L’Edito : Une équipe à la Noah

Le défi le plus difficile pour l’équipe de France sera de trouver le moyen de ne pas remporter l’Euro. Insurmontable ? Pas pour Nando de Colo, mais pas certain que Traoré le laisse faire.

Ça devait finir par arriver. A force de jouer la nuit et de faire gagner des Serbes, le tennis est devenu moins populaire que le basket. Un raisonnement qui ne s’applique qu’à la France et uniquement pendant que Tony Parker séquestre Albicy à l’hôtel. Bilalian se renseigne déjà sur les tarifs de la finale : amour du sport et compétence.

Nous avons presque le même, la preuve : c’était le 20 juillet dernier, à plus d’un mois des championnats du monde, le spécialiste athlétisme du Vestiaire se livrait à l’une de ses plus belles demonstrations d’expertise depuis tous les déplacements de l’OM en CEI. Dans la catégorie « L’autre galaxie » il citait quatre noms. Trois d’entre eux feront podium, le quatrième était Tamgho, qui aurait évidemment pris le bronze, lui aussi, s’il avait bien voulu se donner la peine d’avoir un corps de sportif de haut niveau capable de gagner.

Le cheap Vicaut

En revanche, personne n’est parfait, notre spécialiste avait eu l’idée saugrenue de qualifier d’ « Européens » Mang, Kowal, Baala, Carvalho, Barras, Diniz et Soumaré. Allez savoir pourquoi, ils se sont tous plantés. Le niveau mondial est décidément impénétrable.

Un palier difficile à atteindre aussi quand vous avez fait la moitié de votre carrière à Arsenal et que vous ferez le reste à Manchester City. Heureusement, son concurrent Gourcuff porte encore mieux le costume de fantôme. Mais Nasri n’a pas le monopole de la nullité Outre-manche, puisqu’à Londres le légendaire Malouda, un bon match depuis janvier 2011 – information non vérifiée -, s’abîme dans la médiocrité de ses états d’âme. Bonne nouvelle, il ne devrait pas avoir à craindre de sa performance du soir, son requin de sélectionneur lui réserve une place assise, mais en business.

Pendant ce temps-là, une pendule du site http://fr.rugbyworldcup.com/ indique J-3. Et pour la V3 du Vestiaire, c’est combien Monsieur le webmaster ?

Euro 2012, France-Roumanie :
Le boudin Blanc

Les grands sélectionneurs se révèlent dans les grands matches. Certains remportent l’Euro 2000 grâce à leur coaching. D’autres utilisent les mêmes méthodes pour battre la Roumanie en éliminatoires.

« Les Roumains ont joué repliés derrière en première mi-temps. Ils auraient pu marquer les premiers en seconde, les Bleus l’ont emporté et méritent la victoire. » Le requin Blanc a donc bien regardé le match, il n’est pas loin d’être le seul, car pour le reste de la population médiatique, ça fait plaisir.  Il sait que rien n’a changé, excepté lui. C’est déjà pas mal, ça lui permet d’essayer n’importe qui, pour arriver à un résultat étonnant : Rennes, Lyon, Lille, Rome, Saint-Etienne, Marseille voire Madrid, Arsenal, Chelsea et Bordeaux ensemble sur le même terrain, soit pas la moindre Ligue des champions remportée depuis huit ans.

A l’arrivée, le miracle se produit et la Roumanie ne parvient même plus à tenir un match nul. Alors, comme il ne s’est rien passé d’intéressant, Lolo essaie quand même de faire plaisir aux journalistes en abordant des sujets dont on se branle. Amical, il parlera du capitanat, mais « à la fin des éliminatoires« . Au passage, il félicite celui du jour : « Alou, on sait aussi ce qu’il ne sait pas faire. »

Altruiste, il fait croire à Frédéric Calenge que Gourcuff est redevenu bon après un été difficile. Sans préciser s’il parlait de l’été 2006, 2007, 2008, 2009 ou 2010. Généreux, il passe des dédicaces à Bafe Gomis et à tout l’Equateur : « Dimitri Payet est un joueur adroit avec ses deux pieds. » Avant une fois de plus  d’essuyer les siens sur Benzema, comme il n’aurait même pas osé le faire sur le lobe orbital de Bilic : « C’est grâce à ses qualités qu’il va s’imposer à Madrid ». Mourinho n’y était pas allé par d’autres chemins : « Nous sommes connectés et tous les trois avec Karim, on peut créer le déclic dont Karim a besoin dans sa carrière. » Humiliant. Seulement pour Higuain ?

