Mondial 2010, France-Turquie :
La main au Collet

La Turquie peut trembler : être invaincu est la pire des choses face à un club de Pro A. Voici le récit de l’équipe de France de basket ultime.

L’histoire balbutie toujours avant que les légendes s’écrivent. Une finale olympique de Rigaudeau, Risacher et les autres, un concours de lancers francs un peu trop dur pour Tony Parker et bien sûr le titre européen du CSP en écrans de fumée. Tout ça réuni dans une seule et même équipe. L’aboutissement de dix-sept ans de basket. L’heure n’est pas à disserter du vrai niveau de l’équipe de France, mais à se réjouir : la vraie équipe de France joue sous nos yeux. De Colo propulsé meneur aurait pu ressembler à une mauvaise nouvelle, et pourtant. Les branlées américaines, canadiennes et australiennes, et surtout moins de dix points d’écart contre la Côte d’Ivoire ont ponctué la préparation parfaite. Zéro confiance, aucun meneur, pas d’intérieur valable et Diaw comme seul recours. La France n’avait aucune chance, l’Espagne se profilait, le scénario était écrit. En sus, le coaching de génie de Collet qui propulse Albicy nouvelle star ferait même croire que Peter Pan existe. Il n’existe pas, mais Ali Traoré oui.

Istanbul art

Le Liban ne s’en est pas rendu compte. La France doutait tellement d’elle-même qu’elle avait besoin d’un deuxième match de confirmation. 86 points marqués, plus que Michel Gomez n’aurait jamais espéré, un vrai festin. C’était trop. Troisième match, le Canada qui avait eu la mauvaise idée d’humilier la France trois semaines plus tôt, deux fois de suite. Pas malin, surtout quand on annonce à des Français qu’ils peuvent se qualifier pour les huitièmes et qu’on les voit déjà leaders du groupe. 68-63, peut-être une alerte au boulard, mais Georges Eddy s’écrie good job. Monclar n’est pas sûr de pouvoir traduire, pourtant c’est assez simple : l’équipe de France est qualifiée, invaincue, Gelabale retrouve son niveau NBA, Batum est un leader qui a des fans dans les tribunes et Diaw le garant du bon état d’esprit. On entend même dire que la chronique Dans les pas d’Ali, sur L’Equipe.fr, est lue.

Gelabale au prisonnier

Dans ces conditions, la Lituanie n’a qu’à se laisser distancer un peu à la mi-temps pour rameuter les chèvres et porter le coup fatal. A quoi bon continuer à défendre quand on a le niveau NBA ? « A nous d’assurer la deuxième place », s’enflammera pourtant Koffi après le match. Mais, malgré les efforts de Jackson et Mahinmi, la peur d’être ridicule n’est pas revenue. Mais face à la Nouvelle-Zélande et son shooteur extérieur obèse, un peu de suffisance ne suffit pas. L’Espagne revient en mémoire, et de toute façon une défaite de moins de onze points ne foutrait pas tout en l’air. C’est le moment pour Bokolo de rappeler à des millions de collégiens qu’une reprise de dribble c’est aussi un truc de pro, pour De Colo de ne plus réussir une passe dans les dernières possessions. Gelabale se souvient qu’il est champion, mais avec Cholet, Batum, lui, se revoit avec Le Mans en Turquie en Euroligue, ça faisait toujours branlée.

L’Edito : Leveaux de ville

A peine les championnats d’Europe d’athlétisme terminés, voilà que ceux de natation vont commencer. Dans le sillage des sept médailles européennes de roller, les années paires font décidément du bien au sport français.

En août, Christophe Lemaître s’appelle Yannick Agnel. Il faut s’y faire, le renouveau du sport français est en marche avec de jeunes têtes d’affiche et les premières conquêtes sont continentales. Conquête, continental : le rugby reprend effectivement ses droits. Mais pour toute excitation devant un Perpignan-Clermont, et ce même si dans un sympathique élan L’Equipe se met cet été aux compte-rendus de matches amicaux, Lièvremont se régale et sombre dans l’euphorie : « Le Tri Nations est une belle promotion du rugby. » L’Europe d’abord, voilà la preuve : un Grand Chelem aux Six Nations sert donc à quelque chose.

