Finale de la Coupe Davis : Saga à friquer

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris.

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Douze ans après ses débuts, neuf ans après son seul titre, le capitaine est toujours là. Plus positif que jamais, voilà pourquoi Guy Forget est presque l’homme de la situation à trois jours de Yannick Noah.

Parce qu’il n’a plus de résultats depuis huit ans

Trois finales en quatre ans, dont un titre, avec des joueurs qui jouent le match de leur vie, ça forge un capitaine intouchable. C’était avant la campagne 2003. Effectivement, depuis, il y a eu un cinq quarts, une demie, un premier tour. Il y a aussi eu pas mal de Français dans le Top 10, mais une équipe, ça se construit sur le long terme, comme un CDI à la FFT. « Un jour, cette équipe gagnera la Coupe Davis. » C’était après la République tchèque en 2009.

Forget n’a pas menti. En 2007, « franchement, je crois que l’on est parmi les quatre meilleures équipes du monde. Avec un potentiel intéressant pour les années à venir ». En 2006, « cette équipe, je veux la voir dans deux ans » et en 2005 « cette équipe est nouvelle, elle est jeune. Ce week-end, on a eu sous les yeux exactement le schéma du type de travail qu’on doit adopter pour nous améliorer. » Heureusement, en 2010, le capitaine n’est plus qu’un spécialiste du sommeil : « Je pense que Ferrer va passer une nuit en se posant des questions. »

Parce qu’il enrage de tomber contre les grands joueurs

Le tirage au sort est impitoyable avec les Bleus. A chaque défaite, un point commun : la France est tombée sur des joueurs du Top 20. Hasard de la malédiction, c’est toujours le même qui prend. Ce n’était évidemment pas une raison de ne pas le faire jouer. « Paulo a été dominé par un Andy Roddick encore une fois très solide » En 2008, « autant sur le match de Paul-Henri, il n’y a rien à dire, on est dominé 7-6, 6-3, 6-2 par Marat Safin, un adversaire qui nous est supérieur dans tous les domaines ». En 2007, « avec Tursunov on a découvert un futur grand, encore un Russe ». En 2006, « quant à Paulo, Andreev l’a surclassé dans tous les domaines ».

En 2004, c’était différent, « Nadal était franchement très très fort », mais cette fois « il y en a un qui a gagné beaucoup de choses ici, ce week-end, c’est Paulo. Au-delà de la défaite de l’équipe, je pense qu’il a vraiment franchi un cap et ça, ça me fait plaisir pour lui. Je pense qu’il va faire parler de lui très, très vite. »
Heureusement en 2010, le capitaine a de l’ambition : « Je crois vraiment que quand Djokovic joue bien il est un petit peu au-dessus de nous quand même », mais cette fois ça sera pas grâce à Paulo.

Parce que le psychologique, c’est pas son truc

Si Mathieu a fini avec Courteau si jeune, c’est en grande partie grâce à son capitaine. Il n’a probablement pas pensé à Forget au moment de changer de coach, mais sûrement à la Russie de 2002, 2005 et 2007. Andreev était trop fort, à moins que ce ne soit Youzhny bien sûr. Peut-être aussi a-t-il songé aux deux matches de Winston Salem 2008 : « J’ai aligné Paul-Henri Mathieu, qui, de toute évidence, était beaucoup plus marqué par sa défaite du premier match que je n’avais pu l’imaginer. »

On ne connaîtra jamais la date du premier match de Mathieu, mais il n’en a vraiment joué qu’un seul. Gasquet, qui jouait avec son portable non loin de là ce même jour, devait « être soutenu par tous ceux qui l’aiment pour le pousser à devenir plus fort », mais « je ne suis pas là pour disséquer les problèmes de Richard Gasquet. Je suis là pour aider les joueurs. » Au top de sa forme, Simon a apprécié le coup de main, au moins autant que sa première sélection au cœur d’une période où il ne gagnait plus un match. C’était différent pour Monfils, qui était en pleine bourre, mais c’était De Bakker en face. Heureusement, en 2010, le capitaine a Llodra. Non ?

Parce que, joueur, il était déjà un loser

Personne ne peut dire que Forget n’a pas prévenu. Meilleur français et quatrième mondial en mars 1991, Top 10 pendant un an et demi, il en a profité pour garnir son palmarès comme personne : Bercy et Cincinatti 1991, qui rejoignent le doublé à Toulouse (trois fois), Bordeaux (deux fois) ou Nancy, une belle collection de tournois qui ont marqué sinon l’histoire, au moins la vie de Fontang, Guardiola et Gilbert. Sinon, il y avait aussi les Grand Chelem. Toutes les jeunes générations peuvent en tirer une grande leçon d’humilité : on peut ne jamais aller plus loin que les quarts de toute sa carrière et atteindre le Top 5. Le corollaire suivant a été paraphé par Gachassin : on peut n’avoir joué qu’un grand match et coacher douze ans en Coupe Davis. Mais ça oblige à passer des coups de fil à Noah toute sa vie. Noah est sur répondeur.

« Après, je crois que c’est plus la capacité des joueurs de l’équipe de France à relever le défi que mes choix stratégiques qui fera vraiment la différence. » On avait comme un petit doute.

