Wimbledon (2/2) : Andy capé

On  ne voit toujours pas l’intérêt de ce classement. Mais Ivanisevic a jamais été dans aucun autre, alors voici les meilleurs.

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9. Lleyton Hewitt

C’est quoi leur truc aux Autraliens ? Ils peuvent faire trois quarts et une demie en 25 participations, il suffit qu’ils gagnent l’édition 2002, celle avec Shalken, Sa, Malisse, Nalbandian et Lapentti en quarts de finale, pour être des favoris chaque année ?

8. Krajicek alias Stich

C’était grand, ça servait fort, ça a eu des parents qui parlaient un allemand parfait mais ça a jamais été numéro 1 mondial. Bref c’était pas génial mais ça arrivait tout le temps en quart et souvent plus loin. A force, ils ont fini par en gagner un mais personne ne se souvient quand ni contre qui, ni vraiment pourquoi. Il y a des années comme ça.

6. Stefan Edberg

Ce n’est pas uniquement sa victoire en 90, c’est aussi deux demies et un quart à suivre. Après 1993, il est venu faire le nombre et applaudir Bjorkman, c’était pas utile.

5. André Agassi

Comme Santoro, il a connu deux carrières, deux différentes et aussi intéressantes l’une que l’autre. Sauf que la sienne est intéressante. Il a commencé très fort en battant Ivanisevic en finale, mais après il a toujours trouvé quelqu’un de plus fort. Souvent c’était Sampras, parfois Rafter, et malheureusement Todd Martin, Flach et Srichaphan c’est arrivé aussi. Mais il s’est toujours relevé et a fini contre Nadal.

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US Open : Marin d’eau douce

Il est grand, il est fort, et à ce qu’on entend il va régner sur la planète tennis pendant de nombreuses années. Enfin celles qui lui restent, comme on dit des gens qui ont déjà 26 ans.

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Il a tapé fort pendant deux semaines, et comme d’habitude un peu moins contre Gilles Simon qui a failli gagner, mais comme d’habitude juste failli. Marin Cilic était réputé comme émotif et inconstant, il ne l’a pas été contre Berdych qui n’aimait pas le vent, Federer qui n’aimait pas ses années de trop et Nishikori qui se demande sans doute encore quand se joue la finale. Il ne faut pas être injuste avec Marin : cela n’enlève rien à son immense mérite, avoir servi la majorité de ses balles dans les carrés de service pour s’assurer les points. Bravo champion.

Mais en vérité, il y a un mérite encore plus grand, relayé par tout ce que les médias du monde entier comptent de représentants hasardeux : le tennis aurait définitivement changé d’ère et la nouvelle génération serait là, dents acérées et progrès phénoménaux. Reprenons donc. Nadal est forfait pour une demi-année, comme tous les deux ans depuis qu’il a chaussé ses genoux d’haltérophile septuagénaire. Murray se remet difficilement d’une opération du dos et d’un début de carrière parfois humiliant. Quant au maître de notre temps, qui se produit chaque semaine aux quatre coins du monde sans jamais plus trouver la solution contre les grands costauds qui tapent fort, ne serait-ce que le moindre chip de revers, il n’atteint plus, méticuleusement, que des finales de Wimbledon. Et encore quand les autres traversent une mauvaise passe.

On peut sans trop de difficulté affirmer que c’est le cas, puisqu’il ne restait à ce tableau de morts-vivants que Djokovic, et que l’imparfait est de circonstance depuis la demi-finale contre l’élève de Chang. Cette dernière remarque n’a rien de raciste, c’est vraiment son entraîneur. Il y a dans cette demi-finale un élément troublant, ce 6-1 au deuxième set, quand Djokovic a préféré jouer plutôt que gueuler des insanités en serbe. Le reste n’est que fautes directes et illusion d’un incroyable coup droit nippon, car l’incroyable coup droit nippon en question a paru moins incroyable que son homologue croate en finale.

En exclusivité, le Vestiaire détient la preuve ultime que non, le niveau ne s’est pas maintenu : la finale était un match de merde. Mais c’est quand même pas leur faute si même Wawrinka n’a pas réussi à en profiter cette fois.

Wimbledon, Federer : Bjorn morgue 2

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Encore un 2e tour à l’US Open et ça fera 40 de suite. Un petit effort.

