Ligue des Champions, 8es de finale : Moyes and girls

En C1, les 8es sont rarement intéressants. En l’étant encore moins que d’habitude, ils le sont pourtant devenus.

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Du temps de sa splendeur, l’Allemagne marchait sur Paris, et non l’inverse. Tout était différent.

Mais aujourd’hui l’Europe est plus simple à comprendre, Yalta est passée par là. Ainsi seuls trois pays et quelques invités peuvent prétendre à gagner la compétition : l’Allemagne réunifiée, l’Espagne et le Qatar, ce qui laisse cette année deux places libres en quarts. Les heureux vainqueurs sont l’Olympiakos ou Manchester, laissons croire à tout le monde que Van Persie peut retourner la situation aussi bien que Giroud en slip, et certainement Mourinho, qui prouve à tout le monde que l’Angleterre ce n’était pas seulement Sir Alex.

Il reste néanmoins à interpréter le sens de ces 8es de finale, car ne pas le faire serait prendre le risque d’être surpris des autres branlées qui s’annoncent en quarts. La Ligue des Champions est une compétition à paliers : les très mauvais prennent des roustes les premiers en automne, puis les moyens nuls prennent la leur à la fin de l’hiver, et au début du printemps il peut subsister une ou deux taules. C’est le foot actuel : quand on domine, c’est totalement. Six des huit quarts de finaliste ont impressionné l’Europe. Il faudra pourtant en choisir au moins deux pour ne plus impressionner personne dans un mois.

Mais cela ne veut pas dire que tous ceux qui vont rester peuvent gagner. Le Real est un excellent exemple : il reste sur 28 matchs sans défaite, dont 24 victoires, et pourtant le Bayern aura bien du mal, malgré ses efforts, à être dominé quand ils se rencontreront. Comme Benzema et Ronaldo auront du mal à faire des double une-deux dans la surface ou se créer suffisamment d’occasions pour envisager chacun un quadruplé, pour une raison simple : le quart ne se jouera pas à Schalke. Le Barça et l’Atletico ont les deux meilleures défenses de Liga et pourtant on sait déjà que c’est tout pourri et que ça explosera à la première occasion.

On peut aussi voir les choses de manière individuelle : Benzema est dans la forme de sa vie et pourtant il ne fait rien de plus qu’avant, à part être hors-jeu une ou deux fois de moins. Il ne manque vraiment plus grand chose pour entendre que son trio avec Ronaldo et Bale est le meilleur depuis Di Stefano, Kopa et Gento. Et que dire de Thiago Alcantara, la priorité de Guardiola, qui aura au moins mérité de boire de la bière dans le trophée remis au vainqueur de la Bundesliga, où l’on ne remarque pas les passes perdues au milieu de terrain par excès de facilité. Ce sera déjà ça. Mais en février-mars, toutes ces petites choses n’ont aucune importance puisqu’en face ça ne tient pas un ballon, ça n’enchaîne pas deux passes, ça ne résiste pas au pressing et devant ça compte sur Huntelaar ou Kiessling pour tout faire.

C’est vrai qu’Ibra ça fait chier mais il faudra attendre encore un peu pour s’en rendre compte. Ou pire, quelqu’un va finir par lui permettre de la gagner. Avant ça, on a au moins gagné les huit soirées des matchs retours pour regarder Plaza se gonfler d’oestrogène ou les excès d’ocytocine de Baby boom.

Ligue des Champions : Raul babioles

Aucun spectacle, à peine dix minutes de Benzema, pas d’enjeu et Tottenham en plus : personne n’a regardé Real-Tottenham retour, comme les autres matches d’ailleurs. Il ne fallait pourtant pas le manquer.

Pour voir que Gallas peut encore lever la jambe

L’action s’est déroulée dans l’anonymat de la deuxième mi-temps, sur une ouverture longue. Non content d’être pris à contre-pied, Gallas s’est retourné et a intercepté le ballon, ce que Wenger lui interdisait pourtant formellement. Si Tottenham en est encore là, c’est grâce à ses grands hommes. Gareth Bale bien sûr, mais surtout Ibrahimovic en huitièmes. Donc un peu Gallas, qui a retrouvé son niveau, en tout cas un niveau. Suffisant pour ne prendre que trois buts d’Eto’o en une saison de Ligue des Champions et se retrouver quand même en quarts à répondre qu’il ne pense pas à l’équipe de France à Tullett. Après tout, ils n’ont pris que cinq buts en deux matches.

Pour voir qu’Adebayor joue juste

Que ce soit sur une frappe en pivot qu’il vole aux autres, une tentative de une-deux, un débordement à droite ou un jeu en remises, ou sitôt le match fini une bonne vanne à Casillas et un salut aux supporters devant les caméras, avec le maillot du Real sur le dos pour éviter tout malentendu, on n’a vu que le Togolais. Autour de lui, tout se met en marche : Ozil flambe défensivement, Ronaldo marque d’une frappe de 35 mètres faute d’autre occasion et Benzema finit même par lui emprunter ses appels de balle, quitte à jouer à un mètre de lui. Pour aller loin, le Real a besoin d’un grand attaquant et il fait 1,90m.

Parce que « Le Real n’a pas de point faible »

L’armada offensive de Tottenham, qui fait trembler jusqu’aux équipes de milieu de tableau de Premier League, n’a rien pu faire face à Carvalho et Arbeloa. Pavlyuchenko ne s’est créé que deux face-à-face, Lennon n’a pris de vitesse Marcelo que trois fois à droite, Bale n’est même pas passé vingt fois à gauche. Et Modric, qui a quand même la taille et les cheveux de Messi, n’a pas existé. Ca veut bien dire quelque chose. Le Barça est foutu, mais il lui reste une chance : Josse n’est pas loin de penser que le Real fera l’impasse sur le clasico de Liga. Pas idiot, Bernabeu sera compréhensif.

Pour les traits d’humour de Denoueix

Première mi-temps, choc de tête Arbeloa-Khedira. « Maintenant on se cache pour parler, du coup ils ne se sont pas entendus. » Il faudra attendre la mi-temps et la question sur les contre-attaques du Real posée par Margotton pour associer l’image au bon mot : Denoueix qui déconne, c’est sourire allongé, dents rentrées et ses lunettes, toujours ses lunettes. Les photomatons sont une bonne école, Margotton c’est pareil avec les filles qui minaudent pour présenter le plus grand stade d’Europe du week-end suivant. Jacquet ? Il s’en branle.

Parce que sur la 6 il y a Salomone

Le Real menait-il quand Charlotte de Turckheim, pour réagir à l’annulation du mariage de son Nous C Nous de futur gendre, s’écria : « Oh non, il y a des flans de turbos ! Ca se conserve pas, y en a 200 ! Pas les flans de turbos ! » En post-production on appelle ça écrire avec les pieds et jouer avec de Turckheim. Dans ces conditions, donner un rôle de photographe à Madenian ou regarder Des racines et des ailes en Lot-et-Garonne, ça revient au même : c’est légitimer Adebayor. C’est con : Dupontel expliquait à Weil, donc à lui-même, combien son Ventura moins bavard lui rappelait Melville. Mais en mieux, évidemment.

Pendant ce temps-là, Sneijder a raté son match, peu importe l’Inter n’avait pas besoin de grand joueur. Mourinho, il faisait quoi de mieux que Leonardo ? Sinon Schalke est en demi-finale et n’a toujours pas plus de souvenir d’avoir eu une occasion à Gerland. Le duel Raul-Adebayor approche quand même.