L’Edito : Patrice domine Guez

Le public de la porte d’Auteuil s’est-il vraiment plus régalé en croisant Michaël Youn bituré sur la route de la porte d’Auteuil ?

C’est une nouvelle fois l’écrasante domination du spécialiste tennis du Vestiaire qu’a consacré Roland-Garros. Le seul a avoir dit que Federer était toujours au top il y a deux ans et demi, le seul a avoir affirmé qu’il était fini dès l’année dernière et à ne pas avoir eu de doute sur l’issue de la finale. Un miracle n’arrivant qu’une fois, Djokovic se l’est offert. Federer ne sait plus jouer les moments décisifs, c’est ce qui le plaçait au-dessus des autres. Cette fois, Nadal a souffert et Federer a conclu le match sur un coup droit. Le hawk eye est formel, la balle a bien rebondi avant les bâches.

Mais Roland-Garros a aussi eu de bons moments. Golovin qui attend quinze jours pour dire quelque chose de censé, c’est le signe que Luyat attendait : « Federer, c’est un ego. » C’est pour ça qu’elle le voyait battre Nadal, il y a censé et censé. Le Suisse a raté sa finale, Luyat aussi : la veste cintrée de pianiste était une faute directe, même si en son temps Loth avait parfois honoré ces dames d’une queue de pie bien taillée. Le peignoir jaune d’Escudé, en revanche, ça ne va pas avec tout. Plus tôt le matin, Hanouna avait Pitkowski, c’était plus drôle, même avec Farcy et Duléry, mais c’était sur France 4.

Carré d’Haas

Puisque les fautes directes ont duré jusqu’au bout cette année, autant les citer toutes : les baskets roses de Le Foll à la matinale d’Itélé sont une chose, s’en servir pour annoncer que Stéphane Robert crée la sensation avec ses crema bisous en est une autre. A 31 ans, Robert s’est offert des points à défendre à Roland quand il en aura 32, tout arrive. Lauclair se souviendra-t-il de lui avoir déjà parlé ?

C’est tout le problème des Grand Chelem, les stars côtoient les autres. Brabo, qui n’est ni l’un ni l’autre, fit ainsi l’hagiographie de Veic en dévoilant que le Yougo n’a jamais vu un Espagnol de sa vie. Que Nadal à l’échauffement c’est comme la première fois qu’il est allé au cirque sauf qu’en Serbie il n’y a pas de cirque. C’est typiquement le Yougo qui se chie dessus face à un grand joueur. Il veut bien faire, mais il sait rien faire. Ainsi résumée, l’histoire d’un break volé à Nadal n’en est que plus belle. Dominguez s’en amuserait bien s’il n’avait pas mieux à faire : « Elle a un superbe gabarit la Russe. » Avec un tel panel de spécialistes, le cinéma de Fognini pour éliminer Montanes ne pouvait qu’attirer les moqueries de France Télé au sujet d’une prétendue déchirure musculaire. Le lendemain, il déclara forfait.

Pendant ce temps-là, Chamou marque son territoire. Pas en disant « il avait breaké , il s’est fait debreaker », mais en offrant les DVD des cinq finales à Nadal. A l’antenne bien sûr.

Bilan 2010 : Le Brahim du Serbe

Après 2007, 2008 et 2009, Le Vestiaire rend hommage pour la quatrième fois à son parrain fondateur : l’immense Closefield, peu avare en coups d’éclat. Que dire de « Compagnie de gendarmerie : le nouveau commandant a pris ses fonctions. » Cinq W, pas un de plus, le b. a.-ba du journalisme en dix mots. Une démonstration. L’égaler ? Jamais, sans doute, mais l’imiter, pourquoi pas, sauf si vous voulez vraiment faire ce métier. Voici le palmarès de l’année 2010 des Closefield de fer.


Le point Gégé

Avec 65 commentaires, il bat son propre record et conserve son Closefield de fer. Gégé, puisqu’il s’agit de lui, devient donc le premier lecteur à ne jamais avoir été censuré sans jamais avoir été drôle. L’exploit n’est pas mince, Pierre Menès non plus. La vanne est limite, mais Gégé n’aurait pas fait mieux. Bravo à lui et rendez-vous en 2011 pour savoir si Hulkmusclor parviendra à empêcher le terrible dessein d’une troisième consécration.