Yoann chez les Bleus : Cirer le Blanc

Tous les Zidane sont nés face à la Roumanie. Tous n’y sont pas morts.

Ne voir dans le retour de Gourcuff qu’une humiliation de plus de Toulalan serait partiel. Pourtant, le requin Blanc n’a pas démenti, bien au contraitre, et sa politique de la main tendue n’a que deux variantes connues à ce jour : soit le majeur reste seul tendu, soit c’est une fourchette dans des cordes vocales croates. Le gentil Yoann a beau avoir l’habitude des sévices chez les Bleus, en l’absence de Ribéry il pensait son intimité à l’abri. C’était sans compter sur son ancien tortionnaire girondin.

Bombe Hatem hic

L’important n’est-il pas d’acquérir les bons réflexes de vie en société ? Se mettre en avant avec le transfert le plus cher de l’histoire pour oublier le Mondial était une option. Lyon, le classement des buteurs, le classement des passeurs décisifs n’ont pas bien compris ce que ça avait changé à l’histoire, Tigana si. Depuis, le gentil Yoann a arrêté de tirer sur les toits des tribunes trente fois par mi-temps, peut-être sur les bons conseils de son spécialiste de papa.

Faire deux phrases de trois mots en une heure, ça peut aider à comprendre, mais pas toujours. Alors, Gourcuff fait profil bas, il refuse le brassard et se met avec Blanc et Gasset pour jouer au tennis-ballon. Bon camarade peut-être, rien de tel en tout cas pour effacer cette réputation infondée de lèche-cul. Cependant, pour Blanc, sélectionner Gourcuff c’est prendre deux risques. Primo, qu’il marque et se remette à devenir intouchable contre Nice et Arles-Avignon, voire la Biélorussie et la Roumanie. Ça peut toujours servir, Nasri ne voyait pas bien l’intérêt du procédé jusqu’à ce que le requin ne parle du « petit Dimitri ». Plus qu’à apprendre son nom de famille. Secundo, à l’inverse, il se peut que Gourcuff reste le joueur qu’il a été durant les six dernières années. Cette aptitude, à passer de Rennes au Milan AC aussi vite que du Milan AC à Bordeaux.

Stress et paillettes

En conférence de presse, en tous cas, les journalistes sont ravis d’avoir retrouvé ce bon client qui répondait des choses si précises et originales à Astorga : « C’est la victoire surtout qui fait du bien, c’était ça le plus important (…) On va essayer de gagner ces deux matches, j’espère que ça va bien se passer (…) C’est sûr qu’à Lyon on aurait tous préféré que cela se passe bien… Je suis là, à la disposition du sélectionneur (…) On essaie juste de bien préparer le match, après c’est le sélectionneur qui décide de la philosophie de jeu, de ceux qui jouent. Mais le plus important, c’est que l’équipe gagne dans un premier temps et qu’elle joue bien (…) Pour moi le plus important, c’est de prendre du plaisir sur le terrain avec les autres, en jouant bien (…) Une nouvelle atmosphère, c’est difficile à dire(…) » Si on s’y prend bien, on peut tout à fait convaincre Marcel Rufo de devenir profileur.

Encore un petit effort, Zidane est tout proche, à seulement 86 sélections, 30 buts et quelques finales de Ligue des champions et de Coupe du monde.

France-Roumanie: Payet la facture

La révolution bleue se poursuit. Laurent Blanc va-t-il finir par embaucher un styliste pour habiller Valbuena ?

Depuis que Loïc Rémy s’est rasé la tête, le monde du football le regarde d’un autre oeil. Le petit attaquant trop mauvais pour espérer se taper un jour la femme de Fred est devenu un beau jeune homme doué pour son sport, en tout cas suffisamment pour faire partie de la même liste d’arrivées que Gignac et Azpilicueta à l’OM. Il l’affirme haut et fort, il n’a jamais senti le besoin de recourir à un préparateur mental. Les sommets de stress Lens-Nice, France A’-Mali et Nice-Auxerre ne l’ont donc pas trop décontenancé. Et ce n’est sûrement pas en voyant sa performance à Stamford Bridge, pour son premier match de haut niveau, que Laurent Blanc a décidé de passer à l’action. Pour info, Loïc Remy était bien sur le terrain.