Papi et Mahinmi

Du coup, le Mondial de basket vient peut-être un peu tôt, mais ça n’a rien à voir avec Collet, Bokolo, Lombahé-Kahudi, Traoré, Koffi, Ajinça, Causeur, De Colo, Albicy, Mahinmi et Gelabale. Diaw, Batum et Pietrus seront aussi là pour apporter leur expérience des 8e et 5e places des derniers Euros et de la 5e place du dernier Mondial. Pour l’expérience des JO, Rigaudeau n’était pas disponible. Foirest et Sciarra n’avaient pourtant rien de prévu.

Le sport, en août, ce n’est évidemment pas que ça. Il y a aussi la Ligue 1 et son premier leader, le PSG. Kombouaré a réussi son pari, il a hissé son club de coeur tout en haut. L’imprimé du classement sera-t-il pour autant recevable par les prud’hommes en novembre ? Pas sûr. Lyon et Bordeaux ne se posent pas la question, seul leur importe de trouver comment se procurer des occasions. Le Vestiaire leur donnera bientôt quelques tuyaux.

Pendant ce temps-là, Henry est allé à la chasse.

Carte blanche Basket : Princesse Saras

A l’occasion du changement de parquet de Marion Jones, Le Vestiaire vous offre un vieux papier jamais publié d’un de nos lecteurs les plus fidèles et ce n’est pas Gégé. Peut-il devenir notre spécialiste basket-ball ?

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Personne n’a jamais su pourquoi George Eddy ne parvint pas à prononcer son nom.

« Putain de Saras! » Larry Brown, n’en peut plus. Il serait nommé manager de l’équipe de France qu’il ne se sentirait pas plus mal. Cette fois, son bourreau ne s’appelle pas de Vincenzi, Gadou ou Verove. De son banc il assiste impuissant à sa mise à mort par un troisième trois points consécutif de Jasikevicius. La sirène approche de son requiem.

Comment un meneur blanc pas très rapide, pas très costaud, qui n’arrête pas d’aboyer, qui ne sait pas sauter et qui surtout ne joue pas (encore) en NBA, peut-il devenir the clutch-player face aux spécialistes intersidéraux ? Et ce Chouf, Chouf, Chouf, ce doux bruit n’est pas celui de la femme de Fred en train d’arroser sa soirée avec Wilou, mais celui du filet qui retentit au passage des missiles baltes longue portée. Les oreilles de Carlos Boozer le bien nommé raisonnent. Il se demande ce qu’il fout là. Il n’est pas le seul.

Pourtant, Sarunas Jasikevicus n’est pas né à la face de la planète basket ce samedi 21 août 2004. Certes, il n’avait traversé l’Atlantique que pour apprendre le métier quand il était petit, mais il était déjà avant ces JO champion d’Europe en titre, tant du point de vue club (Barça en 2003/Maccabi en 2004) que sélection (2003 – MVP).

Déchirer Saras

Ou plutôt, comme le dit ce soir-là Mista Georges Eddy au Patrick Montel du riche : « Ooooooooh, demain matin, j’irai m’acheter son maillot ». On pourrait aussi parler de l’expérience mitigée (pour les fans inconditionnels) ou foireuse (pour les fans objectifs) en ce qui concerne l’aventure des imprimeurs de tempo de l’Indiana et des guerriers de l’etat doré qui n’auront jamais su exploiter les qualités de Saras, à l’image du fantôme de Rigaudeau hantant de temps à autres le parquet de Dallas. En même temps, dur dur de choisir entre Saras et Jamaal Tinsley…

Ils auraient pourtant dû voir qu’il était le fils caché de John Stockton et de Reggie Miller. Hervé Dubuisson, celui de Monsieur et Madame Dubuisson. Et pressentir qu’il deviendrait le seul homme à gagner l’Euroleague quatre fois, avec trois équipes différentes.

Pendant ce temps-là, la Pro B régale avec Orthez-CSP. Où est Freddy Hufnagel ?