Le Closefield du second degré

Il a fallu attendre le 7 décembre, à 22h53, pour découvrir que certains asiles refusent abusivement du monde :

« Bonjour, je suis tombé sur ce message car je souhaite retrouver le documentaire de Thierry Adam dont vous parlez sur la coupe du monde 1998. Ce reportage était une rétrospective avec les commentaires de Thierry Adam, juste avant Henri Sannier avait pris l’antenne. Il est passé en octobre-novembre 1998 je crois, sur France 3. Auriez-vous le nom de ce documentaire et le cas échéant, sauriez-vous où il est consultable ? Merci par avance. »

Le Closefield du titre

Dans la profusion de titres tous plus géniaux les uns que les autres trouvés par nos créatifs, il fallait faire un choix. Pour succéder à la Fosse celtique il était indispensable de répondre à trois critères : l’humour, l’information et la mort. La scatophilie n’est qu’une option. Et finalement, il n’y a pas eu de débat et pas seulement parce que l’auteur de ces lignes est seul à choisir. C’est l’interview de Thierry Bisounours sur les mésaventures bouchères d’Alberto Contador, quelques jours après le départ du plus propre d’entre tous, ou presque, qui obtient tous les suffrages, mais n’allez pas croire que le cyclisme c’est de la merde. Allez, Au trou Fignon quand même.

Le Closefield de la vanne

Une fois n’est pas coutume, il y a des ex-æquo, et pas seulement par souci de diplomatie envers mes collègues. La meilleure vanne est donc un titre du 27 août 2010 qui décrit un tout petit mieux la situation du Real Madrid que toutes les analyses de l’excellent journal ibérique Marca. Melons au porto a résisté seul jusqu’au 21 décembre et cette sibylline remarque de notre spécialiste karaté sur le Michael Phelps français : « Le Ian Thorpe niçois s’est quand même rattrapé sur 400 m en finissant dans le même temps que le double champion d’Europe Sébastien Rouault. Excusez du peu. »

Le Closefield du scoop

Malgré notre recrutement hors du commun entre un pigiste basket un peu trop intermittent et un intermittent rugby un peu trop pigiste, ce n’est pas Le Vestiaire qui décroche le Closefield de la plus belle révélation de la saison ou pas tout à fait. C’est notre ancien stagiaire, déjà récompensé ici en 2008, qui remporte une nouvelle fois la palme grâce à sa remarquable enquête sur une étrange affaire de proxénétisme en EDF. Bonne lecture et bonne bouteille.

Les Brahim d’or

Si Brahim Asloum était encore là, il nous dirait peut-être que lui au moins a déjà été champion du monde. Mais qui peut aujourd’hui le prouver ?
Voici les candidats au trophée de meilleur éternel espoir que vous désignerez sur equipe.vestiaire@yahoo.fr

Individuel

Yoann Gourcuff qui écrit Zidane, Zidan.
Vincent Collet
qui croit que Gomez ne peut pas revenir.
Jo-Wilfried Tsonga qui reste dans le Top 10 français malgré un physique presque irréprochable.
Ladji Doucouré
qui ne se débarrasse toujours pas de Longuèvre, mais aime bien rendre visite à Piasenta quand même.
Aravane Rezai
qui croit qu’être Française impose de faire la carrière qui va avec.
Sylvain Chavanel
qui ne mérite pas d’être nommé, mais le dopage n’est pas encore tout à fait un sport.
Guy Forget qui n’a trouvé qu’une excuse et encore c’est un public trop bruyant.
Christian Prudhomme qui n’a pas encore démissionné. Comme quoi le pognon ça permet de s’asseoir sur quelque convictions.

Collectif

L’équipe de France de basket masculin qui ne doit pas tout qu’à son entraîneur.
L’équipe de France de hand féminin mais je ne sais pas trop pourquoi.
L’équipe de France de foot.
L’équipe de France de volley qui a eu droit à son Intérieur sport sur Canal.
Bordeaux qui a rendu Ciani à Lorient au bout de sept mois. Une saison c’est dix.

Roland-Garros, Bartoli : Jeremy love Hewitt

c-fou

Luyat no stress sur la terrasse, Golovin au balconnet, Monfort avec Rufin et Sylvette, Mauresmo qui se coltine un mauvais stagiaire avec un cheveu sur la langue : tout le monde est à sa place.

Nicolas Mahut avait donné rendez-vous aux médias à l’issue de son premier tour. Une victoire, disait-il. De quoi foutre un nouveau coup aux places boursières du monde entier, qui avaient tout envisagé sauf ça. Vérification faite, nous n’avons pas affaire à un mythomane. Thierry Champion était même là pour assister au triomphe, avec une pointe de jalousie : lui aussi aurait aimé réussir à passer un tour avant ses 29 ans. Le sympathique et disponible Nicolas l’était presque autant lorsque son sourire de Kevin Bacon s’est figé au deuxième tour au moment de s’adresser à un ramasseur de balles récalcitrant. « J’ai un coup à jouer », affirmait-il avant la rencontre. Le service, probablement, mais ça pourrait ne pas suffire à chaque fois (6-1, 3-6, 7-6,6-4).