Pour autant, il ne faut pas croire que le profileur n’est là que pour lui, puisque Gourcuff fait aussi partie du groupe, certes plus pour longtemps, comme l’a gentiment précisé son selectionneur : « Il n’y a rien d’évident. Yoann a la chance que je le connaisse beaucoup plus que d’autres joueurs. Il a la chance que je sache ce dont il est capable. »

M’Vila avec vue sur la merde

D’autres n’ont en effet pas cette chance : « Aujourd’hui, Dimitri méritait de prendre la température de l’équipe de France. Mais rien n’est définitif ». Mais que Payet se rassure, il pourra toujours se faire des soirées Euro 2012 avec M’Vila, « à 20 ans, après trois matches, si on croît qu’on est arrivé, c’est la meilleure façon de se planter ». Après tout, Rennes n’est pas si loin de Saint-Etienne en tout cas au classement. Mais en réalité, si Blanc fait appel à un psy c’est surtout car il n’a pas la clé du boulard de Benzema. Si on peut lui donner un conseil, le comparer à Michael Jordan n’est sans doute pas le meilleur moyen pour qu’il arrête de se foutre de la gueule de l’accent de Mourinho.

Mais c’est qui ce profileur qui se fait surnommer José ?

CM 2010, Lituanie-France :
Un bon paquet de Chypre

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Papy Courage n’a pas vu le match, Raymond n’a jamais eu peur, les Bleus ont étrillé Carquefou grâce à Ribéry. Pendant ce temps-là, Rodez a gagné et caracole en tête du groupe.

Christian n’aime pas perdre de temps avec des statistiques sans intérêt : « J’ai vu que l’Equipe de France a eu 37 corners depuis l’Euro et 0 but. » Ca ne l’empêche pas de leur donner du sens lorsqu’Evra obtient un corner : « Ah corner, intéressant ! »

Coup-franc pour la Lituanie, la France prend un but sur chaque coup de pied arrêté depuis un an. Ca n’empêche pas Christian de profiter de l’occasion pour briller : « J’ai l’impression que c’est là-dessus que la France peut être en danger. » Marignan : 1515, Révolution française : 1789, Mai 68 : 1968.

Alors que Danilevicius, comme tous les joueurs du monde l’auraient fait à sa place, met la balle en touche pour qu’on soigne Diarra, Christian improvise et sort des sentiers battus : « Super, super ce que vient de faire Danilevicius. Très fair-play. » Que pense-t-il des imbéciles qui courrent à côté des vélos sur le Tour de France, du Téléthon, des Enfoirés et des propos du Pape ?

Christian est aussi un peu mystique ou soupçonneux. Lorsque Larqué indique que « le plus dur est fait » après le but, Christian, serviteur éclairé par la confiance divine, prend directement le tout-puissant à témoin : « Dieu vous entende, Jean-Michel. » Une nouvelle affaire VA-OM ?

Larqué, qui dissimule jusque-là assez bien sa détestation de Domenech, se pose une question à haute voix sans sous-entendu : « Pourquoi continuer à jouer avec deux récuperateurs devant une opposition aussi féroce ? » Astorga, toujours prompt à soutenir Raymond, parle de la ressemblance entre un profil offensif comme Vieira et celui d’Abou Diaby : « Diaby est dans les tribunes », ajoute-t-il.

Coup de chance, à la fin du match, Astorga aperçoit Ribéry. Sa double casquette est trop lourde à porter : journaliste ou président de fan club des Bleus ? Il tranche, au beau milieu de la réponse de Ribéry. « Merci Franck, allez voir les supporters. »

Pas grave, il a eu Domenech. Il savait que les supporters n’en avaient rien à carrer, il peut attaquer, toujours incisif : « Raymond, il s’est passé quelque chose ce soir… » Il avait déjà répondu après la Roumanie en septembre. L’Equipe, elle, avait aimé.

Vous avez posé vos questions sur equipe.vestiaire@yahoo.fr

La Lituanie est-elle la plus faible équipe jamais rencontrée par la France ?

La question est difficile : pas de défense, pas de milieu, pas d’attaque, c’est en effet peu commun. L’Azerbaidjan 1995 ressemblait un peu à ça, Chypre 1988 aussi.

L’Autriche, la Roumanie ou les Féroés, même combat ?

Allons, un peu de mesure. Ces équipes dominent le football mondial depuis déjà plusieurs années.