Avant, Roger Federer faisait très souvent un mauvais set. Il se reprenait, breakait généralement dès le premier jeu du second et vendait un milliard de casquettes siglées RF avant la fin du troisième set gagnant. Avec le temps, il lui est même arrivé de faire deux mauvais sets, et de moins en moins souvent contre Nadal, avant de réagir. « Je ne joue plus pour les points, je joue pour les émotions », a-t-on entendu dans sa bouche de tenant du titre avant le tournoi, alors que son dos n’était plus très tenant du titre. L’humiliation est une émotion : c’est la plus belle de sa carrière. Avant 2003 ça ne comptait pas, depuis 2003 il avait osé mal jouer, ne pas se révolter, subir le jeu, ne pas attraper une attaque d’un Ukrainien, jurer en suisse-allemand, mais jamais tout ça en même temps un mercredi de 2e tour quand Nadal a déjà enregistré ses prothèses sur Iberia.

Interdiction de faire ses besoins sur la pelouse

Une victoire contre Daniel Cox en 2011, des défaites au premier tour et parfois même des qualifs : si un homme pouvait barrer la route de Federer au 2e tour de Wimbledon, c’était bien Sergey Stakhovsky. Injouable sur son service, dit même lequipe.fr, jamais avare d’expertise. Zemlja au Queen’s et Blake à Eastbourne n’ont pas eu tout à fait la même analyse quand ils l’ont breaké cinq fois, mais c’est leur problème : ils prennent toujours les 116e mondiaux de haut. Sergey fêtera son troisième 16e de finale de Grand Chelem en 27 participations et Roger sait apprécier ça. Entre habitués, on se comprend.

Aussi, Roger n’en voudra pas à Stakhovsky de lui avoir ravi le 4e set alors qu’il avait eu une balle de set à 6-5. Même si le 4e set a été le dernier, même si Roger a perdu deux tie break sur les 3, même s’il est passé dix fois plus pour un con que s’il avait perdu il y a deux ans contre Benneteau, Roger a gardé son faire play. Il a même tenté de lui dédicacer une balle à 200 km/h sur un passing en pleine gueule mais Sergey, trop modeste, a refusé un si beau cadeau en se penchant. Roger ne l’a pas mal pris. Le tennis est parfois simple comme une conférence d’après-match sans se foutre de la gueule de l’adversaire : « il a très bien servi et a été très bon au filet donc j’ai eu du mal à trouver mon rythme. Mais honnêtement ça ne me dérange pas d’affronter ce type de joueurs. J’ai encore eu du mal sur les points très importants, comme souvent cette saison. »

Pendant ce temps-là, un Français va peut-être aller en finale. De Schepper ? Mannarino ?

Monte-Carlo, Gasquet : Le prince empoté de Monaco

Torcher Garcia-Lopez et mourir. Six ans après, Richard Gasquet est retombé en enfance.

Affronter Nadal sur le Rocher rappellera éternellement de bons souvenirs à Richard Gasquet. Des défaites évidemment, mais ce n’est pas tout. C’est ici qu’il battit Federer, c’est ici qu’il rencontra Agathe Roussel : il est des étapes obligatoire pour devenir un homme. Battre Nadal en est une autre et, c’est comme la retraite de Deblicker, ça finira bien par arriver.

Ce n’est pas arrivé hier, son début de carrière peut bien attendre encore un peu. Le temps où le Bittérois s’amusait avec ce jeune Espagnol pas très bon n’est pas encore revenu, pourtant Gasquet a tout dans son jeu pour le gêner. Quand Nadal pilonne le revers de Federer, il créé un traumatisme et une nouvelle maladie ; quand Nadal pilonne celui de Gasquet, il prend une balle aussi bombée dans la gueule. Quand l’Espagnol décide de viser le coup droit, c’est pareil. S’il laisse l’initiative, il fait l’essuie-glace puis prend un amorti ou un smash. Sur terre battue, ça ne lui arrive pas souvent. En fait, ça ne lui arrive jamais.

La vodka du diable

Pour que Nadal batte encore Gasquet, il a donc fallu s’y mettre à deux, comme à chaque fois. Nadal a joué à son meilleur niveau et Gasquet a continué ses conneries : un retour de service sur deux était trop court, 49% de première balle, des volées faciles ratées, la fatigue qui se pointe au deuxième set et un break redonné juste après un débreak. 6-2, 6-4 et Nadal qui souffle après la balle de match : le numéro 1 mondial demande pourtant toujours des troisièmes tours de moins de 1h aux organisateurs. Gasquet s’est contenté d’accrocher Nadal dans presque tous les jeux, de ne pas donner trop de fautes directes et de mettre le maître à trois mètres de la balle sur quelques revers croisés, rien de plus. Si un jour Gasquet trouve un entraîneur et arrête pour de bon ses conneries, il pourrait bien arriver ce que tout le monde pressent : il bat Nadal, voit débouler la presse et arrête le tennis parce qu’il déteste ça.

