Roland-Garros, Bartoli : Poids et Walter

 

Qui oserait passer un quart d’heure seul dans un ascenseur avec Marion ? Et pourtant, si c’est son père qui vous l’ordonnait, vous préféreriez épargner vos enfants.

Toute l’histoire de la famille Bartoli est résumée  dans cette savoureuse anecdote. Une petite centaine de gifles et un bon millier de poignées de cheveux plus tard, Marion était devenue une grande joueuse. Ne vous risquez pas à critiquer la méthode ou à imaginer que ces charmants boutons d’acnée ont un lien avec, car avouez-le, au fond, vous aimez votre famille. Et oui, les mots peuvent parfois dépasser la pensée, les gestes aussi disait toujours Walter. Après tout, ça peut même rapporter du pognon, à croire que messieurs Pierce, Rezai, Graf ou Gasquet n’aimaient pas que le tennis. Pas de quoi devenir dingue quand même, quoique.

Walter égo

Marion a donc 26 ans et porte à merveille ses 63 kg de vie qui lui donnent un charme fou. Celui du monstre hybride capable de sourire et l’instant d’après d’envoyer son oeil droit à l’arbitre pendant que le gauche compte les points. Réduire Marion à une insupportable fillette sympa qui fout les jetons serait réducteur, car elle sait avant tout jouer au tennis. Fabrice Santoro sait désormais qu’avec un peu de volonté, il aurait pu percer chez les filles. La preuve, non seulement Marion joue des deux mains de chaque côté, mais en plus elle réside à Genève. Une riche idée.

Mais il faut le savoir, Marion pèse beaucoup plus lourd que ce que l’on croit : une finale à Wimbledon quand même et une défaite contre Emilie Loit à Auckland. Difficile d’expliquer si grand écart, surtout qu’elle n’est pas vraiment gymnaste. Mais Marion c’est aussi ça : un mental à toute épreuve, deux coups droit les bons jours et deux revers les mauvais. Dans le doute, elle répète toujours les deux coups face aux bâches entre les points. Quand on s’investit, c’est à fond, donc elle y joint le jeu de jambes et la traversée de balle. Tant pis si ça fait autiste, même mort de peur le spectateur a payé sa place, il restera.

Bloody sundae

Le tennis est une école de tolérance, on peut bien rebondir les jambes écartées avant de servir, faire le crabe qui se balance à droite et à gauche au retour ou attendre le service adverse le nez collé dans le filet. Elle aurait aussi pu se coiffer ou ne pas suer au bout de trois jeux, de toute façon personne ne se moquera jamais d’une 11e mondiale. C’est donc en pleine confiance désormais que Marion joue à Roland, portée par le public et fière de ses coups gagnants.

Quand elle en fait un, elle ne manque jamais de chercher le regard approbateur de papa derrière elle. Elle doit en avoir un dans chaque tribune, puisqu’au tennis on change de demi-terrain tous les deux jeux, sans parler de ceux qu’elles fixent sur les côtés ou au ciel. Quoiqu’il en soit, mieux vaut plusieurs papas, même s’il y a en a un plus violent que les autres qui ressemble à Francis Heaulme, que pas de papa du tout. Quoique.