Christophe Lemaitre : Un diamant, zéro Carraz

Diagana et Doucouré doivent doucement rigoler dans leur barbe. Hélas comme disait Pagnol, ils n’ont pas de barbe et ne rigolent pas du tout.

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Pourtant ils ont longtemps hésité entre le rire et les larmes face à la blessure de PML. Eux aussi ont connu ça dans leur temps mais ils avaient déjà pris l’habitude de figurer dans quelques finales mondiales et olympiques dès leur plus jeune âge. On va finir par croire que les analyses du Vestiaire sont pertinentes et qu’ils existe vraiment des lois du haut-niveau et qu’il n’est pas permis à tout le monde de les franchir. S’il ne faut pas accorder plus d’importance que ça à l’accident Lemaitre une nouvelle fois finaliste (c’est bien ça l’accident), certains l’imaginaient plus régulièrement bronzé lors de ses débuts il y a 3 ans déjà. Côté bronzage, Jimmy Vicaut n’aurait rien à apprendre de Silvio Berlusconi mais son plantage est extrêmement inquiétant pour la suite. Il était le plus fort depuis le début de saison, il est hyper musclé, et même pas qu’en salle. Et puis le jour J plus tant que ça. L’essentiel c’est qu’il se trouvait détendu avant la course.

Tout ça était avant la vraie blessure, celle du champion. Ce n’est pas donné à tout le monde : sauter de joie pour un centième dans la gueule de Vicaut à 18h, sauter sur un brancard à 19h50, faire sauter le pacemaker de Pierrot à 21h au moment d’annoncer qu’il a foutu en l’air le 200, le 4×100 et la durée de vie de son entraîneur. Pourtant Lemaitre avait tout pour lui : des départs pourris, des temps pourris et une confiance pourrie. Du coup en finale il a pris un départ pourri, il a fait un temps pourri et il avait tellement confiance qu’il a forcé sur ses ischios ou son quadri, enfin un muscle qui pète. Peu importe, tant que Bolt et Gay continuent à dire que s’il travaille bien et qu’il reste compétiteur il sera un redoutable concurrent dans les années à venir. Pour ceux qui ont vu l’Intérieur sport encore remarquablement senti sur la langue au cheveu d’or, qui venait de battre Gatlin à Rabat ou un truc comme ça qui a de la valeur, Pierrot disait aussi que si la saison se passait mal pour la deuxième fois de suite, il faudrait songer à changer quelque chose. Ce quelque chose s’appelle-t-il Pierrot ? Vicaut, lui, est dégoûté : être sorti de la finale pour un centième c’est cruel. Espérons que Pessonneaux et Sangouma se soient mieux échauffés.

Pendant ce temps-là, Robert Michon nous a fait rêver même si Montel ne croit toujours pas Boyon sur le jet à plus de 65m, c’est vrai qu’elle donne pas envie d’y croire. Une médaille à Lesueur de son front. Bosse sera-t-il le Mayer ? On n’espère pas pour lui.

Lavillénie 2011 : Mesnil montant

Jérôme Clavier l’avait prédit : « En passant 5,75m, je pense qu’à 90% c’est la médaille assurée. »

Renaud Lavillénie pourra aller voir Salim Sdiri tant qu’il veut, ça ne l’aidera pas à aller plus haut. L’homme qui a plus de javelots dans le foie que de titres mondiaux a vu comme tout le monde : à 5,65, 5,75, et 5,85 le futur champion du monde saute 6 mètres du premier coup. A 5,90, il saute aussi du premier coup mais 5,50 cette fois. La suite est cousue de fil blanc : un Polonais passe, puis un Cubain, puis Montel n’a plus le cœur à parler de Quinon et Renaud prend un coup dans les clarinettes.

En revanche, Montel parle de la statue qui attend le Cubain à La Havane, normal pour un gars qui améliore son record de 15cm à son troisième essai, le jour d’une finale mondiale. L’adrénaline ou le stress, il fallait choisir, Renaud a choisi. Les perches deviennent trop lourdes, il n’arrive même plus à taper dans ses mains pour le public, il attrape les barres en retombant lors du dernier essai, non sans sauter un mètre au-dessus puisqu’il est quand même le meilleur et de loin.