La légende des Mousqueutards :
La Terre débattue

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Tout avait commencé par la diffusion du deuxième épisode des Mousquetaires sur Canal+, samedi. C’était avant le premier tour, les Français étaient encore qualifiés.

Marc Gicquel ou David Ferrer ? Voilà la question que ne se posent pas la totalité des spectateurs présents à Monte-Carlo. La DTN craignait de se la poser un jour, mais avec l’apparition des Mousquetaires, c’était pas prévu si tôt. Parfois, tout va de travers de manière inexplicable. Le tennis français n’est pourtant pas un assemblage de brêles et de leaders du pauvre. Bîmes ne répondra qu’en présence de ses avocats, en plus il a la bouche pleine ; les gambas aux morilles ont bon dos.

Qui, par exemple, aurait pu prédire que l’épaule de Gasquet ne tiendrait pas ? Pas son entraîneur, Guillaume Peyre, tout heureux de lui imposer trois entraînements par jour dans le magnifique docu-fiction de Canal. C’était juste avant Miami et son glorieux parcours. Pour fêter ça, Ritchie vient de virer son préparateur physique et son ostéopathe. Peyre, lui, continue l’aventure en fixant des objectifs comme bien jouer, être plus présent contre les grands joueurs, arrêter de faire des conneries avec la raquette. En attendant, Head and Shoulders a choisi le Petit Prince biterrois comme égérie, qui est quand même venu à Monte-Carlo pour dire qu’il allait mieux. Les médecins n’écartent pas la possibilité d’une rechute, Vliegen sera à Roland.

Roger Gicquel

Qui aurait pu prédire aussi que Gaël Monfils ne marquerait que quatre jeux contre Tipsarevic, le Djokovic gros, petit et barbu ? Tout avait bien commencé (3-1). La Monf’ ne jouait pas bien, Tipsarevic non plus. Le Serbe ne rentra jamais dans son match, sa victoire n’en est que plus belle. Comme d’habitude, Monfils n’en a rien à foutre, il n’aime que les gros matches et c’en était pas un. Heureusement Roland arrive et c’est pas le vieux dégueulasse de Plus belle la Vie.

Qui aurait pu prédire que Simon, pourtant habitué des premiers tours, allait se faire sortir au premier tour, le Beck dans l’eau ? L’époque du challenger d’Angers n’est plus si loin, celle du Top10 un peu plus. « Je ne sais pas quand j’ai fait un match aussi mauvais, je crois que c’est un record. » Son entraîneur Thierry Tulasne, bonne pâte, n’a rien contre les réactions puériles, qui sont la marque des vrais champions : « Sa défaite contre Djokovic lui a fait mal, ses revers en Coupe Davis n’ont rien arrangé. » Pas peu fier, il ajoute que « trois ans que je l’entraîne, trois ans qu’il se fait virer au premier tour ». Une conclusion s’impose, mais laquelle ? Son palmarès de joueur livre quelques pistes.

Qui aurait pu prédire que Paul-Henri Mathieu allait avoir sa chance contre Nalbandian pour ne pas la saisir ? Pendant ce temps-là, Guy Forget n’est pas inquiet. La Coupe Davis, c’est dans longtemps.

PH aime HP

Le Vestiaire ne pouvait pas attendre Le-vestiaire.net pour reparler tennis : l’explosion de Paul-Henri Mathieu est confirmée pour 2009.

Souvenez-vous : Loïc Courteau, son palmarès, sa mauvaise humeur. De vrais compétences, qui auraient dû permettre de ne plus jamais entendre parler de lui. L’entraîneur au scalp de Mauresmo est pourtant aujourd’hui de retour, auprès de Paul-Henri Mathieu. Aucun autre joueur français ou étranger, à part peut-être Soderling, n’aurait eu l’idée de faire appel à Courteau. D’aucuns diraient choix douteux, perdu d’avance, et ils pourraient écrire dans L’Equipe (notre sondage). C’est tout le contraire : Paulo ne pouvait pas mieux choisir. Il a décidé de repartir vers les sommets plutôt qu’en ambulance.

Paulo accoste

Chez un sujet sain, sans aspérité, Courteau avait réussi à créer un charnier psychologique sans précédent. La carrière de Mauresmo s’est achevée en pleine gloire, à 27 ans. Après Melbourne et Wimbledon, il fallait être un grand psychologue pour perdre 23 places aussi vite. Y mettre la manière ne gache rien: crises de nerf et psychose Roland-Garros. Aujourd’hui, il voit plus haut et s’attaque avec appétit à un champ de ruines. Du pain béni : associez le pire psychologue de l’histoire à un maniaco-dépressif chronique et il se débloquera. Pour réciter tout l’alphabet d’un coup, Gasquet sait ce qui lui reste à faire. Forget prie pour qu’il prenne tout le bloc fédéral, Pioline se soulage. Voilà une juste récompense du travail de Courteau.

Pendant ce temps-là,  Mauresmo va enfin pouvoir rejouer, Fred pourrait resigner à Lyon et Eto’o aimerait continuer sa carrière à Marseille. Dans Plus belle la vie ?