Pendant ce temps-là, Richard sait exactement où il en est : « Je suis loin mais pas tant que ça. » Ca devrait suffire pour un quart à Roland, Grosjean l’a bien fait et ça ne l’a pas empêché de coacher Ritchie.

Tsonga : Salut le terrien !

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« Je suis né dessus et j’ai pris mes premiers cours de tennis sur terre battue et, en plus, je trouve que le tennis sur terre battue, c’est beau. » Tsonga ne l’a jamais caché : il a grandi sur terre battue. C’est certainement pour ça qu’il a explosé à 23 ans sur dur. Voilà pourquoi 2011 sera encore son Roland-Garros.

Parce que Jo est un attaquant

Ce n’est certainement pas parce que Nadal court vite, longtemps et qu’il ramène tout sans faire de faute qu’il est intouchable. Jo le sait, d’ailleurs il pris la même Babolat que Nadal. Lui qui joue d’habitude en avançant et en s’appuyant sur un gros service, un gros coup droit et une arme fatale en revers qui s’appelle coup droit de décalage, a adapté son jeu. Sur terre, il court vers l’avant et utilise son gros coup droit et son arme fatale de revers qui s’appelle coup droit de décalage, sans oublier un gros service. Bien sûr, attaquer, ça fait faire quelques fautes et ça abime les genoux, mais après tout, qu’y a-t-il de mieux qu’une surface qui freine les balles pour les attaquants ? Soderling plaide le malentendu, Sampras le concours de circonstances. Tsonga a viré Wino.

Parce qu’il a des options de rechange

En plus, tactiquement, Jo a le choix des armes face aux spécialistes : il peut soit s’accrocher à sa première balle, soit se ruer à la volée quand il n’y a plus rien d’autre à faire pour éviter de faire la faute à chaque fois parce que l’échange dure trop et qu’il n’a jamais l’initiative à cause de ses retours de service. Si vraiment le gars en face est un client, par exemple Montanes ou Gil au deuxième tour, voire Gonzalez, Ferrero ou Wawrinka en huitièmes, il sait exactement quoi faire : la terre battue requiert stratégie et patience, quelques slices de revers peuvent permettre d’attendre le cinquième coup de l’échange pour faire la faute. La deuxième a marché en Australie en 2008 et aussi en Australie en 2008, qui comme chacun sait se joue sur surface rapide. Depuis, Del Potro et la médecine se demandent encore à quoi ressemble la danse des pouces sur le Central.

Parce qu’il connaît enfin les spécialistes

En 2008, il avait zappé la terre sur blessure. En 2007, la frustration était encore plus grande : c’est un calendrier surchargé de tournois sur dur et sur herbe qui l’avait contraint à décliner les qualifs de Roland au profit de Surbiton. Mais grâce à une préparation spécifique, les terriens n’ont désormais plus aucun secret pour lui. En 2009, il apprend à se situer contre Gasquet, Ljubicic, Kohlschreiber et Del Potro. L’année dernière, c’est contre Ferrero, De Bakker et Ferrer qu’il s’est étalonné. Sinon, il a aussi battu Monaco, Almagro, Rochus, Brands, de Bakker et Ouanna et joué Nadal à Rotterdam, Bercy et Miami.

Parce que personne ne le connaît sur terre

C’est l’année ou jamais, rares sont les têtes de série qui débuttent la saison sur Terre avec la panoplie complète du Champion 2010 . A Monte-Carlo, Ferrero lui a pris un peu plus que les quatre jeux qu’il lui avait laissés à Miami. A Madrid, Ljubicic et Federer se souviennent lui avoir serré la main furtivement des mardis de 2008 et 2009. A Barcelone, quelques Espagnols jurent l’avoir vu jouer un quart il y a trois semaines, mais les mêmes jurent aussi que De Bakker était en demie le lendemain. A Rome, Jo aurait chialé comme un gosse en écoutant Mozart. A Casablanca en 2008, il aurait été aperçu battant Montanes, Ouahab et Ventura, mais personne ne peut confirmer qu’il s’agit bien de tennis, d’ailleurs le lauréat s’appellerait Gilles Simon. Youzhny, jamais à court d’idée pour humilier les Français, prétend qu’à Valence, Tsonga aurait abandonné après avoir encaissé neuf jeux d’affilée. A Hambourg, Tsonga est carrément l’ennemi public n°1, puisque une rumeur dégueulasse circule à son propos : il n’aurait battu que Mahut. C’est donc totalement anonyme que Tsonga débarqua à Roland-Garros pour y passer 3 tours. Cette fois, il y aura déjà joué 9 matches et même battu un Top 52 : Julien Benneteau. Mais la pression du public sera sur les autres Français, à commencer par Chardy, qui en a joué le double.

