage est toujours aussi présent, il faudrait suivre les coureurs 24/24, hors c’est impossible pour des questions de vie privée. Mais vous savez, moi aussi je me dope à ma façon avec mon antipelliculaire contre la chute des cheveux. (Il se passe alors la main dans les cheveux et une perruque grasse lui reste dans les mains, une calvitie blonde naissante apparaît.)

Mais, vous n’êtes pas Thierry Bisounours ?

Vous m’avez piégé !  Non, je ne suis pas Thierry Bisounours, je suis le spécialiste cyclisme du Vestiaire. Mais vous n’êtes pas naïf à ce point-là ?  Sinon, comment aurais-je pu parler du  parcours ridicule dessiné par Christian Prudhomme, de l’hypocrisie permanente autour des performances, de l’écrasante victoire de Contador jusque dans le contre-la-montre, du podium d’Armstrong, du dopage de Di Luca, de l’arnaque Menchov ?

C’était pas bien difficile…

Allez dire ça à Thierry Bisounours.

Tour de France : A l’assaut du Mont Vento

rikikik2

Thierry Bisounours ne voulait plus s’exprimer jusqu’au départ du Tour. Mais le triomphe de son alter ego Thierry Adam l’oblige à « sortir de son réservoir », comme on ne sait plus trop qui le dit.

Thierry, Christian Prudhomme…

Moi, c’est juste Thierry.

D’accord, mais Christian Prudhomme est-il en train de réussir son pari ?

Etes-vous bien renseigné ? La dernière fois que j’ai parié, c’était en 2001 avec mon pote Stéphane Goubert. J’ai reconnu ma défaite et livré les 70 kilos d’andouilles que je lui devais. « L’affaire est clostro », me semble-t-il, comme on dit dans le jargon.

Sur quoi portait le pari ?

Je pensais que Chavanel gagnerait le Tour dans les six ans.

S’il n’y a aucun contrôle positif sur le Tour cette année, aura-t-on gagné une bataille contre le dopage ?

Il peut toujours y avoir un, deux ou 120 moutons noirs, mais globalement en effet je crois que ça va dans le bon sens. On retrouve le niveau de propreté des années 1990. Je vais vous faire une confidence qui me vient directement de Bilou, mon patron. Vous êtes un peu trop jeune et pas assez étourdi (ndlr, érudit) pour le savoir, mais entre Pollentier en 1979 et l’affaire Festina, il n’y a quasiment pas eu de cas de dopage. C’est un fléau des années 2000.

Prudhomme se réjouit d’un suspense à son paroxysme. Bien malin qui peut donner le nom du vainqueur ?

Contador. Je déconne évidemment.

Oui, Armstrong, Schleck, Sastre, ou Evans sont en embuscade…

En effet, je suis loin d’être con, Contador n’a pas montré grand-chose de plus que les autres depuis le début. D’ailleurs, sa faiblesse en contre-la-montre peut lui poser des soucis, il n’a fait que deuxième du prologue. On peut imaginer qu’il ne pourra pas gagner plus d’une minute par étape d’ici Paris. Les Champs Elysées seront une nouvelle fois décisifs cette année. Il n’est pas rare de voir un coureur reprendre de une à cinq minutes rue de Rivoli. Et là, je déconne ?

Un mot peut-être sur l’étape palpitante du jour ?

Non, il ne s’est rien passé, les Schleck ne valent pas grand chose, il n’y avait que Vélo Mag pour y croire. Rendons quand même hommage au tracé de Christian Prudhomme, qui rend le Tour à peine soporifique. Je déconne, évidemment.

Que pensez-vous de l’humiliation subie par Lance Armstrong ?

Ecoutez, on ne peut être qu’admiratif d’un type qui part en champion insoupçonnable et qui revient à 50 ans toujours dans les dix. Je déconne, évidemment.

Ca restera quand même un Tour en rupture avec toutes les traditions, non ?

Evidemment, le même coureur qui finit devant sur toutes les étapes importantes, une équipe qui écrase tout, un pistard devenu montagnard. C’est du lourd comme dit DJ Abdel (ndlr, Abd Al Malik) et c’est assez inédit. Je déconne, évidemment.

Menchov dans le trou, est-ce suspect ?

Pas du tout, au contraire, ça fait du bien de voir qu’il est difficile d’enchaîner deux grands tours au même niveau. On a trop souvent vu les mêmes drogués réaliser le doublé Giro / Tour.

Vous parlez de Savoldelli, Cunego, Simoni, di Luca, Garzelli, ou Gotti ?