Couler deux bronzes

Mesnil, lui, avait bien essayé de toucher les barres, mais la gueule dans le sautoir on est toujours un peu court. Il pourra toujours se toucher le barreau en rentrant à la maison ou en courant à poil dans les rues de Paris, mais cette fois pas sûr qu’on le paye pour ça. Tant pis, ça a laissé le temps à Boyon de causer US Open avec Bubka. Oui, Jérôme Clavier a eu un autographe.

Lavillénie éliminé, Montel est réconcilié avec la perche, qui n’est plus en sommeil, contrairement à lui puisqu’il n’y a plus de Français. D’habitude les Slovènes c’est que pour Boyon. Une finale mondiale à 5,85m, ça valait effectivement le coup de chapeau de Monfort, ravi de réunir un champion d’Europe par équipes, sans équipe, en salle et en extérieur, et un Polonais inconnu avec un drapeau sur le dos. Lequel a eu droit à un sujet sur sa passion pour la moto ? Cocorico.

Pendant ce temps-là, Montel fait tout pour convaincre les dépressifs, les insomniaques, les chômeurs longue durée et les autistes de le retrouver à 3h du matin pour voir les séries et entendre Faure.

Championnats d’Europe, Barcelone :
Le Daegu des autres

Ils sont les nouveaux maîtres de l’Europe. Avec combien d’entre eux Bolt partagera ses médailles et ses nuggets aux Mondiaux l’an prochain ?

Christophe Lemaitre. Ses temps ne lui auraient pas donné de médaille à Berlin, mais l’année prochaine, c’est en Corée.

Martial Mbandjock. La star de ces championnats est entrée dans le panthéon très fermé des coureurs moyens multimédaillés. Voire très moyens ? Moyen.

Garfield Darien. Il faudra qu’un jour quelqu’un se dévoue pour lui dire que le record de France, c’est pas 13″30.

Dimitri Bascou. Il faudra qu’un jour quelqu’un se dévoue pour lui dire qu’il ne suffit pas de courir plus vite que Samuel Coco-Viloin.

Ladji Doucouré. C’est Ladji Doucouré, c’est donc aussi un peu Renaud Longuèvre.

Véronique Mang. Le jour où les contrôles seront autorisés en Jamaïque et aux Etats-Unis, elle pourra s’intéresser à ses propres performances. Les contrôles de quoi ?

Myriam Soumaré. Et si on arrêtait le 100 mètres ?

Christine Arron. Courir à 37 ans est une chose pas banale, coûter l’or en relais l’est devenu.

Yoann Kowal. C’est une vanne.

Renaud Lavillénie. Le Mesnil du riche.

Romain Mesnil. Romain Mesnil ou presque.

Damiel Dossevi. Jérôme Clavier espère aussi passer un jour 5m80.

Romain Barras. Blondel non plus ne ramenait jamais de médailles quand ça comptait vraiment. Mais il avait quand même Heike Dreichsler.

Teddy Tamgho. Edwards, Harrison, Quesada ou Idowu préféraient tous attendre les grands rendez-vous pour aller plus loin que d’habitude. Chacun son truc.

Leslie Djhone. C’est la première fois qu’il fait preuve de suffisance, mais il promet le podium à Londres. On peut bien continuer à lui faire confiance.

Mahiedine Mekissi et Bouabdellah Tahri. Les deux Kenyans font des courses de Kenyans et des temps de Kenyans. Ca émeut suffisamment Monfort pour en appeler un Bob.

Kafétien Gomis. Enfin la consécration de Sdiri.

Hind Dehiba. On n’est pas obligé d’écrire une ligne sur chacun ?

Yohann Diniz. Toujours postier.

Pendant ce temps-là, Alexandre Boyon n’est toujours pas patron du service des sports. Ça ne l’empêche pas de connaître la date de naissance de Romain Barras.