Federer 2010 : Le Coutelot suisse

Le tennis contre un mur six ans de suite c’est lassant à la longue. Mais regarder le mur jouer tout seul, c’est encore plus chiant.

Une carrière peut-elle s’achever un soir de janvier 2010 sur les larmes de Murray ? Aussi grisant soit-il, cet accomplissement n’en est pas un quand on n’a pas encore 30 ans. Pour trois raisons. La première, elle implique que Soderling puisse gagner pour la première fois en 50 confrontations et rompre une série de 50 demi-finales consécutives en Grand Chelem lors d’un banal lundi parisien.

La deuxième, elle implique que Berdych passe pour un nouveau spécialiste d’herbe, futur maître de Wimbledon, en tout cas jusqu’à la branlée en finale contre Nadal. On n’en arrive pas là sans dommage collatéral, comme une défaite à Halle quelques jours plus tôt contre Leyton Hewitt, qui était numéro un mondial quand la place de numéro un mondial n’existait pas, ou plus vraiment, c’était en 2001.

Bâle à papa

La troisième raison n’est que la conséquence des deux premières : Murray a finalement de beaux jours devant lui malgré les larmes et la défiance maternelle. On en revient donc au problème initial. Federer pensait pouvoir s’en aller tranquillement, mais il ne peut décemment pas abandonner l’ATP aux seul bon vouloir des genoux de Nadal. Trop dangereux.

Ca l’avait suffisamment gonflé de voir Ferrero numéro 1 en 2003, il connaît bien la marche à suivre. Depuis, il y a eu quelques branlées dans les deux sens contre le même Ecossais, ça prend un peu de temps à remettre en route mais de toute façon les Masters 1000 ça compte pour du beurre. Quand Federer va se rendre compte que les trois dernières finales de Grand Chelem se sont jouées sans lui, il va peut-être même reprendre le tennis.

Pendant ce temps-là, Nadal a l’air en forme et Federer tourne des pubs avec lui. C’est reparti ?

Wimbledon, Federer : Un rien Falla cieux

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S’inscrire quand même à Wimbledon après leur fin de carrière, Sampras et Agassi n’avaient pas osé. Mais Roger est le plus grand.

C’était le 2 juin dernier, Le Vestiaire vous annonçait la retraite du plus grand joueur de tous les temps. Depuis, il ne s’est presque rien passé, à part une défaite sur herbe contre Hewitt. C’était en finale de Halle, le gentleman agreement oblige tous les ans les autres bons joueurs à s’inscrire au Queen’s et pourtant, Federer n’a reçu qu’une assiette et pas le trophée. Tout revient brutalement à la surface et le puzzle – qui n’est pas toujours le ménisque de Nadal – se recompose : Marcos Baghdatis qui lui serre la main en souriant à Indian Wells, l’inscription à Estoril, ne pas penser au revers slicé contre Soderling. Inévitablement, ce que tout le monde redoutait a fini par arriver : « Perdre en quarts à Paris ne m’a pas rendu fou, je l’ai digéré très vite. »

Plus rien ne Lleyton

Falla en a bien profité : servir pour le match contre le maître peut certainement s’encadrer au-dessus de la cheminée. Offrir le débreak coûte 6-0 au cinquième, ça reste Federer, ça reste Falla. Mal jouer en Grand Chelem, le grand Federer a toujours su faire. Ne pas courir au premier set, à la rigueur au début du deuxième, c’était marrant. Et si vraiment Wawrinka ou Clément étaient dans un mauvais jour, il pouvait maintenir son nombre de fautes directes par set juste en-dessous de celui de son adversaire, c’est-à-dire très haut.