Aravane publicitaire

A l’origine, nous devions rencontrer Marion Bartoli. Malheureusement, le maître d’hôtel ne mit pas assez de lait pour couvrir ses Cheerios miel-amandes, du coup, elle a tout dégueulé sur Rezai. Peut-être lui reproche-t-elle d’avoir volé son certificat autorisant à ne taper que des demi-volées, mettre des mines des deux côtés et servir comme une mule. Ou même pourquoi pas  d’être meilleure et plus jolie.

Gaël Monfils aurait pu aussi avoir le droit de jouer le troisième tour, mais il a été victime du syndrome Patrice Dominguez. Ce phénomène qui transforme les gros nuls en joueurs top niveau, manque de chance, il se manifeste toujours face à des joueurs français. Ainsi, Vliegen l’avait utilisé contre Gasquet, Brands s’en est servi en début de match contre Tsonga, au point qu’au bout de deux jeux, Dominguez le comparait déjà à Soderling, et hier soir c’est Fognini qui a activé le système pour conclure face à Monfils. Chardy aurait aimé avoir cette excuse : « A 5-5, je fais un mauvais jeu de service … J’ai senti un petit vent de panique et Hewitt a su en profiter. Sur le Central, le coup de panique défile très vite. » Pas mieux, Le Vestiaire va  avoir du mal à lutter.

Quel est le point commun entre Jim Courier et Cédric Pioline ? Pas le nombre de Grand Chelem gagnés, mais la reconversion : les deux interrogent les vainqueurs de grands matches sur de grands courts de Grand Chelem, en anglais, sans traduire au public. Heureusement, tous les spectateurs de Roland-Garros parlent anglais.

Gasquet, le dernier chant du coke : Markus, Rochus, Pocus

c-fou

« Aujourd’hui, je ressens toujours le besoin de me reconstruire. » Plus un mot sur l’affaire, ou presque. Le Richard nouveau est arrivé.

Ça y est, c’est l’heure de Roland-Garros. Depuis un mois, Richard bouffe de la terre battue. Une façon de parler que Papa accompagnait parfois du geste. Parfois, il lui servait aussi un verre d’eau avec : « L’argile, ça peut pas te faire de mal ! »  Le voir battre Federer à 19 ans en mâchant du chewing gum à côté de Deblicker était à ce prix.

Mai 2010. A 16 ans désormais, Richard sait que tout se complique, sexuellement aussi bien-sûr, mais sa carrière débute vraiment maintenant. La Villa Primrose et Verdasco n’étaient qu’une passade, les cinq 6-1 collés à Rochus cette saison aussi. « Contrairement à la plupart des joueurs, je n’ai pas d’ego. Peut-être que c’est une faiblesse. Mais je n’oublie pas qu’il y a pile un an, pour moi c’était la mort complète. » Une façon de ne plus ressasser le passé sans doute. Mais les enfants exagèrent souvent, ou alors la vodka pute de Miami était rudement chargée.

Starace anémie

Aujourd’hui, ce sont les grands tournois qui attendent Richard et il est prêt. « Je veux faire quelque-chose de beau à Roland-Garros. Je suis simplement très heureux d’y retourner. Par contre, je n’espère absolument pas y prouver quelque chose. Je vais me régaler. » Le plaisir, tout sauf un sentiment naturel, Richie a enfin cessé d’écouter ses conseillers en communication. Désormais, il parle librement, comme un grand, sans balancer des banalités vides de sens : « Je le répète, ce qu’il me faut maintenant c’est accumuler les rencontres et les répéter à ce niveau. Et par expérience, je sais que chacun a sa vérité. Le tennis c’est un combat, il faut donner 100% de soi-même. » Prendre du recul et lire le club des cinq, ça change un homme.

La vodka commis d’office

Les sensations du haut niveau reviennent petit à petit. « Je serai à Roland avec une bonne pression. Contre Murray, ce n’est que du plaisir, je n’ai pas de pression. » Comme pour encourager un repenti, le tirage au sort de Roland a donc été clément. Plus facile même, puisque c’est contre un inconnu qui n’a pas battu un Top 30 depuis février que Gasquet débutera. Des informations contradictoires circulent à son sujet : il jouerait au tennis avec la nationalité écossaise. Il aurait aussi été quart de finaliste à Roland en 2009 mais Eysseric lui aurait pris deux manches en 2008. Ca sent le match déclic, mais pour lequel ?

Pendant ce temps-là, Thierry Champion mettrait une pièce sur Gasquet. « Il joue du très bon tennis actuellement. »