Championnats d’Europe de Barcelone : Papa, Tamgho, Charlot

Août 2009, le spécialiste athlé du Vestiaire prononce une sentence aux allures définitives : son chouchou ,Teddy Tamgho, ne sera jamais en or dans un championnat planétaire. Il ajoute : « ces choses-là, ça se décide très jeune et sans douleurs au mollet « .

Mea culpa. L’optimisme avait à l’époque pris le dessus comme rarement, puisqu’il semble subitement devenu difficile de gagner même un championnat continental, voire européen. Et cette fois, pas qu’à cause de son physique, mais aussi de son niveau. Heureusement, ces critères ne sont pas essentiels pour devenir un champion puisqu’il faut juste avoir le boulard. Tamgho l’avait bien compris, en tout cas jusqu’au premier saut. Puis l’orgueil a pris le dessus, Teddy n’était déjà plus premier. Pas le genre à craquer sous la pression, à réaliser ses meilleurs sauts en meeting ou dans des compétitions sans intérêt en salle. Teddy, la grenade dégoupillée, va exploser, mais en vol. Frôlant parfois les 17m40, taquinant même les 17m50.

Triple sot

Le destin est parfois farceur, ses concurrents avaient choisi le même jour pour aller un peu plus loin, être au top. Du coup, il aurait pu demander à sauter la semaine prochaine, ou des adversaires un peu moins bons voire l’interdiction du bandeau sur cheveux rouges. Il s’est rêvé joueur de NBA sur un playground, il a vu débouler Dennis Rodman, comment ne pas perdre ses moyens ? Mais il a préféré crâner en qualifs, puis crâner en finale. Sinon, il peut toujours continuer à crâner, puisqu’il reste le meilleur dans cette discipline annexe qui consiste à faire des chorégraphies ridicules avec son pote Compa, qui consiste  aussi à raconter que les 18m seront en danger grâce à son pote Compa.

Il avait pas tort là-dessus, les 18m étaient pas loin, mais Compa avait mal aux pieds. Blessé en 2009, troisième en 2010, champion du monde en salle, ça doit être ça, assumer son statut de favori quand ça compte vraiment. Après tout, la Roumanie a toujours été une grande nation du triple-saut. Se faire planter au cinquième saut quand notre spécialiste est le 6e, ça peut rendre fou. Ou modeste. Comment s’écrit humiliation ?

Chpts d’Europe de Barcelone, Lemaitre, Mbandjock : La cour Martial

Cela faisait bien longtemps qu’un athlète français n’avait pas réussi un authentique exploit en finale internationale.

Qui a dit que les championnats d’Europe d’Athlétisme ne servaient à rien ? Courir tous les ans sous les 10 »16 depuis 2007 était donc un signe. Martial Mbandjock, l’ancien Lemaitre, ou peut-être l’ex-futur Sangouma, a enfin la reconnaissance qu’il cherchait. Pour lui, l’exploit est de taille, d’autant plus que personne n’avait misé de Pognon sur lui. Alors, ce bronze européen, il le doit un peu à John Smith, mais à 10 »18 un peu seulement. Pour autant, Mbandjock est-il scandaleusement mauvais ? Si Ronald Pognon lui-même serait bien embêté de répondre, ce n’est pas seulement parce qu’il a égaré toutes ses breloques européennes.

Lemaitre et talons

C’est aussi parce que le 100 m en France n’offre pas souvent de vrai finaliste, y compris en championnat de France. Alors un troisième, ça frise l’accident. « Quatre coureurs en 10 »18, c’est un 100 m historique », s’est même enthousiasmé le champion, pas effrayé d’humilier ses parents et amis dans la presse. Ce n’est pas une raison suffisante pour lui enlever sa médaille, même européenne. Car Dossevi, Darien et Bascou en savent quelque chose, c’est pas donné à tout le monde. Sauf quand on a du talent, évidemment, car de  Baala à Blondel en passant par Diagana, tous les Français ont finalement gagné un jour les Europe, mais aucun ne courait avec un maillot moulant bleu-blanc-rouge. Même face à la dent argentée de Chambers, ça donne l’air con.