Ce n’est plus le cas, Federer joue sans réfléchir. Andy Murray, incapable de murmurer un son dans un micro un soir de finale de Grand Chelem, ça ne l’émeut même plus. Les fautes de Monfils, le palmarès de Soderling, la volée haute de revers de Roddick, les secondes balles de Davydenko, les balles de set de Haas, les amortis de Tsonga : plus rien ne le fait rire. Federer a tout gagné, et même si Fabulous Fab conteste, il a tous les records. D’ailleurs, il ne compte plus les points. « Tout ce qui m’importe désormais, c’est de remporter Wimbledon encore une fois. C’est déjà un bel objectif, non ? Me battre ici, où je joue mon meilleur tennis, c’est très difficile : à moi de le prouver. »

Quand il parle de lui et quand il joue, Federer n’est plus lui-même. « Je pense que j’ai retrouvé mon jeu à Madrid, que j’ai bien joué à Paris et que j’ai fait de bons matches à Halle. » Et pour une fois sans rire : « Je savais que Falla était difficile à jouer. Il a vraiment fait un grand match. Moi, j’ai vraiment joué un grand cinquième set. »

Si Federer a arrêté le tennis, heureusement, il lui reste Andy Murray. Consultant sera une belle reconversion : « Peu importe ce qui s’est passé depuis Melbourne, je pense qu’Andy est un des principaux candidats au titre. Peut-être qu’il faut un peu ignorer ce qui est arrivé depuis l’Australie et juste se souvenir qu’Andy est très dur au mal dans les matches au meilleur des cinq manches. » Roddick avait gagné en quatre manches en 2009.

Roland-Garros : Roger par la modestie

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Federer ne battra pas Nadal à Roland-Garros. C’est la fin de deux brillantes carrières.

Les records de Federer sont ainsi faits qu’ils ne seront plus battus. Demi-finales de Grand Chelem consécutives, présences en Grand Chelem consécutives, genoux valides en Grand Chelem consécutifs, humiliations de Murray consécutives, Federer a tout, y compris son titre à Roland. Il ne lui manquait plus que le vrai titre à Roland, celui où il bat Nadal en finale. Mais il n’arrivera pas car les genoux sont ainsi faits qu’ils ne repoussent pas, même ceux fabriqués à Majorque.

Ça vaut aussi pour les poignets, Del Potro s’en rendra vite compte, mais pour l’heure, c’est Davydenko qui regrette d’avoir échangé son cartilage contre un bon service. Haas, lui, se sent tout con d’avoir mis son épaule en hypothèque l’an dernier pour échouer à deux points du match, car depuis on lui a aussi volé sa hanche. Curieusement, Federer n’est lui pas atteint par la limite d’âge physique, contrairement à ses gentils adversaires et c’est tout ce qui lui importe. Ça veut dire quoi être le plus grand ?

Roger rabote

Battre Soderling à Roland, il l’avait déjà fait et puis battre Soderling tout court, c’est devenu trop classique. Jouer au tennis avant les demi-finales aussi. Falla a manqué de lui prendre un set, Wawrinka aussi, comment voulez-vous être motivé pendant dix ans pour ce genre de choses à force d’affronter des joueurs français ?

Au moins, il sait rendre hommage au vainqueur et au vaincu :  « C’était un quart de finale dans un Grand Chelem, cela arrive. Ce n’était peut-être pas arrivé pendant cinq ans (ndlr : six ans). Aujourd’hui, je peux gagner les quatre sets, mais je peux aussi perdre les trois sets. » Humilité du vaincu, grande classe qui salue une foule en délire pendant que le vainqueur sort en silence sans que Monfort ne le reconnaisse.

Roger n’oublie pas de souhaiter bonne chance à son bourreau et aux trois autres demi-finalistes : « C’est incroyable de rester au plus haut niveau, de jouer demi-finale après demi-finale et d’avoir une chance de gagner un Grand Chelem. J’en ai même remporté pas mal. » Du haut de son huitième de finale, Andy Murray se sent grandi par l’hommage du maître qui ne cesse de lui donner des cours : « Pour moi, c’est un de mes plus beaux records et cela devrait être dans les livres d’histoire. » Des cours d’Histoire.

Le tennis étant inscrit aux JO de Londres, on reverra peut-être Federer sur quelques courts ces prochains mois. Nadal, c’est moins sûr.

La légende : Où naît le Champion

 

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C’est l’histoire sans fin de l’exploit sans lendemain. Le tennis de haut niveau n’a jamais duré plus d’un jour chez Thierry Champion.