Le groupe de qualification est-il plus faible encore que pour les Coupes du monde 1990 et 1994 ?

C’est vous qui l’avez dit.

L’état du terrain ?

L’état du journalisme ?

Peut-on vraiment parler d’exploit ?

Effectivement, c’est plutôt bien vu. Réussir à ne mettre qu’un seul but alors que l’on est seul sur le terrain peut s’apparenter à un exploit. Le 0-0 de la mi-temps en est un aussi.

Un match référence ?

Roumanie-France 1995.

Je veux dire, celui-là en était-il un ?

Evidemment, comme à chaque fois que la France ne perd pas, c’est un match référence, puisqu’il n’y a plus de petites équipes. Rappelons que le Liechtenstein n’en a pris que quatre face aux très offensifs Allemands, comme les Luxembourgeois victimes des bourreaux lettons. Et ne parlons pas de Malte, qui a fait mieux que résister, à domicile, contre les égorgeurs danois (0-3).

Comment tous les problèmes français ont-ils pu disparaître en un seul match ?

C’est simple, il suffisait d’une avalanche de buts, d’une ribambelle d’occasions, d’une défense solide face à de redoutables attaquants tueurs et d’huiler un collectif poussif par le passé. Bien sûr, avec une équipe-type de ce calibre, les Bleus partaient avantagés. Contrat rempli.

Sagna pense que les Bleus, après un tel match, vont finir par faire peur. Pense-t-il à l’Autriche, la Roumanie, aux Iles Féroés ou plus logiquement au Luxembourg, à l’Azerbaidjan et à l’Arménie ?

Sagna est loin d’être le moins malin de l’équipe. Son constat est simple, il sait que les tricolores faisaient apparemment déjà peur à la presse et aux supporters. On peut raisonnablement penser que le Brésil, l’Argentine, et l’Espagne sont en état de siège. Nous n’avons pas lu la presse du jour, mais le risque d’émeute serait réel en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Portugal et en Suède.

Une équipe est-elle née samedi ?

La dernière fois, c’était lors de la victoire de légende contre la Roumanie (2-2), l’accouchement est juste un peu long. Souhaitons que le bébé ne soit pas mort-né le 12 juillet 2004.

Domenech a-t-il fait le match parfait ?

Nous n’avons pas encore eu accès aux statistiques. Combien de buts a marqué Luyindula ?

Pierre Ménès dit à propos de Gourcuff que c’est le propre des grands joueurs, dans une période de moins bien, d’être décisif. Gourcuff est donc un grand joueur ?

Ménès dit sans doute parfois des choses justes, mais il les garde souvent pour son cercle privé et c’est tout à son honneur. Gourcuff est revenu au top depuis quelques jours et samedi soir il a fait un bon match. Sa passe décisive est ce qu’il pouvait faire de mieux puisque c’est ce qu’il a fait de mieux. Benarbia n’était pas mauvais non plus. Zidane et Henry marquaient de temps en temps.

Et Ribéry ?

Comme Henry, il n’a rien foutu du match, mais il a pas envie d’être en vacances en juin 2010.

Ribéry, joueur providentiel ?

Rien ne vous échappe. Guivarc’h contre l’Afrique du Sud, Zidane contre le Brésil, Henry contre l’Irlande, Gomis contre la Colombie, Gourcuff contre la Roumanie et maintenant Ribéry face à Lituanie. C’est toujours face à la plus terrible adversité que l’on découvre nos sauveurs.

Domenech a-t-il trouvé sa charnière ?

Joker. Elle n’a pas joué samedi, Mandanda non plus.

Comment peut-on tirer autant d’enseignements positifs d’un match victorieux de façon aussi laborieuse face à une équipe aussi nulle ?

Lyon a-t-il sorti Barcelone ?

D’autres enseignements ?

Toulalan contesté en club est étonnamment apparu très fort. Benzema a perdu beaucoup. Pour la première fois, il n’a pas été le titulaire de Raymond Domenech en attaque alors qu’il est au sommet de son art, qu’il empile les buts. Luyindula à droite ressemble fort à un désaveu pour le caïd lyonnais, chacun sait que c’est son poste de prédilection. Quant à Méxès, il ne semble plus être le chouchou du sélectionneur.

Terminez la phrase suivante : Evra et Sagna…

…ne servent à rien ?

Pourquoi le 8e épisode du Domenech show n’est-il pas encore publié ?

Patientez jusqu’à la surprise de mercredi.