Evidemment, Christophe Lemaitre aurait pu s’épargner un tour d’honneur en prenant connaissance des temps.

Chpts d’Europe, Ladji Doucouré :
La lésion d’honneur

Par notre spécialiste en Ladji Doucouré, Patrick Mataule

Mérite-t-il d’être sélectionné ? Détrompez-vous, cette question ne concerne ni Bascou, ni Darien. Car aux championnats d’Europe, tout est permis.

Ladji Doucouré a-t-il ses chances ? La question aurait été saugrenue il y a une semaine. Elle est désormais aussi sérieuse que la retraite de Medhi Baala. Et pourtant, son meilleur temps se situe au-delà de la douzième place, au-delà même du Grec Douvalidis. Oui, le Grec Douvalidis. Le Grec Douvalidis. Et pourtant, Doucouré est derrière Bascou et Darien. La légende raconte que Dan Philibert aurait attenté à ses jours pour moins que ça. Mais Dan Philibert n’est pas Doucouré, même s’il se réservait lui aussi régulièrement une des huit places de finalistes en compétition planétaire.

Car Doucouré s’est déjà réservé une première place et peut-être le chrono propre le plus rapide de l’histoire. Une raison largement suffisante pour le dispenser à jamais des critères de sélection. Car Ladji a trois particularités qui le placent loin devant les autres : il se blesse régulièrement comme un être humain normal qui ferait du sport de haut-niveau, il a le mental et le talent naturel pour revenir au sommet et son entraîneur casse les couilles à tout le monde.

Alors, peut-il d’ores et déjà s’échauffer pour la finale et préparer ses larmes pour le podium ?

Au regard de la concurrence, il est certain qu’il n’y aura pas vraiment de lutte. Ses plus coriaces adversaires seront Bascou et Darien, quant au meilleur performeur européen, il n’a fait que 13″27. En d’autres temps, c’est le meilleur Français qui partait avec aux Jeux Olympiques. Les quinze meilleurs se tiennent donc en trente centièmes, Doucouré (13″54) a une semaine pour en gagner dix. Ce sera plus simple pour lui de le faire, que de voir un jour Bascou et Darien courir régulièrement en 13″30, le temps autour duquel se jouera sans doute le titre. Le podium sera donc accessible pour tout le monde, pour les anciens champions du monde comme pour les champions de France.

Allen et les garçons

Il restera cependant un obstacle à franchir, celui du physique. Entre le 3 et le 11 juillet 2008, Ladji Doucouré est descendu de 13″64 à 13″51. Le 18, il atteignait 13″35 pour monter en puissance jusqu’à sa quatrième place pékinoise un mois plus tard. Il sait donc faire descendre les chronos dans un laps de temps aussi réduit que les places d’honneur de Coco-Viloin en grand championnat. Mais à l’époque, il enchaînait les courses et cela n’avait pourtant pas suffi pour revenir au top. Comme Jean Alesi, il n’avait pas la caisse. Doucouré ne l’aura pas cette année non plus, encore moins alors qu’il n’aura couru que deux fois. Ça n’arriverait pas à David Oliver, qui se jetterait sur les nuggets de Bolt pour compenser. Il y a champion et champion.

Mondiaux : Tahri beau, Mehdi cale

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« Il faut une course lente et un Mehdi hardi. Mais j’ai peur pour Mehdi car sa préparation a été insuffisante. » Bernard Faure ne se trompe qu’une fois sur deux.