Les tournois du Grand Chelem, ils les attendait. Roland Garros, c’était son jardin. Mais qui joue au tennis dans son jardin ? Le jeune Thierry Champion n’est pas loin des 24 ans lorsqu’il signe sa première perf en Grand Chelem. A domicile, il élimine Guy Forget, lui aussi à domicile, cherchez l’erreur, et s’il y en avait deux. 5 sets contre le futur héros du palais des sports de Lyon, puis 5 sets contre Novacek qui n’est déjà pas un si un bon joueur, ça fait peut-être beaucoup pour un 191e mondial mais rendez-vous est pris.

Sergi pavoise

L’année suivante, Sampras n’en est qu’aux prémices de sa fabuleuse carrière sur terre battue, Champion ne lui laisse que 5 jeux. Santoro lui en laissera un de plus au tour suivant. 1991 est décidément son année puisqu’il atteint les quarts à Wimbledon en sortant la légende Pat Cash qui ne sait plus ce qu’est un quart de finale depuis Aout 88, ça fait 12-10 au 5e set. Il n’en saura pas davantage après. Les quarts lui tendent les bras, Edberg aussi, ça fait trois sets secs et le tunnel sous la Manche n’est pas encore fini. Champion est au sommet mais son amour des grands courts le pousse à continuer sa carrière pro au-delà de ses 26 ans. Roland Garros 1993, Camporese comprend sa douleur en quatre sets. Bruguera comprendra-t-il celle de Champion deux jours plus tard ?

Depuis ce temps-là, Champion s’est recyclé dans l’éducation d’enfants en difficulté. C’est pas facile tous les jours.

ATP, Doha : Le Cheikh barré

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Le Cheikh genévois aura-t-il droit à son gros chèque ? L’ATP est aussi cruel avec les anciens qu’une maison de retraite qui organise un karaoké. Santoro affrontera Nadal : il n’est plus le patron à Doha.

Traiter quelqu’un d’escroc est-il répréhensible ? Cupide, hautain, imbu, prétentieux, nul et antipathique existent-ils dans la langue française ? Fabrice Santoro ne se pose sans doute pas ces deux futiles questions, avec ses 9 millions de dollars amassés et son record de matches de Grand-Chelem disputés. Avant, c’était Agassi, ça leur fait un point commun de plus. L’autre, c’était la capacité à faire chier l’adversaire. Agassi tapait fort et loin, Santoro joue des deux mains, trouvant chaque coin, sans force et avec effet. Tant qu’à perdre les matches, autant jouer différemment et faire croire que la marginalité, c’est assumé. Ca pourrait être un talent dans un circuit ATP où les deux plus grands joueurs de l’Histoire du tennis seraient Bjorkman et Meligeni. Curieusement pourtant, depuis 1991, il ne vient aucun souvenir marquant si ce n’est les fessées offertes à Safin, qui en rougit encore. Djokovic aussi, mais il était malade.

Fabrice cent euros

Santoro fut bien invité chez Ardisson comme grand joueur de double. Mais même dans cette catégorie à part et sans intérêt, il n’a jamais été au delà de la sixième place mondiale. On ne lui a demandé de gagner qu’un match dans sa carrière et il l’a perdu, c’était contre les Woodies en finale de Coupe Davis 1999. Son plus grand mérite aura été de montrer la voie à Clément pour sortir du monde du simple. Pas celle du strip, mais le petit apprend vite.

Le magicien d’Oseille

En plus, Battling Fab, il est suffisamment sympa pour recevoir le prix Citron ou laisser filer un service de Roddick parce qu’il sert trop fort sur le corps. Bon camarade, il s’est même brouillé avec Guy Forget. France 3 n’a pas oublié ses larmes, un Kleenex dans une main et un chèque dans l’autre. Il pensait pouvoir cumuler deux emplois, il ne pourra jamais plus : « Dire que j’ai préféré 20.000 euros à Tarbes à la Coupe Davis est insupportable. La Coupe rapporte des sommes bien supérieures. » Toujours prêt à rendre service gratuitement. Un quart de finale, et quelques huitièmes, il vit en Suisse et ne veut toujours pas prendre sa retraite.

Pendant ce temps-là, les joueurs de tennis qui jouent au tennis craignent la nouvelle terreur, Andy Murray (photo). Sa démonstration d’Abu Dhabi tombait bien : c’était un tournoi exhibition. S’il fait une finale de Grand-Chelem, ça serait déjà bien.