C’était la grande polémique du printemps dernier sur Le Vestiaire. Notre spécialiste athlétisme avait brillamment tracé le portrait de Mehdi Baala, ce qui avait choqué beaucoup de monde. Qu’avions nous dit ?  Que notre miler n’était pas le meilleur, qu’il ne maîtrisait que modérément la tactique de course, qu’il n’avait pas remporté beaucoup de titres planétaires et qu’il n’était pas capable de courir régulièrement sous les 3’30 ». Pourtant hier, c’est un refrain collectif bien connu qu’ont entonné tous les observateurs. Comme quoi le chat échaudé est plus résistant qu’on ne le croit à l’eau froide. Ce n’était que sa septième compétition mondiale ou olympique. Avec Mehdi Baala, il se passe toujours quelque chose : la blessure, la chute, la disqualification (la sienne ou celle du vainqueur), la quatrième place, la médaille, le titre européen et l’élimination, bien sûr. Hier, il avait l’embarras du choix, il ne pouvait plus inventer grand-chose, il a choisi la septième place.

Baala mou

Comme à Pékin, la course n’était absolument pas relevée, contrairement à la rumeur qui avait été inventé pour palier la future faillite du champion pas champion. Le meilleur engagé était Lagat et sa performance datait de 2001. Ensuite, c’était Baala, en 2003. Depuis le départ d’El Guerrouj et la fin hâtive de son successeur, il n’y a plus de leader chronométrique, presque tout le monde a le même niveau et donc sa chance. On appelle ça une course dense et ouverte où Mehdi a de fortes chances de ne pas être le plus fort. Que serait une course pas relevée, Mehdi à 3’30 et les autres à 3’40 ?

Baala, à l’inverse de 2008, est arrivé moins bien préparé mais plus rapide. Sa demi-finale était claire, son finish n’existait pas. Il aurait dû tenter d’asphyxier ses adversaires dès la mi-course, et essayer de resister. 7 e ou 7e, quelle différence cela aurait-il fait, à part qu’il aurait essayé ? A quoi bon, mieux valait s’enfermer, faire des efforts pour revenir et craquer. Et surtout marquer Kiprop, le grandissime favori d’une course où personne n’est favori. Mehdi ne pouvait pas savoir que le Kenyan avait opté pour copier sa tactique de Pékin. Un classique du Mehdi loser. A quand le Mehdi courant en champion ? El Guerrouj, Lagat et Morceli commençaient-ils au fond du paquet ? Mais Baala n’est pas El Guerrouj, même si la France veut continuer d’y croire. Il fallait donc une course rapide, elle a été lente, Mehdi Baala n’avait plus aucune chance parce qu’il ne se l’est pas donnée dès le départ. Tactique de course à part, pour une fois il n’avait pas la caisse pour tenir et ça, pour une fois, ça n’était pas de sa faute.

Baala ne pouvait pas, Tamgho a du boulot, Lavanne a bien fait de venir.

Mondiaux : Faure âge en eaux profondes

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Patrick Montel a tellement aimé la performance de Philippe Delerm à Pékin, qu’il a pris Boyon pour occuper le siège en trop. A quand le commentaire à dix abbeba ?

Si Bilalian ne veut pas lui faire présenter Stade 2, Stade 2 viendra à lui. Berlin 2009, Patrick Montel a débuté son terrible dessein, rassembler toute l’équipe des sports de France télévisions dans sa cabine de commentateur. Après avoir débauché les reporters de seconde zone qui n’auront jamais droit à la cabine, la première grosse victime est Alexandre Boyon. A force de l’entendre se vanter de savoir qu’Allen Johnson avait été aligné sur 4×400 à Athènes ou de reconnaître Juantorena avec 30 ans de plus, Montel s’est dit qu’il pouvait bien venir parler de ce qui n’intéresse personne. L’heptathlon, les lancers et un peu du reste des concours quand les types sont pas connus. Une fois Tamgho éliminé, Alex le nageur a tout loisir de commenter les sauts enregistrés de Nelson Evora. En plus, on peut le bizuter jusqu’à le faire chialer.

Oh pas de télé Thomson

A part ça, Patrick a récupéré sa bouillotte et Diagana a le droit d’en placer une de temps en temps quand le patron décide qu’il peut apporter un oeil intéressant, mais jamais sur les haies, ça serait trop facile. Du coup, Montel peut se lâcher avec la certitude de ne pas être contredit. Il ressort les classiques : Jamaïque, Ethiopie, Kenya. On n’a pas la télé, on court sur les hauts plateaux et surtout on a les mêmes parents puisque l’on est tous frères. Bob et Mahiedine ne l’étaient pas depuis six mois, il le seront probablement l’année prochaine aux Europe de Barcelone grâce à l’indispensable Nelson Monfort, qui a découvert que la zone mixte ne signifiait pas que l’on pouvait mélanger les hommes et les femmes. Nelson aime les petites Ethiopiennes et n’hésite jamais à associer Montel à sa passion, les nuits n’en seront que plus animées. Personne ne reprochera à Patrick d’avoir dit « fureur » pour vendre des tee-shirts allemands, par contre les spectateurs les plus tendus pourront se plaindre de Déborah la guide, aussi sexuelle que la moustache de Jean-Pierre Durand, le photographe pote de Montel de passage dans la fameuse cabine.

Décastar ou Fréquenstar ?

Si démagogie a un sens, il ne s’applique pas à Patrick et ses autres potes, ceux de Facebook, persuadés qu’ils auront des places gratuites pour le prochain Sotteville-lès-Rouen. Il n’y ajoute pas le foutage de gueule quand il propose aux téléspectateurs plus mauvais les uns que les autres de prendre sa place, pour finir sur un gros plan de Diagana à deux doigts de l’apoplexie. Montel est encore là pour un long moment et heureusement car sa naïveté sincère nous manquerait. Quand Bolt méprise et humilie ses adversaires, ce n’est pas de l’arrogance, quand Tamgho crâne entre deux sauts mordus, ce n’est pas un frimeur et quand Fraser égale Christine Arron avec un appareil dentaire, c’est une grande championne. On ne lui en veut pas, c’est le meilleur même s’il appelle William Motti « Bill » et qu’il l’expédie en 1’30 après un mot sur l’athlétisme est-allemand et Talence. Bilou est dans la place.

Pendant ce temps-là, Tahri a montré qu’un champion doit battre son record en finale. Si son pote Baala a compris la leçon de Jean-Mi, il sera au pire deuxième, mais cette fois ce sera sans Hicham.

L’Hommage : Cozette et les Misérables

BALONCESTO

Georges Eddy dans la peinture, des pom-pom girls habillées en survêtement, un score de NBA avec des anciens universitaires repentis. Le All Star Game à la française a trouvé son public. Et si les places n’étaient que des invitations ?

Alors que la seconde mi-temps va débuter, la caméra de Sport+ fait un gros plan sur un people. David Cozette se lance, c’est sa plus belle chance de devenir Patrick Montel avant la retraite. « Il faut l’avouer : quel plaisir ça fait au basket de voir que des people sont passionnés par ce sport. » L’histoire ne retiendra pas que le people c’était Eric Naulleau. Manque de chance, elle ne retiendra pas davantage le plaidoyer de Monclar : le basket français aurait les qualités pour devenir aussi populaire que le rugby. Qui commente l’Euroligue ? Que devient Rugby Hebdo ?

Bokolo de vacances

Sur le terrain, le show est assuré. Dunks de la sélection américaine, 3 points de Laurent Sciarra, on se croirait volontiers à Sydney si Yannick Bokolo n’était pas aussi sur le terrain. Cela n’empêche pas Vincent Masingue d’aller interviewer le président du syndicat des joueurs, ni Stéphane Risacher de penser qu’il s’agit d’un match officiel et qu’il joue encore en Pro A. Il pourrait. Il est peut-être bien gâteux, on ne sait pas qui de lui ou de Tony Parker senior est le plus vieux.

La sélection américaine finit par s’imposer, non sans qu’un des leurs se soit flingué le genou en voulant faire le cake. Grâce à cela, le spectateur choisi pour vendanger le shoot du centre du terrain à 100.000 euros s’est enfin calmé, puisque ni les huées de Bercy, ni les insultes de Monclar n’avaient marché. Avec le succès des All Star Game, le basket-ball est aux portes des chaînes hertziennes.

Si seulement Dacoury avait encore un double des clés.